Archives de 2008

L’une des seules étoiles françaises mondiales ne saurait disparaître…

2 juin 2008

Yves Saint Laurent est le créateur par excellence. Précurseur. A l’imagination débordante et au professionnalisme exigeant. Au cur de toutes les disciplines artistiques, qu’il incarnait avec une virtuosité exceptionnelle et rarissime.

Sa célébrité mondiale fait honneur à la France avec un rayonnement que sa mort ne saurait interrompre.

C’est un homme libre, doué de tous les talents, à l’humour percutant et à l’élégance permanente qui quitte cette terre dont il aimait la diversité et la fécondité, avec l’intelligence de l’universel.

Son travail d’artiste, au génie débordant et sans cesse renaissant, a fait briller la haute couture française dans le monde entier, avec la force d’une étoile dont l’éclat ne disparaîtra pas.

J’ai eu la chance et le privilège de rencontrer l’homme amical, brillant et drôle qu’il était lorsqu’il accueillait dans ses domiciles, qui étaient de vrais musées, où se côtoyaient les expressions des peuples, les cultures, les époques dans la symphonie toujours inachevée de la création.

En le faisant récemment Grand Officier de la Légion d’Honneur chez lui alors que la maladie commençait à le diminuer avant de l’emporter, le Président de la République a célébré le géant, dont l’humilité était l’élégance du génie.

Au moment où Yves nous quitte, je revois son accueil sur le pas de la célèbre « villa Majorelle » à Marrakech où il réglait tous les détails d’un décor sublime, en ordonnançant lui-même l’emplacement des photophores.

Je pense à Pierre Bergé, qui l’a accompagné avec complicité dans cette destinée en la rendant possible et réussie.

Dans nos curs, la lumière de cet être d’exception continuera de guider nos pas pour que la fierté, l’exigence, le travail, la passion et l’excellence qu’il incarne restent un flambeau éternellement scintillant des feux de son talent.

La palme d’or est un hymne national joyeux !

25 mai 2008

La réalité, chère au cur de Sean Penn, est tout à la fois faite d’amour, de révolte, de liberté électrique, de domestication nécessaire et d’éveil créateur.

L’attribution de la palme d’or du festival de Cannes fera chaud au cur des enseignants, dont la passion est parfois éprouvée par la dureté et la violence des adolescents, elle est aussi un message magnifique à la jeunesse de France.

Puisse-t-elle puiser dans ce film de l’audace et du respect, de la passion et de la tolérance.

Puisse-t-elle y trouver des raisons d’espérer, de croire, de construire, d’imaginer, fondées sur la morale de l’effort et sur l’insouciance de cet état précaire et passager qu’est le jeune âge !

Je suis fier et heureux que Laurent Cantet, François Bégaudeau et toutes les équipes du film donnent à la France un coup de fouet lui permettant grâce à cette palme d’or de croire d’avantage en son cinéma, en ses artistes, et en sa capacité de rayonnement mondial.

Puisse la gaîté des collégiens magistralement conduits dans cette belle aventure être un vrai soleil dans une conjoncture où, même à Cannes, il semble faire défaut.

L’emploi et la croissance riment avec culture

18 mai 2008

Ouvrons les yeux une fois pour toute ! Arrêtons de contraindre le monde culturel et parfois même les élus municipaux les plus clairvoyants et mobilisés, comme le maire de Cannes, à la défensive !

Le Festival de Cannes et son palais sont un phare puissant qui donne une vraie dimension mondiale à notre pays. Une estimation des retombées annuelles est de l’ordre de 850 millions d’euros…

Le reconnaître et l’exprimer, cela ne signifie pas vouloir « marchandiser » la culture, ni réduire l’action artistique à la loi du marché.

C’est tout simplement exiger que soit considéré comme stratégique et prioritaire l’effort budgétaire de l’Etat en faveur des infrastructures culturelles et touristiques de notre pays, au premier rang desquels figure naturellement le palais des festivals à Cannes.

Renoncer ou différer cette rénovation, c’est prendre le risque qu’une autre ville, qu’un autre pays, plus dynamique nous volent un tel levier politique, diplomatique, artistique et financier.

L’amélioration de l’économie, de l’emploi et du pouvoir d’achat passe par un tel investissement qui est urgent et vital.

Prenons garde à ne pas nous attarder sur les paillettes, les robes longues des stars et les smokings des vedettes masculines, et à en faire l’alibi de notre indécision.

La réalité est simple : pour la France il n’y a pas d’avenir économique sans une volonté culturelle forte. Alors ne laissons pas le maire de Cannes se sentir abandonné.

C’est une mission régalienne de l’Etat, en partenariat naturellement avec les collectivités territoriales qu’il faut assumer avec énergie.

C’est d’ailleurs déjà arbitré. Il suffit de tenir sa parole et d’agir ! Les choix politiques sont parfois simples…

Le Président est peut-être trop « bon prince » !

13 mai 2008

Un an … Déjà !

Un quinquennat de plein exercice, directement décidé dans son contenu par le peuple au terme d’un vrai débat droite-gauche, incarné par un Président d’une nouvelle génération, crée immanquablement une présidentialisation de nos institutions.

Il ne peut en être autrement. L’engagement de réformes et de résultats a été pris directement par Nicolas Sarkozy au cours de la campagne présidentielle.

Cette évolution de la pratique politique pose forcément la question de la place du 1er ministre, même si ce dernier a réussi à trouver son espace et son horizon. L’activité intense des conseillers de l’Elysée génère inévitablement un nouvel équilibre avec le rôle des ministres du gouvernement.

Pour autant, le professionnalisme et la loyauté doivent rester le bréviaire absolu de chacun des ministres. Faute de quoi un sentiment de malaise s’installe, avec l’impression d’un Président portant seul le poids de la charge, assumant directement en première ligne les complexités, les pesanteurs, les résistances, les convulsions de la société française, désireuse tout à la fois de changement et d’immobilisme.

La capacité d’arbitrage, même en situation de crise, du Président est intacte. A son niveau, aucune faute n’a été commise au cours de cette première année de « règne ».

On ne peut pas en dire autant de certains membres du gouvernement, parfois désinvoltes, tantôt absents, et même à certaines occasions, d’une impertinence qui est synonyme de déloyauté.

Certaines erreurs qu’il a fallu rattraper in extremis auraient dû être sanctionnées, car le trouble qui s’est installé dans l’opinion publique résulte de cette atmosphère politique inhabituelle.

Une vraie question d’architecture de l’exécutif et de la prise de décision politique se pose. Se rajoute à cela un dysfonctionnement non déontologique dans l’exercice de la fonction ministérielle. Dans un passé récent, jamais un ministre ne se serait cru en mesure de critiquer ouvertement une orientation présidentielle. Après le temps de la réflexion collégiale libre – qui est évidemment nécessaire – vient celui de la mise en oeuvre opérationnelle mobilisée et loyale. Les précautions personnelles, les démarquages, les ironies, les lâchetés et les formes variées de paresse et de dilettantisme sont autant d’ingrédients pour l’échec collectif, que nous devons à tout prix éviter.

Le Président de la République a eu raison de mettre en garde et d’indiquer que la sanction du départ des « fautifs » serait désormais à l’ordre du jour.

Dans une conjoncture économique plus difficile que prévue, ce qui ne facilite pas l’acceptation populaire des réformes structurelles nécessaires, un engagement total et absolu de l’ensemble de l’exécutif est impératif. Une vigilance extrême de chacun est nécessaire, pour éviter que le climat ne soit détérioré par des fautes évitables, qu’il s’agisse du fond ou de la forme.

En ces jours anniversaire de la première année du quinquennat, les ministres doivent avoir pour eux mêmes une devise plus exigeante que celle aujourd’hui constatée.

Comment ne pas penser que le Président est en fait peut-être trop « bon prince » !

Muriel Mayette, Jacques Martial et Olivier Py sont une magnifique Troïka !

29 avril 2008

Dans un bref mais lumineux espace de 24 heures, Muriel Mayette, qui travaille activement à la première tournée de la Comédie Française dans les 10 pays de la nouvelle Europe, reçoit un « Molière » pour la pièce de Jean-Luc Lagarce, Olivier Py, en pleine répétition de « l’Orestie » d’Eschyle qu’il a lui-même traduite, mise en scène avant de l’interpréter accueil Jacques Martial « l’acteur-président » de la Villette pour dire à l’Odéon en hommage à Aimé Césaire ses « Cahiers de retour au pays natal » qu’il a écrit à l’âge de 25 ans.

Autant de moments de bonheur intense pour moi, d’autans plus forts qu’à l’heure de leurs nominations respectives, de très choquants et discriminatoires commentaires avaient tenté de semer un trouble odieux et injuste. Honte à leurs médiocres auteurs… aujourd’hui confondus par ces superbes consécrations qui font de ces trois personnalités emblématiques de « grands » responsables de nos prestigieuses et vivantes institutions culturelles.

Mardi prochain, au Grand Palais, « Monumenta » ouvrira ses portes à l’uvre magistrale de Richard Serra qui, après celle d’Anselm Kiefer et avant celle de Christian Boltanski, donne à notre pays sa vraie vocation culturelle mondiale.

Autant de confrontations électriques et fécondes, démontrant à chaque fois que l’intelligence de l’art et de la création permet de donner une nouvelle vie et un bel élan à la fierté patrimoniale de notre pays et de nos concitoyens.

J’aime cette France de l’audace, du panache, de la provocation, du talent, de la fougue, de la passion, de la diversité, de la fureur de la matière ou de la chair et de la magie de l’esprit.

Puisse-t-elle donner de l’âme et de la créativité clairvoyante aux chantres de la « R.G.P.P »…

Il n’y a, d’ailleurs en la matière, pas besoin de nouvelle politique publique. Mais tout juste, dirai-je très modestement, de s’inscrire dans la tradition bondissante et éternellement inachevée de l’imagination au pouvoir, dès lors qu’il s’agit de l’essentiel, c’est-à-dire de la culture !

Supprimer l’obligation constitutionnelle de référendum pour les futurs élargissements de l’Europe, c’est plus qu’imprudent

27 avril 2008

En politique, il y a toujours de faux amis, de faux bons arguments, des spirales qui sont de catastrophiques toboggans vers l’échec.

Alors, que diable allons nous faire dans cette galère ?

Certes, tant que Nicolas Sarkozy sera Président de la République, il n’y aura pas de risque, puisqu’il a lui-même récemment confirmé que les nouvelles adhésions européennes seront soumises directement au peuple.

Mais après ?

Alors, pourquoi aujourd’hui offrir en nouveau front, un espace fécond pour nos détracteurs ? Ceux qui, avec certainement une « forme » de sincérité intellectuelle, prônent une telle réforme, qui remet en cause la garantie d’une obligation de décision populaire au suffrage universel, souhaitent-ils authentiquement la réussite du Président de la République et de la majorité présidentielle ?

Ce n’est pas un procès d’intention. C’est seulement une sourde inquiétude, car dans une conjoncture électrique et mobile, point n’est besoin d’allumer des mèches ou de tendre des verges pour se faire battre…

Veut-on vraiment, à quelques semaines de la présidence française de l’union européenne et à 12 mois des élections européennes, rouvrir dans notre pays le débat sur les frontières géographiques, « naturelles », politiques, religieuses de l’Europe… L’art de l’a propos, de l’opportun, du nécessaire n’est-il pas l’honneur de la décision politique ? Halte au feu…

L’hymne au genre humain d’Aimé Césaire est chanté avec fureur et beauté

17 avril 2008

Un poète héros, un homme rare, une voix brûlante, une passion incandescente, une vie d’engagement absolu…

Rien ne peut justement retracer la force sublime de l’uvre, des combats, des mobilisations politiques et spirituelles de ce rebelle, dont le cri révolté avait la vigueur intacte de la jeunesse, éternellement assoiffée de justice, de liberté, d’égalité fraternelle.

En cet instant, chacun doit se vivre ultra – marin, noir, esclave, opprimé, damné, afin de faire silence et de porter en hommage ultime les violences et les fureurs du monde en s’engageant à les traquer.

Je garde comme un ardent souvenir l’entretien que j’avais eu le 23 septembre 2006 à Fort de France avec Aimé Césaire, heureux de célébrer le combat que j’avais mené pour la reconnaissance par l’Unesco de la diversité culturelle, érigée en principe de droit international.

Sa dédicace résonne aujourd’hui comme une feuille de route pour respecter par l’action cet homme immense :

« A Donnedieu de Vabres
ce recueil de textes
qui disent à leur manière
mon itinéraire
du particulier
à l’universalité
bref la conquête
de l’homme par
lui-même.
Pour dire au ministre D de Vabres
ma reconnaissance
et si j’ose dire
notre fraternité »
Aimé Césaire

Accompagné de Jacques Martial, un moment rare reste dans mon cur : le regard doux et chaleureux de ce très vieux Monsieur contemplant avec étonnement et admiration le Président de la Villette déclamer avec fougue et foi un extrait des Cahiers du retour au Pays natal.

Eternité des mots, permanence salutaire de l’esprit de révolte, génie poétique pour susciter l’amour du genre humain.

Pour reprendre son chemin, et y puiser de l’énergie créatrice, écoutons comme un hymne fécond cette voix éternelle :

« Partir.
Comme il y a des hommes – hyènes et des hommes –
panthères, je serais un homme – juif
un homme – cafre
un homme – hindou – de – Calcutta
un homme – de – Harlem – qui – ne – vote – pas

l’homme – famine, l’homme- insulte, l’homme – torture
on pouvait à n’importe quel moment le saisir le
rouer
de coups, le tuer – parfaitement le tuer – Sans avoir
de compte à rendre à personne sans avoir d’excuses
à présenter à personne

un homme – juif
un homme – pogrom
un chiot
un mendigot

mais est-ce qu’on tue le Remords. beau comme la
face de stupeur d’une dame anglaise qui trouverait
dans sa soupière un crâne de Hottentot ?

Je retrouverais le secret des grandes communications et des grandes combustions. Je dirais orage. Je dirais fleuve. Je dirais tornade. Je dirais famille. Je dirais arbre. Je serais mouillé de toutes les pluies, humecté de toutes les rosées.

Je roulerais comme du sang frénétique sur le courant lent de l’il des mots en chevaux fous en enfants frais en caillots en couvre-feu en vestige de temple en pierres précieuses assez loin pour décourager les mineurs. Qui ne me comprendrait pas ne comprendrait pas davantage le rugissement du tigre. »

Cahiers du retour au Pays natal

Le triomphe des ch’tis est en stéréo symbolique avec le futur Louvre à Lens

16 avril 2008

L’esprit du Nord, le dépassement des crises industrielles et de leurs remords sociaux, le sursaut et la résurrection grâce à la culture, la fraternité célébrée, tout cela participe de l’optimisme français d’autant plus latent et fort qu’il semble parfois aux abonnés absents.

Palme d’or du prix de l’authenticité humaine, l’allégorie des Ch’tis me renvoie aux 3 vieilles femmes d’un quartier de Lens que j’avais rencontrées à côtés de leurs maisons, intriguées par le ballet d’une visite ministérielle aux abords d’un terrain vague, espace « naturel » candidat à l’implantation du Louvre…

Lors de cette visite, j’avais sur le champ pris ma décision pour Lens dans le secret de mon crâne, avant que les plus hautes autorités de l’Etat ne la valide.

Ces femmes, modestes et fières, accueillantes et lointaines, ont été les vestales, les symboles et les emblèmes de ce projet révolutionnaire et iconoclaste.

La fête du cinéma vivant et populaire autour du mythe des Ch’tis est en fait le précurseur de ce que sera l’ouverture du Louvre à Lens. La fierté est à chaque fois, dans des registres différents, à l’honneur.

Un contraste, une provocation, une transcendance par rapport à l’air du temps.

Le peuple attend la fraternité vraie, la réconciliation concrète, le décloisonnement fécond, qui tournent le dos au cynisme, au sectarisme, au cantonnement méprisant.

La bonté et l’intelligence qui se dégagent du visage de Dany Boon générant un espoir et une lumière, qu’incarnera à sa manière la splendeur du Louvre au cur des corons et de l’histoire de la souffrance économique française, a profondément touché le cur de la France.

Les Français sont un beau peuple, lorsqu’ils s’acceptent eux-mêmes de façon simple, généreuse et joyeuse. Sans complexe, avec le panache de leur dignité. Et la force de leur cur.

On ne réforme pas contre les fondamentaux

11 avril 2008

Il n’y pas besoin d’être agrégé de sciences politiques pour savoir que dans notre pays très idéologique certains concepts sont sacrés.

La réduction pour familles nombreuses à la SNCF fait partie du socle incontournable – à juste titre – de nos acquis sociaux, qui ont une valeur symbolique bien au-delà de l’avantage social consenti.

Il est heureux que le Président de la République ait mis un terme à ce couac indescriptible, à ce cafouillage politique totalement destructeur.

Comment a-t-il pu être imaginé que puisse être terminé, achevé, détruit un tel repère ? La politique est belle quand elle est tout simplement porteuse de valeurs. La famille fait partie de ce qui tient notre pays confronté à de nombreuses déchirures et remises en cause. Ne pas l’avoir analysé, pressenti et protégé légitimerait des sanctions.

Aucune complexité, aucun objectif financier, aucune nouvelle politique publique ne résistent à la force d’une telle évidence.

Ceux qui ne l’incarnent pas devraient d’eux mêmes avoir la force morale d’en tirer les conséquences. Ce serait salutaire. C’est attendu !

Je n’aime pas la combativité humanitaire à éclipse…

8 avril 2008

Le parcours de la flamme olympique a brutalement comme par miracle réveillé les consciences… C’est triste à observer. Certes, des incidents récents et particulièrement graves au Tibet ont été l’élément déclencheur. Mais, peut-on pour autant dire que, depuis la décision du Comité Olympique de choisir ce pays continent, la situation de la Chine au regard du respect des droits de l’homme et de la liberté d’expression se soit détériorée ?

Alors ne faisons pas porter sur les sportifs les responsabilités politiques qu’il appartient à d’autres d’assumer.

La défense de nos valeurs et leur vocation universelle méritent un long combat. Ca ne doit pas être une sorte de mode, une posture provisoire et éphémère, mais une vraie stratégie de persuasion s’inscrivant dans la durée. Afin de convaincre le peuple chinois dans ses profondeurs comme dans ses élites. Nul doute que l’esprit des jeux olympiques y contribuera.

Ne nous donnons pas bonne conscience quand les micros sont tendus et les projecteurs allumés … Ne reportons pas sur autrui ce que chacun doit entreprendre. Et commençons par être nous-mêmes exemplaires !