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Le Président est peut-être trop « bon prince » !

Un an … Déjà !

Un quinquennat de plein exercice, directement décidé dans son contenu par le peuple au terme d’un vrai débat droite-gauche, incarné par un Président d’une nouvelle génération, crée immanquablement une présidentialisation de nos institutions.

Il ne peut en être autrement. L’engagement de réformes et de résultats a été pris directement par Nicolas Sarkozy au cours de la campagne présidentielle.

Cette évolution de la pratique politique pose forcément la question de la place du 1er ministre, même si ce dernier a réussi à trouver son espace et son horizon. L’activité intense des conseillers de l’Elysée génère inévitablement un nouvel équilibre avec le rôle des ministres du gouvernement.

Pour autant, le professionnalisme et la loyauté doivent rester le bréviaire absolu de chacun des ministres. Faute de quoi un sentiment de malaise s’installe, avec l’impression d’un Président portant seul le poids de la charge, assumant directement en première ligne les complexités, les pesanteurs, les résistances, les convulsions de la société française, désireuse tout à la fois de changement et d’immobilisme.

La capacité d’arbitrage, même en situation de crise, du Président est intacte. A son niveau, aucune faute n’a été commise au cours de cette première année de « règne ».

On ne peut pas en dire autant de certains membres du gouvernement, parfois désinvoltes, tantôt absents, et même à certaines occasions, d’une impertinence qui est synonyme de déloyauté.

Certaines erreurs qu’il a fallu rattraper in extremis auraient dû être sanctionnées, car le trouble qui s’est installé dans l’opinion publique résulte de cette atmosphère politique inhabituelle.

Une vraie question d’architecture de l’exécutif et de la prise de décision politique se pose. Se rajoute à cela un dysfonctionnement non déontologique dans l’exercice de la fonction ministérielle. Dans un passé récent, jamais un ministre ne se serait cru en mesure de critiquer ouvertement une orientation présidentielle. Après le temps de la réflexion collégiale libre – qui est évidemment nécessaire – vient celui de la mise en oeuvre opérationnelle mobilisée et loyale. Les précautions personnelles, les démarquages, les ironies, les lâchetés et les formes variées de paresse et de dilettantisme sont autant d’ingrédients pour l’échec collectif, que nous devons à tout prix éviter.

Le Président de la République a eu raison de mettre en garde et d’indiquer que la sanction du départ des « fautifs » serait désormais à l’ordre du jour.

Dans une conjoncture économique plus difficile que prévue, ce qui ne facilite pas l’acceptation populaire des réformes structurelles nécessaires, un engagement total et absolu de l’ensemble de l’exécutif est impératif. Une vigilance extrême de chacun est nécessaire, pour éviter que le climat ne soit détérioré par des fautes évitables, qu’il s’agisse du fond ou de la forme.

En ces jours anniversaire de la première année du quinquennat, les ministres doivent avoir pour eux mêmes une devise plus exigeante que celle aujourd’hui constatée.

Comment ne pas penser que le Président est en fait peut-être trop « bon prince » !

3 Réponses à “Le Président est peut-être trop « bon prince » !”

  1. Aurore a écrit:

    « Bon prince ? »
    Cela dépend de l’endroit où l’on se situe.
    Pour une personne qui a travaillé dans le gouvernement de l’ancien Président : oui, cela peut paraître « Bon prince ». Mais, si ce sont des gens qui font de la politique sans y être mêlés de très près, cela peut ne pas être « Bon prince ».
    Le Président est un innovateur dans sa façon de gouverner et cela ne peut pas aller sans certains rattrapages et corrections pour que le tout s’harmonise, surtout avec l’actuelle conjoncture économique qui ne lui laisse aucun répit.
    Comme vous le décrivez si bien : « Une vraie question d’architecture de l’exécutif et de la prise de décision politique se pose. Se rajoute à cela un dysfonctionnement non déontologique dans l’exercice de la fonction ministérielle. Dans un passé récent, jamais un ministre ne se serait cru en mesure de critiquer ouvertement une orientation présidentielle. Après le temps de la réflexion collégiale libre – qui est évidemment nécessaire – vient celui de la remise en service opérationnelle mobilisée et loyale. Les précautions personnelles, les démarquages, les ironies, les lâchetés et les formes variées de paresse et de dilettantisme sont autant d’ingrédients pour l’échec collectif, que nous devons à tout prix éviter. »
    Ce sont les risques que le Président a lui-même occasionné en voulant faire les réformes qui s’impôsent, mais surtout, en réformant la façon de gouverner.
    Mais lui connaîssant un esprit très raffiné, je lui fais confiance pour ramener, fermement, son effectif à bon port.Et là encore, ce sera une innovation en plus à son actif.Cela ne fait qu’un an qu’il est à la tête de l’Etat : laissez lui le temps de regarder dans son miroir.

  2. GREZAUD a écrit:

    Le défaut du  »bon prince », c’est la dispersion perpétuelle sans résultat visible. Les  »promesses de campagne » ne sont pas toutes tenues. En tant que responsable national d’une association qui traite des problèmes d’accessibilité pour les personnes handicapées, je constate beaucoup de paroles mais rien d’effectif sur le terrain. Les citoyens handicapés seraient-ils  »de seconde zone »? Nous en avons la conviction, ils gênent la société qui fait tout ce qu’elle peut pour les oublier.

  3. Caroline a écrit:

    Difficile pour le citoyen moyen, que je suis, de réagir de façon suffisamment éclairée.
    Qui pourrait contester la volonté du Président de faire appliquer le programme de réformes sur lequel il a été élu au suffrage universel?
    Le premier ministre, nommé par le président, et donc le gouvernement, lui doit sa légitimité. Rien de nouveau sous la 5éme République. C’est naturellemt la personnalité du Président qui donne le ton: peut-on dire que le régime est plus présidentiel sous Sarkozy que sous de Gaulle et même Miterrand?
    Il me semble que c’est parce que les Institutions n’ont pas ou peu changé, alors que la société a considérablement évolué, que se pose le problème de fronde généralisée, et pas seulement des ministres qui, effectivement, devraient mieux évaluer leur devoir de solidarité gouvernementale, y-compris face à leur propres électeurs
    Comment dans une société encore très clivée Droite/Gauche, trouver un réel consensus? Même si l’opinion dans son ensemble évolue vers un peu plus de réalisme, le poids des idéologies et des corporatismes continue à figer les comportements, trop souvent au bénéfice de leaders peu scrupuleux qui exploitent à fond ce clientélisme.
    Il faudrait élargir cette fraction de la population qui essait de s’y retrouver entre intérêt général et particulier, état et collectivités locales, mondialisation et intérêt national.
    Pourquoi si peu de débats, en dehors des périodes électorales, sur les grands sujets de société, politiques, économiques, environnementaux, susceptibles d’être percus par le plus grand nombre?
    N’est-ce pas le rôle des élus,parlementaires et élus locaux, de les organiser, par exemple aux heures de grande écoute des journaux télévisés nationaux et régionaux, garants d’une large diffusion?
    Une opinion publique bien informée renforcerait la légitimité de l’indispensable autorité présidentielle. Le Président pourrait alors se contenter d’être  » bon Prince » face à des élus et des institutions nécessairement plus performants sous le regard plus compétent des électeurs.
    On peut rêver!

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