Rubrique ‘Discours 2006’

Annonce des lauréats des Prix Dan David 2007

21 décembre 2006

Monsieur le Président, Cher Dan David,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux et fier de vous accueillir ici, aujourd’hui, au
ministère de la culture et de la communication, pour vous annoncer les
lauréats 2007 des prix de la Fondation Dan David, du nom de son illustre
fondateur, que je tiens à saluer et à remercier chaleureusement pour sa
présence.

Oui, la France est très fière de vous accueillir. Votre Fondation a choisi, à
travers ces Prix, de récompenser des personnalités visionnaires, des
hommes et des femmes exceptionnels, dont le talent, l’intelligence,
l’excellence, l’imagination, et l’audace font faire des pas de géant à
l’humanité toute entière.

Embrassant tous les champs de la connaissance – les arts, la culture, les
sciences –, ces Prix recouvrent également toutes les dimensions du
devenir humain, le passé, le présent et le futur, pour mettre en lumière des
travaux dans les champs les plus divers.

En ces temps d’incertitudes, en cette période de violences, de déchirures,
de conflits sourds ou ouverts, qui secouent notre planète et menacent la
cohésion de nos sociétés, il me paraît essentiel d’accueillir cette initiative
remarquable de la Fondation Dan David, qui contribue, de façon éminente,
à nourrir l’idéal des Lumières.

Et cet idéal, je le crois profondément, reste d’une vibrante actualité.

Quand
on demandait à Kant si l’on habitait déjà l’époque des Lumières, une
époque vraiment éclairée, il répondait : « Non, mais dans une époque en
voie d’éclairement. »

C’est à cette noble tâche que contribue la Fondation Dan David, en
récompensant la connaissance, la science, mais aussi la marche vers un
monde meilleur, nourri par le coeur, l’intelligence et l’imagination, la
créativité des hommes.

La convention que nous avons signée en février dernier avec la Fondation
prévoit que les Prix seront remis alternativement, chaque année, à Tel
Aviv et à Paris.

La France partage donc désormais, avec Israël, et en étroite collaboration
avec l’université de Tel Aviv, l’honneur immense mais aussi la haute
responsabilité du soutien et de la mise en valeur de ces Prix.

Avant d’annoncer maintenant les lauréats 2007 des prix Dan David, je
tiens à rendre hommage à l’ensemble des membres du conseil
d’administration de la fondation et à toute son équipe pour son activité
exemplaire.

Je tiens à saluer particulièrement le jury et ses membres éminents, tels
Madame Hélène Carrère d'Encausse, Secrétaire perpétuelle de
l’Académie française, Monsieur Henry Kissinger, Prix Nobel de la Paix,
Monsieur Jean-Marie Lehn, Prix Nobel de Chimie. Je vous remercie de
m’avoir proposé de rejoindre ce brillant aréopage, et de m’avoir associé à
vos délibérations.

Mes remerciements s’adressent également à la Cité des sciences et de
l’industrie et à son président, M. Jean-François Hébert, qui sont associés
à la procédure de sélection des candidats, et à l’Opéra national de Paris
et son directeur, M.Gérard Mortier, qui accueilleront le 8 mars 2007 la
cérémonie officielle de remise des prix, lui offrant ainsi le cadre prestigieux
du Palais Garnier.

Je tiens enfin, cher Dan David, à vous redire, à titre personnel comme au
nom de la France, toute mon estime.

Je souhaite que le rayonnement culturel, artistique et scientifique de notre
pays, et le prestige de ses grandes institutions, mettent en lumière les Prix
de la Fondation Dan David, qui illustrent merveilleusement les valeurs
portées notamment par la France, patrie des Lumières, de la raison et des
droits de l’homme, terre de tolérance et d’ouverture à l’autre.

Le jury du Prix Dan David s’est réuni mardi pour désigner les lauréats.

Je suis très heureux de vous annoncer que le Prix de l’action dans le
présent a été décerné au compositeur français Pascal Dusapin, et au chef
d’orchestre indien Zubin Mehta.

Pascal Dusapin est un grand créateur contemporain, un esprit libre, qui
passe d’un format à l’autre avec la même virtuosité, et nourrit ses
compositions musicales de son immense curiosité pour la littérature et les
arts en général. Je suis très heureux que ce Prix récompense ce génie de
notre époque, qui ouvre des horizons nouveaux à la musique
contemporaine.

Zubin Mehta est aujourd’hui l’un des plus grands chefs d’orchestre au
monde, qui a dirigé les plus prestigieux ensembles, et notamment
l’Orchestre philharmonique de New York, pendant treize ans. C'est
d’ailleurs sous sa direction que fut interprété en 1978 par Vladimir
Horowitz, le troisième concerto pour piano et orchestre de Sergueï
Rachmaninov. Le Prix Dan David couronne son immense talent, et sa
direction flamboyante.

Le Prix Dan David de la connaissance du passé est décerné à l’historien
français Jacques Le Goff. Spécialiste du Moyen Âge, figure majeure de
« l’école » des Annales, ancien Directeur de l’Ecole des Hautes Etudes en
Sciences Sociales, il est un pionnier de l’anthropologie historique. Je me
réjouis que le Prix Dan David récompense l’oeuvre de cet esprit curieux,
érudit, passionné, de ce passeur extraordinaire, qui recule toujours plus
loin les frontières de notre connaissance de l’Occident médiéval, à bien
des égards fondateur de notre civilisation.

Le prix des promesses du futur porte sur la recherche d'énergies
renouvelables, enjeu mondial, qui engage l’avenir de la planète. Ce prix
est partagé entre :

– d'une part, le Dr James Hansen du GODDARD INSTITUTE OF
SPACE STUDIES (NEW YORK) pour ses travaux exceptionnels sur la
modélisation des changements climatiques, qui sont l’un des grands défis
de notre temps. Le docteur Hansen a joué un rôle essentiel, depuis vingtcinq
ans, en démultipliant ses recherches et ses interventions, tant en
direction des savants qu’en direction du grand public, pour alerter les
dirigeants et l’opinion du monde sur les défis du réchauffement climatique.

Si nous savons aujourd’hui qu’il y a urgence et que face à cette urgence, il
y a des solutions, c’est en grande partie grâce à lui ;

– S’agissant des solutions, le prix est également attribué à un binôme
constitué du Dr Jerry Erry Olson et du Dr Sarah Kurtz du National
Renewable Energy Laboratory, situé à Golden dans le Colorado, pour
leurs travaux exceptionnels dans l'étude de l'énergie solaire, qui ouvre
certainement des voies d’avenir pour conjuguer écologie et croissance.

Le jury a estimé que les apports du Dr Hansen et des Dr Erry Olson et
Kurtz étaient complémentaires et que leurs travaux pouvaient être
considérés comme un ensemble, même si leurs recherches ont été
effectuées séparément.

L’environnement, je l’ai dit, est un enjeu mondial. Vous savez le rôle que
joue notre pays, qui est aujourd’hui, on le sait peu, le premier producteur
d’énergie renouvelable d’Europe, dans ce combat en faveur de
l’environnement, sous l’impulsion du Président de la République. C’est
assurément un combat qu’il nous faut faire encore davantage partager
pour construire, dès aujourd’hui, le monde de demain.

C’est dans cet esprit que je vous donne rendez-vous le 8 mars prochain
au Palais Garnier pour la remise des prix de la Fondation Dan David.

Je vous remercie.

Conférence de presse avec Simone Veil, ancien Ministre, Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, présentant L’hommage que le Président de la République rendra au nom de la Nation aux Justes de France le 18 janvier 2007, en présence d’Agnès Varda, cinéaste et créatrice de l’installation

21 décembre 2006

Madame le Ministre d’État, Madame la Présidente de la Fondation pour la
Mémoire de la Shoah, chère Simone Veil,

Chère Agnès Varda,

Mesdames, Messieurs,

C’est la mémoire qui nous rassemble aujourd’hui, dans ce ministère en charge du
patrimoine et des commémorations nationales, où je suis heureux de vous
accueillir, pour vous présenter, aux côtés de Mme Simone Veil, et au nom du
Président de la République, un événement tout à fait exceptionnel : l’hommage
que le Président de la République rendra au nom de la Nation aux Justes de
France, au Panthéon, le jeudi 18 janvier 2007, à 18 heures.

Cet hommage a été proposé au Président de la République par la Fondation pour
la Mémoire de la Shoah. Avant de céder la parole à Mme Simone Veil, qui, le 18
janvier, accueillera les participants à la cérémonie, et se recueillera, aux côtés du
Président de la République, devant l’inscription qui sera apposée dans la crypte,
afin que la mémoire des Justes de France puisse y être célébrée, au même titre
que celle des grands hommes dont les cendres y sont inhumées, permettez-moi
de rappeler la genèse et l’esprit de cet événement.

Notre histoire nationale est celle des heures sombres et des heures glorieuses. La
mémoire ne se divise pas. Elle forme un tout, avec ses zones d’ombres et de
lumières. Elle est donc plus qu’un devoir qui s’impose ; elle est un travail qu’il nous
revient de mener à bien, de façon continue, pour la perpétuer et la transmettre.

C’est ce qu’a rappelé le Président de la République, en reconnaissant
officiellement, dès le 16 juillet 1995, le rôle de l’État français, dans l’horreur de ces
heures noires qui « souillent à jamais notre histoire ».

Souvenons-nous de la voix de Malraux, lors du trentième anniversaire de la
Libération des camps, devant les rescapées : « là, pour la première fois, l’homme
a donné des leçons à l’enfer ».

Entendons aussi votre voix, Madame, lors du soixantième anniversaire, dans le
froid mordant d’Auschwitz : « ce que je sais, c’est que je pleure encore chaque fois
que je pense à tous ces enfants et que je ne pourrai jamais les oublier ». Nous
n’oublierons jamais qu’un quart des Juifs de France ont péri dans les trains et
dans les camps.

Et je pense à ces documents que m’a remis solennellement la
maison d’Izieu, l’an dernier, pour les conserver dans les collections nationales. Le
combat quotidien contre l’oubli, c’est, bien sûr, celui des archives pour la
transmission de la mémoire, qui donne tout leur sens aux travaux de conservation
et de commémoration dont la puissance publique et le ministère de la Culture et
de la Communication sont investis. C’est une oeuvre dont nous percevons chaque
jour la nécessité pour l’éducation des générations présentes et futures.

Mais, si les
archives sont tout, elles ne sont rien sans les hommes et les femmes, sans leurs
récits, sans leurs témoignages.

Et l’hommage du 18 janvier prochain est d’abord le témoignage de la France.

Comme l’avait déclaré le Président de la République, dès le 16 juillet 1995, lors
des cérémonies commémorant la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942 au
Vélodrome d’hiver : « Certes, il y a les erreurs commises, il y a les fautes, il y a
une faute collective. Mais il y a aussi la France, une certaine idée de la France,
droite, généreuse, fidèle à ses traditions, à son génie. Cette France n'a jamais
été à Vichy. Elle n'est plus, et depuis longtemps, à Paris. Elle est dans les
sables libyens et partout où se battent des Français libres. Elle est à Londres,
incarnée par le Général de Gaulle. Elle est présente, une et indivisible, dans le
coeur de ces Français, ces "Justes parmi les nations" qui, au plus noir de la
tourmente, en sauvant au péril de leur vie, comme l'écrit Serge Klarsfeld, les
trois-quarts de la communauté juive résidant en France, ont donné vie à ce
qu'elle a de meilleur ».

A Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, le 2 novembre 1997, puis le 8 juillet
2004, au Chambon-sur-Lignon, en Haute-Loire, – cas exceptionnel de remise à
titre collectif d’une médaille des Justes – en ces lieux emblématiques de l’action
de celles et ceux qui, conformément à la maxime inscrite sur la médaille des
Justes, « en sauvant une vie, ont sauvé l’Univers tout entier », le Président de
la République a honoré ces hommes et ces femmes de France qui « ont fait le
choix de la tolérance, de la solidarité et de la fraternité ».

2725 Justes, de toutes régions, de tous milieux, de toutes convictions, ont été
identifiés en France, à ce jour, grâce aux témoignages de ceux qui leur doivent
la vie, et reconnus par le Mémorial de Yad Vashem. Comme l’a déclaré le
Premier Ministre, en inaugurant le « Mur des Justes » au Mémorial de la
Shoah, le 14 juin dernier, « leur souvenir constitue pour nous une consolation
mais aussi une exigence ».

La loi du 10 juillet 2000, votée à l’unanimité par le Parlement, a officialisé le
terme de Justes dans notre législation, en instituant une « journée nationale à
la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et
d’hommage aux Justes de France qui ont recueilli, protégé ou défendu, au péril
de leur propre vie et sans aucune contrepartie, une ou plusieurs personnes
menacées de génocide ».

Au Panthéon, haut lieu de mémoire de la Nation et de la République, dans la
grande nef qui sera à nouveau ouverte gratuitement au public dans les jours
qui suivront, grâce aux importants travaux qui y ont été réalisés, en présence
de nombreux Justes et des personnes que ces femmes et ces hommes de
coeur et de courage ont contribué à sauver, le Président de la République
rendra l’hommage solennel de la France.

Cet hommage éclairera ainsi la part de lumière qui brille en chacun de nous et
qui est tout simplement notre part d’humanité.

La cérémonie sera diffusée en direct sur France 2. Elle sera marquée par une
création d’Agnès Varda, commande publique du ministère de la Culture, dont
vous nous direz un mot tout à l’heure, Madame ; mais aussi par l’interprétation,
par le choeur de chambre Accentus, sous la direction de Laurence Equilbey, de
la cantate a capella « Figure humaine », composée en 1943 par Francis
Poulenc sur des poèmes de Paul Eluard, qui se termine sur le fameux
« Liberté ».

Cet événement sera accompagné d’une programmation exceptionnelle sur les
antennes de France Télévisions et de France Culture.

La scénographie et les écrans diffusant l’oeuvre d’Agnès Varda resteront en
place du vendredi 19 au dimanche 21 janvier pendant l’ouverture gratuite au
public du Panthéon.

Je suis ému et fier de passer à présent la parole à Mme Simone Veil.

Inauguration de l’exposition dans les vitrines du Ministère de la culture « Peinture et poésie : les métiers du livre »

20 décembre 2006

Monsieur le Président des Amis du Livre Contemporain,
Cher Yves-Benoit Cattin,

Madame la Présidente, Messieurs les Présidents des associations de
bibliophilie,

Mesdames, Messieurs, Chers Amis,

C’est une circonstance toute spéciale qui nous réunit ici, rue de Valois dans
les salons du ministère. C’est l’inauguration de l’exposition « Peinture et
Poésie : les métiers du livre ». C’est aussi le même amour du livre que
nous partageons tous. Et les quelques mots d’accueil que je souhaite
prononcer ce soir devant vous ont pour seule et unique vocation de mettre
en lumière le livre, sous sa forme la plus belle et la plus précieuse : le livre
d’artiste.

Les vitrines du ministère de la culture et de la communication sont un
espace que j’ai souhaité libre et apte à accueillir toutes les formes de la
création contemporaine. Et je suis particulièrement heureux ce soir de voir
les vitrines du ministère toutes entières investies par le livre d’artiste et par
tous les talents qui le font exister et rayonner : typographie, gravure,
lithographie, reliure, édition. Aucun des talents, aucune des énergies,
aucun des savoir-faire qui le font exister n’a été oublié ce soir dans cette
évocation et je m’en réjouis. Deux jeunes talents, Aline Defert et Aurélie
Rosey, ont admirablement su rendre au sein de ces vitrines la charge
émotionnelle qui se dégage de ces métiers et de ces oeuvres.

Car le livre d’artiste est parmi les objets culturels de notre civilisation, le
plus abouti, le plus complexe. Cet objet est au carrefour de deux créations,
de deux fantaisies, de deux imaginaires. Le texte et le trait, par delà les
techniques, viennent ensemble confluer en un objet unique et rare.

Et je ne résiste pas au plaisir et à la fierté de citer les noms de quelques-uns
des artistes présentés ce soir dans les vitrines du ministère, qu’il
s’agisse d’Olivier Debré, de Georges Braque, d’Ernest Pignon Ernest pour
les oeuvres graphiques, ou bien encore de ces formidables duos formés
d’André Malraux et de Velickovic, de François Cheng et de Francis Herth,
de Francis Ponge et de Mathieu Marie, de Federico Garcia Lorca et de
Claude Viallat, autour de textes aussi fameux que Les Noyers de
l’Altenburg, Instants d’accueil, Corps d’extase, Le Parti pris des choses,
Duendes.

Mais derrière les livres, derrière ces objets superbes dont l’exposition de
ce soir nous offre quelques brillants spécimens, nous ne devons pas
oublier les hommes et les femmes qui les font. Qu’il s’agisse des talents et
des savoir-faire des ateliers mis à l’honneur ce soir, ou bien encore de la
passion des sociétés de bibliophilie, sans qui rien ne serait possible non
plus, c’est grâce à ces hommes et à ces femmes que naissent et vivent
ces livres, qu’il nous appartient d’aimer et de transmettre.

Car, pour que vivent ces livres, il faut que vivent les ateliers qui les
réalisent. Je sais votre situation difficile aujourd’hui et je souhaite, en lien
avec mon collègue Renaud Dutreil, ministre des petites et moyennes
entreprises et de l’artisanat, tout mettre en oeuvre pour pérenniser votre
activité. Avec le concours actif de mon cabinet, je souhaite qu’une
concertation soit menée et que des propositions me soient faites. A ce
titre, je tiens à saluer la démarche de Monsieur Yves-Benoît Cattin,
président des Amis du livre contemporain qui défend et promeut les
intérêts d’une activité aussi précieuse que menacée. Il explore avec
détermination toutes les pistes ouverte pour la sauvegarde de ces métiers
et de ces entreprises, tout particulièrement celle du mécénat.

L’exposition de ce soir lui doit beaucoup. Elle est aussi l’occasion de faire
honneur aux animateurs et aux membres de sociétés de bibliophilie aussi
fameuses que les Francs-Bibliophiles, les Pharmaciens bibliophiles et les
Cent-Unes.

C’est une première étape dans une démarche de fond que je souhaite voir
aboutir. Je vous donne d’ores et déjà rendez-vous, tout début 2007, à la
Villa Arson, près de Nice, où j’assisterai à la présentation des oeuvres de
la Commande publique de bibliophilie lancée en 2004, par le ministère et
qui je le sais, a donné de l’ouvrage à certains de vos ateliers.

Au-delà, c’est à vous tous, amis du livre, artistes, artisans, libraires,
bibliothécaires, conservateurs, amateurs que je dédie la belle exposition
de ce soir. Je souhaite qu’elle constitue un signe de renouveau pour ce
métier si beau et qui nous apporte tant.

Je vous remercie.

Signature avec Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, de la convention relative aux édifices français d’intérêt historique situés à l’étranger, au Ministère des affaires étrangères

20 décembre 2006

Monsieur le Ministre, cher Philippe,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Le patrimoine français à l’étranger est emblématique du rayonnement de
notre pays, de la force de ses arts et de sa présence dans le monde.
Ce patrimoine, mobilier et immobilier, d’intérêt historique et culturel, est un
atout immense pour valoriser l’image de notre pays à l’étranger, mais aussi
pour mettre en lumière l’excellence de nos savoir-faire en matière de
restauration et de conservation. Il nous appartient aujourd’hui de mieux
l’identifier, et de mieux en assurer la promotion.

Cet arrangement poursuit et élargit la décision d’André Malraux d’aider la
Fondation des Pieux Etablissements à Rome et à Lorette à restaurer son
patrimoine. Les ministères de la Culture et de la Communication et des
Affaires étrangères s’engagent à établir une liste de monuments
emblématiques de notre patrimoine, liste qui sera ensuite examinée en
séance spéciale par la section protection de la commission nationale des
monuments historiques. C’est une véritable histoire de la présence
française à l’étranger que nous écrirons à travers ce recensement, une
histoire dont ces monuments sont les jalons, les symboles les plus
prestigieux.

En ce qui concerne la restauration, le ministère de la Culture et de la
Communication s’engage à mettre à disposition du ministère des Affaires
étrangères des spécialistes scientifiques et techniques auprès de la
maîtrise d’ouvrage. Des inspecteurs généraux de l’architecture et du
patrimoine, des conservateurs généraux, des conservateurs du patrimoine
et des architectes en chef des monuments historiques seront ainsi
mobilisés pour apporter leur expertise et leur connaissance.

Cette coopération ne serait pas complète, sans la proposition de formations
spécifiques aux agents du ministère des Affaires étrangères, auprès des
centres spécialisés, tels que l’Ecole de Chaillot ou encore l’Institut national
du Patrimoine. Les ingénieurs, les architectes et les techniciens seront ainsi
sensibilisés à la spécificité des interventions sur les monuments d’intérêt
patrimonial majeur.

Le ministère de la Culture et de la Communication prendra en charge
une partie du financement des études nécessaires aux travaux sur ces
édifices.

Mais, cher Philippe, quels que soient l’amour et le respect que nous
avons pour elles, vous n’êtes pas plus que moi le ministre des « vieilles
pierres », fussent-elles hors de nos frontières, et il nous importe, à tous
deux, de faire vivre ce patrimoine extraordinaire que la France nous a
légué au fil de son histoire. C’est pourquoi je suis très heureux que notre
collaboration porte également sur l’animation de ces monuments.

Une animation au sens étymologique, celui d’insuffler une âme, l’âme de
la France, dans chacun de ces lieux. Et cette âme, c’est notre culture, ce
sont nos valeurs, notre identité, notre histoire, nourries par des siècles
de création et de pensée. C’est cette âme que nous devons maintenant
mieux diffuser, et ces monuments représentent en cela une chance
formidable. Ouvrons leurs portes aux publics de tous les pays, pour faire
connaître les oeuvres françaises, faciliter la circulation des idées et
favoriser les échanges entre les artistes.

Soyons audacieux, également, et faisons des nouvelles implantations
diplomatiques les étendards du dynamisme de la création française, en
invitant nos artistes à en imaginer les écrins. Je me réjouis que
l’arrangement qui scelle la coopération entre nos deux ministères,
prévoie d’associer étroitement à ces nouvelles constructions les ateliers
de création du Mobilier National et des Manufactures, dépositaires d’un
riche savoir-faire et fers de lance de la création française, notamment
dans les domaines du design et de la tapisserie contemporaine.

Oui, ces monuments sont pour notre pays et nos artistes de véritables
vitrines, que nous devons préserver, valoriser, faire vivre, et ouvrir au
public le plus large.

Je vous remercie.

Installation avec Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères et Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, du Comité d’honneur du 50e anniversaire de la signature du Traité de Rome

18 décembre 2006

Monsieur le Ministre d’Etat, cher Maurice Faure,

Monsieur le Ministre, cher Philippe Douste-Blazy,

Madame la Ministre, chère Catherine Colonna,

Messieurs les Ministres,

Mesdames les Présidentes, Messieurs les Présidents,

Mesdames, Messieurs,

Ma présence parmi vous est d’abord liée à cette conviction, que Milan Kundera a exprimée
de façon lapidaire : « l’ambition européenne est avant tout une ambition culturelle ». Et
d’ajouter cette définition – que je ferais volontiers mienne – de l’identité de l’Europe : « le
maximum de diversité dans le minimum d’espace ».

L’unité et la diversité sont depuis l’origine les deux fondements de la construction
européenne, et ce sont des fondements dont nous savons aujourd’hui qu’ils sont d’abord
culturels.

Pourtant, pour les experts des affaires communautaires que vous êtes, il peut sembler
paradoxal de vouloir mettre ainsi en avant la culture à l’occasion des cérémonies
commémoratives du Traité de Rome, alors qu’elle n’y figure en aucune façon. Mais le
ministre de la culture est aussi celui de la mémoire et la commémoration du Traité de Rome
est une célébration nationale.

Et si vous me permettez d’ajouter un mot plus personnel, vous
comprendrez que le fait que le ministre en fonction au moment de cette célébration, et au
moment où nous en sommes de l’histoire de l’Europe, soit aussi le fils de celui qui négocia le
Traité, aux côtés de vous-même, Monsieur le Ministre d’Etat, et avec vous, Messieurs les
Ministres, chers Jean-François Deniau et Jean François-Poncet, ainsi qu’avec Robert
Marjolin, disparu il y vingt ans, revêt une signification particulière, qui n’est pas que
symbolique. Car l’action accomplie alors par ces pionniers, par ces précurseurs, dans une
atmosphère de scepticisme quasi généralisé, après l’échec du traité relatif à la Communauté
européenne de défense, que certains d’entre vous ont racontée, comme l’action accomplie
depuis lors, est assurément un héritage commun. Un héritage qu’il nous appartient, non
seulement de faire vivre, mais aussi de conquérir, pour le transmettre à nouveau à nos
concitoyens.

Cet héritage est donc d’abord un projet. S’il est vrai qu’à l’époque où a été
signé le Traité de Rome il était clair que la culture ne pouvait être en aucun cas une
compétence de la future Europe à construire, tant était ancrée l’idée que la culture se
rapporte à l’identité de chaque nation ; s’il est vrai qu’il fallut attendre le Traité de Maastricht,
pour qu’une place soit officiellement dévolue à la culture dans la construction européenne,
avec l’introduction d’un article spécifique ; il est non moins vrai que la culture doit aujourd’hui
devenir une dimension essentielle du projet européen.

Cinquante ans après la signature du Traité de Rome, nous avons devant nous une nouvelle
étape de la construction européenne, une étape majeure, dont il appartient à notre
génération d’inventer les formes et de réaliser les solidarités concrètes.

Le référendum sur la constitution de 2005, en France comme aux Pays-Bas, a montré
combien nos concitoyens ont le sentiment de voir leur identité diluée dans la mondialisation.

Cela veut dire que pour aller de l’avant, pour s’ouvrir à l’autre, il faut que les peuples
européens se sentent rassurés dans leurs racines nationales et comprennent que l’Europe
peut les aider à conserver leur identité face aux risques de l’uniformisation du monde.

L’Europe est une force.

Il y a donc un lien direct entre cette nouvelle étape de la construction européenne et la
victoire que nous avons remportée grâce à la détermination de la France et à la mobilisation
de l’Europe, avec l’adoption, en moins de deux ans, à la quasi-unanimité de la communauté
internationale, de la Convention sur la diversité culturelle.

Je me rends demain à Bruxelles, accompagné de deux grands artistes, une Française, un
Européen, pour assister à la remise des instruments de ratification de la Communauté
européenne et de douze Etats membres – auxquels s’ajoutent la Roumanie et la Bulgarie,
soit un majorité de 14 Etats membres au 1er janvier 2007 – au Directeur général de
l’UNESCO. Cette cérémonie, qui se déroulera en présence du Président de la Commission
européenne marque une étape essentielle, et que je n’hésite pas à qualifier d’historique, du
point de vue du rôle de la culture dans les relations internationales : l’affirmation en droit
international du droit des Etats et de la Communauté européenne à soutenir les politiques
culturelles face aux règles nécessaires du libre-échange.

José-Manuel Barroso, par sa
présence, montre ce dont nous nous sommes à plusieurs reprises entretenus : c’est par la
culture que nous donnerons une âme à l’Europe, c’est par elle que nous cultiverons la
conscience partagée d’appartenir à une même communauté de destin.
Il s’agit bien de permettre à chacun, peuples et citoyens, de comprendre de façon intime que
notre solidarité politique repose sur des racines culturelles communes.

Nous ne sommes
heureusement plus à l’époque où l’enjeu central de la construction européenne était
d’assurer une paix durable sur notre continent. Nous ne sommes plus à l’époque
extraordinaire de l’unification économique et monétaire : ce sont des acquis aujourd’hui, qui
ont été magnifiquement réalisés et qu’il convient de faire vivre. Nous sommes à une époque
où nous devons donner à 500 millions d’Européens et 27 Etats membres des raisons de
penser qu’ils sont plus proches les uns des autres que de n’importe quelle autre
communauté humaine et que ces raisons ne reposent pas seulement sur l’intérêt bien
compris, mais sur une volonté partagée de vivre ensemble, sur un esprit de famille, qui sont
les conditions mêmes de l’existence d’une Nation.

Voilà pourquoi, en hommage à la mémoire des négociateurs du traité de Rome qui auront
laissé une trace incroyable dans l’histoire du continent européen, je souhaite ardemment, et
j’appelle tous les artistes et tous les homes et femmes de culture à soutenir cette idée, que la
Déclaration de Berlin, qui sera adoptée par le Conseil européen à l’occasion du
Cinquantième anniversaire du Traité de Rome, affirme haut et fort la volonté de donner au
projet politique européen une ambition culturelle.

Oui, vive l’Europe de la culture ! Mais ne nous y trompons pas : il ne s’agit évidemment pas
de suivre la voie de l’intégration communautaire, comme pour l’agriculture ou la monnaie. La
subsidiarité et la coopération ouverte doivent être les maîtres-mots de notre action culturelle
commune. C’est pourquoi je plaide pour des coopérations appuyées par la Commission
européenne autour de projets concrets : nous en avons lancés, comme la Bibliothèque
numérique européenne et comme le label européen du patrimoine, que je souhaite voir se
mettre en place en mars 2007, avec en tête de liste des monuments aussi prestigieux pour
l’histoire européenne que l’Acropole et le Capitole. C’est la France, avec André Malraux, qui
a lancé à l’UNESCO, avec le succès que l’on sait, l’idée du patrimoine mondial de
l’humanité.

C’est la France aujourd’hui qui doit faire réussir l’idée d’une liste commune du
patrimoine européen. Oui, une Europe des projets culturels est capable de parachever dans
les esprits et les coeurs l’unité de l’Europe. C’est grâce à la culture que nous pourrons
fédérer l’énergie des Européens, pour que rayonnent dans le monde nos valeurs de paix, de
démocratie et d’universalité.

Je vous remercie.

Clôture du Forum européen des orchestres

18 décembre 2006

Monsieur le Président, Cher Ivan Renar

Monsieur le Directeur de l'Association française des orchestres, Cher
Philippe Fanjas,

Messieurs les Directeurs,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

J'avais eu le grand plaisir de vous accueillir au Parlement européen de
Strasbourg, en juin 2005, pour l'ouverture d'une rencontre entre les
représentants des orchestres de 35 pays.

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui au ministère de la
Culture et de la Communication, pour clore cette réunion de travail du
réseau que vous avez constitué à l'issue de la conférence de Strasbourg,
réseau que vous avez intitulé le « Forum européen des orchestres ».

Chacun de ces mots, « forum », « européen », « orchestres », résonnent à
mes yeux de significations et de symboles singuliers, et auxquels je suis
particulièrement attaché.

Le mot « forum », tout d’abord, exprime votre souhait que les enjeux
artistiques et culturels portés par vos formations soient largement partagés,
discutés, débattus sur la place publique.

Le mot « européen », ensuite, affirme votre volonté d’inscrire votre action
dans cette communauté politique, mais avant tout culturelle, que nous
construisons aujourd’hui.

Et bien sûr, pour terminer, le mot « orchestres », assurément musical, mais
aussi symbolique d'une démarche commune et de la combinaison
heureuse de la polyphonie et de l'harmonie.

Je souhaite vous dire ici, clairement, combien j’adhère à votre démarche, et
combien je souhaite y contribuer, notamment en l'appuyant auprès de mes
collègues du conseil des ministres de l'Europe. Je partage votre conviction
que le projet politique européen, pour gagner l’esprit et toucher le coeur de
tous nos concitoyens, doit puiser sa force aux sources de l’Europe, qui,
nous le savons, sont essentiellement culturelles.

C’est tout le sens du Label européen du patrimoine que je souhaite
mettre en place, afin de mettre en lumière les hauts lieux de mémoire et
de création, les sites et les monuments emblématiques de l’identité
européenne, qu’ils évoquent notre passé commun ou qu’ils représentent
l’avenir que nous bâtissons ensemble, afin que le public le plus large
ressente et s’approprie cet esprit européen, cette identité culturelle qui
lie nos destinées depuis des siècles. Les musiciens ont toujours été de
grands voyageurs. Mozart, Liszt et tant d’autres précurseurs de génie,
se sont formés d’un bout à l’autre de notre continent, et je ne doute pas
que des hauts lieux de la grande aventure musicale européenne seront
distingués par ce Label.

J'avais eu l'occasion de dire à Strasbourg toute l'importance que
j'attache au rôle des orchestres, qui font vivre et élargissent un
répertoire formidable, qui associent à leur action territoriale une forte
capacité d'ouverture sur le monde, et qui jouent un rôle primordial dans
la circulation des oeuvres et des artistes.

Vos rencontres, vos réflexions et vos échanges sont une pierre
supplémentaire apportée à la construction de l’Europe de la Culture, que
nous appelons de nos voeux. Une pierre de touche, une clé de voûte,
puisqu’il n’est sans doute aucun autre domaine de la culture qui puisse
mieux exprimer les assonances comme les dissonances du concert
européen, l’irréductible polyphonie de l’art et de l’esprit, que nous
nommons la diversité culturelle, que celui de la musique. Oui, ce Forum
me touche profondément, parce qu’il exprime combien la culture, et plus
particulièrement le langage universel de la musique, est un fondement
essentiel du dialogue entre les peuples, dans notre pays, et au sein
comme au-delà des frontières de l’Europe.

La France, qui fut la terre d’asile de Rossini, de Liszt, de Chopin, de
Stravinsky, de Délius et de Martinu est toujours prête à s’enrichir de ce
que Henri Dutilleux appelle « le levain de l’étranger ». La musique
incarne par excellence la diversité créatrice, la rencontre de partitions
nouvelles, de couleurs inattendues, d’identités multiples. Cette diversité,
nous devons la préserver, l’encourager et la faire vivre, parce qu’à
l’heure de la mondialisation, et de la menace bien réelle de
l’uniformisation des cultures, il me paraît fondamental, fondateur, même,
d’affirmer haut et fort la grande et belle richesse des cultures du monde.

L’adoption, le 20 octobre 2005, de la convention de l’Unesco sur la
protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles,
marque à cet égard une avancée majeure, dont nous pouvons être fiers,
au regard du rôle moteur joué par la France. Comme nous serons fiers,
demain, le 19 décembre 2006, de la remise collective des instruments
de ratification de la communauté européenne et de plusieurs États
membres à l’Unesco, qui permettra à la convention d’entrer
effectivement en vigueur en 2007.

Aussi serai-je très attentif aux résultats de vos travaux et de vos
réflexions, dont je souhaite qu'ils permettent le développement
d'échanges, le partage d'expériences, et bien sûr, également,
l'accroissement de la circulation des oeuvres et des artistes, comme le
renforcement de la diversité de l'offre musicale à nos concitoyens
européens et aux mélomanes du monde.

Cette journée est porteuse de ces espoirs, de ces objectifs. La diffusion
des actes de la rencontre de Strasbourg, la création d'un site Internet
spécifique à votre réseau, et votre participation active aux réunions
internationales des organisations existantes, en sont les premiers jalons.

Je tiens à rendre hommage à l'association française des orchestres, à
son président Ivan Renar, et à son directeur Philippe Fanjas, qui ont su
apporter toute leur contribution et leur talent à ces actions communes.

Et
je compte sur l'énergie de chacun de vous pour que cette démarche
s'affirme et se développe.

La culture, la musique, ont, de longue date, montré le chemin d'une
Europe réunie autour de valeurs communes, et porteuse d'une diversité
culturelle à laquelle vous savez que je suis profondément attaché.

Je vous remercie, et vous invite maintenant à rejoindre les tables
dressées pour vous, afin d’ajouter un moment de convivialité à ce temps
de réflexion.

Remise des insignes de chevalier dans l’ordre national du mérite à Cyril Fergon

18 décembre 2006

Cher Cyril Fergon,

C’est un très grand plaisir pour moi de vous honorer aujourd’hui, et je ne
peux résister au plaisir d’évoquer les souvenirs qui nous lient, des
souvenirs très forts de cette époque fondatrice pour nous, pour les idéaux
que nous n’avons jamais cessé de poursuivre, avec cet enthousiasme qui
ne nous a jamais quitté. Cette époque fut celle de nos premiers pas dans la
vie politique, mais aussi, je tiens à le souligner, le prélude d’une très belle
amitié.

C’était au milieu des années quatre-vingt-dix, vous étiez alors chargé de
mission pour les relations avec les élus au cabinet de François Léotard,
Président du Parti Républicain, puis de l’UDF, cabinet que je dirigeais.

Titulaire d’un DEA de droit public interne et d’un DESS de contentieux et
procédure, c’est au barreau de Paris que vous avez aiguisé votre plume et
ciselé votre belle éloquence, avant d’affûter votre conscience politique, aux
côtés de Gilles de Robien, député de la Somme et maire d’Amiens, en tant
qu’assistant parlementaire, mais surtout au sein du Mouvement des
Jeunes Républicains, dont vous avez été Secrétaire général.

En avril 1993, vous plongez pour la première fois dans la vie trépidante
d’un cabinet ministériel, en qualité de Chargé des relations avec le
Parlement et les élus, auprès du Ministre d’Etat, Ministre de la défense,
François Léotard.

Vous contribuez au groupe de travail sur le Livre blanc de la défense, ainsi
qu’au groupe de travail sur la Loi de programmation militaire.

C’est en mai 1995 que vous devenez attaché parlementaire de François
Léotard, député du Var, avant de nous rejoindre au sein de son cabinet à
l’UDF, que j’évoquais tout à l’heure. Vous prenez ensuite la responsabilité
du conseil juridique en droit électoral pour l’UDF, ses candidats et ses élus.

Outre votre engagement politique, vous êtes soucieux de transmettre
votre double expertise, administrative et juridique, et vous avez enseigné
le droit public au Centre national de la fonction publique territoriale, et,
depuis 2000, vous êtes chargé de cours à l’Ecole de formation du
barreau.

Mais, ainsi que le disait l’homme qui inventa l’art de convaincre, Cicéron :

« Au métier qu’il connaît, que chacun se consacre. » Suivant ce bon
précepte, depuis avril 1997, vous êtes donc avocat au barreau de Paris,
collaborateur au cabinet Farthouat, Asselineau & associés, au sein duquel
vous êtes nommé le 1er janvier 2002, ce que je suis particulièrement
heureux de souligner devant votre confrère Christian Charrière-Bournazel,
élu il y a deux semaines dauphin de l’Ordre, et qui sera donc le prochain
bâtonnier de Paris.

Votre Guide du candidat aux élections municipales, publié chez
Flammarion en 2000, est pour moi une référence, car vous n’êtes pas
sans connaître mes ambitions pour la belle ville de Tours. Ce que moi, en
revanche, j’ignorais, et que j’ai découvert très récemment, avec beaucoup
de plaisir et d’étonnement, c’est que vos racines familiales puisent aux
même sources que mes liens du coeur.

Je vous croyais Percheron, perpétuant avec la ferveur que je connais
l’attachement de votre lignée à cette région magnifique, et honorant
obstinément chaque week-end, contre vents et marées, votre seconde
maison. Je vous ai découvert des ascendances surprenantes ! Arrière
petit-fils d’Henri Gouin, membre d’une grande famille de banquiers de
Tours, vous ne comptez pas moins de deux maires de la belle cité
ligérienne parmi vos aïeux.

L’Hôtel de votre famille abrite même aujourd’hui un musée, présentant la
collection de la société archéologique locale, fondée par Henri Gouin.

J’honore donc aujourd’hui non seulement un grand avocat, mais aussi un
homme d’action, à l’engagement solide et profond, et un ami fidèle.

Cyril Fergon, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l’Ordre
national du Mérite.

Bourse " Jeunes reporters " de l' Union des clubs de la presse de France et francophone

18 décembre 2006

Madame la Ministre, Présidente de la SNCF,

Monsieur le Président, Cher Philippe Tallois,

Monsieur le Secrétaire général, Cher Gérard Bordier,

Mesdames, Messieurs, Chers Amis,

Je suis très heureux d'être parmi vous aujourd'hui pour remettre leurs Prix aux lauréats de la
Bourse Jeunes Reporters. Je tiens tout d'abord à remercier l'Union des Clubs de Presse de
France et francophones, et plus particulièrement son Président, Philippe Tallois, pour son
action au service des journalistes et des professionnels de la communication. Espaces de
dialogue, de réflexion et de débats, les Clubs de la presse, présents dans toutes les régions
de France, et dans certains pays francophones, remplissent une mission essentielle
d'information, de diffusion et de relais pour les professionnels de ce secteur.

Communauté
professionnelle, mais aussi humaine, intellectuelle, et, pour ainsi dire, spirituelle, fortement
engagée, aux côtés de Reporters sans Frontières, dans la défense de la liberté de la presse,
ce réseau a également vocation à transmettre les valeurs fondamentales du métier de
journaliste aux jeunes générations, et ces bourses en sont une très belle illustration.

Le concours organisé par l'UCPF, en rapprochant les générations de journalistes en activité
depuis plusieurs années de leurs confrères ou futurs confrères, et en mettant résolument en
avant les exigences éthiques et les règles déontologiques qui unissent la profession,
contribue ainsi à renforcer cette communauté professionnelle, pilier de notre démocratie.

Je me réjouis que ces Bourses encouragent, stimulent et valorisent le travail de jeunes
journalistes autour du thème particulièrement décisif de la francophonie, et de ses
implications économiques, culturelles ou humanitaires hors de France.

Je tiens à féliciter très chaleureusement toutes celles et tous ceux qui ont participé à ce
concours, apportant la preuve du talent et du dynamisme des jeunes journalistes qui
prennent la relève aujourd'hui. Pour remporter cette Bourse proposée par vos aînés, vous
avez dû présenter un projet ambitieux et complet sur le plan de l'information, mais aussi
définir les moyens concrets nécessaires à la mise en oeuvre de ce projet et les pistes
envisageables pour diffuser votre reportage : vous avez ainsi montré, à la fin de votre
période de formation, ou au tout début de votre vie professionnelle, que vous disposiez de
toute la palette des talents qui font un journaliste sérieux et compétent.

Nous en sommes tous conscients, ce sérieux et cette compétence sont plus que jamais
indispensables. Le journalisme ne s'improvise pas : il est un métier, qui suppose de la
technique et de l'expérience. C'est pourquoi j'attache une très grande importance à la
formation des futurs journalistes, à la fois en tant que Ministre de la Communication et
comme élu de la ville de Tours, dont l'IUT de journalisme est l'une des écoles reconnues par
la profession. J'ai eu l'occasion de le dire, à plusieurs reprises, on ne naît pas journaliste, on
le devient !

Et cependant, au-delà d'un métier, le journalisme est également un engagement personnel.

Vous en avez tous déjà fait l'expérience, comme en témoignent vos travaux et votre
présence ici aujourd'hui.

Oui, le journalisme est un métier, une compétence, une passion. De votre professionnalisme
et de votre engagement, notre pays et notre monde ont plus besoin que jamais. C'est à vous
qu'appartient, dans un environnement marqué à la fois par de grands rapprochements et par
une forte tentation de rejet et de repli, de faire vivre la diversité culturelle et le débat d'idées.

Arthur Miller écrivait, en 1961 : " Un bon journal, c'est une nation qui se parle à elle-même. "

A vous aujourd'hui d'entretenir le dialogue de la société française avec elle-même, de porter
ce dialogue dans l'espace européen et au sein de la communauté internationale. Les Clubs
de la Presse sont, selon votre charte, et je puis en témoigner pour celui de la Région Centre,
que je connais bien, " des lieux ouverts par excellence " : à vous de susciter largement, par
votre travail, et en mettant en oeuvre un pluralisme authentique, cette même ouverture.

C'est précisément cette capacité d'ouverture qui m'a frappé à la lecture des travaux des deux
journalistes auxquels est accordée aujourd'hui la Bourse Jeunes Reporters, et dont vous
allez révéler les noms dans un instant.

Je tiens à les féliciter très chaleureusement et je leur souhaite d'assumer, tout au long de
leur parcours professionnel, cette grande responsabilité, avec toujours autant de passion, de
générosité et de talent.

Je vous remercie.

Réunion avec les présidents des associations de protection du patrimoine

18 décembre 2006

Madame, Messieurs les Présidents,

Je suis ravi de vous retrouver aujourd’hui après notre rendez-vous manqué
le 14 septembre dernier. Mais vous vous souvenez, j’avais de bonnes
raisons, puisque j’accompagnais le Premier Ministre à Amiens, où il a
annoncé l’affectation au Centre des Monuments Nationaux de 25 % du
produit de l’impôt sur les droits de mutations, soit 70 M- annuels, destinés à
financer des travaux de restauration sur des monuments de l’Etat. Je dois
dire que je suis particulièrement heureux du soutien de mes collègues du
gouvernement, à commencer par le premier d’entre eux, et de celui du
Premier Ministre, qui nous a permis progressivement de maintenir, puis de
conforter voire d’améliorer les perspectives de financement des
monuments nationaux.

La situation des monuments n’appartenant pas à
l’Etat s’en trouvera également améliorée et les récentes mesures adoptées
dans le cadre du projet de loi de finances pour 2007 ouvrent là aussi des
perspectives prometteuses. Cela a été un long travail et une aventure
collective, où chacun à son niveau, a eu un rôle à jouer. Je me réjouis de
l’important travail de coordination de la Direction de l’architecture et du
patrimoine en direction des services déconcentrés du Ministère et des
acteurs de terrain que vous représentez. Les rendez-vous réguliers, et le
dialogue que vous entretenez avec ce ministère sont à cet égard du plus
grand intérêt et je tenais à vous le redire.

Vous le savez, dès mon arrivée au ministère de la Culture et de la
Communication, j’ai manifesté un intérêt très fort pour l’ensemble des
questions liées au patrimoine. Je me suis attaché à nouer et à entretenir
des relations solides, durables et fécondes avec toutes celles et tous ceux
qui oeuvrent chaque jour, sur tout notre territoire, pour préserver et faire
vivre ce patrimoine. Et l’un de mes premiers objectifs a été d’associer
davantage les collectivités publiques et les acteurs privés par un meilleur
partage de responsabilités, qui tienne compte des réalités du terrain.
Notre patrimoine, c’est la mémoire, l’âme de nos villes et de nos régions.

Etroitement lié à la diversité de nos paysages, il porte la force, l’identité, la
singularité de chacun de nos territoires, de ses traditions, du tempérament,
de l’histoire, de la vie et des espoirs des hommes qui l’ont habité, et
l’habitent aujourd’hui encore. La restauration, la conservation, et la mise en
valeur du patrimoine répondent bien évidemment à des objectifs culturels,
de connaissance, de transmission et de partage. Mais elles portent
également des enjeux économiques, puisqu’elles constituent de véritables
filières, des sources d’emplois, de dynamisme et de richesses, à part
entière, en aval des décisions de politique culturelle. Oui, la culture est un
capital d’avenir, qu’il convient non seulement d’identifier, mais surtout de
mieux valoriser dans la compétition internationale, notamment parce qu’elle
participe pleinement à la stratégie d’attractivité globale de la France.

C’est pourquoi, dans ce domaine comme dans les autres, je crois
profondément en l’addition des énergies.

J’ai donc tenu à ce que les associations nationales reconnues d’utilité
publique soient associées de près à tous ces débats, dans le cadre de
cette instance de concertation, dont je salue le travail. Grâce à vous,
nous avons pu aboutir à un accord de fond sur plusieurs sujets
importants. J’ai également veillé à une meilleure représentation des
associations sur le terrain, notamment au sein des différentes
commissions, dont la commission régionale du patrimoine et des sites
(CRPS), ainsi que la commission nationale des monuments historiques
(CNMH). Je sais que c’est un point auquel vous êtes particulièrement
sensible.

L’heure n’est pas encore au bilan, mais néanmoins, en quelques mots,
je souhaitais rappeler quelques unes des avancées les plus
significatives de ces dernières années.

Un premier ensemble de réformes a pour objet l’entretien et la
restauration des monuments (1), d’autres actions concernent les abords
et les paysages (2).

1. L’entretien et la restauration des monuments

Le point de départ de toutes les réformes que nous avons menées à
bien dans ce domaine essentiel a été de considérer le propriétaire
comme le maître d’ouvrage naturel de la restauration de son monument.

Partant de ce principe, il était légitime qu’il puisse choisir son architecte
et que ses rapports avec l’administration soient simplifiés. C’est ce que
nous avons proposé par l’ordonnance du 8 septembre 2005 sur laquelle
vous avez, je le sais, beaucoup travaillé. Nous en sommes aujourd’hui à
la rédaction des décrets, le travail avance, mais je ne développerai pas
davantage parce que nous en avons déjà beaucoup parlé. Je reste à
votre écoute, bien entendu, pour traiter tel ou tel point particulier si vous
le souhaitez.

Je tiens en revanche à bien préciser à nouveau notre situation
budgétaire et à tenter une présentation claire des chiffres, après les
décisions importantes qui ont été prises et qui aboutissent à un nouveau
mode de financement des monuments de l’Etat.

J’insiste sur deux points importants :

1. je l’ai dit et répété : le niveau de consommation des crédits est resté
constant tout au long de ces quatre dernières années : soit environ 320
M- par an pour quelque 4000 chantiers.

2. Entre la loi de finances initiale 2006 et la réalité des crédits consommés,
il y a eu un différentiel de 43 M- supplémentaires, preuve s’il en est de la
bataille que nous avons menée pour obtenir des dégels de crédits et des
ajustements en cours d’année.

Après quelques épisodes houleux, nous avons ainsi réussi à maintenir
le cap et à éviter des catastrophes. La ténacité et l’acharnement dont nous avons tous fait preuve a permis une prise de conscience de
l’importance de la protection et de la valorisation de notre patrimoine,
non pas seulement à des fins culturelles, mais aussi à des fins
économiques, puisque le patrimoine, je le rappelle, génère un peu plus
de 500 000 emplois directs et indirects au plan national.

Pour 2007, le montant des crédits dédiés à l’action 1.1 du programme
patrimoine est de 378 M- : soit 220 M- de crédits de paiement, 18 M- de
fonds de concours et 140 M- affectés au Centre des monuments
nationaux. On atteint là un niveau qui devient satisfaisant et dont la
structuration au plan budgétaire, notamment par l’affectation de crédits
au Centre des monuments nationaux, devrait nous garantir une certaine
pérennité.

Monsieur de Lambertye, vous aviez procédé à une enquête auprès de
vos membres et des DRAC qui concluait que le montant des
subventions de l’Etat pour l’année 2003 avoisinait les 8%, soit 21 M-.

Nous serons bientôt en mesure, grâce à la mise en place d’un nouveau
logiciel, de permettre une lecture plus fine de nos financements et de
distinguer les travaux effectués par catégorie de propriétaires. Sur cette
base, je m’engage, pour ma part, à tendre vers les 10% du budget
attribué aux directions régionales des affaires culturelles en faveur des
propriétaires privés.

Pour en terminer avec la question des moyens et avant d’aborder la
deuxième partie de mon propos, je voulais rappeler qu’ont été votées en
faveur des propriétaires privés un certain nombre de mesures fiscales,
avec, dernier succès en date, l’extension du régime fiscal du mécénat
aux dépenses de conservation et d’entretien des monuments privés.

C’est une belle victoire qui, je l’espère, donnera lieu à de beaux projets.

Enfin, la possibilité d’avoir recours à des publicités sur les
échafaudages, à l’instar de ce qui se pratique en Italie, devrait aussi
lever des financements supplémentaires pour la restauration des
monuments, sur autorisation de la DRAC et sous réserve de certaines
conditions, que j’ai demandé à mes services de présenter de façon
claire.

La richesse du patrimoine, c’est aussi ce capital humain
d’entrepreneurs, d’artisans, et de professionnels du bâtiment, dont il faut
absolument préserver les savoir-faire, transmis de générations en
générations. Nous oeuvrons en ce sens, et nous avons obtenu que soit
créé un baccalauréat professionnel d’intervention sur le patrimoine bâti,
qui, je l’espère, suscitera de nombreuses vocations. Nous avons bien
entendu d’autres projets en matière de formation professionnelle, dont je
vous parlerai lorsqu’ils auront abouti.

Dans le même ordre d’idée, Monsieur Fontaine, je sais que ces sujets
vous tiennent à coeur, nous avons, dans le cadre de la loi relative au
développement des territoires ruraux, obtenu la réouverture des petites
carrières. L’arsenal réglementaire est enfin arrivé à son terme et je sais
que vous avez suivi de très près la préparation des mesures législatives
et réglementaires nécessaires à sa mise en oeuvre.

Dans le cadre de la convention qui nous lie à l’association française de
normalisation, l’AFNOR, nous nous efforçons de faire entendre la
spécificité du patrimoine bâti ancien. Il y a là des enjeux très importants
pour l’avenir de la restauration en France, dans un monde de plus en
plus concurrentiel, où il nous faut demeurer extrêmement vigilants sur
toute tentative de banalisation d’un secteur très spécifique.

2. Les abords et les paysages

Pour tout ce qui relève de la politique des abords et des paysages au
sens large, nous disposons actuellement de trois niveaux de gestion des
espaces protégés dans notre pays : les périmètres de protection
adaptés ou modifiés, les ZPPAUP (Zones de Protection du Patrimoine
Architectural, Urbain et Paysager) et les secteurs sauvegardés.

La logique d’intervention dans ce secteur veut que les acteurs locaux
puissent prendre leurs responsabilités et disposer de davantage de
latitude pour agir. C’est le sens des réformes que nous avons
accomplies en ce domaine.

C’est désormais au maire qu’il revient de créer des ZPPAUP avec
l’accord des Préfets. Concernant les secteurs sauvegardés, il convient
d’en relancer la dynamique en créant des conditions d’association plus
étroites entre les communes et l’Etat. Déjà et en accord avec le
ministère de l’équipement, le plan de sauvegarde et de mise en valeur
sera conjointement élaboré par l’Etat et la collectivité concernée. C’est
aux services départementaux de l’architecture et du patrimoine, sous
l’autorité de la DRAC, et en lien avec les Préfets de départements, qu’il
appartient de suivre tout le processus de création et d’y apporter leur
expertise.

Enfin, nous avons assoupli le dispositif de définition des périmètres de
protection, afin qu’il puisse s’adapter plus finement à la réalité des
situations.

Sur tous ces sujets, nous travaillons étroitement, bien sûr, avec le
ministère chargé de l’équipement, mais l’urbanisme étant une
compétence décentralisée, les collectivités territoriales jouent désormais
un rôle essentiel pour la mise en oeuvre de ces dispositifs.

Sur la question des abords et des paysages, nous nous situons dans le
cadre d’un travail interministériel. Il en est ainsi de la question des
éoliennes, qui est du ressort du ministère de l’écologie et du
développement durable. Je rappelle que le protocole de Kyoto engage la
France, qui a joué un rôle précurseur dans ce domaine, sous l’impulsion
du Président de la République, à respecter ses engagements
internationaux en matière de développement des énergies
renouvelables. Je suis conscient des limites des dispositions juridiques
du code du patrimoine pour certains projets d’éoliennes situés aux
abords de monuments.

Le Sénateur Ambroise Dupont a rédigé un
rapport tout à fait pertinent et utile sur cette question. Je tiens à ce que
les services départementaux de l’architecture et du patrimoine soient
particulièrement attentifs à l’instruction de ces dossiers et qu’ils
accompagnent les collectivités locales qui ont désormais l’initiative de la
définition des zones de développement éolien. Les situations sont à examiner au cas par cas, je suis intervenu personnellement dans
certaines situations critiques auprès des préfets de département. Dans
un proche avenir, le ministère de la culture pourrait proposer, en lien
avec le ministère de l’écologie et le ministère de l’équipement, d’intégrer
dans la procédure de création des éoliennes le souci du paysage par la
prise en compte de cônes de visibilité dans l’élaboration des documents
d’urbanisme. J’ai d’ores et déjà demandé à mes services de faire des
propositions en ce sens.

Enfin pour en terminer et sans avoir eu le temps d’aborder l’ensemble
des sujets, mais nous pourrons en débattre, je souhaitais revenir sur un
point, sur lequel vous m’avez personnellement saisi, qui concerne
l’avenir de l’ancien magasin aux vivres de la marine de la ville de
Rochefort-sur-Mer. Je suis heureux de vous annoncer que la
Commission régionale du patrimoine et des sites a statué favorablement
en faveur de la protection du bâtiment. Il appartient au Préfet de prendre
désormais un arrêté de protection correspondant. Aucun permis de
construire n’a été déposé à ce jour, l’architecte des bâtiments de France
reste très vigilant sur cette affaire.

Avant de vous céder la parole, je tiens à vous exprimer une nouvelle fois
mes remerciements pour le travail que vous accomplissez. Oui, j’en suis
convaincu, c’est tous ensemble, pouvoirs publics, associations,
collectivités, que nous ferons avancer les questions relatives à cette
richesse essentielle à l’avenir de notre pays, à ce capital de culture et
d’attractivité, notre patrimoine.

Je vous remercie.

Présentation à la presse du projet conçu par Anselm Kiefer pour le Grand Palais

14 décembre 2006

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd’hui rue de
Valois pour vous présenter, aux côtés d’Anselm Kiefer et de Christian
Boltanski, le projet MONUMENTA, nouveau rendez-vous phare dédié à la
création contemporaine, au Grand Palais.

Mais avant de lever le rideau sur ce projet ambitieux, je tenais à rappeler
qu’il s’inscrit dans le plan d’action et de développement que j’ai tenu à
mettre en place en faveur de l’art contemporain, et que je vous ai présenté
le 23 octobre dernier. J’ai voulu en effet proposer un plan d’ensemble, en
faveur du rayonnement international de la France, de nos talents, de notre
fécondité artistique, un plan ambitieux, résolument tourné vers l’avenir de la
création dans notre pays. Permettez-moi d’en rappeler ici l’esprit et les
principales réalisations.

Ce plan comprend de nombreuses mesures destinées à stimuler, à
accompagner et à encourager la création contemporaine, avec tout d’abord
la mise en place de mesures de développement, visant à ancrer l’art
contemporain au coeur de la Cité dans l’ensemble de notre territoire,
comme à toucher les publics les plus larges.

Pour mieux faire connaître la création de notre temps, sur tout le territoire,
j’ai souhaité la création de nouveaux lieux et de nouvelles structures, à
Paris comme en région.

Sur la pointe aval de l’Ile Seguin, à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-
Seine, le Centre Européen de Création Contemporaine, représentera un
nouvel équipement innovant au service de l’art et du public, tandis que la
Galerie des Gobelins rénovée, dans la Manufacture Nationale, sera l’écrin
de choix du dialogue entre les arts plastiques, les savoir-faire et les métiers
d’art.

L’Etat s’engage également fortement, en 2007, aux côtés des collectivités
territoriales, sur de nombreux chantiers de constructions de nouveaux
bâtiments, pour des FRAC, en Bretagne, dans la région Centre, mais aussi
pour des centres d’art contemporain, comme le Consortium à Dijon, ou
encore le Point du Jour à Cherbourg.

L’Etat soutient également plusieurs projets innovants, réunissant écoles
d'art et lieux de diffusion, comme la Cité du design à Saint-Etienne, où je
me suis rendu le 30 novembre dernier.

Pour favoriser le développement ou la création de départements
contemporains dans les musées des collectivités territoriales, j’ai proposé
également le transfert de propriété d'ensembles d'oeuvres contemporaines
de premier plan du FNAC à 12 Musées de France en région.

Je rappelle aussi que les mesures fiscales annoncées par le Premier
ministre lors de la Foire internationale d’art contemporain, en octobre
2005, ont été mises en oeuvre et ont contribué à dynamiser le marché de
l’art en France.

Le dernier volet de ce plan, je vous l’avais annoncé, est le lancement
d’évènements phares et pérennes qui font de notre pays une référence
internationale en matière de création. C’était mon choix, soutenu par le
Premier Ministre et le Président de la République, de rouvrir le Grand
Palais pour en faire un nouveau haut lieu de culture, et de lui rendre ainsi
sa vocation originelle, au service de l’art le plus actuel, et du rayonnement
de la France, tout en proposant une programmation dont la diversité est le
gage du renouvellement et de l’élargissement des publics.

Le succès remporté par la première édition de « La Force de l’art », qui a
accueilli 135 000 visiteurs, confirme la justesse de cette ambition. La
France, terre d’accueil des artistes, dans toutes les disciplines, la France,
forte de ses talents, de son prestige et de son ouverture, trouve, dans le
Grand Palais, l’épicentre d’une nouvelle onde créatrice, destinée à se
propager dans le monde entier.

J’en viens donc, cher Anselm Kiefer, cher Christian Boltanski, à la
nouvelle manifestation, MONUMENTA, que nous vous présentons
aujourd’hui. La nef de verre et d’acier de ce monument emblématique de
notre histoire, et de notre patrimoine, sera désormais, chaque année, le
théâtre de la création la plus contemporaine. Chaque année, en effet, elle
accueillera un ensemble d’oeuvres inédites d’un artiste majeur de notre
temps. Baptisé MONUMENTA, en référence non seulement à la grandeur
du lieu, mais aussi à la force du geste de l’artiste, cet événement répond à
une visée ambitieuse : faire éclater le talent des créateurs contemporains,
dans un lieu prestigieux, symbole du rayonnement de la France.

Les trois prochaines éditions de MONUMENTA sont d’ores et déjà
programmées, et je suis heureux de vous annoncer qu’Anselm Kiefer, en
2007, Richard Serra, en 2008 et Christian Boltanski, en 2009, relèveront
chacun à leur tour le magnifique défi artistique qui leur est proposé.

Et ce défi est particulièrement audacieux, puisqu’il consiste, pour chacun
d’être eux, à habiter, à revisiter, à inspirer et à s’inspirer de l’espace, de
l’histoire et des volumes extraordinaires de ce glorieux monument. De
cette confrontation naîtra une oeuvre unique, nouvelle, éclairée par ce lieu
magique, à l’énergie unique.

Chaque édition de MONUMENTA sera ainsi l’occasion d’une rencontre,
inédite et saisissante, entre un artiste, un lieu, une oeuvre et le public.

Ce grand projet est le fruit de l’addition des énergies, celles de l’Etat, tout
d’abord, qui met à disposition la nef du Grand Palais ; mais aussi des
entreprises et des partenaires médias qui vont contribuer au financement
et à la notoriété du projet, témoignant de la forte capacité fédératrice d’un
tel événement artistique ; et enfin des établissements publics, qui apporteront leur savoir-faire et leur expertise, la Réunion de musées
nationaux (RMN), le Centre national des arts plastique (CNAP), le Palais
de Tokyo et l’Etablissement public de maîtrise d’ouvrage des travaux
culturels (EMOC).

Parce que je suis convaincu que l’art, la créativité, l’intelligence et la
liberté des créateurs sont le reflet du dynamisme, de l’audace, des
facultés et du potentiel d’innovation d’une société, dans son ensemble, je
souhaite que l’art contemporain soit connu, et reconnu, par tous. Pour la
manifestation MONUMENTA, une politique tarifaire volontariste (4 euros
seulement, et 2 euros pour le tarif réduit), et d’importants efforts de
médiation et de pédagogie, ont donc été mis en oeuvre, pour proposer des
outils importants et innovants au public le plus large possible.

Un dispositif d’accueil et d’accompagnement des publics sera mis en
place, afin de donner à chaque visiteur les clés pour appréhender les
oeuvres, et construire son chemin dans l’exposition. Seize médiateurs
seront disponibles en permanence, des audioguides trilingue (français,
anglais, allemand) seront distribués gratuitement, et des visites ateliers
seront organisées pour les scolaires et les plus jeunes. Une
programmation culturelle hebdomadaire est prévue pour chaque édition
de MONUMENTA, afin de permettre, par des conférences, des débats, ou
encore des projections, de nourrir le dialogue et de stimuler la curiosité.

C’est donc vous, cher Anselm Kiefer, qui, en complicité avec José
Alvarez, écrirez le premier chapitre de cette belle aventure, à partir du 30
mai, et jusqu’au 8 juillet 2007. Nous sommes tous impatients de découvrir
les oeuvres inédites et surprenantes que vous nous réservez. Avant de
vous céder la parole, ainsi qu’à Christian Boltanski, qui nous dévoilera, en
quelques mots, ses premières impressions pour l’édition 2009, je tiens à
rappeler à tous combien il est essentiel, aujourd’hui, que l’art
contemporain trouve, à l’occasion de manifestations ambitieuses et
originales, les moyens de toucher un vaste public, et que les messages de
nos grands créateurs, les regards qu’ils portent sur notre monde, les
visions qu’ils nous délivrent à travers leurs oeuvres, soient mieux connus
et partagés.

MONUMENTA a été conçu pour cela, et pour tous.

Je vous remercie.