L’Egalité des Français devant la culture – Conseil des ministres
9 mai 2007Monsieur le Président de la République,
Depuis cinq ans, la politique culturelle a changé. Le rapport des Français à la culture s’est
modifié. Les missions du ministère de la culture et de la communication ont évolué. C’est le
fruit d’une volonté politique.
C’est la marque, M. le Président de la République, M. le Premier Ministre, de vos initiatives
avec la force d’une vraie résonance entre notre politique étrangère et notre politique
culturelle. Parler de racines, d’égalité, de diversité, de tradition, de fierté, de patrimoine et de
création, c’est mettre en lumière des concepts aussi importants entre les peuples au plan
international que dans les quartiers de chacune de nos villes.
C’est aussi le résultat de l’histoire et de l’évolution de la société française depuis qu’André
Malraux a formulé ainsi l’ambition fondatrice qu’il avait assignée à la création du ministère de
la Culture : « Rendre accessibles les oeuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la
France, au plus grand nombre de Français ; assurer la plus vaste audience à notre
patrimoine culturel et favoriser la création des oeuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent.
»
Aujourd’hui, la politique culturelle est à la fois plus diffuse et mieux partagée. L’offre de
culture ne résulte pas seulement de l’État, mais aussi de l’ensemble des institutions qui y
contribuent. Et le développement des nouvelles technologies a considérablement augmenté
la demande de culture de nos concitoyens.
Grâce à l’engagement de la France, la diversité culturelle est devenue, non seulement un
pilier de notre politique culturelle, mais aussi un nouveau principe universellement reconnu
du droit international, avec l’entrée en vigueur, le 18 mars dernier, de la convention sur la
protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
L’égalité des Français devant la culture est l’autre principe refondateur de notre politique
culturelle, permettant de répondre aux aspirations nouvelles et unanimes des Français – qui
expliquent que la culture ne soit plus un enjeu de clivages partisans dans le débat public.
Tel est l’objectif des politiques menées pour assurer l’égalité des Français devant la culture,
qui passent :
– par l’ouverture des lieux de patrimoine à tous les publics,
– par un véritable aménagement culturel du territoire et,
– par une action interministérielle énergique.
L’ouverture des lieux de patrimoine leur permet de s’adresser à de nouveaux publics.
• Le succès du musée du Quai Branly, qui a attiré depuis son ouverture, en juin 2006, plus
d’un million et demi de visiteurs, montre que de nouveaux publics de toutes origines, de
toutes générations, sont avides de découvrir un musée au propos novateur et modernisé.
• Tel est aussi l’objet de la Nuit des musées, dont la troisième édition aura lieu le samedi 19
mai.
• Mais également, de la réouverture du Grand Palais, avec une programmation qui s’adresse
à tous. L’entrée des cultures urbaines dans cette vaste nef emblématique a prouvé qu’elles
sont tout sauf des cultures ghettos.
La création de la cité nationale de l’histoire de l’immigration, qui ouvrira ses portes dès cette
année, mettra ainsi en lumière la communauté de destins qui rassemble toutes les origines
et toutes les générations de la société française d’aujourd’hui.
L’explosion de l’audiovisuel n’a pas vidé les musées, bien au contraire : leur fréquentation
n’a jamais été aussi forte, ni autant en progression que depuis trois ans. Il faut faire plus.
C’est l’objet de la politique tarifaire de nos institutions culturelles.
La politique tarifaire est en effet un levier d’action efficace pour ouvrir l’accès à la culture. Les
musées nationaux ont mis au point une politique tarifaire incitative et une gratuité ciblée qui
concerne, par exemple, plus du tiers des visiteurs du musée du Louvre (soit 2 600 000
visiteurs en 2006).
L’aménagement culturel du territoire est le deuxième facteur important d’égalité des Français
devant la culture. S’il reste encore beaucoup à faire pour assurer l’égalité territoriale, grâce
aux décisions qui ont été prises
depuis trois ans, de nouveaux lieux de culture pourront irriguer l’ensemble de notre territoire,
dont le Louvre à Lens est un exemple particulièrement emblématique.
Mais chaque quartier
dans le cadre de la rénovation urbaine doit comprendre un lieu dédié à l’action culturelle et à
la présence artistique.
Les investissements culturels ont été réalisés majoritairement en régions (et non pas à Paris)
entre 2002 et 2007.
De nouvelles formes d’action territoriale se développent. Ainsi, les contrats de projets État-
Région comporteront un volet consacré aux équipements culturels.
La décentralisation culturelle permet de rapprocher les grandes structures parisiennes des
publics en régions, où les grands musées nationaux mènent une politique de dépôts et de
prêts d’oeuvres et où la Réunion des musées nationaux (RMN) organise de grandes
expositions, telles que « Cézanne en Provence », qui a attiré près d’un demi-million de
visiteurs au musée Granet rénové.
Il en va de même dans le domaine de l’art contemporain où nous avons attribué de très
nombreuses oeuvres aux musées en région. Au total, le succès de ces initiatives montre que
les politiques culturelles sont de plus en plus concertées et coordonnées par les institutions
culturelles et les opérateurs culturels, autour de projets communs, qui réunissent à la fois
l’État, les collectivités territoriales et l’ensemble des partenaires et des établissements
associés dans un même objectif.
La politique culturelle est désormais résolument interministérielle, comme le montrent les
actions menées en partenariat entre le ministère de la culture et de la communication et les
autres ministères, grâce aux arbitrages du Premier ministre, en faveur des personnes
handicapées, mais aussi de la culture à l’hôpital, et des personnes détenues.
L’éducation artistique et culturelle pour tous demeure un grand chantier d’avenir , même si
grâce à l’action éclairée menée avec Gilles de Robien, elle fait désormais partie des
fondamentaux. Pour parvenir à notre ambition, il faut compter sur le partenariat actif, à tous
les niveaux, entre le ministère de la culture et de la communication et le ministère de
l’éducation nationale, mais aussi sur la mobilisation des établissements, des institutions
culturelles et de leurs partenaires.
Chaque école, chaque collège, chaque lycée, doit déjà intégrer un volet artistique à son
projet d’établissement. Il faudrait, à l’avenir, que chaque établissement d’enseignement de
France soit jumelé avec un lieu culturel ou une équipe artistique.
Le succès de l’opération « Les Portes du Temps » montre que c’est possible.
Lancée à l’été 2005 au musée-château de Fontainebleau, reconduite en 2006 et cette année
encore, cette opération exemplaire a touché 10.000 jeunes qui ne partaient pas en vacances
en 2005, le double en 2006, issus des centres de loisirs, des centres sociaux, des maisons
de quartier, implantés essentiellement dans des zones sensibles, relevant de la politique de
la ville.
Enfin, le développement des technologies numériques ouvre de nouveaux horizons à
l’égalité des Français devant la culture, à la télévision, mais aussi sur Internet, où le projet de
bibliothèque numérique européenne Europeana permettra un accès simplifié et unique à des
millions de livres et de documents numérisés.
Le portail du ministère, Culture.fr, met d’ores et déjà à la disposition de tous les internautes
près de deux millions de données, dont un million d’images, avec la certitude de parvenir à
18 millions en septembre.
Ainsi, près de cinquante ans après sa création, le ministère de la culture et de la
communication est devenu fédérateur de politiques culturelles transversales, au service de
l’égalité des Français devant la culture, permettant de passer de l’ambition fondatrice de « la
culture pour tous » au projet concret de « la culture pour chacun ».