Rubrique ‘Journal 2002-2004’

Hommage de Renaud Donnedieu de Vabres, à Philippe Noiret

23 novembre 2006

J’apprends avec une infinie émotion la disparition de Philippe Noiret.Il était non seulement une immense figure du 7e art mais aussi l’un desacteurs les plus aimés et les plus respectés des Français.

Ilavait démarré sur les planches, au TNP, où il joua pendant sept ansdurant la grande période de Jean Vilar. En tant qu’acteur il acontribué à écrire les plus belles pages du cinéma ces cinquantedernières années.

Il a su nous émouvoir et nous faire rire dansdes rôles inoubliables, qui au delà de leur extraordinaire diversité,expriment les multiples facettes d’une même humanité, notamment dans Levieux fusil, La vie et rien d’autre, Le juge et l’assassin, Un taximauve, Coup de torchon, Les Ripoux, La grande bouffe, Cinéma paradisoou Alexandre Le bienheureux.

Sa personnalité imposante etimpressionnante, capable de la plus grande tendresse et de la plushaute exigence, a imprégné les très nombreux rôles qu’il a incarnés authéâtre, comme au cinéma.

Grand parmi les grands, il a profondément marqué plusieurs générations de Français.

Nousgarderons le souvenir de son élégance, dans tous les sens du terme, desa voix incomparable et reconnaissable entre toutes, de sa réserve, deson regard à la fois grave et ironique sur les choses de la vie, de sonhumour, de sa simplicité, de sa franchise, et de son amour de la nature.

A Monique Chaumette, son épouse, à Frédérique sa fille, à sa famille, ses amis, je présente mes condoléances les plus émues.

CINQUANTENAIRE DE L’ADAPEI

18 novembre 2006

Monsieur le Délégué Interministériel aux personnes handicapées,
Cher Patrick Gohet,
Monsieur le Président de l’ADAPEI, Cher Lucien Cyprien,
Monsieur le Directeur général de l’ADAPEI, cher Roger WEYL
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux d’être présent parmi vous aujourd’hui pour célébrer le cinquantenaire de la très belle Association Départementale des Amis et Parents de Personnes Handicapées Mentales d’Indre-et-Loire. Pour rendre hommage, aussi, à votre dévouement, à votre générosité, à votre enthousiasme, et à la belle énergie que vous déployez au service du dialogue et de l’ouverture à l’autre, quelle que soit sa différence.
Cette association, née il a un demi-siècle, est une main tendue vers des enfants, des hommes, des familles entières, pour former une communauté solidaire, un véritable réseau du cœur, tissé dans notre ville, notre département et à travers toute la région, en faveur de la dignité et de la citoyenneté des personnes handicapées.

Vous le savez, le Président de la République a fait de ces combats l’une des priorités de son mandat, et si des progrès remarquables ont été accomplis, nous savons tous que rien n’est jamais acquis, et que des associations comme la vôtre doivent continuer de porter la parole des personnes handicapées, pour passer définitivement de la défiance au respect, de l’assistance à l’intégration, de la marge à la lumière.

Il n’est pas si loin, en effet, le temps où les enfants atteints de handicaps mentaux étaient considérés comme « inéducables », et exclus de la société. Si aujourd’hui cet ostracisme nous paraît, à tous, choquant, absurde et révoltant, c’est grâce à la volonté, à l’engagement d’associations comme la vôtre, qui ont largement contribué à la révolution des mentalités.

C’est pourquoi je suis heureux d’avoir pu apporter mon aide à la concrétisation du très beau projet de l’Institut Médico-Educatif  « Les Tilleuls » à Tours (presque 2,9 millions d’euros)

Oui, la personne handicapée a des droits, qui sont aussi les nôtres, droit à la vie, à l’emploi, à la santé, au logement, droit de se déplacer, de se former, de faire du sport. Droit à la culture, bien sûr, et c’est pourquoi j’encourage, au ministère de la Culture et de la Communication, les actions en leur faveur.

Ces actions ne sont pas, encore une fois, des actions d’assistance, des actions d’exception, elles sont des actions qui entrent pleinement dans les missions historiques du ministère, telles que les a formulées André Malraux : « rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français ». Les actions que mène le ministère de la Culture et de la Communication pour améliorer l’accessibilité des œuvres, et le rapprochement opéré avec le ministère de la Santé n’ont donc rien d’accessoire. Elles s’inscrivent dans la vocation première du ministère, qui est de garantir l’accès à la culture pour tous.

Pendant trop longtemps, les personnes souffrant d’un handicap mental sont restées isolées de notre société, et leurs potentiels et leurs capacités créatives ont été négligés, ignorés, voire méprisés.

C’est avec beaucoup de satisfaction que je perçois depuis quelques années les signes d’une évolution en leur faveur, que je fais tout mon possible pour accélérer, dans l’exercice des responsabilités qui sont les miennes, parce qu’elle ne souligne plus seulement leurs déficiences, mais met au contraire en lumière leurs grandes aptitudes, leurs capacités, leurs forces notamment artistiques et humaines.

Parce que tout le monde doit être en mesure de pouvoir partager ses émotions, mais aussi ses talents, parce que les personnes handicapées ont elles aussi le droit à l’expression de leurs sentiments, de leurs frustrations, de leurs joies et de leurs espoirs, j’ai été très heureux qu’un lieu aussi prestigieux que la chapelle de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts, à Paris, accueille, au début du mois, une exposition dont elles étaient les artistes. La bien nommée exposition « Bas les masques » a fait tomber en effet bien des clichés et bien des a priori. Elle a levé le voile sur des expressions artistiques à part entière, qui participent pleinement à la diversité culturelle de notre société.

A Paris, comme à Tours, tous les gestes que nous pouvons accomplir en faveur de la dignité et du respect de nos concitoyens handicapés représentent un pas de plus vers leur intégration, vers leur respect, vers un monde plus tolérant, plus ouvert et plus humain, vers une société plus fraternelle.

Ce monde, cette société, votre association les construit au quotidien, en contribuant à leur offrir une vie plus aisée, plus agréable, ouverte sur des perspectives nouvelles. Je suis très heureux de pouvoir saluer vos nobles actions ce soir, et de vous encourager à poursuivre dans cette voie, à l’occasion de votre cinquantième anniversaire.

Je vous remercie.

Conseil national de l'UMP au palais des congrès

16 novembre 2006

Cher Nicolas,
Chers Amis,

Nous vivons aujourd’hui un moment décisif pour la vie politique française et pour notre mouvement.

Et par ce projet, par ces propositions, nous nous engageons.

Par ces propositions, nous prenons date.

Pour la première fois, un mouvement politique place la culture au cœur du nouveau contrat de législature, du projet de société, qu’il propose aux Français. Pour la première fois, il n’est pas besoin d’attendre les dernières pages, la fin du discours, celle des citations de convenance, pour lire le mot « culture » ! Pour la première fois, il s’inscrit sur la première page !

Ainsi, nous ferons la course en tête en essoufflant la gauche. En rassemblant de façon dynamique les Français. Dans la clarté. Mais au-delà des clivages anciens.

Oui, la culture, sur le même plan que l’économie, le travail, le savoir, la qualité de la vie, la santé, la sécurité, la démocratie. La culture, au-delà du minimum d’attention qu’on lui accorde à coup de citations de circonstance et de pétitions de principe, fait aujourd’hui partie de notre projet de société, car elle incarne et éclaire les identités, les valeurs et les repères. Elle est la compréhension de soi et donc des autres, de leurs différences. Elle correspond aux aspirations nouvelles. Parce qu’elle est l’expression d’un destin commun et d’une volonté collective, parce qu’elle incarne une certaine idée de la France, une fierté, une vision de la Nation, une capacité de rayonnement et de puissance en Europe et dans le monde d’aujourd’hui, parce qu’elle a toute sa place dans les engagements que nous tiendrons, si nous sommes élus l’an prochain. Des engagements lucides, solides, limpides.

Oui, le projet de législature, le contrat de confiance, l’engagement pour l’action que nous élaborons aujourd’hui, et que nous soumettrons à tous nos adhérents, avant de le proposer aux Français, est issu d’une vraie réflexion et d’un véritable débat de fond. Ce n’est pas l’énième avatar du combat des éléphants du parti socialiste. Alors qu’à gauche ne sont proposées à nos concitoyens que des parodies de débat, des propositions anémiques ou archaïques, des surenchères démagogiques, construisons ensemble notre projet pour gagner les convictions, les cœurs et les esprits des Françaises et des Français, et sachons montrer notre différence !

D’abord, face à cette compétition des égos socialistes, marquons notre respect des règles du jeu, celles de la démocratie et celles que nous avons librement et volontairement consenties. J’ai fait partie, autour de d’Alain Juppé de Jean-Pierre Raffarin, de Jean-Claude Gaudin, de toi cher Nicolas, et d’un certain nombre d’entre vous, des fondateurs de notre mouvement. Dès le début, nous avons inscrit dans son logiciel les clefs de la stratégie de la victoire.

La première de ces clefs, c’est l’unité, c’est le rassemblement, c’est le soutien au candidat que nous aurons librement décidé de soutenir, pour porter nos couleurs, pour mener à bien notre projet. Nous avons collectivement, collégialement décidé, lors d’un bureau politique, que le candidat soutenu par l’UMP sera désigné par les militants de l’UMP. Il n’est ni raisonnable ni même envisageable de revenir sur cette décision. Souvenons-nous que le prix de la division, de l’éparpillement, du chacun pour soi, c’est la défaite ! Ne nous y trompons pas : quelle que soit la force de notre projet, et j’y reviendrai dans un instant, nous ne gagnerons qu’unis et rassemblés, avec et derrière notre candidat.

Alors, faisons de notre diversité une force, de notre rassemblement, non seulement une espérance, mais surtout une certitude : je crois à l’addition des énergies, à la complémentarité des tempéraments, à la dynamique du respect et du rassemblement, à l’arc-en-ciel que nous devons tous ensemble incarner. Oui, tous ensemble ! Ensemble, avec le Président de la République, dont la voix sera attendue et entendue, parce qu’elle sera déterminante ! Avec les fruits de l’action, des réformes, que nous avons accomplies, des résultats que nous avons obtenus avec Jean-Pierre Raffarin et que nous sommes en train d’obtenir avec Dominique de Villepin ! Ensemble, fondons la dynamique de notre projet sur le constat de ce que nous avons fait et la conscience de ce qui reste à faire !

Du projet qui nous est soumis aujourd’hui, mes chers Amis, je retiens trois forces motrices, trois axes structurants, trois dynamiques pour nous amener à la victoire.

Ce combat, je l’ai dit, sera rude, car  nos adversaires rivaliseront de démagogie, de promesses insensées, de surenchères populistes, comme improviser des « jurys populaires », pour leurrer nos concitoyens, qui ne s’y trompent pas ! User, abuser de démagogie clinquante et choquante, ce n’est pas faire preuve du courage que l’on attend d’un candidat à l’élection présidentielle ! A l’UMP, cher Nicolas, le seul « jury » que nous connaissions, c’est le vote, le vote des adhérents, le vote des Français !

Notre combat sera juste, car c’est le seul qui permettra à la France de faire la course en tête. Parce que nous sommes porteurs de valeurs claires, de repères forts ! Mais aussi, parce que nous sommes attentifs aux mouvements de la société française, parce que nous incarnons sa complexité, parce que nous comprenons ses aspirations nouvelles !

Premièrement, engageons-nous dans le combat pour la diversité ! La diversité assumée et respectée n’est pas seulement une richesse en politique, elle est un apport et un atout de notre pays dans la mondialisation. C’est la France qui l’a faite inscrire et reconnaître dans le droit international, à la demande du Président de la République. La diversité culturelle et linguistique, avec la francophonie, c’est la meilleure réponse aux risques d’uniformisation, de nivellement, de domination, dans l’ordre international. La diversité, c’est l’échange, la découverte, la créativité, l’épanouissement individuel et collectif, l’alliance féconde du patrimoine et de la création. La diversité culturelle, c’est bien sûr, une ouverture sur le monde, dont le magnifique musée du quai Branly nous offre un bel exemple. La diversité, c’est aussi une valeur, au sein même de notre société, dans nos villes et nos quartiers, dans nos écoles, dans nos entreprises, sur nos écrans.

La diversité est l’un fondements du droit international, un fondement de la paix que nous devons garantir, en France et dans le monde.

Deuxièmement, engageons-nous dans le combat pour développer les capacités et l’attractivité de la France ! Notre projet dresse un bilan sans concession de nos forces et de nos faiblesses. Alors, trouvons dans cette analyse rigoureuse  une véritable énergie créatrice, pour projeter nos atouts vers l’avenir.

Troisièmement, engageons-nous pour mener le dialogue, en politique, en Europe, dans le monde, comme au sein de notre société ! Si nous sommes sûrs de ce que nous sommes, fiers de nos racines, conscients de notre identité, nous serons plus forts pour aller vers les autres : ne nous excusons pas de tout, ne nous repentons pas sans cesse ! Mais faisons preuve de générosité, d’ouverture, de curiosité ! Tendons la main à l’autre, quel qu’il soit, quelles que soient son origine, la couleur de sa peau, sa religion, ou son absence de religion ! Allons au cœur de la mêlée, avec courage, et nous ferons œuvre utile, et nous enclencherons une dynamique positive pour notre mouvement, pour notre pays, pour notre avenir ! Dans chaque quartier, ouvrons le dialogue ! Au Grand Palais, que j’ai ouvert, pendant trois jours, à tous les talents, 50 000 personnes de toutes origines, de toutes générations, ont adressé un message très positif.

Diversité, attractivité, dialogue : tels sont pour nous les trois leviers du succès, telles sont, selon moi, les trois clefs d’un projet, non seulement politique, mais aussi humain, culturel, social, pour notre temps. Tels sont mes trois engagements, Cher Nicolas, mes chers Amis, pour gagner ensemble l’an prochain, et changer la vie des Français ! Relever ce défi, cher Nicolas, c’est ce qui te porte,  ce qui nous rassemble, ce qui nous fera gagner !

VISITE DU LYCEE DESCARTES EN PRESENCE D’ABDOU DIOUF

10 novembre 2006

Monsieur le Président,
Madame le Recteur de l’Académie d’Orléans-Tours,
Monsieur l’Inspecteur d’Académie d’Indre-et-Loire,
Monsieur le Proviseur du Lycée Descartes,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

C’est un très grand plaisir et un grand honneur pour moi d’être présent parmi vous aujourd’hui pour cette journée placée sous le signe de la francophonie, de la diversité et de l’ouverture à l’autre. La ville de Tours, grande ville universitaire, et le prestigieux lycée Descartes, qui a traversé deux siècles d’histoire et s’ouvre aujourd’hui plus que jamais à la modernité, ont la chance d’accueillir une personnalité lumineuse, M. le Président Abdou Diouf, Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, emblème de la mobilisation de tous les francophones au service de la diversité linguistique qui est l’un des aspects les plus vivants, les plus dynamiques, de la diversité culturelle.
Si ces murs, qui auront deux cents ans l’an prochain, pouvaient parler, ils nous raconteraient les premiers pas dans l’enseignement de celui qui allait devenir l’illustre poète, l’homme politique, la grande voix de l’universel, dont nous célébrons cette année le centenaire, au titre des commémorations nationales soutenues par le ministère de la Culture et de la Communication.

 Mais, Léopold Sédar Senghor fut d’abord professeur. Après l’hypokhâgne et la khâgne à Louis-le-Grand, où il fut notamment le condisciple de Georges Pompidou, dont il devint l’ami, après la Sorbonne, où il fut le premier Africain agrégé de l’Université, c’est en effet ici, au Lycée Descartes qu’il commença sa carrière. Il découvre notre belle ville de Tours à la rentrée scolaire de 1935. Nommé professeur de lettres au lycée René-Descartes, il enseigne aux classes de sixième le français et les langues classiques – latin et grec, jusqu’en 1938.

Et M. le Directeur des archives départementales d’Indre-et-Loire a récemment retrouvé, parmi les documents dont il a la garde, un brouillon de l’évaluation par le proviseur de l’époque, que je ne résiste pas au plaisir de vous lire :
1935 : « M. Senghor
A linexpérience dun débutant, mais montre beaucoup de bonne volonté. Les élèves se sont habitués à sa couleur" !
Décembre 36 : « A profité de lexpérience acquise lannée dernière. En grand progrès" !
Décembre 37 : « Est devenu un très bon professeur, apprécié des familles, réussissant très bien" !
 
Pendant que l’administration de l’éducation nationale enregistrait ses progrès, le professeur qui était avant tout homme de lettres, ne cessait de fréquenter la librairie Tridon, aujourd’hui disparue, rue Nationale, où il se nourrit de langue et de culture françaises, sans oublier ses racines africaines, avec lesquelles il entretient une relation passionnée.

Léopold Sédar Senghor habite alors boulevard Heurteloup, où il se consacre à l’écriture : les premiers poèmes qui constitueront le recueil Hosties noires, publié en 1948, ont été écrits à Tours.

Tout au long de sa vie, et aujourd’hui encore, Léopold Sédar Senghor incarne le dialogue entre les cultures et les langues. Dans un hommage publié au lendemain de sa disparition, Erik Orsenna l’a ainsi décrit :
« Un grammairien, c’est-à-dire un gourmand de règles sous le désordre du monde.
Un poète, c’est-à-dire un chasseur d’échos secrets.
Un démocrate, c’est-à-dire un respectueux de la dignité humaine »

Léopold Sédar Senghor est passé avec aisance d’une culture à une autre, conservant intact son amour pour son « Royaume d’enfance », cette terre de l’Afrique où il est né, au sud de Dakar, tout en s’interrogeant sur la possibilité d’une « civilisation de l’universel », par métissage, qui demeure à la fois une référence et un projet pour notre temps. Visionnaire, chantre de cette négritude qu’il a inventée, avec Aimé Césaire, qui fut également son condisciple à la Sorbonne, et que j’ai eu la chance immense de rencontrer le 23 septembre dernier, lors de ma visite à Fort-de-France, pionnier de la Francophonie, il a compris très tôt le rôle capital de la diversité culturelle et linguistique, la richesse de la polyphonie des identités et des expressions. Il fut un précurseur. Il nous a ouvert le chemin.

Ce message, la communauté internationale le mettra en œuvre, grâce notamment à la Convention pour la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, adoptée à la quasi unanimité à l’Unesco en octobre 2005 et activement soutenue, Monsieur le Secrétaire général, par votre propre action, par la mobilisation de la Francophonie.

Amoureux du français, « Soleil qui brille hors de l’hexagone », suivant ses mots, Léopold Sédar Senghor a rêvé que cette langue rassemble tous les peuples des cinq continents qui la parlent, en « symbiose des énergies dormantes ».
Cette réalité de la force politique des francophones, Monsieur le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, vous l’incarnez brillamment, avec l’impulsion et l’énergie que vous transmettez aux responsables politiques, mais aussi économiques, culturels, diplomatiques, des 68 Etats réunis autour de vous.

A l’heure de célébrer le centième anniversaire de la naissance de celui qui fut le père de la Francophonie, et dont vous avez été le plus proche collaborateur, conseiller, ministre puis Premier ministre, avant de lui succéder à la présidence de la République du Sénégal, je suis très heureux que nous célébrions ensemble, dans ce lycée haut en symbole, les couleurs des littératures, des cultures, mais aussi des valeurs, des convictions et des projets des pays qui ont notre langue en partage. Et nul autre que vous, Monsieur le Président, ne pouvait les porter de façon plus éminente, comme les a portées, en son temps, le professeur qui fit ses premières classes dans ce lycée.

Qu’est-ce que la Francophonie ? Quels en sont ses enjeux, à l’heure de la mondialisation ? Que représente-t-elle pour vous, qui êtes étudiants aujourd’hui, et qui en serez, demain, je le souhaite, à votre tour, les ambassadeurs et les relais ?

« Fille de la liberté et sœur de l’indépendance », ainsi que la qualifiait Léopold Sédar Senghor, qui appelait de ses vœux, dès 1948, la création d’un « Commonwealth à la française », l’organisation internationale de la Francophonie réunit soixante-huit Etats membres ou associés, en une véritable communauté culturelle, qui puise dans les liens de l’histoire, de la langue et de la littérature la force d’une amitié indéfectible.

La Francophonie, c’est cette communauté à la fois unie et extraordinairement diverse, qui apporte une réponse brillante au défi du siècle qui s’annonce : établir un dialogue constructif, fécond, entre des identités et des cultures différentes, dans le respect de chacune d’elles.

La Francophonie, c’est la croyance profonde en l’égale dignité, en l’égal intérêt, en l’égale richesse des cultures du monde.

La Francophonie, c’est l’amour d’une langue, le français, la foi en les valeurs de tolérance, d’humanisme et de respect qu’elle véhicule.

La Francophonie, c’est enfin un hymne à la curiosité, à l’ouverture d’esprit, qui sont les maîtres mots des filières d’excellence que vous avez choisies. Sortez des sentiers battus, abandonnez-vous au plaisir de la découverte de nouveaux auteurs, de nouvelles cultures, de nouvelles écritures, laissez-vous surprendre et charmer par les infinies variations de notre langue, dans tous les pays !

Car une langue, c’est avant tout quelque chose qui vit, qui vibre, que les auteurs nourrissent et renouvellent en permanence, chahutent parfois, réinventent souvent. Et la plus belle façon de penser et d’exprimer cette diversité que nous appelons de nos vœux ne vient-elle pas d’une « torsion » de notre langue, d’un néologisme formidable que Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau, et Raphaël Confiant, trois grandes figures de la littérature martiniquaise, ont fait surgir dans leur Eloge de la créolité : la diversalité, métissage entre la diversité et l’universalité ?

La diversalité contre l’uniformité. La « diversalité » contre l’ignorance. La « diversalité » pour le dialogue des cultures du monde.

Ce qui fait la force et la grandeur de notre langue, à travers le monde, c’est cette rencontre avec la culture de l’Autre, c’est cette ouverture, c’est cet échange, c’est cet engagement.

Avant de vous céder la parole, Monsieur le Président, je tiens à vous remercier très chaleureusement, à titre personnel et en notre nom à tous, de porter cette parole, cette force et cette sagesse de la Francophonie jusqu’au cœur de notre ville.

Je vous remercie.

Présentation du budget des médias 2007 à l'assemblée nationale

4 novembre 2006

Mesdames, Messieurs les Députés,

Je suis très heureux de vous présenter aujourd’hui le troisième projet de budget que je soumets à vos suffrages, et le dernier de cette législature.

Je suis heureux aussi de voir cette mission examinée dans le cadre d’une commission élargie, formule qui laisse encore plus de temps pour un débat approfondi entre le Gouvernement et la représentation nationale.

Aussi ai-je tenu, au-delà du seul exercice 2007, qui est parfaitement analysé dans les rapports de Patrice Martin Lalande et de Chantal Bourragué, et sur lequel nous reviendrons probablement dans le débat, à le placer dans la perspective des deux exercices précédents et des enjeux d’avenir d’un secteur dont je n’ai pas besoin de vous rappeler la place importante, éminente, croissante, qu’il tient dans la vie quotidienne de nos concitoyens.

Dans ce secteur comme dans les autres, ce projet de budget, comme les précédents, traduit une politique. Et la politique que je mène, dans l’ensemble des domaines dont j’ai la charge, en faveur de la diversité culturelle, de la création, de l’emploi, de la multiplication des offres de programmes et de la défense du pluralisme se traduit également dans le budget des médias.

Le domaine des médias, dans son ensemble, est, vous le savez, en plein bouleversement. Il connaît des mutations rapides, accélérées, brutales parfois, liées aux extraordinaires progrès technologiques, qui multiplient, diversifient, transforment les usages et qu’il nous faut non seulement comprendre, observer, analyser, mais surtout anticiper et accompagner.

Jamais sans doute depuis bien longtemps ce secteur des médias n’avait connu, en trois ans, autant d’évolutions, aussi rapides, aussi profondes, aussi concrètes, impliquant autant d’actions, de réformes, de modernisations de la part des pouvoirs publics, et notamment du gouvernement et de la Représentation nationale.

Je ne citerai que deux exemples.

En premier lieu, l’essor de l’internet, désormais présent dans la vie quotidienne, à la fois professionnelle et personnelle des Français, dans plus d’un foyer sur deux, et majoritairement en haut débit. Ceux d’entre vous qui ont voté la loi sur le droit d’auteur et les droits voisins dans la société de l’information peuvent être fiers d’avoir adapté notre législation pour protéger et garantir les droits des créateurs, en permettant le développement d’une offre légale nouvelle, face à cette nouvelle donne de l’internet, marquant l’avènement de l’ère numérique qui concerne désormais chaque média et chaque Français. Les décrets d’application de ce texte sont tous en cours de rédaction et font l’objet d’un travail interministériel intense avec l’objectif partagé d’être publiés entre la fin du mois de novembre prochain et le début de l’année 2007. Je pense en particulier au décret portant création de l’Autorité de régulation des mesures techniques qui sera prêt avant le fin de l’année en vue d’une installation de cette autorité au tout début de l’année 2007.

Le deuxième exemple qui vient immédiatement à l’esprit est bien sûr celui de la télévision. Jamais sans doute depuis vingt ans le paysage audiovisuel français n’avait été autant bouleversé. Le lancement réussi de la télévision numérique terrestre a multiplié le nombre de chaînes gratuites par trois, passant de six à dix-huit. Elle n’est pas le fruit d’une génération spontanée, ni du seul progrès technique, mais avant tout d’une volonté politique forte, de choix politiques et techniques, politiquement assumés, par ce gouvernement et la majorité parlementaire. Parmi ces choix, il y a bien sûr, les choix budgétaires qu’il vous revient de décider.
J’insiste sur ce point : jamais une majorité n’avait permis la création d’autant de chaînes. Cela se traduit positivement pour le téléspectateur, qui bénéficie d’une offre élargie. C’est également très positif pour le monde de la création et les entreprises de production, qui représentent des emplois et s’intègrent dans une stratégie globale d’attractivité de notre économie.

Ces résultats, Monsieur le Président de la commission des finances, aussi positifs soient ils, n’ont pas pour corollaire une explosion sans contrôle des deniers publics affectés notamment à l’audiovisuel public.

Il ne s’agit pas pour moi d’affirmer devant votre commission que mon budget est bon parce qu’il augmente. Il s’agit pour moi d’affirmer que toute augmentation des ressources que je soumets à votre vote et à votre contrôle, sont des ressources flechées et clairement identifiées.

Deux exemples illustrent mes propos :
– l’extension de la démarche contractuelle : je sais que vous y tenez beaucoup. Moi aussi. Les contrats d’objectifs et de moyens n’enlèvent rien à votre contrôle annuel, et ils permettent au législateur, comme aux entreprises publiques de l’audiovisuel, de définir une stratégie sur plusieurs années ;
– le fléchage des dépenses supplémentaires : l’augmentation de 20 millions d’euros que vous avez voté à la suite d’un arbitrage du Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, lors de la loi de finances rectificatives 2006 avait du sens. Elle a permis une contribution directement affectée aux programmes d’Arte et de France Télévision pour leur permettre un passage à la TNT dans de bonnes conditions. En d’autres termes, Monsieur le Président de la commission des finances, toute demande de financement supplémentaire doit correspondre à une prorité clairement identifiée et productive. Je partage avec vous cette exigence.

Par ailleurs, les décisions politiques du gouvernement, sous l’impulsion du Président de la République, et les choix budgétaires adoptés par la majorité parlementaire ont aussi permis la création de la chaîne française d’information internationale, qui s’appelle depuis cet été France 24, et qui commencera à émettre, dès les premiers jours de décembre et pour proposer au monde un regard, un point de vue français sur une actualité internationale de plus en plus suivie par nos concitoyens, conscients des enjeux de la mondialisation.
Cette législature a aussi permis de réformer, grâce à l’action du gouvernement et des services de l’Etat, aux travaux de votre Mission d’Evaluation et de Contrôle, à votre vote du budget pour 2005, la redevance audiovisuelle.

Cette réforme a permis de rationaliser et de moderniser le mode de recouvrement de cette ressource publique essentielle au service public et s’inscrit plus globalement dans la réforme de l’État conduite par le Gouvernement. Un bilan est en cours au sein du ministère de l’Economie et des Finances.

Grâce à la progression de leurs ressources, les organismes de l’audiovisuel public ont les moyens de participer pleinement aux mutations technologiques en cours, tout en renforçant la spécificité et la richesse de leurs programmes.

Ainsi, les priorités fixées au secteur audiovisuel public pour 2007 consistent à renforcer la spécificité du service public : développer une offre de qualité en télévision numérique terrestre et en haute définition, et de favoriser la sauvegarde du patrimoine, notamment.

La progression de la dotation publique de France Télévisions permettra au groupe de poursuivre les priorités suivantes :
Tout d’abord, parce que le succès de la télévision numérique repose sur les programmes qui sont offerts aux téléspectateurs, France Télévisions doit renforcer la grille des chaînes de la télévision numérique de terre, France 4, France 5, et France Ô, dont le Président de la République a annoncé la diffusion sur la TNT en Île-de-France. J’ai donc demandé au Conseil supérieur de l’audiovisuel en début d’année de permettre la diffusion de France Ô sur la TNT en Île-de-France sur le multiplexe public. Ce dernier pourrait alors également diffuser en province les chaînes locales analogiques et certains décrochages de France 3 qui sont aujourd’hui mal diffusés sur la TNT. Il est grand temps que ce transfert se réalise.
Ensuite, la poursuite et l’accélération du déploiement sur le territoire de la TNT ; France Télévisions doit en effet se montrer exemplaire quant au respect du calendrier de déploiement de la TNT défini par le CSA pour l’ensemble des chaînes de la TNT qui prévoit une couverture de 85% de la population à partir de 110 sites pour fin 2007 ; le groupe doit également poursuivre son déploiement au-delà de ces 110 sites afin de compléter sa couverture, dans la perspective de l’extinction de la diffusion analogique prévue fin 2011 dans le projet de loi relatif à la modernisation de la diffusion audiovisuelle et à la télévision du futur, qui vous sera bientôt soumis.

Troisième priorité : le développement des programmes en haute définition ; France Télévisions, qui a d’ores et déjà diffusé des programmes en haute définition, grâce à la préemption de l’Etat dans le cadre des expérimentations, continuera à diffuser un maximum de programmes haute définition, dans ce cadre expérimental puis dans le cadre des autres préemptions que le Gouvernement réalisera pour les chaînes de service public.

Ce service public ne sera pas le laissé pour compte des évolutions technologiques.

Enfin, le sous-titrage des programmes pour les personnes sourdes et malentendantes ; la loi historique du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées posant le principe général d’adaptation de la totalité des programmes télévisés, à l’exception des messages publicitaires, dans un délai maximum de cinq ans suivant la publication de la loi, pour toutes les chaînes publiques. L’enjeu est important et ambitieux pour France Télévisions qui doit notamment réaliser le sous-titrage de l’ensemble des programmes régionaux de France 3.

L’augmentation des dotations d’Arte France permettra à la société d’être motrice sur les nouvelles technologies de diffusion, tout en lui permettant de poursuivre ses efforts en faveur de la création.

S’agissant de Radio France, l’année 2007 doit lui permettre de concrétiser les orientations du contrat d’objectifs et de moyens, qui a été approuvé par le conseil d’administration du 12 juillet dernier et qui est en cours d’examen par les commissions compétentes du Parlement. Je m’attacherai à prendre en compte vos remarques. Je salue au passage cette procédure qui consiste à vous associer davantage à l’élaboration des contrats d’objectifs et de moyens. Elle est un facteur d’amélioration de ces contrats et, j’en suis convaincu, un gage de leur efficacité.

Votre vote permettra de donner à Radio France les moyens de réaliser de nouveaux développements (extension de la diffusion FM, déploiement de la radio numérique, développement de chaînes thématiques dérivées et de nouveaux services) et d’engager le chantier de réhabilitation de la Maison de la Radio, tout en confortant ses sept chaînes et ses formations musicales de Radio France dans leurs missions de service public.

L’action en faveur du patrimoine, j’aurai l’occasion d’y revenir devant vous lors de l’examen du budget de la culture, est une priorité de la politique culturelle du gouvernement. Dans l’ère numérique où nous sommes entrés, cette priorité vaut aussi, bien sûr, pour l’audiovisuel, et les budgets que vous avez votés, comme le projet que je vous soumets aujourd’hui, permettent de renforcer encore l’effort de sauvegarde et de mise en valeur de notre patrimoine audiovisuel, accompli par l’Institut national de l’audiovisuel.

L’INA apporte la preuve concrète qu’il y a continuité, cohérence et articulation entre le budget et les contrats d’objectifs et de moyens : ainsi, j’ai inscrit dans le COM de l’INA signé fin 2005 ma volonté que soit poursuivi et accéléré le plan de sauvegarde et de numérisation (PSN), afin de permettre la numérisation à l’horizon 2015 de l’intégralité des fonds audiovisuels. C’est l’une des priorités du projet de budget de l’audiovisuel public pour 2007 : l’objectif est de permettre la sauvegarde de plus de 40 % du stock d’archives menacées à la fin 2007.

En ce qui concerne RFI, je travaille avec Philippe Douste-Blazy au contrat d’objectifs et de moyens de cette société qui est une grande et belle maison. RFI doit poursuivre ses efforts de modernisation. RFI a d’ailleurs commencer cette tâche en renégociant le contrat qui la lie à TDF. Elle doit aussi développer encore son offre sur Internet. L’objet de ce contrat sera, de manière concertée avec les équipes de RFI de déterminer la stratégie éditoriale la plus adaptée au monde moderne ainsi que les moyens financiers appropriés pour lui permettre d’accomplir ses missions. A cet égard, je suis convaincu, et la visite de BBC world avant-hier à Londres n’a fait que me conforter dans cette conviction, que des synergies doivent être trouvées avec France 24. Pour 2007, la part de financement de RFI issu de la redevance progresse.

L’audiovisuel, c’est aussi la proximité. Vous savez la place particulière que les radios associatives ont dans le paysage radiophonique français. Seul média audiovisuel de proximité qui couvre l’ensemble du territoire national, elles s’adressent en priorité à des populations isolées et ont un rôle social primordial.

J’ai décidé d’engager une réforme du fonds de soutien à l’expression radiophonique (FSER), qui gère l’aide dont bénéficient près de 600 radios associatives, pour améliorer son fonctionnement et optimiser l’utilisation de ses ressources, tout en maintenant l’équilibre général du système. Cette réforme sera effective à compter de 2007 puisque le décret qui la met en œuvre a été publié le 25 août dernier. Est ainsi garanti le soutien public aux radios associatives.

La politique de l’audiovisuel, que je conduis au nom du gouvernement et grâce aux budgets que vous avez votés, est aussi une politique en faveur de l’emploi.

Dans le secteur dynamique et créateur d’emplois de la production, et de la création cinématographique et audiovisuelle, cette politique de relocalisation des tournages, d’incitation et d’encouragement à l’emploi, porte ses fruits, notamment grâce aux mesures de crédit d’impôt, élargies à l’audiovisuel, mais aussi à l’addition des énergies, aux partenariats, qui donnent, dans ces domaines en particulier, un fort effet de levier aux actions de l’Etat. Ainsi, j’ai intensifié le partenariat entre l’Etat et les régions, en renouvelant les conventions Etat-Région et en mettant en œuvre le dispositif « 1 euro de l’Etat pour 2 euros des Régions ».

L’ensemble de ces mesures a permis une très forte progression et une réelle relocalisation des tournages en France. Là encore, il s’agit d’évaluer avec vous la bonne utilisation des deniers de l’Etat. Eh bien, les résultats sont là : votre vote a permis une hausse des tournages de 35 % dans nos régions en seulement un an. La qualité et la visibilité internationale de la création française est unanimement reconnue, au moment même où la diversité culturelle entre dans le droit international, ce qui est d’abord la reconnaissance des talents et du travail des créateurs, des artistes et des techniciens français.

La diversité, le pluralisme, ce sont aussi les valeurs clés de ce secteur essentiel, auquel est consacrée une part importante du budget des médias, la presse écrite. Dans ce domaine, pilier de notre démocratie, les budgets que vous avez votés et celui que je vous soumets permettent de soutenir le développement de la diffusion de la presse écrite, de conforter les conditions de son pluralisme et de son indépendance, de favoriser sa modernisation et donc de garantir sa liberté.

Les lois de finances pour 2005 et 2006 avaient consacré à la presse des moyens exceptionnels par leur ampleur. Avec un budget total de 274 millions d’euros, le projet de loi de finances pour 2007 représente, à périmètre constant, un montant de crédits supérieur de plus de 22 % aux moyens consacrés à la presse écrite il y a encore deux ans.

Cette année, grâce à l’engagement personnel et à l’arbitrage du Premier Ministre, le gouvernement a arrêté des mesures fiscales structurantes en faveur de la presse.
Nous le savons, l’une des difficultés chroniques des entreprises de presse dans notre pays réside dans la faiblesse de leurs fonds propres, qui obère leur capacité d’investissement.
Dans le cadre du présent projet de loi de finances, le dispositif spécifique de provision pour investissements des entreprises de presse (dit « du 39 bis »), qui venait à échéance à la fin de l’année, sera prorogé jusqu’en 2010 et adapté pour mieux répondre aux besoins des entreprises.
La prorogation de ce mécanisme jusqu’en 2010 sera accompagnée d’un aménagement significatif : l’extension du périmètre des investissements éligibles à la prise de participation dans d’autres entreprises de presse ou des entreprises intervenant dans la chaîne de fabrication ou de distribution de la presse.
Par ailleurs, un nouveau mécanisme de réduction de l’impôt sur les sociétés, pour les entreprises entrant dans le capital des entreprises de presse éditant des publications d’information politique et générale, sera mis en place avant la fin de l’année. La réduction d’impôt sera égale à 25 % du montant des sommes versées au titre des souscriptions en numéraire au capital de ces sociétés.
Ces mesures visent à rendre attractifs les investissements dans ce secteur et plus particulièrement pour la presse quotidienne d’information politique et générale. Elles peuvent et doivent être une chance pour des titres, qu’ils traversent des difficultés, et je pense bien sûr à Libération, ou qu’ils souhaitent renforcer leur capital.
L’engagement traditionnel de l’État en faveur du pluralisme est bien sûr maintenu. Cet engagement implique d’accompagner aussi la presse dans l’univers numérique. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de confier à Marc Tessier une mission prospective sur ce sujet. Les conclusions me seront rendues en janvier prochain et je réunirai à cette occasion l’ensemble des représentants de la presse écrite. Ce défi du numérique est un enjeu majeur pour l’avenir de la presse. Il faut qu’il soit une chance et non un facteur de déséquilibre. Par ailleurs, le gouvernement s’attache à convaincre Bruxelles, la Commission, nos partenaires européens de limportance d’appliquer à la presse en ligne le taux réduit de TVA dont bénéficie la presse « papier ». Vous avez eu, je le sais ce débat lors de la première partie de la loi de finances. Vous mesurez la mobilisation du gouvernement sur ce sujet, désormais inscrit à l’ordre du jour du prochain conseil Ecofin.
Revenons au caractère fondamental des aides traditionnelles, comme en 2005 et en 2006, j’ai voulu que les crédits dédiés à la presse écrite appuient prioritairement les efforts engagés par le secteur pour conforter durablement les conditions de son indépendance économique et de son développement futur, qu’il s’agisse de la modernisation des entreprises, d’actions innovantes ou de la recherche d’une plus grande autonomie financière.
? 60 millions d’euros seront donc consacrés à ces objectifs en 2007, afin d’assurer le maintien du pluralisme de l’information et la vitalité du débat démocratique.
? 22,5 millions d’euros seront mobilisés pour continuer d’accompagner la modernisation sociale de la fabrication de la presse quotidienne, qu’elle soit nationale, régionale ou départementale.

Ainsi, cette législature est marquée par une puissante progression du montant des aides à la presse, par un important effort de rationalisation et de rénovation des dispositifs existants, et par la création de nouveaux dispositifs, principalement dédiés à la modernisation du secteur et donc au renforcement des fonds propres des entreprises de presse.

Messieurs les Présidents, Mesdames et Messieurs les Députés, ce projet de budget, comme les précédents, est l’expression concrète de l’engagement fort de l’Etat pour préparer l’avenir, dans ce secteur des médias, où notre pays dispose d’une créativité, d’une diversité, d’atouts, de talents et d’expressions, qui le placent en bonne voie pour réussir.

SECURITE : UNE MOBILISATION RENFORCEE NECESSAIRE

25 octobre 2006

Sur un sujet aussi important et sensible que celui de la tranquillité publique et de la sécurité, rien n’est jamais acquis. Seule une détermination courageuse et sans faille peut animer une mobilisation constante de tous les services concernés et organiser une collaboration efficace entre toutes celles et tous ceux en charge de cette question.

 Rendons hommage à l’engagement quotidien des fonctionnaires de l’Etat.

 Dans notre République, le Maire est le 1er magistrat et est, à ce titre, responsable devant ses concitoyens de leur sécurité et de leur tranquillité dans l’ensemble de la ville.

 

En lien avec le Préfet,  en charge des services de l’Etat (police nationale et gendarmerie), le maire met en œuvre sa politique de sécurité et organise les relations entre police municipale et les services de l’Etat.

 Le maire, dans le cadre de la prévention, coordonne et anime également le travail nécessaire d’accompagnement, d’écoute que réalise l’ensemble des services liés à l’action sociale de proximité (assistantes sociales, éducateurs, travailleurs de rue, gardiens d’immeubles…).

 Or existe-t’il une réelle politique de sécurité dans l’action que mène Jean GERMAIN à la tête de notre ville depuis bientôt 12 ans ?

 Du coté des services de l’Etat, pour Tours, les chiffres de l’automne 2006 concernant l’insécurité sont plutôt bons :

-Du 1er janvier au 31 août 2006, 7824 faits délictueux ont été recensés contre 8240 au cours des 8 premiers mois de 2005 (soit une baisse de 5, 05 %).

-le nombre total de faits répréhensibles constatés a diminué : 841 enregistrés en août 2006 contre 875 en août 2005 (soit une diminution de 3, 89 %).

 Pourtant nos concitoyens disent constater que les choses ne s’améliorent pas assez vite.

 Le quartier des Fontaines, celui des Deux-Lions avec sa passerelle, les Rives du Cher, Beaujardin, Velpeau, Maryse-Bastié, Lamartine, le Sanitas, la place de la Gare avec son parking souterrain, les Prébendes, la Cathédrale, les Bords de Loire et le Pont de Fil, mais également le nord de Tours, et plus particulièrement le Beffroi, de toute part les habitants de tous âges adressent à l’opposition des messages de préoccupation. 

 L’hypercentre de Tours avec la rue Nationale, le quartier Plumereau et celui des Halles, ont-ils retrouvé  la tranquillité et la sécurité que tous ceux qui les fréquentent et les font vivre (habitants, commerçants, jeunes, touristes) sont en droit d’attendre ?

 Les SDF et leurs chiens ont-ils quitté ces lieux ?

 Chacun peut constater que ce n’est pas le cas.

 C’est pourquoi, l’opposition demande à Jean GERMAIN  quels sont les mesures, les dispositifs et les moyens qu’il a consacrés pour mettre en œuvre une véritable politique de sécurité dans notre ville.

 L’opposition lui de mande également quels moyens et quel dispositif ont été mis en place dans le cadre de la prévention.

Sur cette question de la sécurité qui est aussi la première de nos libertés, l’arrêté très médiatique de Jean GERMAIN dit « arrêté anti-mendicité » a-t-il eu d’autres conséquences que celle d’une bonne communication politicienne ?

 A quoi cela sert-il donc de demander aux SDF de se déplacer quand ils mendient si c’est pour que ceux-ci se réinstallent quelques centaines de mètres plus loin ?

 Cela ne provoque que deux effets : démobiliser les forces de l’ordre chargées de faire respecter l’arrêté, et créer auprès des habitants le sentiment d’une totale impuissance publique.

 Sur un sujet aussi grave, aucune solution ne doit être écartée d’un revers de la main. Par exemple, s’agissant de la tranquillité dans un immeuble ou aux abords immédiats, quand Jean Germain se décidera-t-il enfin à entendre la proposition de l’opposition municipale répétée depuis 5 ans maintenant  d’augmenter le nombre des gardiens d’immeubles collectifs sous sa responsabilité ?

 L’opposition rappelle à Jean GERMAIN que pour une ville, une politique de sécurité efficace  se mesure à ses résultats et que ceux-ci sont facilement mesurables par tous ses habitants.

C’est au prix d’une détermination sans faille, d’une coordination parfaite entre les services municipaux et ceux de l’Etat et d’une action inscrite dans la durée que notre ville et ses habitants pourront retrouver ce à quoi chacune et chacun a droit : tranquillité et sécurité.

Inauguration du « Pavillon noir »le nouveau Centre chorégraphique national d’Aix en-Provence

19 octobre 2006

Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux d’inaugurer à vos côtés ce Pavillon Noir, maison du Ballet Preljocaj, nouveau haut lieu de culture, qui vient confirmer, et l’engagement de l’Etat, et le dynamisme de la vie culturelle de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et celui de la ville d’Aix-en-Provence en particulier, véritable vivier de talents et de lieux dédiés au patrimoine comme à la création.

Comme le dit celui qui est véritablement l’âme de ce Centre chorégraphique national, celui qui lui insuffle toute son inspiration et tout son esprit, je parle bien entendu de vous, cher Angelin Preljocaj : « il n’est d’émotion plus grande que de donner un écrin à la danse »et je voudrais vous dire, cher Angelin, vous méritez ce lieu. C’est votre talent et votre passion qui ont permis et ont réussi cette addition des énergies.

Et quel écrin ! Le génie de Rudy Ricciotti a su épouser et exprimer, par ce navire de verre, toute votre audace, et votre style inimitable, mais aussi votre noble ambition d’offrir la danse, langage universel, au regard de l’amateur, du passionné, comme du public, du passant, de l’habitant.
Chacun pourra ainsi contempler, de l’extérieur, dans ce bâtiment de transparence et de lumière, la plus infime étape de votre travail chorégraphique, assister à la naissance de vos créations et au ballet aérien des danseurs, tels les pirates funambules de ce Pavillon Noir.

Magnifique hommage, peut-être, à cette photographie de Rudolf Noureev, comme suspendu dans les airs, que vous avez découverte très jeune, et qui vous a ouvert les yeux sur la poésie de la danse.
Magnifique hommage, surtout, au corps du danseur, à ce « corps à cœur » de l’art chorégraphique, que vous exaltez avec toute l’inspiration que l’on connaît.
Le Ballet Preljocaj est aujourdhui le premier Centre chorégraphique national doté de son lieu propre, lieu de répétition et de création, bien sûr, mais aussi lieu d’accueil et de résidence pour les compagnies invitées, et, précieuse nouveauté, espace de représentation. Je dis à tous les directeurs des CCN que leur tour viendra ! Destiné à faire éclore les nouvelles écritures chorégraphiques, le Pavillon Noir est destiné à s’ouvrir à la Cité, à la ville et au Pays d’Aix, au département et à la région, grâce à un solide programme pédagogique à destination des professionnels comme du grand public, mais aussi au travail du « Groupe Urbain dIntervention Dansée » qui, sous votre pilotage artistique, sadresse en priorité aux quartiers sensibles. Ces « câbles de la culture », ainsi que vous les appelez, cher Angelin Preljocaj, qui lient les hommes et les peuples, tels les chaînes d’or que Rimbaud tendaient « d’étoile en étoile », le Ballet qui porte votre nom, et qui jouit d’un immense rayonnement, continuera également de les jeter par-delà les frontières et les mers.

Je souhaite que se développent en région de grands pôles chorégraphiques, investis dun rôle de développement de la création et de la diffusion de la danse. Ces pôles sont tout naturellement confiés, dans la plupart des cas, à des centres chorégraphiques nationaux, animés par des artistes consacrant leur expérience et leur talent à la promotion de leur art.
La France compte aujourd’hui 19 Centres chorégraphiques nationaux, fers de lance de la création dans notre pays, et outils majeurs de la structuration de notre paysage chorégraphique. Au cours de la saison
2006-2007, deux dentre eux seront également dotés déquipements venant renforcer leurs missions et leur rôle de tout premier plan au service de la vitalité de la danse sur lensemble du territoire : le Centre
chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, animé par Maguy Marin, et dont le projet architectural a été réalisé par Patrick Bouchain et Loïc Julienne, et le Centre National de Danse Contemporaine dAngers, qui prendra possession de nouveaux espaces au sein du « Quai ».

Grâce à « laccueil-studio », les Centre chorégraphiques nationaux sont devenus, pour les compagnies, des points dappui exemplaires, et, audelà, les garants dun dialogue équilibré entre lexpérience et la
reconnaissance dont ils sont déjà porteurs, et les jeunes artistes quils accueillent.
Dans notre pays, l’aide apportée par l’Etat à la danse, art vivant par excellence, est unique au monde. Le budget consacré à la danse, et j’y ai veillé personnellement, dans un contexte parfois difficile, ne cesse d’augmenter. Il a progressé de plus de 12 millions deuros depuis 2003, soit 13%.

J’assume d’avoir parfois le mauvais rôle mais je suis le garant du fait que pour les artistes et les techniciens, la solidarité interprofessionnelle est essentielle. Je souhaite un système pérenne. Si je dois constater un échec des négociations entre les partenaires sociaux, j’agirai.

J’ai demandé au Directeur, Jean de Saint-Guilhem, de créer une délégation à la danse à part entière, au sein de la direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles réorganisée, afin de permettre de mieux accompagner encore le développement de cet art majeur.
Une concertation permanente avec les collectivités territoriales nous permet de conjuguer, pour le succès de cette politique, les préoccupations dordre national – avec leurs prolongements sur la scène chorégraphique internationale – et les besoins de chaque territoire.
La réussite d’une réalisation exemplaire, comme celle du Pavillon noir, est le fruit de l’addition des énergies de tous : celles de l’Etat, qui y a contribué pour plus de 40%, de la région, de la ville d’Aix et de la communauté d’agglomération du pays d’Aix, du département.

C’est avec une grande fierté que je vois aujourd’hui le magnifique vaisseau conçu par Rudy Ricciotti prendre le large, avec aux commandes l’un des plus grands chorégraphes de la scène contemporaine. J’y vois l’emblème – et n’est-ce pas la belle signification du Pavillon ? – de la richesse du tissu chorégraphique de notre pays, du talent de nos artistes et de nos créateurs, mais aussi, je me plais à le dire, de la grande curiosité du public, toujours prêt à embarquer pour la nouveauté et l’imprévu. A vous toutes et à vous tous qui en êtes les acteurs, les artisans, les artistes, engagés et passionnés, jadresse toute ma confiance, ma reconnaissance et ma chaleureuse gratitude.

Je souhaite que ce lieu puisse être un véritable phare, un pavillon noir qui éclaire : c’est peut-être un défi.
Je vous remercie.

LES 4 VERITES

12 octobre 2006

William LEYMERGIE

Pour “ Les 4 vérités ”, Françoise LABORDE reçoit ce matin le ministre de la Culture et de la Communication, Renaud DONNEDIEU de VABRES.

Françoise LABORDE

Bonjour William, bonjour à tous. Avec Renaud DONNEDIEU de VABRES, ce matin, nous allons parler musique, nous allons parler hip-hop, nous allons parler slam, nous allons parler rap. Bonjour, merci d’être avec nous ce matin.

Renaud DONNEDIEU de VABRES

Bonjour.

Françoise LABORDE

Vous n’avez pas amené votre casquette ? Vous vous êtes entraîné un peu ?

Renaud DONNEDIEU de VABRES

Non non, mais moi ne je me déguise jamais mais je tends la main et je veux réconcilier, et donc cest la raison pour laquelle je suis heureux d’accueillir, tout ce week-end, vendredi, samedi, dimanche, dans la journée, le soir, tout le monde du hip-hop, du rap, du slam, du skate, des rollers ; c’est une forme de reconnaissance artistique d’une pratique culturelle qui existe dans notre pays et qui est vivante, joyeuse, libre, qui parfois, effectivement, décoiffe, provoque, eh bien les accueillir au Grand Palais, ça a valeur de symbole.

Françoise LABORDE

Alors, en effet, le Grand Palais ce n’est pas vraiment un quartier où d’habitude les slameurs et les rappeurs ont pour habitude de se réunir. Il va y avoir beaucoup de monde, beaucoup d’activités et comment tout cela va s’organiser, parce que j’imagine qu’il peut y avoir aussi une foule considérable ?

Renaud DONNEDIEU de VABRES

L’entrée est libre. Alors, il y a une jauge maximum à l’intérieur du Grand Palais, cest de 5 500 personnes, donc j’espère que tout cela va être fluide. Il y aura des performances artistiques, cest-à-dire des professionnels, qui vont, le vendredi soir dans le domaine de la danse, le samedi soir et le dimanche pour la musique, dans la journée aussi pour toutes les pratiques artistiques et sportives, donc à la fois des artistes et puis aussi des jeunes qui peuvent venir…

Françoise LABORDE

S’entraîner.

Renaud DONNEDIEU de VABRES

… avec leurs planches, s’entraîner, découvrir ce lieu. Je crois à la rencontre. Je crois nécessaire que dans ces lieux de patrimoine exceptionnels, au cœur de la capitale, eh bien des formes d’expression artistique nouvelles, contemporaines, qui parfois dérangent, qui sont nées en banlieues, qui sont nées comme un mouvement de révolte, d’expression libre, eh bien soient reconnues comme une grande discipline artistique. Ce qui se passe là, à Paris, a vocation à s’étendre et à faire en sorte que l’on trouve de nouveaux espaces. Je crois que c’est une fête de la liberté.

Françoise LABORDE

Alors, ça n’est pas une réunion à caractère social, on ne va pas… parce que certains pourraient y voir un côté un peu, je ne sais pas, démagogique, genre, après la crise des banlieues on fait venir les jeunes à Paris, il faut rappeler que le hip-hop et le rap c’est quand même aujourd’hui un art à part entière, avec des gens qui font ça, avec beaucoup d’efforts et de mérite.

Renaud DONNEDIEU de VABRES

Mais il y a d’immenses artistes…

Françoise LABORDE

C’est difficile, je veux dire, on ne vient pas…

Renaud DONNEDIEU de VABRES

De très grands chanteurs, de très grands danseurs. Vous savez, j’étais, il y a deux ans à la Biennale de la danse, à l’ouverture, et j’avais vu un groupe qui s’appelait “ Le Pokémon ” et qui étaient vraiment des artistes incroyables, et donc voilà, oui, cest une reconnaissance artistique avant toute chose, et ça c’est très important, et puis, si vous voulez, vouloir accueillir, vouloir tendre la main, c’est très important. Et ceux qui aiment MOZART, je leur dis : “ vous avez le droit d’aimer MOZART, mais découvrez aussi le rap et le hip-hop ” et ceux qui pensent qu’il n’y a que la scène électro, le hip-hop ou le rap, je dis : “ regardez aussi la fierté de votre pays, de vos racines, de votre identité, ce Grand Palais, tous ces lieux exceptionnels qui transmettent de l’énergie ”. J’espère que ça sera une énergie positive.

Françoise LABORDE

Et il y a un vrai savoir-faire français dans ces catégories là ? Parce que ce sont des tempos et des danses qui nous viennent plutôt des Etats-Unis.

Renaud DONNEDIEU de VABRES

Bien sûr qu’initialement c’est né des Etats-Unis, et ça a été très fortement développé en France, et donc, oui, il y a d’immenses talents qui rayonnent aujourd’hui de par le monde, de très grands artistes, Internet aussi permet leur diffusion et de multiples échanges.

Françoise LABORDE

Et on le voit, d’ailleurs, parce que l’on a diffusé il n’y a pas très longtemps, hier même, à “ Télématin ”, dans ce journal, un jeune qui fait un disque de rap -n’est-ce pas William- ça vous a plu, qui a fait un disque de rap, et qui rencontre un grand succès et qui se trouve au milieu de la campagne. Alors, passons maintenant à autre chose. La proposition de loi sur les intermittents du spectacle, cest aujourd’hui, à l’Assemblée nationale.

Renaud DONNEDIEU de VABRES

C’est aujourd’hui à l’Assemblée nationale. Vous savez, on est à quelques jours, je crois, de la signature par les partenaires sociaux, d’un accord définitif sur l’assurance chômage des artistes et des techniciens. Cest très important. Cet accord fondera des bases rénovées, je le complèterai au titre de l’Etat par un fonds permanent de professionnalisation. Je crois au dialogue social, c’est la raison pour laquelle tout à l’heure je vais demander aux parlementaires de ne pas légiférer dans l’immédiat, de laisser les partenaires sociaux prendre leurs responsabilités. L’Etat prendra les siennes en ajoutant et en articulant des moyens supplémentaires. Bref, j’essaie d’être le plus efficace possible pour les artistes et les techniciens de notre pays. S’il le faut, on envisagera autre chose. Je fais confiance aux partenaires sociaux, je ne veux pas miser sur l’échec de la négociation collective.

Françoise LABORDE

Donc, pour l’instant vous souhaitez que le dialogue, la concertation, pour employer un mot…

Renaud DONNEDIEU de VABRES

On est dans la phase finale, la négociation entre les partenaires sociaux est terminée, ils se sont adressés à l’Etat, ils nous ont posé des questions, Gérard LARCHER et moi nous venons de répondre, la CFDT et les autres syndicats signataires ont dit que l’on était très très très proche de l’accord, nous avons répondu à toutes les questions qu’ils ont posées. Bref, voilà, on est j’espère en phase finale de règlement de cette crise qui aura duré longtemps.

Françoise LABORDE

Il y a, à propos de crise, justement, parlons un petit peu de l’état de la majorité, je ne parle pas simplement de la crise de migraine de Nicolas SARKOZY hier, mais on a quand même le sentiment que c’est de plus en plus tendu entre Nicolas SARKOZY, madame ALLIOT-MARIE qui pousse un peu sa candidature, Dominique de VILLEPIN qui calme sans calmer.

Renaud DONNEDIEU de VABRES

Le gouvernement travaille.

Françoise LABORDE

Oui.

Renaud DONNEDIEU de VABRES

Cest-à-dire que l’on a tous des objectifs…

Françoise LABORDE

C’est normal.

Renaud DONNEDIEU de VABRES

C’est la moindre des choses. Voilà. D’abord, c’est la feuille de route que nous a fixée le président de la République. Donc, on bosse, on travaille et on veut avoir des résultats. Sur l’atmosphère politique, vous savez, il y a une chanson de Véronique SANSON qui dit “ Besoin de personne ”. Eh bien moi je crois que pour l’élection présidentielle, cest l’inverse : celui qui sera candidat il aura besoin de chacun, il aura besoin, si ce nest pas lui, de l’engagement du président de la République, de l’engagement de tous les anciens Premiers ministres, de Jean-Pierre RAFFARIN, d’Alain JUPPE. Si c’est Nicolas SARKOZY qui est candidat, de l’engagement fort de Dominique de VILLEPIN, et de chacune et de chacun de nos concitoyens. La maxime gagnante cest le rassemblement et l’unité, et moi je m’applique à la chose suivante : avant de m’exprimer de manière politique sur les présidentielle, je me dis “ est-ce que l’idée que j’aie dans le crâne est utile à la victoire ? ” Si elle est utile à la victoire, si elle est une pierre dans l’édifice, eh bien je la livre en pâture, sinon je ferme ma gueule. Je pense que cest une bonne méthode. Encore une fois, chacun a le droit d’être candidat. Nous avons fixé une procédure au sein de l’UMP, tout le monde était présent : Dominique de VILLEPIN, Nicolas SARKOZY, Michèle ALLIOT-MARIE, Jean-Pierre RAFFARIN, votre serviteur, on était tous présent, on a fixé ensemble une règle du jeu : “ Le parti s’engagera le moment venu pour soutenir le meilleur ou la meilleure ”. Le rendez-vous, pour cela, est pris au début du mois de janvier, eh bien laissons faire les choses et respectons nos engagements. La parole tenue, c’est déjà une première étape de crédibilité pour la victoire.

Françoise LABORDE

Donc, ce matin, vous rappelez chacun à ses engagements précédents et vous dites : “ Il n’est pas question, une fois que l’UMP aura choisi un candidat, que quelqu’un fasse, prenne un chemin de travers et soit candidat ”. Parce que, ce que laisse entendre l’entourage de Michèle ALLIOT-MARIE, c’est que même si l’UMP désignait Nicolas SARKOZY, après tout, pourquoi n’irait-elle pas avec d’autres systèmes pour…

Renaud DONNEDIEU de VABRES

Ça va être une bataille difficile, donnons-nous des chances de la gagner, c’est très important, parce que si c’était les socialistes, notre pays va prendre du retard. Ce sont des vieilles idées, même si cest une nouvelle candidate qui se profile, elle arrive, j’allais dire, bardée de vieilles certitudes. Nous, donnons-nous les moyens de gagner. Veillons à être identifiés, parce qu’il y a beaucoup de violence, de passion, dans la société française d’aujourd’hui, donc il faut être très clair dans nos convictions, mais il faut tendre la main à chacun, c’est ce que j’appelle l’arc-en-ciel de la société française et il faut que le champion ou la championne que l’on désignera, ait à la fois de l’énergie à revendre mais aussi un grand rayonnement humaniste, l’un plus l’autre.

Françoise LABORDE

Vous faites référence à une sorte de radicalité que l’on sent un peu monter, comme ça, en France. Est-ce qu’il y a un risque LE PEN, que l’on sous-évalue aujourd’hui ?

Renaud DONNEDIEU de VABRES

Ecoutez, j’espère que non, mais en tout cas, nous, on doit être rassemblés et unis, et encore une fois sur nos valeurs, nos convictions, avancer, aller de l’avant, faire en sorte que notre fierté nationale, nos racines, notre identité, soient confortées et de comprendre que la France est un arc-en-ciel.

Françoise LABORDE

Aujourd’hui, à gauche, la candidate la plus embarrassante pour vous c’est en effet Ségolène ROYAL ou ça n’a pas d’importance ?

Renaud DONNEDIEU de VABRES

Je ne sais pas si elle est embarrassante ou pas, je pense qu’elle sera désignée et je pense que cela va être un très grand combat. J’espère que le débat va être intéressant. Il y a plein de sujets qui sont sur la table, il y a plein de sujets pour lesquels il faut qu’une campagne présidentielle soit une chance, pour faire avancer les idées. On voit que cest difficile de réformer un pays, eh bien j’espère que cette campagne sera une chance.

Françoise LABORDE

Merci beaucoup, Renaud DONNEDIEU de VABRES, d’être venu nous voir ce matin. Je peux dire… cest comment, en rappeur, “ RDDV ”, “ DDRV ” ? Enfin, bon.

Lancement de « Lire en fête »

11 octobre 2006

Monsieur le Président du syndicat national de l’édition, cher Serge Eyrolles,
Monsieur le Président du syndicat de la librairie française, cher Benoît Bougerol,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux de lancer à vos côtés la dix-huitième édition de « Lire en fête ». C’est un plaisir à chaque fois renouvelé que de vous accueillir ici chez vous, au ministère de la culture et de la communication. A l’acmé de la rentrée littéraire, un peu après le salon du livre de Francfort, un peu avant la fin de l’année (période si cruciale pour la santé du secteur) « Lire en Fête » nous rassemble. C’est à vous tous qu’il revient, chacun dans vos métiers, comme le disait Paul Léautaud de « Trancher sur l’ordinaire ». Auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, animateurs, ou simples lecteurs vous faîtes connaître et aimer le livre à tous nos contemporains.

J’ai pu peser, ici même, tant de fois, en de si diverses circonstances, de la présentation des manuscrits de Stendhal, en passant par la distinction de personnalités, jusqu’à une soirée en l’honneur de la poésie arabe, ce que représente le livre et l’écrit pour notre société et notre civilisation toute entière.

Outil de liberté, miroir de l’individu, support infini et toujours renouvelé de la création, le livre est parmi les biens culturels, sans doute le plus précieux et le plus cher, à coup sûr le plus symbolique de ce que nous sommes.

Ce qui est une fête ce soir ne doit pas nous faire oublier que l’écriture si elle est, comme le montre une étude sociologique récente « une condition », c’est à dire un métier, est aussi un engagement. Et ma pensée va, en ce moment même, à Anna Politkovskaïa dont les livres perpétueront, pour l’avenir, le souvenir et les idées. C’est une bien maigre consolation, certes, mais savoir aujourd’hui ses livres largement disponibles, y compris en Français, doit aider à apaiser notre chagrin et notre indignation. Et pour autant cela ne doit pas éteindre notre exigence de vérité absolue.

Toutes les circonstances ou les situations de violence internationale ou intérieure ne font que renforcer ma conviction profonde du rôle fondamental du livre et de l’écrit. Pour renforcer la connaissance de l’autre, éradiquer les fantasmes et combattre tout intégrisme. C’est aussi donner toutes leurs chances aux œuvres et aux auteurs.

C’est le combat quotidien que je livre sur tous les terrains, qu’il s’agisse du droit d’auteur, de la défense des indépendants, du combat pour la diversité, des nouvelles technologies.

C’est pourquoi en 2007, j’ai voulu, comme vous le savez, conforter le secteur du livre en l’affirmant comme l’une de mes toutes premières priorités d’action. Avec un budget global en hausse de 6,8 %, soit un effort sans précédent, depuis bien longtemps, en faveur du livre et de la lecture, j’ai voulu que l’Etat donne une impulsion, non seulement pour répondre à des urgences incontestables, mais aussi pour engager de nouveaux projets au bénéfice de l’ensemble des partenaires de la « chaîne du livre ». J’évoquerai brièvement les mesures les plus emblématiques, et je compte particulièrement sur Benoît Yvert, pour les mener à bien, avec toutes ses équipes de la Direction du Livre et de la Lecture et du Centre National du Livre, avec toute l’intelligence, l’expérience, et l’enthousiasme qui caractérisent son action. Il a su nouer avec vous tous, professionnels de ce secteur, des relations de confiance. C’est un homme de passion et d’engagement qui connaît ce monde de l’intérieur et qui a pour mission de vous accompagner au sein de ce ministère. A ce titre, la nouvelle formule de Lire en Fête que nous avons le plaisir d’inaugurer ce soir est un peu son enfant.

En dotant le Centre national du livre de 10 millions d’euros pour la Bibliothèque numérique européenne, le Gouvernement permet à ce projet essentiel d’entrer dans une phase opérationnelle, dans le cadre d’une concertation confiante entre les éditeurs et la Bibliothèque nationale de France. Les équipes ont beaucoup travaillé, depuis le comité de pilotage jusqu’aux différents projets menés actuellement par la BnF et je tiens à saluer ici cet effort collectif.

Plusieurs aides nouvelles pourront également être créées par l’établissement public grâce à la réforme de l’assiette de la taxe parafiscale qui en alimente pour partie les crédits. Ainsi, les grands projets éditoriaux pluriannuels visant à constituer des collections de fond recevront un soutien significatif ; des bourses baptisées du nom de Jean Gattégno, pourront être attribuées à des créateurs, dans le domaine de la fiction, par exemple, et dans celui de la traduction ; les librairies indépendantes désireuses de participer plus activement aux manifestations littéraires pourront recevoir une aide.

A ces dispositifs nouveaux s’ajoute le renforcement des mécanismes existants qui ont fait la preuve de leur efficacité, dont une très forte augmentation – de 8 000 à 20 000 euros – non seulement des subventions à la création du « premier stock » dans les librairies, mais aussi des crédits réservés à « l’extraduction » – c’est-à-dire la traduction d’œuvres françaises en langues étrangères – et des ressources allouées aux manifestations littéraires d’envergure nationale.

Les bibliothèques n’ont bien évidemment pas été oubliées : le CNL s’emploiera à doter d’importantes bibliothèques publiques étrangères de fonds de livres français, dès lors que ces institutions s’engageront à effectuer leurs acquisitions auprès des librairies françaises elles-mêmes installées hors de nos frontières. Je souhaite que la Bibliothèque nationale du Maroc, qui m’en avait fait la demande lors de ma visite à Rabat au printemps dernier, puisse en bénéficier la première, à titre expérimental.

En conduisant à son terme, ainsi que je m’y étais engagé auprès des élus locaux, la réforme du concours particulier de la dotation générale de décentralisation, ce sont bientôt pas moins de 76 millions d’euros que l’Etat consacrera chaque année au développement et à la modernisation des bibliothèques municipales et départementales de prêt, des plus modestes aux plus grandes. Je rappelle que les bibliothèques sont les équipements culturels les plus fréquentés par nos concitoyens, dont 72 % déclarent avoir eu recours à elles au moins une fois dans leur vie.

Par cet effort budgétaire, par ces dispositions inédites, j’ai tenu à consolider la vitalité de la création, de l’édition, des lieux de médiation de proximité, tout en anticipant les risques prévisibles de fragilisation de tel ou tel partenaire, à commencer par les librairies indépendantes.

C’est également par volonté d’anticipation que j’ai confié à Benoît Yvert la mission « Livre 2010 » qui, avec Sophie Barluet, a entrepris une réflexion stratégique approfondie, à la fois prospective et opérationnelle, sur l’avenir immédiat du livre et de tous les acteurs concernés au moment où nous entrons dans l’ère numérique. Dans cette perspective, il s’agit aussi de déterminer si l’Etat, qui doit être centré sur ses missions fondamentales pour pleinement les exercer, doit envisager de modifier les modalités de l’intervention publique pour mieux servir, dans le domaine du livre comme dans d’autres, l’intérêt général.

Vous le voyez, cette mission essentielle, je l’ai voulue franche, sans tabou, transparente, ouverte à tous dans le cadre de la dizaine de tables rondes qui se succéderont jusque mi-2007, et réuniront des professionnels du secteur, naturellement, mais aussi des représentants d’autres ministères, du monde associatif, et des intellectuels. J’attends de « Livre 2010 » des propositions concrètes et novatrices, et je me réjouis qu’un colloque national, où je vous donne rendez-vous, en février, vienne ponctuer cette mission, en mettant en lumière des sujets qui font rarement la une de l’actualité.

C’est précisément l’un des mérites de « Lire en fête », que d’offrir tous les ans une visibilité accrue à cet acte a priori silencieux et individuel qu’est la lecture d’un livre. Pour insuffler encore plus d’enthousiasme à toutes celles et tous ceux qui se mobilisent à cette occasion, je souhaitais doter « Lire en fête » d’une identité renforcée. C’est chose faite, pour ce crû 2006, avec l’adoption d’un thème fédérateur, « Une ville, une œuvre », et la création d’un événement marquant, « la Nuit de l’écrit ».

« Une ville, une œuvre » vise à ancrer « Lire en fête » dans la diversité de notre territoire, chaque commune célébrant à sa façon un écrivain, un mouvement littéraire, une œuvre qui lui sont attachés. Je me félicite que, pour la première fois, l’association des maires de France rejoigne les partenaires officiels de « Lire en fête ». Permettez-moi de citer, notamment, parmi tant d’autres célébrations, et dans le cadre d’un véritable tour de France du patrimoine littéraire, Stendhal à Grenoble, Mirbeau dans le Perche, Augustin Thierry dans le cadre des traditionnels « rendez-vous de l’histoire » à Blois, ou encore, dans la capitale, la dizaine de maisons de la Cité universitaire internationale qui ont à cœur de mieux faire connaître leurs auteurs et leurs villes, de l’Allemagne à la Grèce, du Japon au Danemark.

La « Nuit de l’écrit » fait elle aussi le pari de l’oral, en proposant des rencontres entre le public, les livres et les auteurs, non seulement dans les librairies, mais aussi, dans les lieux les plus divers, avec des comédiens chargés de proposer des lectures et des spectacles inattendus. Ainsi à Paris, dans l’hôtel Choiseul-Praslin habituellement fermé au public, plus de trente acteurs livreront en tête-à-tête, à chaque spectateur, toute la nuit durant, les secrets littéraires d’une trentaine d’auteurs. Je vous invite tous à assister, ou plutôt à participer à ce spectacle, créé dans la nuit du 16 au 17 juillet au Festival d’Avignon, dans le jardin des Doms, produit par le ministère de la Culture et de la Communication, fruit d’une commande du Centre national du Livre, et véritable hommage intime au texte, à l’écriture et à la lecture.

Je remercie l’association nationale de recherche et d’action théâtrale, qui rassemble des jeunes talents dans plus d’une dizaine de villes, dans des théâtres et des centres culturels, pour ces lectures nocturnes en compagnie de comédiens professionnels et d’auteurs contemporains.

Les grands rendez-vous de « Lire en fête » se poursuivent également, avec la seizième édition du Salon de la revue, cette année encore dans l’espace des Blancs-Manteaux, qui s’insère dans la « Nuit de l’écrit ». J’ajoute que les déclinaisons de « Lire en fête » dans les établissements de soins, dans les établissements pénitentiaires, se poursuivent également, tout comme les multiples déclinaisons de la manifestation dans une centaine de pays à travers le monde.

Je vous remercie, tous, d’avoir répondu présent une fois encore pour cette nouvelle édition de « Lire en fête » nouvelle manière, qui recense plus de 3000 manifestations, dont plus de 700 déclinent « Une ville, une œuvre », et près de 300 la « Nuit de l’écrit ».

Je tiens à remercier également, outre l’Association des Maires de France, et les syndicats professionnels, tous nos partenaires, des autres ministères, des médias, et notamment France-culture qui s’investit particulièrement en 2006, la RATP, la SNCF, ainsi que le groupe Sphère.

Pour terminer, je saluerai tout particulièrement, ce soir, le Centre national du livre. Vénérable institution, dont nous fêtons cette année les soixante ans, le CNL est dorénavant, comme je le souhaitais, et grâce à vous, cher Benoît Yvert, mieux connu et reconnu. Je veux pour preuve, notamment, de cet esprit d’ouverture et d’efficacité au service des écrivains et des éditeurs, les lundis du CNL, auxquels je souhaite la destinée de ceux de Sainte-Beuve. J’ai donc tenu à rédiger la préface du Livre des 60 ans, où 60 auteurs présentent autant d’ouvrages de référence aidés par l’établissement. Je sais également ce que doit « Lire en fête » au CNL, qui chaque année mobilise ses ressources pour que cette manifestation rassemble toujours davantage d’amoureux fervents du livre et de l’écrit.

CLOTURE DU COLLOQUE « IMAGES DE LA CATHEDRALE DANS LA LITTERATURE ET DANS L’ART"

7 octobre 2006

Monseigneur,

Monsieur le Président, cher Michel Maupoix,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux d’être parmi vous pour clôturer ce colloque passionnant, qui a embrassé, pendant trois jours, des siècles d’histoire des Idées, d’histoire de l’esprit, de l’art et de la littérature. Merci tout d’abord à l’association « Rencontre avec le patrimoine religieux », et à son président, Michel Maupoix, que je salue, d’avoir mis en place ces trois journées d’échanges et de rencontres. Votre association mène depuis 14 ans des actions essentielles à destination des professionnels comme du grand public, au niveau local et régional, en faveur de la connaissance, de la diffusion et de la valorisation du patrimoine religieux, dont la Région Centre est particulièrement riche. Un patrimoine qui est au cœur de notre histoire, de notre culture, qui a contribué à forger notre identité au cours des siècles. La cathédrale Saint-Gatien de Tours, qui mêle brillamment des éléments de styles roman, gothique, rayonnant et flamboyant, et Renaissance, en est un vibrant symbole.

La France en a pris conscience très tôt, puisque les cathédrales figurent parmi les premiers édifices classés « monuments historiques» dès le XIXe siècle par Prosper Mérimée, secondé de l’architecte Eugène Viollet-le-Duc. Elles ont été également parmi les tout premiers monuments inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’humanité de l’UNESCO, avec la cathédrale de Chartres, dès 1979.

Lieux de mémoire, dépositaires des souvenirs, sacrés et profanes, accumulés au cours des siècles par un diocèse, constructions audacieuses, qui défient le ciel et le temps, et dont les cryptes, les puits, semblent plonger dans la nuit des temps, jusqu’aux racines de l’humanité et au cœur du divin, les cathédrales, ont nourri l’imaginaire collectif, et les plus belles pages de nos écrivains, comme les plus belles oeuvres de nos artistes. Rodin, Courbet, Monet, Matisse, Victor Hugo, Chateaubriand, Huysmans, Proust, Balzac, Claudel, Aragon mais aussi André Malraux et Charles Péguy, pour ne citer qu’eux, en ont exalté la grandeur et sondé les mystères.

Les cathédrales sont des monuments de proximité, elles sont familières. Le chant de leur office ponctuait jadis le déroulement de la journée. Les futurs clercs se pressaient dans leur école attenante, sous la direction du chancelier. Victor Hugo a merveilleusement décrit la foule pittoresque qui animait Notre-Dame de Paris, trouvant l’asile dans ses cloîtres, véritables cours des miracles, au milieu des artisans, des travailleurs manuels, des ouvriers, bâtisseurs d’immortalité.

« Maisons du peuple », ainsi que les surnomma Michelet, les cathédrales étaient aussi les édifices de la lumière et des ténèbres, de la foi et des mystères, renfermant dans leurs reliquaires et leurs châsses, les précieux restes des serviteurs de Dieu, et des trésors liturgiques, objets de pèlerinage, tels que le voile de la Vierge donné par Charles le Chauve, à Chartres, ou encore la Vierge noire offerte par Saint Louis, au Puy.

Le romantisme, comme vous l’avez montré, a largement contribué à nourrir cette interprétation symbolique et sa poésie mystique. Le Génie du christianisme, de Chateaubriand, a établi des correspondances entre les siècles, entre les forêts, « premiers temples de la Divinité » et « les voûtes ciselées en feuillages, ces jambages, qui appuient les murs et finissent brusquement comme des troncs brisés, la fraîcheur des voûtes, les ténèbres du sanctuaire, les ailes obscures, les passages secrets, les portes abaissées » des églises gothiques.

Mais Victor Hugo préféra à cette métaphore forestière la personnification qui fit de Notre-Dame un mythe vivant, grouillant, un personnage de roman à part entière. Charles Péguy lui-même, ne s’adressa-t-il pas à la cathédrale de Chartres, en faisant de la cathédrale une reine fière et altière, aux vertus bien humaines ?

« Nous arrivons vers vous de l’autre Notre-Dame,

De celle qui s’élève au coeur de la Cité

Dans sa royale robe et dans sa majesté,

Dans sa magnificence et sa justesse d’âme. »

Du chœur au cœur, les cathédrales se sont imposées, au fil des siècles, comme de grandes dames de l’art et de la littérature, fascinant toujours les fidèles comme les visiteurs. Elles incarnent, peut-être plus que tout autre monument, si ce n’est l’éternité, du moins la continuité entre les siècles et les hommes. « Les siècles, écrit encore Chateaubriand, évoqués par ces sons religieux, font sortir leurs antiques voix du sein des pierres, et soupirent dans la vaste basilique ».

C’est la main de l’homme que nous voyons dans ces édifices, tout autant que la gloire de Dieu. Comme l’écrit John Ruskin, dans La Bible d’Amiens, traduite et annotée par Marcel Proust : « Dans la vieille architecture chrétienne toutes les parties de lédifice doivent être lues à la lettre : la cathédrale est pour ses constructeurs la Maison de Dieu, elle est entourée, comme celle dun roi terrestre, de logements moindre pour ses serviteurs; et les glorieuses sculptures du chœur, celles de son enceinte extérieure, et à lintérieur, celles de ses boiseries que, presque instinctivement, un curé anglais croirait destinées à la glorification des chanoines, étaient en réalité la manière du charpentier amiénois de rendre à son Maître Charpentier la maison confortable, et non moins de montrer son talent natif et sans rival de charpentier devant Dieu et devant les hommes. »

Source de rayonnement, mais aussi enjeu de pouvoir, fierté de la cité, elle figurait souvent sur le sceau municipal, et les habitants gravaient les hauts faits, les mythes fondateurs de leur ville dans la pierre, comme à Metz, où l’on peut voir, dans la crypte Sud de Saint-Etienne, l’effigie du « Graouilly », monstre que le premier évêque de la ville, Saint Clément, avait noyé dans la Seille.

Cet attachement profond des habitants d’une ville pour leur cathédrale est encore bien vivant, tout comme l’attirance qu’elles exercent sur les touristes français et étrangers, et la cathédrale Saint-Gatien de Tours en est un exemple éclatant. Sa construction, au VIe siècle, par Grégoire de Tours, sur les bases d’une église primitive, dura en réalité dix siècles, puisque le couronnement des tours ne s’effectua que dans la première moitié du XVIe siècle. Dix siècles de travaux pour tous les Tourangeaux qui la virent s’élever peu à peu, dix siècles que ses pierres nous racontent aujourd’hui, témoins de toute l’histoire de la ville. C’est pourquoi le Premier Ministre Dominique de Villepin a décidé de mesures supplémentaires en faveur de cette cathédrale, en consacrant 1 460 000 euros pour la restauration de la façade Ouest.

Oui, les cathédrales méritent toute notre attention, et tous nos efforts. Edifices souvent fragiles, de par l’audace qui, bien souvent, a présidé à leur construction, de par leurs vastes proportions, également, qui appellent des travaux très fréquents, successivement sur leurs différentes parties.

Devenues propriété de l’Etat lorsque la Révolution a aboli le concordat de 1516, qui liait la monarchie à l’église catholique, elles ont été affectées aux « Beaux-Arts » par le Président Fallières en 1912. La liste en était établie par référence aux sièges métropolitains déterminés par le concordat napoléonien. A ces 83 cathédrales, on ajouta, après la chute de lempire allemand, celles de Strasbourg et de Metz, puis deux cathédrales doutre-mer : Basse-Terre et Saint-Denis-de-la Réunion. Les « cathédrales » au sens « administratif » du terme sont donc ces 87 édifices, tous classés monuments historiques, et non les cathédrales construites postérieurement à l’acte de 1912, ou érigées tardivement en siège métropolitain (comme la basilique de Saint-Denis).

La création du comité du patrimoine cultuel, en juin 2002, marque la conviction forte des pouvoirs publics que le patrimoine religieux représente l’une des composantes majeures de notre héritage commun, non seulement français, européen, mais aussi universel. Parce que dans ces monuments sont inscrits tous les témoignages de notre vie artistique, intellectuelle, et spirituelle, longtemps fondus dans une vision unitaire de l’histoire du monde.

Si l’Etat, propriétaire ne couvre pas les dépenses liées à l’utilisation cultuelle des édifices, il assume la charge des travaux liés à leur conservation et à leur restauration.

Nos cathédrales sont des monuments majeurs de l’Etat, et contrairement au scénario catastrophe imaginé, avec beaucoup de talent, d’humour et d’ironie, par Laurence Cossé dans son roman Le Mobilier National, je peux vous assurer qu’aucun agent du ministère de la Culture et de la Communication, comme le serine la vaine et vieille antienne du désengagement de l’Etat, ne fomente actuellement un plan pour les détruire, faute de budget !

L’Etat n’a pas non plus l’intention de transférer les cathédrales aux collectivités territoriales, et encore moins de les vendre ! La liste des monuments proposés pour un transfert de propriété à titre gratuit, fixée par décret en juillet 2005, est close, et elle ne comprend aucune cathédrale.

La préservation, l’entretien et la restauration des cathédrales, n’a rien d’une simple nostalgie, elle est un véritable enjeu pour notre économie et l’attractivité de nos territoires, un facteur de création d’emplois important, et donc une politique du présent et de l’avenir. C’est pourquoi elle mobilise une part considérable des moyens financiers de la direction de l’architecture et du patrimoine du ministère de la Culture et de la Communication.

La direction de larchitecture et du patrimoine consacrait jusquen 2004 en moyenne 36 M€ par an à la restauration des cathédrales, auxquels il convient dajouter 6 M€ de crédits dentretien courant. Les financements les plus conséquents concernent actuellement les cathédrales dAmiens, Bourges, Chartres, Paris, Quimper et Reims mais toutes les cathédrales font régulièrement lobjet de travaux ou détudes plus ou moins importants.

Pour cette fin dannée 2006 et pour 2007, près de 59 M€ seront consacrés aux seules opérations de restauration « lourde » des cathédrales, sur une dotation exceptionnelle consacrée aux monuments historiques de lEtat (hors opérations exceptionnelles, telles que Chaillot, le Grand-Palais, Versailles), et 8 M€ pour les travaux dentretien.

Le Premier ministre Dominique de Villepin a annoncé, en septembre, lors de sa visite à la cathédrale d’Amiens, des décisions nouvelles – le dégel de crédits et la création d’une recette pérenne annuelle – qui permettront, entre fin 2006 et début 2007, de mettre 140 M€ supplémentaires à disposition des chantiers de restauration.

Les chantiers des collectivités territoriales et des propriétaires privés bénéficieront pleinement de cet abondement, grâce aux redéploiements qu’il permettra.

C’est un geste très fort, qui montre bien la priorité stratégique et politique de l’Etat en faveur de la préservation et de la valorisation de notre patrimoine.

Les cathédrales sont les musées les plus riches, les plus ouverts, jamais offerts à nos concitoyens, et il nous revient d’en faire des lieux vivants, où les artistes contemporains doivent pouvoir s’exprimer, par le biais de commandes publiques, dans les pas de leurs illustres prédécesseurs. J’ai ainsi eu l’occasion d’annoncer, lors de mon dernier déplacement à Reims, la commande de vitraux passée à Gerhard Richter, dans la continuité de l’œuvre de Chagall.

Et parce que notre patrimoine est notre bien le plus précieux, il est notre affaire, notre responsabilité à tous. Sa préservation, sa transmission seront le fruit de l’addition de toutes les énergies. C’est dans cet esprit que le ministère de la Culture travaille en concertation avec tous les acteurs, et en particulier les collectivités territoriales, mais aussi les mécènes, pour réunir toutes les compétences et les contributions utiles, afin de léguer intact aux générations futures le trésor de pierre, de culture et de lumière, constitué par nos cathédrales.