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Lancement de « Lire en fête »

Monsieur le Président du syndicat national de l’édition, cher Serge Eyrolles,
Monsieur le Président du syndicat de la librairie française, cher Benoît Bougerol,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux de lancer à vos côtés la dix-huitième édition de « Lire en fête ». C’est un plaisir à chaque fois renouvelé que de vous accueillir ici chez vous, au ministère de la culture et de la communication. A l’acmé de la rentrée littéraire, un peu après le salon du livre de Francfort, un peu avant la fin de l’année (période si cruciale pour la santé du secteur) « Lire en Fête » nous rassemble. C’est à vous tous qu’il revient, chacun dans vos métiers, comme le disait Paul Léautaud de « Trancher sur l’ordinaire ». Auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires, animateurs, ou simples lecteurs vous faîtes connaître et aimer le livre à tous nos contemporains.

J’ai pu peser, ici même, tant de fois, en de si diverses circonstances, de la présentation des manuscrits de Stendhal, en passant par la distinction de personnalités, jusqu’à une soirée en l’honneur de la poésie arabe, ce que représente le livre et l’écrit pour notre société et notre civilisation toute entière.

Outil de liberté, miroir de l’individu, support infini et toujours renouvelé de la création, le livre est parmi les biens culturels, sans doute le plus précieux et le plus cher, à coup sûr le plus symbolique de ce que nous sommes.

Ce qui est une fête ce soir ne doit pas nous faire oublier que l’écriture si elle est, comme le montre une étude sociologique récente « une condition », c’est à dire un métier, est aussi un engagement. Et ma pensée va, en ce moment même, à Anna Politkovskaïa dont les livres perpétueront, pour l’avenir, le souvenir et les idées. C’est une bien maigre consolation, certes, mais savoir aujourd’hui ses livres largement disponibles, y compris en Français, doit aider à apaiser notre chagrin et notre indignation. Et pour autant cela ne doit pas éteindre notre exigence de vérité absolue.

Toutes les circonstances ou les situations de violence internationale ou intérieure ne font que renforcer ma conviction profonde du rôle fondamental du livre et de l’écrit. Pour renforcer la connaissance de l’autre, éradiquer les fantasmes et combattre tout intégrisme. C’est aussi donner toutes leurs chances aux œuvres et aux auteurs.

C’est le combat quotidien que je livre sur tous les terrains, qu’il s’agisse du droit d’auteur, de la défense des indépendants, du combat pour la diversité, des nouvelles technologies.

C’est pourquoi en 2007, j’ai voulu, comme vous le savez, conforter le secteur du livre en l’affirmant comme l’une de mes toutes premières priorités d’action. Avec un budget global en hausse de 6,8 %, soit un effort sans précédent, depuis bien longtemps, en faveur du livre et de la lecture, j’ai voulu que l’Etat donne une impulsion, non seulement pour répondre à des urgences incontestables, mais aussi pour engager de nouveaux projets au bénéfice de l’ensemble des partenaires de la « chaîne du livre ». J’évoquerai brièvement les mesures les plus emblématiques, et je compte particulièrement sur Benoît Yvert, pour les mener à bien, avec toutes ses équipes de la Direction du Livre et de la Lecture et du Centre National du Livre, avec toute l’intelligence, l’expérience, et l’enthousiasme qui caractérisent son action. Il a su nouer avec vous tous, professionnels de ce secteur, des relations de confiance. C’est un homme de passion et d’engagement qui connaît ce monde de l’intérieur et qui a pour mission de vous accompagner au sein de ce ministère. A ce titre, la nouvelle formule de Lire en Fête que nous avons le plaisir d’inaugurer ce soir est un peu son enfant.

En dotant le Centre national du livre de 10 millions d’euros pour la Bibliothèque numérique européenne, le Gouvernement permet à ce projet essentiel d’entrer dans une phase opérationnelle, dans le cadre d’une concertation confiante entre les éditeurs et la Bibliothèque nationale de France. Les équipes ont beaucoup travaillé, depuis le comité de pilotage jusqu’aux différents projets menés actuellement par la BnF et je tiens à saluer ici cet effort collectif.

Plusieurs aides nouvelles pourront également être créées par l’établissement public grâce à la réforme de l’assiette de la taxe parafiscale qui en alimente pour partie les crédits. Ainsi, les grands projets éditoriaux pluriannuels visant à constituer des collections de fond recevront un soutien significatif ; des bourses baptisées du nom de Jean Gattégno, pourront être attribuées à des créateurs, dans le domaine de la fiction, par exemple, et dans celui de la traduction ; les librairies indépendantes désireuses de participer plus activement aux manifestations littéraires pourront recevoir une aide.

A ces dispositifs nouveaux s’ajoute le renforcement des mécanismes existants qui ont fait la preuve de leur efficacité, dont une très forte augmentation – de 8 000 à 20 000 euros – non seulement des subventions à la création du « premier stock » dans les librairies, mais aussi des crédits réservés à « l’extraduction » – c’est-à-dire la traduction d’œuvres françaises en langues étrangères – et des ressources allouées aux manifestations littéraires d’envergure nationale.

Les bibliothèques n’ont bien évidemment pas été oubliées : le CNL s’emploiera à doter d’importantes bibliothèques publiques étrangères de fonds de livres français, dès lors que ces institutions s’engageront à effectuer leurs acquisitions auprès des librairies françaises elles-mêmes installées hors de nos frontières. Je souhaite que la Bibliothèque nationale du Maroc, qui m’en avait fait la demande lors de ma visite à Rabat au printemps dernier, puisse en bénéficier la première, à titre expérimental.

En conduisant à son terme, ainsi que je m’y étais engagé auprès des élus locaux, la réforme du concours particulier de la dotation générale de décentralisation, ce sont bientôt pas moins de 76 millions d’euros que l’Etat consacrera chaque année au développement et à la modernisation des bibliothèques municipales et départementales de prêt, des plus modestes aux plus grandes. Je rappelle que les bibliothèques sont les équipements culturels les plus fréquentés par nos concitoyens, dont 72 % déclarent avoir eu recours à elles au moins une fois dans leur vie.

Par cet effort budgétaire, par ces dispositions inédites, j’ai tenu à consolider la vitalité de la création, de l’édition, des lieux de médiation de proximité, tout en anticipant les risques prévisibles de fragilisation de tel ou tel partenaire, à commencer par les librairies indépendantes.

C’est également par volonté d’anticipation que j’ai confié à Benoît Yvert la mission « Livre 2010 » qui, avec Sophie Barluet, a entrepris une réflexion stratégique approfondie, à la fois prospective et opérationnelle, sur l’avenir immédiat du livre et de tous les acteurs concernés au moment où nous entrons dans l’ère numérique. Dans cette perspective, il s’agit aussi de déterminer si l’Etat, qui doit être centré sur ses missions fondamentales pour pleinement les exercer, doit envisager de modifier les modalités de l’intervention publique pour mieux servir, dans le domaine du livre comme dans d’autres, l’intérêt général.

Vous le voyez, cette mission essentielle, je l’ai voulue franche, sans tabou, transparente, ouverte à tous dans le cadre de la dizaine de tables rondes qui se succéderont jusque mi-2007, et réuniront des professionnels du secteur, naturellement, mais aussi des représentants d’autres ministères, du monde associatif, et des intellectuels. J’attends de « Livre 2010 » des propositions concrètes et novatrices, et je me réjouis qu’un colloque national, où je vous donne rendez-vous, en février, vienne ponctuer cette mission, en mettant en lumière des sujets qui font rarement la une de l’actualité.

C’est précisément l’un des mérites de « Lire en fête », que d’offrir tous les ans une visibilité accrue à cet acte a priori silencieux et individuel qu’est la lecture d’un livre. Pour insuffler encore plus d’enthousiasme à toutes celles et tous ceux qui se mobilisent à cette occasion, je souhaitais doter « Lire en fête » d’une identité renforcée. C’est chose faite, pour ce crû 2006, avec l’adoption d’un thème fédérateur, « Une ville, une œuvre », et la création d’un événement marquant, « la Nuit de l’écrit ».

« Une ville, une œuvre » vise à ancrer « Lire en fête » dans la diversité de notre territoire, chaque commune célébrant à sa façon un écrivain, un mouvement littéraire, une œuvre qui lui sont attachés. Je me félicite que, pour la première fois, l’association des maires de France rejoigne les partenaires officiels de « Lire en fête ». Permettez-moi de citer, notamment, parmi tant d’autres célébrations, et dans le cadre d’un véritable tour de France du patrimoine littéraire, Stendhal à Grenoble, Mirbeau dans le Perche, Augustin Thierry dans le cadre des traditionnels « rendez-vous de l’histoire » à Blois, ou encore, dans la capitale, la dizaine de maisons de la Cité universitaire internationale qui ont à cœur de mieux faire connaître leurs auteurs et leurs villes, de l’Allemagne à la Grèce, du Japon au Danemark.

La « Nuit de l’écrit » fait elle aussi le pari de l’oral, en proposant des rencontres entre le public, les livres et les auteurs, non seulement dans les librairies, mais aussi, dans les lieux les plus divers, avec des comédiens chargés de proposer des lectures et des spectacles inattendus. Ainsi à Paris, dans l’hôtel Choiseul-Praslin habituellement fermé au public, plus de trente acteurs livreront en tête-à-tête, à chaque spectateur, toute la nuit durant, les secrets littéraires d’une trentaine d’auteurs. Je vous invite tous à assister, ou plutôt à participer à ce spectacle, créé dans la nuit du 16 au 17 juillet au Festival d’Avignon, dans le jardin des Doms, produit par le ministère de la Culture et de la Communication, fruit d’une commande du Centre national du Livre, et véritable hommage intime au texte, à l’écriture et à la lecture.

Je remercie l’association nationale de recherche et d’action théâtrale, qui rassemble des jeunes talents dans plus d’une dizaine de villes, dans des théâtres et des centres culturels, pour ces lectures nocturnes en compagnie de comédiens professionnels et d’auteurs contemporains.

Les grands rendez-vous de « Lire en fête » se poursuivent également, avec la seizième édition du Salon de la revue, cette année encore dans l’espace des Blancs-Manteaux, qui s’insère dans la « Nuit de l’écrit ». J’ajoute que les déclinaisons de « Lire en fête » dans les établissements de soins, dans les établissements pénitentiaires, se poursuivent également, tout comme les multiples déclinaisons de la manifestation dans une centaine de pays à travers le monde.

Je vous remercie, tous, d’avoir répondu présent une fois encore pour cette nouvelle édition de « Lire en fête » nouvelle manière, qui recense plus de 3000 manifestations, dont plus de 700 déclinent « Une ville, une œuvre », et près de 300 la « Nuit de l’écrit ».

Je tiens à remercier également, outre l’Association des Maires de France, et les syndicats professionnels, tous nos partenaires, des autres ministères, des médias, et notamment France-culture qui s’investit particulièrement en 2006, la RATP, la SNCF, ainsi que le groupe Sphère.

Pour terminer, je saluerai tout particulièrement, ce soir, le Centre national du livre. Vénérable institution, dont nous fêtons cette année les soixante ans, le CNL est dorénavant, comme je le souhaitais, et grâce à vous, cher Benoît Yvert, mieux connu et reconnu. Je veux pour preuve, notamment, de cet esprit d’ouverture et d’efficacité au service des écrivains et des éditeurs, les lundis du CNL, auxquels je souhaite la destinée de ceux de Sainte-Beuve. J’ai donc tenu à rédiger la préface du Livre des 60 ans, où 60 auteurs présentent autant d’ouvrages de référence aidés par l’établissement. Je sais également ce que doit « Lire en fête » au CNL, qui chaque année mobilise ses ressources pour que cette manifestation rassemble toujours davantage d’amoureux fervents du livre et de l’écrit.

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