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Inauguration du « Pavillon noir »le nouveau Centre chorégraphique national d’Aix en-Provence

Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux d’inaugurer à vos côtés ce Pavillon Noir, maison du Ballet Preljocaj, nouveau haut lieu de culture, qui vient confirmer, et l’engagement de l’Etat, et le dynamisme de la vie culturelle de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, et celui de la ville d’Aix-en-Provence en particulier, véritable vivier de talents et de lieux dédiés au patrimoine comme à la création.

Comme le dit celui qui est véritablement l’âme de ce Centre chorégraphique national, celui qui lui insuffle toute son inspiration et tout son esprit, je parle bien entendu de vous, cher Angelin Preljocaj : « il n’est d’émotion plus grande que de donner un écrin à la danse »et je voudrais vous dire, cher Angelin, vous méritez ce lieu. C’est votre talent et votre passion qui ont permis et ont réussi cette addition des énergies.

Et quel écrin ! Le génie de Rudy Ricciotti a su épouser et exprimer, par ce navire de verre, toute votre audace, et votre style inimitable, mais aussi votre noble ambition d’offrir la danse, langage universel, au regard de l’amateur, du passionné, comme du public, du passant, de l’habitant.
Chacun pourra ainsi contempler, de l’extérieur, dans ce bâtiment de transparence et de lumière, la plus infime étape de votre travail chorégraphique, assister à la naissance de vos créations et au ballet aérien des danseurs, tels les pirates funambules de ce Pavillon Noir.

Magnifique hommage, peut-être, à cette photographie de Rudolf Noureev, comme suspendu dans les airs, que vous avez découverte très jeune, et qui vous a ouvert les yeux sur la poésie de la danse.
Magnifique hommage, surtout, au corps du danseur, à ce « corps à cœur » de l’art chorégraphique, que vous exaltez avec toute l’inspiration que l’on connaît.
Le Ballet Preljocaj est aujourdhui le premier Centre chorégraphique national doté de son lieu propre, lieu de répétition et de création, bien sûr, mais aussi lieu d’accueil et de résidence pour les compagnies invitées, et, précieuse nouveauté, espace de représentation. Je dis à tous les directeurs des CCN que leur tour viendra ! Destiné à faire éclore les nouvelles écritures chorégraphiques, le Pavillon Noir est destiné à s’ouvrir à la Cité, à la ville et au Pays d’Aix, au département et à la région, grâce à un solide programme pédagogique à destination des professionnels comme du grand public, mais aussi au travail du « Groupe Urbain dIntervention Dansée » qui, sous votre pilotage artistique, sadresse en priorité aux quartiers sensibles. Ces « câbles de la culture », ainsi que vous les appelez, cher Angelin Preljocaj, qui lient les hommes et les peuples, tels les chaînes d’or que Rimbaud tendaient « d’étoile en étoile », le Ballet qui porte votre nom, et qui jouit d’un immense rayonnement, continuera également de les jeter par-delà les frontières et les mers.

Je souhaite que se développent en région de grands pôles chorégraphiques, investis dun rôle de développement de la création et de la diffusion de la danse. Ces pôles sont tout naturellement confiés, dans la plupart des cas, à des centres chorégraphiques nationaux, animés par des artistes consacrant leur expérience et leur talent à la promotion de leur art.
La France compte aujourd’hui 19 Centres chorégraphiques nationaux, fers de lance de la création dans notre pays, et outils majeurs de la structuration de notre paysage chorégraphique. Au cours de la saison
2006-2007, deux dentre eux seront également dotés déquipements venant renforcer leurs missions et leur rôle de tout premier plan au service de la vitalité de la danse sur lensemble du territoire : le Centre
chorégraphique national de Rillieux-la-Pape, animé par Maguy Marin, et dont le projet architectural a été réalisé par Patrick Bouchain et Loïc Julienne, et le Centre National de Danse Contemporaine dAngers, qui prendra possession de nouveaux espaces au sein du « Quai ».

Grâce à « laccueil-studio », les Centre chorégraphiques nationaux sont devenus, pour les compagnies, des points dappui exemplaires, et, audelà, les garants dun dialogue équilibré entre lexpérience et la
reconnaissance dont ils sont déjà porteurs, et les jeunes artistes quils accueillent.
Dans notre pays, l’aide apportée par l’Etat à la danse, art vivant par excellence, est unique au monde. Le budget consacré à la danse, et j’y ai veillé personnellement, dans un contexte parfois difficile, ne cesse d’augmenter. Il a progressé de plus de 12 millions deuros depuis 2003, soit 13%.

J’assume d’avoir parfois le mauvais rôle mais je suis le garant du fait que pour les artistes et les techniciens, la solidarité interprofessionnelle est essentielle. Je souhaite un système pérenne. Si je dois constater un échec des négociations entre les partenaires sociaux, j’agirai.

J’ai demandé au Directeur, Jean de Saint-Guilhem, de créer une délégation à la danse à part entière, au sein de la direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles réorganisée, afin de permettre de mieux accompagner encore le développement de cet art majeur.
Une concertation permanente avec les collectivités territoriales nous permet de conjuguer, pour le succès de cette politique, les préoccupations dordre national – avec leurs prolongements sur la scène chorégraphique internationale – et les besoins de chaque territoire.
La réussite d’une réalisation exemplaire, comme celle du Pavillon noir, est le fruit de l’addition des énergies de tous : celles de l’Etat, qui y a contribué pour plus de 40%, de la région, de la ville d’Aix et de la communauté d’agglomération du pays d’Aix, du département.

C’est avec une grande fierté que je vois aujourd’hui le magnifique vaisseau conçu par Rudy Ricciotti prendre le large, avec aux commandes l’un des plus grands chorégraphes de la scène contemporaine. J’y vois l’emblème – et n’est-ce pas la belle signification du Pavillon ? – de la richesse du tissu chorégraphique de notre pays, du talent de nos artistes et de nos créateurs, mais aussi, je me plais à le dire, de la grande curiosité du public, toujours prêt à embarquer pour la nouveauté et l’imprévu. A vous toutes et à vous tous qui en êtes les acteurs, les artisans, les artistes, engagés et passionnés, jadresse toute ma confiance, ma reconnaissance et ma chaleureuse gratitude.

Je souhaite que ce lieu puisse être un véritable phare, un pavillon noir qui éclaire : c’est peut-être un défi.
Je vous remercie.

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