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La chaîne française d’information internationale (CFII)

30 novembre 2005

La chaîne aura pour objectif d’offrir une information pluraliste sur l’actualité mondiale en portant une attention particulière à l’actualité européenne et multilatérale, en même temps qu’une ouverture sur la culture française et sur les débats de société…

Mesdames, Messieurs,
Chers(e) amis,

Je suis très heureux de vous accueillir rue de Valois pour vous annoncer que le Premier ministre, Dominique de Villepin, a signé hier soir la convention avec TF1 et France Télévision qui permet la création de chaîne française d’information internationale.

Il s’agit d’un projet cher au Président de la république, Jacques Chirac, qui porte ce projet depuis plusieurs années. Il en a eu l’idée et c’est bien grâce son énergie et sa détermination que la chaîne internationale voit le jour aujourd’hui.

En second lieu Dominique de Villepin, fort de son expérience internationale a donné une impulsion décisive à ce projet.

Et je voudrais enfin remercier tous ceux qui, à commencer par les parlementaires, ont travaillé à la conception de ce projet, qui n’était pas simple je le reconnais. Il y a eu le temps nécessaire des options, des débats. Nous sommes maintenant dans celui de laction.

Je veux donc vous présenter ce grand dessein d’intérêt national qui permettra à notre pays d’exprimer une vision française de l’information internationale, libre, moderne et pluraliste.

Qui n’en a pas ressenti le besoin lors d’un déplacement à l’étranger ?

Qui n’a pas ressenti la nécessité que soit défendue notre conception si française de l’information, imprégnée des valeurs de démocratie que nous portons dans le monde ?

Qui n’a pas ressenti enfin le besoin que soient évoquées aussi bien les réussites françaises que par souci d’équilibre et de vérité, les difficultés et les tensions de ce monde.

Il était donc nécessaire pour des raisons stratégiques que cette chaîne soit lancée sans tarder.

Ses objectifs sont ambitieux, son organisation est réaliste, son financement est assuré, et son rôle sera complémentaire de celui rempli par les autres acteurs de l’audiovisuel extérieur ; TV 5 chaîne francophone généraliste, RFI radio France internationale, et l’Agence France Presse, qui continueront, dans leurs domaines respectifs, à animer notre dispositif audiovisuel international.

Il appartiendra d’ailleurs aux futurs dirigeants de la chaîne française d’information internationale de trouver les articulations adaptées à une optimisation de leurs moyens respectifs et de trouver les meilleures synergies professionnelles.

J’en viens aux objectifs (1), à l’organisation (2), aux moyens (3) et au calendrier (4) de cette grande ambition nationale.

1. La chaîne aura pour objectif d’offrir une information pluraliste sur l’actualité mondiale en portant une attention particulière à l’actualité européenne et multilatérale, en même temps qu’une ouverture sur la culture française et sur les débats de société.

Elle fournira des éléments d’analyse, permettant aux téléspectateurs de mieux comprendre les évolutions internationales, en accordant une large part aux sujets concernant le reste du monde, et en mettant l’accent sur ceux dont les autres chaînes d’information internationales ne rendent pas souvent compte, par exemple l’actualité dans les pays du Proche et Moyen Orient et d’Afrique.

La société devra faire preuve d’une grande réactivité dans le traitement de l’actualité. Elle s’efforcera de couvrir immédiatement les événements majeurs de l’actualité mondiale.

La chaîne présentera aussi des magazines sur la culture et le patrimoine touristique français. Elle sattachera également à mettre en valeur nos réussites technologiques, scientifiques et économiques.

Cette chaîne devra être très rapidement diffusée en anglais, en arabe puis en espagnol – ce qui la différenciera de TV5, qui œuvre de façon remarquable pour la défense du français et de la francophonie.
Financée par largent public, il est légitime quelle soit également diffusée en France.

La diffusion sera assurée par satellite en mode numérique, par le câble, et j’insiste sur ce point par Internet grâce au haut débit ce qui lui donnera très vite une plus vaste diffusion.

Les zones de diffusion seront larges ; la société a ainsi pour vocation première de diffuser ses programmes à destination de l’ensemble des pays du monde.

Dans un premier temps, sur le câble et le satellite, des négociations seront entamées pour que cette chaîne puisse proposer ses programmes à l’Europe, l’Afrique, le Proche et le Moyen Orient.

Je demande aux actionnaires et aux dirigeants de l’entreprise que les modes de diffusion de cette chaîne soit adaptés au paysage audiovisuel de chaque zone qu’elle est appelée à desservir.

2. L’organisation retenue s’inspire des propositions faîtes par Bernard Brochand en 2003 dans son rapport remis au Premier ministre, Jean Pierre Raffarin, et je l’en remercie.

Elle s’appuiera sur le professionnalisme et les talents des deux plus grands groupes audiovisuels français dans le cadre d’une société commune, détenue à 50 % par chacun des deux opérateurs, régie par un pacte d’actionnaires et des statuts qui en garantissent le bon fonctionnement.

Ce cadre est le fruit de négociations qui ont permis de trouver un bon point d’équilibre.

La société est en cours d’inscription au registre du commerce – et elle sera constituée avant la fin de l’année – sous la forme d’une société anonyme à directoire et conseil de surveillance.

Le projet, que j’ai présenté ce matin en conseil des ministres, prévoit la constitution d’une rédaction autonome, dotée de correspondants dans les principales villes du monde, permettant à la chaîne de disposer de sa propre capacité de production dinformation et dimages.

La chaîne mettra en place un réseau spécifique de correspondants à l’étranger, et s’appuiera sur les bureaux des chaînes mères, TF1, LCI, France 2 et France 3.

Elle pourra utiliser les ressources à l’étranger d’autres opérateurs, notamment l’AFP et RFI.

3. L’Etat allouera à la chaîne française d’information internationale les moyens nécessaires à l’accomplissement de ses missions de service public. Dès cette année, une subvention de 15 millions d’euros sur les crédits du Premier ministre, sera versée, dont 13 millions pour engager, dès maintenant, les besoins d’investissements de lancement.

Le projet de budget adopté par l’Assemblée nationale et que je présente lundi au Sénat concourt à hauteur de 65 millions d’euros au fonctionnement et à l’équipement.

A compter de 2007, et jusqu’à 2010, l’Etat s’engagera à hauteur de 70 millions d’euros par an.

J’en viens maintenant au calendrier. L’ensemble des problèmes juridiques sont résolus, la société sera bientôt immatriculée, son budget est prêt.

S’ouvre donc une phase immédiate de travail.

Avant Noël, l’assemblée générale des actionnaires désignera le Conseil de surveillance qui procédera à la nomination du Directoire.

Je pense que le premier semestre 2006 doit être mis à profit pour élaborer une grille de programmes, constituer les équipes, créer l’habillage de la chaîne, négocier toutes les conventions de diffusion et contrats d’association avec l’ensemble des autres partenaires, et définir une stratégie de marketing et de distribution commerciale.

Je vous donne deux rendez vous.

..au plus tard à la fin du mois de juin pour vous présenter l’état d’avancement de ce dossier.

..dans le courant du second semestre 2006, pour le lancement opérationnel de cette nouvelle chaîne française d’information internationale, qui rassemblera les énergies et tous les talents et concoura au rayonnement de la France dans le monde.

Notre combat, c’est celui du respect de la diversité culturelle, celui de la diversité d’expression des idées.

C’est le combat de la défense de nos valeurs dans le monde.

Projection du film 1802, l'Epopée Guadeloupéenne – cinémathèque française

29 novembre 2005

Madame la Ministre, Chère Lucette Michaux-Chevry,

Monsieur le Directeur Général de la Cinémathèque, Cher Serge
Toubiana,

Monsieur le Directeur Général de Réseau France Outre-mer, Cher
François Guilbeau,

Cher Christian Lara,

Cher Yann Chayia,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux de vous accueillir à la Cinémathèque française,
au 51 rue de Bercy, dans ce haut lieu de la cinéphilie, de l’amour du
cinéma, de la passion des images et de la création, qui est avant
tout ce qui nous réunit ce soir. J’ai eu le plaisir de l’inaugurer il y a
quelques semaines, aux côtés de Martin Scorsese, juste avant que
la communauté internationale adopte, le 20 octobre dernier, sous
les auspices de l’Unesco, à la quasi-unanimité, la convention qui
inscrit pour la première fois la diversité culturelle dans le droit
international.

Et ce soir là, Scorsese a déclaré que c’est en regardant les films de
patrimoine, les films qui ont marqué l’histoire du cinéma, comme
ceux qui sont régulièrement projetés ici, qu’il a réalisé « que le
cinéma était un langage international et un art international pour
tous ».

Oui, je tiens à vous dire combien le combat pour le respect des
droits des créateurs, pour la diversité culturelle, unit tous ceux qui,
de part et d’autre des mers, et sur tous les continents, ont à coeur
de défendre l’expression des identités et de la créativité dans
l’égale dignité de toutes les cultures.

La présentation, ce soir, ici, de vos films, cher Christian Lara, cher
Yann Chayia, est doublement symbolique.

D’abord, ce lieu est un lieu de mémoire, la mémoire du cinéma,
mais aussi la mémoire des hommes. Et le film que nous allons voir
ce soir, cher Christian Lara, 1802 L’Epopée guadeloupéenne, est
une grande fresque historique. La fresque d’un peuple en quête de
sa liberté alors que, Bonaparte étant premier consul, les tractations
reprennent, pour rétablir l’esclavage, qui avait été aboli en 1794 par
la Convention, par le fameux décret du 16 pluviôse, An II.

A quelques jours du 2 décembre, c’est un pan de l’histoire de la
Guadeloupe, de l’histoire de France et de l’histoire de l’humanité
que votre film nous fait revivre, avec la lutte de tous ceux qui, sous
l’impulsion du lieutenant-colonel Louis Delgrès, ont choisi, il y a
deux cents ans, d’offrir leur vie en sacrifice à leur liberté, à leur
dignité, à nos valeurs.

Cher Christian Lara, vous êtes un pionnier. Depuis votre premier
court métrage, Lorsque l’herbe court, en 1968, jusqu’à votre premier
long métrage, en 1978, Coco la fleur, candidat, c’est avec votre
oeuvre que naît le cinéma antillais. Depuis, vos treize films nous
parlent des Antilles, de l’histoire de ces îles et de leurs peuples, de
leur quête d’identité et de leur lutte pour la liberté, cette « arme
miraculeuse » selon l’expression d’Aimé Césaire.

Depuis, vous avez été suivi par de nombreux talents. Je pense en
particulier à Gabriel Glissant, Constant Gros-Dubois, Benjamin
Jules-Rosette, Julius Amédée-Laou, Willy Rameau, Guy Deslauriers
et enfin Euzhan Palcy qui, grâce au succès international de Rue
Cases Nègres, d’après le livre de Joseph Zobel, a donné une
reconnaissance mondiale au cinéma antillais.

Je souhaite que vos films et que le film que nous allons voir ce soir,
soit vu sur nos écrans, petits et grands, partout en France, dans
l’hexagone, et je tiens à remercier pour leur engagement à vos
côtés, le Conseil régional de Guadeloupe – Lucette Michaux-Chevry
a soutenu dès le départ votre projet – et RFO, ainsi que votre
coproducteur Albert Pigot, qui vous ont permis de réaliser ce film.

Je tiens à saluer l’action de RFO pour diffuser et faire connaître la
créativité artistique exceptionnelle de l’Outre-mer, au sein de notre
paysage audiovisuel.

Tout récemment, le Président de la République, en décidant qu’un
canal de la TNT serait attribué à France Ô, dans des conditions à
définir, a manifesté à RFO cette confiance, et a pris là une décision
pleine de sens.

Et au-delà, je veux saisir l’occasion de votre présence ce soir pour
vous dire combien nous avons besoin de votre richesse, de votre
expression, de votre identité, dans leur diversité, dans leur pluralité,
qui doivent s’exprimer dans la production artistique et culturelle en
général, et notamment au cinéma et dans les médias.

C’est pourquoi, et c’est la seconde portée symbolique forte de notre
rencontre ce soir, je suis heureux de découvrir avec vous le court
métrage Monsieur Etienne de Yann Chayia. Ce film qui est votre
quatrième court métrage, a été sélectionné à Cannes cette année
par la semaine de la critique. Depuis, il a été présenté dans une
quinzaine de festivals à travers le monde. Et je sais que vous
travaillez à votre premier long métrage, intitulé Chroniques
antillaises.

Vous incarnez la nouvelle génération aux côtés de Christian
Grandman, Jean-Claude Flamand Barny, dont nous avons pu
apprécier le premier film très réussi Neg Marron, produit par
Mathieu Kassovitz, Marc Barrat, Chris Delaporte et Djibril Glissant,
ancien élève de la Fémis, dont le premier film, L’Eclaireur, a reçu l’avance sur recettes et sort le 15 février prochain. Je prie ceux que
j’aurais oubliés de bien vouloir m’en excuser.

J’ai tenu à ce que vos films soient présentés, non seulement aux
professionnels du cinéma ici présents – et c’est très important –
mais aussi à de jeunes talents, à des artistes, à des créateurs, que
je salue, et qui sont actifs dans de nombreuses disciplines
artistiques, et notamment les arts plastiques, mais aussi les arts de
la scène.

Vous ne faîtes pas seulement partie de votre paysage culturel. Vous
n’êtes pas seulement « différemment français », comme le disait
Greg Germain du théâtre de l’Outre-mer en Avignon, vous faites la
force du rayonnement culturel de la France, qui a beaucoup à
gagner à reconnaître, à respecter, et à mettre en commun, à
rassembler, non seulement votre histoire et votre mémoire, mais
aussi vos talents d’aujourd’hui.

Je vous remercie.

Présentation de « Jours de Fêtes » au Grand Palais

29 novembre 2005

Je suis très heureux de vous rencontrer ce matin pour vous présenter un
événement exceptionnel.

Vous le savez, la réouverture de l’immense nef de verre et d’acier restaurée, à
l’occasion des XXIIe Journées européennes du patrimoine, a rencontré un très
grand succès public. Plus d’un demi-million de personnes l’ont redécouverte
avec émerveillement, ornée des globes monumentaux de Coronelli et mise en
valeur par la scénographie de Patrick Bouchain et la création lumineuse et
sonore de Thierry Dreyfus et Frédéric Sanchez.

Je donnerai dans un instant la parole à Patrick Bouchain, scénographe, à
Thierry Dreyfus, plasticien et scénographe, et à Christophe Monier alias The
Micronauts, compositeur.

Tous les visiteurs qui ont ressenti, lors de la réouverture, l’extraordinaire
énergie transmise par ce lieu unique, retrouveront, j’en suis convaincu, ces
sensations, sur un mode ludique, grâce aux « Jours de Fêtes au Grand
Palais », auxquels je vous invite, du jeudi 15 décembre au lundi 2 janvier
2006, et je vous donne dès aujourd’hui rendez-vous pour l’inauguration le
mercredi 14 décembre prochain.

En effet, j’ai souhaité qu’à l’occasion des fêtes de fin d’année, le Grand Palais
soit à nouveau ouvert au grand public. Grâce au savoir-faire de l’établissement
public du parc de la Villette, avec le concours du comité de promotion de la
fête foraine française, présidé par Frank Fréchon, et de l’Ecole nationale des
arts du cirque de Rosny-sous-bois, la verrière, illuminée par le talent des
artistes et des musiciens, par l’architecture et la scénographie de Patrick
Bouchain et de Thierry Dreyfus, par la bande son de Christophe Monier, alias
The Micronauts, faite d’un mix de musiques électroniques, par l’ambiance de la
fête foraine et les mouvements des deux grandes roues, l’une de trente mètres
de haut et l’autre de quatorze mètres de haut, offrira un parcours festif, ludique
et artistique, dédié au cirque, aux spectacles et aux arts forains.

Le public découvrira le travail de qualité des écoles de cirque en France, grâce
à L’Ecole nationale du cirque de Rosny, présidée par Bernard Turin,
représenté aujourd’hui par sa directrice Anny Goyer. Les spectacles seront en
effet présentés par des artistes dont la grande majorité ont été formés par cette
Ecole. Des musiciens feront le lien entre les numéros et accompagneront les
artistes pendant leurs prestations. Dix-huit artistes de cirque, qui travaillent
dans des compagnies de cirque contemporain, et les quatre musiciens de
Thomas Fersen, se relaieront en alternance, sur la piste du chapiteau à ciel
ouvert, sous la verrière.

Sous la direction artistique de Bernard Turin et Luc Richard, directeur
pédagogique et enseignant à l’Ecole nationale des arts du cirque de Rosny,
deux spectacles par jour seront proposés, à 17H30 et 21H00. 540 places
seront disponibles dans les gradins.

Les disciplines suivantes seront présentées : Trapèze ballant, Trampoline,
Mât chinois, Roue allemande, Corde volante, Jonglerie, Cadre aérien,
Portique Coréen, Corde volante, Equilibres, Diabolo élastique, Acrobaties.

Ces « Jours de Fêtes au Grand Palais» seront aussi des jours de partage :
des ateliers de découverte de quelques disciplines du cirque seront proposés
au public de 7 à 77 ans, qui pourra s’initier, chaque jour, avec des artistes et
des enseignants de cirque, à la jonglerie, à l’équilibre sur engin, à l’acrobatie
portée et au trampoline.

Vous trouverez la liste des attractions foraines dans votre dossier de presse,
page 5. Elles seront accompagnées de stands de restauration qui
embaumeront le Grand Palais des senteurs de nougat, de barbe à papa et de
pommes d’amour.

Les arts du cirque, les arts forains, contribueront à faire de ce haut lieu de
culture un lieu de convivialité et de partage.

Depuis l’exposition universelle de 1900, le Grand Palais a toujours été dédié
au rayonnement de la France dans ses multiples dimensions artistiques,
culturelles et festives. C’est dans cet esprit que des visites-conférences
seront régulièrement proposées aux visiteurs par le Centre des monuments
nationaux, à partir du 16 décembre prochain, pour leur permettre de découvrir
l’histoire et l’architecture de ce magnifique vaisseau de fer et de verre.

Vous savez que j’ai proposé au Premier ministre, qui l’a accepté et annoncé à
la FIAC, le 10 octobre dernier, de rendre au Grand Palais toute sa vocation
culturelle.

Après ces « Jours de Fêtes au Grand Palais » et le Téléthon, qui sera lancé
en direct du Grand-Palais, le 2 décembre prochain, après les défilés de
couture et de prêt-à-porter, au début de l’an prochain, le Grand Palais
accueillera Art Paris, évènement consacré au marché de l’art moderne et
contemporain, du 16 au 20 mars 2006, puis, en mai et juin, une exposition
consacrée à la création contemporaine en France, réalisée par la Délégation
aux arts plastiques de ce ministère.

Du 14 juillet au 15 août, dans le cadre de « Paris quartiers d’été », Le Grand
Répertoire, une exposition-spectacle unique, conçue et réalisée par François
Delarozière, rassemblera de façon ludique et vivante, d’extraordinaires
machines de spectacle, issues notamment des scénographies de la
compagnie Royal de Luxe.

En septembre, ce sera le tour de la Biennale des antiquaires, puis, début
octobre celui de défilés.

Ensuite, du 26 au 30 octobre, après avoir participé à la réouverture du Grand
Palais, en présentant un ensemble de performances, de projections et
d’installations, la FIAC 2006 occupera l’ensemble de la nef, soit plus de
12000 m², dans le cadre d’un projet nouveau, qui vous sera présenté dans le
semaines à venir.

Enfin, novembre, dans un an, sera le temps du rassemblement des salons
d’artistes, sous la verrière, qui les a vu naître.

Ainsi, le Grand Palais redevient l’un des coeurs battants du rayonnement
national et international de la création et de l’art français.

Remise des insignes de Commandeur dans l’ordre des Arts et Lettres à Alain Rey

29 novembre 2005

Mesdames, Messieurs, Chers Amis,

Nous sommes réunis ce soir, et fort nombreux, je m'en réjouis, pour faire
l’éloge d’un architecte ; de l’architecte d’un monument, au sens que le
Robert donne à ce mot : “une oeuvre imposante, vaste, digne de durer”.

Cher Alain Rey,

Comment qualifier autrement la colossale entreprise que Paul Robert vous
confia naguère et à laquelle vous avez consacré tant d’années de votre
vie ? Il ne s’agissait pas moins que de bâtir le Littré du XXe siècle. Ces
neuf volumes consacrés à notre langue se sont d’emblée imposés comme
une autorité indiscutée, tant en France qu’à l’étranger.

C’était en effet un ouvrage révolutionnaire : pour la première fois, un
dictionnaire prenait en compte, par de multiples renvois entre articles, la
circulation du sens, ce fin réseau d’échos entre les mots de notre langue
qui font partie de son génie. Du même coup, et bien avant l’arrivée de
l’informatique, vous inventiez la notion d’hypertexte, cette capacité d’aller
voir derrière le décor, pour ainsi dire, dans les coulisses des mots.

Un architecte n’est jamais seul. Et je m’en voudrais d’oublier ici tous ceux
qui, auprès de vous, s’attelèrent à cette tâche immense, et tout
particulièrement Henri Cottez et Josette Rey-Debove, votre épouse, qui
n’est plus parmi nous, hélas, pour partager aujourd’hui l’honneur qui vous
revient, mais vers qui ce soir se tournent nos pensées.

Autour de ce château, vous avez continué à construire. Le Petit Robert est
aujourd’hui dans tous les foyers. Il est aussi, et c’est dire sa consécration,
la référence incontournable des jeux de société, qui se multiplient à la
télévision comme ailleurs, et qui font de notre langue un véritable sport
national !

Pour les amoureux d’arbres généalogiques, le Dictionnaire historique du
français raconte l’évolution des mots, leur pedigree, leurs cousinages, les
péripéties de leurs transformations au cours des âges, depuis leur plus
lointaine origine jusqu’au français contemporain.

Je n’aurais garde d’oublier un ouvrage plus inattendu, le Dictionnaire du
français non conventionnel, dans lequel, avec votre complice Jacques
Cellard, vous analysez la langue verte avec un sérieux imperturbable où
perce, derrière l’érudition du savant, l'humour du clin d’oeil.

Enfin, vous venez à nouveau de créer l’événement, certains ont même
parlé de « Reyvolution », culturelle, bien sûr, sans doute en hommage à
l’aspect encyclopédique de cette formidable aventure humaine et
éditoriale. Je veux bien sûr parler de votre dernier-né, après dix années
de travail, avec Danièle Morvan et une centaine d’auteurs, le
Dictionnaire culturel en langue française, en quatre volumes, près de dix
mille pages magnifiquement imprimées sur un papier ivoire très fin, plus
de 70 000 mots et de 1300 encadrés passionnants qui leur confèrent
épaisseur, saveur et vie. C’est une véritable mine, ou plutôt un splendide
jardin de mots, de signes, de symboles et de sens, pour évoquer cet
enclos dont le nom persan est devenu notre paradis, comme vous le
rappelez dans votre lumineux « avant-propos, et après-faire ». Un jardin
ouvert sur le monde et sur toutes les richesses de la francophonie, un
espace multiculturel d’échanges et d’influences, une Babel où les mots
sont les instruments du dialogue des cultures et d’un « gai savoir »
humaniste. Une entreprise qui renoue avec l’inspiration de Pierre Bayle,
et surtout de Diderot et D’Alembert, au sens où ils avaient le dessein
« d’indiquer les liaisons éloignées ou prochaines des êtres qui
composent la nature , et qui ont occupé les hommes, …de former un
tableau général des efforts de l’esprit humain dans tous les genres et
dans tous les siècles ». Oui, au-delà des mots et de leurs définitions,
vous proposez une « bibliothèque imaginaire » – comme le musée de
Malraux – permettant d’appréhender, dans son ensemble, le « fait
culturel humain ». La diversité et l’originalité des citations ne sont pas
les moindres des attraits de la lecture de cette oeuvre, de cette somme
magistrales.

Cher Alain Rey, aujourd'hui, vous incarnez à vous seul un véritable
monde. Tout un monde. Le monde des mots. L'amour des mots, la
connaissance des mots : qui d'autre dans notre pays peut vous
surpasser dans l'érudition, la passion du verbe ? Je ne vois personne.

Vous avez accompli un tel travail lexical, vos dictionnaires représentent
une telle somme de savoir que vous êtes devenu un mythe vivant, celui
par qui le sens arrive. Combien de mains ont tourné les pages de vos
dictionnaires, combien de regards les ont parcourues en quête de la
signification exacte d'un mot, de son synonyme, d'un exemple d'emploi ?

Et puisqu’un ministre n’est qu’un serviteur, c'est tout un peuple qui
voudrait, ce soir, j'en suis persuadé, vous témoigner sa gratitude, son
besoin d'être guidé par vous à travers l'univers des mots. Oui, dussiez-vous
vous en défendre, vous êtes devenu une institution, c’est-à-dire un
repère essentiel. Et pourtant, malgré l'admiration que l'on vous porte de
tous côtés, vous êtes resté jeune, libre, audacieux. Parce que vous
gardez éternel, frais, intact en vous cet esprit d'aventure, ce goût du défi
intellectuel, cette envie d'arpenter tous les territoires du langage, de
traverser tous les pays, tous les territoires de la langue. Vous ouvrez
sans cesse des chantiers, vous recherchez toujours d'autres racines,
d'autres origines, tel un explorateur obstiné, hardi, seulement soucieux
de creuser, de révéler les merveilles enchevêtrées de notre langue.
C'est ainsi que vous allez désormais vous consacrer au trajet historique
de la langue française depuis le monde gaulois.

Une langue ne vit qu’à condition de se renouveler tout en restant fidèle à
elle-même. Cette tension entre la norme et la néologie est constitutive
de votre travail de lexicographe, « un travail bien dur et bien ennuyant
pour lui, mais bien utile aux autres », selon Trévoux – exemple de citation extraite de votre Dictionnaire culturel. Vous restez fidèle aux
deux forces concurrentes de l’histoire de notre langue, qui ont fondé sa
vitalité : affiner et inventer. Vous êtes soucieux de ne pas figer le
lexique, mais au contraire de l’enrichir de termes vivants et actuels. Pour
vous, la langue est un immense organisme qui n'a cessé de bouger, qui
bougera encore. Notre langue a une vie. Vous lui donnez la vôtre.

Cher Alain Rey,
Un abécédaire n’est pas un dictionnaire, loin s’en faut ! Mais puisque
l’alphabet est consubstantiel à votre oeuvre immense, sans pouvoir
l’évoquer tout entière, permettez-moi simplement d’essayer d’énumérer
quelques-unes de vos vertus, en veillant à les ranger, suivant votre
exemple, dans l’ordre alphabétique.
En commençant par A comme
amoureux des mots, car vous l’êtes à l’évidence ;

B comme Bourreau de travail, cela va sans dire ;

C comme Chercheur, évidemment.

D comme Déterminant, dans le sens de celui qui délimite, et Déterminé,
au sens de celui qui le fait avec résolution ;

E comme Étymologiste ; et là, je voudrais souligner votre passion de la
généalogie des mots, de tout ce qui va puiser du sens au creux de leur
origine.

F comme Fin et G comme Géomètre, puisque selon Pascal, ces deux
qualités fondent l’esprit scientifique.

Pour la lettre H, la Hache du censeur ne saurait vous convenir, mais
bien plutôt la Houlette du berger, ce bâton de rassembleur des mots que
vous avez choisi d’être.

I comme l’Investigation Incessante qui est votre lot et suppose
évidemment une Interaction permanente entre Intelligence et
Imagination.

J comme cette Jubilation, cette Jouissance que vous avez toujours
trouvées dans les mots ; vous-même confessez avoir dès votre prime
Jeunesse développé ce goût pour le Jeu entre le mot prononcé et le mot
écrit. Selon votre légende familiale, vous saviez parler avant de
marcher !

Goût du jeu qui vous a sans doute conduit à voir dans un dictionnaire
non une liste sèche et aride de termes, mais un véritable Kaléidoscope
d’idées, de sons et de couleurs.

Les vertus que je trouve ensuite dans ma liste décrivent le coeur de
votre métier : Lire et lire encore, être Méticuleux et méthodique,
Novateur et nuancé, Observateur et objectif, Patient et prudent,
Questionnant quotidiennement la langue… Avec évidemment la Rigueur
qu’exige la Science pour mener à Terme ces travaux titanesques que
nous célébrons aujourd’hui.

Mais vous ne vous contentez pas du calme de votre cabinet de travail.

Vous êtes partout le chantre de la langue, sur tous les fronts : cela
s’appelle l’Ubiquité.

A la radio, sur France Inter, chaque matin, c’est bien vous, la Voix de la
langue française, dans vos chroniques où votre verve débusque avec
virtuosité les sens secrets du vocabulaire.

Parvenu à ce point, je me sais, je me sens un peu guetté …

Je rappellerai simplement, en prélude à l’année de la francophonie, que
vous avez su accueillir, sans remonter aux Wisigoths, ce qui, en wallon
ou en wolof, avait contribué à enrichir notre langue.

Nulle Xénophobie chez vous, en effet, bien au contraire, puisque vous
faites place à la richesse de ces mots, de ces idées, de ces hommes
venus d’ailleurs, et puisque votre culture, n’en déplaise aux « puristes
pleureurs », et pour notre plus grand bonheur, est vraiment sans
frontières.

Toutes vertus qui supposent bien sûr cette patience qu’on n’attribue
guère qu’aux Yogis, et en tout cas à ceux qui savent rester Zen en toute
circonstance.

J’aurais aussi bien pu terminer sur zénith, mais je lui préfère le beau mot
de zèle ; ce zèle, cette “vive ardeur — selon votre propre définition — à
servir une cause à laquelle on est sincèrement dévoué”, qui vous a
permis d’édifier mot à mot, pierre à pierre, année après année, votre
monument au coeur de notre culture.

Alain Rey, au nom de la République, nous vous faisons Commandeur
dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Concert d’anniversaire des cent ans de l’Orchestre national de Lyon

26 novembre 2005

Monsieur le Ministre, Cher Dominique Perben,

Monsieur le Président du Conseil régional,

Monsieur le Sénateur-Maire,

Cher Jun Märkl,

Chère Anne Poursin,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Après ce magnifique concert anniversaire et après la visite de cette exposition
inédite, je suis très heureux de célébrer avec vous le dynamisme et la vitalité
de l’orchestre national de Lyon. Un centenaire, fidèle à sa tradition, qui ne
cesse d’innover et qui a su créer une véritable osmose avec son public.

J’en veux pour preuve – et quelle plus belle preuve de réussite ? – que nous
venons d’acclamer le choix du public lyonnais.

Transmettre le plus grand répertoire, mais aussi mettre en lumière la création
la plus contemporaine, pour faire vivre la musique d’hier et d’aujourd’hui, telles
sont, tout au long de ce siècle, pour le présent et pour l’avenir, l’audace et
l’excellence de votre phalange, devenue une institution majeure de notre vie
musicale, aux côtés de l’Opéra national et du Conservatoire national supérieur
de musique et de danse de Lyon, et un atout maître du rayonnement culturel
de votre métropole européenne, inscrite au patrimoine mondial de l’humanité.

Je veux à mon tour rendre hommage à la mémoire de votre père fondateur,
Georges-Martin Witkowski, fils de l’émigration polonaise de 1831, lieutenant de
lanciers et pianiste, qui crée en 1905 la Société des Grands Concerts, devenue
ensuite l’Association Philharmonique.

La passion et l’engagement de cette communauté de 80 musiciens, pour la
plupart amateurs au sens le plus fort de ce terme, inspirent encore aujourd’hui,
j’en suis sûr, les 102 solistes et instrumentistes qui ont brillamment repris le
flambeau et perpétué la flamme.

Après le premier concert donné il y a cent ans, presque jour pour jour, avec,
déjà, une ouverture de Wagner, l’orchestre affirme déjà sa vocation de
défendre les compositeurs français vivants, avec César Franck et Vincent
d’Indy, puis avec Florent Schmitt, Arthur Honegger, Albert Roussel, Paul
Dukas, Francis Poulenc, Darius Milhaud, André Jolivet.

Cette tradition d’ouverture à la création et aux compositeurs n’a cessé de se
développer jusqu’à nos jours, empruntant de nouvelles formes. C’est ainsi que,
dès 1991, l’Orchestre National de Lyon a été le premier à accueillir des
résidences de compositeurs, parmi lesquels Michaël Jarrell, Pascal Dusapin,
Jean-Louis Florentz et Philippe Hersant. Vous savez combien je suis attaché
au principe de résidence et à son développement. L’Orchestre National de
Lyon a su ouvrir la voie.

Il y a quarante ans, Lyon fut la première ville française où Marcel Landowski
installa un orchestre permanent.

Il y a trente ans, il devient le premier orchestre symphonique français doté
d’une salle, cet Auditorium Maurice Ravel et ses 2000 places, première salle
construite en France pour le seul usage musical. En ce domaine comme dans
d’autres, Lyon montre l’exemple. Et je me garderai ici de toute allusion à
Paris…

En 1979, il est la première formation symphonique européenne à se rendre
en Chine.

Votre orchestre est aussi pionnier pour sa conquête des jeunes publics et son
ouverture au futurs musiciens.

Je pense non seulement aux concerts scolaires qui, depuis 1983, font partie
intégrante de vos activités, mais aussi au travail exceptionnel de l’Orchestre
des Juniors et de l’Orchestre des Jeunes – issus des conservatoires de la
région et animés par le jeune chef associé Yannis Pouspourikas.

A vous tous, aux anciens et aux nouveaux venus, j’exprime, au nom de l’Etat
et de la France toute entière, ma reconnaissance pour l’oeuvre accomplie et à
poursuivre. Et je tiens à adresser ce soir un salut tout particulier à votre
doyenne, Madame Jeanne Severinoff, violoniste.

Je veux aussi rendre un hommage particulier aux maestros qui, dès lors que
l’orchestre est devenu permanent, en ont fait la phalange ambitieuse et
moderne que nous connaissons aujourd’hui. Louis Frémaux, bien sûr.

Et vous, cher Serge Baudo, cher Maître, qui êtes parmi nous aujourd’hui.
Votre direction musicale, de 1971 à 1987, a été décisive pour l’orchestre.

Vous avez assuré à votre formation un ancrage sans précédent dans la vie
régionale, en multipliant par dix le nombre des abonnés. Vous lui avez donné
sa pleine dimension internationale, avec des tournées de prestige, en Grèce,
à Prague ou en Chine, ainsi qu’au Japon et en Corée, sans oublier les
invitations aux festivals de Besançon et d’Aix-en-Provence. Sous votre
direction, cher Serge Baudo, l’orchestre forge son identité artistique, sa
« couleur » et explore un vaste répertoire de musique française. Je vous
exprime ici toutes mes félicitations.

Notre reconnaissance va aussi à Emmanuel Krivine qui, de 1987 à 2000,
offre à son tour à l’orchestre son exigence d’excellence, sa revendication
d’éclectisme, comme en témoigne le premier concert qu’il dirige, réunissant
les noms de Dvorak, de John McLaughlin et de Gershwin. Sous sa direction,
l’orchestre conforte son rayonnement national et international et ouvre son
répertoire à des intégrales : Varèse, Mahler, Webern.

Puis à David Robertson, de 2000 à 2004, joue avec inventivité et audace la
carte d’une relation renouvelée au public, innove dans la forme du concert et
dans l’ouverture de la programmation avec des moments forts tels « la
semaine Reich » ou « la semaine Boulez ».

Tous mes voeux s’adressent maintenant à vous, cher Jun Märkl, qui êtes en
fonction depuis septembre et désormais en charge de cet enfant d’un siècle,
de cette formation exceptionnelle, riche de son histoire et de ses projets.

Vos ambitions sont à la mesure de nos attentes. Vous savez que vous
pouvez compter sur notre soutien et sur celui de toute l’équipe de l’Orchestre
et de l’Auditorium, sous la direction générale d’Anne Poursin.

Je salue tout particulièrement l’initiative que vous avez lancée, conforme à
votre vocation européenne, avec les orchestres de Birmingham, de Francfort,
de Katovice et d’Helsinki, pour renforcer vos échanges. C’est ainsi que se
construit l’Europe de la culture, l’Europe concrète des oeuvres, des artistes et
des publics.

Je tiens à remercier particulièrement les représentants de l’Orchestre
symphonique de Birmingham et de l’Orchestre de la Radio de Francfort, ici
présents, dont les concerts ont marqué la célébration de ce centenaire.

Je remercie enfin l’ensemble des partenaires publics et privés qui, auprès de
l’Etat, de la région et de la ville, apportent leur soutien à l’Orchestre National
de Lyon.

Et je vous souhaite à tous un très heureux anniversaire et surtout, comme le
disait Verlaine :
De la musique avant toute chose,
De la musique encore et toujours !

88e Congrès de l’Association des Maires de France

26 novembre 2005

Il n’est pas de sujet plus actuel que celui de votre table ronde de cet après-midi : les maires, les jeunes et la culture. Vous êtes en première ligne, lorsqu’il s’agit de lutter contre toutes les formes de violence…

Monsieur le Président, cher Jacques Pélissard,
Mesdames, Messieurs les Maires,
Mesdames, Messieurs les Présidents de communautés,

C’est un grand honneur pour moi de participer à votre congrès et je vous remercie pour votre invitation à m’exprimer lors de cette séance de clôture. C’est aussi une grande émotion, pour l’élu municipal, pour le ministre que je suis, de pouvoir, pour la première fois, à travers votre assemblée, m’adresser ainsi à l’ensemble des maires de France.

Il n’est pas de sujet plus actuel que celui de votre table ronde de cet après-midi : les maires, les jeunes et la culture. Vous êtes en première ligne, lorsqu’il s’agit de lutter contre toutes les formes de violence, et le Premier ministre vous a clairement dit, en ouvrant solennellement votre congrès mardi, combien il entendait renforcer vos prérogatives dans ce domaine, aux côtés et en complément de l’action déterminée et forte menée par l’ensemble des services de l’Etat, et notamment ceux qui sont chargés, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy, du respect de l’ordre public et de la loi, essentiel à la vie en société. Vous êtes aussi en première ligne de la « mobilisation des cœurs et des esprits » à laquelle a appelé le Président de la République.

Vous jouez un rôle majeur en faveur de la cohésion sociale de la cité, dans chacune de vos communes, et dans la République dans son ensemble.

C’est pourquoi vous êtes les élus les plus populaires auprès de nos concitoyens. Vous êtes les élus les plus proches et vous connaissez parfaitement leurs besoins et leurs préoccupations. Je sais aussi les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de vos responsabilités, que je mesure à l’occasion de chaque réunion du conseil municipal, dans la ville dont je suis l’élu, et lors de chacun de mes nombreux déplacements à travers la France, où chaque rencontre avec vous, me permet de mieux cerner vos attentes et celles de nos compatriotes, afin de mieux y répondre.

Lorsque je suis allé, il y a une quinzaine de jours, dans le théâtre de Cergy-Pontoise – scène nationale – dévasté par les flammes, sans la presse, mais aux côtés du maire de Pontoise et du président de la communauté d’agglomération, au-delà même de notre désarroi et de la souffrance des équipes et des habitants devant la brutalité et la violence d’un tel acte destructeur, sans parler de son coût, ce qui était sans doute le plus douloureux, c’était l’atteinte portée au symbole même, à la volonté d’ouverture, de création, d’échange et de partage que ce lieu de culture et de vie incarne. Je parle au présent, parce que fort heureusement il n’est pas entièrement détruit. Je parle au présent parce que cette volonté, cette énergie, je sais, lorsque je vous rencontre, qu’elles sont présentes en chacun de vous. Et je suis venu vous dire que vous pouvez compter sur l’Etat pour les accompagner, pour les stimuler, les encourager. Car elles sont plus fortes que toutes les fractures de notre société, que tous les clivages partisans. Elles expriment l’intérêt général. Et elles illustrent le rôle fondamental de la culture dans nos communes, comme à l’échelle nationale et internationale, fondé à la fois sur une vision de l’avenir, ouverte sur la liberté, des liens entre les hommes, créateurs de solidarité, en faisant appel à ce qu’il y a de meilleur en eux. L’identité d’une ville, comme de tout territoire, est profondément enracinée dans sa culture, dans son patrimoine, dans sa mémoire, sans aucune nostalgie, sans l’enfermer dans le passé, mais en proposant au contraire des perspectives d’avenir, de construction, de création.

La culture est au cœur de l’activité et de l’attractivité de nos villes et de nos territoires. Les milliers de monuments et de sites, dont vous pouvez être légitimement fiers, les musées, les quelque 2000 festivals que vous organisez ou accueillez chaque année, les expositions, les manifestations et les équipements culturels que vous développez, le plus souvent en partenariat avec l’Etat, j’y reviendrai dans un instant, sont à la fois déterminants pour la qualité de la vie de vos habitants et de tous les visiteurs que vous accueillez, mais aussi pour le développement et le rayonnement de vos communes, qui sont avant tout des communautés humaines.

La première forme de citoyenneté, c’est-à-dire d’insertion dans la cité, dans la République, est souvent de nature culturelle. L’action culturelle, comme l’éducation artistique et culturelle, comme l’épanouissement personnel de chacun, reposent sur une même démarche : découvrir, apprendre, comprendre et créer. Une démarche qui demande du talent, du travail et des efforts, quelles que soient les formes d’expression ou de pratique artistiques. Et je tiens à citer quelques uns de ces domaines où l’engagement de l’Etat est significatif à vos côtés, où nous menons cote à cote cette politique culturelle commune, qui repose sur le rassemblement des énergies, dans le respect et la reconnaissance du rôle et des responsabilités de chacun.

C’est d’abord le soutien aux lieux et aux formations permettant d’accueillir et d’accompagner les pratiques artistiques dites émergentes, qui sont très répandues chez les jeunes, et je pense en particulier au réseau des scènes de musiques actuelles (SMAC), comme le Florida à Agen, non loin de chez vous, cher Francis Cabrel, Cher Monsieur le maire d’Astaffort, où il n’y a pas eu une voiture brûlée.

Dans le domaine si essentiel du spectacle vivant, dans l’immédiat, grâce au travail mené avec Jean-Louis Borloo, le gouvernement est déterminé à ce que, au sein 100 millions d’euros de crédits destinés aux associations pour relancer la politique d’égalité des chances dans les banlieues, des moyens forts soient dégagés pour que les acteurs du monde culturel participent pleinement à cette politique d’intégration. Ces crédits d’intervention, déconcentrés dans les directions régionales des affaires culturelles (DRAC), animatrices des pôles culture auprès des préfets de région, iront en priorité au soutien aux compagnies, dont nous connaissons le travail de proximité irremplaçable qu’elles effectuent dans les quartiers difficiles pour développer l’éveil et l’intérêt des jeunes pour la création artistique, participant ainsi, de manière emblématique, au renforcement de la cohésion sociale. Je pense par exemple à Gare au Théâtre à Vitry, dans le Val-de-Marne, où j’étais dimanche dernier, ou à la friche de la Belle de Mai, à Marseille, où j’ai lancé au début de cette année le Temps des Arts de la Rue, cher Jean-Marie Songy. Mais aussi, pour le cinéma, à l’opération Cinéville, pilotée par le Centre national de la Cinématographie, qui consiste à organiser dans les quartiers sensibles, hors temps scolaire et durant toute l’année, des opérations d’éducation à l’image ou des ateliers de pratiques artistiques liées au cinéma ou à l’audiovisuel, en partenariat avec vous et vos services, avec les exploitants, et avec la collaboration active des professionnels du cinéma.

Notre patrimoine, qui est notre mémoire, notre identité, appartient à tous. Il est ouvert à tous. Il doit être accueillant aux arts vivants et à la création d’aujourd’hui. Il a un rôle à jouer pour créer de nouveaux liens entre les générations. L’opération « les Portes du temps » organisée cet été à Fontainebleau a ainsi permis à 8000 jeunes de la région Ile-de-France de découvrir cet élément prestigieux de notre patrimoine national, au cœur de cette ville historique. Le succès de cette expérience et l’intérêt manifesté par les élus nous incitent à la reconduire et à l’élargir à d’autres monuments historiques de l’Etat, dans plusieurs régions, en coopération, bien sûr, avec vous et plusieurs d’entre vous m’ont déjà contacté.

Dans le domaine si important de la langue, de la lecture, du livre, qui est aussi l’une des clés de la relation à soi et aux autres, les bibliothèques, les médiathèques de proximité, les « Ruches », qui bénéficient de l’aide du ministère de la culture, aussi bien pour l’investissement que pour le fonctionnement, ont un rôle essentiel à jouer, sur l’ensemble de notre territoire, dans les zones fragiles, rurales, éloignées des « villes-centres », mais aussi dans les quartiers urbains périphériques.

Ces quelques exemples nous donnent la mesure des défis que nous avons à relever ensemble, dans chacune des communes, des communautés, des villes et des villages de France, pour placer la vie culturelle, facteur de développement, de rassemblement, d’identité, de reconnaissance, d’initiative, de dynamisme, de lien social, au cœur de la cité. Oui, j’espère vous avoir convaincu que votre politique culturelle, notre politique culturelle, car vous êtes les partenaires de l’Etat, n’est pas un supplément d’âme, mais devient aujourd’hui le socle de notre vivre ensemble.

Cycle cinématographique Martin Scorsese

26 novembre 2005

Je suis d’autant plus heureux de le souligner que c’est à nouveau la passion du cinéma, votre passion, et la nôtre aussi, la passion Scorsese, qui nous réunit ce soir, et jusqu’au mois de mars prochain, ici, au Centre Pompidou…

Monsieur le Président du Centre Pompidou, Cher Bruno Racine,
Cher Martin Scorsese,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux de vous retrouver ce soir. Après avoir eu la chance d’inaugurer à vos côtés la nouvelle Cinémathèque française, au 51 rue de Bercy, et découvert, grâce à vous et grâce à l’action de la Film Foundation que vous avez créée, le premier film en technicolor de Jean Renoir, Le Fleuve, magnifiquement restauré.

Ce soir-là, vous aviez évoqué ces films qui vous ont profondément marqués. « En regardant ces films » – avez-vous dit – « j’ai réalisé que le cinéma était un langage international et un art international pour tous ». Depuis, la communauté internationale a adopté, le 20 octobre dernier, sous les auspices de l’Unesco, à la quasi-unanimité, la convention qui inscrit pour la première fois la diversité culturelle dans le droit international. Depuis aussi, je me suis rendu aux Etats-Unis, pour la première fois en tant que ministre de la culture, où je vous ai d’ailleurs retrouvé à New York, cher Bruno Racine.

Et je tiens à vous dire combien le combat pour le respect des droits des créateurs, pour la diversité culturelle, unit tous ceux qui, de part et d’autre de l’Atlantique et sur tous les continents, ont à cœur à défendre l’expression des identités et de la créativité dans l’égale dignité de toutes les cultures. Ce combat qui est le nôtre est aussi le vôtre, cher Martin Scorsese.

Je suis d’autant plus heureux de le souligner que c’est à nouveau la passion du cinéma, votre passion, et la nôtre aussi, la passion Scorsese, qui nous réunit ce soir, et jusqu’au mois de mars prochain, ici, au Centre Pompidou, pour un moment exceptionnel, une rétrospective intégrale, doublée d’une « carte blanche », que vous a donnée le Centre Pompidou pour choisir, parmi ceux que vous voulez nous faire partager, les films que vous aimez.

Comme l’écrit Michael Henry Wilson, dans le livre d’entretiens qui sort à l’occasion de cet événement, vous avez su canaliser votre passion « dans une œuvre qui continue de s’élargir, jusqu’à embrasser toute la mémoire du monde ». Il est particulièrement significatif de commencer cet hommage qui vous est dédié et que vous dédiez à votre passion du cinéma par Mean Streets, qui n’est bien évidemment pas votre premier film, mais que l’on a pu décrire comme tel, parce que l’on peut y voir, sans doute, la matrice, la trame de vos obsessions, de votre regard sur « Little Italy », sur New York, sur l’Amérique, et sur la confrontation entre :

– le rêve, par exemple celui de Charlie, joué par Harvey Keitel, qui se voudrait le Saint-François d’Assise de son quartier ;
– la violence et l’énergie de Johnny Boy, incarné par Robert de Niro, qui commence ici son compagnonnage avec vous ;
– et l’aspiration à la rédemption qui gît au cœur de chacun de vos personnages.

Cher Martin Scorsese, au nom de vos amis du cinéma français et européens ici réunis, et au nom de tous les amoureux du cinéma et de tous les Français qui vous aiment, vous le savez, je vous remercie de nous donner l’occasion de voir et de revoir ce film

88e Congrès de l’Association des Maires de France

24 novembre 2005

Monsieur le Président, cher Jacques Pélissard,

Mesdames, Messieurs les Maires,

Mesdames, Messieurs les Présidents de communautés,

C’est un grand honneur pour moi de participer à votre congrès et je vous remercie
pour votre invitation à m’exprimer lors de cette séance de clôture. C’est aussi une
grande émotion, pour l’élu municipal, pour le ministre que je suis, de pouvoir, pour la
première fois, à travers votre assemblée, m’adresser ainsi à l’ensemble des maires
de France.

Il n’est pas de sujet plus actuel que celui de votre table ronde de cet après-midi : les
maires, les jeunes et la culture. Vous êtes en première ligne, lorsqu’il s’agit de lutter
contre toutes les formes de violence, et le Premier ministre vous a clairement dit, en
ouvrant solennellement votre congrès mardi, combien il entendait renforcer vos
prérogatives dans ce domaine, aux côtés et en complément de l’action déterminée et
forte menée par l’ensemble des services de l’Etat, et notamment ceux qui sont
chargés, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy, du respect de l’ordre public et de la loi,
essentiel à la vie en société. Vous êtes aussi en première ligne de la « mobilisation
des coeurs et des esprits » à laquelle a appelé le Président de la République.

Vous jouez un rôle majeur en faveur de la cohésion sociale de la cité, dans chacune
de vos communes, et dans la République dans son ensemble.

C’est pourquoi vous êtes les élus les plus populaires auprès de nos concitoyens.

Vous êtes les élus les plus proches et vous connaissez parfaitement leurs besoins et
leurs préoccupations. Je sais aussi les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice
de vos responsabilités, que je mesure à l’occasion de chaque réunion du conseil
municipal, dans la ville dont je suis l’élu, et lors de chacun de mes nombreux
déplacements à travers la France, où chaque rencontre avec vous, me permet de
mieux cerner vos attentes et celles de nos compatriotes, afin de mieux y répondre.

Lorsque je suis allé, il y a une quinzaine de jours, dans le théâtre de Cergy-Pontoise
– scène nationale – dévasté par les flammes, sans la presse, mais aux côtés du
maire de Pontoise et du président de la communauté d’agglomération, au-delà
même de notre désarroi et de la souffrance des équipes et des habitants devant la brutalité et la violence d’un tel acte destructeur, sans parler de son coût, ce qui était
sans doute le plus douloureux, c’était l’atteinte portée au symbole même, à la volonté
d’ouverture, de création, d’échange et de partage que ce lieu de culture et de vie
incarne. Je parle au présent, parce que fort heureusement il n’est pas entièrement
détruit. Je parle au présent parce que cette volonté, cette énergie, je sais, lorsque je
vous rencontre, qu’elles sont présentes en chacun de vous. Et je suis venu vous dire
que vous pouvez compter sur l’Etat pour les accompagner, pour les stimuler, les
encourager. Car elles sont plus fortes que toutes les fractures de notre société, que
tous les clivages partisans. Elles expriment l’intérêt général. Et elles illustrent le rôle
fondamental de la culture dans nos communes, comme à l’échelle nationale et
internationale, fondé à la fois sur une vision de l’avenir, ouverte sur la liberté, des
liens entre les hommes, créateurs de solidarité, en faisant appel à ce qu’il y a de
meilleur en eux. L’identité d’une ville, comme de tout territoire, est profondément
enracinée dans sa culture, dans son patrimoine, dans sa mémoire, sans aucune
nostalgie, sans l’enfermer dans le passé, mais en proposant au contraire des
perspectives d’avenir, de construction, de création.

La culture est au coeur de l’activité et de l’attractivité de nos villes et de nos
territoires. Les milliers de monuments et de sites, dont vous pouvez être légitimement
fiers, les musées, les quelque 2000 festivals que vous organisez ou accueillez
chaque année, les expositions, les manifestations et les équipements culturels que
vous développez, le plus souvent en partenariat avec l’Etat, j’y reviendrai dans un
instant, sont à la fois déterminants pour la qualité de la vie de vos habitants et de
tous les visiteurs que vous accueillez, mais aussi pour le développement et le
rayonnement de vos communes, qui sont avant tout des communautés humaines.

La première forme de citoyenneté, c’est-à-dire d’insertion dans la cité, dans la
République, est souvent de nature culturelle. L’action culturelle, comme l’éducation
artistique et culturelle, comme l’épanouissement personnel de chacun, reposent sur
une même démarche : découvrir, apprendre, comprendre et créer. Une démarche
qui demande du talent, du travail et des efforts, quelles que soient les formes
d’expression ou de pratique artistiques. Et je tiens à citer quelques uns de ces
domaines où l’engagement de l’Etat est significatif à vos côtés, où nous menons cote
à cote cette politique culturelle commune, qui repose sur le rassemblement des
énergies, dans le respect et la reconnaissance du rôle et des responsabilités de
chacun.

C’est d’abord le soutien aux lieux et aux formations permettant d’accueillir et
d’accompagner les pratiques artistiques dites émergentes, qui sont très répandues
chez les jeunes, et je pense en particulier au réseau des scènes de musiques
actuelles (SMAC), comme le Florida à Agen, non loin de chez vous, cher Francis
Cabrel, Cher Monsieur le maire d’Astaffort, où il n’y a pas eu une voiture brûlée.

Dans le domaine si essentiel du spectacle vivant, dans l’immédiat, grâce au travail
mené avec Jean-Louis Borloo, le gouvernement est déterminé à ce que, au sein 100
millions d’euros de crédits destinés aux associations pour relancer la politique
d’égalité des chances dans les banlieues, des moyens forts soient dégagés pour que
les acteurs du monde culturel participent pleinement à cette politique d’intégration.

Ces crédits d’intervention, déconcentrés dans les directions régionales des affaires
culturelles (DRAC), animatrices des pôles culture auprès des préfets de région, iront
en priorité au soutien aux compagnies, dont nous connaissons le travail de proximité
irremplaçable qu’elles effectuent dans les quartiers difficiles pour développer l’éveil et
l’intérêt des jeunes pour la création artistique, participant ainsi, de manière
emblématique, au renforcement de la cohésion sociale. Je pense par exemple à
Gare au Théâtre à Vitry, dans le Val-de-Marne, où j’étais dimanche dernier, ou à la
friche de la Belle de Mai, à Marseille, où j’ai lancé au début de cette année le Temps
des Arts de la Rue, cher Jean-Marie Songy. Mais aussi, pour le cinéma, à l’opération
Cinéville, pilotée par le Centre national de la Cinématographie, qui consiste à
organiser dans les quartiers sensibles, hors temps scolaire et durant toute l’année,
des opérations d’éducation à l’image ou des ateliers de pratiques artistiques liées au
cinéma ou à l’audiovisuel, en partenariat avec vous et vos services, avec les
exploitants, et avec la collaboration active des professionnels du cinéma.
Notre patrimoine, qui est notre mémoire, notre identité, appartient à tous. Il est ouvert
à tous. Il doit être accueillant aux arts vivants et à la création d’aujourd’hui. Il a un
rôle à jouer pour créer de nouveaux liens entre les générations.

L’opération « les
Portes du temps » organisée cet été à Fontainebleau a ainsi permis à 8000 jeunes
de la région Ile-de-France de découvrir cet élément prestigieux de notre patrimoine
national, au coeur de cette ville historique. Le succès de cette expérience et l’intérêt
manifesté par les élus nous incitent à la reconduire et à l’élargir à d’autres
monuments historiques de l’Etat, dans plusieurs régions, en coopération, bien sûr,
avec vous et plusieurs d’entre vous m’ont déjà contacté.

Dans le domaine si important de la langue, de la lecture, du livre, qui est aussi l’une
des clés de la relation à soi et aux autres, les bibliothèques, les médiathèques de
proximité, les « Ruches », qui bénéficient de l’aide du ministère de la culture, aussi
bien pour l’investissement que pour le fonctionnement, ont un rôle essentiel à jouer,
sur l’ensemble de notre territoire, dans les zones fragiles, rurales, éloignées des
« villes-centres », mais aussi dans les quartiers urbains périphériques.

Ces quelques exemples nous donnent la mesure des défis que nous avons à relever
ensemble, dans chacune des communes, des communautés, des villes et des
villages de France, pour placer la vie culturelle, facteur de développement, de
rassemblement, d’identité, de reconnaissance, d’initiative, de dynamisme, de lien
social, au coeur de la cité. Oui, j’espère vous avoir convaincu que votre politique
culturelle, notre politique culturelle, car vous êtes les partenaires de l’Etat, n’est pas
un supplément d’âme, mais devient aujourd’hui le socle de notre vivre ensemble.

Je vous remercie.

Clôture de la semaine de la publicité au Palais de Tokyo

24 novembre 2005

Monsieur le Président de l’Association des agences de conseil en
communication, Cher Hervé Brossard,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux de vous retrouver au Palais de Tokyo. C’est un lieu idéal
pour la semaine de la publicité, parce que c’est un lieu emblématique de la
modernité et de la création très contemporaine, dans toute sa diversité ; parce
que c’est un lieu en devenir, à l’image de votre activité qui ne cesse d’évoluer.

Bâti pour l’exposition universelle de 1937, ce palais était, dès l’origine, celui
des musées d’art moderne. L’aile Ouest, où nous nous trouvons, entièrement
réhabilitée, a été réinventée en 1999 comme un laboratoire, entièrement dédié
à la création actuelle, sous la direction de Jérôme Sans et Nicolas Bourriau. Et
le conseil d’administration est présidé par Maurice Lévy. Je souhaite en faire
un lieu phare, non seulement des arts plastiques français, mais aussi du
rayonnement international de toutes les formes de création. Vous y avez donc
toute votre place.

Prospectif, actif, mobile, interdisciplinaire et convivial, planétaire et local,
imaginatif et concret, ce lieu de culture, qui est aussi un lieu de vie, propose
des rencontres, souvent inattendues, parfois exceptionnelles, entre les arts
plastiques, le design, la mode, la littérature, la musique, la danse, la vidéo et le
cinéma. Et aujourd’hui, la publicité. Il me parait tout à fait naturel que ce lieu
vous soit ouvert. Ce n’est assurément pas un hasard si, dans notre belle
langue, les « créatifs » et les directeurs artistiques, sont au coeur de vos
métiers. Des métiers que vous exercez avec professionnalisme, fierté et
passion.

La pub fait appel à tous les arts, du graphisme, du design, du langage,
jusqu’aux sons, aux arts visuels, au cinéma. Dans tous ces domaines, la pub
est un creuset des jeunes talents.

C’est pourquoi, j’ai souhaité personnellement apporter mon parrainage à votre
manifestation. Oui, cette maison vous est ouverte. Le ministère de la culture et
de la communication aussi. Parce que les passerelles se multiplient entre la
pub et la création artistique. Ce fut sans doute toujours le cas, même au temps
bien révolu de la bonne vieille « réclame », chère à Marcel Bleustein-Blanchet,
car il n’a pas fallu attendre le mouvement profond, né Outre-Atlantique, du
Pop-Art, ni le génie d’Andy Warhol, pour que de nombreux artistes contribuent
à la création publicitaire. Leurs objets, leurs affiches, leurs figurines,
deviennent aujourd’hui des objets de collection, très recherchés sur le marché
de l’art.

Les artistes portent aussi sur elle, en l’utilisant, en la détournant, en la
tournant en dérision, un regard ironique, critique, caustique, qui interroge,
non pas seulement les modèles qu’elle propose, mais aussi la société de
consommation, aujourd’hui mondialisée, dont elle reflète à la fois les
aspirations et les frustrations.

Je tiens à rendre hommage à l’ouverture, à la diversité des thèmes que vous
avez traités pendant toute cette semaine, dans un esprit d’écoute,
d’échanges, de confrontations d’idées et de construction. Ce Forum, cette
agora de la publicité, que vous avez regroupé sous le thème de New Deal,
est lui aussi conforme à l’esprit de ce lieu et à l’ouverture, au
décloisonnement, que je souhaite promouvoir dans tous les domaines de la
culture et de la communication.

En effet, vous êtes les acteurs et les témoins de notre temps. Des capteurs
de tendances, souvent plus lourdes que le simple « air du temps ». Des
défricheurs d’idées et de formes nouvelles. Des précurseurs, des pionniers
qui dessinent nos rêves, nos envies, nos désirs, nos images. Parce que, dans
tous ces domaines, elle épouse ou provoque les convictions, les réflexions,
les prescriptions, les imaginations des hommes et des femmes, et aussi des
enfants, la publicité tout à la fois stimule, se nourrit de la créativité artistique
et prépare l’avenir. Ce faisant, elle interroge aussi notre modèle social, dans
ses forces, comme dans ses failles.

Parce que les nouveaux consommateurs, dont vous sondez les besoins et les
désirs, sont aussi des citoyens, face aux produits, aux services, comme aux
causes d’intérêt général, que vous avez pour mission de promouvoir, de faire
connaître, et non pas, simplement de « vendre », même si c’est – bien sûr –
très important.

Et je me réjouis que les Prix de la campagne citoyenne, parrainés par votre
association, avec le soutien de Radio France, aient été remis, à l’Assemblée
nationale, par son Président, pour récompenser le talent et l’originalité de ces
campagnes qui appellent à la générosité et à la prise de conscience. Les
liens que vous tissez, par votre travail, entre la citoyenneté et la publicité, sont
multiples.

Je vous l’ai dit, je connais, j’apprécie, et je tiens à rendre hommage au rôle
économique que vous jouez. Et je vous sais gré d’explorer les nouvelles
perspectives ouvertes par le développement des nouveaux médias. La
publicité se diversifie, en particulier sur Internet, et ces nouveaux territoires de
la communication sont pour beaucoup dans le dynamisme international du
secteur. Leur développement met en lumière, à la fois votre sensibilité à la
conjoncture économique générale, comme à celle de chacun des secteurs où
vous intervenez, mais aussi votre rôle moteur dans la croissance, et
l’économie dans son ensemble, en faveur de la consommation, de la
demande, de la création de richesses et de l’emploi.

La publicité est elle-même un gisement d’emplois. Je tiens à vous féliciter
d’avoir associé à ce Forum, non seulement les professionnels, mais aussi les
étudiants, les écoles, afin de leur faire découvrir concrètement l’univers de
vos métiers. On ne sait pas assez d’ailleurs, que le ministère de la culture et
de la communication est aussi celui de l’enseignement supérieur artistique et
culturel, et j’ai été très heureux d’inaugurer ce matin le Salon de l’éducation.

La publicité offre des débouchés importants aux étudiants formés dans nos
écoles prestigieuses, comme l’Ecole nationale supérieure de la création
industrielle ou l’Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, au graphisme,
au design, à la création sur tous les supports.

La publicité, c’est un domaine d’excellence de la France, qui compte plusieurs
champions mondiaux de ce secteur, extrêmement concurrentiel.

Vous êtes porteurs de l’attractivité et de l’image de la France dans le monde,
mais aussi, bien sûr, au sein même de notre pays.

Je note avec satisfaction que vous vous êtes attachés à traiter, non
seulement de la créativité, de l’innovation, des nouveaux langages de la
publicité, mais aussi de l’éthique, de la qualité de la création et du respect du
consommateur, qui me paraissent essentiels pour entraîner, sinon son
adhésion, du moins sa confiance.

Dans une société qui est sans doute plus optimiste qu’on ne le dit, mais
néanmoins prompte à se focaliser sur ses angoisses, sur ses peurs, sur ses
incertitudes face à l’avenir, nous vivons une crise de la représentation qui
touche à la fois le monde politique et les pouvoirs publics, sans doute aussi
un certain nombre d’organisations sociales et professionnelles, et plus
généralement un grand nombre d’instances de médiation, dont les médias et
le monde de la publicité font partie.

Dans ce contexte, je sais que vous êtes conscients de vos responsabilités.

Vous jouez merveilleusement avec les images, les couleurs, les sons et les
mots. Continuez à innover, à nous surprendre ! Et dans le domaine, qui m’est
cher, du respect de notre langue, faites-le en français ! Dans une société en
quête de sens, comme le dit justement votre président, les marques sont des
repères. La langue aussi, et plus généralement le respect qui fonde notre
« vivre ensemble ».

Tel est aussi, sans doute, le sens profond du New Deal que vous avez forgé
cette semaine. Plus qu’un pari, c’est un véritable défi, que je suis prêt à
relever avec vous. Soyez inventifs ! Soyez créatifs ! Osez ! Apportez-nous de
nouvelles idées, de nouvelles visions, pour accompagner les évolutions des
tendances du monde contemporain ! Allez plus loin ! Aidez-moi à faire
comprendre et partager cette conviction que la culture et la communication,
que la création, sont au coeur du rayonnement, de l’activité et de l’attractivité
de la France !

Je vous remercie.

88e Congrès de l’Association des Maires de France

24 novembre 2005

Monsieur le Président, cher Jacques Pélissard,
Mesdames, Messieurs les Maires,
Mesdames, Messieurs les Présidents de communautés,

C’est un grand honneur pour moi de participer à votre congrès et je vous remercie pour votre invitation à m’exprimer lors de cette séance de clôture. C’est aussi une grande émotion, pour l’élu municipal, pour le ministre que je suis, de pouvoir, pour la première fois, à travers votre assemblée, m’adresser ainsi à l’ensemble des maires de France.

Il n’est pas de sujet plus actuel que celui de votre table ronde de cet après-midi : les maires, les jeunes et la culture. Vous êtes en première ligne, lorsqu’il s’agit de lutter contre toutes les formes de violence, et le Premier ministre vous a clairement dit, en ouvrant solennellement votre congrès mardi, combien il entendait renforcer vos prérogatives dans ce domaine, aux côtés et en complément de l’action déterminée et forte menée par l’ensemble des services de l’Etat, et notamment ceux qui sont chargés, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy, du respect de l’ordre public et de la loi, essentiel à la vie en société. Vous êtes aussi en première ligne de la « mobilisation des cœurs et des esprits » à laquelle a appelé le Président de la République.

Vous jouez un rôle majeur en faveur de la cohésion sociale de la cité, dans chacune de vos communes, et dans la République dans son ensemble.

C’est pourquoi vous êtes les élus les plus populaires auprès de nos concitoyens. Vous êtes les élus les plus proches et vous connaissez parfaitement leurs besoins et leurs préoccupations. Je sais aussi les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de vos responsabilités, que je mesure à l’occasion de chaque réunion du conseil municipal, dans la ville dont je suis l’élu, et lors de chacun de mes nombreux déplacements à travers la France, où chaque rencontre avec vous, me permet de mieux cerner vos attentes et celles de nos compatriotes, afin de mieux y répondre.

Lorsque je suis allé, il y a une quinzaine de jours, dans le théâtre de Cergy-Pontoise – scène nationale – dévasté par les flammes, sans la presse, mais aux côtés du maire de Pontoise et du président de la communauté d’agglomération, au-delà même de notre désarroi et de la souffrance des équipes et des habitants devant la brutalité et la violence d’un tel acte destructeur, sans parler de son coût, ce qui était sans doute le plus douloureux, c’était l’atteinte portée au symbole même, à la volonté d’ouverture, de création, d’échange et de partage que ce lieu de culture et de vie incarne. Je parle au présent, parce que fort heureusement il n’est pas entièrement détruit. Je parle au présent parce que cette volonté, cette énergie, je sais, lorsque je vous rencontre, qu’elles sont présentes en chacun de vous. Et je suis venu vous dire que vous pouvez compter sur l’Etat pour les accompagner, pour les stimuler, les encourager. Car elles sont plus fortes que toutes les fractures de notre société, que tous les clivages partisans. Elles expriment l’intérêt général. Et elles illustrent le rôle fondamental de la culture dans nos communes, comme à l’échelle nationale et internationale, fondé à la fois sur une vision de l’avenir, ouverte sur la liberté, des liens entre les hommes, créateurs de solidarité, en faisant appel à ce qu’il y a de meilleur en eux. L’identité d’une ville, comme de tout territoire, est profondément enracinée dans sa culture, dans son patrimoine, dans sa mémoire, sans aucune nostalgie, sans l’enfermer dans le passé, mais en proposant au contraire des perspectives d’avenir, de construction, de création.

La culture est au cœur de l’activité et de l’attractivité de nos villes et de nos territoires. Les milliers de monuments et de sites, dont vous pouvez être légitimement fiers, les musées, les quelque 2000 festivals que vous organisez ou accueillez chaque année, les expositions, les manifestations et les équipements culturels que vous développez, le plus souvent en partenariat avec l’Etat, j’y reviendrai dans un instant, sont à la fois déterminants pour la qualité de la vie de vos habitants et de tous les visiteurs que vous accueillez, mais aussi pour le développement et le rayonnement de vos communes, qui sont avant tout des communautés humaines.

La première forme de citoyenneté, c’est-à-dire d’insertion dans la cité, dans la République, est souvent de nature culturelle. L’action culturelle, comme l’éducation artistique et culturelle, comme l’épanouissement personnel de chacun, reposent sur une même démarche : découvrir, apprendre, comprendre et créer. Une démarche qui demande du talent, du travail et des efforts, quelles que soient les formes d’expression ou de pratique artistiques. Et je tiens à citer quelques uns de ces domaines où l’engagement de l’Etat est significatif à vos côtés, où nous menons cote à cote cette politique culturelle commune, qui repose sur le rassemblement des énergies, dans le respect et la reconnaissance du rôle et des responsabilités de chacun.

C’est d’abord le soutien aux lieux et aux formations permettant d’accueillir et d’accompagner les pratiques artistiques dites émergentes, qui sont très répandues chez les jeunes, et je pense en particulier au réseau des scènes de musiques actuelles (SMAC), comme le Florida à Agen, non loin de chez vous, cher Francis Cabrel, Cher Monsieur le maire d’Astaffort, où il n’y a pas eu une voiture brûlée.

Dans le domaine si essentiel du spectacle vivant, dans l’immédiat, grâce au travail mené avec Jean-Louis Borloo, le gouvernement est déterminé à ce que, au sein 100 millions d’euros de crédits destinés aux associations pour relancer la politique d’égalité des chances dans les banlieues, des moyens forts soient dégagés pour que les acteurs du monde culturel participent pleinement à cette politique d’intégration. Ces crédits d’intervention, déconcentrés dans les directions régionales des affaires culturelles (DRAC), animatrices des pôles culture auprès des préfets de région, iront en priorité au soutien aux compagnies, dont nous connaissons le travail de proximité irremplaçable qu’elles effectuent dans les quartiers difficiles pour développer l’éveil et l’intérêt des jeunes pour la création artistique, participant ainsi, de manière emblématique, au renforcement de la cohésion sociale. Je pense par exemple à Gare au Théâtre à Vitry, dans le Val-de-Marne, où j’étais dimanche dernier, ou à la friche de la Belle de Mai, à Marseille, où j’ai lancé au début de cette année le Temps des Arts de la Rue, cher Jean-Marie Songy. Mais aussi, pour le cinéma, à l’opération Cinéville, pilotée par le Centre national de la Cinématographie, qui consiste à organiser dans les quartiers sensibles, hors temps scolaire et durant toute l’année, des opérations d’éducation à l’image ou des ateliers de pratiques artistiques liées au cinéma ou à l’audiovisuel, en partenariat avec vous et vos services, avec les exploitants, et avec la collaboration active des professionnels du cinéma.

Notre patrimoine, qui est notre mémoire, notre identité, appartient à tous. Il est ouvert à tous. Il doit être accueillant aux arts vivants et à la création d’aujourd’hui. Il a un rôle à jouer pour créer de nouveaux liens entre les générations. L’opération « les Portes du temps » organisée cet été à Fontainebleau a ainsi permis à 8000 jeunes de la région Ile-de-France de découvrir cet élément prestigieux de notre patrimoine national, au cœur de cette ville historique. Le succès de cette expérience et l’intérêt manifesté par les élus nous incitent à la reconduire et à l’élargir à d’autres monuments historiques de l’Etat, dans plusieurs régions, en coopération, bien sûr, avec vous et plusieurs d’entre vous m’ont déjà contacté.

Dans le domaine si important de la langue, de la lecture, du livre, qui est aussi l’une des clés de la relation à soi et aux autres, les bibliothèques, les médiathèques de proximité, les « Ruches », qui bénéficient de l’aide du ministère de la culture, aussi bien pour l’investissement que pour le fonctionnement, ont un rôle essentiel à jouer, sur l’ensemble de notre territoire, dans les zones fragiles, rurales, éloignées des « villes-centres », mais aussi dans les quartiers urbains périphériques.

Ces quelques exemples nous donnent la mesure des défis que nous avons à relever ensemble, dans chacune des communes, des communautés, des villes et des villages de France, pour placer la vie culturelle, facteur de développement, de rassemblement, d’identité, de reconnaissance, d’initiative, de dynamisme, de lien social, au cœur de la cité. Oui, j’espère vous avoir convaincu que votre politique culturelle, notre politique culturelle, car vous êtes les partenaires de l’Etat, n’est pas un supplément d’âme, mais devient aujourd’hui le socle de notre vivre ensemble.