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Projection du film 1802, l'Epopée Guadeloupéenne – cinémathèque française

Madame la Ministre, Chère Lucette Michaux-Chevry,

Monsieur le Directeur Général de la Cinémathèque, Cher Serge
Toubiana,

Monsieur le Directeur Général de Réseau France Outre-mer, Cher
François Guilbeau,

Cher Christian Lara,

Cher Yann Chayia,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux de vous accueillir à la Cinémathèque française,
au 51 rue de Bercy, dans ce haut lieu de la cinéphilie, de l’amour du
cinéma, de la passion des images et de la création, qui est avant
tout ce qui nous réunit ce soir. J’ai eu le plaisir de l’inaugurer il y a
quelques semaines, aux côtés de Martin Scorsese, juste avant que
la communauté internationale adopte, le 20 octobre dernier, sous
les auspices de l’Unesco, à la quasi-unanimité, la convention qui
inscrit pour la première fois la diversité culturelle dans le droit
international.

Et ce soir là, Scorsese a déclaré que c’est en regardant les films de
patrimoine, les films qui ont marqué l’histoire du cinéma, comme
ceux qui sont régulièrement projetés ici, qu’il a réalisé « que le
cinéma était un langage international et un art international pour
tous ».

Oui, je tiens à vous dire combien le combat pour le respect des
droits des créateurs, pour la diversité culturelle, unit tous ceux qui,
de part et d’autre des mers, et sur tous les continents, ont à coeur
de défendre l’expression des identités et de la créativité dans
l’égale dignité de toutes les cultures.

La présentation, ce soir, ici, de vos films, cher Christian Lara, cher
Yann Chayia, est doublement symbolique.

D’abord, ce lieu est un lieu de mémoire, la mémoire du cinéma,
mais aussi la mémoire des hommes. Et le film que nous allons voir
ce soir, cher Christian Lara, 1802 L’Epopée guadeloupéenne, est
une grande fresque historique. La fresque d’un peuple en quête de
sa liberté alors que, Bonaparte étant premier consul, les tractations
reprennent, pour rétablir l’esclavage, qui avait été aboli en 1794 par
la Convention, par le fameux décret du 16 pluviôse, An II.

A quelques jours du 2 décembre, c’est un pan de l’histoire de la
Guadeloupe, de l’histoire de France et de l’histoire de l’humanité
que votre film nous fait revivre, avec la lutte de tous ceux qui, sous
l’impulsion du lieutenant-colonel Louis Delgrès, ont choisi, il y a
deux cents ans, d’offrir leur vie en sacrifice à leur liberté, à leur
dignité, à nos valeurs.

Cher Christian Lara, vous êtes un pionnier. Depuis votre premier
court métrage, Lorsque l’herbe court, en 1968, jusqu’à votre premier
long métrage, en 1978, Coco la fleur, candidat, c’est avec votre
oeuvre que naît le cinéma antillais. Depuis, vos treize films nous
parlent des Antilles, de l’histoire de ces îles et de leurs peuples, de
leur quête d’identité et de leur lutte pour la liberté, cette « arme
miraculeuse » selon l’expression d’Aimé Césaire.

Depuis, vous avez été suivi par de nombreux talents. Je pense en
particulier à Gabriel Glissant, Constant Gros-Dubois, Benjamin
Jules-Rosette, Julius Amédée-Laou, Willy Rameau, Guy Deslauriers
et enfin Euzhan Palcy qui, grâce au succès international de Rue
Cases Nègres, d’après le livre de Joseph Zobel, a donné une
reconnaissance mondiale au cinéma antillais.

Je souhaite que vos films et que le film que nous allons voir ce soir,
soit vu sur nos écrans, petits et grands, partout en France, dans
l’hexagone, et je tiens à remercier pour leur engagement à vos
côtés, le Conseil régional de Guadeloupe – Lucette Michaux-Chevry
a soutenu dès le départ votre projet – et RFO, ainsi que votre
coproducteur Albert Pigot, qui vous ont permis de réaliser ce film.

Je tiens à saluer l’action de RFO pour diffuser et faire connaître la
créativité artistique exceptionnelle de l’Outre-mer, au sein de notre
paysage audiovisuel.

Tout récemment, le Président de la République, en décidant qu’un
canal de la TNT serait attribué à France Ô, dans des conditions à
définir, a manifesté à RFO cette confiance, et a pris là une décision
pleine de sens.

Et au-delà, je veux saisir l’occasion de votre présence ce soir pour
vous dire combien nous avons besoin de votre richesse, de votre
expression, de votre identité, dans leur diversité, dans leur pluralité,
qui doivent s’exprimer dans la production artistique et culturelle en
général, et notamment au cinéma et dans les médias.

C’est pourquoi, et c’est la seconde portée symbolique forte de notre
rencontre ce soir, je suis heureux de découvrir avec vous le court
métrage Monsieur Etienne de Yann Chayia. Ce film qui est votre
quatrième court métrage, a été sélectionné à Cannes cette année
par la semaine de la critique. Depuis, il a été présenté dans une
quinzaine de festivals à travers le monde. Et je sais que vous
travaillez à votre premier long métrage, intitulé Chroniques
antillaises.

Vous incarnez la nouvelle génération aux côtés de Christian
Grandman, Jean-Claude Flamand Barny, dont nous avons pu
apprécier le premier film très réussi Neg Marron, produit par
Mathieu Kassovitz, Marc Barrat, Chris Delaporte et Djibril Glissant,
ancien élève de la Fémis, dont le premier film, L’Eclaireur, a reçu l’avance sur recettes et sort le 15 février prochain. Je prie ceux que
j’aurais oubliés de bien vouloir m’en excuser.

J’ai tenu à ce que vos films soient présentés, non seulement aux
professionnels du cinéma ici présents – et c’est très important –
mais aussi à de jeunes talents, à des artistes, à des créateurs, que
je salue, et qui sont actifs dans de nombreuses disciplines
artistiques, et notamment les arts plastiques, mais aussi les arts de
la scène.

Vous ne faîtes pas seulement partie de votre paysage culturel. Vous
n’êtes pas seulement « différemment français », comme le disait
Greg Germain du théâtre de l’Outre-mer en Avignon, vous faites la
force du rayonnement culturel de la France, qui a beaucoup à
gagner à reconnaître, à respecter, et à mettre en commun, à
rassembler, non seulement votre histoire et votre mémoire, mais
aussi vos talents d’aujourd’hui.

Je vous remercie.

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