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88e Congrès de l’Association des Maires de France

Monsieur le Président, cher Jacques Pélissard,

Mesdames, Messieurs les Maires,

Mesdames, Messieurs les Présidents de communautés,

C’est un grand honneur pour moi de participer à votre congrès et je vous remercie
pour votre invitation à m’exprimer lors de cette séance de clôture. C’est aussi une
grande émotion, pour l’élu municipal, pour le ministre que je suis, de pouvoir, pour la
première fois, à travers votre assemblée, m’adresser ainsi à l’ensemble des maires
de France.

Il n’est pas de sujet plus actuel que celui de votre table ronde de cet après-midi : les
maires, les jeunes et la culture. Vous êtes en première ligne, lorsqu’il s’agit de lutter
contre toutes les formes de violence, et le Premier ministre vous a clairement dit, en
ouvrant solennellement votre congrès mardi, combien il entendait renforcer vos
prérogatives dans ce domaine, aux côtés et en complément de l’action déterminée et
forte menée par l’ensemble des services de l’Etat, et notamment ceux qui sont
chargés, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy, du respect de l’ordre public et de la loi,
essentiel à la vie en société. Vous êtes aussi en première ligne de la « mobilisation
des coeurs et des esprits » à laquelle a appelé le Président de la République.

Vous jouez un rôle majeur en faveur de la cohésion sociale de la cité, dans chacune
de vos communes, et dans la République dans son ensemble.

C’est pourquoi vous êtes les élus les plus populaires auprès de nos concitoyens.

Vous êtes les élus les plus proches et vous connaissez parfaitement leurs besoins et
leurs préoccupations. Je sais aussi les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice
de vos responsabilités, que je mesure à l’occasion de chaque réunion du conseil
municipal, dans la ville dont je suis l’élu, et lors de chacun de mes nombreux
déplacements à travers la France, où chaque rencontre avec vous, me permet de
mieux cerner vos attentes et celles de nos compatriotes, afin de mieux y répondre.

Lorsque je suis allé, il y a une quinzaine de jours, dans le théâtre de Cergy-Pontoise
– scène nationale – dévasté par les flammes, sans la presse, mais aux côtés du
maire de Pontoise et du président de la communauté d’agglomération, au-delà
même de notre désarroi et de la souffrance des équipes et des habitants devant la brutalité et la violence d’un tel acte destructeur, sans parler de son coût, ce qui était
sans doute le plus douloureux, c’était l’atteinte portée au symbole même, à la volonté
d’ouverture, de création, d’échange et de partage que ce lieu de culture et de vie
incarne. Je parle au présent, parce que fort heureusement il n’est pas entièrement
détruit. Je parle au présent parce que cette volonté, cette énergie, je sais, lorsque je
vous rencontre, qu’elles sont présentes en chacun de vous. Et je suis venu vous dire
que vous pouvez compter sur l’Etat pour les accompagner, pour les stimuler, les
encourager. Car elles sont plus fortes que toutes les fractures de notre société, que
tous les clivages partisans. Elles expriment l’intérêt général. Et elles illustrent le rôle
fondamental de la culture dans nos communes, comme à l’échelle nationale et
internationale, fondé à la fois sur une vision de l’avenir, ouverte sur la liberté, des
liens entre les hommes, créateurs de solidarité, en faisant appel à ce qu’il y a de
meilleur en eux. L’identité d’une ville, comme de tout territoire, est profondément
enracinée dans sa culture, dans son patrimoine, dans sa mémoire, sans aucune
nostalgie, sans l’enfermer dans le passé, mais en proposant au contraire des
perspectives d’avenir, de construction, de création.

La culture est au coeur de l’activité et de l’attractivité de nos villes et de nos
territoires. Les milliers de monuments et de sites, dont vous pouvez être légitimement
fiers, les musées, les quelque 2000 festivals que vous organisez ou accueillez
chaque année, les expositions, les manifestations et les équipements culturels que
vous développez, le plus souvent en partenariat avec l’Etat, j’y reviendrai dans un
instant, sont à la fois déterminants pour la qualité de la vie de vos habitants et de
tous les visiteurs que vous accueillez, mais aussi pour le développement et le
rayonnement de vos communes, qui sont avant tout des communautés humaines.

La première forme de citoyenneté, c’est-à-dire d’insertion dans la cité, dans la
République, est souvent de nature culturelle. L’action culturelle, comme l’éducation
artistique et culturelle, comme l’épanouissement personnel de chacun, reposent sur
une même démarche : découvrir, apprendre, comprendre et créer. Une démarche
qui demande du talent, du travail et des efforts, quelles que soient les formes
d’expression ou de pratique artistiques. Et je tiens à citer quelques uns de ces
domaines où l’engagement de l’Etat est significatif à vos côtés, où nous menons cote
à cote cette politique culturelle commune, qui repose sur le rassemblement des
énergies, dans le respect et la reconnaissance du rôle et des responsabilités de
chacun.

C’est d’abord le soutien aux lieux et aux formations permettant d’accueillir et
d’accompagner les pratiques artistiques dites émergentes, qui sont très répandues
chez les jeunes, et je pense en particulier au réseau des scènes de musiques
actuelles (SMAC), comme le Florida à Agen, non loin de chez vous, cher Francis
Cabrel, Cher Monsieur le maire d’Astaffort, où il n’y a pas eu une voiture brûlée.

Dans le domaine si essentiel du spectacle vivant, dans l’immédiat, grâce au travail
mené avec Jean-Louis Borloo, le gouvernement est déterminé à ce que, au sein 100
millions d’euros de crédits destinés aux associations pour relancer la politique
d’égalité des chances dans les banlieues, des moyens forts soient dégagés pour que
les acteurs du monde culturel participent pleinement à cette politique d’intégration.

Ces crédits d’intervention, déconcentrés dans les directions régionales des affaires
culturelles (DRAC), animatrices des pôles culture auprès des préfets de région, iront
en priorité au soutien aux compagnies, dont nous connaissons le travail de proximité
irremplaçable qu’elles effectuent dans les quartiers difficiles pour développer l’éveil et
l’intérêt des jeunes pour la création artistique, participant ainsi, de manière
emblématique, au renforcement de la cohésion sociale. Je pense par exemple à
Gare au Théâtre à Vitry, dans le Val-de-Marne, où j’étais dimanche dernier, ou à la
friche de la Belle de Mai, à Marseille, où j’ai lancé au début de cette année le Temps
des Arts de la Rue, cher Jean-Marie Songy. Mais aussi, pour le cinéma, à l’opération
Cinéville, pilotée par le Centre national de la Cinématographie, qui consiste à
organiser dans les quartiers sensibles, hors temps scolaire et durant toute l’année,
des opérations d’éducation à l’image ou des ateliers de pratiques artistiques liées au
cinéma ou à l’audiovisuel, en partenariat avec vous et vos services, avec les
exploitants, et avec la collaboration active des professionnels du cinéma.
Notre patrimoine, qui est notre mémoire, notre identité, appartient à tous. Il est ouvert
à tous. Il doit être accueillant aux arts vivants et à la création d’aujourd’hui. Il a un
rôle à jouer pour créer de nouveaux liens entre les générations.

L’opération « les
Portes du temps » organisée cet été à Fontainebleau a ainsi permis à 8000 jeunes
de la région Ile-de-France de découvrir cet élément prestigieux de notre patrimoine
national, au coeur de cette ville historique. Le succès de cette expérience et l’intérêt
manifesté par les élus nous incitent à la reconduire et à l’élargir à d’autres
monuments historiques de l’Etat, dans plusieurs régions, en coopération, bien sûr,
avec vous et plusieurs d’entre vous m’ont déjà contacté.

Dans le domaine si important de la langue, de la lecture, du livre, qui est aussi l’une
des clés de la relation à soi et aux autres, les bibliothèques, les médiathèques de
proximité, les « Ruches », qui bénéficient de l’aide du ministère de la culture, aussi
bien pour l’investissement que pour le fonctionnement, ont un rôle essentiel à jouer,
sur l’ensemble de notre territoire, dans les zones fragiles, rurales, éloignées des
« villes-centres », mais aussi dans les quartiers urbains périphériques.

Ces quelques exemples nous donnent la mesure des défis que nous avons à relever
ensemble, dans chacune des communes, des communautés, des villes et des
villages de France, pour placer la vie culturelle, facteur de développement, de
rassemblement, d’identité, de reconnaissance, d’initiative, de dynamisme, de lien
social, au coeur de la cité. Oui, j’espère vous avoir convaincu que votre politique
culturelle, notre politique culturelle, car vous êtes les partenaires de l’Etat, n’est pas
un supplément d’âme, mais devient aujourd’hui le socle de notre vivre ensemble.

Je vous remercie.

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88e Congrès de l’Association des Maires de France

Monsieur le Président, cher Jacques Pélissard,
Mesdames, Messieurs les Maires,
Mesdames, Messieurs les Présidents de communautés,

C’est un grand honneur pour moi de participer à votre congrès et je vous remercie pour votre invitation à m’exprimer lors de cette séance de clôture. C’est aussi une grande émotion, pour l’élu municipal, pour le ministre que je suis, de pouvoir, pour la première fois, à travers votre assemblée, m’adresser ainsi à l’ensemble des maires de France.

Il n’est pas de sujet plus actuel que celui de votre table ronde de cet après-midi : les maires, les jeunes et la culture. Vous êtes en première ligne, lorsqu’il s’agit de lutter contre toutes les formes de violence, et le Premier ministre vous a clairement dit, en ouvrant solennellement votre congrès mardi, combien il entendait renforcer vos prérogatives dans ce domaine, aux côtés et en complément de l’action déterminée et forte menée par l’ensemble des services de l’Etat, et notamment ceux qui sont chargés, sous l’autorité de Nicolas Sarkozy, du respect de l’ordre public et de la loi, essentiel à la vie en société. Vous êtes aussi en première ligne de la « mobilisation des cœurs et des esprits » à laquelle a appelé le Président de la République.

Vous jouez un rôle majeur en faveur de la cohésion sociale de la cité, dans chacune de vos communes, et dans la République dans son ensemble.

C’est pourquoi vous êtes les élus les plus populaires auprès de nos concitoyens. Vous êtes les élus les plus proches et vous connaissez parfaitement leurs besoins et leurs préoccupations. Je sais aussi les difficultés que vous rencontrez dans l’exercice de vos responsabilités, que je mesure à l’occasion de chaque réunion du conseil municipal, dans la ville dont je suis l’élu, et lors de chacun de mes nombreux déplacements à travers la France, où chaque rencontre avec vous, me permet de mieux cerner vos attentes et celles de nos compatriotes, afin de mieux y répondre.

Lorsque je suis allé, il y a une quinzaine de jours, dans le théâtre de Cergy-Pontoise – scène nationale – dévasté par les flammes, sans la presse, mais aux côtés du maire de Pontoise et du président de la communauté d’agglomération, au-delà même de notre désarroi et de la souffrance des équipes et des habitants devant la brutalité et la violence d’un tel acte destructeur, sans parler de son coût, ce qui était sans doute le plus douloureux, c’était l’atteinte portée au symbole même, à la volonté d’ouverture, de création, d’échange et de partage que ce lieu de culture et de vie incarne. Je parle au présent, parce que fort heureusement il n’est pas entièrement détruit. Je parle au présent parce que cette volonté, cette énergie, je sais, lorsque je vous rencontre, qu’elles sont présentes en chacun de vous. Et je suis venu vous dire que vous pouvez compter sur l’Etat pour les accompagner, pour les stimuler, les encourager. Car elles sont plus fortes que toutes les fractures de notre société, que tous les clivages partisans. Elles expriment l’intérêt général. Et elles illustrent le rôle fondamental de la culture dans nos communes, comme à l’échelle nationale et internationale, fondé à la fois sur une vision de l’avenir, ouverte sur la liberté, des liens entre les hommes, créateurs de solidarité, en faisant appel à ce qu’il y a de meilleur en eux. L’identité d’une ville, comme de tout territoire, est profondément enracinée dans sa culture, dans son patrimoine, dans sa mémoire, sans aucune nostalgie, sans l’enfermer dans le passé, mais en proposant au contraire des perspectives d’avenir, de construction, de création.

La culture est au cœur de l’activité et de l’attractivité de nos villes et de nos territoires. Les milliers de monuments et de sites, dont vous pouvez être légitimement fiers, les musées, les quelque 2000 festivals que vous organisez ou accueillez chaque année, les expositions, les manifestations et les équipements culturels que vous développez, le plus souvent en partenariat avec l’Etat, j’y reviendrai dans un instant, sont à la fois déterminants pour la qualité de la vie de vos habitants et de tous les visiteurs que vous accueillez, mais aussi pour le développement et le rayonnement de vos communes, qui sont avant tout des communautés humaines.

La première forme de citoyenneté, c’est-à-dire d’insertion dans la cité, dans la République, est souvent de nature culturelle. L’action culturelle, comme l’éducation artistique et culturelle, comme l’épanouissement personnel de chacun, reposent sur une même démarche : découvrir, apprendre, comprendre et créer. Une démarche qui demande du talent, du travail et des efforts, quelles que soient les formes d’expression ou de pratique artistiques. Et je tiens à citer quelques uns de ces domaines où l’engagement de l’Etat est significatif à vos côtés, où nous menons cote à cote cette politique culturelle commune, qui repose sur le rassemblement des énergies, dans le respect et la reconnaissance du rôle et des responsabilités de chacun.

C’est d’abord le soutien aux lieux et aux formations permettant d’accueillir et d’accompagner les pratiques artistiques dites émergentes, qui sont très répandues chez les jeunes, et je pense en particulier au réseau des scènes de musiques actuelles (SMAC), comme le Florida à Agen, non loin de chez vous, cher Francis Cabrel, Cher Monsieur le maire d’Astaffort, où il n’y a pas eu une voiture brûlée.

Dans le domaine si essentiel du spectacle vivant, dans l’immédiat, grâce au travail mené avec Jean-Louis Borloo, le gouvernement est déterminé à ce que, au sein 100 millions d’euros de crédits destinés aux associations pour relancer la politique d’égalité des chances dans les banlieues, des moyens forts soient dégagés pour que les acteurs du monde culturel participent pleinement à cette politique d’intégration. Ces crédits d’intervention, déconcentrés dans les directions régionales des affaires culturelles (DRAC), animatrices des pôles culture auprès des préfets de région, iront en priorité au soutien aux compagnies, dont nous connaissons le travail de proximité irremplaçable qu’elles effectuent dans les quartiers difficiles pour développer l’éveil et l’intérêt des jeunes pour la création artistique, participant ainsi, de manière emblématique, au renforcement de la cohésion sociale. Je pense par exemple à Gare au Théâtre à Vitry, dans le Val-de-Marne, où j’étais dimanche dernier, ou à la friche de la Belle de Mai, à Marseille, où j’ai lancé au début de cette année le Temps des Arts de la Rue, cher Jean-Marie Songy. Mais aussi, pour le cinéma, à l’opération Cinéville, pilotée par le Centre national de la Cinématographie, qui consiste à organiser dans les quartiers sensibles, hors temps scolaire et durant toute l’année, des opérations d’éducation à l’image ou des ateliers de pratiques artistiques liées au cinéma ou à l’audiovisuel, en partenariat avec vous et vos services, avec les exploitants, et avec la collaboration active des professionnels du cinéma.

Notre patrimoine, qui est notre mémoire, notre identité, appartient à tous. Il est ouvert à tous. Il doit être accueillant aux arts vivants et à la création d’aujourd’hui. Il a un rôle à jouer pour créer de nouveaux liens entre les générations. L’opération « les Portes du temps » organisée cet été à Fontainebleau a ainsi permis à 8000 jeunes de la région Ile-de-France de découvrir cet élément prestigieux de notre patrimoine national, au cœur de cette ville historique. Le succès de cette expérience et l’intérêt manifesté par les élus nous incitent à la reconduire et à l’élargir à d’autres monuments historiques de l’Etat, dans plusieurs régions, en coopération, bien sûr, avec vous et plusieurs d’entre vous m’ont déjà contacté.

Dans le domaine si important de la langue, de la lecture, du livre, qui est aussi l’une des clés de la relation à soi et aux autres, les bibliothèques, les médiathèques de proximité, les « Ruches », qui bénéficient de l’aide du ministère de la culture, aussi bien pour l’investissement que pour le fonctionnement, ont un rôle essentiel à jouer, sur l’ensemble de notre territoire, dans les zones fragiles, rurales, éloignées des « villes-centres », mais aussi dans les quartiers urbains périphériques.

Ces quelques exemples nous donnent la mesure des défis que nous avons à relever ensemble, dans chacune des communes, des communautés, des villes et des villages de France, pour placer la vie culturelle, facteur de développement, de rassemblement, d’identité, de reconnaissance, d’initiative, de dynamisme, de lien social, au cœur de la cité. Oui, j’espère vous avoir convaincu que votre politique culturelle, notre politique culturelle, car vous êtes les partenaires de l’Etat, n’est pas un supplément d’âme, mais devient aujourd’hui le socle de notre vivre ensemble.

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