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Assemblée générale du SPPMO

Monsieur le Président,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

L’an dernier, nous avions célébré ensemble, et débattu des « 60 ans d’action
et de conviction » qu’incarne votre syndicat. Je me réjouis d’être à nouveau
parmi vous aujourd’hui pour rappeler notre attachement commun à la presse
d’opinion et souligner le rôle éminent qui est le sien dans la formation du débat
public.

La simple lecture de la liste des titres membres du Syndicat professionnel de la
presse magazine et d’opinion illustre ce qui me semble être la singularité
première de votre organisation professionnelle, Monsieur le Président : la
diversité des sensibilités, notamment culturelles et politiques, de vos
adhérents. Le pluralisme d’expression prend ici tout son sens et la référence
jusque dans l’appellation du syndicat à la presse d’opinion n’est pas le fait du
hasard.

Et pourtant, c’est cette diversité même qui vous rapproche sur bien des points.

Je sais votre attachement à la solidarité qui, depuis la Libération, a cimenté la
presse française et qui s’est manifesté à travers la création d’organismes
coopératifs tels que les Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne ou la
Société Professionnelle des Papiers de Presse.

Je sais aussi Monsieur le Président, que votre syndicat est composé
d’entreprises à la personnalité forte et soucieuses de leur indépendance.

Je sais également que, pour nombre de vos adhérents, la faiblesse des
recettes publicitaires – qui bien évidemment n’est pas sans lien avec le choix
courageux d’être une presse d’opinion – est une spécificité d’ensemble, parfois
voulue, mais le plus souvent subie.

Bien évidemment, depuis la création de votre syndicat, le paysage de la presse
s’est singulièrement transformé et lorsque l’on examine aujourd’hui
l’environnement économique dans lequel évolue la presse, on ne peut
manquer de constater combien l’équilibre des entreprises de presse s’est
fragilisé.

La presse dans son ensemble et plus particulièrement la presse d’opinion
traverse une période difficile, marquée par l’érosion du lectorat, une
conjoncture publicitaire dégradée, tandis que les charges ne cessent de
croître.

Conscient de cette fragilité, l’État consent actuellement, pour la
modernisation de la presse française, un effort sans précédent. J’avais
obtenu l’année dernière du Parlement que la loi de finances pour 2005
consacre à la presse des moyens exceptionnels par leur ampleur, à hauteur
de 278 millions d’euros, en progression, à périmètre constant, de près de
30 % par rapport à l'année précédente, tandis que les seules aides directes à
la presse faisaient plus que doubler.

Avec un budget total de 280 millions d’euros, le projet de loi de finances pour
2006, adopté le 7 novembre par l’Assemblée nationale, et que je défendrai
prochainement devant le Sénat, consolide à la hausse l’effort sans précédent
consenti cette année. Cette persévérance dans le soutien à la presse écrite,
dans un contexte où les finances publiques restent fortement contraintes,
marque la cohérence de l’action du Gouvernement et sa volonté
d’accompagner des initiatives structurantes, susceptibles d’orienter
durablement le secteur sur la voie du développement éditorial, de
l’indépendance économique et du redressement.

Notre conviction, c’est que ces moyens doivent aller en priorité à la
modernisation du secteur. Car c’est l’indépendance économique, la viabilité
financière de chaque titre qui sont les meilleures garanties du pluralisme et de
l’indépendance de la presse.

Cela vaut plus pour les quotidiens qui supportent des coûts de fabrication
particulièrement élevés, mais cela vaut aussi pour l’ensemble des familles de
presse.

J’avais tracé devant vous l’année dernière notre feuille de route pour 2005. Je
souhaite saisir l’occasion que vous m’offrez de faire un premier bilan de cette
action et de vous indiquer les pistes de travail que nous explorerons l’an
prochain.
2005 a été en effet la première année d’application de nouveaux dispositifs
d’aide.

Je sais l’importance que revêt, pour vous, la diffusion par abonnements.
Signés le 22 juillet 2004, les accords État-Presse-Poste ont jeté les bases
d’un nouveau mode de relations entre les éditeurs, La Poste et l’État.

Ils permettent d’assurer l’avenir du transport postal de la presse, de garantir
l’égal accès de tous les lecteurs aux publications sur l’ensemble du territoire,
de préserver les conditions du pluralisme, d’améliorer la qualité du service, de
tenir compte aussi des exigences de rationalité économique qui s’imposent à
tout opérateur.

Après une première année d’application, je me félicite que la première
réunion de l’Observatoire constitué pour leur suivi ait été l’occasion d’en
dresser un bilan globalement satisfaisant même si, à ce stade, un certain
nombre de points restent à aplanir, s’agissant notamment de la mécanisation
des envois de presse.

Outre les profondes mutations du dossier postal, où la presse d’opinion s’est
particulièrement impliquée, nous nous sommes attaqués cette année avec
vigueur aux difficultés du système de diffusion de la presse.

Nous avons créé une nouvelle aide à la modernisation du réseau des
diffuseurs de presse, pour laquelle 3,5 millions d’euros ont été dégagés, afin
d’accompagner la refondation lancée par le Conseil supérieur des
messageries de presse. Ce dispositif, qui vient renforcer le plan global de
consolidation du réseau mis en oeuvre par la filière elle-même, vise à soutenir
les diffuseurs de presse dans l’effort de modernisation qu’ils doivent
accomplir pour dynamiser leur performance commerciale, dont dépend
directement la diffusion de la presse vendue au numéro. En 2006, le champ
des investissements éligibles au titre de l’aide sera étendu à certaines
dépenses liées à l’informatisation des points de vente, nécessaire pour
améliorer la réactivité commerciale du réseau et la gestion des flux et des
stocks. A cet effet, les crédits dédiés à cette aide augmenteront de près de
15 % par rapport à ceux de cette année.

Parallèlement, les autres fonds d’aide, dont la presse d’opinion bénéficie plus
particulièrement, verront leur dotation globalement maintenue. Ils ont d’ores
et déjà fait l’objet d’une modernisation importante afin d’en accroître
l’efficacité. C’est le cas, notamment, du « fonds d’aide à la distribution et à la
promotion de la presse française à l’étranger » dont bénéficient nombre de
titres présents ici aujourd’hui. Les aides ont été recentrées et ciblées sur des
zones géographiques définies comme prioritaires.

C’est également le cas de l’ancien « fonds presse et multimédia » qui, sous
sa nouvelle dénomination de « fonds d’aide au développement des services
en ligne des entreprises de presse » doit continuer à aider les éditeurs, au
moyen d’avances partiellement remboursables, à mettre à la disposition du
public leur contenu éditorial sur support numérique. Le développement des
services en ligne constitue en effet un enjeu majeur pour les entreprises de
presse, à la fois pour diversifier leurs sources de revenus, mais aussi pour
inverser la tendance à la baisse du lectorat. Un premier comité de sélection
de ce fonds s’est tenu le 11 octobre dernier et les premières aides accordées
sont en cours de versement.

La reconquête du lectorat passe évidemment par un effort spécifique et
stratégique en direction des jeunes lecteurs.

Malheureusement, la presse française ne souffre pas que d’une désaffection
du lectorat. L’une de ses faiblesses traditionnelles réside dans ses difficultés
à mobiliser des capitaux suffisants pour développer des projets
d’investissements répondant à ses besoins. En particulier, le défaut de fonds
propres est une caractéristique récurrente des entreprises de presse.

C’est la raison pour laquelle j’ai décidé que plusieurs mesures nouvelles de
nature à renforcer les fonds propres des entreprises de presse soient mises
en oeuvre ou étudiées dès 2006, telles qu’une réduction d’impôt pour les
personnes physiques qui décideraient de prendre des parts dans le capital de
certaines entreprises de presse, ou l’application au secteur de la presse des
dispositions de la loi relative au mécénat, aux associations et aux fondations.

Par ailleurs, la création d’un fonds de garantie dédié aux entreprises de
presse au sein de l’Institut pour le financement du cinéma et des industries
culturelles (IFCIC) devrait faciliter l’accès de ces entreprises aux prêts
bancaires nécessaires au financement de leurs investissements.

Vous le voyez, plus que jamais, l’État accompagne les mutations que vit
actuellement le secteur de la presse. Il le fait avec détermination, conscient
d’oeuvrer pour le bien de la démocratie elle-même. Il fait beaucoup mais il ne
peut tout faire.

La question de l’avenir de la presse d’opinion se pose en effet d’abord à la
presse elle-même. C’est la question de la qualité de l’information, de
l’impératif de rigueur, de la satisfaction de lecteurs devenus plus exigeants en
même temps que plus versatiles. C’est finalement le défi commun qu’ont à
relever les politiques et les médias : convaincre jour après jour par l’action,
par l’engagement, par la vérité des convictions et la réalité des faits, des
citoyens qui ne s’en laissent plus compter.

Le défi à relever est grand, pour vous comme pour nous. Il n’en est que plus
passionnant.

Je vous remercie.

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