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Remise des insignes de Chevalier dans l'ordre national de la Légion d'honneur à Régis Durand

Cher Régis Durand,

De votre jeunesse périgourdine, permettez-moi de retenir que
vous avez fait de solides études classiques jusqu'à l'obtention de
l'agrégation d'Anglais en 1965 à Bordeaux.

Votre esprit curieux vous pousse à effectuer votre service national
au titre de la coopération auprès de l'Université de Toronto. Ce
sera le début d'une longue et fructueuse carrière dans
l'enseignement, tout d'abord comme assistant à l'Université de
Bordeaux III, où vous préparez dans le même temps votre
doctorat. Votre thèse porte sur David Herbert Lawrence. Très
attaché à votre vocation d'enseignant et de chercheur, qui se
manifeste avec la publication en 1980 de votre premier ouvrage
consacré à Herman Melville, Signes et métaphores, vous
poursuivez votre carrière comme maître de conférences puis
professeur d'Anglais à l'Université de Lille III, et ce jusqu'en 1992.

Mais vous n'êtes pas homme à vous contenter d'un seul terrain
de réflexion. Vous développez dans le même temps une activité
d'écriture, comme critique d'art théâtral, qui vous conduit à fonder
en 1985, avec Antoine Vitez, Art du théâtre, publication de
référence dans ce domaine. La revue Art Press remarque vos
écrits et vous sollicite d'abord pour publier vos analyses sur le
monde du théâtre, puis vous signez de nombreux articles sur l'art
américain, et sur l'art contemporain, avant de développer vos
réflexions sur la photographie.

En 1988, vous publiez votre premier essai théorique aux éditions
de la Différence, Le Regard pensif et, au cours de cette même
année, vous organisez votre première exposition sur la
photographie plasticienne à la chapelle de la Salpétrière, et ce
dans le cadre du mois de la photo.

Dès lors, vos ouvrages sur la photographie seront très attendus,
qu'il s'agisse en 1990 de La part de l'ombre aux éditions de la
Différence ou en 1994 Habiter l'image aux éditions Marval.

Auteur de nombreux articles et essais dans les revues les plus
prestigieuses, vous n'avez de cesse d'interroger la place de la
photographie dans la pensée contemporaine.

Votre arrivée à la Délégation aux arts plastiques en 1992, vous
conduit pendant trois ans à analyser le fonctionnement et les
collections des Fonds régionaux d'art contemporain, à un
moment où leur rôle a parfois été contesté, et l'on vous doit
d'avoir mis en relief les fonctions artistiques et sociales
essentielles que jouent ces institutions en région.

Toutefois votre intérêt pour la photographie ne se dément pas et
Marie-Thérèse Perrin vous confie la direction artistique du
Printemps de Cahors. Entre 1993 et 1997, vous aurez à coeur de
montrer, au travers de votre programme, votre recherche sur la
photographie plasticienne comme ouverture sur les nouvelles
formes de l'art contemporain.

Nous savons par ailleurs que la réflexion que vous avez menée
sur le rôle que joue la photographie, comme interface entre l'art
et les medias, a nourri votre programmation à Cahors, au Centre
national de la Photographie, que vous dirigez depuis 1996, mais
aussi au travers d'expositions remarquées, comme Le monde
après la photographie, présentée en 1995 au musée d'art
moderne de Villeneuve d'Ascq et Sans commune mesure,
proposée en 2002 au Fresnoy.

Vous dirigez et animez le Centre national de la Photographie
jusqu'en 2003, date à laquelle vous prenez en charge la
direction du nouveau Jeu de Paume. C’est une mission difficile.

Vous parvenez à mener à bien la transformation de
l’établissement, désormais dédié à la diffusion de la
photographie et de l’image. Avec votre immense culture et votre
aptitude à fédérer les compétences et les énergies, vous
développez l’approche transversale et ouverte qui est désormais
la marque de ce musée, tant sur le plan chronologique, du XIXe
au XXIe siècle, que sur celui du décloisonnement des disciplines
et des pratiques, que vous vous attachez à mettre en valeur, en
réunissant la photo, la vidéo, le cinéma, les installations. Dans
ce lieu où vous avez à coeur de d’inviter le public à de nouvelles
rencontres et de nouvelles découvertes, tout en continuant
aussi à développer votre propre pensée, vous croisez des
mondes, pour reprendre le titre d’une exposition en cours sur le
document, en nous proposant des regards multiples, sur les
images, sur le réel et sur l’art d’aujourd’hui.

Vous avez souhaité associer les jeunes artistes à votre action,
ce dont je tiens à vous féliciter, en créant et en programmant
l'Atelier, véritable pépinière, qui a permis de révéler au public
une jeune génération de talents, et vous avez su mettre en exergue le rôle déterminant des entreprises privées, en
présentant les prestigieuses collections d'entreprises telles que
celles de Lhoist ou de NSM Vie.

Cher Régis Durand, au nom du Président de la République et en
vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons
Chevalier de la Légion d’honneur.

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