Rubrique ‘Discours 2006’

Remise des insignes de Chevalier dans l’ordre national du Mérite à Emmanuel Hoog

1 juin 2006

Cher Emmanuel Hoog,

Je suis très heureux de vous recevoir aujourd’hui rue de Valois, pour
honorer en vous un homme d’engagement, dont le parcours brillant
témoigne d’un investissement exemplaire au sein des grandes
institutions publiques, en faveur de l’intérêt général.

Ancien élève de l’Ecole Nationale d’Administration, vous débutez votre
carrière ici même, au ministère de la culture et de la communication, en
1988, en tant que responsable du bureau du budget et des affaires
financières à la direction de l’administration générale. Vous passez
quatre ans entre ces murs et si vous les quittez en 1992, c’est pour
relever le beau défi de la mission pour la création d’un Institut
international de l’Histoire des Arts de Paris, sur le site Richelieu-
Vivienne, dont vous êtes nommé rapporteur adjoint.

La même année, vous devenez administrateur du Théâtre de l’Odéon,
salle mythique que j’ai inaugurée avec énormément d’émotion, en avril
dernier, après la restauration qui lui a rendu toutes ses couleurs, tout
son lustre, toute sa splendeur.

En 1997, c’est une compagnie de théâtre, non moins prestigieuse, qui
bénéficie de votre expertise, puisque vous devenez directeur délégué du
prestigieux Piccolo Teatro de Milan. C’est l’année de l’inauguration du
Teatro Strehler, nouveau siège de cette célèbre compagnie italienne, du
nom de l’illustre et regretté Giorgio Strehler, qui la fonda après la
seconde guerre mondiale avec Paolo Grassi, et mourut à la fin de cette
même année, après le triomphe de sa mise en scène du Cosi Fan Tutte.
Puis, vous êtes nommé conseiller technique pour la culture et
l’audiovisuel auprès du Président de l’Assemblée nationale, Laurent
Fabius, pendant trois ans, avant de le suivre, toujours comme conseiller
technique, en charge de la culture et de l’audiovisuel, mais aussi des
entreprises de presse, au ministère de l’économie, des finances et de
l’industrie.

La grande expertise que vous avez acquise au long de ce parcours
exemplaire convainc le Président de la République de vous nommer en
2001 Président-Directeur-Général de l’Institut national de l’Audiovisuel.
Cela fait donc maintenant cinq ans, cher Emmanuel Hoog, que vous
avez pris les rênes de cette illustre institution, avec le talent et l’ardeur
que l’on connaît, pour contribuer avec vos équipes, à lui redonner un
sens, et de nouvelles perspectives.

Vous avez été le principal artisan de la réussite pleine et entière du
contrat d’objectifs et de moyens signé avec l’Etat l’année de votre
nomination, en mettant sur pied un programme ambitieux, qui concilie
missions de service public et développement des activités
concurrentielles.

Vous avez été un acteur essentiel, à l’énergie communicative, du plan de
sauvegarde et de numérisation du patrimoine audiovisuel. Visionnaire,
vous avez immédiatement compris les potentialités offertes par les
nouvelles technologies numériques, que vous avez exploitées au service
non seulement de la préservation des archives de l’audiovisuel, afin de les
transmettre aux générations futures, mais aussi de l’amélioration de leur
classement, de leur accessibilité, et de leur diffusion à un très vaste
public.

La mise en ligne d’une partie des archives de l’institut national de
l’audiovisuel a rencontré un immense succès, et grâce à vous, chacun
peut désormais revivre les grands moments de notre histoire récente,
grâce aux archives télévisuelles, découvrir des programmes mythiques, je
pense par exemple aux Shadocks, pour rendre hommage au génial
Claude Piéplu qui vient de nous quitter, ou encore visionner le journal
télévisé du jour de sa naissance.

Vous avez en effet offert à l’Institut national de l’audiovisuel un
rayonnement sans précédent, non seulement en France, mais aussi à
l’international, et votre élection à la présidence de la Fédération
Internationale des Archives de Télévision a largement contribué à la
mobilisation des énergies pour la préservation de toutes les mémoires
audiovisuelles dans le monde.

Je tiens à saluer à ce sujet toutes les
actions que vous avez menées, à l’image de la mission de solidarité en
faveur de l’Afghanistan, que vous avez mise en place à Kaboul, en 2002,
après la chute du régime taliban. Cette mission vise, en collaboration avec
la télévision afghane, à numériser plus de 17 000 heures de programmes,
et à proposer parallèlement, dans ce but, des formations à l’ingénierie
patrimoniale. Je pense à votre participation à la constitution, à Pnom
Penh, d’un centre des archives du Cambodge, animé par Rithy Panh.

En France et dans le monde, vous avez mis les technologies du futur au
service de la préservation et de la valorisation des grands moments du
passé et du présent. Homme de coeur, homme de culture, homme de
défis, vous êtes, je l’ai dit, un homme d’engagement, profond et solide, en
faveur de l’intérêt général, en faveur de notre patrimoine, au sens large,
de notre mémoire, de notre identité.

Cher Emmanuel Hoog, au nom du Président de la République et en vertu
des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans
l’Ordre national du Mérite.

Réunion de la commission nationale Culture – Handicap

1 juin 2006

Monsieur le Ministre, Cher Philippe,

Monsieur le Ministre, Cher Léon,

Monsieur le Délégué interministériel, cher Patrick Gohet,

Messieurs les Présidents,

Mesdames, Messieurs,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir rue de Valois, avec
mon collègue, Philippe Bas, pour cette cinquième réunion annuelle de la
Commission Culture-Handicap.

Le Président de la République a tenu à faire, vous le savez tous, de
l’insertion des personnes handicapés, l’un des grands chantiers de son
quinquennat, afin de permettre « à la société française de mieux
accueillir la différence et de recueillir ses richesses ».

L’année 2005, a été marquée par la publication, le 11 février, de la loi
pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées », mais aussi par l’élaboration
et la publication des décrets d’application qui permettront la mise en
oeuvre de cette grande ambition : « toute personne handicapée a droit à
la solidarité de l’ensemble de la collectivité nationale, qui lui garantit, en
vertu de cette obligation nationale, l’accès aux droits fondamentaux
reconnus à tous les citoyens, notamment (…) à l’éducation, à la
formation et à l’orientation professionnelle, à l’emploi (…) aux loisirs, au
tourisme, à la culture, à l’information et aux technologies de l’information
et au plein exercice de sa citoyenneté ».

Sans doute allez-vous revenir dans un instant, Cher Philippe, sur cette
oeuvre législative majeure qui, j’en suis convaincu, fera franchir à la
société française une nouvelle étape.

Mais, auparavant, je suis heureux de signer avec mon collègue Léon
Bertrand, la convention tourisme-handicap. Cette convention a pour
objet de mobiliser les services de nos deux ministères, en lien avec
l’association « Tourisme et Handicap », afin d’inciter davantage les
établissements culturels à accéder à la labellisation « Tourisme et
Handicap » sur la base de critères communs. Le ministère de la culture
et de la communication, pour sa part, a fait du pourcentage
d’équipements culturels bénéficiant du label « Tourisme et Handicap »,
l’un des objectifs majeurs de sa politique d’accès des publics à la
culture, dans le programme « Transmission des savoirs et
démocratisation de la culture », selon la dénomination de la loi
organique relative aux lois de finances (lolf).

La culture est au coeur de la cité. Et la culture, comme la cité, doivent être
accessibles à tous et à toutes.

En prenant en compte les besoins des personnes handicapées, en veillant
à favoriser un meilleur accès de l’ensemble des publics à la culture et aux
pratiques artistiques, comme aux moyens d’information et de
communication, ce ministère accomplit sa mission et sa vocation.

La Commission nationale Culture-Handicap constitue le lieu par
excellence des échanges, des appuis nécessaires. C’est aussi le lieu idéal
qui permet aux ministres, au délégué interministériel, aux directeurs
d’administration centrale, aux sociétés et aux établissements publics, aux
responsables des associations, d’impulser la mobilisation de tous, afin de
faire vivre, dans le domaine de la culture et de la communication,
essentiel à la vie personnelle et sociale, les trois grands principes, les trois
grandes valeurs inscrites aux frontons de nos édifices républicains.

Je tiens à remercier chacun d’entre vous pour votre participation à cette
commission. Je tiens à saluer en particulier :

– les associations représentatives des personnes handicapées qui s’engagent
activement, je le sais, dans chacun des groupes de travail, qui se
réunissent tout au long de l’année pour prolonger les recommandations et
les orientations de cette commission ;

– les services du ministère de la culture et de la communication, et les
établissements publics sous sa tutelle, qui sont également représentés au
plus haut niveau ;

– les sociétés de l'audiovisuel public, et notamment France Télévisions.
Le principe d’accessibilité généralisée affirmé par la loi « pour l’égalité des
droits et des chances, la participation à la citoyenneté des personnes
handicapées » constitue le cadre général de notre action qui doit se
décliner dans toute la diversité des dimensions, des modes d’expression
et des métiers de la culture et de la communication.

Et, au-delà même de la mission essentielle de ce ministère, qui est de
faciliter l’accès à la culture au plus grand nombre de nos concitoyens, et
de leur ouvrir l’accès à l’ensemble des formes de culture, il y a aussi, au
coeur de notre action, la conviction que les personnes handicapées ont un
rapport à notre monde et à notre environnement, qui peut apporter un
véritable « plus » à notre capacité de création dans tous les domaines de
l’art et de la culture. En étant des acteurs du renouvellement des langages
et des expressions créatrices, les personnes en situation de handicap
sont en position de contribuer à la diversité de l’offre culturelle, et par-là
même à la vitalité et au rayonnement de notre culture.

C’est pourquoi, au-delà de la priorité essentielle de l’accessibilité aux lieux
culturels et à l’offre de culture, le soutien aux pratiques et à
l’enseignement artistique, est tout autant essentiel.

La présente réunion nous permet de faire le point des initiatives et des
mesures mises en oeuvre et engagées depuis la dernière commission
nationale Culture/handicap qui a eu lieu le 29 novembre 2004 :

1. la mise en place de formation des professionnels de la culture :
Il y a, dans notre pays, un état d'esprit à faire évoluer, des mentalités à
changer. Il s'agit, à mes yeux, d'une condition préalable au succès de notre
action. L'injonction dans ce domaine ne suffit pas. Un travail de fond est
nécessaire, pour sensibiliser les professionnels de la culture, comme ceux
du milieu associatif. C'est un travail de longue haleine, indispensable.
Nous l’avons engagé.

Le plan de formation que nous avons conçu concerne en premier lieu les
professionnels du cadre bâti : la formation initiale et continue des
architectes et, notamment les Architectes des bâtiments de France (ABF).

S’agissant de la formation initiale des architectes, je tiens à souligner que
dans le cadre de la mise en place du système L.M.D (Licence, Master,
Doctorat), la France est l’un des rares pays à avoir institué dans les
programmes des écoles d’architecture, un module obligatoire de formation
pour la prise en compte des réponses au handicap dans les relations
architecturales.

S’agissant de la formation continue, l’application de la loi implique, pour le
ministère de la culture et de la communication, une évaluation du niveau
d’accessibilité de 600 établissements recevant du public et une
programmation de travaux, ainsi que la mise en place de mesures de
substitution en cas de dérogation pour contraintes relatives à la
préservation du patrimoine.

Par ailleurs, le ministère de la culture et de la communication a souhaité –
Décret modifiant le décret n°95-260 modifié du 8 mars 1995 relatif à la
commission consultative départementale de sécurité et d’accessibilité –
que les chefs des services départementaux de l’architecture et du
patrimoine qui auront été formés préalablement, puissent assister ou être
représentés avec voix consultative au sein des commissions. Celles-ci, en
effet, examineront les dossiers de demande de dérogation à la mise en
accessibilité des établissements recevant du public. Les solutions
permettant de concilier au mieux mise en accessibilité et protection du
patrimoine architectural doivent en effet être étudiées en amont.

Je souhaite que la mise en oeuvre de ce plan de formation se concrétise
dès cette année par l’organisation d’un séminaire de formation national et
de séminaires inter-régionaux (5 inter-régions) pour les professionnels du
cadre bâti, avec en priorité une implication des référents culture siégeant
au sein des Commissions consultatives départementales d’accessibilité et
de sécurité.

L’inscription de ce programme dans une dynamique européenne est
essentielle. Je salue la présence parmi nous de M. Alain Bony,
coordinateur du programme européen Equal « Les temps pour vivre
ensemble » qui nous accompagne dans la démarche.

Bien sûr, ces formations seront organisées en lien avec les partenaires
associatifs représentants les personnes handicapées. Il s’agit de créer
une culture commune sur les questions d’accessibilité des lieux de culture
aux personnes handicapées, tout en prenant en compte les contraintes
liées à la préservation du patrimoine.

Une telle formation implique la production d'outils techniques d'information
et de sensibilisation, d'où l'engagement d'une politique éditoriale, au sein
du ministère de la culture et de la communication, sous la forme d'une
collection de livrets sur l'accès à la culture et aux pratiques artistiques
pour les personnes handicapées, à destination des professionnels de la
culture.

Un premier guide « culture-handicap » à l'usage des professionnels des
structures culturelles, dont vous avez une épreuve dans vos dossier, sera
publié cette année. Ce guide pratique est le fruit d’une action concertée
entre mon administration, les établissements publics réunis dans le cadre
de la mission « handicap », pilotée par Jean-François Hébert, Président
de la Cité des sciences et de l’industrie, et l’ensemble des représentant du
Comité d’entente de cette commission. Il rassemble la charte d'accueil
des personnes handicapées au sein des équipements culturels, des fiches
techniques et les carnets de préconisations et de conseils développés
dans le rapport du comité de pilotage de la mission "Handicap".

Dans le même esprit, un guide plus spécifique sur l’accueil des personnes
handicapées au sein des structures culturelles de diffusion, sera
également publié cette année.

Par ailleurs, le décret sur la « formation à l'accessibilité pour les
professionnels de l'architecture et du cadre bâti », en cours de relecture,
précisera la liste des diplômes, certifications et titres concernés par
l’obligation de formation à l'accessibilité.

L’arrêté à ma signature, au delà des diplômes d’architecture, étend cette
obligation de formation aux professionnels participant à l’aménagement du
cadre bâti. Je pense tout particulièrement aux designers d’objets et aux
créateurs industriels, aux designers d’espaces ou encore de
communication.

2. L'accessibilité physique :
Il en est des équipements culturels comme de tous les lieux qui accueillent
du public : leur construction comme leur aménagement doivent satisfaire aux
exigences d'accessibilité définies par la loi du 11 février 2005. Mon ministère
s'engage dans un plan renforcé en matière d'accessibilité des équipements
culturels.

Je tiens à saluer la qualité des travaux des 23 établissements publics
participant à la mission « handicap », que vous présentera tout à l’heure
Jean-François Hébert, Président de la cité des sciences et de l’industrie,
qui a abouti à la réalisation d'améliorations d’ordre architectural, éditorial,
informatique et technique.

Je salue également l’exemplarité du travail en faveur des personnes
handicapées mené par le Centre des monuments nationaux, présidé par
M. Christophe Vallet, Président du CMN, qui nous présentera l’état des
lieux. Dès cette année, nous disposerons des résultats d’une étude sur
l’accessibilité de six monuments emblématiques.

3. L’accès des personnes handicapées aux pratiques artistiques
et aux métiers de la création :

Afin de tenir compte de la diversité et de la spécificité des handicaps, le
ministère de la Culture réunira, dès septembre 2006, un groupe de travail sur
ce thème impliquant les services des ministères en charge de la culture, des
personnes handicapées et de l'emploi, les associations représentatives des
personnes handicapées et des professionnels de terrain des secteurs
concernés.

L’égalité des droits et des chances commande un égal accès aux pratiques
culturelles, à ces pratiques amateurs qui peuvent, nous le savons, éclairer
notre vie et nous permettre un rapport direct intime, à l'art et à la culture.

Beaucoup de personnes handicapées souhaitent pratiquer une discipline
artistique. Il faut les y aider.

Mon ministère s'est d’ores et déjà engagé sur le thème de l'accès à
l'enseignement et à la pratique artistique des personnes en situation de
handicap. Une étude sociologique a été réalisée, par la Direction de la musique,
de la danse, du théâtre et des spectacles, sur ce thème et un séminaire de
restitution a eu lieu le 5 novembre dernier au Conservatoire national supérieur
de musique de Paris.

Cette action se poursuit, avec la programmation en 2006, d’un deuxième
séminaire national, consacré à l'enseignement du théâtre.

Le plan de relance pour l’éducation artistique que j’ai acté avec mon collègue
de l’éducation nationale encourage les actions en faveur de la pratique
artistique et culturelle au sein des écoles accueillant des élèves
handicapés.

Par ailleurs, parce que les personnes handicapées sont nombreuses à vivre
dans des institutions d'accueil ou à les fréquenter, la culture doit y être
présente. En effet, si les personnes handicapées ne peuvent aller vers la
culture, alors le devoir des professionnels de la culture est de faire en
sorte que la culture vienne à leur rencontre. L’expression artistique et
l’intervention culturelle au sein des institutions médico-sociales, est un
facteur de décloisonnement et de cohésion.

Mener des projets culturels avec les institutions d’accueil des personnes
handicapées, c’est faire en sorte que des artistes puissent y présenter
leurs oeuvres, mais c’est également offrir aux personnes handicapées qui
les fréquentent de nouveaux modes d’expression.

L’institution d’accueil des personnes handicapées peut offrir aux artistes
un rapport au public d’une autre nature que celui qui s’établit dans les
salles de spectacles ou d’exposition ; pour les équipements et institutions
culturels, il est l’occasion d’un travail hors les murs qui favorise des
relations durables avec une population qui n’entre pas toujours dans les
théâtres ou les musées.

Je suis heureux, en conséquence, de signer aujourd’hui, avec Philippe
Bas, une convention nationale culture/handicap qui donnera un cadre
dynamique à l’accès aux pratiques artistiques et culturelles au sein des
institutions.

Des conventions régionales ont d’ores et déjà été signées entre les
services déconcentrés de mon ministère et celui chargé des personnes handicapées, c’est le cas, pour les régions Picardie, Haute Normandie et
Pays-de-la-Loire.

3. Enfin, je ne sépare pas le contact avec la culture, du lien avec
l’audiovisuel et les industries culturelles :
Je suis également très attentif à l’accessibilité de la télévision et du
cinéma. Pour la première, je salue la présence de Thierry Bert, directeur
général de France Télévisions. Pour le second, je sais l’engagement du
Centre national de la cinématographie, dirigé par Véronique Cayla,
représentée ici par Anne Durupty, directrice générale adjointe.

Toutes ces actions, qu’elles concernent l’accessibilité au cadre bâti, à
l’offre culturelle, aux pratiques artistiques ou aux métiers de la culture
doivent être mieux connues des personnes handicapées, afin qu’elles
puissent véritablement s’en emparer.

C’est pourquoi les Maisons départementales des personnes handicapées
(MDH) sont des relais essentiels. Il est indispensable, que les services de
l’Etat et des collectivités territoriales agissent ensemble, afin d'offrir aux
personnes en situation de handicap et à leur famille l'information et
l'accompagnement, dont elles ont besoin pour un meilleur accès à l'art et
à la culture. Il est acquis pour notre ministère, comme pour les
associations représentatives des personnes handicapées et les
personnes elles-mêmes que l'accès à la pratique artistique et culturelle a
un rôle capital à jouer au sein du projet de vie de la personne handicapée.

Afin de contractualiser cet effort, le ministère est favorable au
conventionnement entre les maisons départementales des personnes
handicapées et les DRAC.

Mon collègue Philippe Bas a été sensible à cette proposition et je l’en
remercie.

Et bien aujourd’hui, je t’invite, et je vous invite tous, en vous remerciant
pour votre participation et vos propositions, à travailler ensemble, à
continuer à tisser de nouveaux liens. Des liens de culture et de
communication. Des liens essentiels à la cohésion et à l’avenir de notre
société.

Je vous remercie.

Présentation de l’ouvrage « L’essor du mécénat culturel en France, témoignages et pratiques »

31 mai 2006

Monsieur le Président , Cher René Carron,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux de vous recevoir aujourd’hui rue de Valois à
l’occasion de la parution d’un précieux petit ouvrage, L’Essor du
mécénat culturel en France, réalisé par la mission chargée du mécénat
au ministère de la Culture et de la Communication, grâce au soutien
amical du Crédit Agricole.

Je tiens à remercier M. René Carron, président de Crédit Agricole S.A.,
ainsi M. Georges Pauget, directeur général et Mme France Mazin,
responsable du mécénat et des relations publiques, d’avoir encouragé
ce projet et de lui avoir apporté tout leur soutien.

Le Crédit Agricole a été parmi les premiers à recevoir la médaille d’or qui
distingue les Grands Mécènes du ministère de la Culture et de la
Communication, distinction créée à la suite de la loi du 1er août 2003
relative au mécénat, et destinée à honorer nos mécènes et donateurs,
particuliers et entreprises, qui, par l’importance et la pérennité de leur
engagement, contribuent à la valorisation et à la diffusion de notre
culture. Depuis plus de trente ans en effet, le Crédit Agricole est un
partenaire enthousiaste et fidèle de la vie culturelle de notre pays, à tous
les niveaux.

Les caisses régionales du Crédit Agricole mènent des actions
exemplaires en faveur de l’animation culturelle de proximité, et
contribuent, avec la Fondation Pays de France, à la préservation et à la
valorisation du patrimoine local. Je tiens à saluer l’engagement profond
de cette Fondation, un engagement qui repose sur une conviction que je
partage : notre patrimoine, ce sont nos racines, mais c’est aussi notre
avenir. La culture, faite de l’alliance entre notre patrimoine et nos
créations, prend toute sa part à l’aménagement et au développement de
nos territoires, mais aussi, plus généralement, à la préservation de leur
identité, à la promotion de leur dynamisme.

Au niveau national, le Crédit Agricole oeuvre en faveur des métiers d’art
auxquels il contribue à ouvrir de nouvelles perspectives de
développement, mais il est également un mécène fidèle de grandes
institutions en France comme à l’étranger : je voudrais mentionner
évidemment le musée national des Arts asiatiques Guimet, pour lequel
le Crédit Agricole a financé l’acquisition des paravents d’Ogata Kôrin qui
illustrent la couverture de cet ouvrage, le musée du Louvre, mais aussi,
dans le domaine du spectacle vivant, la Comédie-Française, l’orchestre
philharmonique de Radio France, le Théâtre du Châtelet, mais encore
les Amis du Livre Contemporain, et, dernier acte de ce soutien
remarquable à la culture, les Arts Décoratifs, qui vont ouvrir au public en
septembre prochain, et avec lesquels le Crédit Agricole est en train de
signer une convention.

Je salue aujourd’hui cette générosité exemplaire, qui s’exprime également
dans les domaines de la solidarité et de l’environnement.

Venons-en maintenant, si vous le permettez, à ce petit livre que j’ai le
plaisir de vous présenter et qui a pour but d’illustrer, à travers un choix
d’une quarantaine d’opérations significatives, les avancées du mécénat
dans notre pays, favorisées par un nouveau cadre juridique et fiscal.

Cet ouvrage, comme l’indique son sous-titre, est un recueil de
témoignages et de bonnes pratiques. Il vient à point nommé, presque trois
ans après l’adoption, le 1er août 2003, de la loi relative au mécénat, aux
associations et aux fondations qui a créé un dispositif juridique et fiscal
parmi les plus avantageux en Europe. Il restait à l’appliquer, et à la faire
fructifier. Et l’application qui en a été faite a montré que cette loi n’était en
rien le prélude d’un quelconque désengagement de l’Etat. Elle marquait
au contraire un geste fort des pouvoirs publics, un appel à la mobilisation
de toutes les énergies, de tous les acteurs de la société, pour soutenir les
grandes causes d’intérêt général.

Nous avons tous perçu avec beaucoup de satisfaction les signes d’un réel
essor du mécénat culturel dans notre pays. L’application de la loi a permis
l’émergence d’un mécénat riche, varié, aux multiples visages, aux
multiples expressions, du niveau local aux opérations d’envergure
internationale, du mécénat exclusif au club de partenaires, du mécénat en
nature au mécénat de compétence, en passant par le mécénat qui croise
culture et solidarité.

J’ai tenu à ce que ce recueil mette en lumière cet
éventail très large de possibilités offertes par la loi, à travers une
quarantaine d’expériences réussies, originales et significatives. Vous en
avez vous-même pu admirer un très bel exemple, à votre arrivée, dans la
cour du Palais Royal : le magnifique jardin des sens, réalisé à l’occasion
des Rendez-vous aux jardins, dont Gaz de France, Moët Hennessy,
Truffaut et l’Occitane sont des mécènes fidèles.

Parce que le mécénat n’est pas réservé aux grandes institutions et aux
grands groupes, parce qu’il devient, de plus en plus, un facteur de
développement de nos territoires, mais aussi de cohésion et de
décloisonnement, en favorisant la rencontre des milieux privés et public,
des acteurs de l’économie et de ceux de la culture, je souhaite que ces
exemples pratiques encouragent de nouveaux mécènes et de nouveaux
établissements culturels à se lancer dans cette belle aventure. Je souhaite
également, pour cela, qu’il soit diffusé le plus largement possible, et je ne
doute pas que ce premier tirage à 3000 exemplaires sera vite épuisé.

Si constantes soient les responsabilités de l’Etat dans le domaine culturel,
le monde de la culture et de la communication ne peut que puiser un
nouvel élan de dynamisme et de créativité dans ce vaste engagement de
toute la société. Et c’est, au fond, le but de cet ouvrage : démontrer qu’il
n’y a pas d’un côté le monde de la culture et de l’autre le monde des
affaires. Ces deux mondes sont ouverts l’un à l’autre et c’est heureux. Et
la publication de cet ouvrage est le reflet de ce dialogue nouveau.
Je remercie donc la mission chargée du mécénat au ministère, du travail
qu’elle a accompli en quelques mois pour éditer cet ouvrage, sous la
direction de François Erlenbach, tout d’abord, puis de Robert Fohr, que je salue. Je rappelle que, dans le but de promouvoir la loi du 1er août 2003
auprès du public le plus large possible, la mission mécénat a réalisé un
vaste maillage du territoire : des correspondants ont été nommés dans les
établissements publics culturels, et après la signature de protocoles
d’accord au niveau national, avec les chambres de commerce et
d’industrie et le Conseil supérieur du notariat, et bientôt avec les experts
comptables, les commissaires aux comptes et les directeurs financiers.

Autant d’interlocuteurs susceptibles d’entamer ou d’approfondir le
dialogue nécessaire entre les acteurs de la culture et de l’économie.

Je vous remercie.

Remise du prix 2006 du meilleur mémoire de 3e cycle dur le mécénat culturel

31 mai 2006

Madame la Présidente du jury, chère Sophie Durrleman,

Monsieur le Président, cher René Carron,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Je vais maintenant remettre le prix du meilleur mémoire sur le mécénat
culturel.

Créé en 2005 par la mission mécénat du ministère, ce prix récompense
des étudiants de l’enseignement supérieur qui ont mené à bien un travail
exemplaire d’enquête et de réflexion sur le développement du mécénat
en France et à l’étranger. Le lauréat est invité à participer à un voyage
organisé par la Délégation au Développement et aux Affaires
Internationales dans le cadre d’une mission Malraux.

Cette année treize mémoires ont été pré-sélectionnés, universités et
écoles de commerce confondues. Leur diversité, et leur grande qualité
témoignent de la prise de conscience par l’enseignement supérieur du
véritable enjeu que représente le mécénat pour notre pays.

Le jury, réuni sous la présidence de Mme Sophie Durrleman, directrice
générale des Arts décoratifs, a décerné le prix à Mlle Karen Nielsen,
étudiante en DESS « Coopération artistique internationale » à
l’Université de Paris VIII, pour son mémoire intitulé Le don à l’épreuve de
l’économie : théories et pratiques du mécénat culturel. En vous
remettant ce diplôme, je tiens à vous féliciter pour l’originalité de votre
sujet et l’intelligence avec laquelle vous l’avez traité.

Le jury a tenu également à décerner une mention spéciale à Mlle
Pauline Graulle, étudiante en DEA « Sociologie du pouvoir » à
l’Université de Paris VII, pour son mémoire Le mécénat culturel, ou
comment échanger de l’argent contre du symbole : étude des
motivations d’adhésion des particuliers à l’Association pour le
Rayonnement de l’Opéra de Paris, dont je tiens à saluer ici, en remettant
ce diplôme, la qualité exceptionnelle, tant pour la formulation que pour
l’approche du sujet.

J’adresse toutes mes félicitations aux lauréats et aux enseignants
chercheurs qui ont dirigé les travaux. Je remercie toutes les équipes
pédagogiques et de recherche qui font progresser la connaissance et la
cause du mécénat en France, ainsi que tous les candidats à ce prix, qui
témoignent que le mécénat est bien une voie d’avenir.

60 ans du Centre national du Livre

31 mai 2006

Monsieur le Président du Centre National du Livre, cher Benoît Yvert,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Le Centre national du livre fête cette année, non seulement les vingt ans
de son installation dans l’hôtel d’Avejan, mais aussi son soixantième
anniversaire.

C’est une très belle histoire que celle du Centre national du livre. Une
histoire insuffisamment connue, puisque si les acteurs de la chaîne du
livre connaissent bien sûr l’existence du Centre, un grand nombre
d’entre eux en ignore encore les rouages, le fonctionnement. Ainsi, le
très complet Dictionnaire des politiques culturelles, réalisé à la demande
de l’un de mes prédécesseurs, ne possède même pas d’entrée « Centre
national du livre » ! Profitons donc de ce soixantième anniversaire pour
réparer cette injustice et mieux faire connaître cette institution
essentielle, soutien fondamental de tous les acteurs du livre, de l’écriture
à la lecture.

D’abord Caisse nationale des lettres lors de sa création par la loi du 11
octobre 1946, devenu Centre national des lettres en 1973, puis le Centre
national du livre en 1993, le CNL est resté fidèle aux objectifs
stratégiques définis il y a maintenant soixante ans : « soutenir et
encourager l'activité littéraire des écrivains français, favoriser par des
subventions, avances de fonds ou tous autres moyens, l'édition ou la
réédition par les entreprises françaises d'oeuvres littéraires dont il
importe d'assurer la publication ». Soutenir l’ensemble de la chaîne du
livre, telle était sa mission originelle ; elle est restée inchangée.

Le Centre l’a remplie avec constance et l’a même élargie, depuis, à de
nouveaux territoires. Mais la démarche, à travers les années, est
demeurée la même ; le dispositif des aides du CNL, financées par une
taxe sur les appareils de reprographie et une taxe sur le chiffre d’affaires
des éditeurs, est aujourd’hui apprécié de tous les auteurs, traducteurs,
éditeurs, libraires et bibliothécaires, et très envié à l’étranger, comme je
le constate à chacun de mes déplacements.

Le Centre national du livre ne s’est pas contenté d’accompagner la vie
de l'édition française, mais il l’a aussi souvent devancée, de quelques
pas, de quelques mesures, par ses incitations financières comme par
ses initiatives en matière d’études.

L’esprit du CNL n'est pas un esprit parisien ni parisianiste, même si nous
sommes ici au coeur de Paris, non loin de Saint Germain des Prés, dans
le quartier des éditeurs, dans cette ancienne demeure de la rue de
Verneuil, rénovée il y a vingt ans ; au contraire, le CNL n'a cessé de faire
participer, de réunir tous ceux qui, à travers notre pays, se consacrent
au livre ; il a toujours cherché à fédérer toutes les compétences, toutes
les énergies, pour permettre au livre de continuer à occuper une place
centrale dans notre culture.

Les différentes commissions consultatives de l’établissement, aujourd’hui
au nombre de 14, sont le reflet de ce formidable rassemblement
d’expertises, puisqu’elles réunissent écrivains, universitaires, journalistes,
chercheurs, artistes, traducteurs, critiques, éditeurs, libraires,
conservateurs, animateurs de la vie littéraire pour étudier les demandes
de subventions ou de prêts, et s’appuient elles-mêmes sur un vaste
réseau de collaborateurs extérieurs, lecteurs et rapporteurs, pour émettre
leurs avis. Adaptées à l'évolution du paysage éditorial, à la fois
spécialisées et ouvertes, elles ont pour mission de veiller, dans un esprit
éclectique, à ce que tous les genres littéraires soient représentés.

e tiens
à remercier aujourd’hui les présidents ainsi que les membres de ces
commissions, grâce au travail, à l’investissement et à la passion desquels
le Centre irrigue, par l’ensemble de ses aides, non seulement les divers
domaines littéraires, mais aussi tout le territoire national.

Evidemment, le Centre apporte une attention particulière à certains
secteurs éditoriaux. « S'il y a beaucoup de revues, […], s'il y a encore une
édition de théâtre, une édition de poésie, c'est grâce aux activités du
CNL », comme le rappelait récemment et justement Christian Bourgois.

Oui, encourager les entreprises éditoriales exigeantes et novatrices,
garantes de la diversité et du renouveau de notre culture, mais aussi
favoriser la vitalité des revues, creusets de la vie littéraire et intellectuelle
française, tel est assurément le coeur de métier du Centre. Comme le
rappelait le Président de la République à l’occasion du dernier Salon du
livre de Paris, « les écrivains, les éditeurs et les libraires qui prennent des
risques doivent être mieux épaulés ». « Le CNL, ajoutait-il, joue à cet
égard un rôle indispensable et mérite d'être conforté dans ses modes
d'interventions, mais aussi dans ses ressources. »

Sur cette question des ressources, je tiens à vous dire que j'ai saisi mon
collègue Thierry Breton de propositions précises pour consolider la taxe
fiscale sur les appareils de reprographie, dès 2007.

A côté de la consolidation des moyens, il faut veiller à l’actualisation des
missions de l’ensemble de la politique du livre, dans le contexte que vous
connaissez tous, marqué par l’irruption du numérique – je salue le
nouveau site centrenationaldulivre.fr – et le bouleversement des
techniques de fabrication et de diffusion.

C’est dans cette optique que j’ai chargé Benoît Yvert, directeur du livre et
président du CNL, d’orchestrer une grande étude prospective sur l'avenir
du secteur du livre à l'horizon 2010. Le CNL, opérateur de cette étude,
organisera notamment diverses tables rondes à partir du deuxième
semestre de cette année, puis un grand colloque intitulé « L'avenir du
livre », au début de 2007. Ces travaux associeront naturellement les
personnalités et les experts contribuant aux activités du CNL.

Cette politique d’ouverture se traduira cette année par un ouvrage mettant
en valeur l’apport irremplaçable de l’institution au service de la qualité et
de la diversité éditoriale, qui présentera soixante livres aidés par le CNL,
incarnant de façon exemplaire ces deux exigences. Je souhaite qu’il soit
largement diffusé.

Ouverture également avec de nouvelles manifestations, je veux parler des
conférences tenues tous les troisièmes lundis du mois rue de Verneuil, les
Lundis du CNL, déjà réguliers, et très appréciés, au cours desquels le
public a l'occasion de rencontrer des auteurs de renom ; car le CNL est
surtout un lieu d'échanges et de débats, un lieu de rencontre de toute la
profession, mais aussi de tous les amoureux du livre.

J’appelle également de mes voeux une visibilité renforcée de la
manifestation « Lire en fête », avec le choix cette année d’un thème
original et populaire : « une ville, une oeuvre ». Enfin, avec le rendez-vous
chaque année renouvelé des « Belles étrangères » qui, un jour,
parviendront, de pays en pays, à recouvrir, à embrasser le monde entier,
le CNL est appelé, en abordant ses 60 ans, à rayonner plus que jamais,
pour faire partager cette conviction mallarméenne « que tout, au monde,
existe pour aboutir à un livre ».

Je vous remercie.

Fête de la bande dessinée

30 mai 2006

Monsieur le Président du Syndicat national de l’édition, cher Serge Eyrolles,

Monsieur le Président du groupe Bande Dessinée du Syndicat national de
l’édition, cher Louis Delas,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Je suis très heureux de vous recevoir rue de Valois, pour cette deuxième édition
de la Fête de la bande dessinée, pour ce nouveau temps fort consacré à cet art
inventif, créatif, fédérateur, dont la fabuleuse vitalité bénéficie aussi bien aux
enfants qu’aux adultes, et aux plus grandes maisons d’édition comme aux plus
indépendantes.

Oui, le secteur de la bande dessinée est parmi les plus dynamiques du livre
aujourd’hui. Il représente à la fois la vitalité de la création et la diversité des
titres et des publics auxquels il s’adresse. Je me réjouis donc de le célébrer
avec vous tous ce soir, vous qui en êtes les acteurs enthousiastes, les éditeurs
passionnés, et les plumes talentueuses.

Je me réjouis que cette fête rassemble, dès sa deuxième édition, les éditeurs,
les auteurs, les libraires et tous les acteurs des réseaux du livre et de la lecture
pour des rencontres, des échanges, des animations autour de la bande
dessinée, sur tout le territoire : une vingtaine de villes, dont, bien évidemment,
Angoulême, capitale européenne et internationale du neuvième art, mais aussi
Paris, Amiens, Blois, Lyon, Marseille, donnent ainsi rendez-vous à tous les
passionnés des planches, aux férus des phylactères, aux amoureux des
vignettes.

Des héros mangas aux super héros des comics, de Tintin au Chat du rabbin, de
Superman à Ric Hochet, les légendes de notre enfance et les nouveaux nés
bientôt cultes sortent de leur cadre pour investir nos écoles, nos médiathèques,
nos bibliothèques et nos rues, le temps d’une semaine exceptionnelle placée
sous le signe de l’imagination. Je tiens à vous féliciter tous, pour l’inventivité et
l’enthousiasme dont vous avez fait preuve dans l’organisation de cet
événement.

J’invite tous les professionnels, les passionnés, les curieux, à découvrir le
palmarès des vingt meilleurs albums du premier semestre, sélectionnés par
l’Association des journalistes et critiques de bandes dessinées à l’occasion de
la deuxième Fête de la bande dessinée.

Je tiens aussi à vous rendre particulièrement hommage, vous les auteurs, les
créateurs dont les personnages vivent dans nos mémoires et nos imaginaires,
vous les démiurges qui faites naître sous vos plumes des héros attachants, dont
nous dévorons les aventures avec dévotion. Car cette fête de la bande
dessinée est avant tout une fête de la lecture et de la passion du livre.

C’est
pourquoi je salue également ces passeurs de rêve que sont les libraires. Le Prix
des libraires de bande dessinée récompensera ce soir, à travers son lauréat,
l’ensemble de cette noble profession.

Comme l’an dernier, n’hésitez pas à laisser libre cours à votre inspiration sur
ces quelques pages blanches qui sont à votre entière disposition !

Bonne soirée et merci à tous !

Remise des insignes d’Officier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Tibet

30 mai 2006

Cher Gilbert Gascard ou plutôt Cher Tibet,

Je suis très heureux de vous accueillir ce soir pour honorer en vous un
illustre représentant de ce neuvième art qui nous réunit ce soir, un
dessinateur de grand talent dont les héros peuplent aujourd’hui le
Panthéon des personnages de bande dessinée.

En 2000, Patrick Gaumer vous consacrait un ouvrage, La Fureur de rire.

Et c’est en effet cette fureur, cet amour du rire, celui que vous avez en
vous-même, celui que vous avez su déclencher chez des générations de
lecteurs, qui vous anime depuis toujours, qui vous caractérise, qui fait
que l’on revient sans cesse vers vous, vers vos albums, avec bonheur et
gratitude.

Vous êtes né à Marseille, et c’est votre frère aîné, encore tout jeune, qui,
ayant du mal à prononcer « Gilbert », vous donne le surnom de
« Tibet ». C’est sous ce sobriquet enfantin que vous connaîtrez la gloire.

A dix ans, vos parents déménagent pour Bruxelles, et vous rejoignez
alors cette patrie, s’il en est, de la bande dessinée. Un art dans lequel
vous êtes vraiment tombé quand vous étiez petit, puisque à 16 ans
seulement, vous entrez au studio bruxellois de Walt Disney pour
rejoindre les jeunes talents de l’édition belge de Mickey Magazine. Votre
route croise alors celle de André-Paul Duchâteau, le sphinx du
magazine, qui s’ingénie à proposer, dans chaque numéro, des jeux et
des énigmes aux enfants.

En 1949 naît sous votre plume Dave O’Flynn, un détective privé de
choc, qui devient le héros d’une série policière publiée dans le magazine
Héroïc-Albums. L’année suivante, vous devenez maquettiste illustrateur
au journal Tintin. Vous réalisez votre première histoire complète en
quatre planches, Yoyo s’est évadé, sur un scénario de André-Paul
Duchâteau.

En 1952, l’éditeur souhaite que des animaux viennent grossir les rangs
des héros de Tintin. Vous imaginez alors un western animalier, Les
aventures de Chik Bill en Arizona, dont les personnages prendront
rapidement les visages humains que nous connaissons. Dans les
premiers épisodes de la série aujourd’hui culte – les passionnés le
savent – les deux complices du jeune cow boy Chik Bill, Petit Caniche, le
jeune indien, et Dog Bull, le shérif de Wood City, flanqué de son adjoint
Kid Ordinn, appartenaient donc réellement à la race canine !

De La Bonne Mine de Dog Bull à Maligne Claire, la Mata Hari jaune, en
passant par Le Roi d’Esclosh, Le Faux Mage de Hollande, Le Persan à
sonnettes et A la recherche du taon perdu, vous avez imposé un style
reconnaissable entre tous, un mélange d’humour et d’aventures,
savamment relevé de jeux de mots, que vos lecteurs assidus guettent
avec dévotion.

Toujours avec la collaboration de André-Paul Duchâteau, vous publiez
votre première aventure à suivre, une série chevaleresque, dans le
périodique flamand Ons Volkske : Les aventures de Conrad.

Puis votre complice de la première heure, grand maître de l’énigme et roi
du mystère, imagine avec vous en 1955 un jeune personnage, Ric
Hochet, crieur de journaux puis reporter à La Rafale, et détective amateur.

La série connaît un immense succès. Ric Hochet est depuis longtemps
notre frère, notre ami, notre héros, celui qui nous a accompagnés,
d’année en année. L’année dernière, nous fêtions ses cinquante ans et,
avec Silence de mort, le soixante-dixième album de la série. Droit,
courageux, intrépide, malin, votre héros incarne tous nos rêves
d’aventures et de justice. Ric Hochet est indémodable, parce qu’il est vrai,
parce qu’il est simple, parce qu’il est du côté de l’enfance.

Parce que vous
avez su l’entourer de tant de personnages, du commissaire Bourdon, à
Nadine, son éternelle petite fiancée, en passant par le lunaire et lunatique
professeur Hermelin, sans oublier les « méchants », le Bourreau, l’ennemi
juré, et Lambert, le journaliste peu regardant de Paris-Night. Plus qu’une
galerie de personnages, vous avez créé une véritable famille, un univers,
à la fois stable et bondissant, qui nous offre en même temps, et c’est cela
qui est merveilleux, des repères et des surprises.

Une fresque murale est réalisée à la gloire de Ric Hochet, dans la petite
rue bruxelloise du Bon Secours, non loin de la maison qui vous a vu
grandir, et depuis 2002, la commune de Roquebrune-sur-Argens, sur la
Côte d’Azur, où vous passez vos vacances, compte un boulevard Ric
Hochet ! Quelle plus belle preuve de la vie, du souffle, de la force de
caractère que vous avez su donner à ce « journaliste détective », tel qu’il
est décrit sur sa plaque, désormais élevé au rang de figure historique !

Vous avez créé de très nombreux personnages, et, parmi eux, la Famille
Petitoux, mais aussi Globul le Martien et Alphonse, avec René Goscinny,
Mouminet et Junior – président du Club des Peur-de-Rien – avec Greg, et
les 3 A, avec Mittéï et André-Paul Duchâteau. Génie dans l’art de donner
vie à des êtres sortis tout droit de votre imagination, vous excellez aussi
dans l’art de croquer les traits de vos contemporains, illustres ou amis,
dont vous glissez les caricatures avec beaucoup de malice, au détour de
vos albums.

Votre « fureur de rire » a toujours un sens, une cible, une insolence, une
jeunesse, une vraie liberté, et si les « grands de ce monde » en ont pris
pour leur grade dans la Tibetière, qui a fait de vous le Saint-Simon de la
bande dessinée, c’est le coeur et la générosité qui percent sous la
jubilation de la satire, ce même coeur que vous avez donné à tous vos
personnages. Des personnages qui, même s'ils courent d'un bout à l'autre
de la planète, même s'ils s'aventurent dans tous les couloirs de
l'imaginaire, même s'ils s'élancent vers tous les mystères, restent
humains, et donc très proches de nous. Comme vous, qui n'avez cessé de
nous émerveiller. Simplement. Naturellement. Avec cet humour, cet art du
trait et cette invention qui sont les vôtres.

Gilbert Gascard, au nom de la République, nous vous faisons Officier
dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Remise du grand prix des médias organisé par CB news

29 mai 2006

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Je suis très heureux d’ouvrir ce soir le huitième palmarès du grand prix
des médias de CB News, que vous avez créé, cher Christian Blachas,
en 1999. Quel chemin parcouru depuis ! Le paysage des médias s’est
profondément transformé et l’année qui vient de s’écouler, nous le
savons tous, a été une année de grands bouleversements, une année
de transition, une année capitale pour les médias. L’année en cours ne
l’est pas moins.

Nous abordons en effet aujourd’hui une ère nouvelle, une ère dans
laquelle la communication et les échanges sont devenus plus faciles,
plus rapides que nous ne l’aurions jamais imaginé. C’est une période
très exaltante, qui ouvre de nombreuses pistes, forme de nouveaux
espoirs, de nouvelles envies, de nouvelles attentes, de nouvelles
exigences.

Il convient aujourd’hui d’y répondre par des programmes et des
contenus éditoriaux adaptés dans leur qualité et leur diversité, innovants
et attractifs. Ce sont autant de défis, d’enjeux de premier plan pour les
professionnels que vous êtes et pour le défenseur de la liberté de
communication que je suis. Ce sont des enjeux culturels, des enjeux
économiques, des enjeux industriels, des enjeux en termes de
programmes, des enjeux essentiels pour la place de la France et de
l’Europe dans la société de l’information mondialisée.

Mais les stratégies des grands opérateurs ne doivent pas bouleverser
les équilibres soigneusement construits au fil des années. Ainsi, je serai
très vigilant quant à l’évaluation des conséquences de la fusion
Canal+/TPS. Je pense, bien sûr, au respect du droit de la concurrence
et des intérêts du consommateur, mais aussi au respect de la spécificité
des oeuvres et des films. Car sur la diversité culturelle, mise en lumière
hier à Cannes, fondement de la politique culturelle française que nous
avons réussi à faire partager par l’Unesco et par la Commission
Européenne, nous devons être exemplaires.

Je suis persuadé que face à ces nouveaux enjeux, le pluralisme des
médias favorise une saine émulation, propice au développement d’offres
innovantes et originales. C’est pourquoi nous devons préserver et
développer ce pluralisme, qui est également, c’est une évidence, mais je
ne me lasserai pas de le rappeler, une composante essentielle du débat
démocratique.

L’avenir du pluralisme repose aussi sur la constitution d’entreprises de
presse solides.

C’est dans cet esprit que le Gouvernement a souhaité qu’une réflexion
d’ensemble soit menée sur la concentration des médias. La commission,
présidée par M. Alain Lancelot a dressé un état des lieux exhaustif de la
concentration de la presse en France. Ses conclusions ont été remises au
Premier Ministre, qui m’a demandé de mener une vaste consultation, qui
est en cours, afin de concilier la défense du pluralisme et la nécessité de
constituer des entreprises pluri média puissantes.

Car le pluralisme encourage l’innovation, la réflexion, l’intelligence
stratégique, et je me réjouis que le grand prix des médias CB News
récompense aujourd’hui des chaînes de télévision, des journaux, des
radios, des initiatives et des équipes qui se sont distingués avec talent
dans ces domaines en faisant figure de visionnaires, de pionniers, de
précurseurs.

Le palmarès vous sera dévoilé dans un instant, aussi me garderai-je bien
d’en briser le secret, mais je suis heureux que le grand prix des médias
CB News soit placé cette année sous ce signe de l’audace créatrice, de la
faculté d’innovation, de l’inventivité. J’y vois la preuve de la bonne santé
des médias qui, face à la révolution des technologies de l’information que
nous vivons, ne se contentent pas de subir, de s’adapter, mais anticipent,
innovent, et osent des solutions plus originales les unes que les autres
pour offrir à leurs lecteurs, à leurs spectateurs, des contenus de qualité,
mais aussi pour les surprendre, les interpeller, les séduire, les captiver.

C’est dans cette perspective que je tiens à dire à tous les acteurs des
médias ici réunis que l’Etat se tient à vos côtés pour vous accompagner.

L’an dernier, j’avais mis particulièrement l’accent sur le lancement de la
TNT, qui a été un immense succès, plébiscité par nos concitoyens : 50%
de la population y a accès et deux millions et demi de foyers se sont
équipés, et je continue à travailler ardemment à relever les défis de l’ère
numérique qui sont encore devant nous, pour réussir le basculement de
l’analogique vers le numérique et ouvrir la voie aux services de l’avenir.

Ainsi, je prépare un projet de loi afin de définir le régime juridique de la
télévision sur les mobiles et en haute définition que je présenterai en
conseil des ministres à la fin du mois de juillet. Mais je tiens cette année
devant vous à mettre plus particulièrement l’accent sur le rôle essentiel de
la presse écrite et sur l’action de l’Etat pour aider et accompagner ses
profondes mutations.

Oui, il est de la responsabilité de l’Etat de se tenir aux côtés des
entreprises de presse. Il y va de leur survie immédiate et de leur vitalité à
terme. Tel est le sens des nouveaux dispositifs fiscaux incitatifs qui seront
mis en oeuvre, dans le cadre du projet de loi de finance pour 2007, pour
encourager l’investissement, la modernisation dans ces entreprises et
pour consolider leur développement. Avec les mesures prises l’an dernier,
avec le dispositif de soutien à la distribution et à la diffusion, avec les
démarches que j’entreprends de concert avec Thierry Breton auprès de la
Commission européenne sur le taux de TVA de la presse en ligne, c’est
un plan d’action sans précédent, par son montant et par son ampleur, que
met en oeuvre ce gouvernement en faveur de la presse écrite, à la hauteur
des attentes et des exigences de nos concitoyens envers elle.

Mais les difficultés – réelles – de la presse quotidienne ne doivent pas
occulter les succès de la presse magazine, que votre soirée met aussi en
lumière, et qui constitue un secteur très dynamique, puisque pas moins de
856 titres ont été créés l’an dernier. Il s’agit là d’un record en Europe.

Autre record : la presse magazine française partage avec la Finlande le
plus beau score d’audience au monde, puisque, chaque mois, 97,6 % des
Français lisent au moins un magazine. La diversité de cette offre est
associée à une réelle créativité. Son meilleur indicateur est la reprise des
concepts des magazines français, déclinés partout ne Europe mais
également dans le monde. Nous savons que le premier groupe mondial
dans ce secteur est français.

Je tenais à le rappeler ce soir, avant d’adresser par anticipation mes
félicitations aux lauréats de cette huitième édition du grand prix des
médias CB News.

Je vous remercie.

Installation du Comité René Char

24 mai 2006

Madame,

Monsieur le Secrétaire perpétuel, Président du Haut Comité des
célébrations nationales,

Mesdames, Messieurs les membres du Haut Comité,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui rue de Valois pour
l’installation du Comité René Char, souhaité par le Premier ministre. Il y
a bientôt cent ans en effet naissait ce grand poète, ce héros de la
Résistance, ce pionnier qui a fait de l’impossible une « lanterne », qui
éclaire encore aujourd’hui nos pas.

Car tel est bien le sens des célébrations nationales : commémorer les
anniversaires des pionniers, des génies visionnaires qui ont, tout au long
de notre histoire, de la plus ancienne à la plus récente, à l’échelle des
siècles et des demi-siècles, ouvert des voies, en politique, en littérature,
en sciences humaines, des voies artistiques, scientifiques, des voies
lumineuses pour les générations présentes et futures.

Je salue le travail du Haut Comité des Célébrations nationales qui nous
offre chaque année ce reflet fidèle de notre âme, ces morceaux choisis
de notre histoire, que nous n’écrivons jamais que pour récrire au cours
du temps « l’immense et compliqué palimpseste de la mémoire » cher à
Baudelaire. Pour décrypter le monde d’aujourd’hui, nous devons
comprendre notre passé, pour avancer, nous avons besoin de repères,
pour agir ensemble, il nous faut tirer des leçons de cette épopée
collective, façonnée par les grandes étapes, par les jalons que les
célébrations nationales ont pour vocation de mettre en lumière.

« De sorte que toute la suite des hommes, écrivait Pascal, pendant le
cours de tant de siècles, doit être considérée comme un même homme
qui subsiste toujours et qui apprend continuellement. »

Oui, l’action du Haut Comité est essentielle pour jeter des passerelles
entre le passé et le présent, mais aussi pour tisser, aujourd’hui, des liens
entre les hommes : par son travail de sélection, de hiérarchisation des
évènements, il nous offre bien plus qu’un simple répertoire de dates
clés, bien davantage qu’une galerie de portraits illustres. C’est
véritablement l’identité de notre nation que nous célébrons, c’est la
mémoire collective et la citoyenneté françaises que nous construisons
chaque année, au fur et à mesure de ces temps forts.

C’est en 1974 que Maurice Druon, alors ministre de la culture, créa
l’Association française pour les célébrations nationales et la délégation
aux célébrations nationales qu’il a chargées de « veiller à la
commémoration des événements importants de notre histoire ».

C’est en 1998 que ce dispositif a été placé sous la haute autorité du Haut
Comité des célébrations nationales et intégré, au sein des services du
ministère, à la direction des archives de France, institution de référence
pour la mémoire et l’histoire de la France.

La mission du Haut Comité est très large, puisque d’après les termes de
l’arrêté qui l’a créé, il a la faculté « de faire toute proposition sur la
célébration des événements importants de l’histoire nationale ». Il lui
revient donc de mettre l’accent sur des faits majeurs ou symboliques,
propres à éclairer la réflexion contemporaine, propres à mobiliser les
citoyens autour de grands thèmes fédérateurs, de figures illustres de notre
mémoire collective, comme de personnages majeurs restés dans l’ombre,
et à qui nous devons rendre la lumière.

Pour 2007, j’ai bien sûr retenu sa proposition d’élever au rang de
célébration nationale le centième anniversaire de la naissance de René
Char, ce visionnaire du verbe et de l’action, seul poète à être entré de son
vivant dans la prestigieuse bibliothèque de la Pléiade, chez Gallimard, ce
génie du XXe siècle qui écrivit : « Un poète doit laisser des traces de son
passage, non des preuves. Seules les traces font rêver. »

Il vous revient, à vous les membres du comité René Char que j’ai le plaisir
et l’honneur d’installer aujourd’hui à la demande du Premier Ministre,
Dominique de Villepin, une tâche à la fois captivante mais au combien
délicate. Organiser la célébration 2007 du poète est certes un honneur,
c’est aussi un défi.

Un défi car les formes de cette célébration, les possibles qui s’offrent à
vous aujourd’hui sont quasiment infinis. Il vous reviendra donc de
trancher, de sélectionner, de hiérarchiser, d’ordonner, en un mot de faire
de cette célébration un tout signifiant à l’adresse de nos contemporains.

Si
nous avons besoin de célébrer René Char aujourd’hui, c’est parce que
nous avons besoin de René Char. Sa figure nous observe, et son regard
sur notre époque, par delà la mort, nous est indispensable. C’est là
l’oeuvre périlleuse et difficile dont nous devons nous montrer dignes.

Un défi s’offre à nous, également parce que cette présence de René Char
ne sera aboutie que si elle fait appel à toutes les ressources, à tous les
arts, à toutes les expressions artistiques. Aussi je souhaite que mon
ministère tout entier célèbre René Char en 2007. Je discerne déjà autour
de vous les volontés et les talents venus du théâtre, du spectacle, des
arts, du livre dont les contributions vont former, pour l’ensemble de nos
concitoyens en 2007, le visage du poète.

Permettez-moi de dévoiler le dernier visage de ce défi, un autre aspect de
la nature ardue de notre tâche. Il ne nous est que rarement donné d’avoir
a célébrer un poète si proche, si actuel, presque quotidien. Je n’ai point
souvenir, dans l’immense actif de nos célébrations, d’une démarche en
définitive aussi contemporaine. Aussi il nous faudra mêler au quotidien, à
l’actuel, à la célébration, le merveilleux, le non-contemporain, le poète.

Ce sont ces traces, profondes, que la célébration 2007 nous invite
aujourd’hui à explorer, à relire, à rêver ensemble. Des traces d’un
adolescent qui grandit à l’ombre d’une mère austère, à l’Isle-sur-la3
Sorgue, solitaire, fasciné par les marginaux, êtres mystérieux qui peuplent
cet entre-deux, ce seuil, lieu par excellence du génie poétique, patrie de
Rimbaud qu’il admire tant. « Comment m’entendez-vous ? Je parle de si
loin… » écrivit-il.

Surréaliste le temps d’une amitié houleuse avec Paul Eluard, qui décela
son génie, révolté par les premières heures du nazisme et de la guerre
d’Espagne, Résistant fervent, et amoureux fou de son pays natal, qui
inspirera parmi ses plus belles pages, René Char, disparu en 1988, était
un génie du verbe, à l’engagement exemplaire. Ami de Vieira da Silva, de
Georges Bataille, de Georges Braque et de Joan Mirò, il fut aussi très
proche de Maurice Blanchot et d’Albert Camus, dont nous célébrons
également le centenaire l’an prochain.

Je le disais à l’instant, il ne s’agit pas de mettre à l’honneur une galerie de
portraits, mais de faire revivre l’âme et les combats des générations
passées, les grandes heures de notre histoire collective. De la même
façon que l’an dernier étaient mis à l’honneur quatre philosophes à
l’occasion du centenaire de leur naissance, Paul Nizan, Emmanuel
Mounier, Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, nous fêterons l’an prochain
les dates clés de ces trois grands penseurs, René Char, Maurice Blanchot
et Albert Camus, trois destins croisés de cette même génération, qui ont
vu leurs jeunesses éclater, leurs vies basculer et leurs engagements
prendre forme au fil des « guerres civiles européennes » qui ont secoué le
siècle dernier.

Par-delà l’hommage rendu à René Char, je tenais à souligner combien les
célébrations nationales sont de véritables rendez-vous que les Français
prennent avec leur histoire et avec leur présent.

A l’heure de prendre rendez-vous avec ce grand poète du verbe et de
l’action, je tiens à vous remercier de nous permettre d’ouvrir et
d’emprunter, après lui, ces « routes aimées », ces « routes qui ne disent
pas le pays de leur destination » et qu’il nous appartient de faire partager
et aimer.

Je vous remercie.

Inauguration de l'orgue de l'église Saint-André de Bouc-Bel-Air

22 mai 2006

Monsieur le Député, cher Richard Maillé,

Monsieur le Maire, cher Jean-Claude Perrin,

Monsieur le Président de l'association des amis de l'Orgue, cher Claude Mousseigne,

Mon Père,

Je suis très heureux d'avoir partagé avec vous ce moment privilégié, solennel, ce grand
moment d'émotion, un moment unique, que nous a offert l'organiste en faisant voler ses
doigts sur ce tout nouvel instrument, pour emplir l'Eglise Saint-André de cette musique
majestueuse, profonde et mystérieuse, à l'image de la foi qui l'a inspirée.

Ici, au coeur de la Provence cézannienne, permettez au Tourangeau que je suis, de citer
Balzac, dans La Duchesse de Langeais : " l'orgue est certes le plus grand, le plus audacieux,
le plus magnifique de tous les instrument créés par le génie humain. Il est un orchestre
entier, auquel une main habile peut tout demander, il peut tout exprimer. " Nous venons
aujourd'hui d'en avoir une démonstration éclatante.

Je tiens à féliciter le facteur Jean Daldosso, dont la maîtrise parfaite des savoir-faire
ancestraux que requiert la facture d'orgue offre aujourd'hui à l'Eglise Saint-André cet
instrument d'exception, cet orgue de style baroque polyphonique, dont la beauté plastique,
conférée par l'alchimie subtile des différentes essences de bois utilisées, n'a d'égale que la
beauté du son.

Son travail de très haute qualité prouve que nos artisans d'art sont
d'authentiques créateurs. La façon magistrale et exemplaire dont il a exécuté cette
commande illustre combien nos métiers d'art sont des conservatoires essentiels des gestes
et des techniques qui font le prestige et le rayonnement culturels français dans le monde
entier. Je tiens à le remercier de nous avoir montré l'étendue de sa virtuosité.

Je tiens également à rendre hommage aujourd'hui à M. Claude Mousseigne, président de
l'association des amis de l'orgue, dont l'enthousiasme, l'énergie et l'engagement ont
largement contribué à l'avènement de ce moment magique, aux côtés des pouvoirs publics,
en partenariat avec l'Etat, la Région, le Département et la Ville, et je tiens aussi, bien
entendu, à féliciter les élus qui se sont mobilisés. Le projet de sa construction a été présenté
il y a seulement six ans, et c'est grâce à vous tous que sa réalisation a été aussi rapide, et
bien menée. La ferveur avec laquelle vous l'avez soutenu est pour moi une illustration
exemplaire de l'attachement que les Français portent à leur patrimoine, à leur histoire, à
leurs racines, à leur identité. Un attachement qui n'est ni nostalgique ni passéiste, mais
créatif, porteur de projets et résolument tourné vers l'avenir.

Oui, l'arrivée d'un nouvel instrument, comme la création d'un nouveau lieu de culture, est
toujours une promesse. Une promesse d'ouverture à de nouvelles pratiques artistiques, de
nouvelles découvertes. Une promesse de nouvelles rencontres, de nouveaux liens entre les
habitants et entre les générations. Une promesse, enfin, d'un rayonnement croissant, à
l'échelle de votre cité et de la région tout entière, de ce patrimoine qu'il vous appartient, non
seulement d'aimer et conserver, mais aussi de faire vivre et de faire connaître.

Ces promesses, l'orgue de l'Eglise Saint-André les réalise aujourd'hui.

En effet, par-delà sa
vocation liturgique première, il est le point de départ d'un nouveau dynamisme culturel pour
les habitants de Bouc-Bel-Air, mais aussi, plus généralement, pour toute la région : ainsi, les
élèves des conservatoires et écoles de musique d'Aix et Marseille pourront s'y exercer, et il
sera l'âme de nombreux concerts pendant l'année.

Car la culture n'a rien d'accessoire. Elle n'a rien d'un simple décorum.

Elle est une sève qui
nourrit et irrigue chaque jour un peu plus les territoires. Elle rassemble et élève les hommes.

Elle joue un rôle de tout premier plan en faveur du dynamisme et de l'attractivité de nos
régions, mais aussi de la cohésion de notre société, grâce aux liens qu'elle permet de tisser,
aux dialogues qu'elle permet de nouer, au fil des émotions qu'elle permet de partager.

L'arrivée de cet orgue en est un bel exemple.

Je vous remercie.