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60 ans du Centre national du Livre

Monsieur le Président du Centre National du Livre, cher Benoît Yvert,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Le Centre national du livre fête cette année, non seulement les vingt ans
de son installation dans l’hôtel d’Avejan, mais aussi son soixantième
anniversaire.

C’est une très belle histoire que celle du Centre national du livre. Une
histoire insuffisamment connue, puisque si les acteurs de la chaîne du
livre connaissent bien sûr l’existence du Centre, un grand nombre
d’entre eux en ignore encore les rouages, le fonctionnement. Ainsi, le
très complet Dictionnaire des politiques culturelles, réalisé à la demande
de l’un de mes prédécesseurs, ne possède même pas d’entrée « Centre
national du livre » ! Profitons donc de ce soixantième anniversaire pour
réparer cette injustice et mieux faire connaître cette institution
essentielle, soutien fondamental de tous les acteurs du livre, de l’écriture
à la lecture.

D’abord Caisse nationale des lettres lors de sa création par la loi du 11
octobre 1946, devenu Centre national des lettres en 1973, puis le Centre
national du livre en 1993, le CNL est resté fidèle aux objectifs
stratégiques définis il y a maintenant soixante ans : « soutenir et
encourager l'activité littéraire des écrivains français, favoriser par des
subventions, avances de fonds ou tous autres moyens, l'édition ou la
réédition par les entreprises françaises d'oeuvres littéraires dont il
importe d'assurer la publication ». Soutenir l’ensemble de la chaîne du
livre, telle était sa mission originelle ; elle est restée inchangée.

Le Centre l’a remplie avec constance et l’a même élargie, depuis, à de
nouveaux territoires. Mais la démarche, à travers les années, est
demeurée la même ; le dispositif des aides du CNL, financées par une
taxe sur les appareils de reprographie et une taxe sur le chiffre d’affaires
des éditeurs, est aujourd’hui apprécié de tous les auteurs, traducteurs,
éditeurs, libraires et bibliothécaires, et très envié à l’étranger, comme je
le constate à chacun de mes déplacements.

Le Centre national du livre ne s’est pas contenté d’accompagner la vie
de l'édition française, mais il l’a aussi souvent devancée, de quelques
pas, de quelques mesures, par ses incitations financières comme par
ses initiatives en matière d’études.

L’esprit du CNL n'est pas un esprit parisien ni parisianiste, même si nous
sommes ici au coeur de Paris, non loin de Saint Germain des Prés, dans
le quartier des éditeurs, dans cette ancienne demeure de la rue de
Verneuil, rénovée il y a vingt ans ; au contraire, le CNL n'a cessé de faire
participer, de réunir tous ceux qui, à travers notre pays, se consacrent
au livre ; il a toujours cherché à fédérer toutes les compétences, toutes
les énergies, pour permettre au livre de continuer à occuper une place
centrale dans notre culture.

Les différentes commissions consultatives de l’établissement, aujourd’hui
au nombre de 14, sont le reflet de ce formidable rassemblement
d’expertises, puisqu’elles réunissent écrivains, universitaires, journalistes,
chercheurs, artistes, traducteurs, critiques, éditeurs, libraires,
conservateurs, animateurs de la vie littéraire pour étudier les demandes
de subventions ou de prêts, et s’appuient elles-mêmes sur un vaste
réseau de collaborateurs extérieurs, lecteurs et rapporteurs, pour émettre
leurs avis. Adaptées à l'évolution du paysage éditorial, à la fois
spécialisées et ouvertes, elles ont pour mission de veiller, dans un esprit
éclectique, à ce que tous les genres littéraires soient représentés.

e tiens
à remercier aujourd’hui les présidents ainsi que les membres de ces
commissions, grâce au travail, à l’investissement et à la passion desquels
le Centre irrigue, par l’ensemble de ses aides, non seulement les divers
domaines littéraires, mais aussi tout le territoire national.

Evidemment, le Centre apporte une attention particulière à certains
secteurs éditoriaux. « S'il y a beaucoup de revues, […], s'il y a encore une
édition de théâtre, une édition de poésie, c'est grâce aux activités du
CNL », comme le rappelait récemment et justement Christian Bourgois.

Oui, encourager les entreprises éditoriales exigeantes et novatrices,
garantes de la diversité et du renouveau de notre culture, mais aussi
favoriser la vitalité des revues, creusets de la vie littéraire et intellectuelle
française, tel est assurément le coeur de métier du Centre. Comme le
rappelait le Président de la République à l’occasion du dernier Salon du
livre de Paris, « les écrivains, les éditeurs et les libraires qui prennent des
risques doivent être mieux épaulés ». « Le CNL, ajoutait-il, joue à cet
égard un rôle indispensable et mérite d'être conforté dans ses modes
d'interventions, mais aussi dans ses ressources. »

Sur cette question des ressources, je tiens à vous dire que j'ai saisi mon
collègue Thierry Breton de propositions précises pour consolider la taxe
fiscale sur les appareils de reprographie, dès 2007.

A côté de la consolidation des moyens, il faut veiller à l’actualisation des
missions de l’ensemble de la politique du livre, dans le contexte que vous
connaissez tous, marqué par l’irruption du numérique – je salue le
nouveau site centrenationaldulivre.fr – et le bouleversement des
techniques de fabrication et de diffusion.

C’est dans cette optique que j’ai chargé Benoît Yvert, directeur du livre et
président du CNL, d’orchestrer une grande étude prospective sur l'avenir
du secteur du livre à l'horizon 2010. Le CNL, opérateur de cette étude,
organisera notamment diverses tables rondes à partir du deuxième
semestre de cette année, puis un grand colloque intitulé « L'avenir du
livre », au début de 2007. Ces travaux associeront naturellement les
personnalités et les experts contribuant aux activités du CNL.

Cette politique d’ouverture se traduira cette année par un ouvrage mettant
en valeur l’apport irremplaçable de l’institution au service de la qualité et
de la diversité éditoriale, qui présentera soixante livres aidés par le CNL,
incarnant de façon exemplaire ces deux exigences. Je souhaite qu’il soit
largement diffusé.

Ouverture également avec de nouvelles manifestations, je veux parler des
conférences tenues tous les troisièmes lundis du mois rue de Verneuil, les
Lundis du CNL, déjà réguliers, et très appréciés, au cours desquels le
public a l'occasion de rencontrer des auteurs de renom ; car le CNL est
surtout un lieu d'échanges et de débats, un lieu de rencontre de toute la
profession, mais aussi de tous les amoureux du livre.

J’appelle également de mes voeux une visibilité renforcée de la
manifestation « Lire en fête », avec le choix cette année d’un thème
original et populaire : « une ville, une oeuvre ». Enfin, avec le rendez-vous
chaque année renouvelé des « Belles étrangères » qui, un jour,
parviendront, de pays en pays, à recouvrir, à embrasser le monde entier,
le CNL est appelé, en abordant ses 60 ans, à rayonner plus que jamais,
pour faire partager cette conviction mallarméenne « que tout, au monde,
existe pour aboutir à un livre ».

Je vous remercie.

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