Rubrique ‘Discours rue de Valois’

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur à Marianne Bérard-Quelin

19 mars 2007

Chère Marianne Bérard-Quélin,

C’est un grand plaisir, pour moi, de distinguer votre parcours professionnel
exemplaire, parcours de journaliste mais aussi de dirigeante d’entreprise
dans le secteur des médias, double registre dans lequel, vous avez su
oeuvrer avec talent.

C’est après vos études effectuées à l’université de Virginie, puis à Paris,
que vous intégrez, dès 1981, la Société Générale de Presse, fondée à la
Libération et dirigée par votre père, Georges Bérard-Quélin, auquel je tiens
aussi à rendre hommage ce soir. S’il vous a baptisé Marianne, c’est par
amour pour la République qu’elle symbolise, et ce symbole me touche.

C’est à la Société générale de Presse, dans ce centre de ressources
d’informations pour la presse, que dès 1981, en qualité de journaliste, vous
participez à l’activité et au développement de nombreuses publications
dont l’évocation même du nom, Bulletin quotidien, Correspondance de la
presse, Correspondance de la publicité, Correspondance économique,
pour ne citer que les plus connues, résonnent comme autant de références
incontournables, quotidiennes, que l’on se hâte de consulter chaque matin.

C’est là aussi, au sein de l’entreprise, que vous apprenez votre travail de
journaliste, ainsi que les exigences qui s’attachent à l’exercice de ce beau
métier. Travail de recherche, bien sûr, mais aussi souci permanent de la
perfection, respect de la déontologie, disponibilité, qualités relationnelles,
j’allais dire, par-dessus tout, conscience que tout travail bien fait suppose
une attention soutenue aux tâches les plus simples.

Très vite, après avoir fourbi vos premières armes journalistiques, vous
franchissez une nouvelle étape qui vous conduit à exercer des fonctions de
responsabilité. Tout d’abord, au sein de la Société Générale de Presse, en
qualité de secrétaire général adjoint dès 1985, puis de secrétaire général
en 1986 et de directeur général adjoint en 1989. Ces responsabilités se
conjuguent avec une participation active, en qualité d’administrateur ou de
membre, de divers organismes professionnels : le syndicat de la presse
d’informations spécialisées, le syndicat de la presse économique, juridique
et politique ou bien encore la fédération nationale de la presse française.

Ces étapes aiguisent votre professionnalisme, ajustent au mieux votre
expertise de tout ce qui touche à la presse et vous disposent
naturellement à prendre le parti de défendre en toutes circonstances cette
profession qui vous est chère et qui est d’abord une passion.

Nantie de cette riche et double expérience, vous succédez à votre père,
en tant que président directeur général et rédacteur en chef, et prenez en
mains le développement de la Société Générale de Presse, votre
entreprise.

Sous votre direction et grâce à vos qualités et à votre investissement
personnel, les différentes publications émanant de la Société Générale de
Presse, tout en constituant une ressource d’informations sur la presse, les
médias et le secteur de la communication sans comparaison, deviennent
aussi une référence essentielle pour tous les professionnels du secteur
des médias.

Secrétaire général de la Fédération nationale de la presse spécialisée,
secrétaire général d’Unipresse, secrétaire général du syndicat de la
presse économique, juridique et politique, vice-président puis, président
de ce même syndicat, secrétaire général du syndicat de la presse
magazine et spécialisée, mais également membre du conseil fédéral de la
fédération nationale de la presse française, tous ces mandats, dont la liste
n’est pas exhaustive témoignent, s’il en était besoin, du rôle éminent que
vous jouez au sein de la presse avec le talent que nous vous connaissons
et qui est reconnu par l’ensemble de la profession.

Depuis deux ans, aussi, vous participez étroitement aux travaux de la
commission pour l’expansion de la presse française à l’étranger, preuve
de votre implication constante et de votre souci d’ouverture. Parce que
vous connaissez mieux que quiconque la presse, vous êtes certainement
parmi les mieux armées pour comprendre, développer, aider ce secteur,
voire anticiper les évolutions qui la touchent et ajuster ainsi au mieux les
dispositifs existants.

Ce sont tout autant vos qualités de dirigeante d’entreprise que votre
implication personnelle dans le métier de journaliste que je voudrais ici
saluer et vous redire la joie que j’éprouve à vous rendre hommage.

Marianne Berard-Quelin, au nom du Président de la République, et en
vertu des pouvoir qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de
la Légion d’Honneur.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Jean-Pierre Lavoignat

19 mars 2007

Cher Jean-Pierre Lavoignat,

Je suis très heureux de rendre hommage aujourd’hui à un grand cinéphile,
qui, tout au long de sa carrière de journaliste, a été animé par la noble
volonté de transmettre et de partager sa passion avec ses lecteurs.

Vous avez fait vos débuts à l’Agence France Presse, avant de rejoindre
votre ami Marc Esposito, qui venait de créer le mensuel Première. Il vous
confie alors la rédaction en chef de ce magazine, dont vous faites le titre
phare de la presse cinéma des années quatre-vingts.

Vous rêvez ensemble d’un magazine plus prestigieux, plus glamour, et
vous réalisez ce rêve en 1987 en créant Studio Magazine, dont vous êtes
d’abord le Directeur adjoint, avant d’en devenir le Directeur après le départ
de Marc Esposito, devenu le cinéaste de talent que nous connaissons bien.
Pendant vingt ans, vous avez fait vibrer, chaque mois, des milliers de
lecteurs fidèles, venus chercher dans ce magazine des photos
magnifiques, des interviews passionnantes, et des reportages exclusifs.

Vous avez tissé avec les acteurs une complicité faite de respect et surtout
d’admiration. Jamais vous n’avez cherché à violer leur intimité, jamais vous
n’avez voulu forcer les portes du rêve.

Vous voulez seulement saisir et faire comprendre le mystère de ce métier,
sa difficulté mais aussi sa magie. Bien sûr, vous avez vos préférés, et
comme je ne peux pas les citer tous, je n’en citerai qu’une : Catherine
Deneuve. Personne d’autre au journal n’avait le droit de l’interviewer.

Vous
en aviez l’exclusivité. Vous l’avez suivie sur tous ses tournages, allant
même jusqu’à faire une « panouille », un petit rôle, sur le film Indochine, de
Régis Wargnier, pour être encore plus près d’elle. Vous lui avez consacré
un très beau livre d’entretien et de photographies : Catherine Deneuve,
Portraits choisis, aux éditions Des Femmes.

Evidemment, la télévision a très vite fait appel à votre compétence et à
votre professionnalisme, et vous avez collaboré à de nombreux magazines
ou émissions de cinéma : sur la Cinquième, Cent ans de cinéma français,
puis Parfum de femme ; et sur Canal+, aux côtés d’Isabelle Giordano, dans
Allons au cinéma ce week-end. Vous y avez parlé de cinéma, comme dans
Studio, avec passion et générosité. Car vous n’avez jamais cédé à la
tentation de la mauvaise critique gratuite et de l’abus de vitriol pour le
plaisir. Vous savez trop de quelles douleurs, de quelles difficultés, de
quelles angoisses sont faits les films. Votre gentillesse légendaire n’a rien
de mièvre. Elle n’est que le reflet de votre respect immense pour le travail
des artistes.

Vous avez quitté Studio il y a un an, pour vous consacrer à des travaux plus
personnels. Mais vous avez tenu à rester l’artisan de la célébration des 20
ans du journal qui, si je suis bien informé, fera l’objet d’une grande fête
demain soir. Ce sera, je n’en doute pas, l’une de ces fêtes mémorables dont
Studio a le secret, et qui enflamment régulièrement la croisette.

Soucieux de soutenir tous les futurs faiseurs de rêve, vous êtes aujourd’hui
l’un des parrains de la nouvelle chaîne de télévision dédiée au courtmétrage,
« Short TV France », lancée le 6 février dernier. C’est une
nouvelle expression de votre volonté de toujours de servir cet art que vous
aimez tant, et auquel vous avez consacré toute votre vie.

Jean-Pierre Lavoignat, au nom de la République, nous vous faisons
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Inauguration de l’exposition Praxitèle au Musée du Louvre

19 mars 2007

Monsieur le Ministre, Cher Giorgos Voulgarakis,

Monsieur l’Ambassadeur,

Monsieur le Président Directeur, Cher Henri Loyrette,

Madame la Directrice des musées de France, Chère Francine Mariani-
Ducray,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Monsieur le Ministre, le regard de cette Vénus de bronze, du type de
l’Aphrodite de Cnide, oeuvre moderne coulée au XVIe siècle sous la
direction de Primatice, et provenant du château de Fontainebleau,
témoigne de la redécouverte, à la Renaissance, de ce que l’histoire de
l’Europe doit à son héritage antique et à ses sources grecques. Il témoigne
aussi de la fascination de François Ier pour les formes inventées il y a
quelque vingt-quatre siècles en Grèce, et qui donnent un visage, non
seulement à l’idéal de la beauté, aux idées de l’humanisme européen, mais
surtout à l’idée même de l’Europe.

Cette exposition est d’abord un hommage à cet héritage grec, dont elle met
en lumière les chefs-d’oeuvre qui l’ont façonné et inspiré, depuis le siècle
de Praxitèle jusqu’au XIXe siècle. Elle révèle les recherches, aussi
savantes que passionnantes et passionnées qu’il continue de susciter
jusqu’à nos jours. En ce sens, cette exposition est conçue comme une
enquête, sur Praxitèle lui-même, sur son art, et sur l’ensemble de ses
épigones.

Ici, la légende a rendez-vous avec l’histoire, l’Europe avec son patrimoine,
l’art avec la science, la beauté avec la création, avec cette longue chaîne
qui relie entre eux tous les créateurs dont la main et l’esprit se sont
essayés à approcher le génie de Praxitèle. Ces statues, qui sont devenues
des types intemporels de la beauté humaine, étaient sans doute, aux yeux
de leurs contemporains, de véritables dieux.

Je tiens à remercier toutes celles et tous ceux qui ont rendu possible cette
exposition, conforme à l’histoire du Louvre depuis sa création, à sa
vocation de musée universel et à son rayonnement international.
Merci à la Grèce, qui a prêté des chef-d‘oeuvres.

Merci au conservateur et au commissaire de l’exposition, et en tout
premier à Alain Pasquier, conservateur général chargé du département
des antiquités grecques, étrusques et romaines du Musée du Louvre, et
Jean-Luc Martinez, conservateur en chef.

Merci à toutes les personnes, à toutes les institutions, qui, par leurs prêts
généreux, ont permis la réalisation de cette exposition.

Merci enfin, à Marc Ladreit de Lacharrière et à Fimalac, acteur de la
mondialisation, qui a toujours eu le souci de la défense du patrimoine et
du rayonnement culturel, et qui poursuit brillamment, avec cette
exposition, l’oeuvre de mécénat qu’il accomplit depuis plus de dix ans
auprès du Musée du Louvre.

Je vous remercie.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite à Hervé Sauzay

19 mars 2007

Monsieur Le Directeur,

Mesdames et Messieurs,

Une fois de plus, j’ai le plaisir de constater que le réseau des anciens de
l’Expansion se distingue dans tous les métiers des médias et les plus
hautes instances de la représentation professionnelle. Voici peu, c’était
Jacques Louvet, le président de la FNPS (Fédération nationale de la
presse spécialisée), qui était ici à l’honneur. Aujourd’hui, c’est vous, Hervé
Sauzay, que je me réjouis d’accueillir, vous dont je rappelais récemment
les propos sur « la culture d’honnêteté et de solidarité », qui animent et
rapprochent ceux qui ont été formés à cette école de la performance
managériale.

Vous êtes l’un de ceux-là, un homme qui a su très tôt choisir sa voie, la
presse, et y rester fidèle ; un homme qui s’est illustré par ses convictions
dans la défense des intérêts de la profession, et privilégier les vrais
combats, ceux du progrès.

Ce sens des valeurs, cette détermination, cet engagement, j’y vois non
seulement un trait de votre personnalité, mais une dominante de votre
parcours professionnel. Certains diraient qu’il faut avoir le pied marin dans
la presse d’aujourd’hui pour en éviter les écueils et mener au port du XXIe
siècle un lourd bateau chargé d’histoire.

Vous avez eu très tôt la vocation de relever ce défi.

Après de solides études juridiques, vous faites donc vos premières armes à
L’Expansion, où vous apprenez le métier d’éditeur, avant de rejoindre le
groupe Bayard comme éditeur international en 1989. En 1992, vous êtes
nommé directeur de Bayard Presse Espagne, puis en 1996, directeur
adjoint du développement. Vous devenez ensuite administrateur général
puis directeur adjoint de La Croix en 1997, avant d’être appelé, en 2000, au
poste de directeur commercial et marketing de Bayard.

Enfin, vous êtes promu en 2004 à la tête du département éditorial
plurimédia « Générations et modes de vie » du groupe. Là, vous prenez en
compte les attentes de votre lectorat, dans une nouvelle stratégie
managériale qui vous mène à réorganiser les activités en deux pôles, le
pôle féminin regroupant Enfant magazine et Côté femmes et le pôle senior,
très diversifié, dont le mensuel Notre temps, s’annonce comme le leader de
la presse magazine sur son secteur.

Meneur d’hommes, souvent pressé, vous êtes en quelque sorte un
chronophage du travail, qui vous mène souvent jusque tard dans la nuit.
C’est avec enthousiasme que vous partagez ainsi le destin d’un groupe de
presse, d’édition et de multimédia qui intervient sur les marchés de la
presse jeunesse, des publications religieuses et de la presse senior.

Premier groupe de presse catholique, et 5 ème en France par sa diffusion,
Bayard presse édite 41 titres en France dont le quotidien La Croix, et près
de 60 à l’étranger.

C’est là que vous avez acquis une connaissance exhaustive de la presse
française, qu’il s’agisse de la presse quotidienne, de la presse magazine, de
la presse généraliste et de la presse spécialisée.

Parce que Bayard est le premier client presse de La Poste, avec 80 % de la
diffusion de ces titres par voie postale, vous vous passionnez pour les
négociations dont dépend l’équilibre économique de ce secteur
professionnel.

C’est ainsi que vous devenez administrateur de la coopérative des
publications hebdomadaires et périodiques des Nouvelles messageries de
la presse parisienne en 2001 et président en 2003 de la commission des
affaires postales de la fédération nationale de la presse française en 2003.

Ceux qui vous côtoient à la Fédération de la presse française, connaissent
votre clairvoyance et votre combativité, disent qu’on ne sait se qui l’emporte
chez vous du gestionnaire ou de visionnaire, car vous savez inlassablement
faire partager vos enthousiasmes, négocier et convaincre.

Là encore, dans ces négociations dont je connais l’enjeu et les difficultés,
vous vous êtes révélé un grand praticien, désireux d’améliorer, en la
diversifiant, la prestation postale dans le souci de l’ensemble des familles
de presse dont vous avez à coeur de défendre les intérêts collectifs.

Je tiens à le rappeler aujourd’hui, la presse, c’est avant tout un ensemble de
métiers, de compétences, de passions.

Vous incarnez pleinement ces valeurs.

J’ajouterai que vous êtes un homme pressé, pressé par ses exigences, sa
générosité, et son dévouement au service des autres, un véritable chevalier
des temps modernes, toujours prêt à mener de combats preux et loyaux,
portant son ambition personnelle à la dimension d’une véritable mission, et
d’une cause, celle de la presse française. C’est une mission essentielle et
une noble cause, qui vous valent aujourd’hui, par ma voix, la
reconnaissance de la France.

Hervé SAUZAY, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons chevalier dans l’Ordre
national Mérite.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite à Guy Delcourt

19 mars 2007

Cher Guy Delcourt,

Je suis très heureux de saluer aujourd’hui votre parcours brillant dans
l’univers de la bande dessinée. Vous avez réussi, en vingt ans à peine, à
occuper le devant de la scène graphique grâce à un catalogue riche, et à
des collections variées, dont les titres évocateurs sont autant d’invitations à
parcourir des territoires imaginaires et farfelus : « Terres de légende »,
« Mirages », « Insomnie » ou encore la collection « Shampooing », que
dirige Lewis Trondheim. Elles offrent, à longueur de planches, des bulles
de rêve, des vignettes d’enchantement, où l’évasion se décline en
d’innombrables formes et couleurs.

Pourtant, rien ne vous destinait à faire fructifier un tel art. Diplômé de
l’Essec, en 1980, vous travaillez à Los Angeles au sein de grandes
sociétés américaines, dont vous analysez les bilans comptables. Mais cet
aride dépouillement des chiffres exige le délassement de votre
imagination : passionné par le cinéma de Steven Spielberg et de George
Lucas, votre ténacité vous permet d’obtenir un entretien exclusif avec
Harrison Ford, lors de la sortie du premier Indiana Jones. De retour en
France, ces premiers pas dans le journalisme vous ouvrent les portes du
magazine Pilote, dont vous devenez rédacteur en chef en 1986, sous la
houlette de Guy Vidal.

Votre découverte de l’univers de la bande dessinée est un véritable coup
de foudre. A 28 ans, vous fondez votre maison d’édition, accompagné,
dans cette aventure, de deux comparses de Pilote, Thierry Cailleteau et
Olivier Vatine. Leur album Galères Balnéaires est le premier qu’édite la
maison Delcourt.

L’École des Beaux-Arts d’Angoulême vous offre un contingent
impressionnant de jeunes dessinateurs. Alain Ayroles, Claire Wendling, ou
Mazan sont quelques-unes de ces talentueuses recrues que vous choyez
grâce à une agence artistique, la « fabrique Delcourt », et qui sont attachés
à l’esprit d’artisanat de leur nouvelle maison.

Vous créez en 1987 votre propre entreprise de diffusion « Vents d’Ouest
diffusion », et ce coup d’audace est aussi un coup de maître. Deux séries
épiques, Légendes des contrées oubliées, et Aquablue inaugurent le
succès des éditions Delcourt. Plus rien ne viendra enrayer cet élan
économique et artistique. En 1990, avec Bernard Deyriès et Christian
Choquet, deux réalisateurs de dessins animés, vous créez une société
d'animation et de production de dessins animés, pour donner vie et
mouvement au désormais fameux Petit Vampire de Joann Sfar.

Conscient de la manne d’inventivité que recèlent les mangas japonais,
vous livrez, dès 2002, avec le label Akata, les oeuvres de dessinateurs
aussi reconnus qu’Osamu Tezuka. Fort d’une croissance continue de
votre chiffre d’affaire, vous rachetez en 2006 la maison d’éditions Tonkam,
spécialisée dans le manga, et l’on a célébré cette même année, les vingt
ans de votre florissante entreprise. Vingt ans d’une aventure prodigieuse,
marquée par la publication de plus de mille albums et par d’innombrables
prix au festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

L’aventure des éditions Delcourt nous donne la preuve que l’intelligence
professionnelle, associée à la passion de l’art et à la conviction
personnelle, sont les ferments du succès et de la prospérité. A ce titre,
vous êtes un modèle pour toutes les jeunes générations tentées par
l’entreprise éditoriale, et vous faites la fierté de l’univers de la bande
dessinée française.

Cher Guy Delcourt, au nom du Président de la République, et en vertu
des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans
l’Ordre national du Mérite.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite à Christian Carion

19 mars 2007

Cher Christian Carion,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour saluer en vous un
très grand réalisateur, aux oeuvres profondément humanistes, qui ont
séduit un public très large.

Seulement trois courts métrages et deux longs métrages ont suffi à faire de
vous l’un des cinéastes les plus en vue de ces dernières années. Vos deux
longs métrages ont séduit chacun plus de deux millions de spectateurs en
France, sans compter leur succès hors de nos frontières. Ce sont des
résultats rares et qui, je l’espère, et je n’en doute pas, vous ont encouragé
à poursuivre votre carrière dans la mise en scène.

En effet, si ces succès remarquables vous ont installé parmi les talents les
plus prometteurs du cinéma français, votre parcours ne vous prédestinait
pas à la création artistique. Vous avez débuté votre formation intellectuelle
comme scientifique, dans une école d’ingénieur du ministère de
l’Agriculture, suivant en cela la volonté de votre père. Mais un fort désir de
cinéma, ancré en vous dès votre plus jeune âge, et la rencontre de
Christophe Rossignon, lui aussi fils d’agriculteurs du Nord, aux débuts de
sa carrière de producteur, vous ont poussé à concrétiser votre rêve.

Votre attachement à vos origines rurales, mais aussi votre reconversion,
votre seconde vie, vous les avez évoquées dans votre premier long
métrage, Une hirondelle a fait le printemps, histoire d’un parcours
initiatique, d’une mue, d’une véritable renaissance. Sans doute la quête de
racines terriennes, mais aussi la modernité de la démarche de cette jeune
femme, interprétée par Mathilde Seigner, ont-elles réconforté tous ceux qui
rêvent de quitter la fureur de nos villes, ou plus généralement de tenter un
nouveau départ.

Après cette magnifique première aventure, qui a été également votre
premier très beau succès, vous avez travaillé patiemment à la conception
du film Joyeux Noël, qui a fait lui aussi sensation, notamment au Festival
de Cannes. À travers la narration de cet épisode de la Grande Guerre, qui
avait vu les adversaires du conflit fraterniser à l’occasion des fêtes, vous
avez offert au public une oeuvre qui va bien au-delà de la simple anecdote,
pour livrer un message universel.

Sans doute la terre qui vous a vu naître, l’Artois, chargée de fragments bien
palpables de cet épisode sanglant de notre Histoire, vous a-t-elle inspiré,
une nouvelle fois, dans la réalisation de ce conte humaniste et tragique, tiré
de faits réels.

Joyeux Noël a traversé les frontières et fait rayonner le septième art
français dans de nombreux pays. Modèle de coproduction européenne, il
porte également en lui un siècle d’histoire à venir, et de construction de
l’Europe. L’Europe de la paix, l’Europe de la culture, et je suis
particulièrement heureux de vous rendre hommage en cette semaine de
célébration du cinquantenaire du Traité de Rome.

Je salue aujourd’hui en vous un grand nom du septième art français, qui
démontre, une fois de plus, que la plus belle mission du cinéma est
d’adresser un message au monde. Le vôtre est empli d’espoir et de
confiance en l’homme.

Christian Carion, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, je vous fais Chevalier dans l’Ordre National du
Mérite.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite à Anne Parillaud

19 mars 2007

Chère Anne Parillaud,

Je suis très heureux de vous rendre hommage aujourd’hui pour vous dire
tout d’abord mon admiration personnelle, celle d’un amoureux de cinéma,
mais aussi la reconnaissance du public et de la République pour votre
contribution si précieuse au rayonnement de la culture française dans le
monde.

Votre popularité est immense. Elle s’appuie sur une carrière dense et
éclectique, qui a permis à des publics très divers de trouver en vous
l’incarnation d’un rêve de cinéma. Dans la comédie, le drame, le film
d’action, le film policier et même le film d’horreur, vous avez à chaque fois
su créer un personnage touchant et convaincant. Cette générosité d’artiste,
c’est celle que vous avez donnée à la fois aux oeuvres, aux metteurs en
scène, et bien sûr aux publics.

Je ne peux dresser ici, faute de temps, la longue liste des chefs-d’oeuvre
que vous avez illuminés de votre présence, de votre force, et de cette
fragilité, à fleur de peau, qui ont fait de vous une actrice si atypique et
attachante dans le paysage cinématographique français.

Je tiens à évoquer cependant votre collaboration précoce avec Alain Delon,
qui vous avait dirigée dans Pour la peau d’un flic et Le battant, dès le début
des années quatre-vingts. Ces films avaient rencontré un joli succès dans
les salles, et esquissé votre brillante carrière sur le grand écran. Et puis, en
1990, c’est la consécration : Luc Besson vous dirige dans Nikita. C’est un
véritable choc, une révélation.

Tout à coup, alors qu’on ne vous attendait pas dans un rôle aussi physique,
aussi noir, vous êtes devenue, en quelque sorte, une autre. Irais-je trop loin
en disant que cette expérience vous a transformée ? Elle vous a du moins
permis d’atteindre une célébrité et un succès extraordinaires. Pour ce rôle
magnifique, vous avez obtenu le César de la meilleure actrice : vous
n’aviez que 30 ans. Beaucoup de portes se sont alors ouvertes à vous, en
particulier aux États-Unis, où les studios se sont d’ailleurs rapidement
emparés de l’histoire pour en faire des réadaptations : la première au
cinéma avec Bridget Fonda, la seconde pour le petit écran, avec Peta
Wilson.

D’une jeune vampire dans Innocent blood, de John Landis, à la Reine mère
dans L’Homme au masque de fer, de Randall Wallace, aux côtés
notamment de Leonardo di Caprio, Jeremy Irons, John Malkovich, mais
aussi Gérard Depardieu, vous avez conquis le public américain, en
incarnant des personnages aussi divers que saisissants.

Depuis l’immense retentissement de Nikita, nous avons donc eu le bonheur
de vous voir dans des films très divers, du drame à la comédie, toujours au
service d’une création exigeante, et de grands noms du cinéma d’auteur,
Catherine Breillat, Claude Lelouch, ou encore Olivier Marchal. Faisant
confiance à des réalisateurs confirmés, comme à de jeunes talents, vous
tournez, en 2004, dans Terre promise, d’Amos Gitaï, et dans la comédie
intimiste de Cécile Telerman, Tout pour plaire, où vous donnez toute la
mesure de votre sensibilité.

A l’heure où approche la sortie de votre nouveau film, Demandez la
permission aux enfants, comédie sur le thème de l’enfant roi, je suis très
heureux d’honorer en vous une actrice qui occupe indéniablement une
place à part dans le cinéma français, comme dans le coeur du public.

Au nom du Président de la République, et en vertu des pouvoirs qui nous
sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l’Ordre du Mérite.

Ouverture de la 15e édition des Entretiens du Patrimoine sur le thème "Patrimoine de l’Europe, patrimoine européen" à l’Espace Pierre Cardin

16 mars 2007

Madame le Ministre, chère Isabel Pires de Lima,

Monsieur le Ministre, cher Giorgos Voulgarakis,

Messieurs les Ambassadeurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux d’ouvrir aujourd’hui la quinzième édition des
Entretiens du Patrimoine. J’ai déjà eu l'occasion d'inaugurer, depuis mon
arrivée au ministère de la Culture et de la Communication, plusieurs
sessions des Entretiens du patrimoine, mais c’est la première fois qu'une
édition se trouve placée sous le signe de l’Europe, et je m’en réjouis
particulièrement.

Parce que notre patrimoine est notre bien commun, parce qu’il est, plus
que le témoin, l’expression même de notre histoire collective, il est notre
plus bel atout pour animer et faire vivre la conscience, l’identité et les
valeurs européennes. La circulation des idées et de tous ceux qui les
portent, artistes, écrivains, architectes, à toutes les époques, et leur
inspiration réciproque, ont tissé jusqu'à aujourd'hui un réseau de mémoire
à la fois unique et complexe, dont la présence est perceptible d’un bout à
l’autre de notre continent. L’existence de ce patrimoine partagé est l’un des
fondements de l’identité européenne.

A l’heure où nous célébrons le 50e anniversaire du Traité de Rome, et au
moment où nous nous préparons à lancer, dans quelques heures, le label
du patrimoine européen avec mes deux collègues ici présents – Mme Peres
de Lima, ministre de la Culture du Portugal, et M.Voulgarakis, ministre de
la Culture de la république hellénique – j’ai souhaité réunir à Paris des
personnalités de plusieurs pays d’Europe – Allemagne, Espagne, Grande-
Bretagne, Grèce, Italie, Roumanie, République Tchèque – et des
responsables d’institutions européennes prestigieuses, pour les inviter à
réfléchir ensemble, avec leurs collègues français, sur le patrimoine
européen.

S’il est vrai qu’à l’époque où le Traité de Rome a été signé, il était clair que
la culture ne pouvait en aucun cas devenir une compétence des institutions
européennes à construire, tant était ancrée l’idée que la culture se rapporte
exclusivement à l’identité de chaque nation, s’il est vrai aussi qu’il fallut
attendre le Traité de Maastricht pour qu’une place soit officiellement
dévolue à la culture dans la construction européenne, il est non moins
évident que la culture doit aujourd’hui devenir une dimension centrale du
projet européen qu’il nous faut relancer aujourd’hui. Cinquante ans après
son acte fondateur, nous avons devant nous une nouvelle étape de la
construction européenne, une étape majeure, dont il nous appartient
d’inventer les formes, les objectifs et les solutions.

Au point de départ de l'aventure européenne se trouve une intuition
remarquable : le meilleur moyen de lier entre eux les pays européens,
c'est de les unir par des solidarités concrètes et indissolubles. En 1951,
pour Robert Schuman et Jean Monnet, il fallait inventer cette solidarité
dans le domaine de la sidérurgie ; ce fut la Communauté européenne du
charbon et de l'acier. Aujourd'hui, alors que notre union est largement
construite sur les plans de l'économie, de la monnaie ou de l'industrie,
c'est dans le domaine de la culture que nous sommes appelés à créer de
nouvelles solidarités concrètes. Pour en donner un exemple, je voudrais
citer le réseau Herein, « réseau européen du patrimoine », outil
remarquable de dialogue interculturel et de coopération
intergouvernementale.

Il nous faut aujourd’hui identifier et mettre en valeur les éléments de
culture et de patrimoine qui ont contribué par le passé et qui contribuent
toujours à forger l'histoire et la conscience d'une communauté de pensée
européenne.

La réflexion que vous allez engager durant ces trois jours porte donc à
mes yeux un enjeu extrêmement important. Je tiens à remercier
chaleureusement M. Jean Musitelli, ambassadeur de France, qui a été
notre ambassadeur auprès de l'UNESCO, d’avoir accepté la présidence
de ces trois journées et d'avoir activement participé aux réflexions
préalables à l'organisation de ces Entretiens. Son expérience et sa
connaissance des problématiques patrimoniales sont un atout précieux
pour le succès de cette Rencontre, et je suis très heureux de sa présence
parmi nous.

Ces trois jours devraient permettre d’aborder les principales questions qui
surgissent à l'évocation de la notion de Patrimoine de l'Europe.

En vous aidant de l’étude d’opinion que la Direction de l’architecture et du
patrimoine du ministère de la Culture et de la Communication a
commandée à cette fin, vous pourrez tout d’abord vous interroger sur
l’idée que les Européens se font de leur patrimoine, de manière à mieux
comprendre les différentes manières dont ce patrimoine est géré dans les
différents pays.

La recherche des bases déjà existantes d’une communauté patrimoniale
européenne, et des conditions d’un dialogue des patrimoines, sera élargie
par l'étude des situations de trois autres continents, grâce à la présence
de personnalités venues du Mexique, du Bénin et du Japon.

C'est enfin, en présence de Jacques Toubon, président de la Cité
nationale de l’histoire de l’immigration, mais aussi président du Haut
Conseil franco-allemand, que vous pourrez aborder, le troisième jour, les
nouvelles dynamiques du patrimoine, et en particulier le projet, qui trouve
aujourd'hui son premier aboutissement, de Label européen du patrimoine.

Cette initiative est née d'une proposition formulée lors des « Rencontres
pour l'Europe de la Culture », que j'ai accueillies à Paris, à la Comédie-Française, en mai 2005, et qui rassemblaient les ministres de la culture,
avec des artistes, des créateurs et des penseurs, venus de tous les pays.

Lancé avec mes collègues espagnols, grecs, hongrois, roumains, et
italiens, rejoints ensuite par la plupart des pays européens, ce label
distingue les hauts lieux de mémoire et de création, les sites et les
monuments emblématiques de l’identité européenne, qu’ils évoquent
notre passé commun ou qu’ils représentent l’avenir que nous bâtissons
ensemble, afin que le public le plus large ressente et s’approprie cet esprit
européen, cette identité culturelle qui lie nos destinées depuis des siècles.

Cette visibilité européenne est essentielle pour l’attractivité de nos
territoires. L’attribution de ce label engagera les opérateurs ou les
propriétaires de ces lieux à un effort particulier en matière d’accueil des
publics et d’animation multilingue. Je souhaite que le plus grand nombre
d’États puisse pendant le mois de mars apposer les plaques sur les
premiers sites labellisés retenus à titre symbolique. Je sais qu’en ce
moment même en Espagne, notre collègue Carmen Calvo procède au
lancement du Label européen par l'apposition d'une plaque sur le
monastère de Yuste.

Je tiens à dire que ce processus est une démarche ouverte, à laquelle
chaque pays membre peut se joindre dans les mois ou les années qui
viennent. Les pays qui n’ont pas encore fait de propositions de sites
pourront rejoindre le processus en cours quand ils le souhaiteront et
présenter leurs propositions lors de la première réunion du Comité
européen, composé des ministres européens de la culture ou de leurs
représentants, qui se réunira en septembre prochain, et ensuite au moins
une fois par an.

Cette première réunion aura par ailleurs pour objectif de créer un comité
d’experts qui sera consulté sur les sites proposés et se réunira, avant la
fin de l'année 2007, pour permettre au Comité du patrimoine européen
d’arrêter, au début de l’année 2008, la nouvelle liste de sites susceptibles
d’être labellisés selon une procédure désormais régulière et formalisée.
La France assurera le secrétariat du label du patrimoine européen en
2007 et l’Espagne en 2008, et je propose qu'en 2008, pendant la
présidence française de l’Union européenne, soit organisée à notre
initiative une réunion de l’ensemble des opérateurs des sites labellisés,
afin de les inciter à se structurer en un réseau attractif et démonstratif de
l’identité européenne. Nous souhaitons vivement qu’un nombre suffisant
de pays puissent soutenir cette initiative, afin que le label puisse devenir,
à terme, une véritable action communautaire.

Cher collègue, j’aurai la joie de participer, lundi prochain, à la cérémonie
prévue à l’Acropole d’Athènes, le 26 mars à votre invitation ; mais aussi à
l’apposition de la plaque sur le Capitole à Rome le 23 mars à
l’invitation de M. Rutelli, notre collègue italien. Je tiens à vous remercier
tout particulièrement, Madame le Ministre, chère Isabel Peres de Lima et
Monsieur le Ministre, cher Giorgos Voulgarakis, d'avoir accepté d'être à
mes côtés aujourd'hui à Cluny. Votre présence est pour moi le signe le
plus fort de l'esprit de ce Label : en mettant en valeur des lieux essentiels
de notre histoire et de notre culture communes, nous voulons faire
prendre conscience au public le plus large que la substance même de l'esprit européen est une sorte d'esprit de famille, l'esprit d'une
communauté dont les racines plongent au sein même des fiertés
nationales, qui sont légitimes et qu’il convient d’honorer.

Je vous souhaite à tous de vivre trois journées de discussions riches et
fructueuses, de rencontres, de découvertes ; je ne suis pas le seul à en
attendre les résultats avec intérêt ! En tous les cas, je veux vous remercier
d'ores et déjà de votre présence, de votre curiosité et de votre passion, au
service du patrimoine, au service de la culture, au service de l'Europe.

Je vous remercie.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Véronique Noël

16 mars 2007

Chère Véronique Noël,

Je suis très heureux de rendre hommage aujourd’hui à votre bel
engagement en faveur de la ville de Nancy, et à l’enthousiasme avec lequel
vous avez contribué à faire vivre la culture au coeur de cette région, tout au
long de votre carrière.

Ce territoire, c’est d’abord le département des Vosges, dont vous avez pu
explorer toutes les dimensions de l’action publique, avant de rejoindre la
Mairie d’Épinal, en 1986.

Vous entrez en effet à la Direction départementale de l’équipement des
Vosges dès 1976. L’année suivante, à l’Inspection académique, vous
suivez la mise en application des nouveaux emplois du temps dans les
collèges et les lycées. Un an plus tard, c’est à la Direction départementale
de la jeunesse et des sports que vous exercez votre talent au service
financier et à la gestion du personnel, avant de prendre en charge les
programmes d’insertion destinés aux jeunes en difficulté.

Vous acquerrez ainsi, au fil d’une carrière guidée avant tout par un fort
sens du service public, une expertise dans de très nombreux domaines, qui
vous offre à la fois cette vision d’ensemble et cette parfaite connaissance
du terrain indispensables à des responsabilités en mairie.

En 1986, vous devenez Directrice des affaires culturelles à la Mairie
d’Épinal. Fidèle à l’ouverture et à la curiosité qui ont marqué la première
partie de votre carrière, vous participez à la création de festivals dans de
nombreux domaines, la caricature de presse, en 1986, la danse
contemporaine, avec « Danses à Épinal », l’année suivante, le spectacle
de rue avec « Rue et Compagnie, en 1992, et le théâtre burlesque, avec
« Les Larmes du rire ».

Chargée de la mise en place de la politique culturelle de la ville, vous
lancez des actions de formation destinées au milieu scolaire, et des
manifestations dans les quartiers défavorisés, animée en cela par la
volonté, que je partage, d’ouvrir grandes les portes de la culture au public
le plus large.

En 1996, vous rejoignez le secrétariat général de la Mairie d’Épinal, et vous
organisez notamment les manifestations exceptionnelles de la ville. Vous
prenez également la Direction administrative de l’Ecole nationale de
musique. Vous devenez une interlocutrice privilégiée pour tous vos
partenaires culturels, institutions, associations, soucieuse avant tout de
mener à bien une politique culturelle partagée, et concertée, avec tous ses
acteurs.

Et c’est ce même souci qui vous anime depuis votre arrivée à la Mairie de
Nancy, en 1999, en tant que Directrice adjointe des Affaires culturelles,
puis Directrice en 2001. Vous avez su gagner la confiance et le respect de
tous vos partenaires du monde de la culture nancéenne, en suivant la vie
foisonnante des plus de 200 associations culturelles, en accompagnant la
réalisation de grands projets tels que le Centre régional des musiques
actuelles, et le développement des nombreuses grandes institutions qui
font la richesse, le prestige et le rayonnement de cette cité.

Je salue aujourd’hui votre sens aigu du service public, et votre
engagement exemplaire au service de votre région, et de cette ville dont
vous faites vivre la belle diversité culturelle.

Véronique Noël, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier
dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Signature de la convention d’objectifs de l’ Opéra National de Lorraine à Nancy

16 mars 2007

Messieurs les Ministres,

Monsieur le Directeur,

Mesdames, Messieurs,

Voici précisément un mois, le 16 février dernier, j'avais l'honneur d'ouvrir, à
l'Opéra national de Paris, les premières journées européennes de l'opéra,
initiative à laquelle la Réunion des opéras de France, présidée par Laurent
Hénart, a pris une part décisive.

En application d'un beau slogan, plein d'élan et de promesses : « Tous à
l'Opéra ! », des milliers de visiteurs ont afflué, au cours des jours suivants,
dans les maisons lyriques.

Le succès populaire considérable de cette opération, qui a conduit des
publics de tous âges à découvrir les coulisses des opéras et quelques-uns
des secrets des professionnels qui y travaillent, a illustré, de façon
éclatante, un phénomène dont nous avions l'intuition depuis quelques
années : l'art lyrique connaît dans notre pays un renouveau profond. Le
public se rajeunit et se démocratise, l'opéra que l'on croyait peu touché par
les évolutions globales du spectacle vivant, s'est ouvert au croisement des
genres, accepte les nouveaux regards, se remet en cause. Artistes,
directeurs de théâtres lyriques, responsables politiques, tous ont oeuvré
pour que l'opéra nouveau redevienne cet art total, savant et populaire à la
fois, dont témoignent les plus grands ouvrages de son histoire.

C'est dans ce cadre qu'il faut replacer la reconnaissance du travail conduit
ici même, à l'Opéra national de Nancy et de Lorraine, l'une des maisons
lyriques les plus inventives et les plus dynamiques du paysage musical
national.

Préparée dès 2003 dans le cadre d'un plan global portant sur le
développement lyrique, symphonique et chorégraphique en Lorraine, la
convention « Opéra national de Nancy et de Lorraine », qui porte sur la
période 2006-2010, permettra à cet établissement de franchir des étapes
décisives et lui donnera les moyens du rayonnement qu'il mérite.

Comme toutes les conventions « Opéra national », elle met d'abord
l'accent sur le projet artistique. Celui-ci, conçu et porté par Laurent
Spielmann, témoigne d'une ouverture à tous les aspects du répertoire
lyrique, de la période baroque à nos jours, avec une place significative
donnée à la création. Je fais toute confiance au savoir-faire aigu de ce
grand professionnel, et à son expérience, pour trouver un juste équilibre
entre l'objectif d'une ouverture à un large public, et celui d'une
programmation de curiosité et d'exigence.

La convention prévoit aussi la nécessité d'être présent sur l'ensemble du
territoire de la Lorraine, en proposant des formes nouvelles, adaptées à une
diffusion de l'opéra au plus près des publics. Elle invite enfin à imaginer le
développement de dispositifs de formations et d'insertion professionnelle,
qui constituent aussi la mission d'un opéra reconnu au niveau national.
Riche de son histoire, de ses forces artistiques permanentes, orchestre et
choeur, et de l'ensemble des professionnels qui collaborent à son action,
l'Opéra national de Nancy et de Lorraine a aujourd'hui les atouts pour
contribuer au grand élan national du renouveau de l'art lyrique que
j'évoquais à l'instant.

Pour cela, les partenaires qui soutiennent son action, ne ménagent pas
leurs efforts.

Tous liés par la même conviction, et désormais présents ensemble au sein
d'une régie personnalisée qui permet de rendre plus autonome et donc plus
efficace la gestion de ce théâtre, les collectivités territoriales et l'Etat ont
résolu d'apporter sur la durée les moyens financiers nouveaux adaptés à
leurs ambitions communes.

Je dois souligner que l'évolution de la part de l'Etat est particulièrement
représentative de cette mobilisation financière. Alors qu'il n'apportait que 10
% des subventions voici trois ans, il hissera sa participation à plus de 20 %
à la fin de la première convention « Opéra national », et cela alors même
que le budget global de la structure connaîtra une croissance importante sur
la période.

C'est une chance considérable pour l'ensemble de la vie culturelle nationale
et celle de la Lorraine. C'est aussi la reconnaissance d'un travail
remarquable des équipes de ce théâtre, et de l'exceptionnelle énergie d'une
ville et de ses édiles au profit de la culture et de sa diversité.

Alors, reprenant le mot des Journées européennes de l'Opéra, j'ai envie de
dire aujourd'hui avec vous, « Tous à l'opéra »….. à l'Opéra national de
Nancy et de Lorraine !