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Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Jean-Pierre Lavoignat

Cher Jean-Pierre Lavoignat,

Je suis très heureux de rendre hommage aujourd’hui à un grand cinéphile,
qui, tout au long de sa carrière de journaliste, a été animé par la noble
volonté de transmettre et de partager sa passion avec ses lecteurs.

Vous avez fait vos débuts à l’Agence France Presse, avant de rejoindre
votre ami Marc Esposito, qui venait de créer le mensuel Première. Il vous
confie alors la rédaction en chef de ce magazine, dont vous faites le titre
phare de la presse cinéma des années quatre-vingts.

Vous rêvez ensemble d’un magazine plus prestigieux, plus glamour, et
vous réalisez ce rêve en 1987 en créant Studio Magazine, dont vous êtes
d’abord le Directeur adjoint, avant d’en devenir le Directeur après le départ
de Marc Esposito, devenu le cinéaste de talent que nous connaissons bien.
Pendant vingt ans, vous avez fait vibrer, chaque mois, des milliers de
lecteurs fidèles, venus chercher dans ce magazine des photos
magnifiques, des interviews passionnantes, et des reportages exclusifs.

Vous avez tissé avec les acteurs une complicité faite de respect et surtout
d’admiration. Jamais vous n’avez cherché à violer leur intimité, jamais vous
n’avez voulu forcer les portes du rêve.

Vous voulez seulement saisir et faire comprendre le mystère de ce métier,
sa difficulté mais aussi sa magie. Bien sûr, vous avez vos préférés, et
comme je ne peux pas les citer tous, je n’en citerai qu’une : Catherine
Deneuve. Personne d’autre au journal n’avait le droit de l’interviewer.

Vous
en aviez l’exclusivité. Vous l’avez suivie sur tous ses tournages, allant
même jusqu’à faire une « panouille », un petit rôle, sur le film Indochine, de
Régis Wargnier, pour être encore plus près d’elle. Vous lui avez consacré
un très beau livre d’entretien et de photographies : Catherine Deneuve,
Portraits choisis, aux éditions Des Femmes.

Evidemment, la télévision a très vite fait appel à votre compétence et à
votre professionnalisme, et vous avez collaboré à de nombreux magazines
ou émissions de cinéma : sur la Cinquième, Cent ans de cinéma français,
puis Parfum de femme ; et sur Canal+, aux côtés d’Isabelle Giordano, dans
Allons au cinéma ce week-end. Vous y avez parlé de cinéma, comme dans
Studio, avec passion et générosité. Car vous n’avez jamais cédé à la
tentation de la mauvaise critique gratuite et de l’abus de vitriol pour le
plaisir. Vous savez trop de quelles douleurs, de quelles difficultés, de
quelles angoisses sont faits les films. Votre gentillesse légendaire n’a rien
de mièvre. Elle n’est que le reflet de votre respect immense pour le travail
des artistes.

Vous avez quitté Studio il y a un an, pour vous consacrer à des travaux plus
personnels. Mais vous avez tenu à rester l’artisan de la célébration des 20
ans du journal qui, si je suis bien informé, fera l’objet d’une grande fête
demain soir. Ce sera, je n’en doute pas, l’une de ces fêtes mémorables dont
Studio a le secret, et qui enflamment régulièrement la croisette.

Soucieux de soutenir tous les futurs faiseurs de rêve, vous êtes aujourd’hui
l’un des parrains de la nouvelle chaîne de télévision dédiée au courtmétrage,
« Short TV France », lancée le 6 février dernier. C’est une
nouvelle expression de votre volonté de toujours de servir cet art que vous
aimez tant, et auquel vous avez consacré toute votre vie.

Jean-Pierre Lavoignat, au nom de la République, nous vous faisons
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

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