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Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite à Guy Delcourt

Cher Guy Delcourt,

Je suis très heureux de saluer aujourd’hui votre parcours brillant dans
l’univers de la bande dessinée. Vous avez réussi, en vingt ans à peine, à
occuper le devant de la scène graphique grâce à un catalogue riche, et à
des collections variées, dont les titres évocateurs sont autant d’invitations à
parcourir des territoires imaginaires et farfelus : « Terres de légende »,
« Mirages », « Insomnie » ou encore la collection « Shampooing », que
dirige Lewis Trondheim. Elles offrent, à longueur de planches, des bulles
de rêve, des vignettes d’enchantement, où l’évasion se décline en
d’innombrables formes et couleurs.

Pourtant, rien ne vous destinait à faire fructifier un tel art. Diplômé de
l’Essec, en 1980, vous travaillez à Los Angeles au sein de grandes
sociétés américaines, dont vous analysez les bilans comptables. Mais cet
aride dépouillement des chiffres exige le délassement de votre
imagination : passionné par le cinéma de Steven Spielberg et de George
Lucas, votre ténacité vous permet d’obtenir un entretien exclusif avec
Harrison Ford, lors de la sortie du premier Indiana Jones. De retour en
France, ces premiers pas dans le journalisme vous ouvrent les portes du
magazine Pilote, dont vous devenez rédacteur en chef en 1986, sous la
houlette de Guy Vidal.

Votre découverte de l’univers de la bande dessinée est un véritable coup
de foudre. A 28 ans, vous fondez votre maison d’édition, accompagné,
dans cette aventure, de deux comparses de Pilote, Thierry Cailleteau et
Olivier Vatine. Leur album Galères Balnéaires est le premier qu’édite la
maison Delcourt.

L’École des Beaux-Arts d’Angoulême vous offre un contingent
impressionnant de jeunes dessinateurs. Alain Ayroles, Claire Wendling, ou
Mazan sont quelques-unes de ces talentueuses recrues que vous choyez
grâce à une agence artistique, la « fabrique Delcourt », et qui sont attachés
à l’esprit d’artisanat de leur nouvelle maison.

Vous créez en 1987 votre propre entreprise de diffusion « Vents d’Ouest
diffusion », et ce coup d’audace est aussi un coup de maître. Deux séries
épiques, Légendes des contrées oubliées, et Aquablue inaugurent le
succès des éditions Delcourt. Plus rien ne viendra enrayer cet élan
économique et artistique. En 1990, avec Bernard Deyriès et Christian
Choquet, deux réalisateurs de dessins animés, vous créez une société
d'animation et de production de dessins animés, pour donner vie et
mouvement au désormais fameux Petit Vampire de Joann Sfar.

Conscient de la manne d’inventivité que recèlent les mangas japonais,
vous livrez, dès 2002, avec le label Akata, les oeuvres de dessinateurs
aussi reconnus qu’Osamu Tezuka. Fort d’une croissance continue de
votre chiffre d’affaire, vous rachetez en 2006 la maison d’éditions Tonkam,
spécialisée dans le manga, et l’on a célébré cette même année, les vingt
ans de votre florissante entreprise. Vingt ans d’une aventure prodigieuse,
marquée par la publication de plus de mille albums et par d’innombrables
prix au festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

L’aventure des éditions Delcourt nous donne la preuve que l’intelligence
professionnelle, associée à la passion de l’art et à la conviction
personnelle, sont les ferments du succès et de la prospérité. A ce titre,
vous êtes un modèle pour toutes les jeunes générations tentées par
l’entreprise éditoriale, et vous faites la fierté de l’univers de la bande
dessinée française.

Cher Guy Delcourt, au nom du Président de la République, et en vertu
des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans
l’Ordre national du Mérite.

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