Rubrique ‘Discours rue de Valois’

Inauguration de L’Autre canal, scène de musiques actuelles

16 mars 2007

Monsieur le Maire, cher André Rossinot,

Monsieur le Ministre, cher Laurent Hénart,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux d'inaugurer ce nouveau lieu dédié aux
musiques actuelles à Nancy, le premier établissement public de
coopération culturelle dans le domaine des musiques actuelles. J’avais eu
le grand plaisir d’en poser la première pierre en octobre 2005, avant
d’assister au Forum national des musiques actuelles, ici même, à Nancy.

Je vois dans cet établissement, comme dans ce Forum, deux preuves
éclatantes du dynamisme et du rôle pionnier que jouent votre ville et votre
région dans la reconnaissance, la diffusion, et la réflexion autour de ces
musiques nouvelles, fédératrices, reflet des aspirations les plus
contemporaines de notre société.

Destiné aux pratiques culturelles émergentes, l'Autre Canal accorde en
effet une place importante « aux esthétiques contemporaines d’aujourd’hui
comme de demain ». Il répond parfaitement aux besoins exprimés dans le
secteur musical en matière de diffusion, de création et de formation,
puisqu’il réunit un espace d’éducation artistique et sonore, des salles de
répétition individuelles et collectives, un centre de ressources, centre de
documentation et d’orientation multimédia, un espace de convivialité et une
salle de diffusion modulable.

Ainsi, cet équipement d’une nouvelle génération, résolument inscrit dans le
XXIe siècle, issu d’un long processus de maturation, tant du point de vue de
la conception architecturale que des services proposés, rejoint le réseau
national des Scènes de Musiques actuelles (SMAC) du ministère de la
Culture et de la Communication.

La SMAC L’Autre Canal s’inscrit dans le grand mouvement d’irrigation de
notre territoire par la culture, grâce à des équipements innovants, de tailles
diverses, nécessaires à l’épanouissement des pratiques artistiques
musicales actuelles.

Ainsi, à côté des Zénith, dont on a récemment inauguré deux scènes, à
Nantes et à Limoges, des scènes de musiques actuelles ont été ouvertes il
y a peu de temps. Le Cargo à Caen et la Carène à Brest en sont les plus
récentes illustrations, auxquelles viendront s'ajouter en 2008 la salle de
Rouen et celle de Saint-Étienne, dont les initiatives relèvent toutes de la
détermination des collectivités territoriales, et d’abord des communes.

J’y vois le signe de la vitalité et du fort rayonnement des musiques
actuelles sur tout notre territoire.

En 2005, le ministère a soutenu, à hauteur de 8,2 millions d’euros, 132
lieux de diffusion des musiques actuelles, pour un montant qui en 2004
était de 7,5 millions d’euros, soit une moyenne de 62 000€ par
équipement. Cette somme représente environ 40% des moyens que le
Ministère de la Culture et de la Communication accorde directement aux
musiques actuelles, aux côtés des collectivités territoriales et du Centre
National des Variétés. Le soutien de ce dernier aux entreprises du
spectacle vivant et aux lieux est fondamental pour la structuration de ce
secteur, que nous avons besoin de mieux connaître, pour mieux
l'accompagner.

Aujourd’hui, alors que le conseil supérieur des musiques actuelles
coordonne les concertations territoriales, il me parait nécessaire de
rappeler qu’il ne peut pas y avoir de diversité culturelle sans une
association étroite de tous les acteurs de ce secteur à la mise en oeuvre
des politiques publiques.

La réalisation de l'Autre Canal procède ainsi d’une démarche collective, et
d’une addition des énergies exemplaire, entre le ministère de la Culture et
de la Communication et les collectivités territoriales de Lorraine, mais
aussi d’une relation de confiance, d’un véritable travail engagé
et consolidé avec les acteurs de ce secteur.

Vous le savez, le Ministère de la Culture et de la Communication a
participé à ce projet à hauteur de 1,2 Millions d’euros, et contribue à son
fonctionnement.

Vous le savez, l’Etat se tient à vos côtés pour assumer toutes ses
missions, tant dans le domaine du spectacle vivant que dans le domaine
du patrimoine. Vous pouvez être fiers, à Nancy, et en Lorraine, de vos très
beaux monuments qui sont les témoins vivants de notre histoire et que
nous avons la responsabilité de conserver, d’entretenir, de restaurer, pour
les ouvrir et les transmettre aux générations présentes et futures. Ainsi,
les moyens supplémentaires que ce gouvernement a obtenus en faveur
du patrimoine permettent de poursuivre la restauration de la cathédrale de
Verdun, mais aussi de la cathédrale Saint-Etienne de Metz, et du théâtre
du peuple de Bussang, que l’Etat a racheté. Au total, ce sont 1,6 millions
d’euros supplémentaires qui iront aux monuments historiques de votre
région.

En tant que ministre en charge du spectacle vivant, et des musiques
actuelles, mais aussi de l’architecture, je tiens à féliciter les architectes de
l’agence Périphériques, David Trottin, Anne-Françoise Jumeau et
Emmanuelle Marin, de ce nouveau geste architectural, qui offre aux
musiques urbaines, au coeur de ce quartier en pleine mutation, un écrin
de choix, à la fois compact et ouvert sur la ville, véritable lanterne
magique qui éclairera les nuits nancéennes.

La position frontalière de la Lorraine devrait favoriser d’autres
collaborations et échanges de réseaux (avec la Belgique, le Luxembourg
et la Sarre), dans la perspective notamment de l'édition 2007 du Foruma.
Devenant Euro-Foruma, cet événement rassemblera, à Nancy, au mois
de septembre prochain, l’ensemble des acteurs des musiques actuelles oeuvrant sur le territoire interrégional et national, et constituera
incontestablement l’un des moments forts de la manifestation :
« Luxembourg 2007 – Grande Région – capitale européenne de la
culture ».

A quelques jours de la célébration du cinquantenaire du Traité de Rome,
et non loin de la maison de Robert Schuman, à Scy-Chazelles, que j’ai
proposé pour le label du patrimoine européen, je suis particulièrement
heureux de souligner ici, en Lorraine, au coeur de l’Europe, cette
perspective européenne et de vous en féliciter.

Je vous remercie.

Remise des insignes de Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Charles Tordjman

16 mars 2007

Cher Charles Tordjman,

Je suis très heureux de rendre hommage à votre brillante carrière, tout
entière vouée au théâtre. C’est en 1972 que vous débutez, comme
administrateur tout d’abord, au Théâtre Populaire de Lorraine, dirigé par
Jacques Kraemer. Dès l’année suivante, vous partagez avec lui la direction
du théâtre. Gestionnaire, mais aussi artiste complet, vous passez
progressivement de la dramaturgie, en co-signant plusieurs créations avec
Jacques Kraemer, à la mise en scène, avec La Punaise, de Maïakovski, et à
l’écriture, avec notamment vos pièces C’était, en 1977, En revoir, en 1981, et
Le Chantier, l’année suivante. Votre pièce Intimité, écrite en 1979, a été
représentée en Pologne, en Tchécoslovaquie et en Macédoine.

En 1981, vous devenez Directeur du Théâtre Populaire de Lorraine, et vous
entamez une collaboration étroite avec des auteurs, auxquels vous passez
une série de commandes. Vous créez La Fiancée de l’eau, de Tahar Ben
Jelloun, La Reconstitution, de Bernard Noël, et Saint Elvis, de Serge Valletti.

Votre programmation est aussi exigeante que diverse. De La Révolte de
Villiers de l’Isle-Adam à L’Amante anglaise de Marguerite Duras, des
Créanciers d’August Strindberg, à Français, encore un effort si vous voulez
être Républicains du marquis de Sade, en passant par Tonkin-Alger
d’Eugène Durif, ou encore La Nuit des rois de Shakespeare, vous offrez à la
curiosité du public lorrain un très large éventail de pièces.

En 1992, lorsque le Théâtre Populaire de Lorraine obtient le statut de Centre
Dramatique Régional, vous êtes nommé à la direction du Centre Dramatique
National Nancy Lorraine, où vous continuez d’affirmer votre attachement au
théâtre contemporain, et votre volonté très forte d’un théâtre de service
public, ouvert au plus grand nombre. Vous mettez en scène Fin de partie, de
Samuel Beckett, et Le Misanthrope, de Molière, L’Arbre de Jonas, d’Eugène
Durif, et L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht, traversant les siècles, les
courants et les frontières.

C’est ce même esprit d’ouverture qui vous anime, en 1996, lorsque vous
créez le festival « Passages », destiné à faire connaître la création théâtrale
de l’Est de l’Europe. « Passages » est aujourd’hui un rendez-vous majeur
dans les calendriers des manifestations théâtrales et européennes.

Et c’est toujours cette même volonté de décloisonnement et de partage qui
vous guide, dans les magnifiques projets que vous mettez en place avec
François Bon, à partir de 1997. Vous mettez en scène Va savoir la vie, avec
27 personnes en situation sociale précaire. Votre collaboration se poursuit
avec Voix du peuple en 1998, composé à partir de textes recueillis auprès de
sans-abri de Nancy. En mars 2000, vous mettez en scène, au Théâtre
Ouvert, Bruit, écrit, une nouvelle fois, sur la base d’un travail mené avec des
sans-abri de Nancy.

La Manufacture devient avec vous un haut lieu de l’écriture contemporaine,
grâce à votre complicité avec des talents aussi divers que François Bon,
bien sûr, dont vous mettez en scène notamment la Vie de Myriam C. en
1997, Fariboles, en 1999, mais aussi Daewoo au festival d’Avignon en
2004, et Bernard Noël, avec le Syndrome de Gramsci, en 1997, et la
création du Retour de Sade, au Théâtre National de la Colline, en 2005.

Vous animez également plusieurs ateliers et stages à destination de
comédiens professionnels, à la Comédie de Caen, au Théâtre des Deux
Rives, au CDN Nancy Lorraine, mais aussi en Turquie et en Ouganda.

Vous avez été à plusieurs reprises membre du Conseil National du Syndicat
National des Entreprises Artistiques et Culturelles. Représentant le monde
de la culture, vous êtes aujourd’hui membre du Conseil Économique et
Social de Lorraine.

Vous êtes un passeur admirable. Vous avez voué votre vie au théâtre et à
l’écriture. Vous avez fait de la Manufacture un lieu dédié au partage et à la
curiosité, un espace éclectique, ouvert à tous les talents du théâtre
contemporain, et à tous les publics.

Charles Tordjman, au nom de la République, nous vous faisons
Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Réception à l’occasion de la session plénière de l’Assemblée des Français à l’étranger

15 mars 2007

Mesdames et Messieurs les Sénateurs,

Mesdames et Messieurs les Conseillers,

Mesdames et Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux de vous accueillir au ministère de la Culture et de la
Communication à l’occasion de la sixième session de votre assemblée
réunie cette semaine à Paris. C’est, je crois, une première, qui témoigne de
l’importance que j’accorde à l’action internationale de ce ministère, qui s’est
considérablement développée depuis trois ans, mais aussi de mon
attachement pour ces Françaises et ces Français qui tentent la belle
aventure de l’expatriation, et partent à la découverte d’autres pays, pour
travailler, pour entreprendre, pour enseigner, pour créer, pour exporter
leurs talents, leur énergie, leur savoir-faire et les développer au contact de
ceux des pays proches ou lointains où ils s’établissent. Leur présence, leur
influence, leur rayonnement, sont considérables. Leur nombre, aussi.

Bien
qu’ils demeurent un groupe peu connu au sein de la communauté
nationale, ils sont environ deux millions deux cent mille, soit autant, par
exemple, que la population des Bouches-du-Rhône, ou que celle,
additionnée, des quatre départements d’Outre-Mer. Si la question de la
représentation politique des Français établis hors du territoire national s’est
posée, dès la convocation des états généraux de 1789, en changeant
l’appellation de l’ex Conseil supérieur des Français de l’étranger, en
Assemblée des Français de l’étranger, la loi du 9 août 2004 traduit une
véritable reconnaissance de la collectivité des Français établis hors de
France qui, malgré l’éloignement, ont tout autant que tous leurs
compatriotes, également le droit de participer à la vie nationale et de faire
entendre leur voix.

Vous êtes, parmi ces Françaises et ces Français, leurs élus, leurs porteparole,
leurs représentants. Vous défendez leurs droits et leurs intérêts.

Vous êtes leurs interlocuteurs privilégiés auprès du gouvernement, des
ambassades et des consulats sur toutes les questions relatives à
l’expatriation. Vous êtes étroitement reliés au dispositif d’action extérieure
de l’État, instrument très important de communication, d’information et de
persuasion auprès de nos partenaires étrangers, professionnels ou artistes,
membres d’institutions publiques ou issus de la société civile. Votre propre
voix est constamment relayée par les Sénateurs qui, aux termes de l’article
24 de la Constitution, forment la représentation parlementaire de nos
concitoyens établis à l’étranger. Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
vous jouez un rôle très important, non seulement de trait d’union entre les
pouvoirs publics et les expatriés, mais aussi de promoteurs actifs de la
présence française dans le monde et du rayonnement international de la
langue et de la culture françaises.

Mesdames et Messieurs les Conseillers, vous êtes tous les témoins et les
acteurs de la mondialisation en marche, aux avant-postes des évolutions et
des transformations du monde, vous êtes aussi au coeur de la défense des
enjeux essentiels de la coopération culturelle internationale, de la protection
des identités culturelles et du rayonnement de notre pays.

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir au coeur de la Semaine
de la langue française, qui nous donne l’occasion de mieux faire connaître
la richesse et la vitalité de notre langue, à travers les mots migrateurs, en
partenariat avec une cinquantaine de villes de France, le ministère de
l’Éducation nationale, mais aussi les centres et instituts culturels français et
les alliances françaises à travers le monde.

Vous le savez, la mondialisation est un vrai défi pour les identités
culturelles. Dans le domaine de la création artistique, les mécanismes du
marché ne garantissent plus la pluralité de l’offre, loin s’en faut. C’est
pourquoi le ministère de la Culture et de la Communication s’est fortement
mobilisé pour défendre et faire adopter le projet de convention sur la
protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.
Cette convention, adoptée par l’Unesco le 20 octobre 2005, à la quasi
unanimité de ses membres présents, entre en vigueur, dans quelques jours,
le 18 mars. Elle consacre le droit souverain des États à développer des
politiques culturelles. Il s’agit d’une étape capitale, historique, dans la
création d’un droit international de la culture, garant de la préservation de la
diversité des cultures, au même titre, par exemple, que le droit international
de l’environnement ou le droit international de la santé.

Cette exigence de la défense et de la promotion de la diversité culturelle,
nous l’avons portée et faite partager en Europe. L’Europe de la culture, ce
n’est pas l’Europe d’une culture uniforme, mais bien l’Europe de la diversité
culturelle. Dans une Europe élargie, réconciliée, mais qui doit faire face aux
doutes des opinions publiques vis-à-vis de ses institutions, seule la culture
peut aujourd’hui donner un sens, provoquer une émotion et entraîner
l’adhésion au projet politique européen.

A quelques jours du cinquantenaire du Traité de Rome, qui est une
commémoration nationale, que j’ai tenu à célébrer avec mes homologues
européens à Rome et à Athènes, je tiens à vous faire part de ma conviction
profonde, politique et personnelle, que l’avènement d’une véritable
citoyenneté européenne passe par la culture. Les propositions issues des
Rencontres pour l’Europe de la Culture, qui rassemblé, ici même, plusieurs
centaines de créateurs, d’artistes et de penseurs, venus de toute l’Europe,
formeront le socle de l’action de la présidence française de l’Union
européenne [en 2008] dans ce domaine, qui devra se traduire par des
avancées concrètes.

La création d’un label du patrimoine européen – idée française à laquelle se
sont ralliés rapidement et très largement nos partenaires européens – sera
un moyen de renforcer encore le sentiment d’appartenance des citoyens de
l’Europe à une identité et un espace culturels communs, en mettant en
valeur la dimension européenne de sites et de biens culturels, matériels
comme immatériels. J’apposerai la première plaque du label européen sur
l’Abbaye de Cluny lundi prochain, en présence des ministres de la Culture
grec et portugais.

La coopération bilatérale et l’organisation d’événements croisés sont aussi
des façons concrètes de faire vivre le dialogue interculturel. Le Ministère
s’appuie pour cela sur son vaste réseau d’opérateurs culturels, et
d’établissements publics, qui ont été fortement incités à s’impliquer dans la
coopération internationale, pour valoriser davantage leur savoir-faire, leur
expertise et leur prestige, et contribuer ainsi activement au rayonnement
culturel de notre pays.

Parmi les réalisations du ministère de la Culture et de la Communication,
permettez-moi d’en citer deux, dont la dimension dépasse le cadre
proprement culturel, et qui participent aux grands enjeux de politique
européenne et étrangère de notre pays, et dont, sans fausse modestie, je
crois que nous pouvons et que vous pouvez être fiers.

La France et les Émirats Arabes Unis ont décidé de créer, ensemble, un
musée universel, le Louvre Abou Dabi, destiné à favoriser le dialogue des
cultures entre l’Orient et l’Occident. Il présentera des oeuvres majeures
dans tous les domaines de l’histoire de l’art, et sera ouvert à toutes les
périodes, y compris l’art contemporain, et à toutes les aires géographiques.

Il fera appel pour cela aux techniques les plus innovantes en matière de
muséographie. Il répondra à tout moment aux critères de qualité, et à
l’ambition scientifique et muséographique du Musée du Louvre.

Il s’agit pour la France d’un projet collectif, permettant de valoriser son
expertise et son savoir-faire uniques au monde dans le domaine des
musées. Coordonné par le ministère de la Culture et de la Communication,
le projet associera les grands musées nationaux français et les musées de
France volontaires. Nous voulons réaliser, ensemble, un grand musée
français du XXIe siècle, qui puisse lui-même servir de référence scientifique
et culturelle aux institutions muséales du monde entier.

Je souhaite évoquer également les engagements pris par la France en
faveur de la reconstruction de la vie culturelle à La Nouvelle-Orléans, en
particulier dans les domaines des arts, de la musique et du patrimoine.
Après deux visites sur place, la première deux mois à peine après le
passage de l’ouragan Katrina, la seconde ce mois-ci, nous avons pu donner
toute la mesure de la solidarité culturelle de notre pays envers cette ville,
chère au coeur de tous les Français.

Vous le savez, je suis aussi le ministre de la Communication, autre volet
essentiel de l’action de l’État à l’international. Le 6 décembre dernier a été
lancée la nouvelle chaîne française d’information internationale, France 24.

Le monde entier, et en tout premier lieu les Français à l’étranger, peuvent
ainsi accéder au regard, au point de vue français sur l’actualité
internationale. Cette chaîne n’est pas un étage de plus dans l’audiovisuel
extérieur français, et je voudrais rendre hommage ici à TV5 et à RFI, qui
oeuvrent aussi de façon remarquable pour la défense du français et de la
francophonie. Elle a pour ambition d’apporter, non pas tant la voix de la
France, qu’un souffle et un esprit nouveaux, de nature à faire partager le
plus largement possible ce regard panoramique et pluriel qui considère
toutes les régions de la planète, avec le même intérêt et le même soin.

La France se trouve enfin dotée d’un instrument essentiel dont elle ne
disposait pas jusqu’ici.

En effet, en offrant une vision française de l’actualité du monde, qui enrichit
les points de vue et renforce les positions françaises, France 24 vient
compléter, sans la remettre en cause, l’offre des autres acteurs de
l’audiovisuel extérieur.

Je veux à cet égard rappeler que France 24 est fondée sur un concept
original qui n’empiète aucunement sur les missions des autres opérateurs
de l’audiovisuel extérieur.

Je dirais même mieux : France 24 a veillé à se construire de manière à être
complémentaire par rapport aux autres opérateurs de l’audiovisuel
extérieur. Ainsi, France 24 et TV5 Monde coopèrent étroitement pour
l’organisation de leur distribution afin de minimiser les coûts et d’accroître la
diffusion des deux chaînes.

De même, France 24 a conclu un partenariat avec l’Agence France Presse
et un accord cadre avec RFI.

Tout cela va donc dans le sens d’une meilleure cohérence et d’une
authentique complémentarité, chacun dans son rôle, entre les différents
acteurs de l’audiovisuel extérieur.

Je crois profondément que la culture, et la communication, sont au coeur
d’une véritable stratégie politique, destinée à répondre à la crise d’identité à
laquelle ni la France ni l’Europe n’échappent aujourd’hui, et qui explique
une partie des soubresauts du monde.

J’ai la conviction qu’avec la mondialisation, le rôle de notre réseau culturel
extérieur, que vous connaissez bien, se renouvellera entièrement. Il n’est
plus seulement de se mettre au service des artistes, des créateurs, des
professionnels de la culture et de l’audiovisuel. Il ne se limite pas davantage
à servir notre influence nationale, ce qui reste évidemment essentiel.

Mais il
est aussi de faire vivre la force du dialogue et du respect des identités et
des cultures, force dynamique et pacifique. Votre expérience, vos conseils
et votre action seront déterminantes pour faire de cette ambition au service
de notre action culturelle internationale et du rayonnement de la France,
une réussite.

Je vous remercie.

Remise à leurs propriétaires de huit oeuvres d’art volées

14 mars 2007

Mesdames et Messieurs les Maires,

Messieurs les représentants des Conseils généraux,

Monseigneur Philippe Gueneley, évêque de Langres,

Mesdames et Messieurs les directeurs,

Madame le Directeur central de la police judiciaire, Martine Monteil,

Monsieur le Colonel Impini, chef du service technique de recherche
judiciaire et de documentation de la gendarmerie nationale,

Monsieur le Lieutenant-colonel de gendarmerie Pierre Tabel, chef de
l’OCBC, (Office Central de lutte contre le trafic des Biens culturels) ainsi
que son prédécesseur, M. le colonel de gendarmerie Roger Lembert,

Monsieur le Chef adjoint de l’OCBC, Bernard Darties, commandant de
police qui a oeuvré personnellement avec toute son équipe pour le résultat
que nous avons aujourd’hui sous nos yeux,

Mesdames et Messieurs les représentants des douanes,

Monsieur le Président de la Commission de récolement des dépôts
d’oeuvres d’art de l’Etat,

Monsieur le président de l’Observatoire du marché de l’art et des
mouvements des biens culturels,

Mesdames et Messieurs les conservateurs et conservateurs généraux,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux de vous accueillir aujourd’hui, au ministère
de la Culture et de la Communication, pour partager avec vous la joie et
l’émotion de retrouver des éléments magnifiques de notre patrimoine
national, disparus pour certains depuis mai 1980.

Vous avez sous vos yeux le résultat du travail conjoint de l’Office central de
lutte des biens culturels et de la gendarmerie nationale lors d'une opération
très particulière dont vous trouverez tous les détails, parfois savoureux,
dans le dossier de presse.

Cette opération est exceptionnelle, à plus d'un titre : elle a pu être menée à
bien grâce à un partenariat exceptionnel entre la police, la gendarmerie
nationale et la police belge, dont je veux remercier ici les représentants.

Cette enquête difficile démontre, s'il en était besoin, le potentiel
extraordinaire offert par cet outil fondamental qu'est la base TREIMA
(Thésaurus de recherche électronique et d’imagerie en matière artistique),
photothèque de l'Office Central de lutte contre le trafic des Biens culturels.

Vous avez devant les yeux trois des huit oeuvres récupérées en Belgique en
2006 par l’Office Central de lutte contre le trafic des Biens culturels. A cette
moisson, il faut ajouter deux oeuvres appartenant à des propriétaires privés.

Toutes les oeuvres ne sont pas physiquement présentes ici, pour
d'évidentes raisons de conservation et de sécurité, mais leur retour
prochain dans leurs départements d’origine est d’ores et déjà programmé et
sera mis en oeuvre dès que possible par nos services. Ils ont été accueillis
par le Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France, et
trois restaurateurs diligentés par la direction de l'architecture et du
patrimoine font le nécessaire pour que ces statues fragiles puissent être
transportées sans dommage.

Vous voyez d'ailleurs défiler sur cet écran les photographies de toutes les
statues : elles ont été prises lors de leur localisation en Belgique ou au
coffre de l’Office Central de lutte contre le trafic des Biens culturels, et
confrontées aux images plus anciennes des services en charge du
patrimoine.

Nous pouvons remarquer ensemble que ces oeuvres, malheureusement, ne
nous reviennent pas indemnes, loin de là : le saint Séverin d’Outrebois a
perdu sa polychromie ancienne et laisse apparaître le bois nu ; le Christ aux
Liens de Mailly-Maillet est aujourd'hui défiguré, au sens propre du mot ;
d’autres statues ont été totalement repeintes de manière parfaitement
outrageuse, que ce soit la grande Vierge de Pitié de Domart-en-Ponthieu ou
le Saint-Sébastien de Mailly-Maillet. Dans ces cas, le vol s’est accompagné
de vandalismes, qui laissent sur les oeuvres des stigmates difficilement
réversibles.

Ces mutilations n'ont d'autre objectif que de maquiller l'oeuvre, de la
déguiser, pour la dérober aux recherches ; elles n'ont pas empêché
cependant la Base TREIMA, grâce à un moteur de recherche de similarité
d'image très performant, d'identifier ces pièces de manière quasi-immédiate
par une comparaison très fine des images disponibles. La technologie la
plus poussée permet de déjouer le vandalisme, en attendant que ces
résultats impressionnants contribuent à décourager les auteurs de ces
atteintes inadmissibles à un patrimoine que nous avons à préserver et à
transmettre.

D'une manière générale, des efforts importants de restauration et de
sécurisation seront à prévoir sur les oeuvres qui nous reviennent
aujourd'hui, et je tiens à préciser que les services du ministère de la culture
et de la communication seront actifs, aux côtés des communes
propriétaires, dans cet effort qui s'ouvre, comme ils l'ont été dans le travail
de restitution qui s'achève.

Je veux saluer ici l’action décisive de l’Office central de lutte contre le trafic
des biens culturels, service spécialisé de la Direction centrale de la police
judiciaire du ministère de l'Intérieur. A l'occasion de cette cérémonie de
restitution d'oeuvres volées, permettez-moi de rappeler quelques éléments
importants de notre lutte contre le vol et le trafic des oeuvres d'art.

L'élément clé de cette lutte, c'est la concentration de l'effort des services
publics par la coopération de tous les ministères concernés : l'Intérieur, bien
sûr, avec l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, mais
aussi avec la Brigade de répression du Banditisme ; la Défense, qui mobilise la Gendarmerie Nationale, le service technique de recherche
judiciaire et de documentation de Rosny-sous-Bois ; les Finances, qui
comprennent la Direction générale des douanes et la Direction des
enquêtes douanières ; la Justice ; et enfin tous les services patrimoniaux, à
l'échelle de l'État, avec les directions patrimoniales de l’administration
centrale ou les directions régionales des affaires culturelles appartenant au
ministère que je dirige, comme à l'échelon des collectivités locales, sans
oublier les conservations départementales des antiquités et objets d’art.

Cette coopération quotidienne porte des fruits visibles ; elle a permis de
retrouver de nombreux objets très précieux, auxquels sera consacrée, en
mai prochain, dans les locaux du ministère de la culture et de la
communication, une exposition temporaire, destinée à informer et
sensibiliser le public sur les actions de prévention du trafic illicite des biens
culturels et de récupération des oeuvres d'art volées.

Il ne suffit pas, pour endiguer le phénomène, de tenir des statistiques
précises sur les faits commis ; il faut aussi tout tenter et tout mettre en
oeuvre pour prévenir les vols. C’est tout le sens des programmes mis en
oeuvre au sein de la direction de l’architecture et du patrimoine pour les
objets protégés au titre des monuments historiques : des actions de
prévention sont menées, sur la longue durée, par des conseils aux
propriétaires et gestionnaires pour accompagner la sécurisation des édifices
et des oeuvres ; un travail sans relâche est accompli pour le récolement, la
documentation des oeuvres et l’accessibilité de cette documentation au plus
grand nombre.

En cas de vol, tout est immédiatement mis en oeuvre par les services en
charge du patrimoine pour faire parvenir au plus vite la documentation
nécessaire aux services enquêteurs. Quand, le plus souvent après des
enquêtes longues et patientes, l’oeuvre est retrouvée, ces mêmes services
viennent systématiquement aider les propriétaires lésés, qu’ils soient
publics ou privés, propriétaires volés ou acquéreurs de bonne foi d'oeuvres
dérobées, pour les accompagner dans toutes leurs démarches
administratives et juridiques et dans toutes les interventions nécessaires à
la remise en place des oeuvres.

Cette action sans relâche doit s’appuyer sur une législation et une
réglementation forte et adaptée, tant en France qu’en Europe, afin que le
trafic d'objets d'art ne soit plus ce qu'il est resté trop longtemps, une forme
de délinquance à la fois fortement rémunératrice et faiblement sanctionnée.

En France, dans l’état actuel de notre législation, le fait que le vol affecte un
bien culturel reconnu Trésor National ne crée pas de circonstance
aggravante.

Je souhaiterais, en lien naturellement avec l’ensemble des ministères et des
autorités concernées, que les plaintes soient instruites avec une attention
particulière et que le vol d'un objet d'art protégé puisse être par lui-même
plus sévèrement sanctionné, ce qui suppose, bien sûr, une modification du
code pénal.

L'amélioration de la coopération administrative passe également par la mise
en place des moyens nécessaires à la mise en commun de bases de
données harmonisées, alimentées régulièrement, facilement consultables et sécurisées. Je veux d'ailleurs saluer ici le travail accompli par les services
du ministère de l'Intérieur pour rendre accessible sur Internet la base de
données des objets volés TREIMA, afin de la rendre accessible aux
professionnels du marché de l’art et aux institutions patrimoniales, pour
qu'ils puissent participer ensemble à la lutte contre le trafic des biens
culturels.

L’enjeu est de taille : il s'agit de créer des conditions saines pour le
développement du marché de l’art, et de sécuriser les acquisitions d’oeuvres
autant pour les institutions patrimoniales que pour les professionnels ou les
amateurs. Il s'agit d'une priorité de l’Observatoire du marché de l’art et du
mouvement des biens culturels, qui est un organe essentiel de concertation
entre les directions patrimoniales du ministère de la Culture, les autres
ministères concernés et le marché de l’art, que je viens de confirmer dans
ses missions, et dont je suis heureux de saluer le président.

Dès à présent, en attendant la mise en place imminente du portail unique
d’accès aux bases de données, des écrans de recherche accessibles sur le
site du ministère permettent d'accéder aux notices d’oeuvres volées ou
disparues présentes dans la base Palissy.

La lutte contre le trafic illicite des biens culturels est aussi un enjeu
européen : la France souhaite contribuer à la mise en place et au
développement d'instruments communs pour améliorer la coopération entre
les administrations des États membres concernés par le trafic illicite des
biens culturels.

L’harmonisation des législations patrimoniales est un grand chantier, dont
nous ne pourrons faire l’économie dans les années à venir. La prévention
des vols de biens culturels doit rester notre souci permanent, pour pouvoir
atteindre enfin sa pleine efficacité. Dans cet engagement de longue haleine,
c'est une vraie joie et une récompense de taille que de pouvoir, comme
aujourd'hui, observer le retour d'oeuvres magnifiques dans leurs cadres
originels. Cet aboutissement longtemps attendu, longtemps espéré,
longtemps préparé, est surtout un encouragement pour l'avenir : avec
l'engagement de tous, nous pourrons, j'en ai la certitude, obtenir des
résultats et des progrès concrets dans ce combat pour le patrimoine, pour la
mémoire, pour la culture, qui est avant tout, vous le savez, un combat pour
notre futur.

Je vous remercie.

Remise des médailles du Mécénat 2006

13 mars 2007

Madame la Présidente, Chère Hélène David-Weill,

Monsieur le Président, Cher Michel David-Weill,

Madame la Directrice des musées de France, Chère Francine Mariani-Ducray,

Madame la Directrice générale des Arts décoratifs, Chère Sophie Durrleman,

Madame la Directrice des musées des Arts décoratifs, Chère Béatrice Salmon,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui au ministère de la Culture et
de la Communication, pour ce déjeuner amical. J'ai souhaité rendre hommage
à votre action et à votre générosité en faveur des Arts Décoratifs, cette grande
institution, née de la rencontre des arts et de l'industrie, vouée à la mémoire et
à l'invention permanente de l'art de vivre, dont j'ai eu le plaisir d'inaugurer l'an
dernier le magnifique musée rénové.

Nés en 1882 de la conviction et de la générosité d’un groupe d’artistes,
d’industriels et de collectionneurs, les Arts Décoratifs ne continuent à se
développer qu’avec le soutien d’un cercle toujours plus large d’amis, de
donateurs et d’entreprises partenaires. Dons et legs ne constituent pas
seulement le “nerf de la guerre”, ils confèrent à l’institution toute sa dimension
humaine. Et je sais que le Comité international, créé en 1997 par Hélène
David-Weill, et présidé par Claude Janssen, est un symbole parfait de cette
rencontre conviviale, passionnée et chaleureuse entre une institution et ses
mécènes.

Les responsabilités de l’État dans le domaine culturel sont essentielles, et
relèvent d’une mission régalienne, que j’assume et que je défends. Pour
autant, le monde de la culture et de la communication puise son dynamisme,
sa créativité, sa vitalité dans ce vaste engagement de toute la société, qui est
une chance, une ouverture, une perspective d’avenir. Il n’y a pas d’un côté le
monde de la culture et de la communication et de l’autre le monde des
mécènes, de l’entreprise et des particuliers. Ces deux mondes ne sont pas
clos. Et quand ils se rencontrent, ils construisent ensemble de très belles
choses, la réouverture du musée des Arts décoratifs en est un magnifique
exemple.

Le soutien de très généreux donateurs à ce fleuron de notre patrimoine a
permis d’achever la rénovation menée sur financements publics, et de réaliser
des projets aussi ambitieux que l’acquisition de nombreuses oeuvres
essentielles pour compléter les collections, la réalisation d’un très vaste
chantier de restaurations des oeuvres, la création d’une salle de conférences,
ou encore le réaménagement des fameuses period rooms, qui font revivre les
intérieurs de diverses époques.

Ainsi, après la réouverture de la bibliothèque des Arts décoratifs en novembre
2002, et l’ouverture de la galerie des bijoux en 2004, l’achèvement des travaux
du musée des Arts décoratifs permet de proposer pour la première fois un
ensemble unique en France dans le domaine des arts appliqués.

Ces possibilités nouvelles offertes aux Arts Décoratifs, c'est à vous, chers Amis,
que nous les devons, à votre exceptionnelle générosité, animée par une véritable
passion pour le patrimoine de la France, qui est aussi celui de l'humanité toute
entière. C'est pourquoi j'ai tenu à vous rendre hommage, à l’occasion de ce
déjeuner, entouré de certains de vos proches.

Par décret en date du 7 septembre 2005, j'ai institué en effet des distinctions
pour les mécènes du ministère de la Culture et de la Communication.

Ces distinctions, concrétisées par des médailles d'or ou d'argent, sont destinées
à manifester la reconnaissance de la France envers les personnes physiques –
les donateurs – et les personnes morales – les mécènes : entreprises, fondations
et associations -, qui, par leurs actes de soutien et de générosité, ont apporté une
contribution éminente au développement culturel de notre pays.

Attribuées pour une période de cinq ans, elles rassemblent autour du Ministère
les principaux bienfaiteurs de la vie culturelle française ainsi rassemblés en un
Cercle, avec lequel je souhaite que des relations pérennes soient établies.

Je vais procéder maintenant à la remise de ces médailles : ce seront
exclusivement des médailles d'or, symboles de votre générosité exceptionnelle et
de la qualité de votre engagement. Je regrette de ne pouvoir rendre hommage
aujourd’hui à M. et Mme Fisher que des raisons familiales retiennent aux Etats-
Unis, mais je veillerai à ce que la distinction qui leur revient leur soit remise
ultérieurement.

MONSIEUR ET MADAME DAVID-WEILL

Cher Michel, chère Hélène David-Weill,

Comment évoquer, sans être réducteur, ce que vous doivent Les Arts Décoratifs,
et plus largement les musées de France et notre vie culturelle ?

Permettez-moi de
rappeler simplement que vous vous rattachez à l'une des lignées les plus
prestigieuses d'amateurs d'art et de mécènes de notre pays. Fils de Pierre, petit-fils
de David David-Weill, vous êtes, cher Michel, un banquier internationalement
connu et un très grand collectionneur. Membre de l'Institut, vous présidez, comme,
avant vous, votre père et votre grand père, le Conseil artistique des musées
nationaux, un comité d'experts et de personnalités éminentes, qui examine les
principaux projets d'enrichissements de nos collections nationales, et que le
ministère consulte sur les principes généraux déterminant la politique nationale
d'acquisition.

De longue date, vous avez eu à coeur de vous engager plus personnellement dans
cette belle tradition, en offrant des oeuvres importantes à nos musées, notamment
au musée du Louvre et au musée d'Orsay, et en soutenant des opérations de
première importance, comme la création du jardin médiéval du musée du Moyen –
Age ou encore la création prochaine de salles dédiées à la peinture anglaise dans
l'aile du Petit-Bourbon, au musée du Louvre. Je n'oublierai d'ailleurs pas de
mentionner que, bien avant l'entrée en vigueur de la nouvelle législation, vous avez
été le Président du Conseil supérieur du mécénat culturel, de 1987 à 1989.

Quant à vous, chère Hélène, après en avoir été l’un des administrateurs dès 1981,
vous présidez, depuis 1994, l'Union centrale des arts décoratifs, devenue en 2004
« Les Arts Décoratifs ». Nous savons tous ce que vous doit le renouveau de cette
grande maison, à laquelle vous avez voué un engagement total, et dont vous avez
su faire l'un des fleurons de la vie culturelle de notre pays en lui assurant un
rayonnement international.

Elle bénéficie de tous vos soins, de votre regard éclairé, de vos amitiés à travers le
monde, notamment aux États-Unis, et de cette très grande générosité que depuis
toujours vous partagez avec votre époux. Permettez-moi de rappeler également
votre action en faveur du musée national de Malmaison, du musée d'Orsay, du
musée Carnavalet, du musée national d'art moderne et du musée d'art moderne de
la ville de Paris, de la Parsons School of Design à New York et à Paris, de la New
School for Social Research de New York, enfin du château de Hautefort, ce joyau
du Périgord, dont vous présidez la Fondation.

Ce ne sont là, j'en suis conscient, que quelques exemples pour évoquer un
engagement à tous égards exceptionnel : je suis particulièrement honoré de vous
remettre aujourd'hui, chère Hélène, cher Michel, la distinction de grands donateurs
du ministère de la Culture et de la Communication.

MONSIEUR ET MADAME CLAUDE JANSSEN

Cher Claude Janssen, chère Madame,

Homme d'affaires, banquier de réputation internationale, fondateur et président
d’honneur de la prestigieuse école INSEAD de Fontainebleau, vous êtes aussi un
homme de culture, et vous avez toujours su mettre vos compétences et vos
réseaux au service de cette passion que vous partagez avec votre épouse,
Tuulikki.

Avant d'évoquer votre engagement en faveur des Arts Décoratifs, permettez-moi
de rappeler vos nombreuses actions auprès de grandes institutions culturelles
françaises et internationales. Vous avez ainsi été trustee de la French Library de
Boston, ainsi qu'administrateur, trésorier puis Président de la prestigieuse
Association pour le Rayonnement de l'Opéra de Paris, l'AROP. Vous siégez
également au Conseil d'administration de la Société des Amis du musée national
d'art moderne, de l'Ensemble européen de musique de Chambre ProQuartet, et de
l'American University in Bulgaria.

Président du Comité international des Arts décoratifs depuis sa création en 1997,
vous avez suscité en faveur de cet établissement, dont vous êtes également
administrateur, l'intérêt et la générosité de grands mécènes étrangers qui ont
largement contribué à son renouveau et à son développement.

A titre personnel, vous avez, avec votre épouse, entièrement financé la
restauration du Cabinet des Fables, period-room du XVIIIe siècle, qui est l'un des
plus beaux attraits du nouveau musée de la rue de Rivoli.

C'est donc avec un très grand plaisir que j'ai l'honneur de vous attribuer à tous
deux, cher Claude Janssen, chère Madame, la distinction de grands donateurs du
ministère de la Culture et de la Communication.

MONSIEUR ET MADAME BERNARD SELZ

Cher Bernard Selz, chère Madame,

Entrepreneur, homme d'affaire de grand talent, vous êtes également un très grand
amateur d’art, un collectionneur éclairé aux goûts éclectiques, avec une
prédilection pour le Moyen Âge et l’Art Nouveau.

En plus de vos responsabilités à la tête de Selz Capital, vous jouez un rôle culturel
de tout premier plan aux États-Unis, au sein d’institutions telles que le George
Gustav Heye Center du National Museum of the American Indian, consacré à la
préservation, à l’étude, et à l’exposition des cultures et de l’histoire des premiers
peuples des Amériques. Vous êtes également Administrateur du Center for Jewish
History, et Trustee du Brooklyn Museum of Art et du World Monuments Fund.

Avec votre épouse Lisa, vous avez créé en 1998 une chaire d’histoire de l’art précolombien
et d’archéologie à l’Université de Columbia.

Mais vous avez souhaité apporter aussi votre soutien au pays qui vous a vu naître,
et votre amour de longue date pour les arts décoratifs français vous a conduit à
exercer votre générosité en faveur du musée des Arts décoratifs, qui, grâce à vous,
a pu mener à bien de nombreuses restaurations, dont la Galerie des Retables du
département Moyen Âge et Renaissance, la salle « S’asseoir au XVIIIe siècle, la
porcelaine française, l’acajou », et le Salon 1900, chef-d’oeuvre de l’Art Nouveau,
qui fut le Pavillon de l’Union centrale des Arts décoratifs à l’Exposition Universelle
de 1900.

Je suis donc très heureux, cher Bernard Selz, chère Madame, de vous remettre la
médaille de grands donateurs du ministère de la Culture et de la Communication.

Remise des insignes de Chevalier dans l'Ordre des Arts et des Lettres à trois créateurs de Jeux vidéo

12 mars 2007

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

Je suis très heureux de vous accueillir ce matin au ministère de la Culture
et de la Communication. Parce qu’il est le ministère de la création, j’ai voulu
qu’il soit aussi le ministère des jeux vidéo.

Nous connaissons tous la place qu’ont pris les jeux vidéo dans notre
société. Quinze millions de nos concitoyens y jouent régulièrement, et ils
représentent l’un des tout premiers loisirs culturels des jeunes.

Au-delà de leur popularité, je souhaite mettre en lumière l’exceptionnelle
créativité de ce secteur, qui se place ainsi au coeur même de la mission
essentielle de ce ministère : le soutien et la mise en valeur de l’intelligence,
des idées et surtout des créateurs.

Oui, un jeu vidéo est avant tout une oeuvre de création.

Les jeux vidéo font pleinement partie de notre culture, ils font appel à des
talents particulièrement inventifs, tant sur le plan technologique
qu’artistique. Ils relèvent donc à la fois de l’industrie et de la création. Ils
s’appuient sur des techniques innovantes, ils véhiculent des images et des
idées, ils donnent vie à des héros et déroulent de véritables récits. Le jeu
vidéo, qui nourrit et se nourrit d’autres formes de création, comme la bande
dessinée ou le cinéma, a donc acquis toute sa place dans notre univers
culturel.

Le gouvernement s’est mobilisé pour soutenir ce secteur, à travers la
création d’un crédit d’impôt. Ce dispositif a été notifié à la Commission
européenne, puis récemment adopté par notre Parlement, dans le cadre de
la loi sur la télévision du futur. Je tiens à remercier les parlementaires qui
se sont personnellement mobilisés pour faire aboutir ce projet, je pense en
particulier à Patrick Ollier, président de l’Assemblée nationale, à Jacques
Valade, président de la commission des affaires culturelles du Sénat, aux
sénateurs Christian Cambon, Pierre Laffitte, Philippe Dallier, aux députés
Patrice Martin-Lalande et Emmanuel Hamelin.

Mais, au-delà de ces réalités économiques, le jeu vidéo est avant tout
une question de talent, celui des créateurs qui façonnent nos rêves, nos
imaginaires. Je suis donc très heureux d’en recevoir aujourd’hui trois
éminents représentants, trois esprits à l’imagination débridée, qui ont fait
surgir de nouveaux univers, de nouvelles représentations de notre
monde. Ils incarnent le symbole de la reconnaissance par la République
d’une nouvelle forme de création culturelle. A travers eux, c’est le métier
même de créateur de jeu vidéo, et toute une profession, que j’ai tenu à
mettre à l’honneur, pour leur contribution à la création culturelle et au
rayonnement des arts et des lettres en France et dans le monde.

Je suis particulièrement fier de recevoir aujourd’hui à Paris Peter
Molyneux, que j’ose qualifier de personnalité culte du jeu vidéo, mais
également Éric Viennot et Antoine Villette, qui ont contribué de façon
éminente à la création française de jeu vidéo et à son rayonnement
dans le monde.

Conférence de presse "Vivre les villes", à la Cité de l'architecture et du patrimoine

12 mars 2007

Mesdames, Messieurs,

Je suis très heureux de vous accueillir, à la Cité de l'architecture et du
patrimoine, pour vous annoncer le lancement de « Vivre les villes 2007,
à la découverte de l’architecture et de l’urbanisme de votre ville ».

J’ai tenu à associer à nouveau le ministère de la culture et de la
communication aux ministères chargés du logement et de l'équipement
afin que la troisième édition de cette opération que nous avons voulue
désormais annuelle, soit un succès. La deuxième édition de l'an dernier
a réuni 250.000 personnes, au gré de 500 manifestations organisées sur
l'ensemble du territoire, dans 166 villes.

Grâce à la mobilisation enthousiaste de tous nos partenaires, l'édition
2007 est à nouveau riche de promesses, et forte déjà de plus de 500
événements programmés, de vendredi à dimanche prochains. Chaque
jour, ce programme s'enrichit de nouvelles initiatives, que je vous invite à
découvrir sur le site Internet spécialement conçu pour ces journées.

Vivre les villes, c’est avant tout une formidable occasion, pour chacun
d’entre nous, de partir à la découverte ou à la redécouverte de ces
ensembles vivants, uniques, singuliers, qui font partie de notre
patrimoine commun, que les hommes ont construits au fil des siècles, de
mieux en comprendre la constitution, mais aussi de mieux en saisir les
évolutions, et les enjeux actuels. Pendant ces trois jours, les habitants
des villes participant à l’opération vont pouvoir s’approprier pleinement
leur cadre de vie, en rencontrant tous ceux qui le façonnent au
quotidien : architectes, urbanistes, paysagistes, élus, chercheurs,
maîtres d’ouvrage, ingénieurs et de nombreux autres responsables de la
ville de demain.

Je souhaite que cette opération facilite les échanges entre les maîtres
d'ouvrage, les concepteurs et les habitants, je souhaite qu’elle rapproche
ceux qui vivent la ville et ceux qui la font, dans une même culture du
mieux-être et du mieux-vivre, du vivre ensemble, dans une même
compréhension des priorités liées à nos espaces de vie.

Notre politique de la ville et pour la ville, c’est d’abord la politique que
nous menons, avec Jean-Louis Borloo, en faveur de l’égalité des
chances, de la cohésion sociale, mais aussi de la culture, dont nous
sommes convaincus l’un et l’autre, qu’elle a un rôle majeur à jouer en
faveur de la cohésion sociale, de l’intégration républicaine, de
l’amélioration du cadre de vie, de la réussite de chacun.

C’est pourquoi, j'ai mobilisé les services du Ministère de la culture, les
DRAC et les établissements publics qui relèvent de mon ministère en faveur
des actions qui ouvrent l’accès à la culture, renforcent la cohésion sociale,
et l’adhésion aux valeurs de la République et je suis très heureux et très
fier, que la culture prenne toute sa part à cet effort collectif de tous les élus,
de tous les responsables, de tous les partenaires, qui contribuent à
améliorer la vie dans nos villes.

La requalification urbaine, avec l’aide de l’agence nationale de rénovation
urbaine, contribue à redonner du sens et à retrouver le plaisir d’être en ville,
de vivre nos villes. C’est dans cet esprit que j’attache beaucoup
d’importance à faire partager la compréhension et la culture de l’architecture
à nos concitoyens. Les projets qui façonnent nos espaces de vie doivent
être partagés avec tous les habitants, parce qu’ils sont porteurs d’avenir,
parce qu’ils sont porteurs de création, d’innovation et d’enthousiasme, parce
qu’ils inventent tous les jours de nouveaux modes de vivre ensemble.

Nous avons signé en juin 2006 une circulaire commune pour associer les
services départementaux de l'architecture et du patrimoine dans l'objectif
que l'architecture du XXe siècle qui présente un intérêt architectural soit
préservée dans le cadre des opérations de rénovation urbaine.

Je souhaite que la politique en faveur de la reconnaissance de l'architecture
du XXe siècle qui se traduit par la protection au titre des monuments
historiques ou par l'attribution du label « Patrimoine XXe » soit confortée et
mieux appropriée par nos concitoyens et par les élus. En effet, cette
architecture est souvent décriée, mal connue, malmenée parfois, lors de
projets de réhabilitation et ses principes constructifs innovants comme son
esthétique méritent plus d'attention.

J'ai souhaité que l'accent soit mis également cette année sur la réalisation
des équipements culturels qui, grâce à l'investissement conjoint de l'Etat et
des collectivités territoriales, irradient les territoires comme vecteurs de
partage et contribuent à l'image et la notoriété des villes.

En dehors de la Cité de l'architecture et du patrimoine qui nous accueille
aujourd'hui et dont la rénovation a été confiée à Jean-François Bodin et
Jean-François Lagneau, je veux citer ici quelques exemples:

– des réhabilitations et extensions récemment livrées: le château des Ducs
de Bretagne de Nantes (architecte: Jean-François Bodin), le musée Fabre
de Montpellier (architectes: Brochet, Lajus, Pueyo);

– des créations récentes: le Pavillon noir d'Aix en Provence (architecte :
Rudy Ricciotti auquel j'ai remis le grand prix national de l'architecture), le
Mac/Val d'Ivry (architecte: Jacques Ripault), le théâtre d'Angers ( architecte:
Architecture Studio), l'Autre Canal, salle de musiques actuelles de Nancy
(architectes: David Trottin / Périphériques ), le centre de création
contemporaine à Tours (architecte: Philippe Chiambaretta). J'aurai le plaisir
d'inaugurer ces deux derniers réalisations architecturales dans le cadre de
« Vivre les villes » vendredi… en attendant le Louvre à Lens (architecte:
Sanaa) et le Centre Pompidou à Metz (architecte:Shigeru Ban) !

Je tiens à souligner combien il est important que le ministère de la culture
prenne toute sa part, aux côtés des autres ministères et particulièrement
celui de l'Écologie, à l’effort d’intégration de la beauté et de la qualité de nos
paysages dans les politiques d’environnement et de développement
durable. Je pense à la nécessaire prise en compte des économies d'énergie dans la construction et la création architecturale : intégration des capteurs
solaires, éco-construction, lotissement expérimental en HQE, et intégration
des éoliennes dans le respect des paysages. Ces questions doivent faire
l'objet d'enseignements spécifiques dans le cursus des écoles nationales
supérieures d'architecture. Je souhaite que soit lancé un concours de
photographies et de courts métrages sur le thème de l’enfouissement des
lignes électriques et téléphoniques, en liaison avec mes homologues.

Vivre les villes est aussi l'occasion de faire découvrir les réalisations
récentes des architectes qui témoignent de cette préoccupation.

Je tiens à remercier l'ensemble des acteurs qui se sont engagés dans cette
opération : les collectivités territoriales, en particulier le réseau des villes et
pays d'art et d'histoire ; les maisons de l'architecture ; les conseils
d'architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) ; les architectes
conseils ; les écoles nationales supérieures d'architecture ; la Cité de
l'architecture et du patrimoine que j'aurai le plaisir d'inaugurer le 20 mars et
l'ensemble des services de nos ministères qui contribuent tous à la richesse
et à la diversité des animations et des évènements dont vous trouverez la
liste dans votre dossier de presse.

Je suis convaincu que la sensibilisation de nos concitoyens à la qualité de
leur cadre de vie doit commencer très tôt, et je me réjouis en ce sens
qu’une journée complète, le vendredi 16 mars, soit spécifiquement
consacrée aux jeunes. Je souhaite que ces animations soient le point de
départ de nouvelles actions développées dans le cadre de l'éducation
artistique et culturelle, relancée avec le ministère de l'éducation nationale
comme en témoigne la convention que j'ai signée en décembre 2006 avec
le Ministre de l'Education nationale et le Président de l'Ordre national des
architectes pour que soient menées des actions dans le domaine de
l'architecture avec des collèges « ambition réussite » .

Je vous annonce que la direction de l'architecture et du patrimoine du
Ministère de la culture et de la communication publiera en juin 2007 les
"Repères pédagogiques en architecture pour le jeune public", un ouvrage
destiné à construire la culture architecturale de nos jeunes concitoyens qui
sera diffusé très largement auprès des enseignants et des intervenants
culturels.

L'opération « Vivre les villes » est aussi l'occasion de célébrer l'ensemble
des métiers chargés de concevoir nos espaces de vie. J'ai proclamé la 3ème
session des Nouveaux albums des jeunes architectes et la 1ère session
des jeunes paysagistes qui font l'objet d'une promotion par la diffusion de
catalogues et d'une exposition réalisée par la Cité de l'architecture et du
patrimoine et qui circule dans toute la France. Elle sera présentée dans le
cadre de « Vivre les villes » dans la nouvelle maison de l'architecture de
Lille.

Enfin, les journées de samedi et dimanche prochains seront dédiées à un
public familial, qui pourra apprécier les nombreuses visites, ballades,
animations ludiques, parcours guidés, à pied, à vélo, conférences et
expositions au menu de ce grand rendez-vous.

Je vous invite à découvrir les animations proposées dans le hall du
ministère aux Bons-Enfants, 182 rue Saint-Honoré, qui accueille la plupart
des services centraux du Ministère de la culture et de la communication.

Plusieurs films de la collection « Architecture » d’Arte, soutenus par mon
ministère seront projetés pendant la manifestation et différentes publications
relatives à l'architecture éditées avec le concours du ministère pourront être
consultées.

Vivre les villes 2007 bénéficie de l'appui et du soutien de grands partenaires
nationaux, conscients de l'importance de la manifestation pour nos
concitoyens, que je veux également remercier pour leur engagement :
l'ensemble du réseau de Radio-France, tout d'abord, qui accompagne
l'opération de plusieurs émissions sur les radios nationales et régionales ; le
Groupe Le Moniteur qui montre très régulièrement dans ses publications la
richesse des réalisations exemplaires faites en France ; les groupes Geoxia
et Velux qui témoignent ainsi de la mobilisation de partenaires privés aux
cotés de nos trois ministères.

En vous invitant à créer votre propre itinéraire dans ce programme copieux,
je vous souhaite à tous de très belles découvertes et une excellente édition
2007 pour mieux vivre nos villes.

Je vous remercie.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Thierry Planelle

12 mars 2007

Cher Thierry Planelle,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour rendre hommage à
votre engagement de toujours en faveur de la musique. Je ne sais s'il faut vous
saluer comme un enfant de la radio ou au contraire comme un pionnier du rôle
aujourd'hui si important de ce media au coeur de notre vie culturelle. Un
pionnier, plutôt, vous en apportez chaque jour de nouvelles preuves, en
explorant et défrichant les courants musicaux et les talents de notre époque.

Autodidacte, vous vous découvrez très tôt une passion pour la radio, et vous
participez au lancement de la FM. Vous êtes de ceux qui, au début des années
quatre-vingts, font de ces fréquences un espace dédié à la créativité et à
l’imagination. Entré d'abord à « Radio Cité Futur », qui préfigure « La Voix du
Lézard » et « Skyrock », vous rejoignez en 1982 « Radio Nova », comme
directeur des programmes et de la programmation musicale. On sait quel vivier
de talents représente alors cette station, liée au magazine Actuel et à L'autre
Journal, auxquels vous collaborez également.

La couleur musicale de « Radio Nova », son originalité, et sa nouveauté de
ton, qui ont fait tout son succès, vous doivent énormément. Vous animez vous-même
une émission consacrée au rock, et, en adepte fervent du métissage
culturel, vous contribuez à faire de « Radio-Nova » ce merveilleux haut-parleur
de toutes les musiques du monde. Le rock new wave, les musiques afroantillaises,
le meilleur de la chanson française, s’y épanouissent librement, se
croisent et se rencontrent, et notre paysage musical s'enrichit de musiques et
de sons que l'on n'entend nulle part ailleurs.

Votre passion de la radio s'exprime dans le même temps sur les antennes de
service public, à France Musique et à France Culture où, de 1982 à 1992, en
tant que producteur indépendant, vous servez, avec le même engagement, la
cause des musiques actuelles.

De la radio au disque, il n'y a qu'un pas, que vous franchissez grâce à
Emmanuel de Buretel. En 1993, nouveau Directeur général de Virgin France,
il vous confie la direction artistique de Delabel Editions.

A « Radio Nova », vous aviez certes produit une collection de maxis, et signé
des artistes tels que Dee Nasty ou Papa Wemba, mais vous n’étiez pas
devenu pour autant un spécialiste des rouages de l'industrie discographique.

Mais l'air du temps est votre élément, la scène de demain votre horizon, et le
succès est, cette fois encore, au rendez-vous.

Vous réalisez, à Delabel Editions, un sans-faute jamais démenti. Vous y signez
toute une génération de jeunes artistes français, en donnant notamment un
sérieux élan à l'éclosion de notre scène rap. En 1995, l’un de vos premiers
« poulains » se nomme Doc Gynéco.

Comme à « Radio Nova », vous faites preuve d’une curiosité et d’un éclectisme
sans limite, en suivant des projets et des artistes tels que « Jazz à Saint-
Germain », Welcome, jeune artiste de reggae d'origine congolaise, ou encore
Sin, groupe de rock fusion industriel extrême.

En 1996, vous devenez Directeur artistique du label Virgin Music France, et
vous recevez, l’année suivante, le titre de « Directeur artistique de l'année ».

De Manu Chao aux Rita Mitsouko, des Négresses Vertes à Julien Clerc, de
Renaud à Mickey3D, en passant par Alain Souchon, Jean-Louis Aubert, ou
encore Axelle Red, c’est tout un pan de la vie musicale française que vous
mettez brillamment en lumière. Votre intuition remarquable vous fait croire en
de jeunes talents, comme les camerounaises « Nubians », et Benjamin Biolay,
dont nous connaissons tous le beau parcours aujourd’hui.

Toujours guidé par la passion de la découverte, et le souci de l'originalité et de
la diversité musicales, vous déployez également votre activité à l'international,
notamment en coordonnant la direction artistique de Virgin Continental Europe.

Chargé depuis 2004 de la Direction Artistique du label Virgin Music pour EMI
France, vous signez les jeunes talents de la chanson française : Sandrine
Kiberlain, le jeune auteur compositeur Anis, ou encore le piquant groupe de
rock féminin Les Plasticines.

Passionné par les musiques afro-antillaises et les cultures métisses, vous
élargissez au cinéma votre belle volonté de transmission : votre documentaire
musical sur les chanteurs légendaires de calypso de l'Ile de Trinidad a été
plusieurs fois primé dans des compétitions du film africain, à Cannes ou encore
à Montréal.

Vous êtes un acteur dynamique et inspiré du monde des musiques actuelles.

Vous distillez un savant mélange d’audace, de découverte, de prise de risque,
et de cette sagesse, de cette connaissance profonde de la scène musicale, que
vous avez acquise pendant votre brillante carrière.

Thierry Planelle, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier dans
l'Ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite à Smaïn

12 mars 2007

Cher Smaïn,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour honorer en vous un
grand comique, un acteur accompli, et une personnalité si attachante qu’elle a
conquis le coeur de tous les Français.

« Né entre mistral et sirocco », comme vous aimez à le dire, sous le soleil de
Constantine, vous avez quitté très jeune l’Algérie pour grandir à Saint-Mandé.

Comme tous les enfants de cette époque, vous rêvez devant Belphégor et les
vedettes du petit écran. Mais vous savez déjà qu’un jour vous passerez de
l’autre côté du miroir, pour rejoindre vos idoles, et, au premier rang, l’inoubliable
Monsieur Loyal de La Piste aux étoiles, au nom duquel vous décidez
d’embrasser la carrière de « saltimbanque ».

De votre admiration sans borne pour Roger Lanzac vous vient sans doute cette
verve, cette faconde, qui vous a permis, avec la même aisance, de jouer
Mouloud, le nouveau voisin de palier, et de revisiter Les Fourberies de Scapin.

Vos sources d’inspiration sont aussi diverses que prestigieuses. Grand
admirateur de Jerry Lewis, vous passez maître dans l’art de la grimace élastique
et des mimiques hilarantes. Fasciné par Buster Keaton, vous apprenez la force
du burlesque, corrosif et tendre à la fois. De tous ces monstres du rire, vous
retenez leur formidable énergie, mais aussi leur grande humanité.

C’est cette énergie, et la justesse de vos textes qui frappent Philippe Bouvard
lorsqu’il vous découvre, au début des années quatre-vingts, au Caveau de la
Bolée. Répondant à votre vocation de saltimbanque, vous vous produisiez alors
sur les scènes des cabarets parisiens. Vous rejoignez Le Petit Théâtre de
Bouvard en 1983 et des millions de téléspectateurs découvrent votre visage. Le
succès est immédiat.

Avec vous, un vent nouveau souffle sur la scène comique française, et vous
rejoignez bientôt d’autres jeunes espoirs du rire, Seymour Brussel, mais aussi
Pascal Légitimus, Bernard Campan et Didier Bourdon, encore peu connus, mais
pas encore Inconnus. Avec eux vous formez « Les Cinq », avant de céder aux
sirènes de la carrière en solo.

Dans votre premier one-man-show, le bien nommé A Star is beur, vous jonglez
avec les cultures, et épinglez l’intolérance, les préjugés, l’hypocrisie, les ridicules
et les bassesses ordinaires avec un humour mordant, une férocité joyeuse, et
une fausse naïveté désarmante. Le public est conquis, il court vous applaudir
dans votre deuxième spectacle, Prise de tête, et vous fait un triomphe à
l’Olympia pour votre troisième, T’en veux ?, à la fin des années quatre-vingts.

Tourbillon de vie et de rire, vous emportez dans votre élan, en 1994, l’un des
plus grands classiques de notre répertoire dramatique, Les Fourberies de
Scapin. Vous bousculez, réinventez, étonnez et séduisez. C’est un nouveau
succès.

En 1996, vous êtes à l'affiche du Théâtre de Paris avec Comme ça se prononce,
qui vous vaudra de nombreuses distinctions, et notamment le Molière du meilleur
One-man-show.

Ce n’est pas la première récompense prestigieuse qui couronne votre travail
puisque, près de dix ans plus tôt, le film L’oeil au beur(re) noir, de Serge
Meynard, dont vous partagiez l’affiche avec Pascal Légitimus, remportait le César
du meilleur premier film. Car des réalisateurs audacieux ont su capter ce
tourbillon sur grand écran, pour nous offrir de beaux moments de comédie, et
notamment Les Deux papas et la maman, de Jean-Marc Longval et vous-même,
Charité Bizness, de Thierry Barthes et Pierre Jamin, ou encore Le Schpountz, de
Gérard Oury.

En 2006, un an après votre retour gagnant sur les planches, avec Rebelote, vous
vous plongez dans les pages les plus sombres de l’histoire de votre pays natal.

Vous livrez une interprétation bouleversante, et dévoilez un jeu d’une très grande
sensibilité dans le téléfilm Harkis, d’Alain Tasma. Un contre-emploi, dirait un
spectateur peu attentif à la profonde humanité qui se dégage derrière tous vos
masques, et à votre engagement constant dans la lutte contre le racisme,
l’intolérance et l’exclusion. Engagement dont vous avez fait preuve à de
nombreuses reprises, aux côtés notamment de SOS Racisme et des Enfoirés.

C’est aussi à ce coeur immense, qui déborde de votre habit de clown, que je
tiens, en mon nom personnel et au nom de la France, à rendre hommage ce soir.

Smaïn, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier dans l’Ordre
national du Mérite.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Bertrand Rindoff-Petroff

12 mars 2007

Cher Bertrand Rindoff-Petroff,

Aujourd’hui, c’est vous qui êtes sur le podium, sur le devant de la scène,
dans la lumière, sous le feu des flashes de vos collègues et amis. C’est
vous qui êtes mis à l’honneur et je suis heureux de vous rendre hommage.

Sans vous, la vie parisienne ne serait pas ce qu’elle est. Vous en êtes un
témoin particulièrement attentif et un acteur aussi, par les liens d’amitié et
de complicité que vous avez su tisser et conserver au fil du temps. Vous
êtes unanimement respecté et craint, m’a-t-on dit, par vos collègues
photographes, qui savent d’emblée vous laisser la place, au premier rang,
car un événement ne peut pas commencer sans vous.

Cette place au premier rang, vous l’avez acquise, vous l’avez conquise, en
près de quarante années d’activité et je devrais dire d’hyperactivité
professionnelle et artistique. Photographe de l’actualité, de l’événement,
des personnalités, vous êtes aussi, selon moi, un véritable artiste, un
authentique artiste, et cela saute littéralement au yeux lorsque l’on feuillette
l’album de vos photographies, qui sont plus que des instantanés, une
véritable mémoire vivante et élégante de la vie culturelle mais aussi
sociale, et mondaine de notre pays, depuis ces années de la nouvelle
vague, ces années « yé-yé », ces années glorieuses où vous vous forgez
une grande proximité, non seulement avec les plus grand créateurs des
maisons de couture, notamment Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, Pierre
Cardin, Jean-Louis Scherrer ou Hubert de Givenchy, mais aussi des
artistes qui sont devenus des amis, comme le Mime Marceau, dont vous
avez suivi les cours pendant un an, Line Renaud, Alain Delon, Jean-Paul
Belmondo, Jean-Claude Brialy, Roman Polanski, Charles Aznavour et tant
d’autres.

Votre art, c’est « l’art d’évoquer les minutes heureuses » selon l’expression
de Baudelaire, ces instants fugaces que vous savez ne pas figer, mais
mettre en mouvement, le mouvement de la vie, celui des pulsations du
temps, celui de votre regard.

Votre regard pétillant d’humour, de malice, mais aussi de gentillesse, de
liberté et de hardiesse, votre regard, ponctué de vos fameuses lunettes
perpétuellement posées sur votre front, qui signalent votre présence, en
éveil, en alerte, pour capter les meilleurs moments, les meilleurs regards
qui croisent le vôtre et celui de votre objectif.

Objectif que vous ne perdez jamais de vue, tant paraît s’appliquer à vous
cette citation de Vauvenargues : « Également propre à persuader par la
force de la raison et par les charmes de la séduction ; fertile et puissant en
moyens pour plier les faits et les esprits à ses fins… ».

Mais cela, sans jamais vous écarter d’une constante quête de la vérité et
de la beauté ; d’une certaine poésie aussi. Comme l’a joliment écrit
Apollinaire : « On peut être poète dans tous les domaines, il suffit que l’on
soit aventureux et que l’on aille à la découverte ».

Votre aventure a commencé tôt, très tôt, dès votre prime adolescence :
c’est la rencontre entre votre grande passion, le cinéma, et ce qui va
devenir votre métier, la photographie. Il est particulièrement émouvant de
contempler les clichés carrés que vous preniez à l’époque, avec votre petit
boîtier, qui vous permettait d’approcher les artistes que déjà, vous aimiez et
vous admiriez, et qui déjà, sans doute, ressentaient cette profonde
sympathie, cette réelle empathie, cette écoute, cette disponibilité, qui sont
les vôtres, au-delà du tourbillon des événements ; cette aisance naturelle
aussi, cette confiance et ce sourire, qui sont plus forts que le culot, et qui
vous permettent très tôt, par exemple, de vous accrocher aux bras de
Georges Pompidou, alors Premier Ministre, pour entrer avec lui au Gala de
l’Union des artistes, et réaliser vos premiers rêves. Des rêves que nous
n’avez cessé de faire partager aux autres, depuis vos débuts professionnels
avec Daniel Angeli, à qui vous êtes resté profondément fidèle, jusqu’à
aujourd’hui, après un passage à l’agence Team International.

Comme vous êtes resté fidèle au Festival de Cannes, au Journal du
Dimanche, à Match, à Vogue, dont vous avez été pendant vingt-cinq ans
«l’oeil », mais aussi aux grandes maisons du luxe français, notamment
Louis-Vuitton-Moët-Hennessy, L’Oréal, ainsi que les plus grands majors du
cinéma américain.

Fidélité aussi à Georges Cravenne qui, après le bras de Georges
Pompidou, vous a ouvert bien des portes, et que vous désignez comme
votre mentor. Fidélité à celui que vous appelez votre parrain, Jean-Claude
Brialy, à votre marraine, Marie-Hélène de Rotschild, à Françoise Dumas, à
Dominique Segall, qui ont aussi contribué à vous rendre indispensable.
Fidélité à vos convictions, à votre réelle générosité humanistes. Vous ne
mesurez pas votre temps, ni votre coeur, ni votre énergie pour participer aux
grandes causes qui vous sont chères, et notamment aux soirées caritatives
en faveur de la recherche contre le sida, ou aux actions de Care
International, de la Fondation Hôpitaux de Paris- Hôpitaux de France, de la
Fondation Claude Pompidou.

Cette fidélité à des valeurs fortes, cette solidité en amitié, cette exigence
constante, cette ténacité aussi, qui vous caractérisent, puisent sans doute
très profondément leurs racines, dans le récit de votre vie, et dans l’histoire
de votre famille, de votre père en particulier, dont je veux, avant de
prononcer la formule rituelle qui doit clore cet hommage, évoquer la
mémoire. Constantin Rindoff, docteur en droit de l’université de Paris,
fervent avocat des « États-Unis des Balkans » dans l’entre-deux guerres et
Président de l’Association des réfugiés politiques bulgares en France, aurait
sans doute été heureux de voir un jour le pays où il est né et que vos aïeux
ont servi rejoindre l’Union Européenne, lui qui n’a cessé de lutter pour le bel
idéal de la liberté qu’il est venu chercher sur le sol de France, un idéal qui
ne cesse de vous inspirer aujourd’hui.

Je suis particulièrement heureux de vous distinguer ici, au milieu de vos
amis et de votre famille.

Cher Bertrand Rindoff Petroff, au nom de la République, nous vous faisons
Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.