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Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre national du Mérite à Christian Carion

Cher Christian Carion,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour saluer en vous un
très grand réalisateur, aux oeuvres profondément humanistes, qui ont
séduit un public très large.

Seulement trois courts métrages et deux longs métrages ont suffi à faire de
vous l’un des cinéastes les plus en vue de ces dernières années. Vos deux
longs métrages ont séduit chacun plus de deux millions de spectateurs en
France, sans compter leur succès hors de nos frontières. Ce sont des
résultats rares et qui, je l’espère, et je n’en doute pas, vous ont encouragé
à poursuivre votre carrière dans la mise en scène.

En effet, si ces succès remarquables vous ont installé parmi les talents les
plus prometteurs du cinéma français, votre parcours ne vous prédestinait
pas à la création artistique. Vous avez débuté votre formation intellectuelle
comme scientifique, dans une école d’ingénieur du ministère de
l’Agriculture, suivant en cela la volonté de votre père. Mais un fort désir de
cinéma, ancré en vous dès votre plus jeune âge, et la rencontre de
Christophe Rossignon, lui aussi fils d’agriculteurs du Nord, aux débuts de
sa carrière de producteur, vous ont poussé à concrétiser votre rêve.

Votre attachement à vos origines rurales, mais aussi votre reconversion,
votre seconde vie, vous les avez évoquées dans votre premier long
métrage, Une hirondelle a fait le printemps, histoire d’un parcours
initiatique, d’une mue, d’une véritable renaissance. Sans doute la quête de
racines terriennes, mais aussi la modernité de la démarche de cette jeune
femme, interprétée par Mathilde Seigner, ont-elles réconforté tous ceux qui
rêvent de quitter la fureur de nos villes, ou plus généralement de tenter un
nouveau départ.

Après cette magnifique première aventure, qui a été également votre
premier très beau succès, vous avez travaillé patiemment à la conception
du film Joyeux Noël, qui a fait lui aussi sensation, notamment au Festival
de Cannes. À travers la narration de cet épisode de la Grande Guerre, qui
avait vu les adversaires du conflit fraterniser à l’occasion des fêtes, vous
avez offert au public une oeuvre qui va bien au-delà de la simple anecdote,
pour livrer un message universel.

Sans doute la terre qui vous a vu naître, l’Artois, chargée de fragments bien
palpables de cet épisode sanglant de notre Histoire, vous a-t-elle inspiré,
une nouvelle fois, dans la réalisation de ce conte humaniste et tragique, tiré
de faits réels.

Joyeux Noël a traversé les frontières et fait rayonner le septième art
français dans de nombreux pays. Modèle de coproduction européenne, il
porte également en lui un siècle d’histoire à venir, et de construction de
l’Europe. L’Europe de la paix, l’Europe de la culture, et je suis
particulièrement heureux de vous rendre hommage en cette semaine de
célébration du cinquantenaire du Traité de Rome.

Je salue aujourd’hui en vous un grand nom du septième art français, qui
démontre, une fois de plus, que la plus belle mission du cinéma est
d’adresser un message au monde. Le vôtre est empli d’espoir et de
confiance en l’homme.

Christian Carion, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, je vous fais Chevalier dans l’Ordre National du
Mérite.

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