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Congrès de la Fédération nationale de la presse française (FNPF) à Strasbourg

Madame le Sénateur-Maire, chère Fabienne Keller,

Monsieur le Président de la Communauté urbaine de Strasbourg,

Monsieur le Vice-Président du Sénat, Président du Conseil général du Bas-
Rhin, cher Philippe Richert,

cher Robert Grossman,

Monsieur le Président de la Fédération Nationale de la Presse Française,
cher François d’Orcival,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux d’être présent parmi vous, à Strasbourg, pour le 15e
congrès de la Fédération nationale de la presse française, pour réfléchir
avec vous à l’avenir de l’écrit. Je tiens à remercier chaleureusement votre
président, François d’Orcival, de m’y avoir associé, et de m’avoir permis de
revenir dans cette belle ville de Strasbourg.

Une ville, chère Fabienne Keller, au carrefour de l’Europe, dont elle abrite
le Parlement, une ville chargée d’art et d’histoire, dont je salue la grande
vitalité culturelle, le dynamisme créatif, comme la richesse patrimoniale,
avec notamment sa « Grande île » inscrite au patrimoine mondial de
l’UNESCO.

Oui, Strasbourg a su faire de la culture, de son patrimoine unique, de ses
monuments, de ses musées, de ses lieux de spectacle vivant, de ses
créations, un axe majeur de son développement et de son rayonnement.

Strasbourg est aussi une ville symbolique de ce combat, de cet
engagement, de cette passion qui nous réunit aujourd’hui, pour la liberté
d’expression, pour la qualité de l’information et la vitalité de la presse.

Une ville, enfin – et Robert Grossman pourrait vous en parler, lui qui a écrit
le très beau livre Le Choix de Malraux, l’Alsace, une seconde patrie – une
ville, disais-je, qui a marqué le destin de ce grand homme dont nous
célébrons aujourd’hui le trentenaire de la disparition, André Malraux, qui
fut, aux côtés du général de Gaulle, dès 1945, ministre de l’Information,
avant de créer le ministère de la Culture, comme ministre d’Etat, en 1959.

Souvenons-nous tous ici, particulièrement aujourd’hui, que sous le nom de
Résistance du Colonel Berger, il créa la brigade Alsace-Lorraine, et à la
tête de ces volontaires venus de Corrèze, aux côtés des troupes de Leclerc
et de la population de la ville, il défendit Strasbourg, qui fut libérée le 23
novembre 1944, il y a exactement 62 ans aujourd'hui. C’est à Strasbourg
également, qu’il a assisté, aux côtés du Général de Gaulle, à la création du
Rassemblement du Peuple Français, le 7 avril 1947.

A Paris, j’ai ouvert ce matin le ministère de la Culture et de la
Communication au public, pour une exposition exceptionnelle en
hommage à sa mémoire, à tout ce qu’il nous a légué, et d’abord son
oeuvre foisonnante et multiple, ainsi que les principes fondateurs, les
visions créatrices de notre politique culturelle, mais aussi un sens de
l’histoire et du tragique que des Alsaciens et des Strasbourgeois ont
éprouvé dans leur chair.

Malraux avait eu très tôt une intuition profonde du rôle capital de la
presse, des journaux, dans la liberté et la conscience des peuples. Dès
1925, il créa, avec Paul Monin, le quotidien L’Indochine, dénonçant les
abus, la censure, les tortures, les scandales, puis, clandestinement,
L’Indochine enchaînée.

Au lendemain de la seconde guerre mondiale, lorsque le Conseil national
de la Résistance dut décider l’adoption de « mesures à appliquer pour la
libération du territoire », il donna une place de tout premier rang à « la
pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression – la liberté de la
presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’Etat, des
puissances d’argent et des influences étrangères. ».

Cette presse de l’après-guerre était une « presse de combat », ainsi que
la qualifia André Malraux, une presse de conquête, éperdue de cette
liberté qui « existe pour et par ceux qui l’ont conquise ». Aujourd’hui
comme hier, la presse écrite est fille, et soeur de cette liberté si chèrement
acquise, elle est un pilier de notre démocratie, et cela seul justifie
l’ampleur de l’engagement de l’Etat à son égard.

Je tiens à vous dire tout d’abord combien je crois moi aussi profondément
en la presse, combien je tiens à sa liberté, et combien je veux m’engager
pour son avenir. Ma responsabilité de ministre de la Culture et de la
Communication, ma conviction intime, et mon engagement d’homme
politique me portent en effet à ne pas céder à une vision pessimiste de
l’avenir, à ne pas rejoindre le choeur des Cassandre, mais bien au
contraire à être profondément convaincu que la presse française, de par
ses qualités intrinsèques, est amenée à jouer un rôle de tout premier plan
dans le nouveau paysage des médias.

Face au déferlement des informations, face à la recherche effrénée de
l’immédiat, de l’instantané, face au flux des images et des émotions, face
aux flots de voix anonymes qui veulent se faire entendre sur les blogs,
face à la rumeur, à l’inexactitude, face à la spontanéité, à la facilité, à la
culture du zapping, nos concitoyens auront de plus en plus besoin de vos
analyses, de votre recul, de votre rigueur, de vos vérifications, de votre
intelligence de l’événement, bref, de votre métier. Internet ne sonne pas le
glas de la presse, bien au contraire les talents, le professionnalisme et
l’authentification sont plus que jamais des impératifs et des urgences.

La confiance n’empêche pas la lucidité et je mesure tout à fait les
difficultés qui touchent ce secteur essentiel. Je veux donner les moyens à
la presse d’affronter un avenir où elle a toute sa place. Telle est ma
détermination. Telle est ma conception de ma mission. Je sais aussi les
efforts que vous déployez pour relever les défis qui sont ceux de votre
secteur aujourd’hui. L’histoire de la presse écrite est faite de conquêtes nouvelles, d’adaptations permanentes, de réactivité féconde, par
lesquelles elle a toujours su montrer combien elle était indispensable à
nos concitoyens, au débat public, à notre démocratie, mais aussi
compatible, ou plutôt complémentaire avec d’autres moyens d’expression
et de diffusion des idées.

Depuis votre dernière rencontre à Bordeaux il y a trois ans, les défis que
votre profession doit relever se sont précisés, les mutations qui traversent
le secteur se sont accélérées et le sentiment de l’ampleur de la tâche à
accomplir a pu, légitimement, grandir.

Pour réussir son avenir, la presse doit surmonter bien des difficultés,
notamment économiques, auxquelles elle est aujourd’hui confrontée, et
que vous connaissez mieux que personne. En France, ces difficultés
connaissent une intensité nouvelle. Elles sont associées aux inquiétudes
que suscitent l’essor des gratuits, d’Internet et des médias mobiles. Elles
sont liées aussi aux empiètements de la « blogosphère » sur l’autonomie
du champ journalistique, à la baisse de la diffusion payée, à la très forte
concurrence sur le marché publicitaire, et au renouvellement du lectorat.

Je suis donc très heureux que votre Fédération, représentative des
différentes facettes de ce secteur, l’information spécialisée, la presse
quotidienne nationale, régionale et départementale, la presse magazine et
d’opinion, et de leurs différents enjeux, les réunissent, pendant ces
journées de réflexion, afin de jeter, ici, à Strasbourg, les bases de cette
« reconquête de l’écrit ». Tel est bien le sujet en effet.

Notre société des écrans demeure une civilisation de l’écrit, et cela ne va
pas de soi, car c’est le fruit du travail, des efforts, du professionnalisme de
la communauté que vous représentez. Votre enthousiasme pour la
défense de vos métiers, votre énergie, votre engagement en faveur de la
presse, il est de mon devoir de les relayer, de les appuyer, de les
encourager. Je tiens à dire ici que l’Etat a été, est, et sera à vos côtés
pour accompagner les évolutions que vous conduisez, que vous
connaissez, que vous anticipez.

Oui, l’Etat a un rôle majeur à jouer. Sans réglementations et interventions
appropriées de l’Etat, la presse, comme la diversité culturelle, ne peuvent
pas exister. Et la presse vivra, avec l’aide de l’Etat, avec les ressources,
qu’elle saura mobiliser, non seulement financières, mais aussi
intellectuelles, humaines, créatives, avec le soutien de ses lecteurs, elle
vivra bien plus longtemps que les préconisations éphémères d’un
énième rapport qui n’engage que ses auteurs.

Avec un budget total de 274 millions d’euros, le projet de loi de finances
pour 2007 représente, à périmètre constant, un montant de crédits
supérieur de plus de 22% aux moyens consacrés à la presse écrite il y a
encore deux ans. Comme en 2005 et en 2006, j’ai voulu que ces crédits
appuient prioritairement les efforts engagés par le secteur pour conforter
durablement les conditions de son indépendance économique et de son
développement futur, qu’il s’agisse de la modernisation des entreprises,
d’actions innovantes, ou de la recherche d’une plus grande autonomie
financière. Et cette autonomie est la garantie même de sa liberté, et du
pluralisme. Si la concentration excessive ne peut que nuire à ces dernières, n’oublions pas, et le rapport Lancelot de décembre 2005 l’a
rappelé, que la constitution d’entreprises puissantes, de groupes de
presse plurimédias, permet aussi de créer les conditions financières d’une
plus grande autonomie.

Je tiens à insister sur le fait que, dans le contexte budgétaire que nous
connaissons, l’effort de l’Etat est un effort majeur. Mais, l’Etat sait que la
constance du soutien est décisive et son engagement financier massif,
année après année, entend accompagner les réformes structurelles que
vous mettez en oeuvre.

Engager des moyens financiers conséquents et déterminer clairement
quelle est la priorité de la politique publique en faveur de la presse, tels
sont, aujourd’hui, les éléments indispensables à l’efficacité de l’action de
l’Etat. Or, cette efficacité ne pourra porter ses fruits que si elle est
directement utile au développement de vos titres.

A cette fin, plusieurs mesures seront adoptées, avant la fin de l’année,
dans le domaine fiscal. Pour répondre à la faiblesse chronique des fonds
propres des entreprises de presse, qui obère bien souvent leur capacité
d’investissement, un mécanisme de réduction d’impôt permettra de
faciliter l’investissement dans le capital des entreprises de presse.

De même, le système spécifique de provision pour investissements dit du
« 39 bis » sera adapté pour mieux répondre aux besoins des entreprises.

Le régime actuel, qui arrive à échéance à la fin de l’année, sera prorogé
jusqu’en 2010.

Par ailleurs, désormais les dons aux journaux d’opinion tant des
particuliers que des entreprises pourront se voir appliquer la déduction
fiscale autorisée au titre du mécénat culturel. Cette disposition n’implique
pas l’adoption d’un texte en loi de finances. Il s’agit d’une interprétation
désormais officielle et je veux vous lancer un appel solennel aujourd’hui
ici à Strasbourg : créez une fondation de la presse française, faites
connaître cette disposition à vos lectorats présents et à venir afin qu’ils
participent directement au soutien des titres qu’ils aiment. Bien sûr
chaque titre est libre de créer sa propre fondation mais réfléchissez à
cette idée de fondation de la presse française d’opinion. Je suis prêt à
contribuer à sa réalisation.

Plus généralement, l’action publique doit avoir pour exigence une grande
réactivité afin de répondre, de manière adaptée, à des besoins en
constante redéfinition. La modernisation du secteur constitue à l’évidence
le défi primordial que la presse doit absolument relever, pour conforter ou
restaurer les conditions de son indépendance économique et de son
développement futur.

Oui, je le redis, je crois profondément que la presse écrite a un avenir.

L’avènement du numérique oblige la presse à se réinventer. Les
réflexions de tous les horizons sont précieuses pour cette mutation et je
pense en particulier aux travaux novateurs du Centre National pour le
Développement de l’Information, implanté à Lyon.

L’avenir de la presse papier est indissociablement lié à l’avenir de sa
distribution. L’Etat soutient la nécessaire modernisation du circuit de
distribution de la presse, avec le souci d’intégrer tous les maillons de la
chaîne. En 2002, une aide a été instituée pour accompagner la
modernisation de la distribution de la presse quotidienne nationale
d’information politique et générale. Initialement prévue pour trois ans,
cette aide a été reconduite et complétée par une aide spécifique à la
modernisation du réseau des diffuseurs.

Plus largement, les pouvoirs publics s’attachent à favoriser le
développement de la diffusion, sous toutes ses formes, et notamment le
transport postal de la presse, le portage, ou encore l’expansion de la
presse française à l’étranger.

Mais, au-delà des aides publiques, en adaptation permanente, une
concertation active plus globale doit être menée sur la modernisation de
la distribution de la presse. Le système est aujourd’hui performant, mais il
doit se réformer, dans la concertation avec chacune des parties
concernées, pour pouvoir durer. Et je crois que l’avenir est, non pas à la
réduction du nombre de points de vente, mais bien au contraire à la
création de nouveaux points de vente, plus modernes, plus spécifiques
peut-être, adaptés à un univers différent, pour séduire de nouveaux
lecteurs.

L’avenir de la presse n’existe que par les lecteurs à venir. Il faut donner
aux jeunes l’envie de lire la presse. C’est pourquoi j’ai souhaité que soit
poursuivi l’effort pour accroître la diffusion de la presse auprès des
jeunes lecteurs. Nous avons isolé, à cette fin, une enveloppe de
3,5 millions d’euros en 2005. Son montant a été porté à 4 millions en
2006 et ce niveau est maintenu en 2007. L’objectif est de faire émerger
des projets innovants – je pense par exemple à certaines nouvelles
formules d’abonnement qui ont été expérimentées et ont montré leur
pertinence – et de contribuer à leur financement.

Nous en sommes tous conscients, la modernisation de la presse passe
bien évidemment par son ouverture aux nouvelles technologies de
l’information. 80 % des 18-24 ans se sont connectés à Internet au cours
du dernier mois. Ce passage décisif à l’ère numérique doit être une
réussite, j’en fais un enjeu de tout premier plan.

Je viens de défendre ces jours-ci au Sénat un projet de loi pour faire
basculer complètement et définitivement la télévision analogique à l’ère
numérique, et élargir l’offre de programmes de 6 à 18 chaînes gratuites
pour 100% des Français à l’horizon de 2011. Le passage à l’ère
numérique pour la presse écrite peut, lui aussi, susciter des craintes,
mais il représente, lui aussi, en réalité, une chance, immense, que nous
pouvons et devons saisir.

Sur ce sujet, j’ai confié une mission à une personnalité indépendante et
expérimentée dans le domaine des médias, M. Marc Tessier, qui a déjà
auditionné un certain nombre d’acteurs du secteur. Il rendra au tout début
de l’année 2007 un rapport sur les voies et les moyens qui permettront à
la presse, dans toutes ses composantes, d’envisager avec confiance et
dynamisme l’avenir dans l’univers numérique du XXIe siècle.

Dans le même esprit, le Gouvernement a défendu et continuera de
défendre le principe du taux de TVA réduit pour la presse en ligne. Cela
exige aussi de définir précisément ce qu’est un service de presse en
ligne et de faire reconnaître cette définition, qui doit faire référence au
caractère principalement textuel des contenus éditoriaux des services de
presse en ligne, afin de se distinguer des sites d’information audiovisuels
et des banques d’images d’actualité. Pour ma part, je crois profondément
aux continuités qui existent entre le support papier et le support
électronique. Je ne méconnais pas la complexité de cette problématique,
mais je sais que dans ce type de négociations, il faut faire front commun
si l’on veut réussir, et tel est bien le but qui anime votre Fédération et le fil
rouge de vos débats, tout au long de votre congrès.

Vous le savez avec
Thierry Breton, nous avons saisi la Commission européenne de ce sujet
qui a été évoqué au dernier « Ecofin ». Il y a quelques jours, Monsieur
Kovacs, commissaire européen en charge de la fisaclité a indiqué que au
plus tard le 30 juin 2007, sur la base d’une étude menée par un groupe
de réflexion indépendant, la Commission soumettra au Parlement
européen et au Conseil un rapport d’évaluation générale sur l’impact des
taux réduits, notamment en termes de création d’emplois, de croissance
économique et de bon fonctionnement du marché intérieur. J’ai obtenu
de la Commission que l’industrie des médias soit pleinement prise en
compte lors de cette évaluation et que l’approche globale qu’elle
proposera constitue une solution viable à long terme. Je vous encourage
à appuyer les efforts du gouvernement.

Chaque média, qu’il s’agisse de la presse, de la radio et de la télévision,
s’est développé et existe aujourd’hui indépendamment l’un de l’autre.

L’univers dans lequel nous vivons est saturé d’informations, qui
proviennent de la télévision, de la radio, d’Internet, et pourtant nous
éprouvons toujours le besoin impérieux de lire des journaux. Aucun
média ne peut réellement, durablement, se substituer à la presse.

Internet offre une profusion d’informations et de textes sans hiérarchie où
les rumeurs et les inexactitudes sont très nombreuses. Avec les
téléphones portables, nous sommes entrés dans l’ère de la
« communication de masse individuelle », comme l’appelle le sociologue
Manuel Castells, qui souligne qu’en moyenne un blog est créé chaque
seconde dans le monde. Dans cette « galaxie internet », la rigueur et la
précision du journaliste lui donnent tout son crédit et sont absolument
indispensables, demain encore plus qu’aujourd’hui. Plus que jamais,
l’auteur d’un article ou d’un reportage sera engagé par sa signature, qui
sera pour le public une garantie d’exactitude, au milieu d’une masse de
documents sans auteurs.

Oui, la presse, je le disais tout à l’heure, c’est avant tout un métier, des
métiers, des compétences, des passions. A cet égard, la question de la
formation est à mes yeux essentielle. J’ai rappelé, le mois dernier, à
l’occasion du soixantième anniversaire du Centre de Formation des
Journalistes, comme je l’ai fait en 2004 à Lille, et comme je le fais à
Tours, devant les étudiants de l’IUT, qui est aussi l’une des écoles reconnues par la profession, combien est primordial l’apprentissage du
décryptage, de l’analyse des évènements, de la curiosité, de la patience,
de l’ouverture et de l’esprit critique. Donnons à nos futurs journalistes le
goût et la passion de l’écrit, comme nous nous efforçons de donner à nos
jeunes concitoyens ceux de la lecture.

Mais, je tiens à le rappeler aujourd’hui devant vous, la presse, c’est
d’abord une liberté et une responsabilité.

Souvenons-nous en, dans le monde d’aujourd’hui où la liberté de la
presse demeure une conquête de chaque jour, un défi quotidien. Et sa
constance est la marque de sa force. Pourtant, nous savons que cette
force vivante est toujours fragile, toujours menacée. Oui, il ne peut y avoir
d’avenir de la presse sans liberté de la presse.

Particulièrement dans le monde où nous vivons, traversé de fractures, de
haines, de véhémences, de violences et d’intolérances. L’actualité nous
rappelle malheureusement qu’une seule phrase, qu’un seul trait, qu’une
seule image, exposés publiquement, peuvent être pris pour prétextes de
mouvements de haine en de nombreux endroits de la planète, et qu’une
tribune libre publiée dans un journal peut faire l’objet de menaces de
mort. C’est inadmissible, inacceptable, intolérable. Dans notre
démocratie, chacun, dans le respect des autres, dans la conscience de
ses responsabilités, doit pouvoir s'exprimer librement.

Mais, même dans notre République, aucun citoyen ne doit s’habituer à la
liberté de la presse, comme si elle était un acquis définitif, donné une fois
pour toutes. La liberté de la presse ne supporte pas l’indifférence. Elle
appelle l’engagement et l’action.

Je tiens à le rappeler, d’autant plus que nous abordons une année où le
débat public sera particulièrement intense dans notre pays. Et que ce
débat a besoin d’une presse d’information, il a besoin d’une presse
d’opinion forte, libre et indépendante. Le ministère de la Culture et de la
Communication est d’ailleurs mobilisé en ce moment même aux côtés de
la rédaction de ce grand quotidien qu’est Libération, pour trouver des
solutions aux problèmes qu’il rencontre. Car la liberté, l’indépendance et
le pluralisme de la presse sont essentiels au débat démocratique et à
chaque citoyen.

Vive l’écrit ! Vive la presse ! Vive l’avenir de la presse !

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