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Remise des insignes de chevalier de la Légion d'honneur à Yves Bourgade

Cher Yves Bourgade,

Je suis très heureux de vous accueillir rue de Valois, pour honorer en vous une figure
éminente de l’univers des médias, un grand homme de culture, un journaliste réputé et un
grand critique dramatique et musical.

Né à Nouméa, c’est à Paris, à la Sorbonne, que vous suivez vos études de Lettres, avant
d’entrer à l’Agence France Presse (AFP), où vous entamez la brillante carrière à laquelle
vous destinaient votre plume brillante et votre insatiable appétit de culture. D’archiviste, vous
devenez pigiste régulier dans la section « Culture », puis le premier responsable de la
rubrique dédiée à la vie musicale et lyrique, créée dans le sillage du plan du renouveau
musical en France, lancé par Marcel Landowski.

Vous intégrez parallèlement la rédaction de l’AFP, en qualité de journaliste rédacteur,
d’abord au service Outre-mer, puis à celui des Informations générales.

En 1980, vous prenez en charge pour l'AFP les trois rubriques de musique classique, de
danse et de théâtre, fonctions que vous avez assumées, avec le talent que l’on connaît,
depuis un quart de siècle. Véritable mémoire vivante du spectacle vivant français, vous avez
accompagné, diffusé, et promu inlassablement notre vie culturelle dans vos innombrables
dépêches.

Vous avez fourni aux journalistes, et à leurs lecteurs, une matière précieuse, une chronique
foisonnante, au jour le jour, de l’actualité culturelle, alternant « avant-papiers », « papiers
généraux », « papiers d’angle », « comptes rendus », « reportages », en virtuose de
l’écriture journalistique. Vous avez suivi les représentations, brossé des portraits d’artistes,
interrogé des personnalités, dressé l’actualité des festivals, de la présentation du programme
au « compte rendu de mi-parcours », et au bilan. Le Festival d’Avignon, d’Aix, la Salle Pleyel,
la réhabilitation du Chevalier de Saint-Georges ou encore la création d’un opéra en langue
corse à Marseille, mais aussi toutes les mesures mises en place par ce ministère en faveur
du spectacle vivant : vous avez embrassé, de vos dépêches, un quart de siècle de culture, et
de vie artistique.

A l’heure où vous prenez une retraite de l’Agence France Presse amplement méritée, je
tiens à saluer la fidélité, la constance et l’intelligence de votre travail. Vous êtes, cher Yves
Bourgade, l’honneur de la presse française. Vous avez également exercé votre talent en
qualité de correspondant du Journal de Genève. De 1971 à 1988, vous y avez donné des
nouvelles de la vie culturelle de notre pays, avant de vous lancer, dès ses débuts, dans la
belle aventure du Figaroscope, dont vous assurez les critiques de musique classique.

Au début des années quatre-vingts, au titre de vos activités à l'AFP, vous êtes élu au comité
du Syndicat professionnel de la critique dramatique et musicale, devenu récemment le
Syndicat professionnel de la critique de théâtre, de musique et de danse, où vous siégez
toujours à l’heure actuelle. Vous en avez été élu par deux fois vice-président, et président,
pour quatre mandats, à la tête de la défense de l’activité de critique musical dans la presse
écrite et audiovisuelle.

Depuis janvier 2002, et après en avoir été membre, vous présidez, en tant que représentant
du Syndicat professionnel de la critique, la commission d'attribution de la carte nationale de
critique de théâtre, de musique et de cinéma, au sein de la Fédération nationale de la presse
française.

Je salue le rôle de tout premier plan que vous jouez dans la diffusion du spectacle vivant, un
rôle de passeur, de relais essentiel pour les artistes et leurs oeuvres, mais aussi pour la
défense de la noble profession de critique, dont Baudelaire disait qu’elle est « faite à un point
de vue exclusif, mais au point de vue qui ouvre le plus d'horizons. »

Votre oeuvre, car c’en
est une, nous en fournit une très belle et très vivace illustration.

Yves Bourgade, au nom du Président de la République, et en vertu des pouvoirs qui nous
sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion d’honneur.

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