Rubrique ‘Discours 2007’

L’Egalité des Français devant la culture – Conseil des ministres

9 mai 2007

Monsieur le Président de la République,

Depuis cinq ans, la politique culturelle a changé. Le rapport des Français à la culture s’est
modifié. Les missions du ministère de la culture et de la communication ont évolué. C’est le
fruit d’une volonté politique.

C’est la marque, M. le Président de la République, M. le Premier Ministre, de vos initiatives
avec la force d’une vraie résonance entre notre politique étrangère et notre politique
culturelle. Parler de racines, d’égalité, de diversité, de tradition, de fierté, de patrimoine et de
création, c’est mettre en lumière des concepts aussi importants entre les peuples au plan
international que dans les quartiers de chacune de nos villes.

C’est aussi le résultat de l’histoire et de l’évolution de la société française depuis qu’André
Malraux a formulé ainsi l’ambition fondatrice qu’il avait assignée à la création du ministère de
la Culture : « Rendre accessibles les oeuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la
France, au plus grand nombre de Français ; assurer la plus vaste audience à notre
patrimoine culturel et favoriser la création des oeuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent.
»

Aujourd’hui, la politique culturelle est à la fois plus diffuse et mieux partagée. L’offre de
culture ne résulte pas seulement de l’État, mais aussi de l’ensemble des institutions qui y
contribuent. Et le développement des nouvelles technologies a considérablement augmenté
la demande de culture de nos concitoyens.

Grâce à l’engagement de la France, la diversité culturelle est devenue, non seulement un
pilier de notre politique culturelle, mais aussi un nouveau principe universellement reconnu
du droit international, avec l’entrée en vigueur, le 18 mars dernier, de la convention sur la
protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles.

L’égalité des Français devant la culture est l’autre principe refondateur de notre politique
culturelle, permettant de répondre aux aspirations nouvelles et unanimes des Français – qui
expliquent que la culture ne soit plus un enjeu de clivages partisans dans le débat public.

Tel est l’objectif des politiques menées pour assurer l’égalité des Français devant la culture,
qui passent :

– par l’ouverture des lieux de patrimoine à tous les publics,

– par un véritable aménagement culturel du territoire et,

– par une action interministérielle énergique.

L’ouverture des lieux de patrimoine leur permet de s’adresser à de nouveaux publics.

• Le succès du musée du Quai Branly, qui a attiré depuis son ouverture, en juin 2006, plus
d’un million et demi de visiteurs, montre que de nouveaux publics de toutes origines, de
toutes générations, sont avides de découvrir un musée au propos novateur et modernisé.

• Tel est aussi l’objet de la Nuit des musées, dont la troisième édition aura lieu le samedi 19
mai.

• Mais également, de la réouverture du Grand Palais, avec une programmation qui s’adresse
à tous. L’entrée des cultures urbaines dans cette vaste nef emblématique a prouvé qu’elles
sont tout sauf des cultures ghettos.

La création de la cité nationale de l’histoire de l’immigration, qui ouvrira ses portes dès cette
année, mettra ainsi en lumière la communauté de destins qui rassemble toutes les origines
et toutes les générations de la société française d’aujourd’hui.

L’explosion de l’audiovisuel n’a pas vidé les musées, bien au contraire : leur fréquentation
n’a jamais été aussi forte, ni autant en progression que depuis trois ans. Il faut faire plus.

C’est l’objet de la politique tarifaire de nos institutions culturelles.
La politique tarifaire est en effet un levier d’action efficace pour ouvrir l’accès à la culture. Les
musées nationaux ont mis au point une politique tarifaire incitative et une gratuité ciblée qui
concerne, par exemple, plus du tiers des visiteurs du musée du Louvre (soit 2 600 000
visiteurs en 2006).

L’aménagement culturel du territoire est le deuxième facteur important d’égalité des Français
devant la culture. S’il reste encore beaucoup à faire pour assurer l’égalité territoriale, grâce
aux décisions qui ont été prises
depuis trois ans, de nouveaux lieux de culture pourront irriguer l’ensemble de notre territoire,
dont le Louvre à Lens est un exemple particulièrement emblématique.

Mais chaque quartier
dans le cadre de la rénovation urbaine doit comprendre un lieu dédié à l’action culturelle et à
la présence artistique.

Les investissements culturels ont été réalisés majoritairement en régions (et non pas à Paris)
entre 2002 et 2007.

De nouvelles formes d’action territoriale se développent. Ainsi, les contrats de projets État-
Région comporteront un volet consacré aux équipements culturels.

La décentralisation culturelle permet de rapprocher les grandes structures parisiennes des
publics en régions, où les grands musées nationaux mènent une politique de dépôts et de
prêts d’oeuvres et où la Réunion des musées nationaux (RMN) organise de grandes
expositions, telles que « Cézanne en Provence », qui a attiré près d’un demi-million de
visiteurs au musée Granet rénové.

Il en va de même dans le domaine de l’art contemporain où nous avons attribué de très
nombreuses oeuvres aux musées en région. Au total, le succès de ces initiatives montre que
les politiques culturelles sont de plus en plus concertées et coordonnées par les institutions
culturelles et les opérateurs culturels, autour de projets communs, qui réunissent à la fois
l’État, les collectivités territoriales et l’ensemble des partenaires et des établissements
associés dans un même objectif.

La politique culturelle est désormais résolument interministérielle, comme le montrent les
actions menées en partenariat entre le ministère de la culture et de la communication et les
autres ministères, grâce aux arbitrages du Premier ministre, en faveur des personnes
handicapées, mais aussi de la culture à l’hôpital, et des personnes détenues.

L’éducation artistique et culturelle pour tous demeure un grand chantier d’avenir , même si
grâce à l’action éclairée menée avec Gilles de Robien, elle fait désormais partie des
fondamentaux. Pour parvenir à notre ambition, il faut compter sur le partenariat actif, à tous
les niveaux, entre le ministère de la culture et de la communication et le ministère de
l’éducation nationale, mais aussi sur la mobilisation des établissements, des institutions
culturelles et de leurs partenaires.

Chaque école, chaque collège, chaque lycée, doit déjà intégrer un volet artistique à son
projet d’établissement. Il faudrait, à l’avenir, que chaque établissement d’enseignement de
France soit jumelé avec un lieu culturel ou une équipe artistique.

Le succès de l’opération « Les Portes du Temps » montre que c’est possible.

Lancée à l’été 2005 au musée-château de Fontainebleau, reconduite en 2006 et cette année
encore, cette opération exemplaire a touché 10.000 jeunes qui ne partaient pas en vacances
en 2005, le double en 2006, issus des centres de loisirs, des centres sociaux, des maisons
de quartier, implantés essentiellement dans des zones sensibles, relevant de la politique de
la ville.

Enfin, le développement des technologies numériques ouvre de nouveaux horizons à
l’égalité des Français devant la culture, à la télévision, mais aussi sur Internet, où le projet de
bibliothèque numérique européenne Europeana permettra un accès simplifié et unique à des
millions de livres et de documents numérisés.

Le portail du ministère, Culture.fr, met d’ores et déjà à la disposition de tous les internautes
près de deux millions de données, dont un million d’images, avec la certitude de parvenir à
18 millions en septembre.

Ainsi, près de cinquante ans après sa création, le ministère de la culture et de la
communication est devenu fédérateur de politiques culturelles transversales, au service de
l’égalité des Français devant la culture, permettant de passer de l’ambition fondatrice de « la
culture pour tous » au projet concret de « la culture pour chacun ».

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre National de la Légion d’Honneur à Olivier Meyer

2 mai 2007

Cher Olivier Meyer,

Cette cérémonie de remise de décoration est – avant le grand rendez-vous
démocratique de dimanche… – l'une des toutes dernières de mon
« triennat » de ministre de la Culture et de la Communication.

Elle est donc empreinte pour moi d'une émotion et d'une solennité
particulières. Je suis surtout heureux qu'elle soit placée sous le signe fort
de l'amitié.

Cette amitié est, bien sûr, celle qui nous unit, cher Olivier. J'ai pu en
apprécier particulièrement la force et la qualité au cours de ces trois
années passionnantes, riches en actions, en réalisations, en joies
partagées, mais aussi, parfois, chargées d’électricité…

Cette amitié est aussi celle que vous prodiguez sans relâche et sans
compter – avec foi et enthousiasme – aux artistes, aux jeunes talents et aux
spectacles auxquels vous avez décidé de consacrer votre vie
professionnelle, vos dons, votre expérience, votre intelligence, votre
énergie.

Et je suis profondément convaincu que ce sens authentique de l'amitié
véritable, faite d'intuition, de compréhension, de dévouement, faite aussi
d'un sentiment constant de fraternité et de partage, est la clé de l’action
artistique, mais aussi d’une vie réussie.

Vos études à l'École supérieure de Commerce de Paris, et votre Licence
de Sciences Economiques, semblaient vous vouer à un destin de grand
serviteur de l’industrie ou de l’État, dans la lignée de votre illustrations
familiales, où domine la mémoire d’Auguste Champetier de Ribes, délégué
du général de Gaulle à Nuremberg, où il soutient l’accusation au nom de la
France, de la Belgique, du Luxembourg et de la Hollande.

Mais, après avoir exercé un temps le beau métier de journaliste, vous vous
tournez résolument vers le monde de l’art et de la culture vivante, en créant
et en animant, de 1978 à 2002, une société de production de spectacles et
d'organisation de tournées.

La qualité, la constance de votre travail, votre sens de l’engagement et du
contrat, vous valent très vite, auprès des professionnels du monde entier,
la réputation d’un partenaire solide et fiable, pour lequel la parole donnée
est sacrée.

Vous avez contribué au rayonnement de nos artistes sur la scène
internationale. Des nombreuses tournées que vous avez organisées, je
retiens particulièrement, pour leur prestige et leur succès, celles où vous
avez entraîné en Amérique du Sud le Ballet Théâtre de Nancy avec
Rudolf Noureev … Ou encore, les tournées en Afrique de Jacques Higelin
ou de l'Orchestre National de Lille, celles en Asie du Groupe de
Recherche Chorégraphique de l'Opéra de Paris ou de CharlElie Couture…

Parallèlement, vous faisiez tourner en France les spectacles d'Alfredo
Arias, Roland Petit ou Josef Nadj.

Une telle affiche est un remarquable témoignage de votre ouverture à
toutes les formes et à toutes les disciplines du spectacle.

C'est dans le même esprit de curiosité et de découverte que vous avez à
cette époque produit à Paris des spectacles de Laurent Pelly ou de Jean-
Jacques Vanier, encore à l'aube de leur carrière, et que vous avez été le
producteur toujours inspiré d'artistes aussi divers que Les Nouveaux Nez
ou Alex Métayer, sans oublier l'Orchestre National de Jazz, le Ballet-
Théâtre du Silence ou le Groupe TSF.

Vous avez ainsi organisé, durant 25 années, plus de 5 600
représentations en France et à l'étranger, dans 32 pays d'Europe,
d'Amérique, d'Asie et d'Afrique, en plaçant toujours très haut la barre de
l'exigence artistique.

Mais cela ne suffisait sans doute pas au boulimique d'action et de
découverte que vous êtes : le 1er mars 1990, vous avez été nommé
Directeur du Théâtre Jean Vilar de Suresnes.

Vous avez su vous y montrer digne de l'histoire et de la vocation de ce
haut-lieu de notre vie culturelle : le théâtre de Suresnes a accueilli en
1951 la première représentation du TNP dirigé par Jean Vilar; il demeure
à jamais dans notre esprit le lieu où celui-ci a créé, inventé, une nouvelle
façon de faire du théâtre.

L'ouverture, sous votre direction, du théâtre rénové, en novembre 1990,
se fait à la lumière de milliers de bougies et de torches réparties sur
l'avenue et la place du Théâtre. Vous avez voulu mettre ce lieu au service
de la création, y donner leur chance à des artistes encore peu connus et y
faire de la représentation un acte de vie. Le Théâtre Jean Vilar de
Suresnes, c'est aujourd'hui plus de 120 représentations et 40000
spectateurs par saison; c'est aussi une programmation diversifiée
d'accueils et de créations, où théâtre, danse et musiques jouent à parts
égales leur rôle au coeur de la cité.

Je salue l’une de vos grandes réussites, la création en 1991, un an après
votre prise de fonction, du Festival Suresnes-Cité-Danse, qui propose des
rencontres entre l'univers de chorégraphes contemporains et celui de
danseurs hip-hop.

De Jean-Claude Gallotta à Karine Saporta, de Laura Scozzi à José
Montalvo et Dominique Hervieu, de Blanca Li à Anthony Egéa, Marie-Agnès Gillot ou Yann Bridard, on ne compte plus les chorégraphes que
vous avez su découvrir et accompagner aux frontières de leur expérience
artistique et qui, le succès venu, retrouvent avec une fidélité remarquable
et un plaisir renouvelé, les scènes de votre théâtre, au coeur de la citéjardins
de Suresnes.

La manifestation que vous avez créée traduit non seulement votre grande
réceptivité aux courants et aux langages artistiques de notre époque, mais
aussi une reconnaissance de la vitalité des cultures urbaines. Elle connaît
un vif succès et rassemble désormais chaque année plus de quinze mille
spectateurs. Je l'ai toujours suivie avec intérêt, tant elle me semble
représentative des attentes d'une génération et des évolutions du
paysage culturel. L'événement « Rue », que j'ai initié il y a quelques mois
au Grand Palais, a prouvé combien cet intérêt est non seulement justifié,
mais aussi partagé, combien il est nécessaire à la bonne compréhension
de notre temps et à un dialogue fécond entre les diverses composantes
de notre société.

Vous êtes, cher Olivier, avec Suresnes Cité-Danse, un ouvreur d’horizons.

Mais, cher Olivier, ce n'est pas tout ! Depuis deux ans maintenant, vous
êtes également le Directeur du Théâtre de l'Ouest Parisien à Boulogne-
Billancourt. Fidèle à vous-même et à vos convictions, vous y faites une
large part à la création artistique. La majorité des nouvelles productions
est confiée à de jeunes metteurs en scène, tels Bernard Lévy, Magali
Léris ou Bérangère Jannelle. Vous avez voulu que la saison en cours soit
marquée par une volonté d'ouverture et d'exigence, qu'elle exalte la force
de l'esprit de la jeunesse, et qu'elle affirme la toute-puissance de l'amour.

C'est bien là le message que nous attendons du théâtre, des artistes et de
toutes les disciplines du spectacle vivant. J'y souscris entièrement, et
rends hommage à l'action qui a toujours été la vôtre. Vous êtes non
seulement un artisan passionné de la scène d'aujourd'hui, mais l’un de
ceux dont nous avons le plus besoin. Je suis très heureux de vous mettre
aujourd'hui à l'honneur.

Mais l'évocation de votre parcours et de vos qualités serait incomplète si
je n'y associais celle de votre famille. Et d’abord, bien sûr, Brigitte Lefèvre,
dont je salue l'action courageuse, osée et opiniâtre, à la délégation à la
danse du ministère, puis à la direction de la danse de l’Opéra national de
Paris et la personnalité solaire. Votre oeuvre commune, c’est la danse ; et
c’est aussi votre fille, Mathilde, à laquelle vous avez l’un et l’autre transmis
votre sens de l’exigence, votre passion de la scène, votre amour de l’art.

Elles seules connaissent peut-être le secret de votre goût de la difficulté et
des nouveaux défis, dont vous dites qu'il mériterait une psychanalyse de
longue durée… Je vous réunis tous les trois dans le même affectueux
hommage, mais c'est à vous, cher Olivier, que je laisse le dernier mot, en
rappelant cette phrase de l'un de vos textes, que je reprends volontiers à
mon compte : « Les artistes ne sont-ils pas les témoins privilégiés, les
acteurs attentifs, les messagers de la force et de la complexité du monde
qui nous entoure ? »

Olivier Meyer, au nom du Président de la République et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion
d'Honneur.

Remise de médaille de Grand mécène à la banque BNP Paribas représentée par son Directeur général Baudouin Prot

24 avril 2007

Monsieur l’Administrateur-Directeur Général, Cher Baudouin Prot,

Mesdames et Messieurs,

Cher amis,

Je suis particulièrement heureux d’être aujourd’hui parmi vous ici, rue
d’Antin, afin de remettre à la Fondation BNP Paribas, et à votre grande
entreprise, la médaille de « Grand Mécène » du ministère de la Culture et
de la Communication et, de saluer ainsi, votre fidèle et constant
engagement en faveur des musées, du patrimoine, des arts vivants, de la
musique, et de la création.

Le mécénat conduit par votre groupe depuis de nombreuses années est à
l’image de son histoire : dynamique, diversifié, international, et faisant la
synthèse de plusieurs héritages.

Héritière d’une histoire prestigieuse, votre banque se trouve à la tête d’un
patrimoine exceptionnel, constitué de remarquables témoignages de
l’architecture bancaire des XIXe et XXe siècles. Ces lieux, vous les
conservez et les mettez en valeur avec passion, à Paris, en région et dans
le monde. En témoignent l’ancien siège du Comptoir d’Escompte de Paris
de la rue Bergère, l’un des deux premiers grands sièges bancaires
parisiens, qui rivalisait d’audace avec celui du Crédit Lyonnais, votre
superbe siège Art Déco du boulevard des Italiens, ou bien sûr, le
magnifique hôtel de la rue d’Antin dans lequel nous sommes réunis
aujourd’hui.

Grâce à une politique de développement exemplaire, conduite depuis 1993
par Michel Pébereau et vous-même, fondée sur la recherche constante de
la création de valeur, une volonté assumée de modernité, une innovation
commerciale sans cesse croissante, et un renforcement marqué de votre
présence internationale, BNP Paribas est aujourd’hui l’un des tout premiers
groupes bancaires mondiaux, la première banque de la zone Euro, et la
première banque française.

Dans ce contexte favorable et après le rapprochement de 2000, la
Fondation BNP Paribas poursuit, en les développant et leur assurant un
nouveau rayonnement, les actions conduites par la Fondation Paribas et
celles qui étaient menées depuis les années quatre-vingts par la Banque
Nationale de Paris.

Elle exprime, dans le registre culturel, les valeurs qui fondent votre groupe :
l'ambition, l'engagement, la créativité et la réactivité.

Son action est exemplaire à plus d’un titre, notamment par la diversité des
champs qu’elle recouvre, qui résulte en partie de l’héritage de vos
engagements historiques, mais également par la constance et la fidélité
avec laquelle vous accompagnez les projets que vous soutenez, autant
que par votre capacité de renouvellement et d’innovation.

Vous êtes en effet un mécène fidèle et reconnu des musées. Vos actions
s’articulent autour de deux axes : la préservation et la restauration d’une
part, la diffusion des connaissances d’autre part.

Depuis 1994, une cinquantaine de musées ont ainsi bénéficié de votre
bienveillance et près de 200 oeuvres ont, grâce à vous, retrouvé leur éclat,
leur splendeur, et leur place de premier plan dans les collections
publiques.

Pour n’en citer que quelques-unes, qui vous doivent une véritable
renaissance : la Collection de Gaston Chaissac au musée des Sables
d’Olonne, les 36 bustes de Daumier au musée d’Orsay – les fameux
Parlementaires ! – , 5 peintures de Goya au musée des Beaux-Arts
d’Agen, celles de Philippe de Champaigne aux musées d’Arras, de
Cherbourg et de Marseille, de Rubens aux musées de Lille et
Valenciennes, 5 « Nanas » de Niki de Saint-Phalle à Nice, et une toile qui
me tient, vous le savez, tout particulièrement à coeur, « L’Assomption de
la Vierge » de Charles Lamy au musée des Beaux-Arts de Tours.

Des sites aussi prestigieux que le Palais des Papes d’Avignon et le
château de Versailles ont également bénéficié de votre mécénat
exemplaire.

BNP Paribas rayonne en France et dans le monde entier, le programme
de restauration de la Fondation suit la même voie.

Vous contribuez également à la diffusion des connaissances et des
richesses que recèlent nos musées, en publiant, depuis 1987, la
prestigieuse collection « Musées et Monuments ».

Fidèle partenaire du Prix du jeune écrivain, qui permet à de jeunes
auteurs français et francophones de publier leur première nouvelle, vous
portez également un regard attentif sur la création contemporaine, en
accompagnant au jour le jour des artistes dans des disciplines souvent
moins soutenues que d’autres par le mécénat d'entreprise : danse
contemporaine et nouveaux arts du cirque, par exemple. Vous apportez
une aide à la création, à la production, à la diffusion et à la promotion des
spectacles. Vous révélez, encouragez et accompagnez les talents. Leur
nombre et leur qualité vous honorent, et enchantent le Ministre de la
Culture que je suis : pour ne citer qu’un exemple, le ballet Preljocaj a
bénéficié de votre soutien pendant 15 ans.

Je remarque également que vous avez été l’un des fidèles soutiens du
nouveau directeur du Théâtre national de l’Odéon, Olivier Py, que j’ai
nommé à la tête de cette institution en décembre dernier.

Dans le même temps, vous menez un mécénat musical très actif, qui
touche autant la musique baroque et classique, que la musique
contemporaine et le jazz. Vous contribuez en effet à la découverte
d'oeuvres musicales rares ou inédites, vous favorisez l'émergence de
jeunes interprètes et la mise en place de programmes de coopération
culturelle.

Ces soutiens se prolongent à travers les liens que vous avez tissés avec
de nombreux festivals, des grandes institutions, des structures de
diffusion, pour n’en citer qu’une, l’Opéra national de Paris, pour sa
politique spécifique en faveur des jeunes.

Je souligne tout particulièrement votre présence active dans un secteur
musical assez peu encouragé par le mécénat des entreprises, le jazz, où
votre engagement est à nouveau particulièrement important.

Le tableau déjà très dense que je viens de brosser du mécénat conduit
par BNP Paribas ne serait pas complet si je ne mentionnais pas votre
implication dans le domaine de la santé et de la solidarité.

Pour toutes les actions que je viens de citer, au-delà d'un simple appui
financier, votre Fondation accompagne ses partenaires comme votre
banque accompagne ses clients : en fonction des aspirations de chacun,
elle propose une aide sur mesure, apporte ses conseils et développe ses
programmes en liaison étroite avec l'ensemble de ses réseaux, en France
comme à l'étranger. Elle agit à l’image de votre groupe qui, ayant ses
racines en France, est résolument tourné vers l’international.

Je salue le remarquable engagement au sein de votre Fondation :
François Debiesse, le président du comité de la Fondation, Martine
Tridde-Mazloum, Déléguée Générale et Jean-Jacques Goron, Délégué
Général Adjoint.

Vous pouvez être fier de contribuer de façon particulièrement active à la
richesse et au dynamisme culturel de notre pays.

Je suis très heureux, Cher Baudouin Prot, de vous décerner aujourd'hui la
médaille de Grand Mécène du Ministère de la Culture et de la
Communication.

Remise de médaille de Grand mécène à la Fondation Electricité de France, représentée par Pierre Gadonneix, Président Directeur général d’Electricité de France et Président de la Fondation Electricité de France

24 avril 2007

Monsieur le Président, Cher Pierre Gadonneix,

Mesdames, Messieurs,

Chers amis,

La médaille de Grand Mécène est une distinction exceptionnelle, qui exprime la
reconnaissance du ministère de la Culture et de la Communication envers le soutien
remarquable que depuis vingt ans votre entreprise apporte, à travers sa Fondation,
et avec une créativité exemplaire, au développement de la vie culturelle et à la
préservation du patrimoine de notre pays.

Créée en 1987, à l’initiative de votre prédécesseur Marcel Boîteux, et placée sous
l’égide de la Fondation de France, la Fondation EDF a vu le jour sous le double
signe de la culture et de la nature, mais un peu plus tard ses champs d’intervention
se sont étendus à la santé, à la solidarité, à l’éducation par le sport et au handisport.

Renommée, admirée de tous, cette Fondation coordonne, porte, et développe les
mécénats de votre groupe, dont elle relaie et affirme ainsi les valeurs et les savoirfaire.

Implantée partout dans l'hexagone, mais aussi en Europe et dans le monde,
Électricité de France a depuis toujours su anticiper la transformation de nos modes
de vie, ainsi que la croissance et l’adaptation de nos besoins.

1963 marque la première grande campagne commerciale de l’entreprise créée en
1946, sous le signe du « compteur bleu » . C'est aussi, et on l'a probablement un
peu oublié, la mise en service de la première centrale nucléaire civile à Chinon,
dans une région tout particulièrement chère à mon coeur ! Ce développement d'une
ressource qui nous assurera l'indépendance énergétique que beaucoup de pays
nous envient, prendra tout son essor dans les années soixante-dix.

A partir des années quatre-vingts, EDF exporte sa technologie du nucléaire civil à
l'étranger et, notamment en Chine.

Dans les années quatre-vingt dix, elle multiplie les nouveaux services, comme
l'accueil téléphonique 24h/24, et se développe considérablement en Europe et dans
le monde, ce qui lui permet de relever de nouveaux défis.

En 1999, elle signe la charte des entreprises publiques pour le développement
durable et 2003 voit la mise en place d'une vraie démarche éthique dans ce sens.

Enfin en 2004, EDF change de statut pour devenir une société anonyme, ce qui lui
permet de s'affranchir de son principe de spécialité et d'élargir son offre
commerciale face à ses concurrents.

En France et à l'international, EDF propose ainsi des prestations d'ingénierie pour la
construction et la mise en service de moyens de production d'électricité,
l'exploitation, l'expertise technique, l'amélioration des performances des installations
et la préparation de l'avenir. Cette activité est au service de tout le parc de
production du Groupe EDF, mais également de clients externes.

Votre Fondation, quant à elle, reflète exactement les valeurs portées par
votre entreprise : anticipation des besoins par son engagement solidaire,
enracinement dans notre patrimoine culturel et expérimentation des
nouvelles technologies par un mécénat de compétence exemplaire, enfin
ouverture sur le mécénat environnemental et celui de la santé. Par toutes
ces actions, elle contribue au dialogue entre les hommes et les cultures.

Cette politique est mise en oeuvre grâce à des mécénats pérennes avec
des associations, des organisations non-gouvernementales, des
institutions… Qu'il s'agisse d'un soutien financier ou de mécénat de
compétence, l'appui que vous apportez a toujours pour vocation de
contribuer au succès des projets partenaires. La Fondation témoigne ainsi
de son engagement civique et contribue à l'ancrage national du groupe,
comme à son rayonnement international.

Mais revenons à la culture, qui nous intéresse plus particulièrement
aujourd’hui ! Elle est au coeur des activités de votre fondation. Les
différents programmes que je vais citer, témoignent de votre capacité à
innover et de votre volonté d’accompagner ceux qui expérimentent ces
nouvelles voies.

En effet, si la « fée électricité » s'est imposée comme l’une des sources
d’inspiration et de création des artistes depuis le siècle dernier, la
Fondation EDF va l'utiliser pour favoriser les échanges et le rayonnement
culturel français.

Vous avez effectivement placé au coeur de votre action trois mots-clés –
lumière, patrimoine et création – autour de deux axes précis :
l'embellissement du cadre de vie et le soutien aux artistes contemporains.

Vous avez réalisé des créations-lumières sur des sites prestigieux, tels
que le musée du Louvre, la basilique de Vézelay ; plus récemment, le
musée national du Moyen Âge, le Grand-Palais (à l'occasion de sa
réouverture) ; vous avez contribué à la mise en lumière des sites inscrits
au patrimoine mondial de l'UNESCO, comme la cathédrale d'Amiens, la
grande mosquée de Kairouan, le palais de l'Institut de France quai de
Conti, le Mont Saint Michel, pour ne citer qu'eux….

Non content de faire rayonner les fleurons de notre patrimoine, vous
accompagnez aussi des artistes et des créateurs contemporains, qui
permettent un nouveau regard sur lui : parmi eux, James Turrell au pont
du Gard, la mise en lumière de la Tour Eiffel à l'occasion de l'année
France-Chine, oeuvre d'art éphémère, prouesse technique, et symbole
puissant qui a profondément marqué les Chinois; Yann Kersalé au musée
du quai Branly.

Vous soutenez aussi de nombreuses manifestations ponctuelles, en
régions : Lyon, fête des Lumières ; le Printemps de Septembre à
Toulouse. Tous ces événements favorisent la rencontre du public avec
les artistes et métamorphosent en le magnifiant, l'espace urbain.

Vous avez également joué un rôle pionnier dans le développement du
mécénat de compétence, appelé, j'en suis certain, à s'amplifier de
manière significative dans la prochaine décennie, en tant que vitrine du
savoir-faire et de l'excellence de nos entreprises.

Votre groupe apporte, dans ce domaine, une signature spécifique ;
participer à son développement, c'est multiplier les passerelles entre le monde scientifique et celui de la culture, mettant au service des
archéologues et des musées, les technologies utilisées par l'entreprise
pour la conception, la construction et l'exploitation de ses propres
ouvrages. Au-delà du service et du produit industriel, l'énergie se révèle
un outil puissant au service du patrimoine et de sa mémoire.

Ainsi, dans le domaine de l'archéologie, les techniques et les innovations
de vos ingénieurs permettent d'accéder à une meilleure connaissance des
civilisations passées. J'en citerai quelques exemples :

– Avec la technique de l'assemblage numérique, on a pu reconstituer
virtuellement le colosse de Ptolémée retrouvé dans la rade d'Alexandrie ;

– Avec la technique du traitement à l'électrolyse, on a pu effectuer les
restaurations sur certains objets du Titanic et réhabiliter le rouleau de
cuivre de Qûmran ;

– Avec la technique de la simulation numérique servant à mieux comprendre
les phénomènes de dégradation des fresques, on a pu modéliser celles
de la grotte de Lascaux ;

– Par l'utilisation des outils de reconnaissance mis au point dans vos
laboratoires, on a entrepris des recherches de pointe à Zhoukoudian
[Djokaodienn], en Chine, sur le site de l'Homme de Pékin, qui ont apporté
un témoignage exceptionnel sur les sociétés humaines du continent
asiatique, il y a 600.000 ans ;

– À Versailles, plusieurs opérations de grande envergure ont été menées avec
succès : la reconstitution virtuelle du Bosquet des Trois Fontaines avant
sa récente restauration, l'analyse et la sauvegarde des bronzes des frères
Keller sur la terrasse du château ; actuellement se poursuit l'étude
préliminaire avant travaux de la colonnade de Mansart dans le parc.

Vous vous associez aussi à de prestigieuses institutions, comme la
Cinémathèque Française, le musée du Louvre, le musée des Arts
asiatiques-Guimet, ou le Centre des Monuments Nationaux.

Avec ce dernier, vous avez développé des programmes pour favoriser
l’accès des monuments historiques aux personnes handicapées. Votre
soutien a permis de développer l'accès aux personnes en situation de
handicap moteur à la crypte de la basilique-cathédrale de Saint-Denis, à
l’occasion de l'exposition « Basilique secrète, trésors archéologiques de
Saint Denis » en 2004/2005.

En 2006, vous permettiez à la manifestation « Monuments pour tous en
Ile-de-France » de voir le jour, et à dix monuments nationaux d’Ile-de-
France, tels que l’Arc de triomphe, la Sainte-Chapelle ou les châteaux de
Champs-sur-Marne et Maisons-Laffitte d’être, l’espace d’une semaine,
accessibles à la totalité des personnes en situation de handicap, quelqu'il
soit.

En septembre 2002, vous avez demandé à l'artiste Jean-Christophe Ballot
de réaliser un reportage photographique inédit sur les lieux les plus
inaccessibles du musée du Louvre. Ces travaux ont donné lieu à une
exposition en 2003 et après sa présentation dans ce lieu prestigieux, vous
avez tenu à sa diffusion la plus large, à Toulouse dans l'espace EDF
Bazacle, mais aussi en Espagne, à Madrid notamment.

Avec la Cinémathèque Française, votre collaboration remonte aux débuts
de la fondation, par l'enrichissement des collections, qui a abouti en 2005 à la publication du catalogue « Passions Cinéma », mais aussi à de
nombreuses et remarquables expositions.

Vous vous associez souvent à des actions emblématiques en régions,
comme par exemple, « La lumière au siècle des Lumières et aujourd'hui »
dans le cadre des manifestations de Nancy 2005 ; ou à des projets de
développement à l'étranger comme celui de l'exposition « De l'Italie à
Chambord, la chevauchée des princes », que j’ai inaugurée en 2004 au
château de Chambord.

Dans le même esprit, vous êtes l’un des partenaires les plus fidèles de
CulturesFrance pour les saisons ou années culturelles croisées comme
les années France-Chine, mais aussi pour des manifestations comme
« Le voyage intérieur Paris-Londres », événement consacré à la jeune
création contemporaine des deux côtés de la Manche.

Enfin, l'espace EDF Electra, le musée EDF Electropolis de Mulhouse –
labellisé « musée de France » – et l'espace EDF Bazacle à Toulouse sont
des lieux privilégiés où vous produisez vos propres manifestations. Ils
sont une vitrine des savoir-faire et des métiers d’EDF, en témoignant
brillamment de votre engagement philanthropique, civique et culturel.

Entre autres exemples récents, je voudrais rappeler que la passionnante
exposition « Folies végétales » réalisée par Patrick Blanc à l’Espace
Electra a accueilli plus de 120.000 visiteurs.

Ce vaste panorama serait incomplet si je ne disais un mot de
l'engagement humaniste de votre fondation en matière de solidarité,
d'environnement et de santé. L'attachement d'EDF à des valeurs de
solidarité s'exprime tout particulièrement, je l’ai dit, par votre mobilisation
en faveur des personnes en situation de handicap. Chacun connaît votre
partenariat avec l'Association française contre les Myopathies (Téléthon),
dont le succès repose largement sur la mobilisation des agents EDF. Mais
votre mobilisation contre l'exclusion en faveur des « Restos du coeur », et
du SAMU social notamment, mérite également d’être soulignée.

Pour la protection de l'environnement, votre fondation encourage la
préservation et la mise en valeur des richesses naturelles, des paysages
et de la bio-diversité, ce qui recoupe parfaitement les engagements de
l'entreprise en matière de développement durable. Vous agissez en
particulier aux côtés du Conservatoire du Littoral, de la Fondation Nicolas
Hulot et de Réserves naturelles de France, avec, en filigrane, toujours ce
souci d'accessibilité de notre patrimoine naturel comme culturel à tous nos
concitoyens.

Je tiens à féliciter vos équipes pour leur travail remarquable et si riche de
sens.

Je suis très heureux, Cher Pierre Gadonneix, de vous remettre aujourd'hui
la médaille de Grand Mécène du ministère de la Culture et de la
Communication.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Yannick Alleno

17 avril 2007

Cher Yannick Alléno,

En vous honorant aujourd’hui, c’est un parcours exceptionnel que j’ai tenu
à mettre en lumière ; car vous avez conquis très vite, à un âge que l’on
peut sans hésiter qualifié de jeune une reconnaissance nationale et
internationale pour votre place de tout premier plan dans le monde de la
haute cuisine ; c’est aussi un parcours emblématique, celui d’un chef qui
incarne cette tradition, cette culture de la cuisine, qui fait intégralement
partie de notre patrimoine et qui, au-delà même de la réputation, de
l’image, incarne à merveille l’excellence, le savoir-faire, l’art de vivre le
rayonnement culturel et artistique de notre pays dans le monde entier.

Oui, c’est non seulement un chef, un artisan, un grand professionnel, un
très grand cuisinier, que je mets à l’honneur, mais surtout, un véritable
artiste, maître de son art, car la cuisine est assurément l’un des beaux-arts,
art plastique, art du goût, art des saveurs ; variant la tradition et la création.

Et vous culminez aujourd’hui avec brio dans cet art, cette harmonie du
choix des produits, de la justesse de cuisson, de la beauté des
présentations, de l’émotion presque indicible de la dégustation réussie,
quand une recette, un plat, créés, interprétés par vous et votre équipe,
sous votre direction, racontent une histoire unique, à mille autre pareille, à
celui ou celle qui a la chance, le plaisir et la joie de la découvrir et de la
partager.

Et le récit, que vous interprétez avec tant de talent sous les ores, les stucs
et les marbres du Meurice, non loin d’ici, face au jardin des Tuileries,
s’enracine sans doute profondément dans le terroir de la Lozère de votre
enfance, dans ces hautes terres où l'on sait affronter à la nature pour en
tirer la force de travail, le meilleur d'elle, de soi, autour de la table garnie de
votre grand-mère Zélie, qui tient, là haut sur les causses, un bar-épicerie-dépôt
de pain, où vous faites vos premières armes et où, déjà, la cuisine
est resté au centre de tout. Puis, ce sont vos parents qui vous rapprochent
de Paris, de sa banlieue, des bars-tabacs restaurants, Suresnes,
Montrouge, Montreuil, Puteaux, où, la tarte au prune de votre mère fait déjà
des merveilles.

La cuisine est votre royaume. A l’âge des culottes courtes, des rêves
d’aventures, où vos petits camarades veulent être Pompiers, Platini ou
rien, vous voulez déjà vous coiffer d’une toque blanche, ornée d’un liseré
bleu blanc rouge.

Les mises en garde que vous prodiguent vos parents sur ce qu’il en coûte
de sacrifices, d’énergie, de travail pour en arriver là ne vous découragent
pas, bien au contraire.

C'est après un CAP et un BEP à l’excellente section hôtelière du lycée
professionnnel Santos Dumont de Saint Cloud, que vous commencez
votre apprentissage, d'abord en pâtisserie avec Jacky Fréon, à l'Hôtel
Lutétia – prochainement dévolu à être classé au titre des Monuments
Historiques – , puis à l'hôtel Royal Monceau où vous travaillez en cuisine,
auprès de Gabriel Biscay (meilleur ouvrier de France 1982).

En 1990, vous devenez chef de partie à l’hôtel Sofitel Sèvres, auprès de
Roland Durand (meilleur ouvrier de France 1982) puis de Martial
Henguehard (meilleur ouvrier de France 1992).

Deux ans plus tard, vous entrez pour la première fois à l'Hôtel Meurice,
toujours comme chef de partie, auprès de Marc Marchand.

En 1994, vous remportez la première place au prestigieux prix
international Auguste Escoffier à Nice. Vous devenez, la même année,
adjoint chez Drouant de Louis Grondard (Meilleur Ouvrier de France
1979). Il sera votre maître. Il vous initie, pendant 5 ans, aux secrets les
mieux gardés de la grande cuisine et notamment celui-ci : ce qui est
primordial, dans un plat réussi, c’est ce qui ne se voit pas, cette somme
de détails, d’expériences accumulées, d’attentions cachées, de
précisions, d’exigences, de rigueur millimétrée, qui garantissent le
meilleur.

A l'occasion du concours des Bocuses d'Or, qui est à l’art de la cuisine ce
que le prix Nobel est aux sciences physiques, vous obtenez un Bocuse
d'argent. Vous voilà donc, en quelque sorte, vice champion du monde
culinaire, pour un lieu noir et un pigeon à votre manière.

Dès lors, vous abordez la voie royale.

Aidé et soutenu par Paul Bocuse, vous vous retrouvez pour la première
fois à la tête d'un restaurant, « Les Muses » à l’Hôtel Scribe.

Là, seul maître à bord, vous donnez toute votre dimension, toute votre
envergure, toute votre ambition, au service d’une cuisine structurée qui
assume avec fierté, en les adaptant avec subtilité, son héritage, son
patrimoine, ses traditions. Vous rejoignez la constellation des chefs étoilés
au guide Michelin en obtenant, dès 1999, votre première étoile.

En septembre 2003, le Meurice, entièrement rénové ouvre ses portes.
Vous vous retrouvez ainsi, des années après, en tant que chef de cette
maison d’exception, luxueuse et prestigieuse, où l’attention portée au
client et la qualité des produits et du service vous guident constamment.

Très vite, vous imposez votre forte personnalité, votre technique culinaire
sans défaut et votre incomparable talent.

En août 2004, grâce à une carte en perpétuelle évolution proposant, au
gré des saisons, des plats aussi différents que le homard bleu piqué à la
verveine, le grenadin de veau fermier, le chaud-froid de sole, la gelée de
bulots aux langues d’oursins, ou encore la guimauve à la Chartreuse
verte, vous décrochez une autre étoile. Seconde étoile pour vous,
seconde étoile pour le Meurice !

Dès 1995, lorsque vous présentez à Louis Grondard chez Drouant, votre
crème d’écrevisse au vin de Condrieu, il s’exclame que c’était un plat de
trois étoiles…

En 2007, vous obtenez la consécration suprême en obtenant cette
troisième étoile. C'est évidemment un rêve magnifique de cuisinier, c’est
une source de fierté pour vous et tous ceux qui vous ont fait confiance et
vous admirent, comme votre épouse Isabelle et vos fils Thomas et
Antoine, c’est aussi la récompense des efforts et des talents que vous
avez su fédérer, entraîner, stimuler autour de vous, dans cette
somptueuse maison.

C’est en dialoguant avec une célèbre gastronome japonaise, Kazuko
Masui, que vous dévoilez une part de votre personnalité et de votre art
dans le magnifique ouvrage que vous avez publié avec elle chez Glénat,
4 saisons à la table n° 5. Et, pour nous mettre l’eau à la bouche, avant le
succulent buffet que je vous remercie de nous avoir préparé, j’ajoute enfin
que vous avez, me dit-on, le projet de préparer un nouveau livre avec une
étoile qui s’est illustrée, elle, dans un autre domaine artistique…

Aujourd'hui, je suis particulièrement fier de vous conférer une nouvelle
étoile, celle qui symbolise l’accession au grade de chevalier dans l’ordre
des arts et des lettres.

Cher Yannick Alleno, au nom de la République, nous vous faisons
chevalier dans l’ordre des Arts et Lettres.

Remise des insignes de Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Claude Douce

17 avril 2007

Cher Claude Douce,

Je suis très heureux et très fier de vous distinguer aujourd’hui, au palais
Royal. En vous conférant le plus haut grade dans l’ordre des arts et des
lettres, qui est celui du ministère de la Culture et de la Communication, je
rends hommage aujourd’hui, non seulement à un professionnel hors pair
de la communication, mais aussi à un grand homme de culture,
collectionneur, donateur et mécène.

Vous avez consacré quarante-cinq ans et l’essentiel de votre vie
professionnelle au monde de la publicité. Votre carrière prestigieuse
d’entrepreneur et de créateur, votre vision stratégique et l’évolution de ce
secteur clé de l’économie et des médias ont fait de vous une figure
emblématique dans ce domaine, où vous êtes un précurseur.

Votre nom demeure attaché aux aventures créatrices, aux découvertes
novatrices et au développement sans précédent qu’ont connu les agences
de publicité dans ces folles années soixante-dix, quatre-vingt et quatre-vingt
dix, années de très forte croissance et de grand diversification, où
vous avez fortement contribué, avec votre personnalité propre, à imposer
un modèle d’excellence française et européen dans ce domaine, aux côtés
d’autres figures emblématiques comme votre frère, trop tôt disparu,
Jacques Douce, dont une fondation perpétue aujourd’hui la mémoire et
l’esprit, et il y a certainement en vous une inspiration et une énergie
familiales, mais aussi d’autres noms qui ont fait avec vous la « Une » de
ces années-là, et je pense notamment à Alain de Pouzilhac, Maurice Lévy
et Alain Cayzac.

Vous débutez très tôt votre carrière au sein d’Havas Conseil, où vous
gravissez tous les échelons, et devenez dès 1970 directeur commercial.

Vous êtes non seulement un meneur d’hommes, mais surtout un
exceptionnel motivateur, un transmetteur d’énergies positives, et vous avez
constamment à coeur de rassembler autour de vous, de vos projets, les
meilleures équipes, les plus créatives, les plus mobilisées, les plus
attentives aux besoins et aux aspirations de vos clients. En cette époque
des Trente glorieuses, où l’économie, la consommation, le progrès
technique connaissent une croissance à deux chiffres, vous révélez votre
génie d’entrepreneur en empruntant à la force, à l’autonomie, à l’audace et
à la ténacité d’un animal mythique et symbolique : le bélier. C’est le nom
que vous donnerez successivement à l’agence, à la fédération d’agences,
et au groupe, d’abord adossés à toute la puissance d’Havas, puis
autonome, que vous créez en 1971 et que vous allez, en dix-sept ans,
hisser aux tout premiers rangs de la publicité en France, en Europe et dans
le monde, grâce notamment à votre alliance avec le groupe anglais WCRS
(Wight Collins Rutherford Scott).

Vous savez percevoir comme personne les évolutions du monde de la
publicité, étroitement liées à celles de la société : décentralisation, avec le
développement d’une implantation territoriale et régionale forte ;
dimension européenne avec la constitution progressive d’un marché
unique de trois cents millions de consommateurs ; internationalisation et
mondialisation, avec la construction de partenariats solides qui permettent
à votre groupe de devenir une référence, non seulement française, mais
mondiale ; diversification et multiplication des supports, avec la
spécialisation des magazines, mais aussi l’ouverture de la bande FM,
l’apparition de nouvelles chaînes de télévision permettant de s’adresser à
des publics ciblés ; explosion du « hors médias », avec l’invention de
nouveaux modes relation clients, que l’on appelle aujourd’hui savamment
« Customer Relationship Management » que l’on appelait déjà, à
l’époque, et vous en êtes l’inventeur, le « marketing direct » ; montée en
puissance, de la responsabilité sociétale et culturelle des entreprises,
avec la création de l’une des toutes premières fondations d’entreprise, la
fondation Bélier pour promouvoir l’art et la culture française dans la
communication publicitaire.

Pour rappeler ne serait-ce qu’un exemple d’une campagne restée dans
toutes les mémoires, chacun se souvient de celle que vous avez imaginée
pour Lotus, où un jeune enfant déroule triomphalement l’ensemble d’un
rouleau de papier dans tout l’appartement, en criant : « Maman » !

La qualité des campagnes publicitaires du groupe Bélier sera
récompensée par d’inombrables prix. En 1986, vous devenez également
Vice-Président Directeur Général du Directoire d’EUROCOM.

En 1988, vous vous attaquez à un nouveau défi : le plan de relance de
McCann Paris, que vous étiez allé défendre à New York, devant le conseil
d'administration de l’une des plus grandes agences de publicité du
monde, qui compte parmi ses clients tout ce que l’imaginaire collectif peut
identifier à la « World Compagny » En une douzaine d’années, et dans un
contexte économique difficile, vous réussissez à faire exploser la
croissance de ce groupe de communication, en lui donnant d’authentiques
couleurs françaises et européennes. En 1992, vous recevez le prix
McCann-Erikson des dix plus grands leaders mondiaux parmi plus de 150
managers de 90 pays du monde.

En 2002, lorsque vous cédez la présidence du groupe McCann-Erikson
France pour prendre une « semi-retraite » puisque vous devenez
conseiller du président de McCann Europe, et que vous prenez des
responsabilités mondiales au sein du groupe, tout en créant votre propre
société de conseil, votre plus grande fierté est non seulement d’avoir
donné à l’un des tous premiers groupes mondiaux de nombreuses et
prestigieuses références françaises, et parmi les références
institutionnelles, le ministère de la Culture, mais aussi, d’avoir développé
l’emploi et d’avoir réussi à épargner à vos collaborateurs les plans sociaux
qui ont marqués le secteur pendant cette période, sans doute parce que
vous avez su anticiper les évolutions importantes, comme la
communication environnementale et le développement durable. Sans doute aussi parce que vous avez su sans cesse, au service de vos clients
et de vos partenaires, créer de nouveaux outils.

Cette puissance de travail et d’anticipation que vous avez mise, selon vos
collaborateurs, « vingt-quatre heures sur vingt-quatre au service de vos
clients », ne peut être comparée je crois, dans ses dimensions
phénoménales, qu’à votre passion dévorante pour la Préhistoire et
l’Archéologie.

Votre intérêt pour l’Art et l’Histoire vous engagent fortement et très tôt, je
l’ai dit, dans le domaine du mécénat en faveur de la révélation et de la
promotion de jeunes artistes, comme ceux du mouvement de la Figuration
Libre : Combas, Ben…

Parallèlement, sur vos fonds personnels, l’on vous doit le sauvetage et la
restauration de trois beaux édifices : dans l’Eure, le manoir de
Bouchevilliers et en Dordogne, le château du Cluzeau et celui de
Sauveboeuf, sur les bords de la Vézère.

Votre goût pour l’Archéologie et pour la Préhistoire vous place depuis
longtemps dans le cercle des amis proches des musées français qui s’y
consacrent. Ces musées ont toujours trouvé auprès de vous une
complicité attentive et généreuse. Grand collectionneur, vous avez su
rassembler des objets dispersés et réunir de rares et précieux
témoignages de cette longue histoire des hommes et de leurs relations
avec la nature, avec leur environnement, leur milieu, qu’ils contribuent à
faire évoluer autant qu’ils sont eux-mêmes façonnés et fascinés par eux.

Vous avez constitué à Sauveboeuf un formidable musée privé, que vous
avez à coeur d’ouvrir à toutes les générations de curieux, de passionnés,
de chercheurs, les plus grands savants, comme Yves Copens ou Henry
de Lumley aux jeunes doctorants ou aux élèves des écoles de Dordogne
ou d’ailleurs.

Vous avez déjà fait don de très beaux ensembles, en particulier à la ville
de Coulommiers et au musée national de Préhistoire des Eyzies-de-
Tayac, que j’ai été très heureux d’inaugurer le 19 juillet 2004, avec lequel
vous entretenez une relation particulièrement privilégiée.

Partenaire exceptionnellement efficace et généreux, vous mettez vos
compétences et vos relations personnelles et vos propres collections au
service du rayonnement de ce musée extraordinaire, le musée de la
longue histoire des hommes, des outils qu’ils n’ont cessés de créer,
d’améliorer pour faire face et s’adapter à leur environnement terrestre,
comme à celui dont ils rêvent, en l’imaginant et en le recréant.
« Le hasard favorise les esprits préparés ».

Votre passion de longue date pour la préhistoire n’est sans doute pas un
hasard, pas plus que la présence de votre main droite qui fait la
couverture d’un ouvrage consacré aux outils préhistoriques.

Membre éminent et particulièrement écouté de la commission des
acquisitions du musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye
et du musée national de préhistoire des Eyzies, vous ne cessez, par votre
action et par votre engagement au service de la connaissance, de la
recherche et de la passion des hommes d’aujourd’hui, de forger de
nouveaux outils. Des outils de culture, d’humanisme et de générosité en
faveur des oeuvres d’aujourd’hui et de demain, et j’aurais pu également
citer votre action en faveur du Téléthon ou des Enfants du monde.

Cher Claude Douce, au nom de la République, nous vous faisons
Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Hervé Chapron

17 avril 2007

Cher Hervé Chapron,

Je suis heureux de distinguer ici aujourd’hui un homme d’entreprise, un
acteur du domaine social, un européen, et un homme de culture qui a fait
preuve, dans l’exercice de ses responsabilités, de sa contribution au
rayonnement de notre politique culturelle.

Vous êtes titulaire d’un DEUG de Droit, et d’une licence d’Histoire et de
Géographie. Vous êtes diplômé de l’Institut d’Etudes Politiques de Paris,
section service public.

Vous avez été secrétaire général de la Banque Franco-Allemande, filiale
de l’un des plus importants réseaux bancaires en Allemagne.

Au sein de cet établissement, vous avez développé le mécénat d’entreprise
dans le domaine musical. Vous avez organisé des concerts avec Franck-
Peter Zimmermann, Pierre Amoyal, Alexis Weiffenberg, notamment.

Vous avez été un observateur et un acteur attentif des relations francoallemandes
non seulement dans le domaine économique et financier, mais
aussi dans le domaine culturel et dans le champ social, où vous êtes
activement engagé depuis le mois de février 2005, où vous avez rejoint
l’institution paritaire des Assedic de Paris, en tant que directeur. Acteur du
retour à l’emploi, les Assedic de Paris, en finançant des aides appropriées
au reclassement des demandeurs d’emploi, participent au service public de
l’emploi depuis le début de l’année, aux côtés de l’ANPE, de l’AFPA et des
services de l’Etat.

Depuis votre nomination, vous avez multiplié les initiatives, les chantiers et
les innovations, afin de placer celui que vous n’hésitez pas à appeler le
client au coeur de votre organisation. Et vous avez mobilisé l’ensemble de
vos cinq cent cinquante collaborateurs dans cet esprit, celui de la qualité,
de l’efficacité et de l’humanité du service rendu.

Votre engagement européen vous a conduit à mettre en oeuvre des
partenariats avec la Bundesagentur Für Arbeit sur l’échange de bonnes
pratiques liées au retour à l’emploi, ainsi qu’un partenariat avec la
Fédération générale des travailleurs de Belgique pour l’appui au
déploiement d’une démarche de certification qualité.

Les racines de votre action actuelle plongent non seulement dans votre
expérience européenne, mais aussi dans la solidité de vos propres
travaux de réflexion dans le domaine social.

Ainsi, vous êtes également auteur d’une étude relative à l’industrie
lorraine et à son interaction avec la protection sociale, intitulée Quarante
Ans d’assurance chômage en Lorraine, préfacée par Christian Poncelet,
Président du Sénat.

Sans doute votre expérience a-t-elle convaincu de l’importance – et non
seulement de l’impact, ou des retombées que l’on met parfois en avant de
manière un peu réductrice – de la culture dans le champ économique et
social, dans l’aménagement, le développement et l’attractivité d’un pays,
d’un territoire, d’une ville, d’une région. Et vous avez eu à coeur de mettre
cette conviction en action à la tête des Assedic de Paris, qui, au sein de
notre ville, scelle, et compte parmi ses ressortissants, le plus grand
nombre d’artistes et de techniciens du spectacle vivant et enregistré, du
cinéma et de l’audiovisuel. Aussi, vous êtes-vous inscrit, dès votre arrivée
résolument et dans le strict respect du paritarisme, qui est l’autre nom de
la solidarité professionnelle et interprofessionnelle, au service de la
politique de l’emploi que j’ai mené depuis trois ans, en faveur de secteurs
essentiels au rayonnement culturel de notre pays, à sa créativité, à son
dynamisme.

Vous avez mené la réorganisation générale de la gestion des intermittents
du spectacle à Paris : en instaurant le suivi personnalisé ; en vous
efforçant de supprimer les files d’attente ; en renforçant la synergie avec
le Centre national du cinéma, et en alertant ce ministère sur les situations
individuelles et collectives les plus sensibles.

Cher Hervé Chapron, au nom de la République, nous vous faisons
chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Remise de la médaille de Grand mécène du ministère de la culture et de la communication à la Fondation La Poste, représentée par son président Jean-Paul Bailly

16 avril 2007

Monsieur le Président, Cher Jean-Paul Bailly,

Mesdames, Messieurs,

C'est avec un très grand plaisir que je vous accueille aujourd'hui rue de
Valois, dans ses salons qui sont aussi les vôtres puisqu'ils sont ceux de
tous les amoureux des arts et de notre culture. Et comment mieux
préserver et faire vivre cette culture qu'en choisissant l'écriture et la langue,
expressions sans cesse en devenir des valeurs de notre identité culturelle.

Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la fondation La Poste s'en est fait
l'ardent messager…Elles plongent, en fait, aux racines même de son métier
!

Depuis sa création en août 1995, la fondation d'entreprise La Poste a mené
de multiples actions toutes ciblées sur l'écriture : éditions de
correspondances, soutien aux festivals de littérature, prix de fictions
contemporaines, concours d'écriture, lectures-spectacles, expositions,
combat contre l'illétrisme….. et j'en passe ! En douze années d'existence,
elle est devenue un acteur incontournable de l'essor culturel francophone,
de l'éclosion de jeunes talents littéraires, et de la redécouverte d'oeuvres
tombées dans l'oubli, mais aussi de l'engagement en faveur des exclus de
l'écriture….

La mise en oeuvre d'une politique originale autour de l'expression écrite,
s'intéressant spécifiquement à l'écriture épistolaire, a encouragé l'édition de
correspondances d'écrivains, d'artistes, de penseurs, de personnages
historiques, ou même d'inconnus, avec le double souci de la qualité de la
publication et de l'intérêt pour le lecteur, y compris le grand public.

Il faut également souligner l'originalité de sa démarche quand elle choisit la
confrontation avec d'autres expressions artistiques, comme la peinture ou
la musique.

Je note aussi son soutien à la chanson française, à la création d'un prix
littéraire WEPLER-Fondation La Poste qui distingue des ouvrages de
langue française se signalant par l'audace de l'écriture et du prix Sévigné
qui récompense la publication d’un ouvrage de correspondance.

Cet engagement original et courageux, je le salue tout spécialement, car à
l'heure de l'internet, de la TNT, de l'engouement pour toutes les nouvelles
technologies et le numérique, il a fallu beaucoup de détermination et
d'opiniâtreté pour soutenir des manifestations qui pouvaient sembler
réservées à une certaine élite et en faire des rendez-vous populaires et de
grande qualité. Il suffit de citer le Printemps des Poètes, qui a fêté cette
année sa 9é édition, les soirées lecture, dans le cadre des festivals
Pierres vivantes de Bourgogne, Marathon des Mots de Toulouse et les
soirées au musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme etc…, les concours de
correspondance – notamment les Sévignales à Vitré . Enfin, les lectures
de correspondances comme le Festival de la Correspondance à Grignan
ou les Cafés Littéraires à Montélimar.

Je me réjouis profondément de ce foisonnement d'initiatives destinées à
promouvoir des manifestations artistiques qui rendent leur actualité à la
lettre et à l'écriture, les mettent sous le feu de l'actualité et font prendre
conscience à nos concitoyens de l'importance de l'enjeu à les maintenir
vivantes, à donner envie aux jeunes générations de se les approprier.

En
effet, partager la même culture, utiliser les mêmes mots rassemble, unit,
fédère ; cela ouvre des horizons, détruit des barrières, exprime la
différence et le respect : c'est un thème, je le sais, qui nous tient tous à
coeur.

Les responsabilités de l'Etat dans le domaine culturel sont essentielles et
relèvent d'une mission régalienne que j'assume et que je défends. Pour
autant, le monde de la culture et de la communication puise son
dynamisme, sa créativité, sa vitalité dans ce vaste engagement de toute la
société qui est une chance, une ouverture, une perspective d'avenir. Il n'y
a pas d'un côté le monde de la culture et de la communication et de l'autre
le monde de l'entreprise. Ces deux mondes ne sont pas clos. Et quand ils
se rencontrent, ils collaborent sur des projets essentiels, nous en avons
une nouvelle preuve aujourd'hui.

La culture est création et la création s'appuie toujours sur une tradition,
sur un savoir, sur des valeurs : comment utiliser la langue, l'écriture si on
ne les connaît – ou ne les reconnaît plus ? La culture est échange :
comment échanger, si on ne se comprend plus ?

J'en arrive au second volet des engagements de la fondation que vous
représentez, Cher Jean-Paul Bailly : l'engagement en faveur des exclus
de l'écriture.

Grâce à la politique très déterminée que vous menez contre l'exclusion et
en faveur des plus démunis culturellement, le soutien de projets et
d'associations tels que « Ensemble contre l'exclusion » – en partenariat
avec ATD Quart-Monde et la Cité des Sciences et de l'Industrie de la
Villette, Kaléidoscope en partenariat avec l'Opéra de Lyon , Plaisir
d'Ecrire dans le cadre d'Alsace 2007 et Planète Urgence Education pour
tous en Afrique, ont pu voir le jour et je vous en félicite.

Ces magnifiques projets impliquant de grands établissements culturels,
associations de terrain et fondation d'une grande entreprise sont
l'illustration parfaite du mécénat croisé qui se révèle plein de promesses et
d'avenir.

En effet, la promotion de notre culture française ne prend tout son sens
que lorsqu'elle est véhicule, lien, partage à tous les niveaux de notre
société : elle est le plus sûr facteur d'intégration, elle est le lien social par
excellence.

Le troisième volet des activités de la Fondation, et non le moins original,
est celui qui vise à encourager les jeunes talents de la chanson française
qui associent texte et musique ; parmi les associations soutenues, on peut
citer : Voix du Sud – Fondation La Poste, Rencontres d'Astaffort, Tournée
d'Aquitaine, Festival Nuits de Champagne à Troyes, soutien à l'Académie
Européenne de Musique au Festival d'Aix-en-Provence, Festival Jacques
Brel à Vesoul, les Francofolies de La Rochelle, etc….On peut mesurer
l'importance de votre engagement à travers tous ces noms, dont certains
marquent des étapes incontournables de la France des Festivals….et il
faut également noter la création du Centre des Ecritures de la chanson
française.

C'est donc vous dire la joie que j'ai de pouvoir témoigner publiquement, à
l'occasion de cette cérémonie, toute ma reconnaissance à la Fondation La
Poste, et en particulier à vous-même, Cher Jean-Paul Bailly, qui la
présidez et qui illustrez de façon exemplaire, cet engagement pérenne et
déterminé au service de notre patrimoine linguistique, de l'intérêt général
et de la solidarité.

Votre groupe compte à l'évidence parmi les grands mécènes dont la
France a besoin pour faire partager son exceptionnelle richesse culturelle
et historique, en assurer la continuité, mais aussi l'enrichissement et le
dynamisme.

Ce patrimoine, que nos ancêtres nous ont légué, et que nous léguerons
aux générations suivantes, ce patrimoine qui fait notre richesse et notre
fierté parce qu'il est au fondement de notre identité, vous avez pris la
mesure de son importance comme facteur de la cohésion nationale car il
représente nos racines, notre dénominateur commun.

Enfin, quelle belle liaison avec votre métier : donner aux uns et aux autres
la possibilité de communiquer, de transmettre, de créer des ponts, des
passerelles par la lettre, l'écrit.

Au coeur des mutations et des transformations qui propulse votre groupe à
la pointe de la modernité, vous démontrez brillamment qu'ambition et
modernisation vont de pair avec la transmission de la tradition mais aussi
le souci du dynamisme de notre langue et de notre littérature.

C'est pourquoi, je suis très heureux de vous distinguer ce soir, en
considération de la politique originale que vous menez en faveur du
rayonnement de la langue française sur notre territoire et à l'étranger.
Cher Jean-Paul Bailly, au nom de la République, nous vous remettons la
médaille de Grand Mécène du Ministère de la Culture et de la
Communication.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Jean-Yves Kaced

16 avril 2007

Cher Jean-Yves Kaced,

Au Palais Garnier, vous êtes chez vous, et c'est un plaisir pour moi que de
rendre hommage à votre carrière et à votre action dans ce lieu
emblématique de l'institution à laquelle depuis des années vous avez déjà
tant apporté.

Economiste de formation, diplômé de l'Ecole supérieure de commerce de
Paris, section service public, vous avez débuté votre parcours dans la
fonction publique par un stage au poste d'expansion économique de New
Dehli, puis vous avez accompli votre stage de fin d'études à la Direction de
la musique et de la danse du Ministère de la culture, que dirigeait alors
Maurice Fleuret, et où vous avez pris part à la réorganisation du service
des concours pour le recrutement des professeurs et directeurs des écoles
de musique contrôlées par l'Etat.

Chargé d'études au département des études et de la prospective du
Ministère de la culture en 1984 et 1985, vous vous êtes ensuite engagé
dans un domaine, le mécénat, où vous avez joué un rôle pionnier au sein
du Ministère de la culture. Chargé de mission auprès de Dominique Wallon
à la Direction du développement culturel, puis auprès de Jean-Ludovic
Silicani à la Direction de l'administration générale, vous avez en effet
participé à l'élaboration de la loi du 23 juillet 1987 sur le développement du
mécénat – la première à avoir donné un cadre juridique et fiscal au
mécénat en France – et à la création du Conseil supérieur du mécénat
culturel.

A l'invitation de Jacques Rigaud, son président fondateur de l'Association
pour le développement du mécénat industriel et commercial, vous quittez
ensuite le Ministère, mais sans jamais vous en éloigner, pour prendre la
responsabilité de l'Admical,, en tant que délégué général, de 1988 à 1995.

Dans ces nouvelles fonctions, vous avez notamment pris part à la
conception et à la mise en oeuvre de la loi du 4 juillet 1990 portant création
du statut de « fondation d'entreprise », qui connaît aujourd'hui tant de
succès. Instigateur du premier accord entre l'Admical et la Fondation de
France, vous avez également été l'artisan de l'ouverture de votre
association à d'autres domaines d'intérêt général tels que la solidarité et
l'environnement, et vous avez participé à la création du CEREC, le premier
Comité européen pour le rapprochement de l'Economie et de la culture.

Après ces cinq années à l'Admical dont vous êtes resté très proche, votre
retour vers l'institution culturelle se fait en deux temps : en juillet 1995, vous
prenez la direction de la prestigieuse AROP, l'Association pour le
rayonnement de l'Opéra national de Paris, et la tête du service entreprise et
mécénat du même établissement ; en septembre 2004, enfin, vous êtes
nommé directeur du développement de l'Opéra. Dans ces fonctions
complémentaires, le travail que vous accomplissez pour le développement
des ressources propres de l'Opéra est particulièrement digne d'éloges.

En
tant que directeur de l'Arop, vous êtes à la tête de la plus importante
association de mécènes dans le secteur musical, qui regroupe aujourd'hui
quelque 3000 particuliers et 190 entreprises, et gère un budget de près de
11 M€. Les partenariats que vous nouez sont une contribution essentielle
au financement des productions de l'Opéra, de ses tournées en France et à
l'étranger, de la restauration de son patrimoine et de ses programmes
pédagogiques… En tant que directeur du développement, vous avez aussi
la responsabilité de l'ensemble des secteurs commerciaux de
l'établissement, non directement liés à la billetterie : librairies-boutiques,
visites guidées, concessions, mécénat, publicité. Depuis 2004, le produit
des activités de cette direction a augmenté de plus de 47%. Le mécénat
représente aujourd'hui quelque 6,5 M€ dans le budget de l'Opéra, auquels
s'ajoutent 2 M€ pour les recettes des locations d'espaces et des ventes
d'espaces publicitaires.

Ces quelques chiffres bien évidemment ne disent pas tout, cher Jean-Yves
Kaced, de ce que votre talent et votre savoir-faire apportent
quotidiennement au rayonnement de l'Opéra de Paris, mais au moins
donnent-ils la mesure du travail qu'avec vos équipes vous avez déjà
accompli. Vos amis ici rassemblés, à commencer par Madame Georges
Meyer qui a souhaité cette cérémonie commune, peuvent témoigner par
ailleurs de l'attachement que leur inspirent vos qualités personnelles, votre
culture, votre humanisme et ce charme si particulier que tous vous
reconnaissent, fait de gentillesse, d'autorité et de vigilante attention à
chacun, à chaque détail de l'ordonnancement de ces magnifiques soirées,
comme de chacune des manifestations que vous organisez à destination de
l’ensemble des membres de l’AROP, et je pense notamment aux
conférences, aux recontres avec les artistes, qui réunissent autour d’une
même passion partagée les amoureux de l’opéra de toutes les générations
et de tous les milieux. Vous avez à coeur de répondre et même d’aller au
devant des aspirations de chacune et de chacun, dans leur diversité.

Ainsi, vous apportez une contribution éminente à la richesse, au prestige et
au rayonnement de l'institution que vous servez, humblement, efficacement,
avec talent, humanité, professionnalisme et passion, cet Opéra de Paris
dont au fil des années vous avez su devenir l'un des plus dignes
représentants.

Cher Jean-Yves Kaced, au nom de la République, nous vous faisons
Chevalier dans l'Ordre des arts et des lettres.

Remise de la de la médaille de Grand Donateur du ministère de la culture et de la communication à Madame Georges Meyer

16 avril 2007

Mesdames et Messieurs,

Nous sommes réunis aujourd'hui pour rendre hommage à une femme aussi
discrète qu'exemplaire dans son engagement au service de causes
d'intérêt général, Madame Georges Meyer, qui est également l'un des plus
fidèles soutiens de l'Opéra de Paris.

Chère Léone-Noëlle Meyer,

Licenciée en droit public en 1960, diplômée de l'Institut d'études politiques
de Paris en 1961, vous épousez en 1964 Georges Meyer, vice-président
puis président du Groupe Galeries Lafayette, dont vous aurez trois fils :
Alexandre, David et Raphaël.

Parallèlement à votre vie familiale, vous entamez des études de médecine
qui vous conduisent au doctorat en 1972. Dans votre spécialité, la
pédiatrie, vous travaillerez d'abord à l'Hôpital des Enfants Malades en
recherche clinique sur les rhumatismes de l'enfant, puis vous serez
médecin dans les ambulances d'urgence en pédiatrie et médecin en néonatologie,
ainsi que professeur à l'Ecole des sages-femmes de
Baudelocque Port-Royal, avant de passer à la pratique privée en cabinet
libéral conventionné. Mais je note également, parce que c'est aussi
révélateur de votre intérêt pour les autres et de votre courage, que vous
participez à plusieurs reprises à des missions de médecine humanitaire en
Amazonie colombienne, au Salvador, au Cambodge, au Mozambique et
plus récemment en Birmanie.

Après la disparition de votre mari en 1998, vous prenez des responsabilités
dans le monde de l'entreprise : jusqu'en 2005, vous êtes présidente et
membre du Conseil de surveillance de la Société des Galeries Lafayette et
vous avez des responsabilités dans les autres sociétés du groupe, ainsi
que dans le groupe Casino. Depuis 2005, vous êtes la présidente d'une
société financière et d'investissement familiale, Phison Capital SAS, et
membre du Conseil de surveillance du Groupe Publicis.

Enfin, vous menez depuis plus de vingt-ans une très riche activité dans le
domaine associatif et comme mécène de causes d'intérêt général,
sociales, humanitaires et culturelles. Permettez-moi de m'y arrêter plus
particulièrement.

Dans le domaine social, vous avez particulièrement à coeur de soutenir
l'Association des fils et filles des déportés juifs de France », fondée par
Serge Klarsfeld, mais vous êtes autant motivée par l’éducation chrétienne
des indiens Aguaruna de l’Amazonie péruvienne, où vous vous êtes
rendue avec un Père Jésuite, le Padre Pacho, que par le retour en Israël
des Juifs d’Ethiopie, pays dans lequel vous avez effectué une mission
avec Dan Weinblum de l’Appel Juif Unifié.

Je voudrais également
souligner que vous avez été administrateur de la synagogue de la rue
Copernic, et membre de l'association « Les Amis de l'Aliah des Jeunes »,
où vous avez organisé des cours de philosophie talmudique avec le
rabbin Marc-Alain Ouaknin et d'histoire juive avec Alexandre Adler.

Du fait de votre formation et de votre engagement professionnel, vous
avez évidemment un intérêt tout particulier pour le domaine médical, où
vous soutenez des institutions et des organismes spécialisés dans les
grands problèmes de santé publique actuels et à venir, comme les
instituts de recherche en cancérologie, en cardiologie ou sur les maladies
neuro-dégénératives : je citerai l'Institut Pasteur, l'Association NRBVaincre
le Cancer, la Fédération française de Cardiologie, l'ARETASC,
association pour le recherche en cancérologie, et l'Institut Gustave
Roussy, de même que l'ICM, Institut du Cerveau et de la Moëlle
épinière…

Mais vous vous intéressez également à la médecine
préventive, ce qui a vous conduit à vous impliquer personnellement dans
des campagnes de vaccination et, comme je l'ai déjà dit, dans des
missions de terrain dans des pays pauvres et en grande difficulté
sanitaire. Accompagner sur place des missions médicales permet de
mieux apprécier les besoins et de mieux cibler les aides : c'est ainsi que
vous apportez votre soutien à « La Chaîne de l'espoir », association
humanitaire qui oeuvre pour sauver les enfants gravement malades et
apporter une éducation aux enfants défavorisés, ou encore l'AMFA,
association médicale franco-asiatique qui organise des missions de
chirurgie orthopédique et a mis en place un SAMU en Birmanie… En
matière humanitaire, vous avez également été touchée tout autant par les
catastrophes dont a été victime la Louisiane que par les urgences
concernant le Pakistan.

Mais votre générosité bénéficie également à d'autres domaines à vos
yeux tout aussi essentiels :

– l’éducation : vous apportez des aides ponctuelles à des étudiants
français ou étrangers faisant preuve de leur motivation et qui n’ont pas les
moyens d’assurer leur cursus universitaire ou leur projet ;

– la recherche : au delà du domaine médical, l'un de vos projets est, je
crois, de soutenir de manière régulière des instituts de recherche en
mathématique et en économie, disciplines évidemment déterminantes
pour l'avenir.

– la vie culturelle enfin, domaine dans lequel vous soutenez des
institutions et des talents de manière suivie, mais où vous répondez aussi
à des sollicitations liées à des projets plus ponctuels.

A travers l'AROP, dont vous êtes non seulement membre du conseil
d'administration, mais aussi une mécène particulièrement généreuse,
vous soutenez depuis 2002 les productions de l'Opéra de Paris ; vous
apportez aussi depuis 2003 votre soutien au théâtre du Châtelet, et vous
êtes également très concernée par les activités d'une formation musicale
que vous aimez beaucoup, « les Virtuoses de France » de Jean-Marc
Philips.

Je peux dire également que votre générosité a bénéficié au projet de
réédition augmentée du célèbre ouvrage de l'érudit et collectionneur Frits
Lugt (prononcer : Leurtte) sur les marques de collections de dessins et
d'estampes, mené par le Louvre, en collaboration avec la Fondation
Custodia, le Deustches Forum für Kunstgeschichte et le RKD de La Haye,
ainsi qu'au projet de l'Association Mariette pour la promotion du dessin
français, présidée par M. Pierre Rosenberg. J'ajoute que vous êtes aussi
une collectionneuse particulièrement intéressée par les bronzes chinois
anciens, et que vous avez d'ailleurs été membre de l'Association pour le
rayonnement des arts asiatiques, naguère encore liée au musée Guimet.

Le mécénat est pour vous, chère Léone-Noëlle Meyer, et selon votre
propre définition, « une façon de partager les chances que la vie vous a
offertes », et, à cet égard, force est de constater la qualité de vos divers
engagements, votre fidélité aux causes que vous soutenez et votre
grande générosité.

C'est donc un très grand plaisir pour moi que de vous remettre aujourd'hui
une distinction réservée aux personnes privées qui contribuent par leurs
dons au développement de la vie culturelle française comme à la
sauvegarde de notre patrimoine.

Chère Léone-Noëlle Meyer, au nom de la République, nous vous
remettons la médaille de « Grand Donateur du Ministère de la Culture et
de la Communication ».