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Ouverture du Conseil national des professions du spectacle

Il faut que chacun se mette à la place de lautre. Nous devons comprendre lattente des artistes et des techniciens dont lemploi est le plus fragmenté, les aspirations légitimes des plus grands talents, qui travaillent beaucoup et veulent maintenir leur niveau de revenu, le besoin des employeurs de trouver des professionnels bien formés, disponibles, au service des créations culturelles, dans des conditions de souplesse et de coût de lemploi maîtrisées, linquiétude des partenaires sociaux, gestionnaires de lUNEDIC, devant le déséquilibre croissant de lassurance chômage… Mesdames, Messieurs,

La séance du Conseil national des professions du spectacle que jai lhonneur douvrir et de présider aujourdhui, revêt pour moi une importance et une gravité toutes particulières.

Je mesure la responsabilité éminente – jallais dire écrasante ! – qui est la mienne, nouveau ministre dun nouveau gouvernement, douvrir un dialogue nouveau, détablir un climat de confiance entre tous les acteurs et partenaires du spectacle vivant, du cinéma et de laudiovisuel.

Sans ce climat de confiance, rien ne sera possible. Il faut que chacun se mette à la place de lautre. Nous devons comprendre lattente des artistes et des techniciens dont lemploi est le plus fragmenté, les aspirations légitimes des plus grands talents, qui travaillent beaucoup et veulent maintenir leur niveau de revenu, le besoin des employeurs de trouver des professionnels bien formés, disponibles, au service des créations culturelles, dans des conditions de souplesse et de coût de lemploi maîtrisées, linquiétude des partenaires sociaux, gestionnaires de lUNEDIC, devant le déséquilibre croissant de lassurance chômage.

Tous ces points de vue sont légitimes et doivent être pris en compte.

Ce nest quà cette condition que la confiance pourra être établie et que nous pourrons, ensemble, définir une stratégie pour donner à lemploi culturel la dignité qui doit être la sienne – et qui ne saurait le réduire à la question des  » intermittents du spectacle « , une appellation qui ne peut pas résumer la fonction dartiste et de technicien ! Il sagit de vrais métiers, pour lesquels il faut, certes, du talent, mais plus encore de la formation, du travail, de leffort, bref, ce quon appelle du professionnalisme.

Les étapes qui seront nécessaires pour y parvenir nont rien de dilatoire. Elles vous indiqueront, au contraire, ma détermination et ma méthode pour avancer, pas à pas, selon un calendrier annoncé et précis, chacun dentre vous devant pouvoir vérifier, à tout moment, la qualité et lauthenticité des engagements que je prendrai devant vous, les responsabilités que chacun dentre nous aura aussi à assumer devant tous les autres, parce que nous sommes tous au service de la même grande cause.

« La situation des artistes et des techniciens exerçant leurs talents dans les métiers du spectacle vivant, du cinéma et de laudiovisuel constitue une préoccupation majeure du Gouvernement », comme jai eu loccasion de le dire la semaine dernière à lAssemblée nationale, lors de ma première intervention, en réponse à un député.

Faisant suite aux orientations données par le Président de la République, jai, dès ma prise de fonctions, entamé avec les élus concernés et les partenaires sociaux une série de consultations pour résoudre les problèmes liés à lapplication au 1er janvier 2004 des nouvelles dispositions des annexes VIII et X de la convention pour lindemnisation chômage. Mais jai tenu également à prendre contact avec les professionnels dans un cadre informel et sur le terrain.

Ainsi, je reviens dAvignon où, avec le Maire, jai pu mesurer les inquiétudes et les attentes des professionnels, mais aussi de la population. Avec cette inscription sur le mur du hall dentrée de la Maison Jean Vilar « Avignon, un rêve que nous faisons tous », qui fait figure de feuille de route…

Le Conseil national des professions du spectacle qui nous réunit ici nest pas le lieu où peut se résoudre définitivement le dossier de lintermittence, je le sais parfaitement. Sa composition, la fréquence de ses réunions, son objectif même, ne sont pas adaptés au règlement dun dossier qui est entre les mains des partenaires sociaux, gestionnaires de lUNEDIC, sans que lEtat ne soit dépossédé de sa propre responsabilité politique. Mais, si je reprends larticle 2 du décret de 1993 qui linstitue, il peut-être consulté par le Gouvernement sur toutes questions relatives aux professions culturelles.

Cest la raison pour laquelle jai tenu à garder la date qui avait été fixée, sans me dérober. Il est urgent pour moi dentendre, de comprendre, découter chacun avant de pouvoir faire des propositions au Premier Ministre et à mes collègues du gouvernement.

Jai bien compris limpatience. Votre exigence. Je vous demande de maider à créer un climat constructif. De sceller une vraie réconciliation.

Le CNPS a un rôle très important à jouer, car cest bien des professions culturelles quil sagit, ou plutôt de la spécificité et de la diversité des métiers du spectacle vivant, du cinéma et de laudiovisuel, qui ne se sont pas sentis reconnus dans le règlement dune affaire qui les concerne : le déséquilibre grandissant de leur régime dindemnisation.

Nous avons besoin de lieux de débats, déchanges, de confrontation des points de vue et découte de tous les partenaires concernés, aussi bien au niveau national que dans les régions.

Cest pourquoi jai lintention de demander aux Directeurs régionaux des affaires culturelles de réunir un conseil régional des professions du spectacle, afin de nous éclairer, au-delà de la diversité des métiers et des secteurs, sur la diversité des situations entre les régions, afin aussi de favoriser les initiatives régionales et locales. Je vous invite à me faire des propositions sur la manière dont ces CRPS pourraient être organisés, et dont leurs travaux pourraient sarticuler avec les vôtres.

Je pense utile, pour cette première réunion, de faire le point du dossier et dévoquer avec vous les voies, toutes les voies et les moyens par lesquels on pourrait, ensemble, professionnels, syndicalistes, élus, responsables, réfléchir à une même inquiétude et pacifier un climat beaucoup trop tendu, qui ne correspond pas aux attentes et aux espoirs que nos concitoyens mettent dans le monde de la culture.

Dans la société daujourdhui, marquée par une forte violence individuelle et collective, la culture est un lien, et les professionnels du secteur, je le sais bien, contribuent et veulent contribuer à ce ciment nécessaire entre tous nos concitoyens, qui doivent se rassembler et se dépasser autour des valeurs de liberté, de respect de lautre, de pluralisme.

Cette séance du Conseil national des professions du spectacle doit nous permettre un débat que je souhaite le plus ouvert possible, et je serai, avec mes collaborateurs, très attentif aux réponses qui vous semblent devoir être apportées aux difficultés générées par la mise en œuvre au 1er janvier 2004 des nouvelles dispositions des annexes VIII et X. Je vous suis, par avance, reconnaissant, des propositions constructives que vous pourrez faire, dans lesprit que jai défini, pour aider à la résolution dun conflit qui affaiblit le monde de la culture et attriste tous nos concitoyens.

Je précise que, compte tenu du contexte particulier dans lequel se déroule notre réunion, en ce quelle traite dun sujet qui mobilise très largement, y compris la représentation nationale, jai invité quelques parlementaires à y assister. Leur soutien nous sera précieux, notamment lors des discussions budgétaires ! Quelques autres observateurs seront aussi présents, notamment la coordination des intermittents et précaires dlle de France. Je souhaite en effet que toutes les bonnes volontés qui se sont manifestées, les représentants de toutes les personnes concernées, soient mobilisés à nos côtés. Et quelles puissent sexprimer librement.

Le spectacle vivant est un secteur dune grande vitalité, qui répond à une attente très forte de nos concitoyens, quil rassemble autour des valeurs de liberté, de tolérance, de diversité, autour de la recherche démotions collectives, du goût de la découverte. Cest aussi un secteur qui a connu un formidable renouvellement artistique, avec tout à la fois lévolution des formes dans des genres traditionnels comme lopéra ou la danse et lapparition de genres nouveaux comme le cirque contemporain, les arts de la rue ou les musiques actuelles. Le spectacle vivant, cest un public de 7 à 10 millions de personnes, des activités qui se sont répandues sur lensemble du territoire. Cest à la fois une grande variété de festivals, et des centaines de salles, grandes et petites, des centaines de lieux, qui attirent les publics les plus divers.

Mais le spectacle vivant, cest aussi un secteur professionnel qui sest considérablement développé depuis trente ans, qui emploie aujourdhui environ 150 000 personnes, dans des métiers très divers, par leur nature, mais aussi par leurs conditions dexercice ou leur mode de financement.

Les métiers du spectacle vivant cest, dans la France daujourdhui, à la fois les métiers dartistes, dans leur grande diversité, mais aussi tous les métiers de techniciens, sans lesquels les artistes ne pourraient exercer leur art.

Sagissant de laudiovisuel, la multiplication ces 20 dernières années des supports de diffusion audiovisuelle avec le câble, le satellite, aujourdhui lADSL, demain la télévision numérique terrestre, conjuguée au développement de la technologie numérique à tous les stades de la chaîne de production, tout cela fait du média télévisuel un outil incomparable au service de la diffusion culturelle. A côté des grandes chaînes hertziennes traditionnelles, les centaines de chaînes thématiques et locales disponibles ont favorisé le développement du secteur de la création et de la production audiovisuelle. Les œuvres audiovisuelles produites en France rassemblent un public considérable comme en témoigne le succès des fictions télévisées ou des grands documentaires diffusés aux heures de grande écoute. Près de 45 000 techniciens collaborateurs de création travaillent aujourdhui en France, contribuant à la production de près de 5 000 heures de documentaires, de fictions, de dessins animés et de spectacles vivants pour la télévision.

La défense du cinéma français dans sa diversité est au cœur de la politique menée par le Ministère de la culture et de la communication. En 2003, les films français ont rassemblé 60,6 millions de spectateurs, ce qui constitue lun des meilleurs résultats de la décennie. Aujourdhui 60% des personnes de 6 ans et plus fréquentent les salles de cinéma. La vitalité du cinéma français sobserve aussi en ce qui concerne la production : 212 films ont été produits soit 41 de plus quen 2000, dont 183 films majoritaires français. Depuis le début de lannée, un crédit dimpôt a été institué en faveur des sociétés de production, qui permettra de faciliter le recours aux industries techniques localisées en France, et je lespère les tournages. La création de fonds dinvestissement en région, à lexemple de Rhône-Alpes, de Provence-Alpes-Côte dAzur ou de lIle de France, permettra aussi daller dans le même sens. Je compte sur le Centre National de la Cinématographie pour mettre en œuvre une politique dynamique dincitation à la production en région.

Je mefforcerai dobtenir lextension au secteur audiovisuel de cet outil fiscal, sous réserve quil se traduise par un développement de lemploi stable.
Malgré cette vitalité, la question de lemploi dans ces secteurs se pose avec une acuité que lactualité de ces derniers mois a fortement soulignée. Or en tant que ministre de la Culture et de la Communication, je suis en quelque sorte le ministre de lemploi culturel. Lemploi culturel couvre un très vaste périmètre, quil importe de bien définir et de clairement délimiter, puisque cest ce qui fonde le soutien particulier qui est apporté à ce secteur.

Il faut être attentif à cette question. Je nexclus pas que lune des causes des difficultés rencontrées par lassurance-chômage réside précisément dans la définition dun champ trop large, ayant fait entrer, au fil des années, dans le bénéfice dun régime justifié par la protection de lexception culturelle et lencouragement à la création artistique, toute une série de métiers, dentreprises, voire de secteurs, dont le rapport à la culture est, pour le moins, indirect.

Notre responsabilité collective, et ma responsabilité de Ministre de la Culture et de la Communication, cest de nous montrer extrêmement vigilants et rigoureux dans la définition du champ des bénéficiaires des annexes VIII et X.

Si, daventure, nous ne létions pas, alors, dans un contexte de grande fragilité du régime dassurance-chômage, nous ne pourrions pas éviter les effets de comparaisons interprofessionnelles, les demandes reconventionnelles, et plus aucun dentre nous ne serait en situation de préserver les spécificités et les avantages des annexes VIII et X.

Le Président de la République comme le Premier Ministre ont clairement marqué le souhait quune issue soit trouvée à la crise que ce secteur traverse depuis plusieurs mois, et qui touche, pour toutes les raisons que je viens dévoquer, chacun de nos concitoyens.
Je conçois cette réunion comme une étape essentielle du processus que mon prédécesseur avait engagé au cours du mois de mars, et qui doit aujourdhui se poursuivre et aboutir. Aboutir à des résultats.

Bien évidemment il ne sagit pas pour lEtat de se substituer aux partenaires sociaux, auxquels il revient de négocier dans le cadre de lUNEDIC. Pour autant, cest au gouvernement et aux élus du suffrage universel, attentifs au message des urnes et à linquiétude de nos concitoyens, quil appartient de créer les conditions dun dialogue nouveau, dont la nécessité est, je crois, chaque jour plus évidente. Il doit être clair pour chacun, comme je my suis engagé à lAssemblée Nationale, « que le Gouvernement sera actif, présent, et névacuera pas la responsabilité qui est la sienne vis-à-vis de la création et des pratiques culturelles françaises ». Jai demandé une étude juridique très précise de toutes les possibilités, pour lEtat, de marquer son intervention et dassumer ses responsabilités.

Avec le souci de la justice et de léquité, prenant en compte la diversité des situations de chacun.

Le protocole daccord signé en 2003 trouve son origine dans le constat dune ampleur du déficit lié aux annexes VIII et X, et de la croissance rapide et non maîtrisable de ce déficit. Tous les interlocuteurs que jai rencontrés saccordent aujourdhui pour reconnaître que la poursuite de cette dérive est inenvisageable, et quil est indispensable de maîtriser les équilibres des régimes de protection sociale dans un pays confronté à une démographie vieillissante et à une conjoncture économique peu favorable. Il ne sen est pas trouvé un seul pour défendre la situation antérieure.

Mais chacun mesure aussi que laccord qui a été signé en juin dernier, sil marque une étape et un coup darrêt aux dérives, ne permet pas vraiment de répondre aux difficultés structurelles rencontrées par lassurance chômage pour ce secteur.

Les signataires de ce protocole comme les représentants des pouvoirs publics se sont attachés à ce quun accord puisse aboutir. Ils ont ainsi – et cest un objectif fondamental, auquel je souscris à 200 % -, préservé lappartenance de ce régime à la solidarité interprofessionnelle. Il convient maintenant dêtre attentif aux conséquences concrètes de lapplication de cet accord, de prendre la pleine mesure des situations de difficultés individuelles, dangoisse, de détresse, parfois, dont jai pris connaissance par les nombreux échanges que jai eus sur le terrain, et samedi encore, en Avignon, et dessayer de leur apporter, sans délais, les corrections nécessaires. Il faut aussi, chiffres en main, pouvoir apprécier précisément, après seulement quelques mois dapplication, les conséquences de cet accord, en particulier sur lévolution du nombre de bénéficiaires du régime. Cest, aujourdhui encore, difficile, incertain, et jai recueilli, sur ce point, des analyses contrastées.

La transparence des données et des chiffres est un impératif. Tout doit être sur la table, si lon veut bâtir une confiance solide entre nous.

Il semble aussi que cette réforme, que chacun savait nécessaire, ne sest pas assez accompagnée dexplications des choix opérés, et que toutes les informations nécessaires sur ses modalités et ses conséquences concrètes nont pas été données aux intéressés. Cela aurait sans doute permis dapaiser des inquiétudes individuelles et à chacun de mieux anticiper et sorganiser. Il nest pas trop tard et je sais que lUNEDIC, malgré le climat difficile dans lequel la réforme se met en œuvre, sefforce daméliorer linformation des bénéficiaires et la prise en compte des situations individuelles.

Je vais revenir un instant sur la réforme des annexes VIII et X adoptée en juin dernier. Les partenaires sociaux au sein de lUNEDIC sétaient fixé plusieurs objectifs :
– Réduire le déficit en professionnalisant les annexes. Pour ce faire, il a été décidé que les 507 heures nécessaires à une nouvelle affiliation devaient être intégralement effectuées dans le champ des annexes et sur une période réduite (11 mois en 2004, 10 mois pour les techniciens et 10,5 mois pour les artistes en 2005). Il a toutefois été accepté que 55 de ces heures pour les artistes soient des heures de formation.

– Rapprocher les règles de ces deux annexes de celles du régime général en ce qui concerne les modalités dindemnisation : celles-ci sont désormais liées au niveau de vie théorique du salarié, établi sur la base des rémunérations perçues précédemment. Le salarié dispose dun capital de jours dindemnisation de 243 jours, dont lutilisation est décalée en fonction de latteinte de ce niveau de vie mois par mois.

– Lutter contre la sous-déclaration des heures dans ces secteurs en incluant dans la formule de calcul de lindemnité journalière une variable fondée sur le nombre dheures travaillées et déclarées.

Je comprends aujourdhui que la mise en œuvre de cette réforme pose des problèmes :

  • de lisibilité. Si lon se met à la place de lartiste ou du technicien voulant calculer quelles sont ses heures pour apprécier sa situation, on découvre la complexité du dispositif adopté, et lon peut comprendre que son utilisation soit malaisée,
  • de transition : malgré les efforts auxquels les signataires de cet accord ont consenti, à la demande de mon prédécesseur, la mise en œuvre de cette réforme a pu apparaître brutale et générer un sentiment dinquiétude rendue plus vive encore par linsuffisance des explications qui ont pu être données.
  • de réduction de laccès pour les jeunes entrants, et de maintien durable de ceux-ci à un niveau de revenu faible
  • de risques dinégalité de traitement entre les salariés relevant de secteurs différents, ceux qui relèvent des secteurs où lemploi est le plus fragmenté ayant un régime dindemnisation moins favorable que les autres.
  • dadaptation aux conditions demploi de ce secteur, caractérisées par une multitude de contrats courts et une multiplicité demployeurs, qui se traduisent par un recours bien plus important quailleurs à un cumul des rémunérations du travail et des allocations chômage.

Cette réforme pose aussi des problèmes spécifiques, que les premiers mois dapplication ont, me semble-t-il, bien permis didentifier, et sur lesquels mon prédécesseur a eu de nombreux échanges avec lUNEDIC.

Sur certains points comme la prise en compte des droits dauteurs, une solution a pu être trouvée en restant dans le cadre des termes du protocole daccord. Sur dautres points en revanche, je crois que les échanges doivent se poursuivre, afin dapporter au protocole les correctifs et ajustements nécessaires.

Il sagit dabord des salariés en congé de maternité ou en congé de maladie. La rédaction de laccord signé le 13 novembre pose visiblement problème pour les femmes enceintes dans les métiers tels que la danse, le cirque, certains métiers de laudiovisuel, dans lesquels la période dincapacité de travailler, mais aussi la période durant laquelle il est difficile de rechercher efficacement un emploi, est plus longue que celle du congé de maternité proprement dit.

La prise en compte des heures denseignement, limitée à 55h dans les 507 heures, et pour les seuls artistes, correspond parfois difficilement aux pratiques des professionnels, artistes et techniciens de ces secteurs, pour lesquels, ils me lont dit avec passion et enthousiasme, lexercice dun enseignement, la transmission de leurs savoirs, savoir-faire, savoir-être font partie intégrante de leur métier. Elle répond imparfaitement aussi aux exigences de professionnalisation dont le dispositif denseignement et de formation des futurs artistes et techniciens doit être le garant.

Le reproche est fait également que les règles daffiliation du régime, son caractère  » glissant  » prive les salariés du repère clair de la date anniversaire, ce qui explique sans doute en partie les inquiétudes quil a déclenchées. La réforme a substitué à un système encadré qui permettait aux allocataires dapprécier annuellement leur situation, sur la base de dates fixes, un système dont le terme nest pas connu et qui se décale en fonction du niveau dactivité et de rémunération de lallocataire, alors que le niveau dindemnisation du salarié, lui, névolue pas tant que le capital de 243 jours nest pas épuisé.

Quil sagisse de léquilibre densemble ou de corrections plus ponctuelles, les solutions doivent être examinées dans une double perspective :

  • La responsabilité de tous les acteurs et partenaires concernés, employeurs, salariés, Etat, collectivités territoriales, qui doivent, chacun, faire effort pour préserver un régime équilibré, qui constitue le volet social de lexception culturelle française, dont nous sommes légitimement fiers et à laquelle nous sommes attachés.
  • La nécessité, sur une question aussi complexe, de procéder de manière progressive, dans la transparence absolue des données et des informations, dans un dialogue continu, pour pouvoir accompagner lévolution des équilibres du système et lui apporter les corrections et ajustements nécessaires.

La première de nos responsabilités collectives, cest celle de garantir, au secteur du spectacle vivant, du cinéma et de laudiovisuel, le maintien et le développement des financements qui permettent la création culturelle : financement par le public, qui témoigne ainsi son attachement et son appétit pour les pratiques culturelles ; collectivités territoriales qui ont, toutes, considérablement accru leur effort financier ces dernières années ; entreprises privées qui, au-delà de leur rôle demployeur, ont multiplié les actions de mécénat dans le secteur culturel ; solidarité interprofessionnelle des employeurs et des salariés (assurance-maladie, assurance-chômage, assurance-retraite), dont le niveau et lévolution, nous lavons dit, doivent être maîtrisés ; mais aussi, bien évidemment, lEtat dont lengagement financier ne sest jamais démenti, na jamais décru.

Mon prédécesseur avait annoncé un plan pour le développement de lemploi dans le spectacle vivant dont je veux accélérer lélaboration, afin quil puisse commencer dêtre mis en œuvre dès cette année.

La détermination du Premier Ministre à préserver le budget de la culture et de la communication permettra den engager immédiatement le financement. Cest, je pense, le premier signal de ce dialogue nouveau. Je vous demande de le percevoir comme tel. Cest un choix clair, dautant plus fort que les temps sont durs…
Mes services ont travaillé à un premier projet, qui sorganise autour des objectifs suivants : professionnaliser lentrée dans les métiers du spectacle, conforter lemploi dans des formes plus stables, en mobilisant notamment les structures subventionnées, mieux accompagner les parcours professionnels.

Jattache du prix à ce que chacun dentre vous soit associé à lélaboration de ce plan, qui devra faire lobjet, dans les plus brefs délais, dun examen interministériel, pour manifester lengagement du gouvernement pour le développement du spectacle vivant.

Au-delà des aspects financiers, il mapparaît important aussi de vous rappeler laction que lEtat mène pour ce qui relève de sa responsabilité directe. Il lui revient en effet de traiter tout lenvironnement de ce champ de la négociation sociale, et nous ferons au cours de cette réunion un point des mesures qui ont été prises en ce sens au cours des derniers mois. La mise en œuvre de ces mesures est en effet bien avancée. Je pense à la lutte contre le travail illégal et les fraudes, mené par la DILTI, délégation interministérielle de lutte contre le travail illégal, à la mise en œuvre de lordonnance du 6 novembre 2003 (Guichet unique des employeurs occasionnels, rendu obligatoire, croisement des fichiers sociaux), aux travaux de la commission emploi sur les questions statistiques, très importantes dans ce secteur, où nous avons besoin de renforcer nos capacités collectives de connaissance de la réalité de lemploi.

Dans ce domaine du cinéma et de laudiovisuel comme dans le spectacle vivant, la réglementation prévoit déjà que les subventions publiques soient accordées en tenant compte de la régularité de la situation de lentreprise au regard de la réglementation sociale. Je demande au CNC de vérifier systématiquement la réalité des dépenses déclarées, particulièrement en matière de salaires, et den tirer toutes les conséquences, cest à dire de ne plus aider les sociétés qui ne respecteraient pas la réglementation. Le dispositif de crédit dimpôt contribuera au respect du contrôle des obligations sociales.

Mon prédécesseur avait aussi chargé une personnalité reconnue de lensemble du secteur professionnel, Monsieur Bernard LATARJET dune mission de réflexion globale sur le spectacle vivant. Jai déjà rencontré Monsieur Latarjet, et il doit me remettre prochainement son rapport, qui vous sera communiqué et sur lequel je solliciterai bien évidemment vos réactions.

Comme vous le savez, les signataires du protocole daccord du 26 juin dernier ont prévu une clause de suivi de cet accord. Je vous en rappelle les termes :  » Afin dapprécier les effets des dispositions du présent protocole, les partenaires sociaux se réuniront avant la fin de lexercice 2004 et avant la fin de lexercice 2005 pour faire le point sur lapplication des nouvelles annexes VII et X. En tant que de besoin, ils prendront les mesures qui savèreraient nécessaires « .

Il me paraîtrait naturel que les signataires sattachent rapidement à cet examen, dont le besoin mapparaît avéré, alors que se multiplient les propositions alternatives, les prises de positions de toutes parts, provenant de tous les horizons politiques et professionnels.

Pour ma part je suis prêt à exercer pleinement toutes les responsabilités qui incombent au Ministre de la Culture et de la Communication, à accompagner dans cette démarche, avec mon collègue et ami Jean-Louis Borloo, avec lequel nous travaillons quotidiennement en très étroite liaison, les partenaires sociaux concernés, à les assurer de tout le soutien et de tout lengagement, sous lautorité du Premier Ministre, du gouvernement à leurs côtés.

Dans limmédiat je souhaite vous entendre sur lensemble de ces sujets. Jai confiance dans le sens des responsabilités de chacun dentre vous, dans notre volonté commune daboutir.

Donner à chacun les moyens de faire rayonner son talent, ouvrir chaque jour la culture à des publics nouveaux et de plus en plus larges sont des objectifs qui, je crois, nous sont communs.

Mais jai compris quavant de se rassembler, chacun voulait exprimer sa différence.

Cest légitime.

Vous avez la parole !

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