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Remise des insignes d’Officier dans l’Ordre National du Mérite à Pierre Arditi

Cher Pierre Arditi,

C’est un très grand plaisir de vous accueillir aujourd’hui, pour saluer votre
brillante carrière de comédien, à la verve légendaire, aussi talentueux et
charismatique sur les planches que sur le grand écran.

Au cinéma, vous appartenez notamment, aux côtés de Sabine Azéma, et
André Dussollier, à la famille prestigieuse d’Alain Resnais. De Mon Oncle
d’Amérique, en 1979, à Coeurs, sorti l’année dernière, vous avez
accompagné le parcours de ce réalisateur hors du commun, qui nous a
livré des oeuvres singulières, des chassés-croisés amoureux, des comédies
musicales savoureuses et hautes en couleur, et des variations sur le thème
du destin, de la liberté, et de l’engrenage des choix. Mélo, en 1986, vous
vaut le César du meilleur second rôle. Avec vos quatre personnages dans
le diptyque Smoking et No smoking, vous remportez le César du meilleur
acteur en 1994.

Vous êtes l’un de ces « silex », dont Alain Resnais sait qu’il fera, à chaque
fois, des étincelles au contact de ses autres acteurs fétiches. Vous
illuminez chacun de ses films de votre présence, de votre fougue et de
votre charme.

C’est cette même exigence, cette même volonté de servir un cinéma
d’auteur, riche d’un univers et d’une écriture uniques, qui vous a poussé à
des collaborations régulières, aussi bien avec Claude Lelouch qu’avec
Bruno Podalydès.
Dans les oeuvres intimistes et humanistes du premier, Hommes, femmes,
mode d’emploi, Hasards ou coïncidences, ou encore Le Courage d’aimer,
vous avez donné toute la mesure de votre sensibilité, et dévoilé toute la
richesse des nuances de votre vaste palette de jeu.

Pour le second, toujours aux côtés de Sabine Azéma, vous avez incarné
Frédéric Larsan, le mystérieux et inquiétant trouble-fête des deux volumes
des aventures de Rouletabille, de Gaston Leroux, Le Mystère de la
Chambre jaune et Le Parfum de la dame en noir.

Aussi à l’aise dans les comédies comme Vanille Fraise, du regretté
Gérard Oury, que dans un répertoire plus sombre, comme dans l’insolite
Agent trouble, de Jean-Pierre Mocky, aux côtés notamment de Catherine
Deneuve ; virtuose dans l’art de l’autodérision, dans Les Acteurs, de
Bertrand Blier ; perdu et touchant dans L’Un reste, l’autre part, de Claude
Berri ; excentrique frivole dans Le Grand appartement, de Pascal
Thomas ; amer et glaçant dans Coup de sang de Jean Marboeuf, vous
avez joué tous les rôles, et conquis tous les genres, cinématographiques
et humains. Fait plus méconnu, vous avez également incarné Superman,
mais sans enfiler le collant, en prêtant votre voix à Christopher Reeves,
pour le doublage du film sur le super-héros. Qui d’autre que vous aurait pu
prêter sa voix à celui qui observe, d’en haut, Nos amis les terriens, dans
l’adaptation du roman de Bernard Werber qui sort le 18 avril prochain ?

Cette expérience n’a sans doute pas été sans vous rappeler vos
premières impressions sur les planches : « Un jour, dites-vous, je me suis
rendu compte que c’était formidable de monter sur une estrade avec le
monde qui me regarde et moi qui regarde le monde. »

Le public qui vous applaudit au cinéma vous plébiscite également sur le
petit écran, dans vos très nombreux téléfilms de qualité, Le Comte de
Monte Cristo, de José Dayan, L’Affaire Dreyfus, d’Yves Boisset, ou encore
La Séparation, de François Hanss.

Ce même public vous acclame aussi au théâtre, où vous avez commencé
très tôt une carrière aussi dense qu’éclectique, aux côtés de metteurs en
scène prestigieux, Marcel Maréchal notamment, votre premier mentor,
puis Pierre Debauche, Jean-Pierre Bisson, Andreas Voutsinas, Jean-
Louis Barrault, Pierre Mondy, Georges Wilson, Bernard Murat, ou encore
Yasmina Reza et Jean-Michel Ribes, pour ne citer qu’eux.

Je salue aujourd’hui un très grand acteur, mais aussi, nous le savons
tous, un homme à l’engagement et à la responsabilité exemplaires, qui
s’investit avec une forte volonté, et une belle générosité dans les
nombreuses causes d’intérêt général qui lui tiennent à coeur.

Pierre Arditi, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Officier dans l’Ordre
national du Mérite.

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