Imprimer cet article - Envoyer à un ami

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre Nationale de la Légion d’Honneur à Arielle Dombasle

Chère Arielle Dombasle,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour saluer en vous
une artiste complète, une diva des temps modernes, et l’électron libre le
plus glamour de notre scène artistique, qui sait déployer ses talents et sa
grâce pétillante dans tous les domaines, parfois même les plus inattendus.

Vous auriez pu vous contenter d’être une grande actrice à la beauté
renversante, aussi à l’aise en égérie rohmerienne qu’en Milady de Winter,
sous la caméra de Josée Dayan. Aussi éblouissante dans l’univers
baroque de Raoul Ruiz que dans les grandes comédies de Claude Zidi.

Tour à tour, évanescente, intello, piquante, candide, charnelle, provocante,
timide, vous crevez l’écran et fascinez votre public.

Vous auriez pu également vous satisfaire de votre voix magnifique, que
l’on connaissait vibrant sur le répertoire lyrique, et que l’on découvre
glissant sur les plus grands succès latins, et ondulant sur les standards de
l’Amérique de l’après-guerre. Entourée des meilleurs musiciens, sublimée
par les orchestrations les plus travaillées, vous revisitez ces grands airs de
votre charme mutin, avec le goût de la perfection, et l'intuition artistique que
l'on vous connaît.

Oui, vous auriez pu vous contenter des innombrables succès qui ont
jalonné votre brillante carrière, et parmi les plus récents, vos albums Amor
Amor et C’est si bon. Pouviez-vous recevoir meilleure consécration, pour
ce dernier opus, que celle du public New-Yorkais, qui vous a applaudie
dans le spectacle aussi sophistiqué qu'élégant que vous lui avez offert à la
rentrée dernière ? Cet accueil enthousiaste n'a eu d'égal que celui réservé
par le public à l'enregistrement de titres auxquels vous apportez une
nouvelle vie, une nouvelle actualité, une nouvelle sensualité.

Mais, inclassable, hors norme, vous voulez aussi étonner et surprendre
votre public, en apparaissant toujours là où l’on ne vous attend pas.

Vous êtes capable, dans le même laps de temps, d’interpréter Puccini et
Judy Garland, lors d'un gala au profit de la lutte contre le cancer, à la
Chapelle Royale du Château de Versailles, et de défrayer la chronique en
vous faisant meneuse de revue au Crazy Horse, pour un numéro sublime,
aussi lascif qu’élégant, où vous chantez quelques titres de votre nouvel
album.

Oui, vous êtes sans doute la plus inattendue, la plus insaisissable, la plus
libre, de nos icônes. Vous alliez la simplicité à la sophistication, la
profondeur à la fantaisie, pour nous livrer un univers chaque fois différent,
mais toujours emprunt de ce glamour et de cette audace qui sont vos plus
beaux atours.

Si quelqu’un vous exprime, à juste titre, son admiration face au rythme qui
est le vôtre, il vous arrive de répondre que votre entraînement et votre
discipline sont dignes de ceux d'un footballeur. Comparaison qui peut
surprendre, dans la bouche de celle en qui l’on voit plutôt une sirène
parée de toutes les séductions vantées par les contes et les mythes.

Mais il faut en effet rendre hommage à votre engagement en faveur des
arts que vous entendez servir, à votre exigence, et à cette curiosité qui
vous incitent à explorer sans cesse de nouveaux domaines.

Peut-être tenez-vous de votre éducation cosmopolite, de vos origines
américaines, de votre enfance mexicaine, cette aisance incomparable à
franchir les frontières, celles des pays, mais aussi celles des arts et des
genres.

Pourtant, chère Arielle Dombasle, permettez-moi de voir en vous
l'essence très vive du charme et de l'esprit français. Deux qualités que
vous admirez également en l’homme qui partage votre vie, Bernard-Henri
Lévy, qui nous fait l’honneur d’être présent aujourd’hui, comme il est
présent toutes les fois que vous êtes mise en lumière.

Je rends aujourd’hui l’hommage de la France à une grande actrice, à une
chanteuse de renommée internationale, à une magnifique danseuse, à
tous ces visages que vous avez bien voulu offrir à la Grâce, à la Beauté et
au Talent.

Arielle Dombasle, au nom du Président de la République, et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion
d'Honneur.

Laisser une réponse