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Congrès de l’Union Nationale pour l’Insertion Sociale du Déficient Auditif

Monsieur le Ministre, cher Philippe Bas,

Madame la Ministre, chère Marie-Anne Montchamp,

Monsieur le Président de l’Union Nationale pour l’Insertion Sociale du
Déficient Auditif, cher Jérémie Boroy,

Monsieur le Président du Conseil Supérieur de l’audiovisuel, cher
Dominique Baudis,

Monsieur le Président, cher Jean-François,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux d’être présent parmi vous aujourd’hui, et je tiens à
remercier chaleureusement, à travers son président Jérémie Boroy, tous
les membres de l’Union Nationale pour l’Insertion Sociale du Déficient
Auditif, qui ont oeuvré pour faire de cette journée une vraie réussite.

J’ai eu l’honneur d’inaugurer hier soir le nouveau Centre international d’art
et de culture des sourds, à Paris, nouveau haut lieu de culture et
d’échanges, né notamment grâce à l’enthousiasme et au talent
d’Emmanuelle Laborit. La grande comédienne a souhaité en faire avant
tout un lieu décloisonné, un lieu ouvert, un espace de découverte pour tous
les publics.

Je me réjouis que cette journée de travail permette également de réunir,
autour d’un objectif commun, des personnes sourdes, malentendantes et
entendantes, dans un esprit de mixité et de rencontre.

Je constate avec grand plaisir la présence de nombreux acteurs de
l’audiovisuel et de l’industrie cinématographique. J’y vois la preuve de
l’intérêt que nous portons tous à cet enjeu essentiel qu’est l’accessibilité de
la télévision et du cinéma. Je tiens à saluer la présence de Dominique
Baudis, Président du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, des représentants
de France Télévisions, des responsables de chaînes et de tous les
professionnels du cinéma.
Le Président de la République, vous le savez, a tenu à faire de l’insertion
des personnes handicapées l’un des grands chantiers de son quinquennat,
afin de permettre « à la société française de mieux accueillir la différence et
de recueillir ses richesses».

C’est dans cet esprit qu’ont été élaborés les articles de la loi du 11 février
2005 pour « l’égalité des droits et des chances, la participation et la
citoyenneté des personnes handicapées».

Cette loi majeure a fait franchir à la société française une nouvelle étape.
Nous pouvons être fiers du chemin parcouru, depuis la naissance du
télétexte à la fin des années soixante-dix, et depuis les premiers soustitrages
à la télévision au début des années quatre-vingts. La loi du 11
février 2005 pose en effet le principe de l’accessibilité généralisée, qui
permet à toutes les personnes, quel que soit leur handicap, d’exercer les
actes de la vie quotidienne et de participer à la vie sociale. Or, à mon
sens, l’accès à la télévision et au cinéma est, plus qu’un simple domaine
d’application, la condition même de cette participation.

Informer, divertir, offrir à chacun les clés pour trouver sa place dans la
société, pour devenir citoyen et s’ouvrir à la culture de son pays, telles
sont les missions de la télévision et du cinéma, telles sont les conditions
de l’ouverture sur le monde, que nous devrions être en mesure d’offrir à
tous nos concitoyens.

C’est pourquoi je suis heureux que mon engagement pour la prise en
compte, dans ce texte de loi, des besoins des personnes sourdes et
malentendantes dans les domaines des médias, ait porté ses fruits. Et je
tiens à réaffirmer la mobilisation, sur ce sujet, des services du ministère
de la Culture et de la Communication, ainsi que de tous ses partenaires.

Je ne dresse aucune frontière, en effet, entre la culture et la
communication, entre les contenus et les vecteurs de diffusion, et je tiens
à rappeler ici l’engagement du Ministère de la Culture et de la
Communication pour un meilleur accès de tous à la culture, engagement
qui n’est pas récent, puisqu’il est répond à la mission originelle de ce
ministère, telle que l’a formulée André Malraux à sa création, de rendre la
culture accessible à tous. Il s’agit aujourd’hui de la rendre accessible à
chacun. C’est un enjeu culturel, mais aussi politique, au sens le plus élevé
du terme, essentiel. Je tiens à ce que l’action du ministère dont j’ai la
charge, soit exemplaire.

Nous avons désigné, dans chaque Direction Régionale des Affaires
Culturelles, un correspondant handicap. Nous avons mis en place des
séminaires de formation interrégionaux pour les professionnels du cadre
bâti sur la thématique de l’accessibilité. Par ailleurs, un « guide pratique
de l’accessibilité » va être publié dans les prochains jours.

Je sais que les attentes des publics concernés sont fortes, et elles sont
légitimes. Les associations représentatives des personnes sourdes et
malentendantes s’investissent d’ailleurs énormément auprès des
institutions, pour les aider à mieux comprendre et à satisfaire ces besoins,
et je tiens à les en remercier. Elles sont en cela des acteurs à part entière
de l’évolution des mentalités, et des partenaires précieux des pouvoirs
publics.

Avoir la liberté de choisir les programmes que l’on souhaite suivre peut
paraît anodin, aux yeux des entendants, mais nous savons tous ici
combien cette liberté est un luxe pour les sourds et les malentendants,
auxquels on propose encore trop peu d’émissions sous-titrées ou
diffusées en langue des signes française, même si celles qui existent sont
de très grande qualité. Je pense bien entendu à l’émission « l’oeil et la main », dont je tiens à saluer les présentateurs Isabelle Voizeux et Daniel
Abbou, et la directrice de collection, Sandrine Herman.

Vous avez évoqué, au cours des tables rondes, le principe général posé
par la loi du 11 février 2005, d’adaptation de la totalité des programmes
télévisés, applicable à toutes les chaînes dépassant un certain seuil
d’audience. Je tiens à souligner que c’est indépendamment de leur
audience que les chaînes du secteur public se plieront à cette obligation.

Dès 2005, France 2, France 3 et France 5 ont adapté pour les personnes
sourdes et malentendantes plus de 10 000 heures de programmes, et
Arte a sous-titré 470 heures de programmes.

J’invite l’ensemble des acteurs de l’audiovisuel, toutes chaînes
confondues, à suivre cet exemple et à s’engager fermement dans la voie
d’une adaptation de leurs programmes.

En réponse aux attentes des associations, je souhaite que l’accent soit
mis sur la qualité du sous-titrage et le recours à la langue des signes
française.

Par ailleurs, et ce point est d’une actualité brûlante, la télévision joue un
rôle fondamental dans la vie citoyenne de chacun, et dans notre
démocratie. J’ai moi-même demandé, lors de la commission nationale
« Culture – Handicap » du 1er juin 2006, que les programmes relatifs à ces
enjeux cruciaux pour nos concitoyens soient pleinement accessibles à
tous. Le CSA a également incité, dans l’une de ses directives, tous les
partis politiques à sous-titrer les interventions télévisuelles. Je suis
heureux de constater que les représentants de formations politiques,
venus participer à ce congrès, ont également exprimé leur attachement à
l’accessibilité des échanges politiques.

J’ai également à coeur de rendre le cinéma accessible à tous les publics.
Le CNC a réuni dernièrement, avec la participation du CSA, un groupe de
travail rassemblant des professionnels de l’industrie cinématographique,
afin de poursuivre une réflexion sur les pistes à explorer pour le soustitrage
des films.

Il me paraît notamment essentiel que l’obligation de sous-titrage s’impose
à toute la chaîne d’exploitation du film (salles, DVD, diffusion télévisée).

Le ministère de la Culture et de la Communication oeuvre pour qu’il soit
réalisé dès la post-production, et ainsi attaché au film et à la chaîne des
droits. Je souhaite enfin encourager les salles à s’équiper en matériel
adapté.

Vous pouvez compter sur ma vigilance, ma détermination, mon
engagement sur tous ces sujets.

Permettez-moi de rappeler enfin que c’est ensemble que nous réussirons, et
que l’énergie et l’engagement de tous est plus que jamais nécessaire, pour
que réussisse cette révolution des mentalités que nous appelons tous de
nos voeux.

Je vous remercie.

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