Imprimer cet article - Envoyer à un ami

Visite à l’école nationale supérieure d’architecture de Saint-Etienne

Monsieur le Directeur,

Madame la Présidente du conseil d’administration,

Mesdemoiselles, Mesdames et Messieurs les étudiants,

Je suis très heureux d’être présent parmi vous aujourd’hui. Je tiens à
remercier votre directeur, Martin Chenot, de son accueil et de l’organisation
de cette rencontre.

Quelle meilleure entrée en matière pour débattre de l’architecture, qu’une
visite de chantier ? Je me félicite de l’avancement du projet de
restructuration et d’extension de votre école, auquel je suis particulièrement
attaché. Non seulement parce qu’il offrira, à vous-mêmes comme à vos
enseignants et au personnel administratif de l’établissement, des conditions
de travail dignes de notre ambition collective pour l’enseignement de
l’architecture en France, mais aussi parce qu’il témoigne de mon souci de
traiter équitablement les besoins des écoles nationales supérieures
d’architecture sur tout le territoire, en régions comme à Paris, quelle que soit
la taille de l’établissement.

C’est une priorité, tant nos espaces et nos territoires évoluent, tant le visage
de nos villes se transforme, tant le besoin d’architecture est grand. Et cette
priorité n’est pas neuve. Vous le savez, l’enseignement de l’architecture fut
longtemps réservé aux Beaux-Arts. Et dès 1903, le rapport d’une
commission de réflexion, retrouvé par le comité d’histoire du ministère,
souligne : « Les architectes des départements se plaignent vivement et non
sans raison que les travaux les plus délicats de l’architecture, qu’il s’agisse
de création ou de conservation, soient souvent confiés à des mains
inhabiles […].

En plaçant l’enseignement de l’architecture à la portée des
jeunes gens qui ne peuvent venir le chercher à Paris, on doit espérer que
cette situation anormale disparaîtra peu à peu, et telle est la considération
d’intérêt public qui fait à l’Etat un devoir de s’intéresser à la création d’écoles
régionales d’architecture ». C'était il y a plus de cent ans. Aujourd’hui la
France est dotée d’un réseau d’excellence, de vingt écoles nationales
d’architecture, sous la tutelle du ministère de la Culture et de la
Communication, et il nous appartient de leur donner les moyens de
répondre aux exigences du XXIe siècle.

Après l’école de Lille, inaugurée en décembre dernier, et celles de
Montpellier, de Grenoble et de Versailles, l’école de Saint-Etienne fait
aujourd’hui partie des écoles qui bénéficient d’un grand programme
immobilier, auquel j’ai choisi de consacrer un budget important et prioritaire,
d’environ 35 millions d’euros chaque année.

Je forme donc le voeu que vous trouviez, dès la prochaine rentrée, dans
cette école rénovée, des conditions de travail répondant légitimement à vos
besoins.

Car vos études sont passionnantes, mais aussi exigeantes et
difficiles, tout comme les métiers auxquels elles préparent. Des
sciences humaines aux domaines techniques et scientifiques, les
disciplines que vous allez aborder tout au long de votre parcours
sont d’une extraordinaire diversité. Rares sont les formations qui
conjuguent un appétit culturel de haut niveau, une culture
scientifique, technique et artistique approfondie, et l'apprentissage
d'un savoir-faire professionnel précis. Votre formation est, par
nature, ouverte sur la cité, sur la société qui vous entoure et que
vous avez aussi vocation à imaginer, à construire, à façonner.

Et vous avez la chance, ici, à Saint-Etienne, de bénéficier d’un
environnement propice à votre travail, l’épanouissement de vos
talents, de votre imagination, de vos compétences. Dans la capitale
du design, près de Firminy et du très bel ensemble conçu par Le
Corbusier, au coeur des problématiques de reconversion des friches
industrielles, à deux pas des musées et des cinémas de la ville, et
non loin des écoles de Grenoble et de Lyon, avec lesquelles vous
nouez des liens solides, dans le cadre du Pôle de compétence de
formation continue, votre école jouit d’un environnement exceptionnel,
propre à éveiller vos regards, à stimuler vos esprits, à préparer vos
projets.

Avant de répondre à vos questions, et de débattre librement avec
vous, je tiens à vous rappeler mon engagement dans la réforme des
études d’architecture, dans le cadre du LMD qui structure
désormais le cursus de votre enseignement. Je suis parfaitement
conscient des inquiétudes qui ont pu naître de ces modifications
importantes.

Le ministre de l’architecture que je suis a porté cette réforme, au
nom de l’Etat, par conviction que le temps était venu d’assurer la
pleine reconnaissance de l’enseignement de l’architecture au sein
de l’enseignement supérieur européen, et de favoriser l’activité et la
mobilité des architectes français, dans des conditions de
concurrence équitable.

La réforme vous permet de vous insérer pleinement dans l'Europe.

Et je tiens à saluer les coopérations et les possibilités d'échanges
qui vous sont offertes par votre école, en Allemagne, en Belgique,
en Espagne, en Grèce, en Hongrie, en Italie, en Pologne, et bien
sûr, également, hors des frontières de l’Europe. Vous êtes
maintenant au coeur d'un véritable réseau d'écoles et d'universités
réunies autour d'un même projet cohérent et stimulant, d'une
grande ambition : construire l'Europe de demain et faire rayonner
l'architecture française et européenne dans le monde entier.

J’ai demandé au Directeur chargé de l’architecture de poursuivre le
dialogue avec le conseil national de l’ordre des architectes, et une
réunion s’est récemment tenue au ministère en présence du président du conseil national et de présidents d’ordre régionaux.

Elle a permis de confirmer la nécessité d’une action partagée pour
la formation à l’exercice de la maîtrise d’oeuvre en son nom propre
de l’architecte diplômé d’Etat et de préciser les coopérations qui
pouvaient se nouer entre les différents partenaires.

De la même manière, la Direction de l’architecture et du patrimoine
du ministère de la Culture et de la Communication a approfondi ses
contacts avec le ministère du Travail et l’organisme collecteur des
fonds de formation de la branche (l’OPCA-PL), pour déterminer les
modalités de mise en oeuvre de l’une des options possibles de la
mise en situation professionnelle, le contrat de professionnalisation.

Un dernier mot encore, pour vous dire que la réforme de
l’enseignement de l’architecture, fondamentale à l’avenir de
l’exercice diversifié de la profession d’architecte, est l’un des
éléments de la transformation globale des écoles nationales
supérieures d’architecture.

J’ai engagé en effet la réforme du statut des établissements pour
permettre leur transformation en EPSCP (établissement public à
caractère scientifique, culturel et professionnel), proche du statut de
droit commun des autres établissements d’enseignement supérieur
en France. Celle-ci sera achevée dès le début de l’année prochaine.

Parce qu’il n’y a pas d’enseignement supérieur sans recherche, ces
deux évolutions profondes doivent également s’envisager dans la
perspective d’une modification du statut des enseignants des écoles
pour les rapprocher d’un statut d’enseignant-chercheur.

Les modalités de ce nouveau statut devront faire l’objet à partir de
2007 d’une réflexion approfondie, pour laquelle je souhaite
l’investissement de tous les représentants des écoles, au sein des
différentes instances de consultation nationales.

Le développement de la recherche et des enseignements dans
votre école fera de vous des architectes généralistes, au sens le
plus complet et le plus noble du terme : riches d'une culture
humaniste et universitaire, préparés à l'insertion dans les métiers de
la maîtrise d'oeuvre architecturale et urbaine, mais aussi dans toute
la diversité des métiers qui reflètent les attentes de notre société.

Une société qu’il vous appartient de construire.

Je suis maintenant à votre disposition pour répondre à vos
questions et échanger avec vous.

Laisser une réponse