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Présentation de la Réforme de la Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles

Monsieur le Directeur, Cher Jérôme Bouët,

Mesdames, Messieurs,

J’ai tenu à vous réunir et à m’adresser à vous aujourd’hui pour vous présenter les enjeux de
la réorganisation de votre direction, que j’ai annoncée à plusieurs reprises depuis l’an
dernier, notamment à l’occasion de chacune des conférences de presse que j’ai consacrées
à l’action que nous menons ensemble en faveur de la musique, de la danse et du théâtre, en
faveur du spectacle vivant, ou encore lors de la présentation des voeux au personnel du
ministère.

Depuis, la réflexion et la concertation, le dialogue avec les professionnels et avec
vous tous, le travail mené par l’inspection et les propositions de votre directeur, m’ont permis
d’élaborer un schéma assez précis que j’ai tenu à vous présenter, dans l’esprit de dialogue,
de concertation et de transparence, avec lequel j’aborde l’ensemble des défis de ce
ministère.

Et le défi de la DMDTS est au coeur des missions de ce ministère en faveur du
développement du spectacle vivant, dont vous savez tous l’importance, le caractère
stratégique pour la politique culturelle, qui me paraît arrivée à un tournant de son histoire.

Relever ce défi, c’est d’abord, pour moi, et pour moi c’est très important, rendre hommage à
la somme de compétences, de connaissances, d’expériences, de talents et de savoir-faire
que vous représentez, individuellement et collectivement. Je sais que vous avez bâti cette
expertise personnelle et institutionnelle au cours du temps. Et si je me réfère souvent, pour
l’adapter à la société d’aujourd’hui, à l’ambition de Malraux d’ouvrir le plus largement
possible l’accès à la culture, je sais la part prise par le professionnalisme et le dévouement
de la DMDTS et de ses agents dans la réalisation de cette ambition.

Le temps est bien révolu, où Jeanne Laurent, à laquelle nous rendrons hommage le 17 juillet
prochain en Avignon, dessinait les contours de la décentralisation théâtrale, depuis son
bureau de la sous-direction de la musique et des spectacles de la direction générale des Arts
et Lettres. Le temps n’est plus où Pierre Moinot témoignait de l’épopée de ce ministère qui
fut construit, disait-il, « à partir de presque rien contre presque tous », où il déplorait le fait
que « les conditions étaient épouvantables : une quasi-inexistence de moyens, un
dénuement qu’on a peine à imaginer, un entourage administratif totalement sceptique et
souvent hostile, qui guettait la fin de l’expérience, une clientèle de créateurs, soit furieux de
ne plus être sollicités, soit méfiants d’être sollicités ». Et d’ajouter, dans André Malraux
Ministre, « nous étions sûr que là où tout aurait normalement dû échouer, sa magie réussirait
». Et la magie a réussi.

J’ai déjà dit, en prenant mes fonctions, que je n’étais pas un
magicien. Parce que nous ne sommes plus au temps de la magie. J’ai aussi dit que je ne
serais pas un chaînon manquant. Et je sais ce que la réussite de ce ministère et de votre
direction en particulier, dans l’accompagnement, le soutien et la structuration du secteur du
spectacle vivant dont vous connaissez l’extraordinaire développement depuis trente ans,
doit, non seulement aux ministres qui se sont succédé, mais aussi à l’ensemble des
directeurs et des responsables de structures que vous avez encouragés, soutenus,
accompagnés. Je pense par exemple, puisque mercredi prochain, nous célèbrerons les vingt
cinq ans de la Fête, dans le domaine de la musique, à l’action de Marcel Landowski et de
Maurice Fleuret, dans le domaine du théâtre à celle de Robert Abirached, dans le domaine
de la danse, à l’action de Brigitte Lefèvre, à la tête de la Délégation à la danse.

Sans doute cette histoire et cette énergie doivent-elles continuer à nous inspirer aujourd’hui.

Mais l’action publique et les défis posés, à la fois par l’explosion de l’offre et de la demande
de culture dans notre société, sont bien plus complexes aujourd’hui qu’hier.

Votre direction et celles qui l’ont précédée ont connu une organisation par discipline
artistique. Je n’ignore pas les raisons de la réforme de 1998, issues du constat d’un
cloisonnement excessif au moment où :

– l'émergence artistique ne se fonde plus uniquement sur les disciplines (exemple des arts
de la rue qui mêlent le théâtre, la musique, les arts plastiques) ;

– l'existence d'outils de production et de diffusion communs à l'ensemble du secteur du
spectacle pose le problème de la transdisciplinarité, en particulier dans les scènes nationales
;

– les enjeux économiques et sociaux ont évolué de façon significative.

Cette réforme, nous devons, je dois vous le dire, en conserver et mettre en valeur les acquis.

Ils sont importants et je tiens à en rappeler quelques uns :

– le progrès de la musique et de la danse dans les réseaux de diffusion ;

– une meilleure place pour l'enseignement du théâtre dans les conservatoires ;

– la définition d’un cadre nouveau pour l'enseignement supérieur ;

– la définition d'une politique de l'emploi qui est devenue, vous le savez, une priorité
essentielle depuis 2003.

I
l nous faut préserver ces acquis, qui vous ont permis en particulier de prendre en compte
les problématiques liées aux métiers et aux formations, et de construire une véritable
pluridisciplinarité à la fois légitime et nécessaire. Il ne s’agit donc surtout pas de revenir au «
tout vertical » car il y a encore, de toute évidence, de nombreux enjeux transversaux :

– la formation, comme voie de la professionnalisation ;

– la structuration de l'emploi, car les conditions d’emploi sont communes aux artistes et
techniciens du théâtre, de la musique et de la danse ;

– le développement des publics, de l’éducation artistique, de la TV, des industries culturelles,
de la place des amateurs ;

– toutes les démarches liées à l’interministérialité ;

– enfin et surtout, ce qui représente pour moi un enjeu majeur, la redéfinition globale des
politiques artistiques.

Mais il nous faut refonder l’organisation de votre direction et tel est le sens du nouvel
organigramme que je vous propose aujourd’hui. Il n’est pas figé, il n’est pas une fin en soi, et
il peut évidemment, j’y reviendrai, laisser place à quelques ajustements.

Mais il est issu,
vous l’avez compris, d’une mûre et solide réflexion, et je tiens à rendre hommage aux
inspecteurs Anne Chiffert et Dominique Chavigny, pour le travail préparatoire et les
consultations individuelles qu’ils ont menés à bien. La réforme que je vous propose est avant
tout inspirée par le souci que j’ai du rôle de l’Etat, au service de l’art et de la culture
aujourd’hui. Cette nouvelle organisation a pour objet de vous donner les moyens de mettre
encore mieux vos savoir-faire, votre expertise, votre technicité administrative, nécessaires et
précieuses, au service des artistes et de l’aménagement, du développement et du
rayonnement culturels. Il ne s’agit, ni de revenir en arrière, ni de faire du passé table rase,
mais de mieux prendre en compte les évolutions des secteurs et les besoins des
professionnels dont vous avez la charge, dans leur extraordinaire diversité et dans la
multiplicité d’exigences, que je sais parfois contradictoire, mais que nous devons savoir
concilier, dans le souci constant de l’intérêt général.

C’est une réforme ambitieuse. Mais c’est une ambition réaliste. J’ai d’autant plus besoin de
vous tous pour la mener à bien qu’elle n’a d’autre objet, je le répète, que de mieux tirer parti
de l’extraordinaire richesse de vos compétences, et de l’intérêt de vos fonctions.

C’est une réforme équilibrée, qui consiste à créer, sous l’autorité du directeur quatre
délégations : trois délégations verticales, respectivement chargées de la musique, du théâtre
et de la danse, et pour les missions transversales, une délégation à l’emploi des professions
du spectacle et un secrétariat général.

Le directeur est, je le rappelle, au sein du ministère, le pilote du programme 2 « création » au
titre de la LOLF. Le secrétaire général, assisté d’un secrétaire général adjoint, est chargé
d’assister le directeur dans cette mission de pilotage, en plus des attributions traditionnelles
en matière de moyens budgétaires et matériels, et de ressources humaines.

Quant aux quatre délégations, elles permettent d’homogénéiser, sous l’autorité du directeur,
les quatre grands métiers qui, tous ensemble, concourent aux objectifs et à la bonne marche
de votre direction.

Chaque délégation sera dirigée par un délégué, assisté d’un adjoint. Un conseiller pour les
musiques actuelles sera placé auprès du délégué à la musique et de son adjoint. Un
conseiller pour les arts du cirque et de la rue sera placé auprès du délégué au théâtre et de
son adjoint.

Chaque délégué aura vocation à devenir, sous l’autorité du directeur, l’interlocuteur privilégié
des DRAC, je pense aux directeurs comme aux conseillers et, naturellement, des
professionnels de son secteur.

Je n’ai pas besoin d’insister sur l’importance des missions de la délégation à l’emploi des
professions du spectacle, qui reprendra et développera l’expertise de la sous-direction
actuelle, en particulier dans le domaine de l’emploi et du suivi des activités de cette instance
devenue capitale pour le secteur, le CNPS.

J’attire en particulier votre attention sur l’importance des attributions de cette délégation en
matière de formation professionnelle supérieure et d’accompagnement des carrières.

Quant aux trois délégués chargés de la musique, du théâtre et de la danse, ils devront
développer et optimiser la proximité de votre direction avec les artistes, les professionnels,
les responsables de lieux et des réseaux qui sont les interlocuteurs naturels de la DMDTS. Il
auront aussi à poursuivre les efforts déployés avec succès au cours des dernières années
pour renouveler et élargir les publics du spectacle vivant, et en démocratiser l’accès.

La création de ces délégations m’a paru indispensable, au terme de la réflexion et de la
concertation, que j’ai tenu à mener pour préparer cette réforme :

– parce que les professionnels se plaignent souvent que leurs interlocuteurs ne soient pas en
position de décider, or il faut éviter que tout remonte au Directeur ou au Cabinet, voire au
Ministre ;

– parce que demeurent de fortes spécificités des secteurs de la musique, de la danse et du
théâtre : par exemple du point de vue des parcours professionnels ;
? parce qu’il y a un fort besoin d'expertise technique de haut niveau sur des sujets majeurs

– parce que la DMDTS donne des avis sur un grand nombre de
nominations et que la force du ministère tient dans sa connaissance des milieux
professionnels : c'est bien le rôle d'une direction centrale d'avoir une connaissance très fine
du milieu professionnel au plan national, d'entretenir avec lui des relations régulières et de
pouvoir faire au ministre des propositions utiles à cet égard ;

– parce qu'il faut retrouver des objectifs d'excellence, de rayonnement, de qualité, fondés sur
des analyses artistiques, et que la rigueur budgétaire, fût-elle atténuée par la levée du gel
que j’ai obtenue rendra des choix nécessaires ; je peux en effet vous confirmer aujourd’hui le
dégel des crédits centraux de la DMDTS ;

– parce que, comme toute administration publique, notre organisation a besoin d'être mieux
comprise, plus lisible, de l'extérieur, et que nos partenaires relèvent en majorité de chacun
des 3 grands domaines : ils sont souvent très exigeants et demandent à juste titre à entrer
en relation avec des interlocuteurs de haut niveau, fortement spécialisés et ayant une
capacité d'agir ;

– parce que, enfin, on a besoin en permanence de réactualiser la définition de politiques
nationales artistiques qui soient un repère pour le public, la presse, les professionnels et nos
services déconcentrés.

Tels sont les grands traits de la réforme qui est schématisée dans l’organigramme que j’ai
tenu à vous remettre aujourd’hui. Mais je l’ai dit, pour moi, les structures sont au service de
vos missions et il vous reviendra de les faire vivre, de les animer, pour mener à bien vos
missions. L’organigramme que je vous propose est, je l’ai dit, susceptible d’ajustements.

Je tiens à ce que Jérôme Bouët, que je remercie pour son implication dans la préparation de
cette réforme, et Cécile Favarel–Garrigues, examinent avec vous, vos souhaits, à la lumière
de votre expérience et de la connaissance qu’ils ont de chacun de vous, afin que vous
puissiez leur faire part de vos observations et trouver toute votre place, pour vous épanouir
au sein d’une direction rénovée et réformée dans son organisation, mais fidèle à son esprit
et à son engagement de toujours en faveur du spectacle vivant.

Jérôme Bouët et Cécile Favarel-Garrigues rendront compte de ces consultations, dont je
souhaite qu’elles soient intenses et régulières, dans les semaines qui viennent, à Henri Paul
et Didier Deschamps, lequel sera également disponible pour vous recevoir. Je souhaite
qu’un point hebdomadaire soit fait à mon cabinet de l’évolution de ce travail qui commence
aujourd’hui et qui n’est pas moins important que celui que nous avons mené ces derniers
mois pour élaborer ce nouvel organigramme.

Je souhaite qu’une fois ce travail mené à bien, la réforme soit soumise au CTP de la DMDTS
avant la fin du mois de juillet, puis au premier CTPM que je réunirai à la rentrée, afin que la
réforme entre pleinement en vigueur et soit opérationnelle dès cet automne.

J’attache autant d’importance à la méthodologie que je viens de vous exposer, qui permettra
de piloter cette réforme, dans le souci de faire des propositions afin que chacun puisse
trouver sa place et déployer ses talents dans une direction rénovée, qu’à la mise en oeuvre
de la réforme elle-même.

L’une ne va pas sans l’autre. Et je tiens à vous dire que cette réforme n’est aucunement
dictée par des considérations de personnes. Il ne s’agit pas pour moi de constituer une
nouvelle équipe. Il s’agit de rendre hommage à votre travail, de faire en sorte qu’il porte
pleinement ses fruits, en accompagnant les profondes mutations du secteur dont vous avez
la charge. Je respecterai les souhaits et les choix de chacun. Et je suis persuadé que vous
montrerez combien ce ministère sait s’adapter et innover pour imaginer, proposer, construire
et mettre en oeuvre des réponses adaptées aux défis que nous avons à relever ensemble.

Enfin, je sais que vous êtes inquiets des perspectives de déménagement de l’Hôtel Kinski,
ouvertes par le souci de ce gouvernement de mieux gérer le patrimoine immobilier de l’Etat.

Ne vivez pas ces perspectives comme je ne sais quels exil ou délocalisation. Je suis
déterminé à transformer cette contrainte qui nous est imposée en chance à saisir, pour vous
rapprocher géographiquement des autres directions de l’administration centrale et du
ministre. Cela va de soi pour moi, mais je tenais à vous le dire, tant vos missions sont au
coeur de l’action de ce ministère. Et tel est aussi le sens de la réforme que nous mènerons à
bien ensemble.

Je vous remercie.

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