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Voeux au personnel

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux de vous retrouver, tous ensemble, en ce début d’année,
au Louvre, où je vous remercie de nous accueillir, cher Henri Loyrette. «

Ce
prodige des arts, que n’égala jamais la pompe des Césars », loué par
Corneille, parmi tant d’autres poètes, est un lieu assurément unique et
hautement symbolique.

Le Palais des Rois est devenu le plus grand et le plus beau musée du
monde. Le haut lieu du pouvoir pendant huit siècles est devenu le haut
lieu d’une culture de plus en plus partagée et ouverte. Il symbolise
d’abord la permanence de l’Etat régalien et la mission qui, en France, a
toujours été assignée à l’Etat dans le domaine de la culture. En
témoigne le rôle moteur que lui ont attribué les chefs de l’Etat qui se
sont succédé tout au long de l’histoire. Pour ne s’en tenir qu’à quelques
exemples de la Ve République, ce sont Charles De Gaulle et André
Malraux avec, déjà, l’agrandissement de ce musée et les Maisons de la
culture, Georges Pompidou et le Centre national d’art et de culture qui
porte son nom, Valéry Giscard d’Estaing et le musée d’Orsay, François
Mitterrand, bien sûr, à qui je suis allé dimanche rendre, à Jarnac,
l’hommage du gouvernement, et à qui nous devons ce grand Louvre,
cette pyramide de Ieoh Ming Peï et cet espace réalisé avec Michel
Macary.

Et cette année, en juin, nous aurons la chance de participer à
l’ouverture, en aval de la Seine, quai Branly, d’un autre grand musée,
d’un autre lieu unique, conçu par Jean Nouvel, et dû à l’initiative du
Président de la République. L’ouverture de cette institution sans
équivalent au monde pour le patrimoine, la recherche, et le dialogue
des cultures, est un événement d’une portée nationale et internationale
considérable.

D’autres lieux de patrimoine très attendus feront de cette année une
année culturelle exceptionnelle et exaltante : ce sont le musée de
l’Orangerie et le musée des Arts décoratifs, après des chantiers très
complexes, puis les premiers espaces de la cité de l’architecture et du
patrimoine, où je présenterai mes voeux à la presse après-demain, et
qui doit ouvrir en totalité début 2007.

Cher Benoît Yvert, je tiens à vous féliciter et à vous remercier pour le
brio avec lequel vous vous êtes acquitté de l’exercice difficile auquel est
convié le directeur le plus récemment nommé. Je fais mienne votre
définition du rôle du ministère de la culture et de la communication. Au
sein de cette chaîne du livre dont vous avez aujourd’hui la
responsabilité, vous avez été non seulement, comme nous tous, lecteur,
mais aussi, libraire, auteur et éditeur. Amoureux du livre et des lettres,
féru d’histoire, autant que de prospective, vous incarnez à merveille
cette intelligence – mot qui a la même racine que lire – et cette passion
qui animent les nombreux agents du ministère que je rencontre, à Paris,
ou lors de chacun de mes déplacements. Oui, partout, je rencontre cette
passion, cette « motivation » unique, qui fait que l’on entre dans ce
ministère, animé, non seulement par des qualifications hautement
spécialisées et des compétences très variées, mais surtout par vocation
et par volonté de servir.

C’est au service de cette vocation que je sais
pouvoir compter sur vous tous, sur votre engagement, votre
dévouement, votre passion, votre exigence, dans l’extraordinaire
diversité de vos talents, de vos savoir-faire, de vos métiers. Une
diversité qui est à l’image de celle que nous avons la chance et la
charge de défendre et de promouvoir, en France, en Europe et dans le
monde. C’est, je vous l’ai dit l’an dernier, l’une des plus belles missions
de notre République. Et personnellement, je n’en brigue pas d’autre.
Vous l’aurez compris, je suis un ministre vraiment heureux et mon voeu
personnel le plus cher est de pouvoir, rue de Valois, continuer
longtemps encore l’action que nous menons ensemble, grâce à votre
engagement de chaque jour, au service de la culture.

Vous savez combien je suis convaincu et je suis déterminé à convaincre
que cette mission régalienne, dont nous avons la responsabilité, bien
au-delà du « supplément d’âme », est aujourd’hui une mission
essentielle d’un Etat qui doit, de plus en plus, être stratège, médiateur,
actif et réactif, face aux multiples attentes de ses interlocuteurs, qu’ils
soient élus des collectivités territoriales, représentants des organisations
professionnelles, acteurs de la culture ou de la société dite « civile »
dans son ensemble. Une mission qui repose certes sur les épaules du
ministre et de ses équipes, mais d’abord sur vous tous ici et sur vos
collègues en régions, qui êtes en première ligne, pour imaginer,
proposer, construire, mettre en oeuvre, apporter et adapter nos réponses
à ces attentes.

La modernisation, l’ouverture, le décloisonnement, tel est le sens de
certaines des réformes que nous avons préparées cette année et que
nous mettrons en oeuvre l’an prochain. Ces réformes concernent
l’ensemble du ministère, comme la création d’un secrétariat général ou
le rapprochement organique de la demi-douzaine de services
d’inspection. D’autres sont spécifiques à certaines directions et à
certains services, comme la DMDTS, qui sera réorganisée, afin de
renforcer l’approche disciplinaire et de mieux répondre aux attentes des
professionnels du secteur dont elle accompagne les profondes
mutations. Mais auparavant, je tiens à souligner que la mère de toutes
les réformes, c’est bien évidemment l’application, depuis le 1er janvier,
de la LOLF. Elle concrétise une grande ambition. Ce ministère a
démontré sa capacité à s’adapter et à innover pour définir un nouveau
cadre de gestion, renouveler ses procédures et se doter de nouveaux
outils de pilotage et de suivi.

Les parlementaires ont loué la qualité des travaux que vous avez
accomplis. N’oublions pas que l’objectif essentiel de la LOLF est
d’adresser au public et au citoyen un message clair sur la qualité de la
gestion de ce ministère, ainsi que sur les finalités et les résultats de son
action. Ce ministère devrait pouvoir y gagner si nous jouons bien le jeu.

Je veux également affirmer ma reconnaissance particulière aux sept
directions régionales des affaires culturelles et aux quatre services
départementaux de l’architecture et du patrimoine qui, à la suite de la
DRAC Rhône-Alpes, se sont lancés dans l’aventure de l’expérimentation
de la LOLF dès 2005.

La richesse des enseignements tirés de ces expérimentations a facilité
la généralisation des modes de gestion en 2006. Chacun de vous a pris
sa part dans cette réussite collective. Je suis conscient du fait que cette
réforme bouscule fortement la culture et les pratiques de notre ministère
comme, au demeurant, du reste de l’administration. Je sais que
beaucoup reste à faire et à prouver. Les engagements que j’ai pris
devant le Parlement lors du débat budgétaire ne peuvent prendre tout
leur sens qu’avec votre soutien.

Car l’année 2005 a permis d’avancer, de manière exemplaire, dans la
mise en oeuvre de nombreuses réformes essentielles. Notre ministère
peut être légitimement fier du travail accompli en ce sens.

Ainsi, la réforme de l’enseignement de l’architecture a été conduite dans
les délais prévus et les textes ont été publiés dans le courant de l’été.

La
rentrée 2005 a permis d’ancrer cet enseignement dans l’enseignement
supérieur français et dans celui de l’Europe. J’y vois un gage de progrès
et un exemple à suivre pour d’autres secteurs. Pour 2006, il reste à
transformer le statut des écoles nationales d’architecture en
établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel,
ce qui parachèvera la modernisation de cet enseignement.

Dans le domaine du patrimoine, nous avons, en premier lieu,
grandement progressé dans la stabilisation du dispositif relatif à
l’archéologie préventive, grâce aux efforts de tous et en particulier des
DRAC dans le recouvrement de la redevance. Cela ne pourra que
favoriser le développement de l’Institut national de recherches en
archéologie préventive.

Nous avons aussi réussi la première étape de la mise en oeuvre de la loi
de décentralisation du 13 août 2004 en publiant ses quatre décrets
d’application le 20 juillet 2005 et leur circulaire d’application dans les
jours qui ont suivi. Désormais les DRAC ont les outils pour réussir cette
décentralisation. Cette année sera donc celle des transferts de certaines
compétences dans le domaine du patrimoine. Je pense en particulier
aux services de l’inventaire qui, après une période de mise à disposition,
seront effectivement transférés. Je suis persuadé que les coopérations
avec les services de l’Etat demeureront très fructueuses.

Dans le même temps, nous avons profondément modernisé le droit du
patrimoine par deux ordonnances sur les secteurs sauvegardés et sur
les monuments historiques et les espaces protégés. Il fallait simplifier le droit et les procédures. Il faut encore les rénover pour leur donner un
nouveau souffle, mais aussi renforcer le rôle irremplaçable de l’Etat. Tel
est l’objectif que j’assigne à la poursuite des réformes en cours en 2006.

Moderniser le droit, mais aussi l’organisation des services de l’Etat.
Après la réforme de la DAPA, mise en oeuvre en 2005, en même temps
que son regroupement dans l’immeuble des Bons Enfants, que j’ai été
très heureux d’inaugurer cette année avec un bon nombre d’entre vous,
nous devons poursuivre et faire déboucher en 2006 la réforme
indispensable des services déconcentrés.

J’ai obtenu du Premier ministre un arbitrage favorable sur les services
départementaux de l’architecture et du patrimoine qui ne feront pas
l’objet, même à titre expérimental, d’une fusion avec les directions
départementales de l’équipement, regroupées avec les directions
départementales de l’agriculture et de la forêt. Maintenant, nous devons
avancer dans le rapprochement entre les directions régionales des
affaires culturelles et les SDAP.

Dans les semaines qui viennent, je proposerai un schéma de
regroupement, qui sera largement concerté avec les associations
représentant les services concernés et, bien sûr, avec les organisations
syndicales, et qui préservera une organisation aux deux niveaux,
régional et départemental, tout en améliorant notre dispositif.

Le lieu qui nous rassemble aujourd’hui est, évidemment, l’emblème du
rayonnement puissant de notre culture et de l’attrait profond que notre
patrimoine exerce sur nos concitoyens comme sur les visiteurs venus du
monde entier. Oui, la culture est un facteur majeur d’attractivité de la
France : qui en douterait à voir les foules qui se pressent – plus de sept
millions de personnes l’an dernier – sous cette pyramide, au Centre
Georges Pompidou – plus de 5 millions –, au musée d’Orsay – près de 3
millions – et dans toute la France – environ 52 millions de visiteurs – pour
y admirer les trésors de nos musées ? Des trésors vivants et je vous
remercie, cher Benoît Yvert, d’avoir si justement parlé, en employant un
terme choisi, qui évoque la fécondité et la fluidité des échanges
biologiques, de cette osmose entre le patrimoine et la création, en
laquelle je crois profondément, parce qu’elle tisse le « fil rouge » d’une
politique culturelle, qui est tout autant le fruit de la volonté d’un ministre,
que celui des efforts de chacune et de chacun d’entre vous.

Vous
pourrez tout à l’heure, sur votre parcours vers la salle des Etats
rénovée, nouvel écrin du plus célèbre trésor de ce musée, vous arrêter
devant la maquette, de petite taille, d’un projet d’une grande audace et
d’une grande ambition : celui qui a été retenu l’an dernier pour la
réalisation, résolument contemporaine, par Mario Bellini et Rudy
Ricciotti, des nouveaux espaces dédiés aux Arts de l’Islam dans la cour
Visconti. Et je vois à cette ouverture de notre plus grand musée national
en direction des cultures de l’Orient plus d’un symbole.

S’il est un domaine où le patrimoine est sans cesse en mouvement et la
création permanente, c’est bien celui dont vous avez la charge, cher
Benoît Yvert, depuis la rentrée littéraire de septembre, et dont vous
admirablement tracé les grandes lignes, conformément à la feuille de
route que je vous ai confiée. Au sein de ce secteur, il est un élément du
patrimoine historique qui me tient particulièrement à coeur et que vous avez cité à juste titre : le site Richelieu de la Bibliothèque nationale de
France, pour lequel je demande la mobilisation des moyens consacrés
par l’établissement à la réalisation de ses programmes immobiliers.

Devant l’ensemble de vos équipes de la DLL, du CNL et des
établissements publics qui vous sont rattachés, devant vous tous, je
tiens à redire toute l’importance que j’attache à l’écrit, au livre, à la
lecture, mais aussi à la langue française – celles et ceux qui parmi vous
travaillent à la délégation aux célébration nationales de la direction des
Archives de France, mais aussi à la délégation générale à la langue
française et aux langues de France savent qu’hier, il y a cent ans,
naissait l’un des plus grands poètes de ce siècle, Léopold Sédar
Senghor. Oui, la diffusion de la culture de l’écrit, par le livre, bien sûr ;
par la presse écrite, qui est à un carrefour, et c’est pourquoi nous avons
mis en place l’an dernier de nouveaux dispositifs de soutien à sa
modernisation et à sa diffusion, sans négliger l’appui, grâce à l’IFCIC, au
renforcement de ses fonds propres ; mais aussi la connaissance et
l’apprentissage de notre langue, des langues ; ainsi que l’éducation
culturelle et artistique : tous ces points forts sont au coeur des réponses
aux enjeux qui sont devant nous, pour résorber les fractures et renforcer
la cohésion de notre société, pour faire vivre concrètement l’égalité des
chances, et pour préparer l’avenir de notre pays.

La solitude de Proust, que vous avez citée, est d’abord celle d’un plaisir
à partager, d’un savoir à transmettre, d’un éveil artistique à épanouir. Et
c’est pourquoi nous pouvons être si fiers du vif succès public de la
réouverture du Grand Palais l’an dernier – un demi-million de visiteurs –
et je tiens à remercier les équipes de l’EMOC et de La Villette qui se
sont mobilisées, aux côtés des artistes, des techniciens et des forains,
pour offrir de merveilleux Jours de fête à plus de 250 000 personnes.
Leurs efforts seront prolongés notamment par ceux des équipes de la
délégation aux arts plastiques qui travaillent d’arrache-pied, je le sais,
pour préparer la programmation exceptionnelle de cette année.

Nous pouvons être fiers de l’ouverture des monuments historiques et
des sites de notre patrimoine à de nouveaux publics, je pense par
exemple à la première Nuit des Musées, mais aussi au succès de
l’opération « Les Portes du Temps », qui a permis, l’été dernier, à 8000
enfants et adolescents des centres de loisirs et des centres sociaux
d’Ile-de-France de découvrir le château de Fontainebleau. Je suis fier de
l’ouverture de nos musées et monuments aux tournages, qui contribue à
les faire mieux connaître, mais aussi à créer et à préserver des emplois,
à faire travailler nos artistes et nos techniciens, et à répandre une image
attractive de notre pays.

Ainsi, grâce à la mise en oeuvre des crédits d’impôt en faveur du cinéma
et de l’audiovisuel, et des aides que l’Etat apporte, via le CNC, en
soutien de celle des régions, nous avons relocalisé des dizaines de
milliers d’heures de tournages et créé ou préservé quelque 3000
emplois en France. Ce sont des points forts, qui jouent désormais un
rôle déterminant dans l’économie et le dynamisme de ce secteur
essentiel. Nous pouvons être fiers de la belle vitalité de la création
cinématographique et de la production françaises, qui a atteint en 2005
son record historique, avec 240 films produits, même si nous devons
rester vigilants et actifs devant la baisse de la fréquentation des salles de cinéma et stimuler une offre légale, riche et diversifiée, sur Internet,
comme l’accord sur le cinéma et la vidéo à la demande signé avec les
professionnels du cinéma et de l’audiovisuel en décembre le permet.
Nous pouvons être fiers de l’ouverture de la Cinémathèque, l’an dernier,
qui a déjà accueilli 200 000 visiteurs, et qui témoigne, avec l’action des
archives du film du CNC et celle de l’Institut National de l’Audiovisuel, de
notre engagement en faveur de notre patrimoine cinématographique et
audiovisuel.

Je suis fier de défendre les droits des auteurs et des créateurs, qui sont
l’une des plus belles conquêtes des Lumières et de la Révolution
française, en les adaptant aux réalités et aux contraintes de la société
de l’information, conformément à nos engagements européens, dans la
concertation et le dialogue, la confrontation des arguments et des
propositions, mais avec le souci constant de l'intérêt général et de
l’équilibre dont l’Etat est le garant, entre la nécessité des règles
indispensables à l’exercice des libertés et à la protection des droits, et le
développement d’une offre légale riche et diversifiée sur Internet.

Je suis heureux d’avoir poursuivi, tout au long de l’année, le dialogue
avec les organisations professionnelles du secteur du spectacle et, aux
côtés de mon collègue Gérard Larcher, avec les partenaires de la
négociation interprofessionnelle en cours. Il doit être clair aux yeux de
tous que le ministère de la culture et de la communication défend les
droits des créateurs, des artistes et des techniciens, le droit de créer, de
travailler, le droit à une protection sociale, le droit à une légitime
rémunération.

Nous pouvons être fiers des nombreuses bibliothèques et médiathèques
de proximité qui ont vu le jour en 2005, grâce à l’aide de l’Etat, gage de
progression de la lecture publique.

Nous pouvons être fiers de l’engagement de toute la direction des
Archives de France pour préparer l’ouverture du nouveau centre de
Pierrefitte, dont la construction a été confiée cette année à Massimiliano
Fuksas. L’architecte italien, Grand prix national d’architecture 1999,
mettra au point son avant-projet cette année. Je tiens à rendre
hommage au travail minutieux et patient, mais ô combien essentiel, de
toutes celles et de tous ceux, qui se consacrent, dans nos services
parisiens, mais aussi dans l’ensemble du réseau, au sein des
collectivités territoriales, à la collecte et à la communication des archives
qui forment notre mémoire vivante.

Oui, la France est forte de son patrimoine, de sa culture, de sa pensée,
de la grande tradition humaniste qu’a rappelée Benoît Yvert.

La France est forte de son engagement en faveur de la diversité
culturelle. L’année 2005 a été décisive pour notre combat pour la
reconnaissance internationale de la diversité culturelle, avec l’adoption
de la convention de l’UNESCO. Nous avons remporté une belle bataille.

C’est un beau succès, dont nous pouvons tous être fiers. Je sais la part
que vous y avez prise et c’est le résultat, non seulement d’une action
forte et prioritaire sur la scène internationale l’an dernier, et de
l’engagement résolu du Président de la République, mais aussi de mois et d’années d’efforts pour faire partager notre vision du rôle de la culture
au plus grand nombre. Il nous faut maintenant veiller à sa ratification par
un nombre suffisant de pays pour qu’elle puisse entrer en vigueur
rapidement. Conçue à l’origine pour défendre l’exception culturelle en
faveur des industries culturelles et audiovisuelles et pour préserver les
politiques de soutien à ces industries dans les négociations
commerciales internationales, la convention concerne aussi la
coopération internationale et la dimension culturelle du développement
dans les pays les plus pauvres, et consacre le droit de chacun à
préserver son identité culturelle propre. C’est un instrument majeur de
maîtrise de la mondialisation.

L’Europe de la culture est une ambition plus actuelle que jamais, au
coeur de l’Europe des projets, dont le rejet du référendum a rendu la
réalisation urgente. En 2006, avec l'appui désormais acquis de la
Commission européenne, et de son Commissaire pour la culture, Jan
Figel, et en liaison étroite avec les présidences autrichienne et
finlandaise de l'Union européenne, ainsi qu'avec l'Allemagne et
l'Espagne, nous allons franchir une nouvelle étape lors des prochaines
rencontres pour l'Europe de la culture, à Grenade, en avril prochain.

Tant dans le domaine du cinéma, où la validation de notre système
d'aides à Bruxelles est désormais en bonne voie, que dans le domaine
de la télévision, où le nouveau projet de directive "Télévisions sans
frontières " préserve et étend aux services audiovisuels à la demande
les garanties de diversité culturelle incluses dans la directive actuelle, ou
encore en matière de fonds structurels où nous avons obtenu in
extremis la réaffirmation de la place de la culture, l’Europe de la culture
avance. Et il nous appartiendra de consolider ces succès en 2006, en
menant, en France même, une politique culturelle exemplaire. Tel fut
bien le cas l’an dernier et je tiens à vous en remercier.

La France est forte aussi de sa créativité, de son dynamisme, de ses
capacités d’innovation et d’invention, de ses succès technologiques. Ce
sont de grands atouts dans l’ère numérique où nous vivons désormais.

Ce sont des chantiers exaltants pour notre ministère, même s’ils sont
difficiles à mener à bien, parce qu’ils sont au coeur des transformations
du monde et de nos sociétés. Le grand projet de bibliothèque numérique
européenne, que nous avons lancé l’an dernier, sur l’initiative du
Président de la République, va entrer en ce début d’année dans la
phase du prototype. Il nous permettra de faire mieux connaître et
reconnaître notre immense patrimoine écrit sur la Toile.

Dans le domaine de la télévision, en 2005, nous avons, avec la direction
du développement des médias et les sociétés du service public, facilité
et accompagné le déploiement de la télévision numérique terrestre, qui,
en permettant à près d’un million et demi de foyers de recevoir 18
chaînes gratuites, est vraiment en train de devenir la télévision
numérique pour tous. L’année 2006 sera celle de la poursuite de ce
redéploiement et du développement de technologies pionnières, à très
fort potentiel, comme la télévision sur mobiles et en haute définition. Les
moyens supplémentaires dégagés grâce à la réforme de la redevance et
aux arbitrages que j’ai obtenus ont permis de développer et de
renouveler l’offre de programmes de qualité et cette année sera celle de
la conclusion des nouveaux contrats d’objectifs et de moyens.

Nous pouvons être fiers de la naissance, à la fin de l’an dernier, du
grand projet de chaîne d’information internationale, qui entrera cette
année dans sa phase opérationnelle, puisqu’elle offrira, dès cet
automne, une nouvelle source d’information pluraliste sur l’actualité
mondiale, avec une attention particulière à l’Europe et à la culture
française. Son rôle sera complémentaire de celui des autres acteurs de
l’audiovisuel extérieur, TV5, chaîne francophone généraliste, Radio
France Internationale, et l’Agence France Presse.

En matière de communication, comme dans le domaine de la culture,
ainsi que l’a rappelé le Premier ministre à la FIAC, un pays qui crée va
de l’avant, s’adresse à son temps et au reste du monde. C’est pourquoi
j’attache une grande importance au soutien à la scène artistique
française.

Malgré la grande qualité des créateurs vivant ou travaillant en France,
les oeuvres de ces artistes ne sont pas assez présentes sur le marché
international. L’action du ministère consiste, d’abord, à valoriser ces
artistes sur le territoire national, en favorisant l’organisation d’expositions
dans les institutions, qu’elles soient nationales comme le Palais de
Tokyo, qui va être entièrement réaménagé, ou en région grâce aux
politiques de création et de diffusion des Centres d’art en liaison avec
les FRAC.

C’est dans cette perspective qu’à l’initiative du Premier
ministre, une grande exposition d’art contemporain sera organisée en
mai et juin 2006 au Grand Palais. Le ministère doit aussi favoriser la
présence des galeries, installées en France, aux grands rendez-vous
des foires internationales et soutenir l’organisation à l’étranger
d’expositions d’artistes vivant en France. Les mesures et instructions
fiscales, annoncées en 2005 par le Premier ministre pour dynamiser le
marché de l’art et le mécénat, dans le domaine des arts plastiques,
entreront pleinement en vigueur en 2006. Le nouveau fonds d’aide à
l’innovation audiovisuelle, la réforme des Sofica, mais aussi la création
d’un crédit d’impôt pour le disque et d’un soutien accru à la création
numérique s’inscrivent dans la même perspective : il s’agit de faire de la
France, l’un des foyers les plus vivants de la création contemporaine.

Vous le voyez, notre ministère mène une action résolue, rassemblée et
efficace. Nous avons reçu l’une des plus belles missions qui soient, celle
de donner à nos concitoyens la fierté de leur créativité, de leur
patrimoine, de leur identité, de leurs valeurs, de leur vouloir vivre
ensemble.

C’est un défi passionnant, que je ne pourrai relever avec succès qu’avec
vous tous ! Pour moi, pour nous, 2006 sera d’abord une année
culturelle !

Très bonne année à tous !

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