Imprimer cet article - Envoyer à un ami

Remise des insignes d'Officier dans l'ordre national du Mérite à Thomas Grenon

Cher Thomas Grenon,

Permettez-moi d'évoquer à grands traits la carrière qui est la vôtre.

Vous êtes né à Paris en 1963. Etudiant, votre cursus est d'emblée brillant : après vos études
de mathématiques supérieures et spéciales au lycée Louis le Grand, puis votre admission à
l'Ecole Polytechnique où vous passerez un an dans l'arme blindée cavalerie comme chef de
peloton de chars AMW 30 à Sarrebourg en Allemagne, vous intégrez le corps des Mines où
vous effectuerez deux stages déterminants pour votre avenir, l'un dans le groupe Saint-
Gobain comme ingénieur à Pont-à-Mousson, le second à la direction financière de Certain-
Teed à Philadelphie aux Etats-Unis.

Votre carrière dans la fonction publique d'active débute en 1989, au sein du service du
nucléaire de la direction générale de l'énergie et des matières premières du ministère de
l'Industrie, où vous êtes chargé de la tutelle des entreprises et des établissements de ce
secteur très contrôlé. Vous y êtes rapidement remarqué pour la sûreté de vos jugements, la
précision de vos analyses, et un indéniable pragmatisme.

En 1991, vous rejoignez la direction des relations économiques extérieures du ministère des
Finances ; vous y êtes chargé des relations avec l'ensemble des pays nés de l'éclatement de
l'Union soviétique, ce qui vous amène à effectuer de fréquents déplacements afin de
négocier des protocoles financiers et vous place dans la position d'observateur privilégié de
l'évolution de ces pays. Vous exercez d'ailleurs la responsabilité de secrétaire du conseil
économique, financier, industriel et commercial franco-russe.

En 1993, vous êtes nommé responsable du financement des entreprises au sein de la
direction du trésor où vous exercez la tutelle des institutions financières spécialisées dans le
financement des entreprises : Crédit national, CEPME (le Crédit d'Equipement des Petites et
Moyennes Entreprises), Sofaris (la Société française de garantie des financements de PME),
Sociétés de développement régional. Vous participez activement à la restructuration du
réseau des Sociétés de Développement Régional, à la mise en place d'un plan en faveur des
PME, à la modification de la loi sur les faillites afin de renforcer la garantie des prêteurs.

En 1995 enfin, vous êtes appelé au cabinet de Philippe Douste-Blazy, rue de Valois, où il
vous confie la lourde charge du budget mais aussi des relations sociales, des grands
travaux, des nouvelles technologies et de l'international. Vous suivez à ce titre tous les
dossiers importants du moment. Je pense en particulier à l'achèvement des chantiers de la
Bibliothèque nationale de France et du Grand Louvre, à la rénovation du Centre Pompidou,
mais aussi à la recapitalisation et à la restructuration de la Société française de production,
dans un contexte social assez difficile et sous le contrôle attentif de Bruxelles.

Puis votre carrière, marque un tournant, puisqu'en 1997 vous allez rejoindre pour cinq ans le
secteur privé.

En effet, vous prenez alors le poste de directeur général adjoint de Financière Agache,
holding de contrôle de LVMH, où vous êtes chargé du développement et de la restructuration
financière du groupe. Vos compétences financières et vos talents de négociateur vous
amènent à prendre part à d'importantes opérations de fusion et d'acquisition. J'ajoute que
vous êtes également conseiller du président de LVMH et secrétaire du comité exécutif mis
en place après la réorganisation de cette société par branche.

Puis, en 1999, vous êtes nommé secrétaire général d'AXA France où vous mettez en place
un secrétariat général opérationnel dans le cadre de la fusion avec l'UAP regroupant l'audit,
la communication, le juridique, la qualité et la sûreté. Vos grandes qualités de management
vous permettent de réussir cette fusion qui aboutit au regroupement d'une centaine de
personnes d'origines et de cultures différentes.

Votre exploration du monde des affaires n'est pas tout à fait terminée, puisqu'en 2001 la
Royal Bank of Scotland (RBS) vous propose d'ouvrir un bureau à Paris dans le cadre du
développement de ses activités fonds propres en France.

Mais deux ans plus tard, vous revenez au service public, pour prendre le poste de directeur
général de la Cité des sciences et l'industrie. Vous contribuez alors, sous l'autorité de Jean-
François Hébert, président de cet établissement, à donner un nouvel élan à cette institution,
en veillant à la mise en oeuvre de ces trois priorités :

– le renouvellement de l'offre, en proposant des sujets susceptibles d'attirer un large public,
en prenant en compte les interrogations de nos concitoyens sur les sciences et la société,
en donnant aux visiteurs des clefs et des repères pour comprendre de grands enjeux
contemporains ;

– le resserrement des liens de la Cité avec ses partenaires naturels que sont les
organismes de recherche et la communauté scientifique, le monde industriel, les décideurs
et les médias, les musées, les bibliothèques, à Paris comme en région ;

– enfin, la rénovation d'un bâtiment qui, après 20 ans d'utilisation et le passage de 60
millions de visiteurs, nécessitait d'importants travaux pour améliorer l'accueil et la lisibilité
de l'offre.

Votre double expérience des secteurs public et privé et les qualités dont vous avez témoigné
dans vos postes et fonctions successives m'ont convaincu en 2005 que vous étiez
l'administrateur général qui conviendrait à la Réunion des musées nationaux. Et ce d'autant
qu'en plus d'un scientifique et d'un administrateur de talent, vous êtes indéniablement un
homme de culture. Vous êtes en effet pianiste, et vous avez à votre actif un ouvrage sur le
théâtre de Marivaux et un autre sur le mécénat. Gageons que celui-ci vous sera plus utile,
dans vos fonctions présentes, que celui-là…

Acteur déterminant des échanges et du rayonnement national et international des collections
publiques des musées de France, instrument essentiel de la politique culturelle de l'Etat pour
la diffusion des savoirs, notamment en matière d'édition et d'exposition, la Réunion des
musées nationaux tisse des liens irremplaçables entre toutes les institutions
muséographiques de notre pays.

L'évolution engagée depuis plusieurs années au sein des musées nationaux a modifié ce
paysage institutionnel et rendait nécessaire qu'une réflexion stratégique soit menée, pour
renforcer l'institution, faire évoluer ses missions dans le respect de son histoire, valoriser au
mieux la compétence de son personnel et moderniser son activité, dans le contexte de la
décentralisation culturelle.

J'ai donc souhaité que vous vous attachiez à développer une politique culturelle de niveau
international, au moyen d'une programmation ambitieuse, attirant un large public aux
galeries nationales du Grand Palais – qui viennent d'être affectées à la RMN – mais aussi
d'une politique soucieuse de dialogue par une politique soucieuse du dialogue européen et
prenant clairement en compte la dimension éducative. J'ai souhaité que des relations de
partenariat plus denses et plus confiantes s'instaurent avec les musées nationaux, en
particulier ceux ayant le statut d'établissement public, notamment sous la forme de
coproduction d'expositions et de coéditions. J'attache, vous le savez, une grande importance
aux partenariats que vous pourrez développer avec les musées de France en région.

Les résultats culturels de la Réunion des musées nationaux, si j'en juge seulement par le
prodigieux succès des expositions actuellement présentées sont au rendez-vous et sont une
promesse de réussite pour l'avenir. Je suis persuadé que les mois qui viennent verront se
confirmer l'amélioration de la situation financière et la stabilisation de l'organisation
fonctionnelle de l'établissement, lui permettant d'envisager sereinement son développement.

La distinction qui vous est décernée est pleinement méritée par vos talents. Qu'elle ait,
également de ma part, valeur de reconnaissance et d'encouragement à l'égard de vousmême,
bien sûr, mais aussi de toutes les équipes et de l'ensemble du personnel de la
Réunion des musées nationaux, qui ont su contribuer à des changements, importants et sont
avec vous déterminés à porter le rayonnement des grandes expositions et des éditions
françaises des musées.

Cher Thomas Grenon, au nom du Président de la République et en vertu des pouvoirs qui
nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans l'ordre national du Mérite.

Laisser une réponse