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Collection de 130 dessins italiens de la Renaissance et du Premier Âge

Monsieur le Ministre, cher Dominique,

Monsieur le Président (Daniel Bernard)

Mesdames, Messieurs,

Nous célébrons aujourd’hui un événement exceptionnel.

L’acquisition par l’Etat de 130 dessins italiens de la Renaissance et du Premier Âge baroque,
réalisée grâce au mécénat d’une entreprise devenue partenaire de notre politique culturelle
nationale, le groupe Carrefour, marque un temps fort dans la vie des musées de France, tout
autant qu’un enrichissement majeur de nos collections publiques.

Avant de céder la parole à M. BERNARD, Président du Groupe Carrefour, je voudrais rendre
hommage au collectionneur qui a rassemblé les dessins que nous avons le privilège de
découvrir ce soir, constituant un remarquable panorama de la création graphique du XVe au
début du XVIIe siècle, dans le respect de l’anonymat qu’il a souhaité.

Ses achats successifs, réalisés en une trentaine d’années, à Paris, à Londres ou sur
d’autres places étrangères, ont permis de maintenir en France des oeuvres qui, sans cela,
auraient quitté l’Europe.

Cette collection constitue en elle-même un véritable cabinet de dessins, guidé par un goût
très sûr et riche de chefs-d’oeuvre et de raretés qui feraient la gloire des grands musées du
monde.

On doit tout particulièrement y remarquer les pages des plus grands maîtres de l’école de
Parme, de l’école vénitienne, de l’école romaine, de l’école florentine, de l’école siennoise et
de l’école bolonaise. Les Italiens actifs en France au XVIe siècle et qui ont fondé l’Ecole de
Fontainebleau sont aussi brillamment représentés.

A côté de ces grands noms (Corrège, Lotto, Tintoret, Véronèse, Caravage, Vasari, les
Carrache, Primatice, pour n’en citer que quelques uns), la collection comprend aussi des
pièces précieuses par leur rareté autant que par leur qualité. Il s’agit de dessins de maîtres
moins connus mais dont les oeuvres, devenues pratiquement introuvables, ne figurent que
dans très peu de collections graphiques dans le monde.

On peut donc aisément comprendre l’émotion éprouvée, il y a quelques mois, par Mme
Françoise VIATTE, conservateur général, alors responsable du département des arts
graphiques du Louvre, et M. Dominique CORDELLIER, conservateur en chef, spécialiste de
l’Italie de la Renaissance, lorsqu’ils apprirent la probable dispersion de cette collection en
plusieurs ventes publiques à Londres et à New York. Monsieur Carel van TUYLL, qui a
succédé à Mme VIATTE au début du mois de septembre, et qui est lui-même un spécialiste
internationalement reconnu du dessin de la Renaissance, nous éclairera plus complètement
tout à l’heure sur la qualité de ces oeuvres.

Cet événement marque une double première.

A mon sens, cette acquisition n’était concevable qu’à la condition de bénéficier non
seulement aux collections nationales mais aussi à celles de grands musées en région.

Ce qui explique la répartition que j’ai retenue, sur la proposition du département des arts
graphiques du Louvre et de la direction des musées de France pour ces 130 oeuvres, en six
lots cohérents, correspondant aux différentes écoles italiennes.

Elles sont attribuées au Louvre pour une partie. Mais j’ai tenu à ce que la majorité d’entre
elles soient attribuées à cinq grands musées de région : ceux de Lille, Marseille, Orléans,
Rennes et Toulouse.

Et j’ai souhaité que ces dépôts soient bientôt transformés en affectation de pleine propriété.

Ce sera fait bientôt, après la prochaine consultation du Haut Conseil des Musées de France,
conformément aux dispositions nouvelles de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de
France, qui est ainsi appliquée pour la première fois.

C’est la décentralisation culturelle telle que je la conçois : elle est un enrichissement. Elle
apporte un « plus » au rayonnement de nos territoires.

C’est dans le même esprit que je compte mener à bien les projets importants désormais
engagés, qu’ils concernent la création d’antennes régionales des grands établissements – le
Centre Pompidou aujourd’hui à Metz, et demain le Louvre – mais aussi l’ouverture du fonds
du patrimoine en faveur des musées décentralisés, et la poursuite d’une politique de dépôts,
active et audacieuse, pour les musées territoriaux.

Nous voyons aussi ce soir la première application, pour une opération de cette envergure,
des nouvelles dispositions fiscales de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France
et de la loi du 1er août 2003, qui ont grandement facilité le recours au mécénat d’une
entreprise, déjà partenaire du Ministère de la culture et de la communication à travers les
Journées européennes du patrimoine et les présentations de reproductions d’oeuvres des
collections publiques, organisées dans les magasins du groupe, en collaboration avec la
Réunion des musées nationaux.

Avec les services de la direction des musées de France, le Louvre s’est tourné vers le
collectionneur, bien sûr, mais aussi vers les responsables de Sotheby’s, en particulier Mme
de BEAUVAU-CRAON, qui ont consenti un délai, avant que les ventes ne soient organisées,
et qui ont finalement accepté de renoncer à ces ventes pour participer au maintien en France
d’un ensemble patrimonial aussi important. Car très vite, les responsables du groupe
Carrefour, M. Daniel BERNARD, et M. Philippe RABIT, son conseiller, avaient accepté avec
enthousiasme de financer cette acquisition exceptionnelle.

Je veux enfin insister sur l’apport de cette collection au rayonnement culturel international de
la France. J’étais il y a encore quelques jours en Chine, dans la foulée de la visite d’Etat du
Président de la République, pour lancer l’année de la France dans ce pays où la demande
adressée à notre culture est considérable, à la mesure de la soif de connaissances et de
découvertes de son immense population.

Je me réjouis que le président Bernard ait souhaité montrer une sélection de ces dessins en
Chine, dans le cadre de l’année de la France, afin de permettre à un très large public de
mieux connaître ces trésors artistiques. Cet itinéraire devrait connaître une autre étape à
Rome, avant que l’ensemble des dessins ne soient présentés au public au Louvre durant
l’été 2005, puis définitivement affectés aux différents musées bénéficiaires.

Soyez assuré, Monsieur le Président, de toute notre gratitude pour cette contribution
importante au rayonnement de notre patrimoine et de notre culture.

Je vous remercie.

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