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Remise des insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres à Sophie Dulac

Chère Sophie Dulac,

Je suis très heureux de vous recevoir aujourd’hui au ministère de la
culture et de la communication, pour honorer en vous une femme
passionnée, qui a mis tout son talent au service de notre cinéma, pour
offrir aux spectateurs des films de qualité, et défendre une certaine idée
de la culture, faite à la fois d’exigence artistique et d’ouverture au public
le plus large possible.

Après une solide expérience en communication, tout d’abord en tant que
responsable des relations publiques au sein de l’agence Idées Dialogues
Conseil, de 1980 à 1983, puis, jusqu’en 1989, en qualité de responsable
des relations presse au prestigieux Drugstore Publicis, vous créez, puis
gérez pendant cinq ans un cabinet de recrutement et d’études
graphologiques, la société Sophie Dulac Conseil.

En 1999, vous renouez avec le cinéma en créant la société Sophie
Dulac Productions, avec comme objectif le développement, la production
et la coproduction de fictions, de films documentaires et de courts
métrages. Vous vous intéressez plus particulièrement au cinéma
d’auteur et vous cherchez à donner toutes leurs chances aux premiers
films.

Vous avez produit principalement des films français, et je salue en
particulier le remarquable film documentaire Decryptage, de Jacques
Tarnero et Philippe Benssoussan, qui a attiré à lui seul cinquante mille
spectateurs dans la salle de l’Arlequin et dix mille spectateurs hors de
l’Ile-de-France. Je suis sûr que vos projets en cours, parmi lesquels le
prochain film de Maria Victoria Menis, La chambre obscure, et le
prochain long métrage de Nicolas Klotz, La question humaine, avec
notamment Mathieu Amalric, rencontreront le même succès.

Aujourd’hui, vous développez des coproductions françaises et
étrangères. Vous avez ainsi récemment coproduit avec l’Argentine le film
El Cielito de Maria Victoria Menis, qui est sorti en France le 8 juin 2005
et a obtenu de nombreux prix dans les festivals internationaux.

Je salue votre âme de découvreuse, votre esprit pionnier et visionnaire,
qui vous pousse à soutenir les nouveaux talents du septième art, en
produisant plusieurs courts-métrages par an. Vous avez choisi, avec
beaucoup de courage et de détermination, de miser sur le risque, plutôt
que sur la logique de marché et sur l’audace, plutôt que sur le marketing,
tout en militant constamment pour un cinéma accessible à tous.

Des convictions qui motivent également votre action remarquable à la
tête des Ecrans de Paris, dont vous êtes devenue, en 2001, Président
Directeur Général. Une action remarquable pour ces cinq cinémas voués
aux films d’auteur et aux films d’art et d’essai, dont vous avez maintenu
la qualité de la programmation, tout en cherchant à attirer un très large
public.

Vous avez ainsi développé, encouragé, et participé à de nombreuses
manifestations culturelles autour du cinéma. Certaines sont des rendezvous
réguliers, comme les ciné-clubs animés par Claude-Jean Philippe à
l’Arlequin, et Alain Riou au Majestic Passy, mais aussi les rétrospectives
qui permettent aux spectateurs d’aujourd’hui de connaître l’émotion des
plus grands chefs d’oeuvre, comme des perles méconnues de l’histoire du
cinéma. Vous avez fait de ces cinq cinémas des lieux de vie, de
rencontres avec les auteurs et les réalisateurs, des lieux chaleureux et
ouverts.

Vous en avez également fait des lieux de réflexion, et notamment de
débats autour du cinéma de demain, avec les soirées « Courts à
l’Escurial » et « Docs à l’Escurial », qui permettent au public d’aborder des
questions d’actualité, tout en découvrant l’avenir du septième art.

Je tiens à saluer votre action formidable en tant que présidente, depuis
2003, de l’association « Paris Tout Court », premier festival de Court
métrage à Paris, qui a lieu au cinéma l’Arlequin. Depuis son lancement en
2002, ce rendez-vous désormais majeur des amoureux du cinéma fait
rimer rigueur de la sélection avec décloisonnement des pratiques
artistiques et ouverture à un public toujours plus large et plus divers.

C’est
une très belle façon de mettre à l’honneur ce genre si particulier, qui est
aussi le creuset des talents demain.

Vous accueillez par ailleurs dans vos salles de nombreux festivals, qui
vous permettent d’aborder le cinéma sous des angles sans cesse
renouvelés.

Toujours animée par ce très bel esprit d’ouverture, vous avez passé des
partenariats avec des associations telles que « L’enfance de l’art » ou
encore « Les Restos du coeur », pour que vos salles s’ouvrent aux jeune
public comme aux personnes en difficulté.

Et puisque j’ai présidé ce matin ce matin la remise de la Commission
Culture Handicap, je voudrais dire quelques mots à propos de cette autre
opération exemplaire que vous avez lancée en 2001, « Cinéma accessible
à tous », toujours à l’Arlequin. Vous avez aménagé deux salles de façon à
ce qu’elles soient accessibles aux malentendants et aux malvoyants,
grâce au système d’audiodescription et de sous titrage.

Vous avez ainsi démontré, outre que le cinéma s’adresse à tous et que
c’est sur grand écran qu’un film prend toute sa valeur, que l’art a vocation
à tisser des liens, à favoriser des rencontres, à réunir les hommes.

Afin d’assurer une bonne distribution des films que vous produisez, vous
créez votre propre société, Sophie Dulac Distribution, en 2003, qui élargit
peu à peu ses activités au cinéma d’auteur français et international, ainsi
qu’aux premiers films.

Vous avez fait de la salle de cinéma un lieu vivant, accueillant, un lieu de
partage, de débats, de rencontres, un lieu ouvert sur la ville et sur le
monde. Vous êtes l’artisan indispensable de cette diversité culturelle que
nous appelons tous de nos voeux.

Chère Sophie Dulac, au nom de la République, nous vous faisons
chevalier des Arts et des Lettres.

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