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Pourquoi ne pas rebaptiser l’OTAN ?

5 avril 2009

L’OTAN a vécu ! Vive l’OTAN nouvelle manière ! La démocratie gagne du terrain dans le monde, même si la violence, le fondamentalisme et le terrorisme restent des fléaux d’une rare force.

Qui ne voit aujourd’hui une certaine méprise dans la nature des missions qu’accomplit à juste titre l’OTAN.

Il ne s’agit plus de la défense sur le sol européen des valeurs du monde occidental libre, face au communisme et à l’Union Soviétique de jadis.

Il est question d’une force militaire organisée et efficace pour faire progresser le droit, garantir la paix et éradiquer les racines du terrorisme.

En Irak, ce n’est pas l’OTAN qui intervient. Ce sont les Etats-Unis de façon unilatérale.

En Afghanistan, loin des frontières de l’Europe, c’est sur mandat de l’ONU que la structure militaire « OTAN » tente de livrer la bataille contre les terroristes.

Les casseurs de Strasbourg, dans leur lutte contre l’OTAN, croient livrer une croisade contre le capitalisme, l’hégémonie américaine et le monde riche du Nord face au Sud.

Pour les plus extrémistes d’entre eux, ils sont en fait les complices des intégristes, des anarchistes et des terroristes pour qui le droit n’existe pas, seule la force comptant.

Un nouveau nom pour l’OTAN n’est pas un gadget, mais une refondation adaptée aux temps actuels et aux défis présents.

La « guerre froide » est dernière nous, le combat pour les valeurs de la démocratie reste nécessaire et urgent.

Rebaptiser autrement l’OTAN ferait apparaître plus clairement le contenu de sa mission, et permettrait de rallier à cette grande cause de la liberté et du droit avec une plus grande efficacité.

Il ne s’agit pas de défendre un monde ancien, mais de promouvoir les bases d’un équilibre planétaire nouveau, respectueux de la diversité, mais relié par la civilisation.

De ce point de vue, beaucoup des manifestants de Strasbourg étaient loin d’être des pacifistes convaincus et des soldats de la paix, mais plutôt des guérilleros entraînés et violents…

Toute distinction sociale doit être fondée sur l’utilité commune…

25 mars 2009

De vieux textes sont en fait très jeunes! Ils sont à relire pour éviter tout à la fois démagogie et anathème.

Ainsi le précepte de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen conserve-t-il une revigorante actualité:

 » Toute distinction sociale doit être fondée sur l’utilité commune  »

C’est le contraire de la toise, mais c’est l’exigence de la contrepartie intelligible que doit avoir toute hiérarchie, notamment celle des salaires et des rémunérations.

Pour celui qui crée, qui invente, qui fait réussir et gagner ses équipes personnelles et son pays par la même occasion, il est sain et compréhensible par chacun que les rémunérations soient fortes.

Pour celui qui n’a pas su ou pas pu empêcher le déclin, la perte, parfois même l’arrêt, il est normal que la discipline de l’amiral quittant le dernier le navire s’applique. Ici en l’occurrence sur le sujet de l’argent, qui doit être moralement limité.

Souhaitons qu’une loi ne soit pas nécessaire pour y parvenir et que chacun sache s’arrêter à temps dans la surenchère hypocrite.

Par temps de crise, le terreau est très fertile pour que poussent de vraies plantes-poison qui distillent un mauvais venin.

Il faut à la fois avoir le courage de dire que l’argent est nécessaire à la croissance et à l’économie globale, mais qu’une démesure sans justification risque de secouer fortement le système dans son ensemble.

Vive le Ministère de la Culture !

3 février 2009

Il y a 50 ans naissait le Ministère de la Culture. Ce n’est pas un hier, ce n’est pas une nostalgie rétrograde, c’est un avenir toujours neuf de désirs, d’attentes, de rêves, de brutalités, de projets, de confrontations que met en uvre avec passion la Rue de Valois.

Honneur soit rendu à André Malraux, qui a habité les lieux avec une puissance inégalée et une magie du verbe qui provoquait l’étincelle de l’intelligence et de la vision.

Le Ministère de la Culture reste une idée moderne, neuve, généreuse. Surtout, par temps de crise. La réponse française aux duretés de la conjoncture économique actuelle, passe par la culture. Ce diagnostic est peut-être le vrai cadeau d’anniversaire que le Président de la République, Nicolas Sarkozy, a fait à la Rue de Valois, avec une journée d’avance et une « rupture » de plus dans la tête… Ouvrir les yeux et les consciences sur ces réalités et ces enjeux reste une bataille rude, tant les courtes vues, les sectarismes et les petites mesquineries jonchent les allées de nombreux lieux de pouvoirs…

Si je suis aujourd’hui un homme heureux, tourné vers le futur, c’est grâce aux trois ans et demi passés au ministère. Défi majeur que d’être confronté aux créateurs, aux artistes, à l’histoire, au futur, aux racines, aux angoisses et aux cris existentiels.

Joie immense que de ressentir la résonance, même quand il s’agit d’un arc électrique un peu vif !

J’ai aimé passionnément prendre chaque jour le chemin de la Rue de Valois. Elle est dans mon cur et dans mon esprit.

J’espère n’avoir pas été un chaînon manquant !

Merci à Jacques Chirac, à Jean-Pierre Raffarin et à Dominique de Villepin de m’avoir fait confiance pour oser fouler les traces d’André Malraux ! Merci à mon équipe personnelle et à l’ensemble des fonctionnaires du Ministère de m’avoir aidé à incarner un projet exigeant et mobilisateur, avec les lumières et les ombres de toute aventure humaine.

J’ai reçu tant d’énergie, d’émotion et de passion que je me sens porté aujourd’hui vers de nouveaux horizons, qui me permettent avec ardeur et fièvre de continuer le chemin. Imaginer « la Villa Médicis du XXI siècle », c’est le défi exceptionnel que s’apprête à lancer un inventeur français aussi génial que téméraire, renouant par là même avec l’épopée des grands explorateurs !

J’ai décidé de l’accompagner dans ce projet qui réconcilie le rêve et la réalité et féconde le patrimoine le plus emblématique par la création la plus audacieuse.

Fierté, respect, diversité, vibrations contemporaines, histoire, tradition, métiers d’art, savoir-faire, ouverture, décloisonnement, universel. Autant de valeurs qui sont les vraies couleurs du temps . Les célébrer joyeusement, c’est faire naître de nouveaux projets qui seront un coup de tonnerre dans le ciel mondial. La « furia francese », que doit arborer comme un blason tout grand projet culturel, public ou …privé, signe l’esprit français qui remplit légitimement d’orgueil chaque citoyen

Longue vie au Ministère ! Vive l’initiative culturelle !

Barack Obama est un homme politique rare

25 janvier 2009

La lumière dégagée par Barack Obama est l’alliance entre l’énergie politique et la beauté spirituelle. Comment ne pas faire le parallèle avec la bonté qui se dégageait du visage de Jean-Paul II ?

Le charme d’être et l’élan de la jeunesse qu’incarne Barack Obama est un phare d’autant plus puissant que le monde parait en proie à toutes les crises, qui alimentent un sentiment apocalyptique de spirale infernale.

La force d’Obama ne tient pas à la couleur de sa peau. Il est un symbole en lui-même de réussite républicaine, où l’hérédité n’est pas un sésame obligé. Il est le triomphe de la diversité culturelle, qui, lorsqu’elle est magnifiquement portée, devient le porte drapeau de l’égalité et de la fraternité.

Pour les Etats-Unis, pour les valeurs humanistes, pour les combats nécessaires contre la barbarie, le terrorisme et toutes les formes d’intégrisme, Obama est une chance rare. A nous de savoir la faire rayonner et porter ses fruits sans nostalgie ni jalousie, mais avec lucidité et foi.

Quand la communauté internationale se mobilisera-t-elle réellement au Proche Orient ?

4 janvier 2009

Comment ne pas ressentir un profond malaise en constatant une fois de plus notre impuissance à bâtir une solution de paix entre Israéliens et Palestiniens ?

Il est d’autres conflits où les volontés sont plus concrètes…

Pourquoi par exemple ne jamais envisager – même si c’est peut-être impossible à première vue – une force internationale d’interposition qui garantisse à chaque partie, c’est-à-dire à chaque Etat, la sécurité ?

L’énergie de Nicolas Sarkozy alliée à la force symbolique majeure du Président Obama devrait permettre d’écrire enfin une nouvelle page. Celle de la paix. Celle du courage politique nécessaire pour faire du règlement de ce conflit une vraie priorité.

La relance dépend de chacun d’entre nous!

5 décembre 2008

Nous devons faire face au matraquage des agrégats boursiers par un activisme économique personnel.

Le goutte à goutte de la finance est en train de paralyser, d’intoxiquer, d’accélérer les anticipations catastrophistes.

Sans être les décalés et les idiots du village, il est essentiel de vouloir contrecarrer la spirale dans laquelle nous sommes plongés. L’Etat prend fortement ses responsabilités. Un plan de relance puissant est orchestré.

A nous également pour chacune de nos décisions, de nos réflexes, de faire preuve de caractère et de résolution anticyclique.

Ne pas différer un investissement, si on en a la trésorerie, se mobiliser davantage dans le travail, rechercher et valoriser tous les atouts disponibles, à quelque niveau que ce soit, autant de postures qui sont des réponses utiles et concrètes, dans cette crise aussi réelle que psychologique.

A chacun ses responsabilités ! N’oublions pas les nôtres…

Le combat de Ségolène Royal et de Martine Aubry déshonore la politique.

23 novembre 2008

Je ne suis pas socialiste. Je pourrais me réjouir de la lutte au sein du PS pour la conquête du pouvoir.

Mais je suis trop militant de la « chose politique », trop inquiet du mépris qui entoure la vie politique, pour ne pas juger avec une extrême sévérité et un immense dégoût la forme prise par une compétition, en elle-même normale.

Comment dans la conjoncture politique et économique actuelle, deux femmes politiques de ce « niveau » peuvent-elles être aveuglées par leur goût du pouvoir absolu, sans imaginer un seul instant qu’elles creusent la tombe de leurs ambitions ?

Comment peuvent-elles se lancer dans cette lutte à mort tout à fait suicidaire pour l’avenir de la cause qu’elles sont censées servir ?

Il est des circonstances où le cessez-le feu est impératif, où le respect scrupuleux du peuple, du citoyen, de l’électeur, du militant s’impose encore plus qu’en temps normal.

Qu’est-ce qui empêcherait Ségolène Royal et Martine Aubry de s’asseoir autour de la même table pour constater le jeu égal et donc additionner leurs forces et leur fougue dans une gestion collective du PS, en mettant même au point dès cette semaine la procédure de désignation pour les prochaines présidentielles ?

Ne pas le comprendre et laisser la haine ordinaire s’installer ne déshonore pas uniquement le PS, mais la démocratie française.

Face à la crise : la culture !

14 novembre 2008

Attention, « fragile » ! Cette inscription rituelle des colis précieux pourrait même instruire un procès en marginalité, superficialité, inutilité de tout acte de culture, jugé accessoire, dans le contexte actuel de la crise financière mondiale.

« Il y a plus urgent, plus important, plus stratégique, plus sérieux, que de parler culture », penseront même certains esprits. « Allons à l’essentiel, ne perdons pas de temps, n’en faisons pas perdre, le futile, l’accessoire, le superflu, pour ne pas dire le superficiel, attendront des jours meilleurs », en rajouteront d’autres.

Cette relégation de la culture n’est d’ailleurs pas malheureusement un réflexe des temps difficiles. Elle est une sorte de refus de résistance, une paralysie du discernement, un abandon de poste.

C’est la posture permanente de tous ceux qui n’imaginent pas que la culture soit créatrice de richesses tangibles et de valeurs aussi concrètes que spirituelles, et qui ont une vision fausse et très désuète de la réalité, française, européenne, mondiale. Citons pêle-mêle quelques exemples emblématiques : Pétra, La Grande Muraille de Chine, l’Orchestre philharmonique de Berlin, le Ballet de l’Opéra de Paris, le Louvre, Bilbao, le hip-hop, Yves Saint Laurent, le château de Chenonceau. L’énumération est infinie.

Elargir le champ des possibles, contribuer à la fierté d’appartenir au monde, donner les outils les meilleurs pour que chacun au sein de la collectivité puisse maîtriser son destin. Il est le devoir d’Etat de tout homme ou femme politique. Aujourd’hui, plus que jamais. Tenir cette ambition implique une prise en compte sans réserve et sans complexe de la culture.

Il est de ce point de vue significatif que le président de la République ait décidé pendant la présidence du Conseil de l’Union européenne d’organiser une Saison culturelle européenne, où nos 26 partenaires sont accueillis avec tout l’arc-en-ciel de leur potentiel culturel et artistique. La France fait figure de pionnier en la matière. Puisse cette heureuse initiative française faire école afin que la Commission européenne prolonge cet élan mobilisateur et novateur !

Les modalités de la crise boursière actuelle poussent au paroxysme le champ du virtuel. Les chiffres n’ont plus de sens. Les écarts traduisent la brutalité d’un affolement plutôt qu’une évolution intelligible. Les constructions financières apparaissent comme une spéculation dépourvue de morale et surtout de fil conducteur. Dans ce chaos, le tangible, le vrai, le beau, le solide, l’authentique, le futuriste, le décalé, le conceptuel, le génial apparaissent comme les nouvelles valeurs refuges rassurantes et pérennes.

Si s’effondre la « splendeur » d’une place financière, subsiste le rayonnement durable et fort d’une oeuvre, d’un moment, d’un site, ainsi que la perfection magique et surnaturelle d’une création, la vérité lumineuse et cruelle d’un cri artistique parfois violent.

La culture donne des repères. Elle est l’alliance rare entre l’immatériel et le matériel, la fécondation de la matière par l’esprit. Même si un geste artistique est parfois fragile et éphémère, une fulgurance géniale et fugace, le choc esthétique qu’il engendre, imprègne durablement la mémoire. Il provoque la conscience. Il génère l’être.

La culture permet tout à la fois l’enracinements, l’harmonie et le dépassement total de soi. Le respect de l’histoire, du sol, de la tradition, mais aussi la force de créer, la capacité d’imaginer, la griserie de rêver, l’envie d’ailleurs. L’intelligence de la complexité. L’amour du monde et de la diversité. C’est faire le lien entre le passé et l’avenir. C’est comprendre. Comprendre les autres. Se connaître soi-même. Apprivoiser les différences.

L’art est une exigence, une métamorphose, un voyage. C’est également une fondation, un ancrage, une signature. Une réconciliation entre le « soi » et « l’autre ».

Lorsque les constructions humaines artificielles et précaires deviennent des ruines et des décombres, l’architecture, le patrimoine, le spectacle vivant, les arts plastiques, l’écrit, le son, la lumière, l’image, le film sont de puissants vecteurs de confiance, de ressourcement qui créent l’élan, génèrent la dynamique, rétablissent l’unité intérieure. L’homme devient riche de son regard, heureux de sa sensation, apte à embrasser le monde. Il devient universel, frère, disciple. Ou contradicteur par devoir et par passion légitimes.

Même s’il est conçu dans la pauvreté, le dénuement et la précarité, l’acte artistique est une richesse et une valeur plus puissantes et incarnées qu’une réussite financière fugace et éphémère.

La culture ne saurait se réduire à une élégance, un divertissement, une angoisse ou une ivresse. Elle est la marque d’une époque, le reflet d’une terre, le soleil d’une main et d’un cerveau. Elle est la transfiguration de la matière, la sublimation d’un projet. L’horizon d’une idée. Elle est un phare d’autant plus puissant et protecteur, que les océans de la folie humaine sont déchaînés et destructeurs.

La culture est l’investissement de l’avenir, l’équilibre et la célébration du présent, l’humilité de l’histoire et de la chaîne du temps, la transformation du fugace en permanence du génie et du savoir-faire. Pour la France, la culture est notre chance, notre vocation, notre solidité et notre destin. Notre horizon.

Tous les diseurs de bonne aventure économique et financière devraient descendre de leur superbe et de leur mépris, en comprenant enfin qu’avant d’être une dépense, une extravagance ou le caprice du prince, la culture est notre stratégie, notre trésor de guerre, notre nouvelle frontière. Face à la myopie, à la caricature et à la choquante désinvolture, rétablissons la vérité. Osons montrer le réel. Chiffrons l’inchiffrable, sans tout financiariser pour autant. Décrétons l’urgence. Garantissons par-là même notre survie, notre épopée, notre renaissance. Notre avenir concret. Aujourd’hui et demain.

La culture est une promesse de richesses, une source d’attractivité(s), d’emplois, un rêve tangible. C’est une priorité pour qui sait enfin ouvrir les yeux, voir et comprendre que dans la fureur du monde, l’harmonie qu’elle diffuse et le progrès qu’elle génère sont des valeurs plus puissantes que les jeux d’écriture financière aux improvisations tragiques et à la « poésie » mortifère… La culture n’est pas un opium, un luxe, une futilité. Elle est un réflexe lucide, une performance orchestrée.

Oser parler, dans une même dynamique, de culture et de croissance, de patrimoine et de création, d’archéologie et de numérique, de fièvre de l’esprit et d’économie politique, des citoyens et des artistes, de gratuité et d’argent, d’intemporalité et de nouvelles technologies, de marché et d’indépendants, de liberté d’esprit et de métiers, c’est le défi du Forum d’Avignon, destiné à ouvrir un espace de dialogue fécond et décloisonné entre le monde culturel et artistique, le monde économique et le monde politique. C’est un acte de mobilisation politique, de prise de conscience. C’est le lancement d’une offensive pacifique, humaniste, volontariste. Face à la crise, la culture !

La crise boursière donne envie de parler d’économie du réel…

5 novembre 2008

Qui n’a pas envie ces temps-ci de couper la radio, de débrancher les sites d’information boursière ? Le goutte à goutte de l’information nécessaire pour des raisons de transparence financière et de fluidité des marchés renforce le sentiment de crise non maîtrisable, à déflagrations successives quasi programmées.

Le contraste avec l’activité politique intense des dirigeants de la planète tentant de contrecarrer l’ouragan financier renforce d’ailleurs le désarroi des citoyens du monde.

Qui fait quoi ? Quelle est la vraie cause ? Les tuyaux de la bourse et du marché financier interbancaire sont-ils vraiment nécessaires à l’économie ?

Les erreurs personnelles de certains financiers donnent de surcroît l’impression d’un système sans contrôle. Les chiffres sont vertigineux. Les libertés d’action de certains individus peu scrupuleux ou très aventuriers apparaissent parfaitement choquantes. Peut-être d’ailleurs parce qu’il s’agit de baisses et de pertes…

On aimerait pouvoir se passer de la bourse, du marché financier, des banques même.

On souhaiterait quitter le champ des chiffres virtuels, qui sont en fait très réels, pour entrer dans le terrain – par contradiction d’apparences paradisiaques même si les disciplines y sont rigoureuses – de l’économie du réel. De la « vraie économie ». Celle du travail. De l’effort. De la qualification. De l’innovation. De la recherche. De l’intelligence. De l’audace. De la conquête de nouveaux marchés. Celle des gens. Des hommes et des femmes qui « bossent ». Celle des entrepreneurs courageux, des salariés mobilisés, des indépendants fiers, des métiers manuels et intellectuels performants.

Dire cela ne signifie d’aucune manière oublier la finance, le crédit, le marché, la concurrence, la rareté, la mondialisation, l’argent, le micro-crédit.

Exprimer cette revendication sourde mais forte et présente dans tous les esprits, c’est peut-être en fait vouloir éviter la révolte populaire qui pointe à l’horizon.

Il se fait tard… Au sens lointain et arrogant du terme, la « finance » ne « nous » concerne pas. Nous « la » ressentons comme une pollution. Un virus dangereux. Un monde à part. Nous voulons oublier que sans financement les projets ne voient pas le jour. Nous voulons ignorer les réalités cruelles de l’endettement, du remboursement, de l’échéancier. De ce qui est malheureusement aussi la « vraie » vie économique.

La question politique centrale est de réconcilier ou plutôt de placer dans une perspective intelligible par chacun des univers aux logiques draconiennes qui apparaissent parfaitement antagonistes et étrangères.

Le spectre de la récession, de la baisse, du déclin, de l’effondrement est là. Le procès va forcément s’instruire de la spirale des responsabilités. Le bouc-émissaire facile, déjà désigné, s’appelle « la finance ». Il lui est reproché de ne plus être l’instrument du progrès – parfois du rêve chimérique et précaire – et d’être le bras armé d’une déflagration économique sans précédent.

Le 11 septembre avait son criminel identifié.

Aujourd’hui, rechercher le coupable, la cause, l’élément déclencheur plonge dans un abîme profond, car le virtuel, au sens barbare du terme, règne en maître absolu avec une puissance machiavélique et non maîtrisable.

Il est urgent, pour contrecarrer la contamination d’une crise financière vers un big-bang économique, d’oser le rétablissement de la confiance. Cela passe par la vérité.

Tant que les raisons – même si elles sont difficiles à entendre et à comprendre – ne nous seront pas TOTALEMENT données, les meilleurs intentions du monde resteront des tombereaux d’eau dans un désert de sable. Or « la parabole du semeur n’a pas recommandé les semailles en terrain pierreux » , aimait à dire mon père dans son livre posthume « Vent d’Espoir sur la Démocratie ».

L’économie politique doit redevenir intelligible. Proche.

Il ne s’agit pas de nier la réalité. Il est question de redessiner une géométrie de l’action qui implique et responsabilise chacun.

La « crise » continuera de rebondir tant que les opinions publiques mondiales n’auront pas admis et compris les raisons du drame, les efforts et les disciplines nécessaires, et les perspectives à attendre, même si elles sont difficiles. Surtout si elles le sont d’ailleurs…

L’information, au sens noble du terme, est ici au service de la survie individuelle et collective.

Le préambule de la Constitution stipule: « Toute distinction sociale doit être fondée sur l’utilité commune ».

Alors, puissent les élites politiques, économiques et financières, se mettre à la portée du peuple, qui n’a en l’occurrence, aucune leçon à recevoir, mais des comptes à exiger. Oui, « toute distinction sociale doit être fondée sur l’utilité commune » !

L’élection de Barack Obama est une promesse !

5 novembre 2008

Pour ceux qui aiment les Etats-Unis et les Américains, l’élection de Barack Obama est un moment rare de bonheur politique.

Cette expression, qui peut paraître totalement décalée et impropre, traduit au contraire l’espoir planétaire que le choix américain exprime avec intensité et force.

Le retour flamboyant des Etats-Unis sur la scène internationale est une promesse de réconciliation, d’équilibre, mais c’est aussi le signe que le camp de la démocratie et des valeurs de la civilisation occidentale sera davantage à l’unisson pour agir.

L’Europe avait commencé à prendre l’habitude de sa puissance et de son rayonnement… Nous devrons de nouveau compter sur nos alliés, amis et concurrents de l’outre Atlantique !

Le peuple américain, dans son sacre républicain et laïque, vient d’ériger un héros mondial, dont la visite dans chaque Etat du monde est un espoir attendu avec ferveur.

Quelle étrangeté que la politique puisse ainsi voisiner avec le spirituel ! Ou l’artistique. Reconnaissons que la lumière qui émane d’Obama est tout simplement exceptionnelle. Puisse-t-elle être utile au monde confronté à une crise morale et financière redoutable !