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Présentation de l’ouvrage Culture et Handicap, Guide pratique de l’accessibilité, destiné à tous les professionnels de la culture

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui pour vous présenter
l'ouvrage Culture et Handicap, guide pratique de l'accessibilité, qui est une
grande première.

Le Président de la République, vous le savez tous, a tenu à faire de
l’insertion des personnes handicapées l’un des grands chantiers de son
quinquennat, afin de permettre « à la société française de mieux accueillir
la différence et de recueillir ses richesses ».

C’est dans cet esprit qu’a été menée l’élaboration des articles concernant la
culture, dans la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des
chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.

Cette oeuvre législative majeure a fait franchir à la société française une
nouvelle étape. En effet, la loi du 11 février 2005 pose le principe
d’accessibilité généralisée, qui doit permettre à toutes les personnes, quel
que soit leur handicap, d’exercer les actes de la vie quotidienne et de
participer à la vie sociale et culturelle.

Je tiens à réaffirmer l’engagement du ministère de la Culture et de la
Communication en faveur de cette grande ambition. C’est un devoir qui
répond pleinement à la mission qui lui a été assignée par André Malraux,
dès sa création: «rendre accessibles les oeuvres capitales de l’humanité, et
d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français» et
«assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel».

L'accessibilité est un enjeu essentiel. En accueillant les personnes
handicapées, en prenant en compte leurs besoins, en veillant à favoriser
un meilleur accès de l’ensemble des publics à la culture comme aux
moyens d’information et de communication, les professionnels de la culture
accomplissent pleinement leurs missions et leur vocation.

Par l'effort consenti en matière d’accessibilité, l’équipement culturel répond
non seulement aux attentes des personnes handicapées, mais il offre un
meilleur confort d’usage à un public beaucoup plus large.

Les exemples sont nombreux : la rampe d’accès, indispensable pour les
personnes en fauteuil, est un élément de confort pour les visiteurs âgés et
les parents accompagnés d’enfants en bas âge; le surtitrage des spectacles
ou l’utilisation de boîtiers électroniques sont aussi très appréciés des
visiteurs étrangers; l’aménagement de l’éclairage et une signalétique
accessible profitent à l’ensemble des visiteurs; enfin, les personnes
éprouvant des difficultés de lecture et les dyslexiques utilisent volontiers des
documents en gros caractères. Les espaces tactiles avec maquettes sont
appréciés des jeunes visiteurs comme des adultes. A cet égard, je vous
invite à vous promener dans la galerie tactile du Louvre, et vous vous
rendrez compte que les personnes aveugles sont loin d'être les seules à
toucher les oeuvres. C’est l’ensemble des publics qui bénéficie de cette
nouvelle approche.

Afin d'épauler les professionnels de la culture dans l'application de la loi du
11 février 2005, et dans leurs efforts pour une accessibilité généralisée à la
culture, le ministère de la Culture et de la Communication a souhaité mettre
à leur disposition un outil pratique, l'ouvrage que j'ai l'honneur de vous
présenter aujourd'hui. Une version numérique de cette édition papier est
mise en ligne sur le site du ministère (www.handicap.culture.gouv.fr).

Ce guide est un outil formidable, une véritable mine d’informations, pour
faciliter non seulement l'accès des personnes handicapées aux lieux de
culture et au patrimoine mais aussi aux oeuvres et aux produits de l'industrie
culturelle. Il éclaire bien entendu le cadre législatif, mais il dépasse aussi
l'aspect purement réglementaire, en présentant des préconisations très
diverses dans tous les domaines culturels et artistiques.

Comment rendre un site accessible? Quels sont les besoins particuliers en
fonction des différents types de handicap? Quels partenariats tisser afin
d’améliorer l’accueil des personnes handicapées? Quels dispositifs
techniques novateurs peut-on mettre en place? Ce guide apporte des
réponses à toutes ces questions et décrit un certain nombre de «bonnes
pratiques».

Le guide comprend également un questionnaire permettant de réaliser un
état des lieux de l'accessibilité d'un établissement, des fiches techniques,
ainsi que les carnets de préconisations et de conseils rédigés par les
membres de la mission Culture et Handicap, confiée à la Cité des Sciences
et de l'Industrie, dont je tiens à féciliter le Président Jean-François Hébert,
pour son travail et son enthousiasme admirables.

Cet ouvrage a été élaboré dans le cadre de la commission nationale
Culture-Handicap, avec nos partenaires associatifs représentant les
personnes handicapées, ainsi qu'avec nos partenaires associatifs « Culture
Handicap », en particulier l'association Archimed. Je remercie les
Présidents et Directeurs de ces associations qui nous font l'honneur d'être
présents aujourd'hui.

Je tiens également à remercier le Groupement d'intérêt public Handicaps et
Compétences, et son Directeur Alain Bony, pour son soutien à ce projet,
dans le cadre du programme européen Equal.

Permettez-moi de rappeler également l’engagement exemplaire, en faveur
de l’accessibilité des personnes handicapées, du Centre des Monuments
nationaux, qui propose les très belles et ingénieuses collections

«Sentitinéraires», à destination des déficients visuels et «Lex’signes», à
destination des personnes sourdes locutrices de la langue des signes
française.

Je profite de ce tour d'horizon pour vous annoncer que le guide pratique
Culture et Handicap est le premier d'une série dédiée à l'accessibilité à la
culture. Le prochain volume sera consacré aux pratiques artistiques,
amateurs comme professionnelles, des personnes en situation de handicap.

Je souhaite enfin dresser, comme je m’y étais engagé, un bilan d'étape de
la mise en oeuvre de la loi du 11 février 2005, en partenariat avec le
Secrétariat d’État aux personnes handicapées, la Délégation
interministérielle aux personnes handicapées et les grandes associations
nationales représentant les personnes handicapées. Pour mener à bien
cette action concertée, le ministère s’appuie sur la commission nationale
Culture et Handicap, créée par arrêté, qui s'est réunie cinq fois depuis sa
création: le 23 mai 2001, le 7 février 2002, le 5 mai 2003, le 29 novembre
2004 et le 1er juin 2006.

L'application de la loi ouvre un très vaste chantier. En premier lieu,
conscients de la nécessité d'une sensibilisation des professionnels du cadre
bâti, nous avons mis en place des séminaires de formation interrégionaux,
sur la thématique de l’accessibilité. Au total, ce seront plus de 600
professionnels qui auront été formés en 2006 et 2007. Ces formations sont
bien sûr organisées en lien avec les partenaires associatifs représentant les
personnes handicapées. Il s’agit de créer une culture commune, soucieuse
à la fois de l’accessibilité des lieux de culture aux personnes handicapées,
et de la préservation du patrimoine.

Toutes les catégories de personnels sont concernées par la prise en
compte du handicap. Le Centre des monuments nationaux poursuit depuis
plusieurs années la formation des personnels à l'accueil des visiteurs.

S'agissant de la formation initiale, les futurs professionnels qui suivent un
enseignement supérieur sous tutelle du ministère de la Culture et de la
Communication auront désormais un enseignement obligatoire sur le thème
de l'accessibilité. Dès la rentrée 2004-2005, un enseignement des principes
fondamentaux et des connaissances techniques relatifs à l'usage et à
l'accessibilité pour tous a été mis en place dans les écoles d'architecture.

De hauts lieux de notre patrimoine, tels que la Basilique de Saint-Denis, ou
le Château de Chambord, ont d’ores et déjà été aménagés pour favoriser
l’accès des personnes handicapées.

L’ensemble des domaines de la culture doivent être accessibles à tous.

Aussi, outre l’accès aux lieux, au patrimoine monumental, aux musées et
aux salles de spectacles, je suis également particulièrement attentif, sur ce
sujet, à la télévision et au cinéma. J'ai demandé aux responsables des
chaînes de télévision que les émissions politiques soient accessibles à tous
pour les échéances électorales. C’est un enjeu essentiel, un enjeu de tout
premier plan, pour notre vie démocratique même. Au-delà des émissions politiques, je resterai vigilant quant à la bonne application de la loi en ce qui
concerne la mise en accessibilité des programmes télévisés.

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication
représentent une chance immense pour une meilleure diffusion de notre
foisonnante vie culturelle. Je vous invite à découvrir ou redécouvrir tout à
l’heure le site remarquable et exemplaire de la basilique cathédrale de
Saint-Denis, qui comprend une interface en langue des signes française, et
que vous pouvez consulter dans cette salle.

Je tiens à redire ici l'importance que j'accorde à l'accessibilité des sites
Internet, et je souhaite que le nouveau site du Ministère de la Culture et de
la Communication soit un modèle du genre.

La prise en compte du handicap est l'affaire de tous et je réaffirme
aujourd'hui l'importance d’additionner les énergies pour une véritable
révolution des mentalités. Le 1er juin 2006, lors de la dernière commission
nationale Culture et Handicap, deux conventions interministérielles ont été
signées. La convention nationale culture/handicap, entre le ministère de la
Culture et de la Communication, et celui chargé des personnes
handicapées, permettra d’encourager les pratiques culturelles au sein des
institutions, grâce à des jumelages entre les institutions d'accueil et les
équipements culturels ou les compagnies artistiques. Des conventions
régionales sont déjà signées entre les services déconcentrés des deux
ministères en Picardie, en Haute Normandie et dans les Pays de la Loire.

Une convention a également été signée entre les ministères chargés de la
culture et du tourisme, sur la base du label "Tourisme et Handicap".

Je sais que les attentes des publics concernés sont fortes. Les associations
représentatives des personnes handicapées s’investissent d’ailleurs
activement auprès des institutions pour les aider à comprendre et à
satisfaire leurs besoins. Je tiens à les en remercier, parce qu’elles sont des
partenaires indispensables de notre action.

Au-delà même de la mission essentielle de ce ministère, qui est de faciliter
l’accès à la culture au plus grand nombre de nos concitoyens, et de leur
ouvrir l’accès à l’ensemble des formes de culture, il y a aussi, au coeur de
notre action, la conviction que les personnes handicapées ont un rapport à
notre monde et à notre environnement, qui peut apporter un véritable « plus
» à notre capacité de création dans tous les domaines de l’art et de la
culture. En étant des acteurs du renouvellement des langages et des
expressions créatrices, les personnes en situation de handicap sont en
position de contribuer à la diversité de l’offre culturelle, et par-là même à la
vitalité et au rayonnement de notre culture. J'en veux pour preuve le
dynamisme de l'International Visual Theatre, que j'ai eu le plaisir d'inaugurer
le 17 janvier dernier, et qui mêle l'expression orale et l'expression signée
pour faire surgir un langage théâtral novateur.

Permettez moi enfin de rappeler que c’est ensemble que nous réussirons
notre action, et que l’énergie et l’engagement de tous les acteurs est
nécessaire. Nous pouvons tous contribuer, non seulement à appliquer la loi,
mais aussi à faire évoluer les mentalités et à mobiliser l’ensemble notre
société sur cet enjeu essentiel. Ce guide pratique y participe largement, et sa seule couverture est une véritable invitation à transformer nos
perceptions et nos représentations.

Je vous remercie.

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