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Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et Lettres à Vladimir Olegovitch Potanine

Cher Vladimir Olegovitch Potanine,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour honorer en vous un
brillant entrepreneur, un homme de culture, et un grand ami de la France,
dont vous nous faites l’honneur de parler la langue.

Après avoir obtenu votre diplôme d'économie internationale à l'Institut des
relations internationales, au début des années quatre-vingts, vous entrez
au Ministère des Relations économiques extérieures, jusqu'au début des
années quatre-vingt-dix. Le temps de vous aguerrir à la fois au monde des
relations internationales, et aux arcanes de l'économie mondiale. Vous
vous distinguez très rapidement comme un brillant économiste, et vous
devenez vice-premier ministre, chargé de la coordination des affaires
énergétiques, économiques et financières entre 1996 et 1997.

Après ces expériences au service de l'État, vous partez à la découverte du
monde de l'entreprise et depuis plus de 15 ans, vous présidez aux
destinées du groupe Interros, holding qui déploie ses activités dans de
nombreux domaines, la métallurgie, l’agro-alimentaire, et les médias.

Mais vous n'êtes pas seulement un homme d'affaires. Vous avez voulu
mener une politique de mécénat particulièrement importante, dans les
domaines de la culture et de l’éducation.

Ainsi, vous avez su concilier vos talents d'homme d'affaires et votre goût
pour l'art, comme vous avez su vous extraire de cette compétition séculaire
qui oppose la ville de Moscou, dont vous êtes originaire, avec la ville de
Saint-Pétersbourg, en choisissant de contribuer à son renouveau culturel.

En plus des quelque 1500 bourses que vous offrez chaque année aux
jeunes étudiants talentueux de Russie, vous vous êtes investi, depuis 1997,
avec générosité et conviction, auprès du Musée de l'Ermitage de Saint-
Pétersbourg. Vous en êtes aujourd’hui le président du Conseil
d'administration, et le plus fidèle mécène.

Vous avez ainsi contribué à sa modernisation et à son agrandissement.
Vous participez également au projet « Grand Ermitage », dont l'objectif est
de réaménager le centre historique de Saint-Pétersbourg, et de créer un
centre culturel unique autour de la place du Palais, au coeur de cette ville
qui, ainsi que l’explique Ettore Lo Gatto dans son très bel ouvrage Le
mythe de Saint-Pétersbourg « cristallise toutes les interrogations sur la
Russie et son destin ».

Et pour vous, le destin de Saint-Petersbourg, c'est avant tout l'ouverture sur
le monde. Vous avez compris que la culture était au coeur de la cité comme
vous avez saisi que les musées occupaient une place exceptionnelle dans
nos sociétés, et dans les échanges mondiaux. Oui, nous en sommes tous
conscients, parce que la culture exprime l’identité, l’esprit, l’âme même d’un
pays, elle est le ferment, le socle, la toile de fond sur lesquels se
développent les plus grandes amitiés. Dans cette perspective, vous
soutenez le développement international de l'Ermitage en participant à la
création du complexe Ermitage-Guggenheim à Las Vegas en 2001.

Mais vous êtes également un très grand artisan de l’amitié et de la
coopération franco-russes, et vous avez choisi de faire vivre ces liens du
coeur et de l’esprit, forgés au fil des siècles par nos plus grands artistes.

Est-il besoin de rappeler que l'un de nos plus grands peintres, Nicolas de
Staël, est né à Saint-Pétersbourg ? Ou que le fonds Voltaire, réinstallé dans
la bibliothèque de l'Ermitage depuis 2003, constitue l'un des joyaux du
patrimoine culturel russe d'origine française ?

Francophone et francophile, vous avez lancé, organisé, et généreusement
soutenu, en 2003, l’exposition « Quand la Russie parlait français. Paris-
Saint-Pétersbourg 1800-1830 », qui s’est tenue à l’Hôtel des Invalides, à
Paris, puis au Musée de l'Ermitage, dans le cadre de la célébration du
tricentenaire de Saint-Pétersbourg.

Elle a présenté plus de 300 objets au public, dont un portrait de Napoléon,
par Ingres, ou encore un vase mémorial, « Russie », de plus de deux
mètres, réalisé en collaboration avec des artistes français et la Manufacture
impériale de Saint-Pétersbourg.

A l'occasion de cette exposition, la maison d’édition russe «Slovo» a publié,
avec le soutien financier d'Interros, le Dictionnaire français–russe des
termes d'art.

Je salue aujourd’hui votre engagement en faveur des arts, de la culture, et
du dialogue entre les peuples.

Vladimir Potanine, au nom de la République, nous vous remettons les
insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

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