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Rendez-vous avec le Cinéma français au Grand Hôtel

Madame la Présidente d’Unifrance, chère Margaret Menegoz,

Mesdames et Messieurs les Présidents de Commission,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux d’être présent parmi vous aujourd’hui pour ces
neuvièmes Rendez-vous avec le cinéma français. Je tiens tout d’abord à
remercier Margaret Menegoz, Présidente d’Unifrance, pour l’organisation
de ces rencontres, et son travail remarquable en faveur de la promotion de
notre cinéma.

Ces Rendez-vous qui nous réunissent aujourd’hui sont riches en
promesses, tant notre septième art connaît une belle vigueur, et un fort
engouement de la part du public, au sein comme au-delà de nos frontières.

J’y vois le signe du talent de nos créateurs et de nos artistes, mais aussi le
résultat de nos efforts, à tous, pour soutenir, encourager et promouvoir la
belle et grande diversité de notre cinéma national.

Nous avons fêté en 2006 le soixantième anniversaire du Centre National de
la Cinématographie, célébrant ainsi soixante ans d’accompagnement, de
soutien, d’aides à tous les acteurs de la grande chaîne du septième art,
soixante ans de combat en faveur de la diversité culturelle, soixante ans au
service de tous les talents, de tous les créateurs, de tous les virtuoses de
cet art dont la France est une grande ambassadrice, dans le monde entier.

Le cinéma est à la fois une industrie, dynamique, en pleine évolution, et un
art à part entière, qui n’obéit en rien à une logique de marché, et dont nous
devons aider toutes les expressions, et en premier lieu les oeuvres les plus
fragiles. La France a toujours défendu, et continuera de défendre son droit
à soutenir cet art, face aux règles du libre-échange.

C’est pourquoi la France, sous l’impulsion du Président de la République,
aux côtés des États membres de l’Union européenne et de très nombreux
pays du monde, s’est mobilisée pour défendre ce droit à l’Unesco, en
portant le projet de convention sur la protection et la promotion de la
diversité des expressions culturelles.

Son adoption par la quasi-unanimité de la Communauté internationale, à
l’UNESCO, le 20 octobre 2005, est un grand succès. L’accord unanime
intervenu en Conseil des ministres de la culture en novembre 2004 a
permis à l’Europe de parler d’une seule voix pendant le déroulement de
l’ensemble de la négociation et a joué, à n’en pas douter, un rôle décisif
dans la dynamique qui a conduit à son adoption.

Je me suis rendu à Bruxelles, le 18 décembre dernier, pour participer à la
remise des instruments de ratification de la Communauté européenne et de
quatorze Etats membres au Directeur général de l’UNESCO. Cette
cérémonie, qui s’est déroulée en présence du Président de la Commission
européenne, José Manuel Barroso, marque une étape essentielle, et que je
n’hésite pas à qualifier d’historique, du point de vue du rôle de la culture
dans les relations internationales : l’affirmation en droit international du droit
des Etats et de la Communauté européenne à soutenir les politiques
culturelles, par cette convention qui entrera en vigueur le 18 mars prochain.

Je me réjouis que le collège des commissaires européens ait validé
officiellement le 22 mars 2006 l’ensemble des aides au cinéma et à
l’audiovisuel. Elles constituent à mes yeux un rempart essentiel face à la
menace bien réelle d’uniformisation, d’affadissement des oeuvres, des
styles, et des écritures.

Et, parce que la promotion de la diversité culturelle implique aussi, au sein
de nos pays, une grande ouverture à toutes les expressions de notre
monde, la France, et notamment le CNC, a su développer des outils de
coopération d’une grande efficacité, en particulier à l’égard des pays et des
peuples susceptibles de trouver dans cet art la possibilité d’une expression
forte de leurs libertés et de leurs talents.

C’est cet esprit d’ouverture, de rencontre et d’échange qui préside à ce
rendez-vous. Je souhaite que ces trois journées soient pour vous l’occasion
de très belles découvertes.

Je tiens aujourd’hui à rendre hommage à trois personnalités éminentes du
monde des médias, à trois passeurs d’exception, qui incarnent brillamment
le dialogue des cultures, et cette noble vocation de critique, dont Baudelaire
disait qu’elle est « faite à un point de vue exclusif, mais au point de vue qui
ouvre le plus d'horizons. »

Chère Katja Nikodemus,

Je suis très heureux de célébrer aujourd’hui votre travail, votre talent, votre
engagement au service de toutes les cultures, et en particulier de la culture
française, dont vous êtes une amatrice éclairée. Et cet amour a commencé
sur les bancs de l’université, puisque vous avez étudié la littérature
comparée et les sciences politiques à Berlin et à Paris.

Dès 1990, vous avez assuré la correspondance du quotidien allemand Der
Tagesspiegel, pour la culture, à Paris. Vous étiez alors également
journaliste indépendante, à Radio France, à Radio 100, et à la WDR, la
radio et la télévision de Cologne. C’est en 1999 que vous vous êtes
consacrée au septième art, dans les colonnes du quotidien berlinois
Tageszeitung. Depuis 2002, vous êtes rédactrice pour la rubrique « Film »
dans le grand journal Die Zeit.

Je salue ce soir la justesse de votre regard, et de votre plume, ainsi que
votre belle connaissance des arts de notre pays.

Katja Nikodemus, au nom de la République, nous vous remettons les
insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Cher Andrei Plakhov, avec vous nous nous envolons pour l’Ukraine, où
vous avez grandi. Vous avez appris l’histoire du cinéma et l’art de la critique
à l’école du Film de Moscou, avant d’en devenir l’un des professeurs, et
d’écrire dans les plus grands journaux et magazines russes et
internationaux dédiés au septième art, parmi lesquels Les Cahiers du
cinéma. Vous êtes aujourd’hui chroniqueur pour le plus grand quotidien
russe, Kommersant.

Parmi vos nombreuses publications, je retiens un ouvrage consacré à l’une
des plus belles ambassadrices du septième art français à travers le monde,
Catherine Deneuve, magnifique étoile dont vous avez brillamment retracé la
course, des Parapluies de Cherbourg à Huit femmes.

Président de la Fédération internationale de la presse cinématographique
(FIPRESCI), depuis 2005, membre de la European Film Academy, vous
êtes aussi programmateur pour le Festival international du film de Moscou.

Vous avez été également conseiller, et membre du jury, pour de nombreux
festivals internationaux.

Je salue aujourd’hui votre passion sans borne pour le septième art, une
passion qui vous a fait renverser bien des barrières, notamment à l’Union
des cinéastes, à Moscou, dont vous avez présidé la Commission des
conflits, de 1986 à 1990, qui a libéré plus de deux cents films interdits par la
censure soviétique.

Andrei Plakhov, au nom de la République, nous vous remettons les insignes
de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Cher Jonathan Romney, c’est un très grand plaisir pour moi d’honorer
aujourd’hui votre très belle carrière au service du cinéma. Une carrière elle
aussi placée sous le signe de la francophilie, puisque, Bachelor of Arts en
langue moderne et médiévale, française et russe, à l’Université de
Cambridge, vous avez approfondi votre connaissance de notre littérature
par une thèse sur Les Chants de Maldoror, de Lautréamont.

Critique respecté, et écouté, vous noircissez les colonnes du journal The
Independent on Sunday, mais aussi de Sight and Sound, Modern Painters,
Film Comment, pour ne citer qu’eux. Votre passion et votre érudition en
matière de cinéma comme de culture française vous valent d’être nommé
conseiller en cinéma français au Festival du film de Londres.

Vous ne vous êtes pas contenté d’écrire sur le cinéma, vous avez
également écrit et réalisé deux courts métrages, A social call, en 2002, et
Man goes to the doctor, en 2001.

Cinéphile et cinéaste, vous illustrez brillamment cette autre phrase de
Charles Baudelaire : « Tous les grands poètes deviennent naturellement,
fatalement, critiques. » J’ajouterais, dans votre cas : « et inversement ».

Jonathan Romney, au nom de la République, nous vous remettons les
insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

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