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Conférence de presse – 25e Fête de la musique

Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux et très fier de vous accueillir rue de Valois pour célébrer un événement dans lévénement : la Fête de la Musique souffle aujourdhui ses 25 bougies. Un quart de siècle, déjà !

C’est au sein du ministère de la culture et de la communication, sur l’initiative de mon prédécesseur, Jack Lang, et sur la proposition du Directeur de la Musique de l’époque, Maurice Fleuret, convaincu que la musique, plus qu’un divertissement, est une nécessité vitale pour l’individu, que s’est allumée, en 1982, cette étincelle qui allait éclairer notre vie musicale d’un jour totalement nouveau, festif, joyeux et fédérateur, qui allait faire vibrer la France entière et bientôt l’Europe et le monde, au rythme d’un vaste élan collectif.

Dès sa première édition, la Fête sest étendue à tout le territoire. Le concert improvisé dun soir a aussitôt mobilisé les 5 millions de Français pratiquant un instrument, ces « amateurs », au sens si noble du terme, à qui la Fête, de façon emblématique, reste toujours dédiée. Cest là une tradition à laquelle je reste personnellement attaché et particulièrement attentif, puisqu’elle est si chère au cœur des Français.

Certains sen souviennent peut-être : les concerts de la première Fête de la Musique, le 21 juin 1982, devaient durer une demi-heure !

Qui pouvait prédire que cette demi-heure allait durer 25 ans ?

Aussi ai-je souhaité cette année donner à cette édition historique de la Fête une forte portée symbolique, en linvestissant de deux grands messages, pour nous guider et nous inspirer dans le nouveau monde qui se dessine, et que nous inventons, ensemble.

En premier lieu, jai voulu inscrire la Fête de la Musique au sein de lAnnée de la Francophonie.

Jai déjà eu loccasion de le dire à plusieurs reprises, ici même : le projet francophone apporte une réponse à lun des plus grands et des plus beaux défis du siècle, pour établir un dialogue constructif entre des identités diverses, dans le respect de chacune delles.

J’ai souhaité que la Fête de la Musique porte ce message haut et fort pour son 25e anniversaire. J’ai souhaité qu’elle fasse rayonner, par ses rythmes et ses couleurs, lidéal déchange et de diversité que porte le langage conjugué de la musique et des mots.

A mi-parcours du « Grand festival francophone en France » – placé lui-même sous le signe de la musique, avec, dans son intitulé, « Francofffonie », le triple fff dun victorieux fortissimo – la Fête de la Musique en sera lun des temps forts. Elle lui offrira l’écho du grand concert mondial quelle est devenue.

Le 21 juin 2006, jour du solstice dété, verra ainsi se rejoindre, en une même célébration, la polyphonie des cultures et de leurs métissages, orchestrée par la langue française, et linfinie richesse des musiques du monde, participant de la grande aventure francophone.

Quel plus beau message, aujourdhui, que celui porté à travers le monde par la musique, pour construire le dialogue des identités et des cultures, si nécessaire, si fructueux ? Une multitude dartistes lexprimeront le 21 juin à travers toute la France, illustrant la richesse et la diversité de la palette musicale francophone.

Ainsi, à Paris, le Mali sera représenté par Salif Keita, lAlgérie par Souad Massi, le Cambodge par Prach Chhoun, la Hongrie par Mitsou, le Congo par Kékélé – tandis que Soft à Reims, Youssou nDour à Toulouse, Ba Cissoko à Nanterre, Tabarnouche à Barentin, parmi bien dautres, défendront les brillantes couleurs des scènes musicales de Guadeloupe, dAfrique, et du Québec.

Jai tenu également à ce que la jeune création musicale francophone soit à l’honneur, dans léclat de sa diversité, lors dun concert exceptionnel dans la Cour dHonneur du Palais-Royal.

Je vous invite à y écouter Davy Sicard, lune des plus belles voix de lOcéan indien ; mais aussi Darko Rundek et Cargo Orkestar, qui revisitent la musique slave entre jazz, musette et électro. Jai souhaité également que participent à cette soirée Arthur H, conteur d’histoires douces amères qui emprunte sur son piano au jazz, au musette, au tango autant qu’au rythmes africains, orientaux et tzigane, ainsi que lOrchestra Baobab du Sénégal, dont laudace musicale n’a pas de limite !

Autant de talents, dartistes et de couleurs musicales qui porteront au plus haut, jen suis persuadé, leur message douverture, de partage et de diversité dans le concert des cultures du monde, comme dans cette édition exceptionnelle de la Fête de la Musique.

Un message de solidarité, et d’espoir également, adressé à tous ceux qui ont souffert, et souffrent encore, des conséquences de l’ouragan Katrina, qui a ravagé l’une des plus belles villes au monde, la Nouvelle-Orléans, dont des jazz bands nous chanteront l’âme, le 21 juin, lors d’un concert exceptionnel à l’Hôtel Kinski, qui abrite aujourd’hui la Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles.

Le second message que jai souhaité assigner à cette édition anniversaire est précisément celui de la pérennité, de la longévité de la Fête.

Parce quune manifestation spontanée qui réunit plus de 18 000 concerts dans tout le pays et plus de 1000 événements à Paris et en Ile-de-France, qui attire 10 millions de spectateurs pour 800 000 musiciens, et entraîne 5 millions de personnes dans le plaisir de chanter ou de jouer dun instrument, en progression constante dannée en année ; une manifestation de cette ampleur, coordonnée certes, mais non organisée, une manifestation qui sest muée au fil du temps en une véritable fête républicaine, et dont les jeunes, entre quinze et vingt ans, sont pour la plupart intimement persuadés quelle a de tout temps existé, une telle manifestation nous parle. A nous de lécouter, et de lentendre.

Je vous le disais au début de cette brève allocution : je reste personnellement très attaché au lien fondateur de la Fête avec la pratique musicale des amateurs, mais aussi à son pouvoir intrinsèque de resserrer le lien social, les relations entre les générations, et de promouvoir le métissage culturel.

Cest que, dans sa richesse et sa multiplicité, la Fête nous révèle un grand appétit de musique, et, au-delà, une profonde attente de dialogue, déchange et de culture. Elle se révèle un puissant ferment de vie citoyenne et de cohésion sociale.

Porteuse de nouveaux courants musicaux que parfois elle annonce, que toujours elle traduit, elle est animée, par essence, d’un souffle précurseur.

La Fête de la musique est aussi l’événement culturel conçu, par excellence, pour dépasser toutes les barrières érigées par les frontières, les langues, les écritures, les disciplines.

Vous savez combien je suis attaché au rôle de la culture dans la construction dune identité européenne, de même quau respect de légale dignité des cultures dans le cadre dune mondialisation maîtrisée. Devenue européenne avec la Fête Européenne de la Musique, puis pleinement internationale en sétendant aujourdhui à 120 pays et 250 villes sur les 5 continents, la Fête, là aussi, a su ouvrir la voie. Elle incarne brillamment cet idéal de diversité culturelle qui m’est si cher, cet idéal qui fait aujourd’hui l’objet d’une convention adoptée le 20 octobre 2005 par 191 Etats membres de l’UNESCO, actuellement en cours de ratification dans notre pays. Le 22 mars dernier, le ministre des Affaires étrangères a présenté un projet de loi autorisant l’adhésion à la convention en Conseil des Ministres. Il a été déposé le même jour à l’Assemblée nationale en vue d’un examen et d’un vote par les députés, avant d’être soumis au Sénat.

La diversité musicale passe par la diversité des œuvres et des répertoires et par la diversité des acteurs de la musique.

Dans cet esprit, le crédit d’impôt en faveur de la production phonographique, validé par les autorités de la concurrence de Bruxelles le 18 mai dernier, est une innovation majeure pour garantir l’avenir de la diversité musicale et de l’emploi dans l’industrie musicale.

Je rappelle que cette mesure fiscale sappliquera à toutes les dépenses artistiques, de développement et de numérisation des nouveaux talents, dans la limite dun plafond de 500 000 euros par entreprise et par exercice. Une centaine d’entreprises devraient pouvoir en bénéficier. Cette mesure, qui a été inscrite dans le cadre de la loi sur les droits d’auteur et les droits voisins dans la Société de l’Information, aura, dès lors que la loi sera promulguée, un effet rétroactif au 1er janvier 2006 et fera lobjet dune évaluation dans 4 ans, au 31 décembre 2009.

La loi permet le développement des offres légales de musique en ligne, selon des modèles innovants et différenciés, pour satisfaire les attentes de chacun, en garantissant l’accès le plus large aux œuvres, dans le respect essentiel du droit d’auteur, droit fondamental, qui sait s’adapter aux innovations technologiques.

J’ajoute que le crédit d’impôt en faveur de la production phonographique est l’élément clef d’un ensemble de mesures importantes que j’ai présenté au début de l’année, lors du Midem à Cannes. Ainsi, le fonds davances remboursables, géré par lInstitut pour le Financement des Industries Culturelles (IFCIC) et doté de 1,8 millions deuros, mis en place en avril dernier, contribue, par des prêts remboursables, au développement de projets structurels dentreprises indépendantes de la filière musicale (producteur, éditeurs, distributeurs).


En ce 25ème anniversaire, je ne vois donc pas de meilleur message pour cette Fête, que celui de la confiance et de la foi en la force de la musique, ainsi que de la diversité dont elle est elle-même porteuse.

Et maintenant, Mesdames et Messieurs, je résiste évidemment avec peine au plaisir dénumérer quelques-uns des temps forts de cette édition anniversaire. Le site Internet de la Fête et le dossier de presse qui vous sera remis vous en fourniront le détail.

Sachez simplement que cette année, la Fête de la Musique qui, chaque 21 juin, fait le tour de la planète au rythme des fuseaux horaires, entraîne dans sa ronde un nouveau pays, lAustralie, et que, en phase avec Sydney, le coup denvoi de la Fête sera donné à Paris à minuit et une minute, dans la nuit du 20 au 21, aux premières heures du 21 juin donc, par un concert dorgue à Saint-Eustache, tandis que, dans toute la France, dès les premières heures de la matinée, harmonies et chorales donneront laubade pour cette édition exceptionnelle. A Paris, le studio Campus proposera La Roue musicale, soit 24 heures de musique pendant lesquelles de nombreux artistes improviseront librement autour des musiques contemporaines, du free rock et du jazz. Et pour la première fois je crois cette année, cest véritablement une programmation ininterrompue qui investira lensemble du territoire de minuit à minuit, donnant partout droit de cité à la musique.

Je voudrais citer aussi « Le Parcours de la Seine Harmonique », qui proposera aux Parisiens et aux Franciliens une promenade le long du fleuve et des canaux : de Boulogne-Billancourt au quai François Mauriac, du Parc de la Villette au bassin de lArsenal à Bastille, on pourra assister à 25 concerts aux univers musicaux multiples, à limage de la Fête. Musique classique, musiques du monde, jazz, chanson, musique électronique : enfants et adultes, amateurs et professionnels, tous sy retrouveront pour célébrer, dans un même enthousiasme, 25 ans de Fête de la musique.

Je veux aussi rappeler que, grâce à la détermination et à la passion de Louis Bricard, inlassable promoteur de toutes les musiques, nous accueillons avec fierté aux Invalides la renaissance du World Philharmonic Orchestra, formation éphémère composée de 112 chefs de pupitres issus des orchestres de 80 pays différents.

En régions, Xavier Ribes, chef de chœur de lOpéra de Nantes, dirigera 20 chorales qui interprèteront Nabucco de Verdi. A Septèmes-les-Vallons dans les Bouches-du-Rhône, la musique électronique de Barbès D. de Marseille et les chants sacrés du désert des artistes algériens de Béni Abbès suniront pour un concert exceptionnel. A lOpéra de Lille, on assistera à une création de Georges Aperghis, interprétée par des musiciens de lensemble Ictus, des étudiants du Centre de Formation des Musiciens Intervenants de Lille et des musiciens de Naplouse et de Nazareth. A loccasion de ce concert, une collecte dinstruments sera organisée par Music Fund, afin doffrir un soutien matériel aux musiciens des pays en voie de développement et des zones de conflits. Au centre pénitentiaire de Saint Martin de Ré, La Rue Kétanou participera à un concert rencontre avec les détenus, tandis que Rachid Taha se produira à la Maison darrêt de Fresnes.

Autant dexemples qui illustrent lesprit de la Fête et les valeurs, les envies qu’elle incarne, des valeurs de solidarité et de partage, des envies d’émotions collectives, de mieux vivre ensemble.

Je tiens enfin à remercier tous les partenaires et participants, sans qui la Fête ne pourrait avoir lieu. La Sacem, tout d’abord, fidèle partenaire de la Fête depuis lorigine ; le ministère des affaires étrangères, ensuite, qui offre chaque année un magnifique concert dans les jardins du ministère de la coopération, rue Monsieur, et qui a largement contribué au développement de cet événement à travers le monde grâce au réseau culturel français à létranger, que je tiens ici à féliciter pour le travail accompli ; Radio France et France Télévisions, également, qui relaient avec enthousiasme lévénement sur tout le territoire ; A Nous Paris, enfin, qui informe les Franciliens sur tous les programmes en Ile-de-France.

Je tiens à remercier également tous les établissements publics qui participent à la Fête et en particulier le Centre des monuments nationaux, qui, avec la Fnac, offre chaque année des concerts de qualité dans des lieux exceptionnels ; merci aussi au Forum des Instituts culturels étrangers à Paris, de plus en plus impliqués dans la fête, à Ricard Live Music et au Fonds dAide aux Initiatives Rock pour leur implication sans faille, ainsi qu’au Syndicat des Transports d’Ile-de-France, qui met tout en œuvre, à loccasion de cet événement, pour faciliter les déplacements des millions de Parisiens et Franciliens.

Je félicite tout particulièrement toutes les équipes de l’Association pour le Développement de la Création, Etudes et Projets, Hervé Bordier, Sylvie Canal et tous ceux qui les entourent. Ils assurent chaque année la coordination de ce gigantesque événement qui, pour être spontané, nen réclame pas moins une attention minutieuse et un travail de longue haleine.

Les remerciements sont évidemment nombreux, mais ils ne sont que le reflet de l’engouement provoqué par cette grande Fête ! Mes derniers et vifs remerciements iront donc à chacune et à chacun des millions damoureux de la musique qui, cette année encore, le 21 juin, participeront ou assisteront à ce grand rassemblement : ce sont eux qui, par leur pratique, leur engagement et leur enthousiasme, contribuent à nous donner foi et confiance en cette magnifique mission qui nous est confiée, de conduire les politiques publiques en faveur de la musique.

Et à tous – puisque nous sommes tous un peu des enfants de la Fête, nés avec elle à une autre écoute de la musique – je souhaite pour ce 21 juin un heureux anniversaire et une confiance toujours renouvelée dans linfini pouvoir de la musique.

Je vous remercie.

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