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Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Denis Caraty, Freddy Descloud, Michel Dufresnoy et Gerard Oberhauser, artisans d’excellence de maisons du Comité Colbert

Mesdames, Messieurs,

L’artisan et l’Art, au sens de savoir, de technique, de talent et
l’artisan ont même racine, même vocation, même sens.

Je suis très heureux de vous accueillir ce soir rue de Valois pour
cet hommage exceptionnel placé sous le signe de l’excellence et
de la diversité des métiers du luxe et de l’art de vivre, qui sont des
métiers d’art, des métiers de culture. Parce qu’ils s’inscrivent dans
une longue histoire, parce qu’ils façonnent notre sensibilité, notre
culture, et portent l’image de prestige de la France par-delà les
frontières, la France capitale de la haute couture, de la joaillerie,
des parfums, des arts de la mode et de la table, la France fière de
ses savoir-faire et de son art de vivre.

A l’heure où la diversité culturelle s’affirme de plus en plus comme
une valeur universelle, comme une alternative à une
mondialisation qui tend à unifier, à standardiser, à affadir les
cultures, le Comité Colbert, qui regroupe 69 entreprises françaises
du luxe et de la création, soutient, préserve et met en lumière,
depuis plus de cinquante ans, la richesse et la diversité des
métiers d’art. A l’heure du zapping, du jetable, de l’éphémère, du
facile, il valorise l’exceptionnel, l’unique et l’authentique qui
suscitent l’admiration et l’émerveillement de tous.

C’est pourquoi,
j’ai tenu aujourd’hui à rendre hommage, à quatre personnalités, à
quatre artisans exemplaires de l’excellence des savoir-faire et des
métiers des maisons rassemblées au sein du Comité Colbert.
Je salue la volonté du Comité Colbert de sensibiliser le grand
public et notamment le public scolaire, les jeunes qui s’interrogent
sur leur avenir, qui explorent leurs possibilités d’orientation
professionnelle, à la beauté de ces métiers. Et je salue les
nombreuses actions qu’il mène en ce sens, en participant, par
exemple, aux Journées du patrimoine.

Orfèvres, brodeurs, planeurs, verriers, malletiers, selliers,
céramistes, vous êtes tous non seulement des artisans, mais aussi
des virtuoses et des créateurs. Dépositaires de savoir-faire
ancestraux, vous faites également preuve d’une grande capacité
d’innovation et d’un esprit de conquête qui vous honore,
représentant le symbole d’une France fière de ses racines et
résolument tournée vers l’avenir.

C’est l’habileté, l’intelligence, le travail, le talent que j’honore ici ce
soir.

Cher Denis Caraty,

Vous avez étudié la céramique industrielle à l’Ecole nationale
d’enseignement professionnel « Henri Brisson » de Vierzon, avant
d’entrer en 1978 dans les prestigieuses faïenceries de Gien,
fondées en 1821 par Thomas Hall, comme technicien supérieur de
laboratoire. Votre grand talent vous conduit dès l’année suivante à
prendre la tête de l’Atelier Décoration. En 1987, vous êtes nommé
responsable du service Recherches et Laboratoire, et vous
exercez aujourd’hui votre art en qualité de responsable
« Technique céramique ». Votre adresse et votre inventivité dans
le domaine de la céramique, de l’élaboration des pâtes de faïence
et d’émaux, vous ont acquis l’estime de toute la profession.

Je salue votre curiosité et votre passion, qui ont permis d’ouvrir à
nos créateurs contemporains de nouveaux horizons, d’explorer de
nouvelles matières. Garant du savoir-faire ancestral de la
céramique, vous avez récemment mis à jour les techniques
oubliées de décoration en barbotine, pour les communiquer à des
artistes de renom.

Depuis 1999 et votre rencontre avec un céramiste américain du
Mississipi, vous vous êtes également lancé dans l’exploration
passionnante et infinie des grands cristaux, pour donner
naissance à des oeuvres colorées et harmonieuses.

Je salue aujourd’hui votre savoir-faire exceptionnel, votre
inventivité et votre brillante carrière au sein de l’un des
établissements les plus prestigieux de France dans le domaine de
la céramique et des faïences.

Cher Denis Caraty, au nom de la République, nous vous faisons
Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Cher Freddy Descloud,

C’est maintenant l’univers du cuir et de la maroquinerie que nous
abordons avec vous.

Après une formation à la fameuse école de la rue de l’Abbé
Grégoire, vous travaillez comme apprenti dans la société Kuc de
1962 à 1965, puis comme ouvrier maroquinier dans plusieurs
autre sociétés.

En 1986, vous entrez comme sellier maroquinier dans la
prestigieuse société Hermès. Depuis maintenant vingt ans, vous
faites preuve, en tant que technicien supérieur, puis contremaître
de l’atelier « Commandes spéciales », et aujourd’hui en qualité
d’agent de maîtrise, d’une virtuosité hors pair et d’une technicité
exceptionnelle. Vous dosez savamment l’innovation, l’esthétique
et la qualité de vos oeuvres uniques, pour le plus grand bonheur
de vos clients, dont vous ne satisfaites pas seulement, mais
sublimez les envies.

Je rends ce soir hommage à votre ingéniosité, votre habileté et
votre grand talent, qui font de vous une personnalité
emblématique du 24 rue du Faubourg Saint-Honoré et un artisan
patient et passionné, qui enrichit et renforce chaque jour l’image
merveilleuse de la France à l’étranger.

Je salue également votre volonté de transmettre votre art et
l’amour de votre métier, auprès de vos collaborateurs comme de
vos clients.

Cher Freddy Descloud, au nom de la République, nous vous
faisons chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Cher Michel Dufresnoy,

Nous restons avec vous dans l’univers du cuir, puisque vous
exercez le métier de maroquinier malletier depuis maintenant
trente ans.

Votre vocation est précoce : dès 16 ans, vous décidez de suivre
une formation de maroquinerie. Vous intégrez la luxueuse maison
Louis Vuitton en 1989, où vous apprenez toutes les opérations de
fabrication des bagages et des malles mythiques de la marque.

Vous devenez alors un malletier expert, capable de fabriquer la
structure en peuplier, d’assurer le montage et l’habillage de tous
les produits, de l’écrin à bijoux à la malle cabine. Vous pouvez
travailler toutes les matières, la toile monogrammée comme les
cuirs exotiques, et trouver des solutions astucieuses et innovantes
pour des commandes particulières.

Je salue votre souci de la perfection et de l’excellence, je salue
aussi votre volonté de faire rayonner votre savoir-faire, par vos
interventions dans des évènements et des expositions en Asie et
notamment au Japon.

Cher Michel Dufresnoy, au nom de la République, nous vous
faisons chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Cher Gérard Oberhauser,

Nous célébrons avec vous l’art de la verrerie, l’art de modeler
cette matière qui « fait voir la vie en beau », comme l’écrivait
Baudelaire.

Après un CAP de verrerie à la main, vous entrez en 1982 dans la
maison Saint-Louis, d’abord en tant que cueilleur, pour prélever la
matière en fusion dans le creuset, puis très rapidement comme
souffleur. Cinq ans plus tard, vous devenez faiseur de pied et vous
obtenez le titre de Chef de place.

En 1997, vous êtes Meilleur Ouvrier de France, une distinction
prestigieuse qui couronne votre savoir-faire exceptionnel dans ce
métier unique, mystérieux, dans cet art fascinant de transformer
des milliers de grains de sable en cette pâte malléable, docile, qui
peut revêtir une infinité d’aspects et qui, une fois sèche, devient
aussi dure que fragile, transparente et belle.

Je salue à travers vous ce métier merveilleux et noble, ce combat
subtil, exigeant et ardu, de l’homme contre la matière, de l’homme
avec la matière, cet art d’alchimiste, de magicien, que vous
exercez avec tant de talent.

Cher Gérard Oberhauser, au nom de la République, nous vous
faisons Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

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