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Assises nationales de l'Éducation artistique à Nantes

Madame la Conseillère régionale,

Madame la Vice-présidente du Conseil général,

Monsieur l'Adjoint au Maire de Nantes,

Monsieur le Président de l'Association nationale de recherche et d'action théatrale (ANRAT), cher Jacques Lassalle,

Monsieur le Directeur de l'enseignement scolaire,

Mesdames et Messieurs,

Chers Amis,

J'ai personnellement tenu à venir à Nantes ce matin. II m'a paru essentiel de vous écouter, de débattre, d'échanger, de
réfléchir avec vous, de recueillir vos propositions, de saluer votre travail et votre mobilisation.

Parce que I'éducation
artistique et culturelle est un enjeu majeur. Parce que nous sommes au coeur de I'ardente nécessité, de I'ardente
obligation de I'éducation, dans son sens le plus large, c'est-à-dire de l'éducation à la citoyenneté, à la liberté et à
l'intelligence.

Permettez-moi de vous proposer de placer vos assises, cher Jacques Lassalle, sous le parrainage, non pas
seulement des professionnels ici rassemblés, de votre association qui les organise, des collectivités qui nous accueillent
et de l'État qui vous soutient, mais d'abord de la figure tutélaire de Condorcet, lorsqu'il rappelait que I'éducation " est pour
la puissance publique un devoir imposé parl'intérêt commun de la société, par celui de l'humanité entière ".

Je I'ai dit en installant, à l'école du Louvre, le 19 octobre dernier, le Haut Conseil de I'éducation artistique et culturelle,
dont vous etes membre, cher Jacques Lassalle, et je le redis aujourd'hui : l'heure n'est plus à l'incantation, mais à
l'action. Des quinze jours de violences qui ont déchiré notre tissu social urbain, notre conviction à tous sort, non pas
ébranlée mais renforcée. Faisons la partager et avancer ensemble !

Oui, I'éducation artistique et culturelle s'affirme plus
que jamais comme la premiére clef de l'égalité des chances qui doit être donnée à chaque enfant. La culture doit prendre
le chemin de l'école et I'école s'ouvrir davantage encore à l'art et à la culture. Ce qui est en jeu, c'est la construction d'un
bien commun, d'un avenir commun, d'une volonté de vivre ensemble, l'épanouissement de chacun dans notre
République, et dans un monde, où la reconnaissance de la diversité culturelle est non seulement une valeur, mais aussi,
à présent, un principe de droit international, consacré par la conférence générale de l'Unesco – par les représentants des
191 Etats qui la composent – le 20 octobre dernier, à l'unanimité moins deux voix.

C'est dire combien vos propositions, et
le travail que vous faîtes pendant ces trois jours sont précieux. Ici et maintenant. D'autant que ces trois jours d'assises
nationales sont, je le sais, le résultat de cinq années de rencontres régionales. Du Creusot en octobre 2000 jusqu'à
Nantes aujourd'hui, c'est de votre état des lieux, de vos expériences, de vos analyses, de vos observations, de vos
débats, que nous allons tirer les leçons pour « inventer l'avenir », selon votre belle formule, et, ce cap tracé, agir dans le
présent. Mais sans faire table rase du passé. Car ce sont aussi plus de vingt ans d'action et d'initiative de I'ANRAT, qui
ont inventé, accompagné et développé ces rencontres avec le spectacle vivant, que vous appelez le « théatre-éducation
».

Et je sais que le fait que vos assises nationales se tiennent à Nantes ne doit rien au hasard. Je I'ai dit
lorsque je suis venu à la Folle journée. Nous sommes dans une région, un département, une ville qui se sont toujours
illustrés par leur passion, leur mobilisation, leur énergie, leur sens de l'initiative, leur rayonnement. Je tiens à vous en
rendre hommage, Mesdames et Messieurs les élus.

L'action des cinq associations de théatre-éducation », membres de I'ANRAT, qui ont plus particuliérement contribué à
l'organisation de ces journées, est uaussi exemplaire. Je tiens à les citer et à vous en féliciter, Mesdames les Présidentes,
Messieurs les Présidents : pour la Loire-Atlantique, I'association Comète, pour le Maine-et-Loire, l'association En jeu, pour la Vendée, I'association Vents et Marée, pour la Mayenne, I'association Amlet, pour la Sarthe, I'association Théâtre
pour l'avenir, en y associant les scènes nationales de la région et les scènes conventionnées, également partenaires de
ces assises, aux c6tés des collectivités et de I'Etat. Et je sais que la Maison de la Culture de Loire-Atlantique, qui nous
accueille aujourd'hui, Monsieur le Directeur, mène depuis plusieurs années une politique ambitieuse « d'école du
spectateur » qui concerne 85 classes, soit plus de 2000 élèves de collège.

Je suis, je l'ai dit, venu à Nantes, d'abord pour vous rencontrer et recevoir vos propositions. Mais permettez-moi
auparavant de rappeler certains objectifs, certains faits, certaines responsabilités et certaines vérités qui me tiennent à
coeur.

Je reviens un instant, tout d'abord, sur le plan de relance que j'ai présenté en conseil des ministres le 3 janvier dernier, et
sur la circulaire du même jour, qui, pour la première fois, a demandé à toutes les structures subventionnées par le
ministère de la Culture et de la Communication, de mener une action éducative. Parallèlement, au ministère de
I'Education nationale, tous les projets d'établissement devront désormais comporter un volet d'action artistique et
culturelle. L'idée centrale est de demander A l'ensemble des établissements scolaires de s'associer avec une équipe
artistique, une structure ou un lieu culturel, pour assurer une ouverture des éléves au monde des arts et de la culture, par —
la présence conjointe, dans un projet commun, d'une parole pédagogique et d'une parole artistique et culturelle. C'est ce
que j'appelle le principe du jumelage.

II s'agit de franchir un pas décisif, en demandant aux établissements scolaires de s'associer ainsi avec un artiste, une
structure ou un lieu culturel. Ce jumelage, compagnonnage ou parrainage réciproque doit éveiller l'esprit des enfants aux
formes artistiques et culturelles et inscrire cet apprentissage dans une compréhension de notre héritage culturel et de nos
créations contemporaines.

Les élèves pourront ainsi s'approprier une oeuvre de création, un édifice, un quartier, un musée, sans chercher à
privilégier le passé par rapport au présent, mais en apprenant à se situer dans une continuité qui n'est jamais exempte de
ruptures. Ainsi, le viaduc de Millau comme le pont du Gard, sont à la fois des symboles et des édifices, insérés dans leur
environnement, qui réunissent des mondes nouveaux et anciens, en témoignant de la créativité des hommes.

En second lieu, le dispositif gouvernemental des contrats aidés du Plan d'urgence pour l'emploi, décliné pour la Culture et
l'éducation nationale, permet aux Directeurs régionaux des affaires culturelles et aux Recteurs, d'utiliser avec les
structures concernées et les collectivités partenaires, toutes les possibilités de ces emplois aidés pour l'éducation
artistique et culturelle. La constitution des pôles Culture dans les régions, que j'ai souhaitée et mise en oeuvre, permet
cette synergie nouvelle.

Je pense précisément à l'emploi d'artistes ou de médiateurs culturels dans les services éducatifs des structures
culturelles ; mais aussi à l'emploi de jeunes en contrats vie scolaire qui, au sein des établissements, pourront contribuer à
une meilleure découverte de leur environnement culturel de proximité.

Les collectivités territoriales, je m'empresse de le dire, devront copiloter cette politique.

Je tiens à rendre hommage aux collectivités locales, comme je le fais à chacun de mes déplacements à travers la
France, parce qu'elles ont accompli un effort décisif en faveur de la culture, pour toucher des publics de plus en plus
larges et sensibiliser les plus jeunes, dans le cadre scolaire et péri-scolaire. On n'a pas encore, à mon sens, tiré
totalement parti de l'effort de maillage culturel du territoire qui a été réalisé, depuis trente ou quarante ans ! Je pense aux
réseaux de bibliothèques, de centres d'art, de musées, de lieux patrimoniaux et de mémoire, d'écoles de musique, et au
premier chef aux équipes théâtrales et tous les lieux consacrés au spectacle vivant, qui contribuent, de façon
déterminante, à I'éducation aux arts et à la culture dans chacun des équipements de proximité.

Je pense aussi à l'ouverture des lieux, de tous les lieux, en dehors même de l'école, aux activités artistiques et
culturelles, aux jeunes, à tous les publics, au spectacle vivant, bien sûr, mais aussi aux tournages de films, par exemple,
qui toucheront de nouveaux publics. J'ai voulu multiplier les occasions de rencontres, d'échanges, d'ouvertures, entre les
artistes, les institutions et les publics. Je tiens à ce que tout lieu qui bénéficie du soutien de I'Etat soit engagé dans cette
responsabilité. L'Etat dispose là d'une vraie marge de manoeuvre, aux côtés des collectivités territoriales.

Bien sûr, sur le plus long terme, il nous faut approfondir la réflexion, entre la rue de Valois et la rue de Grenelle, sur la
place de I'éducation à la culture dans les cursus éducatifs, au-del8 des seuls enseignements artistiques traditionnels, et
de leur intégration au sein du socle fondamental des connaissances. C'est l'une des missions essentielles du Haut
Conseil de I'éducation artistique et culturelle, qui devra aussi, bien entendu, travailler sur vos propositions.

Je ne suis pas, et je ne serai jamais, le ministre du désengagement de I'Etat. Mesdames et Messieurs les élus, je vais
défendre mardi 15 novembre mon budget devant les commissions de l'Assemblée nationale et du Sénat. J'ai besoin de
votre soutien, de vos incitations à faire plus, et mieux, mais aussi de vos encouragements. Je sais qu'il faut faire plus. Le
rapport de Mme Marland-Militello, au nom de l'Assemblée nationale, va aussi nous y aider. Mais, pour 2006, je vous
rappelle que le ministère de la Culture et de la Communication consacrera à I'éducation artistique et culturelle près de 40
millions d'euros.

– Cette somme se décompose, tout d'abord, en 29 millions d'euros inscrits au projet de loi de finances 2006, pour
accompagner la mise en oeuvre du Plan de relance de I'éducation artistique et culturelle, qui est une priorité de la
politique que je mène depuis vingt mois, avec le soutien des élus locaux et nationaux, et des professionnels, pour
replacer le spectacle vivant, l'art et la culture, au coeur de la cité. Dans ce même esprit, j'ai conforté les moyens
alloués aux structures artistiques et culturelles subventionnées, afin qu'elles puissent présenter un projet d'action
éducative dès 2006.

II faut y ajouter les crédits consacrés, sur leur budget de fonctionnement, par les établissements publics et les
structures artistiques et culturelles subventionnées par le ministère, aux actions d'éducation artistique et culturelle,
estimés à environ 11 millions d'euros en 2006.

Ma politique en faveur de I'éducation artistique et culturelle constitue l'un des volets du plan pour l'emploi que j'ai mis en
oeuvre en faveur du spectacle vivant. Je souhaite d'ailleurs mieux asseoir les interventions en milieu scolaire sur des
projets de création, parce que le plateau n'est plus le seul espace de création.

L'éducation artistique n'est donc plus une mission périphérique. Elle devient ce qu'elle est, une mission centrale.

La volonté politique est là. Vous connaissez la mienne. Elle engage l'ensemble du gouvernement. Le Premier ministre, l'a
exprimée Ifortement A la FIAC, en déclarant, à propos de I'importance de l'intervention des artistes dans le domaine de
I'éducation : « dans un temps qui gomme les aspérités des choses et laisse grandir l'uniformité, leur présence est plus
que jamais nécessaire. Donnons-leur la place et le r61e qu'ils réclament. Apprenons à nos enfants à regarder, à écouter,
à être ouverts à la création artistique dans son ensemble ».

Mon collègue de I'Education nationale, lors de l'installation du Haut conseil, est allé dans le même sens. Nous pouvons
nous en réjouir. Je suis lucide. Mais je suis optimiste, car je sais que toutes les conditions sont aujourd'hui réunies pour
que votre mobilisation, à laquelle je m'associe pleinement, soit entendue et suivie d'effets. Parce que jamais les attentes
n'ont été aussi fortes, jamais les énergies aussi grandes, jamais, sans doute, notre volonté aussi partagée, par les
enseignants, par les élus, par tous les partenaires de la communauté éducative, mais aussi par les artistes et les
responsables d'institutions culturelles que vous représentez. Je suis très sensible à I'importance de vos expériences, de
vos initiatives, et de vos propositions.

Sachez que je vous en remercie, car je sais que cela représente le fruit de vos
travaux, de la longue expérience de votre réseau, comme des projets et des réussites qu'il a menés à bien. Vous me
trouverez toujours à vos côtés pour les faire aboutir, et je compte sur vous pour m'y aider.

Je vous remercie.

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