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Assemblée générale de la FICAM – Fédération des industries du cinéma, de l'audiovisuel et du multimédia

Mesdames les Présidentes,

Messieurs les Présidents,

Monsieur le Délégué général,

Chers Amis,

Je suis très heureux de participer à votre assemblée générale, pour plusieurs raisons. D
'abord, parce que c'est, je crois, une première. Je tiens à vous dire, à titre personnel, en tant
que spectateur et amateur de films, et en tant que ministre de la culture et de la
communication, combien je suis conscient du rôle essentiel des industries techniques dans
la grande chaîne de la création, qui fait la vitalité et la richesse de la diversité culturelle et la
réussite de notre cinéma et de notre production audiovisuelle.

Le cinéma et l'audiovisuel sont à la fois des arts et des industries. Etymologiquement, le mot
" art " signifie " technique ". Il n'y a pas d'art, dans quelque domaine que ce soit, sans
technique. Et dans aucun autre domaine sans doute que l'audiovisuel, le cinéma et le
multimédia, la technique et les industries que vous représentez ne jouent un rôle aussi
important pour la création. Il faut attendre la fin du film, la fin du générique de fin, pour
attendre la mention du ou des laboratoires sans qui le film ne serait pas. Mais en fait, au sein
de la grande chaîne de la création, vous vous situez tout au début ; je ne fais pas de
différence entre les oeuvres de l'esprit et les procédés techniques qui permettent de les
réaliser. Lorsque je suis allé avec François Fillon, après notre communication commune au
conseil des ministres sur l'éducation artistique et culturelle le 3 janvier, dans un collège du
Val d'Oise, pour montrer l'importance que nous attachons tous deux à la relance de cette
éducation qui fait partie du socle fondamental des connaissances que chaque élève doit
maîtriser, nous avons réalisé, avec un artiste photographe, et des élèves de 6e et de 5e, des
photogrammes, procédé technique à la base de la photographie, dont Man Ray et les
surréalistes ont très tôt compris le très riche potentiel artistique.

C'est en raison même de votre place essentielle dans la vitalité culturelle et artistique de
notre pays que je suis très sensible à vos préoccupations, à l'écoute de vos difficultés et de
vos propositions, décidé à agir avec vous, pour vous aider à relever les défis qui sont devant
vous. Pour l'emploi, pour l'activité, pour la création, qui sont des atouts décisifs dans le
monde d'aujourd'hui.

Après la crise grave traversée par les industries techniques du cinéma et de l'audiovisuel, et
des restructurations qui se sont hélas soldées par des rapprochements et des fermetures
d'entreprises, 2004 fut en quelque sorte une année de convalescence. Vos difficultés se sont
aplanies dans le cadre d'un marché structuré autour de grands pôles d'activité, qui se
concentrent désormais sur leurs coeurs de métiers respectifs. Dans le même temps, les
Français retrouvaient le goût du cinéma comme ils ne l'avaient jamais fait depuis longtemps.

Je sais que certaines entreprises restent dans une phase difficile, mais globalement, vous
conviendrez que le marché s'est raffermi, dans un paysage économique en profonde
mutation.

Des difficultés structurelles demeurent, que je ne méconnais pas. Je sais les problèmes de
coûts auxquels vous êtes confrontés. Je sais aussi que vous êtes entrés de plain pied,
comme toutes les industries de l'image et du son, dans l'ère numérique. C'est une véritable
révolution.

Après des années d'investissements lourds en outils numériques et matériels informatiques,
tant au niveau de la captation (caméras) qu'à celui de la post-production, une nouvelle
révolution se dessine : la multiplication des canaux et des formats de diffusion, qui autorise
déjà aujourd'hui la télévision sur ADSL et la vidéo à la demande (VOD) et, dès cette année,
la TNT, puis, demain, la télévision haute-définition.

Autant de défis, mais aussi de nouvelles occasions de croissance et de développement, à
saisir pour le secteur des industries techniques.

Mon action à vos côtés a pour objectif essentiel de vous aider à franchir ce nouveau cap.

Le rapport de Pierre Couveinhes, président de la commission d'aide sélective aux industries
techniques du CNC, nous a éclairés sur la nature des difficultés de votre profession. Il a
inspiré l'action des pouvoirs publics à tous les niveaux. Le CNC a ainsi facilité l'accès à la
commission des " petits " dossiers, ouvert ses critères d'aide, et l'IFCIC a mis en place une
intervention spécifique, dont j'ai demandé une évaluation.

Bien sûr, la mesure essentielle, vous l'avez rappelé, Monsieur le Président, c'est le crédit
d'impôt.

Car si l'année 2004 semble marquer un redressement de votre activité, nous le devons en
grande partie au succès du crédit d'impôt qui a permis une relocalisation de plus en plus
importante des tournages, et ce mouvement devrait s'intensifier cette année avec les deux
grandes mesures que j'ai souhaitées instaurer : l'élargissement du plafond du crédit d'impôt
cinéma , et l'extension du crédit d'impôt aux productions audiovisuelles.

Nous devons aussi
l'amélioration de la situation du secteur à l'apport des fonds régionaux, dont l'abondement
par l'Etat sera étendu dès cette année à l'audiovisuel.

Je rappelle aussi que le Gouvernement a décidé d'abonder le budget de France Télévisions,
afin de lui permettre de mieux aider la création audiovisuelle.

Au-delà de ces mesures très efficaces, d'autres, plus ciblées, constituent un enjeu
fondamental pour relever les nouveaux défis technologiques du numérique, je pense
notamment au renforcement des aides aux investissements des industries techniques, aux
projets de recherche et de développement, grâce au réseau investissement et aide au
multimédia (RIAM), ainsi qu'au soutien à la formation professionnelle, qui est un enjeu
fondamental pour relever les défis du numérique.

Je suis par ailleurs tout à fait conscient des conséquences de l'arrêt de la majoration, dite du
" 1% " par jour de tournage en studio de soutien investi par les producteurs, le 25 mars
prochain. Cette échéance se rapproche à grands pas. J'ai demandé au Centre national de la
cinématographie de mener une réflexion sur la possibilité d'aider, à l'avenir, de manière
sélective, les productions économiquement les plus fragiles à tourner en studio, lorsque les
exigences artistiques d'un scénario l'exigent, mais que les moyens dont disposent les
producteurs du film sont insuffisants pour réaliser ce souhait. Je tiens à ce que votre
fédération soit très prochainement consultée par le CNC à ce sujet.

Vous êtes extrêmement soucieux de la réforme de la taxe professionnelle. Il est vrai que
dans le système actuel, les industries techniques, qui sont des entreprises qui investissent,
sont pénalisées. Dans le cadre de la refonte globale de la taxe professionnelle, je veillerai à
faire valoir les spécificités des industries techniques du cinéma et de l'audiovisuel.

A l'avant-veille de l'ouverture du festival du court métrage à Clermont-Ferrand, où je me
rendrai, je tiens à vous dire combien j'apprécie l'importance du soutien que vous apportez à
la production de courts métrages, un soutien très concret à la création et aux jeunes talent,
qui passe notamment par le prêt de matériels ou par des efforts tarifaires qui méritent d'être
soulignés et salués.

Au-delà de l'étude de mesures spécifiques à la production de courts métrages, j'ai demandé
au CNC d'engager une réflexion avec votre fédération sur la possibilité de créer une
association des industries techniques en faveur du court métrage, qui pourrait
éventuellement s'appuyer sur une structure existante ou préfigurer une future fondation. Je
sais que ces travaux sont actuellement en cours.

Cette association permettrait de rendre plus visibles les efforts réels et importants accomplis
par les industries techniques, mais aussi de vous faire bénéficier des avantages liés au
régime du mécénat.

Vous savez sans doute que j'ai réuni, la semaine dernière, autour d'une même table, dans le
cadre prestigieux du musée d'Orsay, les professionnels du cinéma, de l'audiovisuel et de nos
musées et monuments nationaux pour constituer un véritable réseau destiné à faciliter
l'accueil des tournages du monde entier en France, au sein de notre patrimoine et de nos
paysages sans équivalents dans le monde. Mon objectif en effet n'est pas seulement d'éviter
les délocalisations, et de relocaliser les tournages en France, comme nous sommes
parvenus à le faire grâce aux crédits d'impôts. Il est aussi de renforcer l'attractivité de notre
pays pour les créations du monde entier.

Je l'ai dit lundi soir, toujours au musée d'Orsay, pour la soirée de clôture d'Unifrance, je
souhaite faire en sorte que le Centre national de la cinématographie puisse agréer des films
d'expression française qui auront été financés à partir de capitaux étrangers. Dans le même
esprit, je souhaite que, dans le cadre de la concertation qui se poursuit avec les
organisations du cinéma, soient trouvés les voies et moyens d'une ouverture régulée du
compte de soutien aux capitaux extra-européens. Je suis soucieux que la France puisse
accueillir les tournages européens et internationaux dans les meilleures conditions
d'attractivité possibles.

Il s'agit du développement de nouveaux marchés, de nouvelles perspectives d'activité et
d'emplois pour vos industries. Je suis ouvert à vos propositions en la matière, en particulier
sur la définition des critères indispensables pour réguler cette ouverture. Je sais quelles sont
vos inquiétudes. Je ne doute pas de votre motivation et de votre créativité. Ne doutez pas de
ma détermination, dans ce domaine comme dans d'autres, à vous apporter des réponses
concrètes. Il s'agit de la vitalité de nos industries culturelles, et, en définitive, du rayonnement
de notre culture et de nos créations en Europe et dans le monde, dans une année décisive
pour la diversité culturelle.

Je vous remercie.

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