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L’Europe, de la Méditerranée à l’Oural ?

6 décembre 2002

L’élargissement de l’Europe est une chance, une victoire, une responsabilité. C’est une étape qu’il faut activement préparer pour qu’elle soit saluée comme une réussite par nos concitoyens. En France, ce n’est pas encore le cas… On peut toujours dans la vie politique se rassurer à bon compte et penser que tout s’arrange naturellement et spontanément. Imaginer que nos concitoyens marchent au même rythme que les élites dirigeantes. Eh bien, ce n’est pas vrai ! Parfois d’ailleurs ils les précèdent ou les surprennent. En témoigne la facilité assez déconcertante avec laquelle est entré dans la vie quotidienne de chaque Français le recours à l’euro. A tel point que les « refuzniks » n’ont pas pu relancer leur projet de nouveau référendum dans les semaines qui précédèrent ce 1er janvier 2002. C’est d’autant plus impressionnant que se fermait à cette date une histoire très riche de nos monnaies respectives, de leur valeur, des effigies figurant sur les pièces et des symboles sur les billets.

Mais ne nous rassurons pas à bon compte ! L’opinion est capable également de coup de tonnerre, d’avertissement, voire de refus carré et direct lorsque les enjeux ne sont pas suffisamment clairs ou que les avancées reposent sur des bases contestées parce que contestables.

N’oublions jamais que dans les démocraties européennes – et c’est là notre supériorité sur tout autre régime politique – c’est le peuple qui a toujours le dernier mot, notamment au moment de la ratification, qu’elle soit parlementaire ou référendaire.

Si l’on veut convaincre, faire adhérer à notre projet européen, aux défis que nous avons à relever, alors oui, il faut vraiment aller de l’avant. A la rencontre. Au contact. Sans esquive. Avec lucidité, panache, réalisme, fièvre de l’avenir. Sans méconnaître les craintes, les doutes, les nostalgies, les références historiques, les fantasmes qui parfois s’emparent d’un peuple et le détournent des voies qu’on croyait lui tracer de manière lumineuse, évidente, « naturelle », prospective.

L’élargissement de l’Europe est une chance, une victoire, une responsabilité. C’est une étape qu’il faut activement préparer pour qu’elle soit saluée comme une réussite par nos concitoyens. En France, ce n’est pas encore le cas, d’où l’utilité du « grand » discours européen de Dominique de Villepin, qui a su à Marseille avec un talent très rare, relier de manière éblouissante les racines spirituelles, les cicatrices du passé avec les objectifs des générations nouvelles pour lesquelles  la liberté compte plus que l’histoire.

C’est une victoire fantastique que d’avoir réussi à faire gagner le camp de la liberté, des droits de l’homme, du rayonnement spirituel et humain sur notre continent, marqué au siècle dernier par les barbaries que l’homme commet parfois avec une rare férocité et une indignité monstrueuse.

L’accueil des pays et des peuples « libérés » est une fête, un devoir, une promesse d’avenir, même s’il exige une solidarité active, un dépassement de soi, une ouverture à l’autre qui heurtent toujours les conformismes, les habitudes, les frilosités.

N’oublions pas d’ailleurs de mettre en lumière les efforts considérables faits par les gouvernements et les citoyens des 10 pays qui vont rejoindre l’Union Européenne pour « mériter » leur adhésion et se rapprocher de nos normes. Cette communication nécessaire est essentielle si l’on veut rassurer ceux de nos concitoyens qui considèrent que nous faisons collectivement un saut dans l’inconnu. Elle est impérative pour rapprocher, pour illustrer qu’il s’agit bien d’une réunion de famille.

Que chaque école de France, chaque collège, chaque centre de formation d’apprentis,  chaque lycée, chaque université, en 2003 aient à cœur civique d’organiser une exposition sur chacun des 10 pays nouveaux, sans peut-être oublier les 15 membres existants ! Que les parents prennent le chemin européen préparé par leurs enfants !

Ne faisons pas semblant d’oublier que s’ouvre un débat délicat qu’il faut assumer, celui du périmètre de l’Union Européenne. Faire l’impasse sur les questions qui parcourent l’esprit des peuples en ce moment, c’est la certitude de l’échec au moment décisif de la ratification. C’est là que nous devons analyser avec finesse et discernement la nature des liens que forge et que consacre l’Europe.

La valeur européenne suprême est certainement le respect du pluralisme, de la diversité, le culte de la liberté, le refus de l’uniformité et de l’idéologie qui brisent les racines, les cultures, les traditions, les terroirs, les croyances.

Ce qui réunit les peuples européens de manière relativement instinctive, même si « l’instinct » nous a sauvagement conduits « entre nous » à la guerre, au fanatisme, à l’extermination, au génocide, à la déportation, à la barbarie, au crime contre l’humanité, est une même volonté, une même manière de vie en commun, où les principes de la démocratie, des droits de l’homme, de la liberté absolue de conscience et de création, façonnés par l’histoire, par la civilisation, par la culture, par l’éducation, par la géographie, sont reconnus comme inaliénables et sacrés.

Sacrés, au sens spirituel et non religieux du terme ! Il semble à cet égard urgent, tant en ce qui concerne l’histoire du monde que celle de l’Europe, de la France, de chacune de nos villes, de rappeler à chacun fortement que la religion doit rester le privilège de l’individu, de la personne humaine, libre de sa foi, de ses croyances, sans devenir une nouvelle nationalité, une bannière politique détournée de sa mission spirituelle à des fins de frontière, de guerre, de conquête, de terrorisme, de fanatisme, d’intégrisme.

Eradiquons clairement partout l’appartenance religieuse comme seul discriminant politique, tout en permettant et en garantissant à chacun le libre choix et la libre pratique de son culte. Il y va de la paix civile et internationale. La laïcité redevient au fond, lorsqu’elle n’est pas conçue comme la négation agressive de toute religion mais comme le respect de l’altérité, une valeur européenne fondamentale qui peut être célébrée dans nos églises, nos temples, nos synagogues, nos mosquées, sous les voûtes célestes romanes, gothiques ou contemporaines, dans nos écoles et nos mairies.

L’Europe est une construction politique, rassemblant les hommes et les femmes qui décident de créer ensemble leur avenir personnel et politique. C’est le fruit d’une décision. C’est le résultat d’un acte volontaire. C’est l’aboutissement d’une démarche réfléchie. Ce n’est pas un asservissement déterminé et aveugle à la géographie, à la religion ou à la richesse. Ce n’est pas uniquement un marché. Ce n’est pas une organisation destinée à pacifier les conflits internes comme voudraient le faire croire ceux qui nous font le faux procès de la tiédeur et du renoncement. C’est une entité véritablement politique apte à la décision, à la gestion en commun, à l’expression concrète du futur.

La seule limite à l’Europe tient à la volonté politique des peuples qui la constituent.

Qui devons-nous accueillir ? Qui souhaitons-nous associer à notre aventure commune ? Comment s’ouvrir sans exclure, tout en restant fidèle à ce que nous sommes ? Selon quels critères opérer ces choix, avec quel calendrier ? Telles sont les questions qui surgissent tel l’éclair voire l’ouragan dans chacune de nos démocraties. Ces interrogations façonnent naturellement la conception même de l’union européenne. Mais il ne faut pas pour autant tomber dans la caricature à l’excès et désigner par trop d’anticipation la candidature de tel ou tel Etat comme le bouc émissaire absolu, comme le signal du renoncement à construire une Europe démocratique forte.

Une vraie question appelle une réponse non polémique mais claire et comportant le cas échéant des alternatives. Les motifs de la réponse sont de ce point de vue essentiels, car ils peuvent générer des effets boomerang négatifs, ou au contraire inciter à persévérer dans la spirale vertueuse d’un renforcement de la démocratie politique, du respect des droits de l’homme, bref de la communauté d’intérêts et de destin.

Si l’Europe réintroduisait dans ses critères de décision le concept religieux, alors le pire serait à craindre dans chaque Etat qui veut ardemment réussir l’intégration de chaque citoyen quelle que soit son origine.

Evitons de grâce les errements graves qui de dérapages verbaux en glissement de pensée conduisent parfois à parler sur les ondes des « Français d’origine musulmane », comme si la religion pouvait s’identifier au concept exclusif de nation, de terre, de patrie.

Les termes du choix viennent d’être puissamment éclairés par le discours « méditerranéen » de Dominique de Villepin, récemment désigné par le Président de la République et le Premier Ministre pour siéger à la Convention européenne comme son homologue allemand vient de l’être également. Ce parallélisme est d’ailleurs un signal fort à l’approche de la commémoration des 40 ans du Traité de l’Elysée.

Notre Ministre des Affaires Etrangères trace les pistes de l’avenir en distinguant les « membres », les « partenaires »,  les « associés », en ayant pris le soin intelligent et stratégique de tenir ce discours sur la rive nord de l’Europe méditerranéenne, dans ce port extraordinaire qu’est Marseille, dans cette ville fascinante modernisée avec talent par Jean-Claude Gaudin.

Oui, en effet, se pose avec force la question du renforcement des liens politiques, économiques, sociaux, culturels, diplomatiques et militaires entre les pays du bassin méditerranéen auquel nous appartenons.

Comment ne pas souhaiter que le Maroc, la Tunisie, l’Algérie et demain d’autres Etats, dès que le règlement du conflit israélo-palestinien le permettra, puissent s’engager dans le processus avec l’union européenne ayant comme devise « moins que l’adhésion et plus que l’association ».

Nombreuses sont les initiatives qui vont dans ce sens : du processus de Barcelone au « Forum méditerranéen » sans oublier « le dialogue 5+5 ».

« L’Europe, de la Méditerranée à l’Oural » ! C’est un bel objectif.
Alors, veillons à ce que la « question turque » qui surgit légitimement avec force dans le débat européen n’accapare pas à elle seule l’opinion publique qui découvre seulement maintenant que 10 nouveaux Etats vont être admis dans quelques jours à l’adhésion dès 2004, avec une population et une superficie totale égales à la seule Turquie. Veillons à ce qu’elle ne nous éloigne pas des solidarités que nous devons renforcer de façon prioritaire avec l’ensemble de nos frères du Sud de la Méditerranée.

Veillons à ce que les considérations stratégiques réelles, illustrées par notre appartenance commune à l’OTAN, n’escamotent pas la réflexion sur l’équilibre institutionnel nécessaire à cette grande Europe, à cette très grande Europe…

Rappelons ici que les critères fixés à Copenhague sont à remplir pour être membre de l’union européenne et que la Commission est un examinateur vigilant.

Nul doute qu’une manière de résoudre cette équation « diabolique » et délicate, réside dans le fait que les institutions européennes rénovées soient non seulement fortes et démocratiques mais également souples pour que d’utiles coopérations renforcées au sein de l’union européenne puissent se nouer, sans pour autant ressusciter un sentiment nostalgique de « vieille Europe » !

Le débat sur l’élargissement, à l’ordre du jour du sommet de Copenhague, qui ne fait que débuter, contrairement aux apparences, vaut beaucoup mieux que des règlements de comptes politiciens ou des calculs électoraux à courte vue.

Pour susciter la confiance et l’adhésion à notre projet européen, le dialogue en direct établi avec le peuple français  par le Président de la République, le Premier Ministre et son Gouvernement, est nécessaire et urgent.

A eux, à nous tous, de donner une identité claire, des pouvoirs forts à la nouvelle Europe que nous voulons construire. Au peuple ou à ses représentants, le moment venu, de décider souverainement.

Droit de vote : Jean Germain, Maire de Tours, cautionne un simulacre de consultation démocratique !

5 décembre 2002

Il est étonnant, voire choquant que Jean Germain, premier magistrat de la ville de Tours, propose les locaux de la mairie comme lieu officiel de vote…  Un ensemble d’associations oeuvrant dans le domaine de l’intégration et de mouvements proches de la gauche et de l’extrême gauche, demandent à tous ceux qui résident à Tours et âgés de plus de seize ans, de se prononcer ce week-end sur l’éternelle question du droit de vote et de l’éligibilité des étrangers sur le thème « même sol, mêmes droits, même voix ».

Au-delà de son aspect purement « médiatique » et « provocateur », et non dénuée d’arrière-pensée politique, cette opération pose le problème de l’intégration et de l’assimilation des hommes et des femmes nouvellement résidents en France, n’appartenant pas à la communauté européenne et non encore naturalisés.

L’objectif poursuivi par les organisateurs, avec la bienveillance de Jean Germain – au fond que pense-t-il du droit de vote des étrangers ? Sera-t-il sur ce sujet comme sur tant d’autres un caméléon ? – est clair : créer la confusion dans les esprits des intéressés et de nos concitoyens entre d’une part le droit de vote obtenu de « manière automatique » sur le simple fait de payer des impôts et d’autre part, l’acquisition de la nationalité française issue d’une démarche qui devrait être volontaire – le gouvernement de Lionel Jospin a supprimé dans le code de la nationalité la référence au volontariat – de participer, d’adhérer à la communauté nationale et à ses valeurs.

Par ailleurs, il est étonnant, voire choquant que Jean Germain, premier magistrat de la ville de Tours, propose les locaux de la mairie comme lieu officiel de vote (alors qu’il refuse d’organiser une vraie consultation sur le mode de transport en site propre) et se prête à cette mascarade démocratique qui, au demeurant, n’aura d’autre conséquence que de rendre plus confuse encore la question si essentielle de l’intégration des populations étrangères en France.

Il est également surprenant que le Maire de Tours soutienne un simulacre de vote républicain le réduisant à une petite opération médiatique quand dans le même temps, la faible participation des Françaises et des Français aux élections est un problème sérieux qui préoccupe tous les responsables de notre pays, quelle que soit leur appartenance politique.

Pour nous, voter est un acte essentiel de la vie de chaque citoyenne et de chaque citoyen ; pour nous, l’intégration ne peut se limiter à l’acquisition du droit de vote.

C’est pourquoi le contrat d’intégration que le gouvernement va mettre en place consiste à développer une véritable politique contractuelle entre la France et les étrangers qui souhaitent s’y installer durablement. A l’issue de ce contrat, se posera alors la question de la naturalisation des étrangers qui le veulent, et qui, devenus Français, disposeront du droit de vote à toutes les élections, locales et nationales.

Notre conception de l’intégration est donc basée sur la notion de libre choix et non sur celle de droits octroyés de façon automatique sans que les intéressés le veuillent vraiment. Pour nous, la citoyenneté, l’exercice du suffrage universel reste lié à la nationalité. Les étrangers en situation régulière sur notre territoire ont les mêmes droits et les mêmes devoirs que tout autre citoyen.

Les trois temps de la réforme des retraites : les garanties, les principes, le calendrier.

4 décembre 2002

La nécessité pour faire taire les tentatives de désinformation orchestrée par la gauche de commencer par annoncer ce que l’on veut garantir aux Français : la pérennité d’un système de retraite par répartition, un système équitable et financé… Annoncer ce qu’on garantit, faire ratifier les principes, organiser le calendrier d’entrée en vigueur, telles sont je crois les trois temps nécessaires au succès d’une vraie réforme des retraites.

Ce sera au terme de l’exercice une belle victoire pour la majorité présidentielle car les embûches sont nombreuses.

La vaine polémique déclenchée par les propos du président de la CGPME à la sortie de Matignon vendredi dernier et naturellement relayée par ceux qui s’impatientent devant l’impuissance du PS, ne doit pas nous détourner de l’objectif qui est celui tracé par le Président de la République pendant la campagne présidentielle : parvenir à l’équité entre tous les Français.

Je ne doute pas un instant de la capacité intelligente, fine, humaine et habile du Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin, de François Fillon et de Jean-Paul Delevoye sur les épaules desquels repose la conduite des « opérations ».

Leur courage et leur détermination trancheront avec l’incurie des socialistes et de Lionel Jospin qui ont préféré pour brouiller les cartes et embrouiller l’opinion publique la multiplication des rapports d’expertise. Teulade avait succédé ainsi à Charpin, souvenons-nous !

Je me rappelle d’une rencontre avec Nicole Notat, la « dame de fer » de la réforme sociale – impressionnante par sa lucidité, sa détermination et sa liberté intellectuelle – où elle nous avait instamment conjurés, si nous gagnions au printemps 2002, à aller de l’avant, cest-à-dire à entreprendre la nécessaire réforme. Sans rapport d’expertise supplémentaire ! Alors, maintenant, passons aux actes ! La réalité des chiffres est connue. Les Français ont, je crois, compris qu’il fallait agir même si cela n’ira pas sans révision parfois déchirante, en tout cas pas sans douleur.

D’où la nécessité pour faire taire les tentatives de désinformation orchestrée par la gauche de commencer par annoncer ce que l’on veut garantir aux Français : la pérennité d’un système de retraite par répartition, un système équitable et financé.

Ce premier temps de « communication » est un impératif pour que se taisent ceux qui cherchent à nous faire apparaître comme les démolisseurs de la protection sociale et les chantres du système américain. Les propos de François Hollande aux 4 vérités sur France 2 illustrent cette démarche. Ce n’est pas en allant dans cette direction qu’il créera la confiance et la crédibilité pour le PS, car les Français sont beaucoup plus matures qu’il ne le pense. Tant pis pour lui ! Tant mieux pour nous…

La deuxième phase, qui succède quasi immédiatement, est la définition des principes applicables à chaque Français, quel que soit leur secteur d’activité, ce qui n’exclut nullement les attentions portées aux situations spécifiques. Le principe d’équité doit fonder l’ensemble du dispositif pour que chacun y souscrive.

Cela passe naturellement par le traitement de la « fracture » privé-public aujourd’hui sous les projecteurs.

Il convient ici de rappeler pour être juste que si les fonctionnaires cotisent 37,5 ans et ceux du privé 40 ans, avec une retraite calculée sur les 6 derniers mois – les plus élevés – par opposition à la moyenne des 25 années pour le privé, les primes – qui sont une partie importante de la rémunération des fonctionnaires – ne sont pas incluses dans le calcul de leurs pensions.

Une même règle pour tous les Français ne signifie aucunement qu’on ne pourra plus tenir compte de la pénibilité du travail pour fonder certaines différences. Mais la grande novation sera la définition d’une sorte de charte de la retraite qui, parce qu’elle sera transparente, claire et simple, permettra à chacun de comprendre le système et également de choisir. A la diversité des situations et des aspirations, doivent correspondre des options librement consenties.

Ces principes doivent traiter de nombreuses questions : parité privé-public, âge légal, nombre d’annuités nécessaire au taux plein, système optionnel facultatif, création de compléments d’épargne-retraite. La tâche est immense. Mais c’est en étant juste et équitable que tous seront « incités » à adhérer au système redéfini. C’est la comparaison avec le voisin qui crée parfois les ruptures, les révoltes, les frustrations. Si chacun est régi par les mêmes règles, un saut gigantesque vers l’équité sera fait.

Se posera alors la question du référendum, permettant à chaque Français de ratifier « son » nouveau système de retraite. Il peut s’agir d’un sacre, au terme d’un accord, ou d’une opération plus chirurgicale en cas d’oppositions fortes. Souhaitons que la lucidité s’empare de nos concitoyens pour parvenir par la voie du consensus le plus large à cette réforme.

Viendra la négociation sur le calendrier d’entrée en vigueur des principes ainsi consacrés.

Cela permettra de faire preuve d’intelligence et de souplesse, en rassurant ceux qui ont des droits acquis, et en intégrant progressivement dans le nouveau système tous les autres.

Ce calendrier rendra possible une évolution progressive des régimes spéciaux (EDF, GDF, SNCF, RATP).

Au bout du compte, si nous parvenons par des mesures appropriées et incontestables à financer notre système de retraite par répartition et à le faire enfin reposer sur des bases équitables, nous aurons bien travaillé… Mais il restera le problème permanent et redoutable du pouvoir d’achat des retraités, écorné par la fiscalité et les prélèvements de toutes sortes… A chaque heure suffit sa peine ? Non, il faut là aussi pour être justes et rendre confiance et dynamisme à l’économie française, mener les deux de front !

Noël 2002 : Jean Germain nous illumine… mais qu’à Tours centre !

2 décembre 2002

Un vrai Noël pour chacune et chacun et dans chaque quartier, devrait être l’objectif de la municipalité. C’est en tout cas ce à quoi chacune et chacun doivent s’employés… Ca y est… c’est fait… samedi soir, entre amis, et sous l’objectif de quelque photographe… pour le journal local du lundi (la pub, toujours la pub)…, Monsieur le Maire a lui-même procédé à la mise en lumière de toute notre ville… Toute notre ville… pas tout à fait, puisque, en l’occurrence, il ne s’agit, pour l’essentiel du dispositif, que de l’hyper centre.

Qu’à l’occasion des fêtes de fin d’année, la municipalité, en liaison avec les unions commerciales, décore de lumière les rues et les places de Tours c’est normal, cela participe d’ailleurs de la tradition et de « l’esprit de Noël » et les Tourangelles et les Tourangeaux, à juste titre, ne comprendraient pas que rien ne soit entrepris pour créer un climat de fête.

Mais comme pour de trop nombreuses manifestations, et c’est regrettable, c’est toujours l’hyper centre qui en bénéficie le plus.

Pourquoi le Maire se refuse-t-il à faire vivre chaque quartier de notre ville, au risque de laisser, peu à peu, se développer dans l’esprit de nos concitoyennes et de nos concitoyens le sentiment que certains seraient privilégiés et d’autres déshérités, les uns trouvant sans difficulté son soutien, les autres contraints de se débrouiller seuls, avec les « moyens du bord », comme ils le peuvent, et parfois de manière remarquable. Je me souviens d’un Noël organisé dans un quartier, avec un chapiteau, un petit cirque, un spectacle de rue, qui avait fait sortir tous les habitants, de tous âges et de toutes activités.

Pourquoi Jean Germain considère-t-il que Tours se limite à la place Jean Jaurès et sa périphérie proche ? C’est étonnant, mais c’est ainsi … ou alors… il y aurait bien une explication… Jean Germain qui, il n’y a pas si longtemps, fustigeait celui qu’il appelait le « Roi Jean » se serait finalement, en bon socialiste, très bien habitué aux ors du pouvoir, à la superbe mairie de Tours et à la place Jean Jaurès, et aurait fini par oublier que la France « d’en bas » aspire aussi aux « lumières de Noël ».

Un vrai Noël pour chacune et chacun et dans chaque quartier, devrait être l’objectif de la municipalité. C’est en tout cas ce à quoi chacune et chacun doivent s’employés.

A Tours, à la Commission des Affaires Etrangères, VGE relance « fortement » le débat européen

27 novembre 2002

Nul doute qu’il faudra beaucoup de réunions de ce type pour rendre concret l’enjeu européen à nos concitoyens. Une Europe qui ne rassemblerait que les « élites » serait rapidement vouée à la censure des peuples, qui, en démocratie, prennent leur revanche lors des débats de ratification ! Il est grand temps de ne pas l’oublier… « Notre présidente » du Mouvement Européen en Touraine, reine de l’organisation, n’a pas ménagé ses efforts ni sa peine pour la venue du Président Giscard d’Estaing à Tours samedi 23 novembre. France de Sagazan a réussi, comme il l’a dit lui-même avec humour et gentillesse, à piéger Valéry Giscard d’Estaing ! Une petite réunion amicale d’information est devenue une très grande et spectaculaire manifestation ! Nous sommes tous fiers à Tours que le débat européen, après son rebond turc, soit publiquement relancé en commençant par notre ville et sa superbe salle des fêtes, bourrée à craquer !

L’énergie déployée par France est phénoménale… Hardis celui et celle qui prétendent lui résister ! Elle a introduit avec aisance et talent le débat en posant les bonnes questions et en rappelant la nécessité de mobiliser davantage les citoyens.

J’ai rappelé, sans faire trop long, les trois pierres angulaires du bilan du Président Giscard d’Estaing en matière européenne : l’élection du Parlement de Strasbourg au suffrage universel, la création du Conseil Européen qui rythme deux fois par an la vie politique nationale et européenne, la décision de la monnaie unique. J’ai, en outre, exprimé un sentiment de nostalgie que le Président de la Convention Européenne ne siège plus à l’Assemblée Nationale.

Je mesure la chance que nous avions d’être dans le même groupe politique que lui : ses analyses, sa vision de l’avenir, ses racines enrichies de son expérience présidentielle nous plaçaient dans une situation privilégiée. Parfois même aux avant-postes de combats politiques qu’il avait choisi de livrer sans vraiment nous consulter…

En tout cas au cœur de l’Etat, avec une exigence intellectuelle, morale, philosophique rare. Et même parfois une proximité faite de complicité et d’humour.

Je me souviens de ce dialogue improvisé dans un couloir à la suite d’une brève intervention que j’avais faite à la radio sur la nécessaire unité politique de l’opposition de l’époque.

VGE : « Je trouve que ces temps-ci vous tenez des propos affinés et intelligents »
RDDV : « Merci, Monsieur le Président ! Mais il reste le ces temps-ci… »
VGE : « Et vous ne trouvez pas que c’est un progrès ! »

Le Président Giscard d’Estaing faisait allusion aux luttes internes qui jalonnent les parcours politiques. Il est vrai que l’entente entre lui et François Léotard n’a pas été que cordiale, avec au fond des responsabilités parfaitement symétriques…

A Tours, le Président Giscard d’Estaing a tracé les grandes lignes de la réforme des institutions européennes, en cherchant à allier pédagogie et prospective. La place du citoyen, le rôle des parlements nationaux, les risques de l’élargissement, la « question turque », rien n’a été mis de côté au cours de cette soirée où l’Europe réunissait, ce qui est bien, ce qui est rare, de nombreux jeunes.

Nul doute qu’il faudra beaucoup de réunions de ce type pour rendre concret l’enjeu européen à nos concitoyens. Une Europe qui ne rassemblerait que les « élites » serait rapidement vouée à la censure des peuples, qui, en démocratie, prennent leur revanche lors des débats de ratification ! Il est grand temps de ne pas l’oublier…

*  *  *  *

Cette pédagogie politique nécessaire prend aujourd’hui mercredi 27 novembre un élan supplémentaire avec l’audition par la Commission des Affaires Etrangères en séance exceptionnellement ouverte à la presse du Président Giscard d’Estaing.

J’imagine que son retour à l’Assemblée Nationale lui rappelle de très nombreux souvenirs. Les années certes passent. Il ne change cependant pas. Son regard est toujours aussi perçant, son rayonnement et son autorité intacts, sa manière de s’exprimer et parfois de « croquer » inoubliable, intelligente, ironique, percutante. Sa personne est impressionnante. Ce n’est pas la fonction qu’il a exercée qui crée cette distance proche et attentive. Emane de lui une force surprenante qui irrite certains et qui bouscule chacun !

Salle Lamartine. Nos plus beaux sous-sols ! Le lieu des grandes réunions. Conçues pour sortir du huis clos sans être pour autant dans l’hémicycle où tout est formel et où il n’y a pas de vrai jeu de question – réponse avec l’invité « extérieur ».

Tout ce qui compte parmi les forces politiques françaises élues au suffrage universel concernées par l’Europe est là. Jack Lang voisine avec François Bayrou qui est à côté d’Alain Juppé. Raymond Barre, Hubert Védrine, Alain Richard sont revenus. Elisabeth Guigou n’est .pas loin de Jacques Myard que j’ai amicalement surnommé, le représentant de la branche armée de l’Europe… car il est particulièrement réfractaire à notre conception de l’avenir européen. Je suis à côté de Martine Aurillac.

Tous les ambassadeurs de la Grande Europe sont là. Louis Giscard d’Estaing suit avec une merveilleuse attention les propos de son père. Il a déjà beaucoup de talent. La modestie qui sied au nouveau. L’aisance qui est le reflet de son intelligence. Il n’est pas un chaînon manquant !

Pourquoi ne pas avouer qu’en ces instants, je ressens à nouveau brutalement la violence d’être privé de la très belle fonction européenne qui m’avait été confiée dans cette période très particulière de notre histoire politique, même si mon compagnonnage retrouvé auprès d’Edouard Balladur me donne de nombreuses satisfactions intellectuelles et amicales.

Pour présider la Convention Européenne qui de mieux qu’un ancien élève de polytechnique pour écouter avec méthode, traduire avec fidélité et présenter avec clarté. Mettre en équation les exigences contraires qui se manifestent suppose une habileté, une expérience, un savoir-faire que chacun lui reconnaît.

Viendra le temps de la grande explication avec les citoyens. Souhaitons que le résultat de la Convention permette d’aboutir, comme c’est l’objectif, à un texte lisible, simple, convaincant.

Il précise le contenu du concept de Congrès européen, qui réunira parlementaires européens et nationaux. Ce n’est pas un recul pour l’idée européenne. C’est une réconciliation nécessaire entre les électeurs et les pouvoirs. Ce sera une source de légitimité renforcée pour les décisions qui sortiront de cette enceinte démocratique, notamment celles ayant trait aux étapes ultérieures de l’élargissement.

Lorsqu’au moment des questions Elisabeth Guigou parle d’Europe sociale, un frémissement parcourt l’ensemble de l’assistance : pense-t-elle à l’extension européenne des 35 heures ? L’heure ne semble pas encore à la repentance pour elle !

La question de l’élargissement à la Turquie est évoquée par François Loncle, ancien président socialiste de la Commission des Affaires Etrangères, reprochant à VGE d’avoir lancé le débat. Je trouve cette remarque inutilement choquante, car les citoyens de tous les pays – y compris les Turcs – se posent cette question du périmètre.

Le Président Giscard d’Estaing répond par une sorte de discours de la méthode, expliquant avec force qu’il n’est pas utile de faire la course à l’élargissement. Des critères sont fixés. Il faut y satisfaire pour être membre.

Alain Juppé rappelle à juste titre son idée de partenariat renforcé, d’alliance privilégiée qui pourrait concerner la Turquie. J’y ajoute d’autres pays du bassin méditerranéen qui pourraient utilement prétendre à ce type d’association.

Le Président Giscard d’Estaing nous invite à faire des propositions à la Convention sur la liste des compétences qui doivent incomber à l’échelon européen. Répondre à qui fait quoi est effectivement un impératif.

Il conclut par une réflexion sur la fonction de Président de l’Europe, qui doit exercer son mandat au-delà des six mois actuellement retenus.

Doit-il être une force d’impulsion politique comme le Président français, ou plutôt un médiateur du système permettant l’exercice harmonieux des pouvoirs.

En répondant à cette question, pense-t-il à lui-même ? Je ne sais…

Passionnante après-midi ! Nous faisons notre travail ! Nous avons la chance d’avoir eu la confiance du suffrage universel pour remplir cette belle mission. Nous mesurons le privilège d’une telle rencontre avec ce grand Européen. Il est vraiment au sens noble du terme un « monstre sacré » de l’Histoire de l’Europe. Je l’écris avec l’admiration et le respect que je lui dois et que je lui porte.

"Etre ou ne pas être" proche de Tony Blair!

26 novembre 2002

Tony Blair est percutant, malgré les difficultés générées par la grève générale des pompiers, qui commence à paralyser nombre d’activités dans le pays. L’armée est réquisitionnée pour garantir la sécurité des édifices et des moyens de transport performants mais vulnérables… Mardi 19 novembre. Il est tôt à la gare du Nord, où j’ai rendez-vous avec Alain Juppé, Jean-Claude Gaudin, Philippe Douste-Blazy que j’accompagne, en tant que Président du groupe parlementaire d’amitié France – Grande Bretagne et Irlande du Nord, pour une journée à Londres.

Eurostar. Le tunnel sous la Manche. Que de découvertes ! Un peu de retard. Attention à la répétition car cela remet l’avion dans le coup… L’arrivée à Waterloo Station au cœur de cette ville magnifique, certes contrastée, mais rayonnante d’une vraie puissance. Paris ne doit pas s’endormir !

Nous arrivons en retard dans les splendides locaux du Parlement pour rencontrer le leader du parti conservateur, Mr. Duncan Smith. Cet homme élégant et intelligent nous « signifie » sa conception de l’Europe. Il est notre « homologue », notre partenaire logique ! Il faudra que l’eau coule sous les ponts de Londres et de Paris pour que se crée une dynamique européenne entre nous. Mais c’est l’objectif que rappelle avec tact et mesure Alain Juppé. Je comprends la fierté du leader conservateur, sa volonté de défendre les couleurs de son pays, de sa famille politique. A nous de le rendre moins sensible aux sirènes « européennes » de Philippe de Villiers…

Déjeuner dans un prestigieux Club anglais avec de nombreux chefs d’entreprises français. Lieu magique. « L’atmosphère » rare et impressionnante de la grande tradition britannique. Les siècles façonnent une perfection décontractée et chaleureuse. Mais attention à la fausse note dans cet univers rituel et parfait.

Une magnifique bibliothèque abrite des échanges vifs et directs où se mêlent les clichés sur les différences entre les deux pays, les expériences vécues, racontées avec la passion justifiée par le risque et la réussite, la volonté pour nous de défendre malgré tout le « modèle » français qui doit se réformer – c’est notre objectif politique – mais que nous aimons ! Curieux dialogue parfois entre des Français que séparent désormais un mode de vie et un système de valeurs assez différents de ceux que l’hexagone façonne…

En présence de nos amis journalistes, à plusieurs reprises, Alain Juppé sauve la France !

Au fur et à mesure que nous nous rapprochions du moment fort de la journée – la rencontre avec le Premier Ministre Tony Blair – me revint en mémoire avec brutalité et ivresse son discours à l’Assemblée Nationale au cours de la dernière législature.

Dans un français parfait, avec l’efficacité conférée par le talent, le charisme et l’esprit d’à propos, il a désespéré définitivement ses « amis » socialistes français par l’évocation d’un souvenir estudiantin aux contours tectoniques !

Saint Germain des Prés. Un bar. Un patron. Des clients. Des pourboires. Une caisse pour les déposer sans délai. Une promesse de répartition équitable en fin de mois… La fin de non recevoir du patron ! D’où la conclusion, torride, définitive, jubilatoire pour la droite : « ce jour-là j’ai compris le socialisme à la française… » Nous debout ! Eux, le gouvernement et la majorité socialiste furieux, amers, trahis, provoqués, impuissants, venimeux, anti-anglais !

10 Downing Street. Je croyais que c’était une petite maison au bord d’une rue passante… C’est un lieu protégé – ce qui est plus que normal – et « habité » à tous les sens du terme. Ni bureau solennel, ni résidence accessible, tout à la fois le siège du pouvoir et le lieu vivant, prestigieux mais chaleureux. Au moment de la photo finale, les exclamations du jeune Léo, le fils de Tony Blair que le protocole n’a pas cherché à éloigner.

Alain Juppé rencontre tout d’abord en tête à tête Tony Blair. Le « messager » préféré de Jacques Chirac avait certainement un objectif… Nous discutons dans la salle du Conseil avec l’équipe du Premier Ministre. Atmosphère directe, amicale, conviviale, constructive. Les divorces rituels entre nous n’arrivent pas à éliminer la proximité culturelle, politique, humaine.

L’entrée de Tony Blair restera longtemps dans ma mémoire. Une vraie lumière. Celle de l’âme, du physique, de l’être. En chemise. Sans veste. Sans huissier. Avec l’apparat de ce qu’il est.

Un grand Européen, résolu à convaincre son peuple de la nécessité de l’Euro… Ce qui est un défi à sa portée ! Un  homme au rayonnement exceptionnel.

Fin de l’entretien. Il disparaît dans son bureau, contigu. Un coup de fil avec Bush… Non ! Il va chercher sa veste pour la photo finale.

Malgré la force de cette rencontre, qui n’a pas besoin de support sur papier, je veux l’immortaliser. Il me faut les coordonnées du photographe de l’agence Gamma, qui était avec nous. C’est urgent et impératif ! Pas par orgueil personnel. Pour fixer ce moment fort de ma vie politique.

J’admire Alain Juppé face à la presse, cherchant avec malice, « sadisme » et intelligence à nous faire avouer notre proximité, notre complicité avec Tony Blair, même si sa réussite – soyons juste – repose sur les fondations de Margareth Thatcher…

Il résiste. Du coup, ils cherchent à lui faire annoncer la date du prochain sommet franco-britannique… Histoire de créer l’harmonie entre lui et Dominique de Villepin ! ! !

Dimanche 24 novembre. Eurostar. Rebelote ! Pour être à l’heure, le lendemain matin, à une conférence « ministérielle » sur le crime organisé dans l’Europe du sud-est, où Dominique de Villepin m’a fait le clin d’œil amical de me désigner pour diriger la délégation française…

Journée étonnante à bien des égards ! Je révélerai pourquoi le moment venu, que j’espère le plus proche possible !

Journée précédée par un dîner avec une équipe de diplomates français, particulièrement intelligents et accueillants, et une nuit dans cette très belle ambassade dont le nouveau maître est aussi subtil que prospectif, attentif à tout et à chacun, parfaitement à l’aise dans cette grande fonction républicaine.

Je retrouve le Ministre des Affaires Etrangères du Royaume-Uni, Jack Straw, que nous avions rencontré mardi. Précis. Volontaire. Energique. Fier d’être l’inspirateur de ce rassemblement de la Grande Europe, qui doit rester proche des réalités citoyennes pour ne pas devenir une utopie élitiste.

Il introduit le véritable responsable de la lutte contre la criminalité organisée, Mr. David Blunkett.

Quelle belle revanche sur l’adversité de la vie. Un Ministre de l’Intérieur aveugle, dont l’autorité naturelle, la fermeté rayonnante et l’intelligence particulièrement percutante sont un pied de nez au handicap.

Au terme de son brillant discours, de la mobilisation souhaitée par le Royaume-Uni et l’Union Européenne contre les mafias, les trafics, les crimes d’origine balkanique, il repart de la magnifique salle richement décorée de Lancaster House, escorté par son chien. Quelle vision incroyable ! Quelle grande capacité au respect que celle de l’opinion publique britannique… En serions-nous capables ? C’est un beau défi symbolique à relever – Un de plus !

Je débute l’après-midi par la séance de questions d’actualité à la Chambre des Communes, grâce à l’hospitalité improvisée mais chaleureuse du « speaker » de la Chambre. Dans ce temple de la démocratie parlementaire, je suis frappé par la vivacité des débats, mais aussi par le respect de l’institution. En entrant dans la salle des débats, où gouvernement et majorité font ensemble face à l’opposition, chaque parlementaire marque un temps d’arrêt sur une bande blanche fixée au sol et salue d’un mouvement de tête. Une sorte de purification avant le débat démocratique…

Tony Blair est percutant, malgré les difficultés générées par la grève générale des pompiers, qui commence à paralyser nombre d’activités dans le pays. L’armée est réquisitionnée pour garantir la sécurité des édifices et des moyens de transport performants mais vulnérables.

Il essaye de justifier la fermeté de son gouvernement par la nécessité d’éviter l’extension des revendications à l’ensemble des services publics.

Pourquoi priver les uns de ce que les autres auraient obtenu ? C’est en règle générale, en Grande-Bretagne comme en France, la difficulté d’une négociation à chaud.

Au moment de ces débats, je pense à la « méthode Raffarin » et à l’habileté de Gilles de Robien qui permettent de sortir du risque de paralysie du pays. Au-delà des problèmes des transporteurs routiers, si nous réussissons la réforme des retraites en 2003, la pratique gouvernementale française fera référence… européenne !

Dernière étape de la journée : la prise de contact avec Madame Joyce Quin, Député, mon homologue à la présidence du groupe d’amitié parlementaire britannico-français.

Elle a été Ministre des Affaires Européennes. Elle parle remarquablement français – je me trouve nul car mon anglais est loin d’être parfait ! Sa vivacité d’esprit, son humour élégant et sa tranquille fermeté me permettent d’envisager un travail fructueux pour célébrer dans un an le centenaire de l’entente cordiale… qu’auront d’ici-là certainement fêté le Président de la République Jacques Chirac et Tony Blair ! ! !

Je lui propose d’assister à la rencontre de rugby le 15 février France – Angleterre… Je comprends que ce n’est pas son sport favori… Je transformerai l’essai une autre fois !

Pour les autoroutes, mobilisation des Tourangeaux auprès de Gilles de Robien !

22 novembre 2002

Renaud Donnedieu de Vabres a pu annoncer que Gilles de Robien recevrait, avant Noël, une délégation composée de l’ensemble des forces politiques et économiques de notre département…  Le dossier des autoroutes en Touraine est devenu, au cours des ans, des reports, des délais et des blocages, un véritable « serpent de mer »… et presque le symbole de « l’impuissance publique » en Indre et Loire dans l’esprit de nombre de nos concitoyennes et concitoyens.

Pourtant celui-ci est de la première importance, chacune et chacun se rendent bien compte, lors d’un déplacement, qu’il est absolument nécessaire de mettre un terme à cette situation « ridicule » afin de rendre plus sûres nos routes nationales, mais aussi de redonner sa place de « carrefour commercial » à notre département, situation privilégiée, qui par le passé, avait fait sa richesse.     

Au-delà de la vaine polémique, il est donc très important, pour faire avancer ce dossier essentiel «  en panne » depuis des années, que l’ensemble des responsables d’Indre et Loire ait une unité d’action.

A cet égard, la réunion qui s’est tenue ce matin, à l’initiative de l’association « Touraine Liaisons Autoroutières », présidée par Jean-Luc Muratet avec tact, énergie et intelligence, est exemplaire et s’inscrit dans le bon sens. Ce type de rencontre permet à tous de connaître les attentes des élus et de mettre en œuvre une action résolue de l’Etat, du Préfet d’Indre et Loire, du Directeur de la DDE, en mettant COFIROUTE face à ses responsabilités.

A cette occasion, Renaud Donnedieu de Vabres a pu annoncer aux personnes présentes, et après accord définitif de ses services survenu hier, que Gilles de Robien recevrait une délégation avant Noël. Celle-ci sera composée de l’ensemble des forces politiques et économiques de notre département.

Cette audience auprès du Ministre des Transports devrait permettre d’établir, enfin, une programmation précise et cadencée de la réalisation des autoroutes en Indre et Loire, et nous permettre à tous de sortir de l’ornière dans laquelle est tombé ce dossier depuis des années, chacun ayant, à ce sujet, sa part de responsabilité.   

Une école de la seconde chance à Tours?

20 novembre 2002

C’est une vague association « l’Association  Solidarité Ville Entreprise », qui a autrefois été présidée par Jean Germain, qui l’est maintenant par le directeur de AUCHAN, qui sera responsable d’établir le rapport… Lundi, lors du Conseil Municipal de la ville de Tours, Jean Germain a annoncé la mise en place d’un « groupe d’étude » en charge de la préparation « d’un rapport » sur la création d’une « école de la seconde chance » dans notre ville.

Donner une seconde chance à toutes celles et tous ceux qui le souhaitent, et qui pour des raisons très diverses n’ont pu faire les études ou suivre la formation qu’ils auraient voulues, de pouvoir le faire à nouveau est en effet un objectif louable.

Tours suivrait en cela la ville de Marseille où Jean-Claude Gaudin a déjà créé une telle école, qui reçoit plus de cinq cents élèves,  preuve incontestable que la réalisation de ce type de structure répond à l’attente de beaucoup de nos concitoyennes et concitoyens confrontés, lors de leur recherche d’emploi ou évolution de carrière, à un problème de niveau d’études ou de qualification.    

Ce projet, qui figurait d’ailleurs dans le programme de « l’Union pour Tours », est un beau projet et bien évidemment l’opposition municipale le soutiendra activement.

Pourtant  à notre grande surprise, lundi, le Maire a délégué la réalisation de l’étude sur la faisabilité de ce superbe projet à un « groupe » composé de responsables locaux et dans lequel ne figure aucun représentant de l’Education Nationale pourtant concernée au premier chef par la création d’une telle école.

Une opération aussi importante et symbolique, et pour de nombreuses Tourangelles et de nombreux Tourangeaux porteuse de tant d’espoir, aurait mérité que Jean Germain s’investisse personnellement. Il en a été autrement…dommage, car il y avait sûrement, au sein de la municipalité et d’autres services oeuvrant dans ce sens sur la ville de Tours, des équipes et des personnes très qualifiées, qui auraient été heureuses de travailler sur cette « école de la seconde chance », sous l’égide du Maire.

C’est donc à Jean-Patrick Gille, premier-adjoint au Maire de Tours, que la coordination de ce dossier est confiée.

Et là… seconde surprise, c’est une vague association « l’Association  Solidarité Ville Entreprise », qui a autrefois été présidée par Jean Germain, qui l’est maintenant par le directeur de AUCHAN, qui sera responsable d’établir le rapport…« présenté dans quelques mois… lors d’un prochain conseil… dans le courant 2003…», et cette même association de se faire voter, dans la foulée,  par la majorité de gauche du conseil municipal, une subvention… pour salarier un « responsable de projet »…

C’est parce que l’opposition municipale est très attachée à l’évolution de ce beau projet, afin qu’il puisse devenir une réalité utile à l’ensemble des Tourangelles et des Tourangeaux, que nous serons particulièrement attentifs à ce que ce « groupe d’étude » n’ait pas été qu’un prétexte à rémunérer, aussi compétent soit il, un « militant  politique » en mal de reconnaissance.

Après la patinoire, c'est le Palais des Sports qui prend l'eau!

20 novembre 2002

Après l’épisode de la patinoire de Tours, combien de temps encore les responsables des clubs de notre ville devront-ils attendre une vraie programmation de la Mairie pour la  rénovation et la construction d’équipements sportifs dignes de Tours… Hier, se déroulait au Palais des Sports (salle Grenon), une rencontre de volley-ball opposant le TVB à l’équipe de Tourcoing. Nous avons gagné ce match 3 sets à 1, et c’est très bien, bravo à toute l’équipe du TVB.
 
Pourtant… pourtant le match a bien failli être interrompu, en raison d’une fuite d’eau coulant du plafond sur le terrain de jeu. Au début quelques gouttes, puis de plus en plus, jusqu’au 4ème set où, devant l’importance de « la fuite » «  – « Problème de chauffage » d’après Alain Dayan… – les dirigeants de l’équipe de Tourcoing ont voulu demander l’arrêt de la rencontre !

 Finalement le match a pu s’achever normalement… Ouf !… Mais c’était juste !

Après l’épisode de la patinoire de Tours, combien de temps encore les responsables des clubs de notre ville devront-ils attendre une vraie programmation de la Mairie pour la  rénovation et la construction d’équipements sportifs dignes de Tours ?

Les dirigeants du TVB ne peuvent éternellement se demander, alors que leur équipe évolue en pro A, si le Palais des Sports de Tours sera, ou non, un jour interdit au jeu par les instances nationales.

Soyons sérieux, Monsieur le Maire, ce sujet n’est pas secondaire, jamais une réelle politique en faveur du sport n’a pu être menée, dans aucune ville de France, sans infrastructures dignes des objectifs fixés et de ses ambitions !

C’est ce que l’opposition municipale a rappelé, lors de la discussion d’orientation budgétaire du dernier conseil municipal, en déplorant qu’il n’y ait aucune programmation s’appuyant sur un calendrier précis pour la mise en œuvre de ces chantiers dans les années à venir.     

Au congrès fondteur de l'UMP, " Monsieur loyal " avec François Baroin : mission accomplie!

19 novembre 2002

Je suis heureux et fier qu’Alain Juppé ait désigné François Baroin et moi pour être « Monsieur Loyal » bicéphale tout au long de ce congrès… Au Bourget. Quelques minutes après 9H30. L’ouverture des micros. Une longue journée commence. Un moment historique. Je suis heureux et fier qu’Alain Juppé ait désigné François Baroin et moi pour être « Monsieur Loyal » bicéphale tout au long de ce congrès.

Jérôme Monod est au premier rang, seul, car les personnalités qui auront droit à cet espace réservé – avec toutes les petites polémiques que cela suscite – ne sont pas encore là. Il est plus jeune que jamais. Rayonnant au delà de ses yeux bleus et de son visage carré et fin d’une lumière de plénitude. De succès. De joie intérieure que ce grand protestant à l’intelligence exceptionnelle ne peut dissimuler.

Nous avions décidé avec François Baroin de rendre à César ce qui est à César, c’est à dire de saluer son énergie patiente, sa volonté sans faille, sa diplomatie parfois directe ! Je me rappelle à ce sujet m’être fait engueulé « clairement » parce qu’une dépêche d’AFP avait rapporté des propos que j’avais tenus – non publiquement – sur le fait que beaucoup de militants souhaitaient la présence de Jacques Chirac à la réunion constitutive de notre union à Toulouse…

A François d’accueillir Jérôme Monod avec chaleur. A moi Antoine Rufenacht.

J’ai ainsi pu exprimer publiquement l’admiration que j’éprouve pour lui : une loyauté sans faille à son idéal gaulliste, un rayonnement intellectuel, humain et spirituel rare, une vraie générosité faite de fidélité – il préside la Fondation Claude Erignac, dont l’évocation du nom a d’ailleurs été fortement applaudie – une gentillesse qui n’exclut pas si nécessaire fermeté, raideur et détermination. Je pense là à certaines étapes de la campagne présidentielle…

Nous étions vraiment contents de pouvoir « épingler » à notre manière ces deux figures de la vie politique française. En prenant l’engagement de ne pas être des chaînons manquants !

N’étant pas – pas encore ! – des stars politiques reconnues… nous avons décidé de nous présenter l’un l’autre, un ex RPR, un ex UDF. J’ai ainsi pu dire publiquement – il y avait déjà près de 10 000 personnes mais pas dans les premiers rangs – à François que j’appréciais beaucoup l’intelligence, la vivacité et même l’ironie qui émanaient de son regard.

En n’oubliant pas de mentionner qu’il est comme un « fils » pour le Président Jacques Chirac, grâce à ses qualités personnelles et grâce au souvenir immortel et émouvant du père qu’il a perdu prématurément. En parlant ainsi, je pensais aussi au mien. Je crois que nos deux pères sont fiers de ce que nous avons fait tout au long de cette journée. Chacun naturellement à sa manière. Mais avec une belle complicité et sans les rivalités « connes » que certains ont exhibées !

Je crois tout simplement que notre « alliance naturelle » reflétait que l’UMP se fonde supas le rassemblement de l’existant,r des racines solides, des convictions totalement partagées, avec toutes les nuances de l’arc en ciel dans l’écriture des priorités et des préférences.

En disant cela, je pense aujourd’hui que chaque militant est arrivé au terme d’une nuit quasiment blanche porteur de ses racines, de son identité, de ses traditions, n’ayant pas oublié les combats fratricides et parfois suicidaires que nous avons menés…

Souvenons-nous du « parti de l’étranger », çà c’était pour l’UDF ! Souvenons-nous des « moines-soldats », çà c’était pour le RPR !

Ces temps ne sont certainement pas totalement révolus… Mais au moins nous aurons les moyens d’organiser « en famille » débats et arbitrages !!!

Chacun est arrivé, parfaitement conscient que nous n’étions pas le rassemblement de lexistant, mais que nous avions souverainement décidé de créer une famille politique nouvelle. Fondée certes sur des militants déjà engagés. Renouvelés par l’apport de tous ceux qui sont en train de nous rejoindre, parce que nous avons enfin respecté l’appel du peuple, de nos concitoyens, lassés, écœurés, meurtris par nos rivalités, ou pour être plus précis, par la partie de nos affrontements qui n’est liée qu’aux ambitions personnelles, aussi légitimes soient-elle d’ailleurs.

Ce fut l’occasion en deux tables rondes de mettre à la lumière crue des « projos » des nouvelles équipes qui avaient travaillé ensemble de manière joyeuse et féconde à la charte et aux statuts.

Puis vint le moment attendu où chaque équipe de candidats a pu de manière parfaitement égale se présenter aux suffrages.

Avec toutes les difficultés et même les ruses de l’exercice ! C’est ainsi que j’ai dû reprendre le micro après le lancement inopiné de la Marseillaise par Brigitte Freytag pour dire que nous avions observé de la scène toutes les équipes chanter allègrement notre hymne national pour que mauvaises polémiques toujours prêtes à éclore ne se lancent… Ah, l’énergie et la créativité des femmes politiques !

Le discours de Rachid Kaci a été impressionnant sur le fond, celui de Mourad Ghazli habile et mobilisateur, Nicolas Dupont-Aignan avait une très belle partition pour lui car il a un grand talent mais il a préféré la critique du système à l’exposé de l’apport de ses convictions.

La troïka de choc, Alain Juppé, Jean-Claude Gaudin, Philippe Douste-Blazy a montré de manière vraie, rayonnante, alerte, détendue que dans cette nouvelle « maison », chaque famille de pensée pouvait s’exprimer.

Ils ont été les seuls à manifester clairement que les non RPR n’étaient pas des supplétifs ! C’est l’esprit même qui anime Alain Juppé. Le montrer de cette manière était une cinglante réponse à certains de nos détracteurs…

Au milieu du discours de Rachid Kaci, apparaît sur l’écran de notre ordinateur : arrivée de Nicolas Sarkozy… Nous avions convenu de laisser la foule saluer comme il se doit la performance de notre ministre de l’Intérieur qui réussit même au delà de nos frontières politiques à intimider la gauche ! Mais il nous a semblé impossible d’interrompre l’orateur en train de parler. Cruel dilemme ! J’espère, sans en être sûr, que Nicolas ne nous en veut pas trop. Mais c’est au nom du respect de l’expression de chaque équipe de candidats que François et moi avons pris cette décision sur le vif. Respect, oui respect auquel chacun à l’UMP a droit quelle que soit sa fonction. C’est un symbole auquel nous tenons. Il est le message même de notre famille politique.

Puis ce fut le moment de la troïka européenne : 3 Premiers Ministres ensemble. J’annonce José-Maria Aznar. Le patron de talent d’une grande agence de communication m’avait appris le matin au téléphone que les Espagnols appelaient les militants du Parti Populaire Espagnol « los populares ». Alors je me lance et prend la foule à partie pendant qu’Aznar monte sur scène en m’exclamant : « nous sommes Monsieur le Premier Ministre « los populares » de France, qui vous disons Bienvenue au grand européen que vous êtes, proche du cœur des Français ! »

François annonce le Premier Ministre portugais José-Manuel Durao-Barroso. Je lance le nom de Jean-Pierre Raffarin, « JPR », un sigle proche du cœur des militants RPR ! Non, en fait un homme au sommet de sa forme véritablement ovationné par la foule rassemblée dans la salle principale et dans les salles annexes reliées par un système extraordinairement performant de vidéotransmission. L’efficacité des organisateurs mérite d’être chaleureusement marquée. Bravo !

A l’heure où ils arrivent, nous sommes déjà plus de 20 000. 20 000 européens. Fiers d’être des Français Européens. Des Européens Français. Ce 17 novembre est une très grande date de l’histoire politique européenne. C’est, je crois, la première fois que dans un congrès politique français s’expriment avec une telle fierté de ton sur notre vie politique intérieure des premiers ministres d’Europe. Franchissant la ligne jaune des vieilles convenances des anciennes conceptions de l’ingérence. Entre nous, il n’y a plus d’interdit sur les thèmes de débat. C’est cela la nouvelle Europe dont nous expliquons dans la charte qu’elle est notre horizon.

Ils sont ovationnés. Le français parfait dans lequel s’expriment « le » Portugais et « l’ » Espagnol est impressionnant. Le fond est exceptionnel. Ils expriment une vision décoiffante des erreurs de la gauche française, du besoin d’expression forte de la France dans le débat européen qui s’annonce. Avec une maîtrise, une aisance, une chaleur, un talent inoubliables.

L’Europe politique est en marche. C’est peut-être d’ailleurs le début des futures campagnes pour la présidence européenne…

                                                                                                                 
Break. Déjeuner. J’essaye de retrouver les Tourangeaux. Malheureusement au milieu de 24 000 personnes, je n’y arrive pas. La prochaine fois, j’ai suggéré que soit matérialisée par des petits panneaux la place de chaque région. Cela créera d’ailleurs une vraie émulation et une compétition « sonore » que l’on pourra organiser. Avec promotion des produits de chaque terroir, des vins de chaque région. Vous avez dit respect du pluralisme et de la diversité… Eh oui !

Pour aller dans le hall consacré à la restauration, il fallait traverser les alignements impressionnants d’ordinateurs, d’écrans, permettant le vote pour la charte, les statuts, le nom du parti, le logo et l’équipe de direction.

Il est vraisemblable que le recours exclusif à ce mode de communication qui n’est pas encore à la portée de tous explique les chiffres de la participation au vote. Mais le procédé est remarquable. Alain Juppé a proposé de le pérenniser pour organiser chaque mois la consultation, sur un thème, des adhérents, en n’excluant pas d’élargir le cercle pour que de nombreux Français prennent le chemin de nos permanences afin de s’exprimer. L’UMP a défaut d’être la « maison bleue » sera une maison ouverte à tous ! La constitution ne dit-elle pas que « les partis politiques concourent à l’expression du suffrage ».

Oui nous voulons être les porte-paroles permanents du peuple, en donnant à chacun la possibilité de participer au choix, en permettant les bilans sans complaisance de l’action du gouvernement, en rappelant si besoin les nécessités de vraies réformes.

14H15 – Reprise pour l’après-midi. Les moments forts arrivent. Notre première feuille de route est de mettre à l’honneur un grand nombre de personnalités étrangères, le gouvernement, les présidents de groupes parlementaires, Jean-Louis Debré, Christian Poncelet, Edouard Balladur.

J’évoque le fait que Madame Raffarin a été contrainte de monter sur une chaise pour voir l’arrivée de son mari. La salle l’applaudit avec bonheur, pour saluer cette femme rayonnante, élégante, discrète et pourtant totalement au fait de la politique française et naturellement vigilante pour son mari.

La salle vibre. Elle explose à l’annonce de Madame Chirac. La foule danse au son d’une musique « d’enfer ». Nous attendons. Elle apparaît sur les écrans. Heureuse. Très élégante. Fière d’être ovationnée autant pour le nom qu’elle arbore avec panache que pour elle-même ! Elle est reconnue comme une grande militante, une femme d’action, une élue du peuple et bien sûr comme l’épouse de notre Président. Autant de raisons pour lui faire une vraie fête. François Baroin trouve les mots du cœur pour l’accueillir. A moi dans la foulée d’appeler Jean-Pierre Raffarin à la tribune. Nous aurions aimé faire l’exercice à deux voix. Mais à ce moment-là, bonjour le timing ! Les militants s’enflamment à nouveau immédiatement.

Je lance : « en t’accueillant je rends hommage à la bonne décision du Président de la République de t’avoir nommé Premier Ministre. Jean-Pierre, nous sommes tous fiers de toi. » Si j’avais utilisé le terme de « bon choix », la référence au Président Giscard d’Estaing qui soutient ardemment notre démarche aurait fait sourire. Et comme j’adore l’imiter, je me serais peut-être laissé aller, ce qui aurait été inconvenant !

Son discours a galvanisé la salle. J’étais sur le côté. J’observais l’énergie phénoménale émanant de lui. L’arc électrique avec la salle était total. Les mots percutants et justes. Il a gagné encore des galons en ce jour. L’avenir dira lesquels… C’est sa capacité à mettre en pratique les réformes attendues par les Français qui sera à cet égard déterminant !

Nous annonçons Angela Merkel, la Présidente de la CDU, qui nous rappelle en français puis en allemand les fondements de l’amitié entre nos deux pays.

J’hésite au terme de son magnifique discours à épingler vis à vis de la salle que l’allemand est une grande langue européenne au même titre que le français car j’ai senti la légère déception par rapport aux discours de nos amis portugais et espagnol.

J’aurais aimé dire que dans le monde anglo-saxon omniprésent, nous devons nous serrer les coudes pour défendre nos cultures et au premier rang nos langues nationales. J’ai calé pour ne pas aller trop loin… Un bon monsieur Loyal ne doit pas sortir de son rôle !

Vint le remarquable film de rétrospective de nos victoires depuis 1958 où apparaît clairement que sans l’union sincère et la mobilisation des citoyens rien n’est possible. Galerie de superbes portraits : le Général de Gaulle, Georges Pompidou, Valéry Giscard d’Estaing, Jacques Chaban-Delmas, Raymond Barre, Pierre Messmer, Maurice Couve de Murville, Edouard Balladur, François Léotard, Alain Juppé, Gérard Longuet, Pierre Méhaignerie, Alain Madelin, Philippe Seguin et tant d’autres font revivre immédiatement des pages extraordinaires de notre vie politique.

Les images de la dernière victoire présidentielle de Jacques Chirac sont magnifiques. Fortes. Aussi brutales que la déflagration politique française du printemps.

Noir dans la salle. Antoine Rufenacht monte sur scène pour proclamer les résultats. Il trouve les mots justes pour créer le suspens et surtout rendre un hommage mérité à Jérôme Monod, qui, cet après-midi, n’est plus seul… sans personne à ses côtés comme au début de la matinée !

Le nouveau nom apparaît. Le logo que je trouve magnifique. Et puis, Alain Juppé, Jean-Claude Gaudin, Philippe Douste-Blazy sont proclamés élus. Nous sommes tous heureux et fiers de cette équipe qui monte sur scène dans l’enthousiasme général.

Nous aimons la chaleur, l’humour, l’entrain, l’intelligence politique du « patron » de Marseille et de la Provence. J’ai été heureux de le retrouver au moment de l’élection présidentielle qui, aussi paradoxal que cela puisse apparaître, a réunifié les libéraux et l’UDF.

Nous apprécions l’efficacité, l’agilité, la jeunesse, la dynamique, la passion politique de Philippe Douste-Blazy, dont cette journée consacre l’analyse et l’action depuis de nombreux mois. Il tient peut-être une forme de revanche par rapport aux difficultés causées à Toulouse par François Bayrou. Ce qui me frappe chez lui et qui est nécessaire aux grands parcours politiques, c’est la capacité à encaisser les coups et les épreuves, à toujours anticiper, à être en permanence mobilisé pour l’action.

Moment attendu entre tous, le discours d’Alain Juppé, notre président.

Quelle superbe victoire pour cet homme exceptionnel, qui est parfois injustement critiqué et qui traverse avec un sang froid et une dignité rares les violences de la vie politique dans sa forme actuelle. Il assume. Il fait face. Mais il avance. Il surmonte. Il prépare.

Rien ne lui échappe. Il sait d’ailleurs comprendre les souffrances des autres avec beaucoup de cœur, de pudeur et de vraie complicité. J’en parle d’expérience. Nous avons tous les deux pris la décision de continuer. De tout continuer…

Son discours trace les pistes de l’avenir. Il ne cherche pas à séduire immédiatement et artificiellement. Il construit. Il est. Il dit. Contrairement à ce qui se dit ou s’écrit, il ressent. Mais il se place au service d’une cause. Il est capable de tout, du meilleur.

Jacques Chirac le moment venu aura certainement à cœur d’organiser l’avenir de ses deux premiers ministres : Alain et Jean-Pierre…

Quelle belle journée ! Je suis sans voix. Heureux. François embrasse Madame Chirac. Je lui baise la main pour la saluer respectueusement. Mission accomplie !