Imprimer cet article - Envoyer à un ami

Je choisis de rester Député de Tours !

Je choisis de rester député de Tours. J’espère que cette décision permettra de rétablir la sérénité nécessaire pour que justice me soit rendue. Rentré dans la nuit de Tours, la matinée qui s’annonce est pour moi la dernière étape d’un chemin particulièrement rocailleux et dangereux. Celui qui a été jalonné de coups fourrés médiatiques. Et qui doit s’achever maintenant.

J’ai tout réglé avec le Premier Ministre vendredi matin, après avoir fait le point avec Dominique de Villepin. Je ne démissionne pas. Je souhaite rester Député de Tours… Les nuances sont censées avoir beaucoup d’importance ! Le résultat est là, qui me contraint par sagesse, par respect du service de l’Etat qui ne peut être perturbé par les règlements de comptes politiques et les dénonciations “pétainistes”, à renoncer à faire partie du “Raffarin II”, le gouvernement que Jean-Pierre doit constituer au lendemain des législatives brillamment gagnées.

J’avais pris cette décision il y a, en fait longtemps, car je sentais qu’on ne me lâcherait pas les baskets tant que je n’aurai pas obtempéré. Mais je tenais à tenir. Pour rester maître du choix du moment.

J’ai exercé ma fonction avec scrupule et passion jusqu’au bout de ce premier chemin. En chassant de ma tête le sentiment de gâchis, d’injustice. Si vous ne faites pas ce genre d’effort dans ces circonstances, vous êtes mort, à tous les sens du terme… Tant que vous considérez qu’une situation est injuste, vous dévissez. Vous dévalez vers l’abîme. Il faut réussir à considérer une situation en soi. A la contempler de manière “ extérieure ”. Et là, vous tenez. Vous remontez la pente. Vous vous mettez à refabriquer l’énergie nécessaire. Celle qui permet de vivre. De se refixer des objectifs. Le premier étant le plus simple : revenir !

J’ai réuni mon Cabinet en fin de matinée. J’ai lu le projet de communiqué avec une voix qui n’arrivait plus à maîtriser l’émotion et le chagrin :

“ Une majorité solide de mes concitoyens de Tours m’a renouvelé sa confiance en me réélisant à l’Assemblée Nationale. Je leur exprime ma fierté, ma gratitude et ma volonté de les servir. J’y vois une marque de reconnaissance pour mon action, et de soutien au Président et au Premier Ministre.

Je choisis de rester Député de Tours. J’espère que cette décision permettra de rétablir la sérénité nécessaire pour que justice me soit rendue.

Je remercie le Président de la République, le Premier Ministre, le Ministre des Affaires Etrangères de m’avoir confié dans ce premier Gouvernement la très belle mission de réunir les Français et l’Europe. Cet objectif politique essentiel restera le mien à l’Assemblée Nationale.

Je souhaite au nouveau Gouvernement de réussir, par des actions et des résultats concrets, à redonner espoir aux Français.

Pour ma part, j’engagerai toutes mes forces pour soutenir les réformes urgentes dont notre pays a besoin.”

J’ai remercié chacun, dont je mesurais et comprenais la grande déception. Nous avions réussi à faire une vraie équipe, totalement articulée et soudée à celle de Dominique, ce qui garantissait l’efficacité et la détente. Laurent Bili a prononcé au nom de tous des mots très émouvants que je n’oublierai jamais.

Nous avons “balancé” à l’AFP le texte. La dépêche est tombée quelques minutes après. Un “Urgent”. Qui n’était pas un scoop tant il s’agissait d’une implacable partition. Digne de Bach.

Matignon, c’est à dire Jean-Pierre Raffarin, comme c’était programmé, a réagi :

“ Renaud DONNEDIEU de VABRES m’a fait connaître ce matin sa décision de rester député de Tours et de ne pas poursuivre, au sein du Gouvernement dont je proposerai la constitution au Président de la République, la mission qui était la sienne depuis le 7 mai dernier et qu’il a accomplie avec compétence, talent et dignité.

Je comprends et accepte à regret sa décision. Je ne doute pas qu’il saura servir et représenter avec efficacité les électeurs qui lui ont fait confiance, en contribuant au succès de l’action et au renforcement de l’union de la nouvelle Majorité.

Je souhaite que Renaud DONNEDIEU de VABRES puisse tenir toute sa place dans le débat national. ”

La messe était dite…

Il ne me restait plus qu’à écrire au Président de la République. Tout simplement pour le remercier de m’avoir choisi. A une fonction où j’aurais été vraiment proche de lui, ce qui était un honneur supplémentaire.

D’un trait, avec une fougue maîtrisée et un respect affiché, je lui ai adressé la lettre suivante :

“ Monsieur le Président de la République,

J’ai été heureux et fier d’être votre Ministre en charge des Affaires européennes.

Permettez-moi de vous remercier de la confiance que vous m’avez témoignée. J’ai essayé d’en être digne et d’être pour Dominique un ministre délégué loyal et opérationnel.

La sauvagerie des temps actuels m’empêche de poursuivre. Je souhaite cependant continuer à vous être utile et à soutenir l’action de redressement que vous entreprenez. La confiance de nos concitoyens à Tours est, je crois, la plus belle des réponses que je puisse apporter à la horde médiatique…

Si votre emploi du temps vous le permet et si vous l’acceptez, je serais, dans les prochaines semaines, heureux de pouvoir m’entretenir avec vous.

J’ai vécu grâce à vous des moments très exceptionnels où la charge de défendre les intérêts de son pays est absolument passionnante.

En vous redisant ma gratitude, ma loyauté et mon dévouement, je vous prie de croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de ma plus haute considération.”

J’ai alors quitté mon bureau, après avoir rangé les derniers papiers. Nous avons tous été déjeuner ensemble sur un bateau au bord de la Seine. Fin de partie ! Set et match !

Dés l’annonce de la nomination de Noëlle Lenoir, je l’ai appelée pour la féliciter et organiser son arrivée. Elle était encore à Londres. Rendez-vous fut pris pour mardi.

Je me suis réinstallé dans mon bureau à l’Assemblée que j’avais conservé. Auquel mes électeurs de Tours me donnaient droit. Merci ! Ils m’ont donné avenir et espoir.

Laisser une réponse