Imprimer cet article - Envoyer à un ami

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Doudou Salla Diop

Monsieur l’Ambassadeur,

Cher Doudou Salla Diop,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui au ministère de la
Culture et de la Communication, pour honorer en vous un artisan essentiel
du dialogue, de la coopération, et de l’amitié entre la France et le Sénégal.

Cette amitié, et ce profond respect mutuel entre nos deux pays, ont été
forgés, nous le savons, par plus de trois cents années d'histoire partagée.

Ils se sont incarnés brillamment en la personne de Léopold Sédar Senghor,
l’enfant de Joal, l’un de nos plus grands poètes, le père fondateur de la
francophonie, et un éminent homme d’État, dont le centenaire de la
naissance l’année dernière, fut un temps fort de nos commémorations
nationales. Il fut aussi dans sa jeunesse professeur au Lycée Descartes à
Tours où nous sommes allés lui rendre hommage, avec le Président Diouf,
secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie, le
10 novembre 2006. A cette occasion, comme lors du festival francophone
en France, auquel tant d’artistes et d’auteurs sénégalais de talent se sont
déplacés, nous avons pu constater combien sa parole, son message, cette
fraternité qu’il a rêvée entre nos deux pays est solide, féconde, et
puissamment enracinée, combien la chaleur, la force et la poésie de la
culture sénégalaise apportent à la francophonie, « fille de la liberté et soeur
de l’indépendance ».

A l’heure d’écrire de nouveaux chapitres de notre histoire commune, je suis
fier que notre amitié séculaire s’incarne dans des hommes tels que vous,
brillant diplomate et juriste international, grand homme de culture, ardent
défenseur du dialogue, de l’ouverture et de la connaissance mutuelle entre
nos deux pays.

Et cette connaissance, vous l’avez acquise très tôt, puisque, c’est en
France que vous obtenez une maîtrise de lettres, et que vous entamez vos
études de Sciences Politiques, avant d’entrer à l’École Nationale
d’Administration de Dakar. C’est en France également que vous
obtiendrez, ensuite, une maîtrise de droit.

A votre sortie de l’école, vous choisissez la voie de la diplomatie. Vous
consacrerez dès lors votre vie aux relations internationales de votre pays.

De l’intérieur, tout d’abord, puisque vous gravissez un à un, rapidement, les
échelons au Ministère des Affaires étrangères : Chef de la division des
accords et conventions internationaux, tout d’abord, puis Directeur des
affaires juridiques et consulaires, et enfin Directeur de cabinet.

Jeune diplomate, votre énergie et votre talent dans la conduite des
négociations internationales vous distinguent très vite, et le Président
Senghor vous désignera pour représenter votre pays à l'étranger. Vous
occupez ainsi une première fois un poste en France, où vous êtes nommé
Consul général de la République du Sénégal, de 1980 à 1989. Vous
connaissez donc depuis longtemps la communauté des Sénégalais de
France. Homme de terrain, vous savez être, auprès de la République
française, leur inlassable avocat et porte-parole.

A partir de 1989, vous êtes l'homme des situations délicates. Vous êtes en
effet nommé Ambassadeur en Irak, puis en Jordanie, pendant la première
guerre du Golfe. En 1992, vous êtes ambassadeur en Mauritanie, et vous
oeuvrez à la réconciliation entre vos deux pays, après plusieurs années de
fortes tensions avec ce voisin dont vous sépare le fleuve Sénégal.

Vous êtes ensuite amené à suivre l’épineux dossier du Sahara occidental,
d'abord en tant que représentant du Président en exercice de
l'Organisation de l'Unité Africaine, auprès de la Mission des Nations unies
pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, et ensuite
depuis le Maroc, où vous êtes nommé ambassadeur en 1996. C'est donc
à Rabat que vous apprenez en 2001 votre nomination à Paris, comme
ambassadeur du Sénégal en France.

Depuis cette date, par votre regard attentif, votre connaissance profonde
de notre pays, et votre volonté réelle de jeter un pont fait de dialogue,
d’amitié et de culture, entre la France et le Sénégal, vous contribuez à
réaliser le voeu que Léopold Sédar Senghor forma à Louisville, dès 1958 :
« que la France et le Sénégal vivent librement, mais fraternellement
unis ».

Et, le grand poète et grand homme d’Etat savait que les échanges
culturels sont un pilier du dialogue entre les civilisations. Parce que la
culture exprime l’âme, l’identité même d’un peuple, dans toute sa
diversité, elle est le ferment des coopérations les plus solides, elle est le
socle, la toile de fonds des plus belles amitiés.

Si j’insiste sur ce point, c’est parce que je sais, Monsieur l'Ambassadeur,
que vous n'êtes pas seulement un fin juriste et un excellent négociateur
d'accords internationaux, deux atouts de choix pour ce noble métier de
diplomate, mais vous êtes aussi, et c’est, j’en suis convaincu, une
condition sine qua non à l’accomplissement réussi de cette mission, un
amateur de belles lettres et un grand homme de culture.

Vous êtes ainsi, m’a-t-on dit, le seul ambassadeur d'Afrique noire
accrédité à Paris qui participe au jury du Prix des Ambassadeurs.

Ce prix, fondé en 1948, récompense chaque année une publication ou
l’oeuvre entière d’un écrivain de langue française, dans les domaines
historique et politique. Je sais l'implication qui a été la votre dans
l'attribution de ce prix, en 2005, à l'ouvrage Empire colonial et capitalisme
français de Jacques Marseille.

La France salue aujourd’hui un diplomate et un ami, mais elle salue
également un grand homme de culture, familier des arts et des lettres,
pour son implication de chaque instant en faveur de la promotion de la
culture sénégalaise et africaine dans notre pays.

Doudou Salla Diop, au nom de la République, nous vous remettons les
insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.

Laisser une réponse