Rubrique ‘Journal 2002-2004’

PRODUIT DES AMENDES : UN IMPOT SUPPLEMENTAIRE POUR LES TOURANGEAUX

24 février 2007

Pour cette année la municipalité a prévu 3 100 000 € de recettes provenant des amendes de police. Ce qui représente une augmentation de 138,46% par rapport à 2006.

Comment peut-on expliquer cette hausse vertigineuse? Les automobilistes Tourangeaux auraient-ils subitement modifié leur comportement ? Pourtant les statistiques ne semblent guère montrer une recrudescence des accidents de la circulation dans notre département et dans notre ville. Au contraire le nombre de blessés et de tués aurait tendance à diminuer.En réalité cette très forte augmentation n’est guère surprenante. Les Tourangeaux ont pu constater que par sa politique de stationnement, Jean GERMAIN et son équipe ont créé un véritable « impôt automobile ».

En effet depuis plusieurs mois, ils ont pu remarqué une nette augmentation des procès verbaux dressés pour dépassement de stationnement payant, une réduction croissante des zones de stationnement gratuit, une forte augmentation des tarifs dans les zones payantes.

Faute de transport en commun adapté (le projet de TCSP étant toujours à l’état de projet dont la réalisation est constamment repoussée), une telle politique est particulièrement pénalisante et injuste pour ceux qui habitent ou qui travaillent à Tours et qui n’ont pas d’autres moyens pour se déplacer et travailler, et risque de compromettre à terme l’attractivité de notre agglomération auprès des entreprises et des familles.

Ouverture du colloque « L’avenir du livre », dans le cadre de la mission Livre 2010

22 février 2007

Mesdames, Messieurs,

Le livre est un Héritage. Le livre est notre Héritage. Car il est avant tout symbole de civilisation, de culture, de connaissance. Le livre nous est venu de loin, inscrit dans la longue durée des historiens. De l’invention de l’écriture à l’émergence des religions du livre, depuis cette Grande découverte que fut l’imprimerie jusqu’à l’émergence de la liberté dans ses acceptions politiques, religieuses, scientifiques, le livre a été simultanément le vecteur et la substance de l’émancipation humaine. Aussi est-il naturel pour nous tous d’envisager avec angoisse et terreur l’annonce de la disparition du livre. Cette disparition qu’elle soit tantôt fantasmée sur le mode millénariste, tantôt invoquée sur le mode futuriste, réveille en nous tous, une inquiétude fondée. Car c’est cet héritage de liberté, d’autonomie, d’imagination que le livre incarne et que nous sentons aujourd’hui confusément menacé. Et notre instinct commun d’amis de la liberté et des arts ne s’y trompe pas. Il se joue quelque chose de notre civilisation dans ce passage, dangereux.

Le livre est notre héritage. Mais il en est un autre que nous avons également en partage. Car l’héritage, c’est aussi le défi de notre avenir. C’est la politique publique du livre et de la lecture. En tant que ministre de la culture et de la communication, j’ai pu peser depuis 2004, l’importance pratique et symbolique de cette dimension. Cet héritage n’est pas multiséculaire, il nous renvoie quelque deux cents ans en arrière, vers les moments fondateurs de notre République. Dans cet inventaire, nous trouvons tour à tour l’héritage de la monarchie avec la Bibliothèque nationale, héritière de la bibliothèque de Charles V ; celui des Lumières de la Révolution avec le droit d’auteur, droit fondateur, mais aussi les fonds anciens de nos bibliothèques publiques ; les apports considérables qu’ont constitué, en leurs temps, la création du Centre national du livre, dont nous fêtons, comme j’aime à le rappeler, le soixantième anniversaire, l’insertion, puis l’épanouissement de la Direction du livre, au sein du ministère des affaires culturelles ; le réseau des bibliothèques publiques et plus près de nous, la législation sur le prix unique du livre ou sur le droit de prêt.

Cet héritage, ce patrimoine que nous avons en partage, sont-ils destinés à s’inscrire définitivement dans le passé, dans la Tradition ? Non. Et surtout pas, s’ils sont mis en mouvement, s’ils s’adaptent, s’ils se transforment. Je me refuse à condamner à l’immobilisme et à la nostalgie ces apports successifs de la civilisation, du savoir et de l’amour du livre. Voilà pourquoi nous sommes réunis ici pour évoquer ensemble l’Avenir du livre. Et sans grandiloquence je suis convaincu que c’est un peu de l’avenir de l’homme dont il sera question aujourd’hui, tant notre nature humaine a à voir avec cet assemblage de papier, d’encre et de mots qu’est le livre.

Ma politique du livre se veut nouvelle, car elle veut mettre en mouvement cet héritage. Et c’est tout le sens de la Mission Livre 2010. Mener une politique, c’est asseoir les projets sur la solidité et la confiance du présent.

Car l’avènement d’une politique nouvelle, la prospective ne doit pas laisser dans l’ombre le quotidien, l’aujourd’hui. C’est pourquoi en 2007, j’ai souhaité placer le livre et la lecture en tête des priorités budgétaires du ministère de la culture et de la communication. Un effort que j’ai souhaité quantitatif, avec un budget en augmentation de 7 %, soit 15 M d’euros supplémentaires. Mais c’est un effort que j’ai voulu aussi qualitatif avec la réforme de la taxe affectée au Centre National du Livre, démarche aussi indispensable que délicate à mettre en oeuvre. C’est avec fierté que je sais aujourd’hui une ressource supplémentaire permanente de 14 Millions d’euros affectée au CNL, où planait depuis trop longtemps le spectre d’une crise budgétaire risquant de remettre en définitivement en cause cet outil central de la politique publique du livre.

De l’argent certes, pour répondre aux attentes immédiates, mais c’est insuffisant à l’heure où se profile, pour reprendre une formule chère à l’historien, une Grande Transformation.

L’entrée dans l’ère numérique soulève espoirs et désillusions. Je me refuse à y voir de manière univoque l’annonce de catastrophes industrielles ou l’aube d’un jour nouveau où l’homme verrait ses capacités et ses talents démultipliés par les prodiges de la technique. J’ai souhaité regarder le numérique en face, sans tabou ni fausse conscience, car c’est l’avenir du livre et c’est l’avenir de l’homme qui sont en jeu. Cette Grande Transformation nous donne l’opportunité de sonder et d’expertiser la politique publique du livre et de la lecture, en vue d’anticiper et d’accompagner le changement, au côté de tous les hommes et les femmes qui font et sont le livre aujourd’hui, en 2007.

De manière plus pragmatique, Livre 2010 est aussi une méthode nouvelle pour réformer l’Etat, à l’heure d’évolutions profondes. Comment imaginer la permanence de nos institutions et de nos méthodes, lorsque l’on se retourne sur les progrès accomplis depuis deux siècles ? Un raisonnement tout aussi valide lorsque l’on considère les vingt dernières années et, pour ne prendre qu’un seul exemple, l’évolution profonde d’un secteur comme l’édition qui dans cet arc de temps s’est fortement massifié et concentrée au plan économique. Il serait illusoire et vain de cantonner l’Etat à l’évocation du bon vieux temps, ou à la perpétuation de formes économiques archaïques. Car refuser de regarder cette réalité, c’est se condamner à l’inaction, au passéisme et se rendre incapable d’accompagner tous ceux qui oeuvrent à la perpétuation des valeurs de diversité dont le livre est indissoluement le symbole absolu. C’est l’efficacité, la crédibilité et la pérennité de la politique publique du livre et de la lecture qui sont en jeu aujourd’hui. Sans catastrophisme, ni soupçon de retrait de l’Etat, Livre 2010 est au coeur d’une volonté de réforme et de refondation d’une nouvelle politique du livre.

Le premier enseignement que je retire à l’heure d’un bilan d’étape des travaux remarquables de Livre 2010 est une conviction quant à la pérennité du rôle de l’Etat. Mais c’est d’un Etat stratège dont le livre a besoin aujourd’hui, un Etat recentré pleinement sur ses fondamentaux que sont l’évaluation, l’analyse, la proposition, le contrôle.

Ces missions de plein exercice sont les fondamentaux d’une politique culturelle dont les maîtres mots sont identité et diversité.

Sans Livre 2010, je n’aurais pas de certitudes aussi fermes à vous livrer. Et c’est à vous tous qui avez contribué à cette démarche que je dois cette vision. Et je voudrais dire un mot de la méthode Livre 2010, car elle me semble innovante dans le moyen de répenser les missions de l’Etat. Transparence et décloisonnement sont ses deux maîtres mots. Mais que serait la méthode sans des hommes et des femmes pour la mettre en oeuvre ? Ma gratitude est immense, à la mesure de la tâche entreprise par Benoît Yvert, le directeur du livre et de la lecture et Sophie Barluet. Je tiens à les remercier chaleureusement ici devant vous, ainsi que tous ceux qui ont apporté leur pierre à cet édifice. Et ils furent nombreux, dans le cadre de 11 tables rondes, réunissant près de 200 intervenants venus du secteur public et du secteur privé, professionnels, fonctionnaires, experts, universitaires. Et leur assemblée témoigne à elle seule de la richesse d’hommes et de femmes dans lequel le livre s’enracine.

Pourtant cet enthousiasme s’estompe lorsque l’on constate que de cette puissante et savante compagnie se dégage une inquiétude, certes encore diffuse, mais bien présente. C’est avec une pointe de tristesse que j’ai envisagé ce message d’alarme. J’ai entendu l’expression de cette crainte. Elle est fondée au regard des bouleversements technologiques et économiques. Mais je ne suis pas prêt à faire mienne la peur d’un monde d’où le livre serait absent, où la part d’humanité que recèle l’écrit se verrait supplanté par la technique et ses écrans. La perfection de la technique ne peut pas totalement obscurcir l’être, dont le livre est l’indissociable expression.

Pour répondre à cette alerte, à ces attentes, je préconise de dégager deux priorités. La première consiste à anticiper le devenir numérique du livre, c’est à dire à perpétuer devant nous, dans l’avenir son essence, en prenant en compte les technologies émergentes. La seconde vise à promouvoir les médiateurs du livre ; car la médiation vers le livre est au croisement de deux valeurs fondamentales, l’indépendance et la qualité.

Au coeur de la démarche actuelle, la conviction concernant le devenir numérique du livre est apparue tout à fait décisive. Déjà fort de l’enseignement et des évolutions en cours dans le domaine de la musique ou de la presse, j’ai la conviction qu’il revient à l’Etat d’anticiper le changement et d’accompagner les acteurs dans ces évolutions.

En l’espace de trois ans, que de signes annonciateurs, que de bouleversements, pour un secteur que l’on a dit protégé, étant donné la substance particulière du livre. Après l’industrialisation du signalement, la mise en dialogue d’immenses bases de données, la numérisation de masse, voici surgir de nouveaux prodiges. L’émergence de nouvelles technologies, comme l’encre électronique et la commercialisation de terminaux de lecture souples et économiques, font craindre l’émergence d’un système capable de ravir au livre sa prééminence comme l’i-pod à pu le faire pour les supports de la musique. L’émergence d’un commerce de masse en ligne pour le livre est l’un des visages de la Grande Transformation qui est en marche.

Nous sommes à l’aube d’une mutation historique, la plus importante depuis l’imprimerie, à n’en pas douter.

Ces évolutions brutales et erratiques ajoutent aux difficultés que connaissait déjà le livre. Objet du temps long, de la réflexion, le livre était déjà victime de l’accélération des échanges et de la médiatisation à outrance dont les corollaires destructeurs sont immédiateté, contingence, obsolescence rapide. Les inquiétudes concernant la réduction de la durée de vie des livres en librairie, trahissent bien la menace pesant sur l’essence même du livre. Le livre serait-il en train de devenir mortel ? Crise des sciences humaines, crise du roman, crise des idées inutile de dépeindre plus avant les symptômes du mal, vécu ou imaginé, mais dont les effets psychologiques sont destructeurs.

Par ailleurs, l’insuffisante reconnaissance des acteurs du livre par la nation, patente depuis fort longtemps, ne fait que renforcer les effets destructeurs de la Grande Transformation enclenchée.

Le numérique prend les traits d’une menace protéiforme, anarchique et diffuse. Il corrompt la régulation du savoir, les hiérarchies établies, mêle le vrai et le faux, conteste la propriété des droits.

Il ne me revient pas de faire des prédictions quant à ce que sera le livre dans l’avenir. Mais je ne peux que répudier la débâcle millénariste (le livre est mort ou il prendra le maquis) ou l’enthousiasme évangélique (organiser l’information mondiale). J’ai la conviction que livre, en renforçant son esthétique, assurera sa permanence en tant qu’objet, mais l’information ne sera plus son apanage. Et c’est en persistant dans son être qu’il survivra.

Je souhaite délaisser les poisons jumeaux de la stérile lamentation ou de la nostalgie des riches heures d’antan. Je souhaite regarder l’avenir en face. Un avenir où le numérique a vocation à être maîtrisé et régulé.

Et il revient à l’Etat d’accompagner les acteurs du livre dans ce changement technologique et économique. C’est l’objet – et toute l’originalité – de la commission pour la politique numérique instituée au Centre national du livre. En 2007 les 10 millions d’Euros qui lui sont affectés sont dévolus au grand projet de Bibliothèque numérique Européenne, initiative pionnière et structurante à l’échelle du continent. Mais je souhaite que ces crédits puissent être mobilisés, en tant que de besoin, vers l’ensemble des acteurs et notamment vers ceux les plus menacés et les moins armés pour envisager l’avenir numérique du livre.

L’autre grande priorité que je retiens du premier bilan d’étape de Livre 2010 concerne le caractère prioritaire de la défense et de l’illustration des médiateurs du livre : auteurs, éditeurs, libraires, bibliothécaires. A l’heure où l’anarchie numérique menace, je souhaite les conforter, car ils sont seuls capables de structurer un paysage en mouvement. Je tiens à leur rendre hommage ici devant vous tous. Je tiens à rendre hommage à tous ceux qui nous donnent le goût de lire des livres, qu’ils soient enseignants, critiques, jurés des prix littéraires, journalistes de l’ensemble des médias y compris le web. C’est une politique publique à part entière que de soutenir les médiateurs du livre dans leur diversité. Elle me semble devoir être réaffirmée et refondée, en s’attachant à l’ensemble des maillons de la fameuse chaîne du livre.

Vous, auteurs, devez être placés au centre du système en tant que créateurs. Vous êtes à la base de la création et les conditions de production de votre création doit être favorisée sans bouleverser son économie, particulièrement fragile. Je préconise aussi l’établissement d’une franchise fiscale de 20000 euros sur l’ensemble des droits d’auteurs perçus au long d’une année. Parallèlement, les traducteurs, à la fois recréateurs et passeurs de culture, feront l’objet d’aides renforcées. Acteurs indispensables de la diversité et de la circulation des oeuvres, je souhaite les accompagner pleinement.

Vous, éditeurs devez devenir partie prenante de la politique publique du livre et de la lecture. Je souhaite briser l’idée reçue qui, chez quelques esprits chagrins, fait de vous les éternels boucs-émissaires des difficultés actuelles Mieux connus et mieux reconnus, vous constituez les partenaires naturels de l’Etat en matière de livre et de lecture. Vos maisons constituent notamment le pivot d’une politique numérique moderne et ambitieuse au service du livre. Je suis heureux de voir Serge Eyrolles assumer, en plus de ses lourdes charges, la présidence de la commission Politique numérique du Centre National du Livre. De même, pour inscrire dans la durée l’accompagnement de l’Etat, j’ai souhaité que soit créée une aide à la collection, qui faisait depuis longtemps défaut dans l’arsenal des aides publiques à l’édition. Enfin, je souhaite que vous soyez mieux accompagné à l’export et plus présent à l’international.

Vous, libraires, êtes ma priorité. Car vous êtes aujourd’hui devant un défi à la mesure de celui que vous avez relevé en 1981, grâce à la loi sur le prix du livre. Baisse de la rentabilité, hausse des loyers des commerces de centre ville, coût élevé de la main d’oeuvre qualifiée nécessaire pour accompagner l’acte d’achat, réduction de la durée de vie du livre, faiblesse des remises, vous cumulez les handicaps. Entreprises, vous faîtes face à toutes les difficultés qui sont celles des entrepreneurs dans le monde d’aujourd’hui : coût du travail, difficultés de transmission, charges liées au commerce en centre ville. Entreprises culturelles, vous devez surmonter les obstacles liés à la commercialisation de biens spécifiques et symboliques à l’heure d’une révolution technologique.

Comme en 1981, mais sur un mode différent, l’Etat a vocation à vous accompagner pour surmonter ces difficultés. Car si vous disparaissez, c’est tout un pan de la diversité culturelle qui s’effondre. L’aménagement culturel du territoire a un coût et je suis prêt à l’assumer. Je vous propose un pacte à deux niveaux. Tout d’abord je souhaite envisager avec vous les modalités de mise en oeuvre d’une labellisation de vos librairies. Un label librairie indépendante visible et compréhensible par l’ensemble de nos compatriotes est de nature à vous inscrire dans le paysage comme commerce culturel de proximité et de qualité. Une place à part que vous méritez. Ensuite je souhaite porter une politique d’aménagement culturel du territoire par une réforme des aides et par une fiscalité incitative. Les outils sont multiples et je souhaite les mobiliser tous.

Au niveau étatique je vais dans les prochains jours signer avec mon collègue Renaud Dutreil le protocole FISAC, afin de reconduire pour trois ans ce dispositif stratégique. Je vais engager avec Bercy une démarche afin que soient annulés les effets destructeurs de la hausse de la TACA sur vos commerces.

Enfin les aides CNL seront renforcées pour vous accompagner efficacement dans la durée.

Parallèlement avec l’accord du ministre délégué aux collectivités locales, Monsieur Brice Hortefeux, j’ai décidé de réunir l’ensemble des instances représentatives des collectivités territoriales (Association des Maires de France, Association des Présidents de conseils régionaux, Association des Présidents de conseils généraux) pour mettre au point un dispositif d’aides locales aux librairies, dans la lignée de la loi Sueur et compatibles avec la réglementation européenne. Je souhaite porter sans délai une politique d’aménagement culturel du territoire dont le pivot est le réseau de librairies indépendantes.

Les bibliothèques sont l’autre grand acteur de cet aménagement et je souhaite rendre un hommage solennel aux professionnels qui les animent. Vous bibliothécaires êtes le rempart de la République partout sur le territoire. Vous animez, enrichissez, conservez les collections des bibliothèques publiques qui sont le plus bel instrument de promotion sociale, éducative et culturelle de notre pays. A l’heure où l’intolérance ou l’exclusion font rage dans certaines portions de notre territoire, il vous revient de faire exister l’espace de la bibliothèque lieu où règne la devise « liberté, égalité, fraternité ». Que vous exerciez dans une métropole de province, à la Bibliothèque nationale de France, dans un grand établissement scientifique et technique, une bibliothèque départementale de prêt ou une université, vous mettez en oeuvre les valeurs républicaines. Je souhaite qu’une grande loi, à l’image de celle qui fut portée en son temps pour les Musées, soit consacrée aux bibliothèques. C’est une manière d’inscrire dans le texte sacré qu’est la loi vos missions communes dans votre diversité que sont la conservation du patrimoine, l’accès pour tous à la culture, la démocratisation des savoirs et la poursuite de l’aménagement culturel du territoire.

Enfin, Livre 2010 plaide pour un Etat stratège, et je formule à mes propres services le souhait de les voir se réformer afin d’avoir d’avantage prise sur le réel. Dans la simplicité, nouvelle organisation, nouveaux services, nouvelles méthodes, nouveaux moyens, je laisse le soin à Benoît Yvert, Directeur du livre et de la lecture, le soin de vous dévoiler mes intentions en la matière.

En guise de conclusion, vous me permettrez de citer Stendhal et sa fameuse comparaison : « Le roman est un miroir que l’on promène le long d’un chemin ». J’élargirais cette image jusqu’au livre qui est depuis toujours le reflet de notre société. La crise du livre est dans l’air du temps, car nous sommes en un temps de crise. Au coeur d’un monde désenchanté que le livre a cru, a pu, un temps, réenchanter, l’afflux des informations, des médias, des messages brise le charme. L’homme se sent à la fois doté d’hyper puissance devant les nouveaux temps mais éprouve un sentiment de perte en laissant les vieux outils classiques, qui lui ont été si fidèles et si proches.

Ma conviction est que plus que jamais, en ces temps incertains, le livre est l’indispensable compagnon du changement. Nous avons besoin, selon la belle formule de Georges Steiner, « du silence des livres ». Mais pour trouver ce chemin vers l’introspection, vers la reconquête de soi, nous avons besoin de mains qui nous guident vers lui. Plus que jamais nous avons besoin de l’autre, du médiateur pour voir clair dans l’océan d’information qui se déverse autour de nous, en flots continus.

Votre présence à tous, à l’heure où s’ouvrent les débats, illustre la permanence du livre et la détermination de ceux qui le servent.

L’avenir du livre, c’est nous. L’avenir du livre, c’est vous.

Je vous remercie de nous permettre de l’envisager avec confiance.

Lancement du livre " jardins en Touraine"

19 février 2007

Mesdames, Messieurs,
Chers amis,

Je suis très heureux de vous recevoir aujourdhui à loccasion du lancement dun livre remarquable, qui est à la fois un aboutissement et une ouverture.

Un aboutissement, dans la mesure où cet ouvrage marque le point dorgue et la réussite dune politique lancée il y a une dizaine dannées déjà pour remettre en valeur ces fleurons du patrimoine de la Touraine que sont les jardins. Le "Jardin de la France" a toujours été connu en effet comme la capitale française, et lun des hauts lieux au monde, de cet art si délicat qui consiste à apprivoiser la nature, à la travailler, à la détourner pour mieux en révéler la beauté.

De Rabelais à Balzac, en passant par Ronsard, qui régna sur les jardins du prieuré de Saint-Cosme pendant vingt ans, tant de poètes et décrivains ont été touchés par la beauté et lharmonie de ces jardins de Touraine ! Il était essentiel, tant pour notre région que pour tous ceux qui aiment la nature et les jardins, de travailler à mieux faire connaître ces trésors uniques qui font partie intégrante de la richesse culturelle de la Touraine. Oui, les jardins appartiennent au patrimoine ; oui, ils doivent être perçus, visités, présentés comme des œuvres dart à part entière : ils ne sont pas de simples annexes aux bâtiments quils entourent, ils ne se résument pas à de jolis écrins dans lesquels se déploient les prodiges de larchitecture.

Parce que les jardins offrent à contempler une certaine vision de lhomme, une certaine image de la nature, ce sont des lieux de culture, de patrimoine, porteurs de sens et de valeurs. Loin dêtre inactuels, ils contribuent à éclairer les grandes questions de notre temps.

En effet, à lheure où lhomme mesure lampleur des dégâts causés par une relation exclusivement consumériste avec son environnement, par des comportements peu soucieux des grands équilibres qui régissent les cycles de la nature, au moment où lécologie est devenue, à juste titre, une préoccupation politique et sociale de première importance, je souhaite que la Touraine, "Jardin de la France", devienne lauthentique "Poumon de la France" ; au-delà du rôle écologique des espaces verts, les jardins de Touraine doivent devenir le lieu privilégié dune pédagogie nécessaire pour réapprendre aux hommes, aux femmes, aux enfants de notre temps combien la nature demande de patience, de finesse, dhumilité. Le jardinier est celui qui, pour mieux maîtriser les plantes et apprivoiser les lieux, commence par se soumettre à eux, par se mettre à leur rythme, par régler son temps sur le leur. En même temps, il est aussi celui qui nous montre que lhomme nest pas forcément une nuisance pour la nature, un appauvrissement, un risque : sil sait acquérir cette patience, cette attention respectueuse, qui nest autre que le sens de la contemplation, alors il peut créer, engendrer, féconder cette matière biologique quil travaille pour en faire de véritables œuvre dart, des espaces de vie, des lieux desprit.

Eh bien, je souhaite que la Touraine puisse montrer ce chemin nécessaire, éloigné à la fois du consumérisme destructeur et dune certaine idéologie écologiste qui fait de lhomme le pire ennemi de lenvironnement, chemin qui nest autre que celui du développement durable.

Cest pour cela que cet ouvrage magnifique constitue une ouverture, ouverture vers dautres voies quil nous appartient maintenant dexplorer. Je veux à cet égard en féliciter les auteurs : le travail de Jean-Louis Sureau, ancien directeur des monuments historiques en Indre-et-Loire, directeur du château royal dAmboise, permet de sinspirer des grandes œuvres du passé, de les comprendre ; quant aux photographies exceptionnelles de Jean-Baptiste Leroux, spécialiste des ouvrages sur lart des jardins, elles invitent précisément à développer ce sens de la contemplation, par lequel nous réapprendrons à parler à la nature.

Quil me soit permis, pour conclure, de remercier et de féliciter également tous ceux qui ont été à lorigine de cet ouvrage, et en particulier le Président Marc Pommereau et tous les services du Conseil Général dIndre-et-Loire, qui mènent depuis plusieurs années ce travail audacieux et inventif au service de la mise en valeur des Jardins en Touraine. Je ne doute pas que ce quils ont semé produira des fruits très importants, pour le rayonnement de notre belle région dabord, mais aussi pour la promotion dun regard renouvelé de lhomme sur son environnement.

Je vous remercie.

Présentation de l'ouvrage culture et handicap, guide pratique de l'accessibilité

16 février 2007

esdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui pour vous présenter louvrage Culture et Handicap, guide pratique de laccessibilité, qui est une grande première.

Le Président de la République, vous le savez tous, a tenu à faire de l’insertion des personnes handicapées l’un des grands chantiers de son quinquennat, afin de permettre « à la société française de mieux accueillir la différence et de recueillir ses richesses ».

C’est dans cet esprit qu’a été menée l’élaboration des articles concernant la culture, dans la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées.

Cette œuvre législative majeure a fait franchir à la société française une nouvelle étape. En effet, la loi du 11 février 2005 pose le principe d’accessibilité généralisée, qui doit permettre à toutes les personnes, quel que soit leur handicap, d’exercer les actes de la vie quotidienne et de participer à la vie sociale et culturelle.

Je tiens à réaffirmer l’engagement du ministère de la Culture et de la Communication en faveur de cette grande ambition. C’est un devoir qui répond pleinement à la mission qui lui a été assignée par André Malraux, dès sa création: «rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français» et «assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel».

Laccessibilité est un enjeu essentiel. En accueillant les personnes handicapées, en prenant en compte leurs besoins, en veillant à favoriser un meilleur accès de l’ensemble des publics à la culture comme aux moyens d’information et de communication, les professionnels de la culture accomplissent pleinement leurs missions et leur vocation.

Par leffort consenti en matière d’accessibilité, l’équipement culturel répond non seulement aux attentes des personnes handicapées, mais il offre un meilleur confort d’usage à un public beaucoup plus large.

Les exemples sont nombreux : la rampe d’accès, indispensable pour les personnes en fauteuil, est un élément de confort pour les visiteurs âgés et les parents accompagnés d’enfants en bas âge; le surtitrage des spectacles ou l’utilisation de boîtiers électroniques sont aussi très appréciés des visiteurs étrangers; l’aménagement de l’éclairage et une signalétique accessible profitent à l’ensemble des visiteurs; enfin, les personnes éprouvant des difficultés de lecture et les dyslexiques utilisent volontiers des documents en gros caractères. Les espaces tactiles avec maquettes sont appréciés des jeunes visiteurs comme des adultes. A cet égard, je vous invite à vous promener dans la galerie tactile du Louvre, et vous vous rendrez compte que les personnes aveugles sont loin dêtre les seules à toucher les œuvres. C’est l’ensemble des publics qui bénéficie de cette nouvelle approche.

Afin dépauler les professionnels de la culture dans lapplication de la loi du 11 février 2005, et dans leurs efforts pour une accessibilité généralisée à la culture, le ministère de la Culture et de la Communication a souhaité mettre à leur disposition un outil pratique, louvrage que jai lhonneur de vous présenter aujourdhui. Une version numérique de cette édition papier est mise en ligne sur le site du ministère (www.handicap.culture.gouv.fr).

Ce guide est un outil formidable, une véritable mine d’informations, pour faciliter non seulement laccès des personnes handicapées aux lieux de culture et au patrimoine mais aussi aux œuvres et aux produits de lindustrie culturelle. Il éclaire bien entendu le cadre législatif, mais il dépasse aussi laspect purement réglementaire, en présentant des préconisations très diverses dans tous les domaines culturels et artistiques.

Comment rendre un site accessible? Quels sont les besoins particuliers en fonction des différents types de handicap? Quels partenariats tisser afin d’améliorer l’accueil des personnes handicapées? Quels dispositifs techniques novateurs peut-on mettre en place? Ce guide apporte des réponses à toutes ces questions et décrit un certain nombre de «bonnes pratiques».

Le guide comprend également un questionnaire permettant de réaliser un état des lieux de laccessibilité dun établissement, des fiches techniques, ainsi que les carnets de préconisations et de conseils rédigés par les membres de la mission Culture et Handicap, confiée à la Cité des Sciences et de lIndustrie, dont je tiens à féciliter le Président Jean-François Hébert, pour son travail et son enthousiasme admirables.

Cet ouvrage a été élaboré dans le cadre de la commission nationale Culture-Handicap, avec nos partenaires associatifs représentant les personnes handicapées, ainsi quavec nos partenaires associatifs « Culture Handicap », en particulier lassociation Archimed. Je remercie les Présidents et Directeurs de ces associations qui nous font lhonneur dêtre présents aujourdhui.

Je tiens également à remercier le Groupement dintérêt public Handicaps et Compétences, et son Directeur Alain Bony, pour son soutien à ce projet, dans le cadre du programme européen Equal.

Permettez-moi de rappeler également l’engagement exemplaire, en faveur de l’accessibilité des personnes handicapées, du Centre des Monuments nationaux, qui propose les très belles et ingénieuses collections «Sentitinéraires», à destination des déficients visuels et «Lex’signes», à destination des personnes sourdes locutrices de la langue des signes française.

Je profite de ce tour dhorizon pour vous annoncer que le guide pratique Culture et Handicap est le premier dune série dédiée à laccessibilité à la culture. Le prochain volume sera consacré aux pratiques artistiques, amateurs comme professionnelles, des personnes en situation de handicap.

Je souhaite enfin dresser, comme je m’y étais engagé, un bilan détape de la mise en œuvre de la loi du 11 février 2005, en partenariat avec le Secrétariat d’État aux personnes handicapées, la Délégation interministérielle aux personnes handicapées et les grandes associations nationales représentant les personnes handicapées. Pour mener à bien cette action concertée, le ministère s’appuie sur la commission nationale Culture et Handicap, créée par arrêté, qui sest réunie cinq fois depuis sa création: le 23 mai 2001, le 7 février 2002, le 5 mai 2003, le 29 novembre 2004 et le 1er juin 2006.

Lapplication de la loi ouvre un très vaste chantier. En premier lieu, conscients de la nécessité dune sensibilisation des professionnels du cadre bâti, nous avons mis en place des séminaires de formation interrégionaux, sur la thématique de l’accessibilité. Au total, ce seront plus de 600 professionnels qui auront été formés en 2006 et 2007. Ces formations sont bien sûr organisées en lien avec les partenaires associatifs représentant les personnes handicapées. Il s’agit de créer une culture commune, soucieuse à la fois de l’accessibilité des lieux de culture aux personnes handicapées, et de la préservation du patrimoine.

Toutes les catégories de personnels sont concernées par la prise en compte du handicap. Le Centre des monuments nationaux poursuit depuis plusieurs années la formation des personnels à laccueil des visiteurs.

Sagissant de la formation initiale, les futurs professionnels qui suivent un enseignement supérieur sous tutelle du ministère de la Culture et de la Communication auront désormais un enseignement obligatoire sur le thème de laccessibilité. Dès la rentrée 2004-2005, un enseignement des principes fondamentaux et des connaissances techniques relatifs à lusage et à laccessibilité pour tous a été mis en place dans les écoles darchitecture.

De hauts lieux de notre patrimoine, tels que la Basilique de Saint-Denis, ou le Château de Chambord, ont d’ores et déjà été aménagés pour favoriser l’accès des personnes handicapées.

L’ensemble des domaines de la culture doivent être accessibles à tous. Aussi, outre l’accès aux lieux, au patrimoine monumental, aux musées et aux salles de spectacles, je suis également particulièrement attentif, sur ce sujet, à la télévision et au cinéma. Jai demandé aux responsables des chaînes de télévision que les émissions politiques soient accessibles à tous pour les échéances électorales. C’est un enjeu essentiel, un enjeu de tout premier plan, pour notre vie démocratique même. Au-delà des émissions politiques, je resterai vigilant quant à la bonne application de la loi en ce qui concerne la mise en accessibilité des programmes télévisés.

Les nouvelles technologies de l’information et de la communication représentent une chance immense pour une meilleure diffusion de notre foisonnante vie culturelle. Je vous invite à découvrir ou redécouvrir tout à l’heure le site remarquable et exemplaire de la basilique cathédrale de Saint-Denis, qui comprend une interface en langue des signes française, et que vous pouvez consulter dans cette salle.

Je tiens à redire ici limportance que jaccorde à laccessibilité des sites Internet, et je souhaite que le nouveau site du Ministère de la Culture et de la Communication soit un modèle du genre.

La prise en compte du handicap est laffaire de tous et je réaffirme aujourdhui limportance d’additionner les énergies pour une véritable révolution des mentalités. Le 1er juin 2006, lors de la dernière commission nationale Culture et Handicap, deux conventions interministérielles ont été signées. La convention nationale culture/handicap, entre le ministère de la Culture et de la Communication, et celui chargé des personnes handicapées, permettra d’encourager les pratiques culturelles au sein des institutions, grâce à des jumelages entre les institutions daccueil et les équipements culturels ou les compagnies artistiques. Des conventions régionales sont déjà signées entre les services déconcentrés des deux ministères en Picardie, en Haute Normandie et dans les Pays de la Loire.

Une convention a également été signée entre les ministères chargés de la culture et du tourisme, sur la base du label "Tourisme et Handicap".

Je sais que les attentes des publics concernés sont fortes. Les associations représentatives des personnes handicapées s’investissent d’ailleurs activement auprès des institutions pour les aider à comprendre et à satisfaire leurs besoins. Je tiens à les en remercier, parce qu’elles sont des partenaires indispensables de notre action.

Au-delà même de la mission essentielle de ce ministère, qui est de faciliter l’accès à la culture au plus grand nombre de nos concitoyens, et de leur ouvrir l’accès à l’ensemble des formes de culture, il y a aussi, au cœur de notre action, la conviction que les personnes handicapées ont un rapport à notre monde et à notre environnement, qui peut apporter un véritable « plus » à notre capacité de création dans tous les domaines de l’art et de la culture. En étant des acteurs du renouvellement des langages et des expressions créatrices, les personnes en situation de handicap sont en position de contribuer à la diversité de l’offre culturelle, et par-là même à la vitalité et au rayonnement de notre culture. Jen veux pour preuve le dynamisme de lInternational Visual Theatre, que jai eu le plaisir dinaugurer le 17 janvier dernier, et qui mêle lexpression orale et lexpression signée pour faire surgir un langage théâtral novateur.

Permettez moi enfin de rappeler que c’est ensemble que nous réussirons notre action, et que l’énergie et l’engagement de tous les acteurs est nécessaire. Nous pouvons tous contribuer, non seulement à appliquer la loi, mais aussi à faire évoluer les mentalités et à mobiliser l’ensemble notre société sur cet enjeu essentiel. Ce guide pratique y participe largement, et sa seule couverture est une véritable invitation à transformer nos perceptions et nos représentations.

BICENTENAIRE DU LYCEE DESCARTES

16 février 2007

Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux d’être présent parmi vous pour célébrer le bicentenaire de ce grand établissement, véritable mémoire de la vie tourangelle de ces deux derniers siècles.

Depuis la création, le 16 février 1807, par décret de l’empereur Napoléon Ier, de l’école secondaire communale, jusqu’à aujourd’hui, cette institution n’a pas seulement traversé l’Histoire de France. Elle en a écrit de très belles pages, également, en formant l’esprit de nos plus éminents hommes de lettres, artistes, militaires, médecins, journalistes, avocats, ou industriels, de Balzac à Yves Bonnefoy, en passant par Jean Carmet, Jacques Villeret, ou encore Patrice Leconte.

Cette Histoire, le lycée de Tours l’a également vécue dans ses murs, dans sa chair. Occupé par l’armée allemande pendant la Seconde guerre mondiale, il perdit l’un de ses professeurs, qui y enseigna pendant un an, Daniel Decourdemanche, engagé dans la Résistance, fusillé au Mont Valérien en 1942.

Le Lycée Descartes, c’est l’excellence à travers les siècles, l’exigence d’élever les esprits, les cœurs et les corps, à l’intelligence, à la liberté, à la citoyenneté.

Permettez-moi, au moment même où se clôt la XXIVe conférence des chefs d’Etat d’Afrique et de France, de rendre hommage, à mon tour, à l’un de vos anciens professeurs, qui incarna brillamment ces valeurs, ces exigences  portées haut par ce lycée, tout au long de son histoire, et dont nous avons commémoré l’année dernière le centenaire de la naissance, ici même, en présence du Président Abdou Diouf, Secrétaire général de l’Organisation Internationale de la Francophonie.

Oui, Léopold Sédar Senghor, l’illustre poète, l’éminent homme politique, et la grande voix de l’universel, fut d’abord professeur. Après l’hypokhâgne et la khâgne à Louis-le-Grand, après la Sorbonne, où il fut le premier Africain agrégé de l’Université, c’est ici même, au Lycée Descartes, qu’il commença sa carrière, enseignant aux classes de sixième le français et les langues classiques – latin et grec, de 1935 jusqu’en 1938.

M. le Directeur des archives départementales d’Indre-et-Loire a récemment retrouvé, parmi les documents dont il a la garde, un brouillon de l’évaluation par le proviseur de l’époque, que je ne résiste pas au plaisir de vous lire :
1935 : « M. Senghor
A linexpérience dun débutant, mais montre beaucoup de bonne volonté. Les élèves se sont habitués à sa couleur » !
Décembre 36 : « A profité de lexpérience acquise lannée dernière. En grand progrès » !
Décembre 37 : « Est devenu un très bon professeur, apprécié des familles, réussissant très bien » !

C’est ici que le professeur Senglor s’ouvrit, non seulement, à la subtilité de la notation administrative française, mais surtout, à ses deux grandes passions, à ses deux grands engagements, la poésie et la politique. C’est ici que débuta le chemin lumineux du poète président.

Léopold Sédar Senghor habitait alors boulevard Heurteloup, où il se consacrait à l’écriture : les premiers poèmes qui constitueront le recueil Hosties noires, publié en 1948, ont été écrits, ici, à Tours.

Tout au long de sa vie, et aujourd’hui encore, Léopold Sédar Senghor incarne le dialogue entre les cultures, les langues, les civilisations.  Il est passé avec une telle aisance d’une culture à une autre, conservant intact son amour pour son « Royaume d’enfance », cette terre d’Afrique où il est né, au sud de Dakar, tout en s’interrogeant sur la possibilité d’une « civilisation de l’universel », par métissage, qui demeure à la fois une référence et un projet pour notre temps.

Visionnaire, chantre de la Négritude, pionnier de la Francophonie, il a compris très tôt le rôle capital de la diversité culturelle et linguistique, de la richesse de la polyphonie des identités et des expressions artistiques et culturelles dans le monde d’aujourd’hui, que l’Unesco et la mobilisation de la communauté internationale, où la France et le Sénégal en particulier, ont joué tout leur rôle, feront entrer, pour la première fois dans l’histoire, le 18 mars prochain, dans le droit international. Il fut un précurseur. Il nous a ouvert le chemin.

Amoureux du français, « Soleil qui brille hors de l’hexagone », suivant ses propres mots, Léopold Sédar Senghor a rêvé que cette langue rassemble tous les peuples des cinq continents qui la parlent, en « symbiose des énergies dormantes ».

Oui, le lycée Descartes de Tours peut être fier d’avoir vu et fait éclore un esprit aussi brillant que le sien, il peut être fier de ses deux siècles d’histoire et d’excellence au service de l’éducation de générations de citoyens.

Je souhaite au lycée Descartes, avec ses équipes administratives et pédagogiques, ses professeurs, ses élèves et la communauté éducative, de poursuivre son grand destin, en restant fidèle aux valeurs qui l’animent depuis ses origines, et à cette maxime de celui dont il porte brillamment le nom : « On ne peut se passer d’une méthode pour se mettre en quête de la vérité des choses. »

7 février 2007

Ces œuvres, vraisemblablement conçues dès l’origine comme une diptyque, témoignent de l’extraordinaire floraison artistique que connut la cité tourangelle au XVème siècle. L’extrême rareté sur le marché de l’art des peintures de chevalet de l’Ecole de Tours, s’explique en partie par les terribles destructions des guerres de religion.

Cette acquisition est possible grâce aux dispositions fiscales de la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, aux associations et aux fondations. Ces nouvelles dispositions, qui complètent celles de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, créent en effet des conditions favorables à l’entrée dans les collections publiques, grâce au mécénat d’entreprise, d’œuvres reconnues d’intérêt patrimonial par la commission consultative des trésors nationaux.

PGA Holding, installé depuis 1989 au Futuroscope de Poitiers, est le leader français de distribution automobile. Cest la première entreprise a avoir eu recours à ces dispositions fiscales en 2003, pour lacquisition par lEtat, pour le musée du Louvre, des « Divertissements champêtres » de Jean-Baptiste Oudry.

Renaud Donnedieu de Vabres tient particulièrement à le remercier pour son geste exceptionnel en faveur de l’acquisition de cette œuvre précieuse de l’art du Val de Loire à l’aube de la Renaissance.

La France va soutenir le jeu vidéo

1 février 2007

Dans le cadre de l’examen du projet de loi relatif à la modernisation de la diffusion audiovisuelle et à la télévision du futur, présenté par Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, l’Assemblée nationale a adopté mercredi soir un amendement de la commission des affaires économiques, proposé par son président Patrick Ollier et son rapporteur Frédéric Soulier, ainsi que par Patrice Martin-Lalande, afin de mettre en place un crédit d’impôt pour soutenir la création de jeu vidéo en France.

Ce crédit d’impôt a été annoncé par Dominique de Villepin, Premier ministre et Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, à l’occasion de la visite des studios de création de jeu vidéo de Quantic Dream et Ubisoft en décembre 2005.

Il s’inscrit dans la reconnaissance du caractère culturel du jeu vidéo, qui fait appel à de nombreux métiers et talents artistiques : scénaristes, réalisateurs, graphistes, créateurs de musique et de sons. Il prend en compte la place croissante du jeu vidéo dans les pratiques culturelles des Français, puisque 15 millions d’entre eux jouent régulièrement.

Le crédit d’impôt soutiendra la création des jeux vidéo qui ont une dimension culturelle, en finançant à hauteur de 20% les dépenses de production du jeu, dans la limite d’un plafond de 3 millions d’euros par entreprise et par an. Il complètera ainsi le dispositif du Fonds d’aide à l’édition multimédia, qui a déjà permis de soutenir ce secteur à hauteur de 13 millions d’euros depuis 2003.

Le gouvernement a notifié à la commission européenne ce dispositif en décembre 2005. Renaud Donnedieu de Vabres avait défendu ce dossier auprès de Neelie Kroes, la commissaire européenne à la concurrence, en octobre dernier. La commission a engagé une procédure formelle d’examen fin 2006, qui doit s’achever dans quelques semaines.

Ce crédit d’impôt permet ainsi de préserver la création de jeu vidéo en France, face aux risques de délocalisation. Comme l’a déclaré Renaud Donnedieu de Vabres, qui présentait le projet de loi à l’Assemblée : « Nous souhaitons que cette industrie de création et d’intelligence puisse rester en France et dispose des moyens nécessaires. »

Projet de loi relatif à la télévision du futur à l’Assemblée nationale

30 janvier 2007

En examinant et, je l’espère, en votant le projet de loi que j’ai l’honneur de vous soumettre au nom du gouvernement, vous préparez dès aujourd’hui l’arrivée en France de la télévision du futur.

Par ce texte, en effet, le gouvernement vous invite à faire en sorte que la télévision entre totalement dans l’ère numérique. Ce texte crée le cadre juridique pour assurer dès mars 2008 le basculement de l’analogique au numérique, basculement qui s’achèvera au plus tard le 30 novembre 2011. Ce texte fixe également les conditions du lancement, dès l’été prochain, de la télévision en haute définition et de la télévision mobile personnelle.

Ce projet s’inscrit dans le cadre de l’ambition fixée par le Président de la République de faire de la France l’un des pays les plus avancés dans le domaine du numérique, au bénéfice de l’ensemble de nos concitoyens. Il s’inscrit dans une série de rendez-vous tenus, qui étaient autant de défis technologiques, et qui se sont révélés autant de grands succès : le lancement de la télévision numérique terrestre, la numérisation des archives de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et leur accès par le plus grand nombre grâce à Internet, ainsi que le lancement de France 24, pour ne citer que ceux-là.

Ce texte garantit que 18 chaînes gratuites en qualité numérique pourront être reçues par 100% des Français au plus tard le 30 novembre 2011, au lieu des 6 chaînes existantes. Il permet aussi de lancer, dès l’été 2007, la télévision mobile personnelle et la télévision haute définition en numérique hertzien terrestre. A partir de 2012, l’offre s’enrichira encore : les téléspectateurs pourront alors regarder au moins 20 chaînes gratuites. Cette démultiplication de l’offre de chaînes contribue à la diversité de l’offre de programmes, et au pluralisme de la télévision, pour l’ensemble des Français.

Afin d’atteindre cet objectif, le projet de loi que je vous présente aujourd’hui repose sur quatre axes fondamentaux :

– Premièrement, il prévoit que le basculement de l’analogique au numérique ne peut avoir lieu que si tous les Français peuvent avoir accès à la TNT et s’ils sont informés des conditions qui permettent ce changement. Le texte prévoit d’ailleurs que les chaînes dites historiques devront couvrir en numérique hertzien terrestre jusqu’à 95% de notre territoire. En France, ce vecteur de diffusion n’est pas archaïque, il est le mode privilégié de diffusion de la télévision, le plus simple et le moins coûteux, pour le plus grand nombre de nos concitoyens.

– Deuxième axe : il contribue notamment au pluralisme de l’information, grâce aux nouvelles chaînes d’information gratuites accessibles aux téléspectateurs.
– Troisièmement, il permet à la télévision publique de bénéficier des évolutions technologiques pour se développer et disposer de sa juste part sur les nouveaux vecteurs de diffusion. Oui, grâce au doublement du nombre de chaînes publiques accessibles gratuitement par l’ensemble de nos concitoyens, l’offre de la télévision publique sera, grâce au texte qui vous est soumis, plus importante et plus diversifiée, ce qui la rendra plus forte et plus solide pour l’avenir.
– Enfin, alors que la convention de l’Unesco relative à la diversité des expressions culturelles et artistiques, pour laquelle notre pays a joué le rôle pionnier que vous savez, entrera en vigueur dès le 18 mars prochain, il s’agit d’un texte majeur pour la diversité culturelle, puisqu’il garantit que l’innovation technologique bénéficiera à la création audiovisuelle et cinématographique, qui est l’un des moteurs de l’emploi culturel dans notre pays et l’une des forces de notre rayonnement culturel dans le monde.

Je sais, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés, que votre Assemblée, éclairée par les travaux remarquables des deux commissions que vous avez saisies, au fond et pour avis, est pleinement consciente de ces enjeux fondamentaux qui sont au cœur du texte qui vous est soumis. Et je tiens d’emblée à dire combien les propositions de la commission des affaires culturelles, familiales et sociales et de la commission des affaires économiques seront autant d’apports déterminants pour permettre à notre pays, à notre télévision, de réussir le passage à l’ère numérique.

La réussite spectaculaire de la télévision numérique terrestre a été rendue possible par des décisions courageuses du Gouvernement et du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel. Et je tiens à rendre hommage ici, devant la Représentation nationale, au rôle essentiel de cette autorité de régulation indépendante, et à la façon exemplaire dont elle remplit, et continuera, bien sûr, de remplir, les missions essentielles, d’intérêt général, au service des auditeurs et des téléspectateurs, que lui a confiées la loi du 17 janvier 1989. Le succès de la TNT, qui est en passe de devenir la télévision numérique pour tous, témoigne de l’attente forte des Français à l’égard des programmes et des services permis par ces nouvelles technologies audiovisuelles.

Depuis son lancement en mars 2005, pas moins de sept millions de foyers se sont déjà équipés d’un terminal de réception de la télévision numérique terrestre. La numérisation de la télévision est également massive sur le câble, le satellite et l’Adsl. Les Français ne comprendraient pas qu’on ne leur permette pas de bénéficier, grâce à ce texte, d’une offre gratuite trois fois plus riche que celle dont ils disposent actuellement. Oui, grâce à ce texte, notre pays sera ainsi prêt, comme nos principaux partenaires européens, à arrêter sa diffusion analogique dès mars 2008, et à basculer en totalité dans l’ère numérique au plus tard en novembre 2011. Ce calendrier est volontaire et déterminé, parce qu’il engage l’avenir. Il est aussi réaliste. Je précise que notre chronologie s’inscrit pleinement dans la démarche européenne d’extinction de l’analogique.

Ainsi, les dates retenues par nos partenaires de l’Union européenne se situent entre 2007 et 2012. La France, qui a toujours su, et a toujours vocation, à jouer un rôle pionnier dans ce domaine, ne saurait être en retard à ce rendez-vous qui est celui de la modernisation technologique.

C’est pourquoi le Premier ministre, après un échange approfondi avec les deux assemblées, a choisi la procédure d’urgence, afin que cette nouvelle loi audiovisuelle puisse entrer en vigueur, après que vous vous serez prononcé, dès les prochaines semaines. Cela permettra dès l’été 2007 d’offrir aux Français dix-huit chaînes gratuites par satellite, la télévision en haute définition et la télévision en mobilité, ainsi que les chaînes locales analogiques existantes par la télévision numérique terrestre. L’honneur du législateur, c’est de légiférer pour l’avenir. C’est de permettre, sans attendre, dès aujourd’hui, les choix de demain.

Il y a donc urgence : urgence technologique au profit des Français, qui recevront, plus vite et mieux, plus de chaînes de télévision, chez eux comme en mobilité ; urgence technologique au service de la création et de la diversité culturelle, ainsi que des emplois qu’elles génèrent.

J’ajoute que, saisi par le Premier ministre des modalités d’extinction de la diffusion analogique par voie hertzienne terrestre, le Conseil d’Etat a rendu, lors de sa séance du 23 mai 2006, un avis considérant que c’est au législateur qu’il appartient d’autoriser et d’organiser l’extinction anticipée des services de diffusion par voie analogique.

Aussi le projet de loi, qui vous est soumis, a-t-il été, dès le printemps 2006, précédé d’une large consultation, qui a permis de recueillir l’avis de tous les professionnels sur le cadre législatif applicable à la télévision du futur. Le texte que je vous présente aujourd’hui tient compte des équilibres et des larges consensus résultant de cette consultation.

Ce texte est donc un texte de modernisation positive de la diffusion télévisuelle. Le Sénat ne s’y est pas trompé et plusieurs amendements y ont été adoptés à l’unanimité, ce qui témoigne de la convergence des points de vue pour faire en sorte que ce projet de loi bénéficie à l’ensemble des Français.

Le basculement inéluctable de l’analogique vers le numérique ne peut avoir lieu que si pour chacun des Français les conditions, tant en termes de couverture que d’équipement, sont réunies, afin qu’il reçoive la télévision numérique. J’ai toujours affirmé qu’il s’agissait pour moi d’une priorité. Je me félicite que vos commissions des affaires culturelles et des affaires économiques proposent de renforcer encore les dispositifs prévus par le projet de loi. Je tiens à redire que la couverture satellitaire constituera un complément indispensable et nécessaire pour garantir que 100 % de la population métropolitaine reçoive la télévision numérique. Je pense en particulier aux zones de montagne et aux zones qui, pour une raison ou pour une autre, sont moins faciles d’accès pour la réception terrestre. Le projet de loi suit une règle simple : il ne saurait y avoir et il n’y aura pas de laissés-pour-compte de la télévision numérique. Il s’agit bien, comme l’affirme à juste titre votre rapporteur pour avis, d’un enjeu d’aménagement du territoire. Je suis, comme lui, comme vous, sensible aux préoccupations du président de votre délégation à l’aménagement et au développement durable du territoire sur ce point.
Comme le souligne votre rapporteur dans son rapport écrit, « tous les citoyens doivent pouvoir recevoir la télévision numérique ». Pour les plus démunis, ceux qui n’ont pas les moyens de s’équiper, un fonds d’aide sera créé. Il a pour objectif une égalité sociale et une égalité géographique. En effet, il sera modulé aussi en fonction du coût de l’équipement. Dans certains territoires, comme les zones de montagne, seule l’offre satellitaire gratuite permettra, dans un premier temps, de recevoir la télévision numérique. Le fonds d’aide prendra en compte le fait que l’achat d’une parabole est d’un coût plus élevé que l’achat d’un simple adaptateur. Oui, Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés, ce texte est bien un texte d’équité, un texte juste.

L’information est une clef de la réussite du passage d’une technologie à une autre. Il est essentiel que, dès cette année, nos concitoyens qui achètent un poste de télévision soient systématiquement informés de l’équipement nécessaire à la réception de la TNT. Le projet de loi instaure une obligation légitime pour les industriels et les distributeurs déquipement électronique grand public d’informer de façon détaillée et visible les consommateurs des capacités des récepteurs de télévision à recevoir la TNT. Une campagne nationale de communication sera lancée, afin que tous les Français soient précisément informés, dès cette année, sur la manière dont a lieu le basculement de la télévision analogique à la télévision numérique. J’approuve la préoccupation de votre rapporteur sur ce point essentiel.

Toutes les conditions doivent être réunies pour faciliter la transition de la télévision analogique à la télévision numérique le plus rapidement possible. Je suis attentif à la proposition de vos commissions des affaires culturelles et des affaires économiques qui incite à ce que, dès cette année, tous les téléviseurs vendus sur le territoire national intègrent un adaptateur permettant la réception des services de la télévision numérique terrestre. C’est aussi le sens d’une autre proposition de vos commissions des affaires culturelles et des affaires économiques, qui prévoit qu’une information sur les modalités de réception de la télévision dans l’immeuble devrait être fournie par le bailleur au moment de la signature ou du renouvellement du contrat de location. Ces avancées concrètes sont primordiales pour un grand nombre de Français. Elles ont été prises en compte et c’est un progrès majeur pour la vie quotidienne de nos concitoyens.

Le passage au numérique, qu’il s’agisse du basculement complet de la télévision analogique à la télévision numérique et du lancement de la télévision mobile personnelle, permet de multiplier les sources d’informations, et de garantir un meilleur pluralisme. Grâce au basculement complet au numérique, l’offre en matière d’information sera plus nombreuse et plus diversifiée. Au-delà des effets de manche, des effets de tréteaux, en cette période de pré-campagne électorale, il serait paradoxal et incohérent de s’opposer au projet de loi au nom du pluralisme ! En effet, en plus de l’offre d’information des chaînes historiques, les téléspectateurs pourront désormais avoir accès à deux chaînes d’information en continu, ainsi qu’aux chaînes parlementaires, chaînes civiques qui ont pu, grâce à la TNT, multiplier leur audience, pour faire mieux connaître à l’ensemble des Français le travail et le rôle du Parlement. C’est un élément qui renforce notre démocratie.

Par ailleurs, j’ajoute que le Conseil supérieur de l’audiovisuel tiendra compte, pour l’autorisation des services de télévision mobile personnelle, des offres en matière dinformation.

Le respect et le progrès du pluralisme permis par ce texte, c’est aussi, bien sûr, et je sais combien la Représentation nationale y est attentive, la place de la télévision publique. Elle sera confortée dans le nouveau paysage audiovisuel. Je suis, par mes fonctions, par mes convictions, le garant du service public et de son périmètre, que j’ai contribué à élargir, avec notamment la création de France 4 et de France Ô sans compter la diffusion 24 heures sur 24 de France 5 et d’Arte. L’offre satellitaire gratuite permettra en outre aux Français de recevoir les éditions régionales de France 3, ce qui n’était pas possible jusqu’à présent. [Sur ce sujet, je tiens à préciser que sur le numérique hertzien terrestre, la recomposition des multiplexes, qui a été décidée à ma demande par le Conseil supérieur de l’audiovisuel, ne saurait se traduire par une dégradation technique de la diffusion des chaînes du service public] j’ai Vous le savez, le service public ne dépend pas du cadre défini par ce projet de loi pour les appels à candidature que le CSA lancera pour la télévision du futur, mais les fréquences qui lui sont nécessaires sont directement préemptées par l’exécutif. J’ai ainsi annoncé, en outre, que le Gouvernement préemptera pour le service public l’un des deux ou trois canaux qui seront disponibles, dès l’an prochain, pour la diffusion de chaînes gratuites en haute définition sur la TNT et que cette préemption sera portée à deux canaux, dès qu’il sera possible de diffuser quatre chaînes gratuites en haute définition.

Il importe que toutes les chaînes gratuites de la TNT puissent se développer et que le projet de loi crée les garanties pour leur avenir. Je tiens à souligner à ce propos que le caractère homogène et cohérent de l’offre des chaînes est essentiel pour les téléspectateurs. D’une part, c’est la raison pour laquelle le gouvernement a proposé un amendement, qui a été voté par le Sénat, afin de garantir la place des chaînes gratuites de la télévision numérique terrestre dans l’offre des programmes. Cet article vise à renforcer le rôle du CSA en matière de régulation, en lui confiant le soin de veiller à ce que la numérotation des chaînes dans les offres de programmes soit équitable, transparente, non-discriminatoire et homogène. Il contribue donc à constituer des blocs cohérents et thématiques de chaînes. D’autre part, je rappelle que l’offre satellitaire gratuite prévoit la numérotation logique des chaînes de la TNT.

Le projet de loi adopté par le Sénat organise également, dès aujourd’hui, le lancement de la télévision du futur.

C’est d’abord la télévision mobile personnelle, qui s’inscrit pleinement dans la révolution contemporaine des usages que nous sommes en train de vivre. Comme c’est notamment le cas déjà en Corée du Sud et au Japon, la télévision mobile personnelle peut être reçue par des supports dédiés, ou par des téléphones. Elle permettra d’offrir à nos concitoyens par cette nouvelle forme d’accès une vingtaine de chaînes de télévision. Cette révolution est comparable au passage de la TSF au transistor, qui a fait de la radio un média personnel et portable. Le texte ne préjuge évidemment pas du modèle économique dans ce domaine. Mais il permet d’offrir aux Français aussi bien les chaînes qu’ils ont l’habitude de regarder, que d’autres programmes plus innovants, induits par ce mode nouveau de consommation nomade.

C’est aussi la télévision en haute définition, dans le contexte de l’équipement rapide des foyers en écrans plats, dont la taille s’accroît, puisque ceux-ci représentent désormais plus de la moitié des ventes de téléviseurs. Il s’agit de multiplier par quatre la définition des images transmises, ce qui sera particulièrement utile pour retransmettre les grands événements sportifs comme les programmes culturels ambitieux, qu’il s’agisse de cinéma ou d’audiovisuel. Là aussi, l’objectif est de pouvoir lancer ces services dès l’été prochain. Le processus de mise en place a déjà été engagé par le gouvernement et par le CSA pour être prêt dès le vote de la loi.

L’enjeu, au-delà du progrès technologique, qui est un vecteur, et non pas une fin en soi, est avant tout culturel. Il est essentiel que l’innovation technologique bénéficie à la création. Je rappelle qu’en raison du basculement au numérique à compter de 2008, le préjudice subi par les chaînes, dont les autorisations leur confèrent le droit de diffuser en mode analogique, jusqu’à 2012 pour TF1 et M6, et 2010 pour Canal Plus, leur donne droit en compensation à une chaîne supplémentaire à l’arrêt de l’analogique. Ce choix est un choix réfléchi. Que n’aurait-on dit si l’Etat avait fait celui d’une indemnisation financière ! Les chaînes compensatoires qui seront diffusées une fois que les chaînes auront éteint leur diffusion analogique seront assujetties à des « obligations particulières de soutien à la création audiovisuelle et cinématographique », selon l’expression que propose votre commission des affaires culturelles et à laquelle je souscris pleinement. Je tiens à rappeler que la création audiovisuelle et cinématographique est aujourd’hui intégralement financée par les trois chaînes privées historiques qui ont investi en 2005 plus de 485 millions d’euros, alors que les nouveaux entrants de la télévision numérique terrestre consacrent, dans leur ensemble, moins de 16 millions d’euros au financement de la production française. L’extinction de la diffusion analogique ne peut se traduire en France par une réduction de la part consacrée à la production. C’est une question de diversité culturelle. C’est aussi une question d’emplois dans ce secteur emblématique de notre rayonnement et de notre créativité culturels et artistiques dans le monde.

Ensuite, le Conseil supérieur de l’audiovisuel tiendra compte, pour l’autorisation des services de télévision mobile personnelle, de leurs engagements en matière de production et de diffusion d’œuvres audiovisuelles et cinématographiques, ainsi que de loffre de programmes dont les formats sont les plus adaptés à la télévision mobile personnelle. Par ailleurs, la télévision mobile, comme la télévision en haute définition, participeront au financement de la création audiovisuelle et cinématographique par une majoration de la taxe acquittée par les chaînes de télévision, et affectée au compte de soutien à l’industrie des programmes, le COSIP.

Enfin, l’une des clefs de la vitalité de notre production cinématographique et audiovisuelle réside dans le soutien qui lui est apporté par le Fonds de soutien du Centre national de la cinématographie. Celui-ci repose sur un principe fondamental : financer la production d’œuvres françaises ou européennes à valeur artistique, culturelle et patrimoniale, grâce à une contribution assise sur une assiette large incluant des programmes de tous genres et de toutes nationalités.

En contrepartie de cette contribution à la production, les recettes perçues auprès des spectateurs ou téléspectateurs sont soumises à des taux réduits de TVA.

L’accès à des programmes attractifs, et notamment des films, ainsi que des dessins animés et des documentaires, constitue et sera de plus en plus un motif essentiel d’équipement à une offre par satellite, par câble, ou par Internet. C’est l’une des raisons pour lesquelles les distributeurs de services numériques, et notamment les fournisseurs d’accès à Internet, développent fortement leur activité et leur chiffre d’affaires. Or les plates-formes satellitaires, câblo-opérateurs, et fournisseurs d’accès à Internet, ne sont pas, actuellement, soumis à une contribution à la production. La réforme proposée par votre commission des affaires culturelles consiste donc à étendre la contribution au fonds de soutien. Elle ne porte pas sur les activités de réseau mais uniquement sur la distribution des services de télévision. Les distributeurs pourront donc bénéficier du taux de TVA réduit. Ils aideront ce nouveau secteur porteur d’avenir à se développer, ils assureront son alimentation en œuvres européennes adaptées, et ils y prendront part pleinement en bénéficiant du compte de soutien. Affirmer que la réforme serait un nouvel « impôt internet » qui serait payé par les consommateurs est, tout simplement, de la désinformation, et ceux qui le disent oublient par ailleurs de mentionner qu’ils bénéficient d’un taux réduit de TVA. Si la TVA passait d’un taux réduit à un taux plein, le coût serait supporté par les consommateurs, qui auraient à payer un abonnement à internet beaucoup plus cher. Il est donc essentiel de préserver le taux réduit, en l’assortissant d’une contrepartie légitime en faveur de la création audiovisuelle et cinématographique française, à la charge des distributeurs, et non pas des consommateurs. C’est le sens de la réforme proposée. J’ajoute que la nouvelle assiette de cette contribution au compte de soutien, car il s’agit bien d’une nouvelle assiette et non d’une nouvelle taxe, respecte totalement le principe d’équité et de non discrimination entre diffuseur et distributeur de programmes de télévision, et je salue particulièrement le travail accompli par votre Commission des Affaires Culturelles sur ce sujet.

La création audiovisuelle et cinématographique française n’existe que grâce à un système de financement spécifique organisé par l’Etat. Sans cette réglementation appropriée, il n’y aurait, purement et simplement, plus de création audiovisuelle et cinématographique en France. C’est la raison pour laquelle il est vital d’adapter ce modèle à l’ère numérique, de contribuer au financement des œuvres multimédia notamment. Ne pas agir dès aujourd’hui serait paradoxal, alors que notre modèle est une référence pour tous les pays qui veulent préserver la diversité culturelle, et qu’il vient d’être validé par la commission européenne pour les supports traditionnels.

La diversité culturelle sera ainsi renforcée par le projet de loi, pour les auteurs et pour tous ceux qui contribuent à la création et à la production des œuvres. Ces dispositions s’inscrivent dans le droit fil de l’ensemble de ma politique au service de cette diversité, et je pense notamment aux crédits d’impôt. Je souhaite ainsi que le crédit d’impôt en faveur de la création de jeu vidéo, qui vous est proposé par le président et le rapporteur pour avis de votre commission des affaires économiques, puisse être adopté pour soutenir cette nouvelle forme de création culturelle.

Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Députés, le texte que je vous soumets permettra à 100% des Français d’avoir accès à la télévision numérique. Il leur apportera une offre d’information plus importante et un plus grand pluralisme. Il apportera enfin de nouvelles ressources pour notre création audiovisuelle et cinématographique à l’heure du numérique. Je compte sur notre débat, sur vos travaux, sur votre vote, pour nous permettre de tenir ces engagements. Il y va non seulement de la diversité culturelle, ô combien essentielle dans le monde d’aujourd’hui, mais aussi de notre cohésion sociale, d’un meilleur fonctionnement de notre démocratie et de la place de la France au sein de la société de l’information, dans l’ère numérique où nous vivons désormais.

REUNION PUBLIQUE FUTUROSCOPE DE POITIERS

26 janvier 2007

Mes chers Amis,

Il y a quinze jours, à Paris, notre famille politique a choisi le meilleur dentre nous, pour défendre ses couleurs, pour porter notre ambition pour la France. Jai ressenti ce jour là une grande fierté et une immense émotion.

Aujourdhui, à Poitiers, je ressens, en vous voyant tous ici, cette même passion, cette même énergie, cette détermination à faire gagner notre candidat, ici, dans ta région, à ton invitation, cher Jean-Pierre toi qui excelles dans lart de rassembler. Oui, jentends battre à lunisson le coeur de chacun dentre vous, pour porter dans chaque ville, dans chaque village, nos idées, notre projet.Cette région où nous faisons campagne, ensemble, avec Jean-Pierre Raffarin, Philippe Douste-Blazy, Jean-François Lamour, Dominique Bussereau, avec lensemble des parlementaires, des élus et des militants, tous réunis ici au Futuroscope, symbole d’une France qui sait allier toutes les audaces de la modernité avec l’attachement au terroir, aux racines et au patrimoine.

Ici, les nouvelles technologies senrichissent de lhistoire de France. Une nouvelle alliance, une nouvelle frontière, un défi réussi.

C’est cette France des réalités que nous défendons, la France de tous les métiers, artistes, créateurs, mais aussi techniciens, ingénieurs, professeurs, agriculteurs, ouvriers artisans, fonctionnaires, éducateurs, médecins, infirmiers.
Cet arc-en-ciel dune France qui est belle de sa diversité. Larc-en-ciel qui fait notre force et notre fierté.

Ces réalités, nous les connaissons parce que nous, nous  échangeons, nous dialoguons avec chacun tous les jours. Nous n’avons pas besoin de mettre en scène des débats factices pour cacher une absence de vision, de propositions, de projet. Ségolène Royal avance masquée. Nous, nous avançons à découvert. Avec notre projet.

Tu as, cher Nicolas, une belle conception de la démocratie et du respect dû au citoyen. Dire. Tenir. Faire. Débattre pour agir dans la clarté.

Notre projet n’est pas un projet qui divise, mais un projet qui réunit et qui met en mouvement cette France des mille visages que nous aimons. Et que tu as magnifiquement fait revivre Porte de Versailles.

Oui, ici, dans cette belle région, je veux vous dire un mot des beaux visages de la France. Je pense tout d’abord au visage de l’Abbé Pierre, auquel nous avons tous ensemble rendu ce matin, à Notre-Dame de Paris, un hommage national. Je pense aux visages de fraternité, de solidarité, d’humanité, au sein même de notre société, aux visages de fierté de tous ceux qui retrouvent non seulement un toit, mais aussi un travail, une dignité, comme ceux que tu as vus tout à l’heure à Vivonne, cher Nicolas. A cette dynamique de réconciliation qui est notre devise.

Je pense aux visages qui attendent, partout dans le monde, le message de la France. Un message clair et fort. Un message de paix. Un message et un geste de solidarité, concrète, comme nous l’avons fait à la Nouvelle-Orléans, comme nous le faisons avec la conférence internationale de Paris pour le Liban, et je suis fier d’évoquer ici, non loin de sa terre natale, le visage de Jean-François Deniau, qui s’est tant investi pour ce pays. Avec panache, élégance et élan.

La France, c’est cette main tendue, cette ouverture, ce visage et ce message lumineux. C’est l’addition des énergies, des dialogues, des initiatives, des talents. De tous les talents. Des savoirs, des savoir-faire, des compétences, des imaginations, des libertés, et notamment celles des femmes et des hommes de culture, des artisans, des métiers d’art, des artistes, des créateurs, des découvreurs, des précurseurs qui ont toute leur place, au cœur de la cité, et qui n’ont pas à subir le sectarisme, l’étroitesse, la fermeture d’esprit, les jugements à l’emporte-pièce, les injures de qui veut les éloigner, les reléguer, en étouffant leur rayonnement !

Les beaux visages de la France, ce sont ceux de l’union, du rassemblement autour des idées, des valeurs qui font sa force et où le sectarisme n’a pas sa place ! J’étais à tes côtés, cher Jean-Pierre, pour rendre hommage, au nom du gouvernement, à Jarnac, à un ancien Président de la République, pendant qu’une candidate préférait se distinguer, à létranger, en reniant sa famille, par sa solitude, plutôt que par sa bravitude !

Toi Nicolas, tu n’hésites pas à citer et le général De Gaulle,  et Jaurès et Blum, tu n’hésites pas à t’adresser à tous ceux que la gauche a laissés au bord du chemin, parce que tu défends cette valeur essentielle, la valeur du travail, de leffort et du mérite, parce que tu incarnes cette France dont j’ai cité quelques visages, la France de la solidarité, du respect et du mouvement. Parce que la gauche n’a pas, n’a plus le monopole du cœur, ni celui de la culture, ni celui de l’intelligence, ni celui de la générosité ! Parce que la France n’est pas seulement grande par son histoire, elle l’est aussi par sa créativité, par son rayonnement, par ses capacités et parce que notre projet, ton projet permet à chacun de les réaliser.

Alors, oui, nous sommes heureux de nous engager pleinement à tes côtés.  De faire ta campagne. Pour donner  le meilleur de nous-mêmes. Tu peux compter sur nous. Sur  chacun dentre nous. Parce que tu es digne de cette magnifique fonction. Parce que nous voulons tous ta victoire.

CONFERENCE DEBAT A L'ESCEM DE TOURS

25 janvier 2007

Mes chers Amis,

Je suis très heureux dêtre parmi vous, dans cette grande école qui vous apporte une formation de très grande qualité, pour vous permettre de mieux assumer vos responsabilités de demain.

Je suis venu vous parler de la politique culturelle de la France. Ce terme de « politique culturelle » na rien dévident. La culture dun pays, ce sont avant tout les hommes et les femmes qui la font vivre, par leur création, leur réflexion, leur passion. La culture, ça ne se « dirige » pas, ce nest pas un secteur dactivité que lon pourrait planifier, réguler, orienter.

Dans une société libre, ouverte et développée, il ne saurait y avoir de dirigisme culturel ; et cest pour cela que lon sest longtemps demandé, et que certains se demandent encore, si lon peut raisonnablement imaginer une « politique culturelle », si cest un projet sensé, légitime, adapté à notre temps. Cest une question qui a été posée, que jai pu observer, discerner, derrière un certain nombre danalyses et de critiques qui ont été apportées à nos projets et à nos travaux depuis que jai la chance d’exercer la magnifique responsabilité de ministre de la Culture et de la Communication.

Le ministère de la Culture a été crée en 1959, sous la présidence du Général de Gaulle, par André Malraux, auquel j’ai tenu à rendre un hommage exceptionnel, le 23 novembre dernier, à l’occasion du trentième anniversaire de sa mort.  Il a dû subir à l’époque bien des critiques et des incompréhensions ; nombreux furent les commentateurs qui ne saisirent pas l’importance de cet événement majeur, qui ne virent aucun intérêt à la nomination dun ministre qui soccuperait exclusivement de la culture, et qui prédirent à ce nouveau ministère une place de choix dans les oubliettes des erreurs gouvernementales françaises.

La suite, vous la connaissez : quarante-cinq années ont passé, les gouvernements se sont succédés, et aujourdhui, ce Ministère, que jai la chance et lhonneur de diriger, remplit, encore et toujours, avec la même exigence et la même ambition, la mission quAndré Malraux lui assignait dans son décret de création : « …rendre accessible les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français ; assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel, et favoriser la création des œuvres d’art et de l’esprit qui l’enrichissent…».

Jai tenu à vous citer cette phrase qui est une maxime, parce qu’il n’y a pas, à mon sens, de meilleure définition de la politique culturelle, de la politique que le ministère de la Culture et de la Communication mène, jour après jour, au service de nos concitoyens. Cette politique ne consiste pas à diriger, mais bien au contraire à susciter la création artistique, à encourager la production culturelle dans sa diversité, et à en assurer la plus vaste diffusion. Jai la conviction que lÉtat a un rôle essentiel à jouer pour cela, un rôle de moteur, un rôle absolument décisif ; jen ai la conviction, et mon expérience de ministre de la Culture et de la Communication men a donné la certitude.
 
La culture nest pas, la culture na jamais été une chose simple, un monde indépendant des contraintes matérielles, comme on a tendance à l’envisager parfois. Elle est un véritable secteur dactivité, un système économique, comme ceux que vous étudiez dans votre cursus ; pour un grand nombre de personnes, elle est une vocation, un métier, une profession, un savoir-faire, qui mobilise des talents et des compétences. C’est pourquoi, en tant que ministre de la Culture et de la Communication, je suis aussi le ministre de l’emploi culturel. Comme tous les secteurs, la culture est soumise aux mutations de son environnement, technique, technologique, économique. Elle doit donc être, non pas dirigée, mais bien régulée.

La révolution technique de limprimerie avait produit un bouleversement très fort dans lorganisation de la diffusion des œuvres de l’esprit, et avait introduit, en même temps que de formidables progrès pour l’accès au livre, à la lecture, au savoir, un véritable déséquilibre dans léconomie européenne de la culture de l’époque.

Aujourdhui, dune certaine manière, nous nous trouvons dans une situation analogue, avec le développement accéléré des technologies numériques. Laccès généralisé à Internet, les avancées du haut débit apportent à la fois de grands espoirs pour la démocratisation de la culture, pour laccès de tous aux oeuvres dart et aux savoirs, pour lédification dune véritable culture commune. Et cependant, cette révolution numérique provoque en même temps un bouleversement en profondeur des structures de la diffusion des biens culturels, qui fait peser une réelle menace sur léquilibre de son économie, sur la juste rémunération de tous ceux, artistes, créateurs ou techniciens, qui travaillent dans ce secteur, et enfin sur la création artistique elle-même, sur sa richesse, sur sa diversité, sur sa pluralité.

C’est ici que l’intervention de lÉtat, que la politique culturelle, prennent tout leur sens. Il appartient au ministre de la Culture et de la Communication que je suis d’anticiper et daccompagner ces mutations, et, en concertation avec tous les acteurs de la culture, avec les hommes et les femmes qui la font vivre au jour le jour, de susciter de nouveaux équilibres qui puissent à la fois tirer tout le progrès possible des avancées technologiques extraordinaires que nous observons, et éviter leurs effets pervers ou dangereux. Ce travail nest pas facile, loin de là ; il y a même des choix très complexes à faire. Mais le pire de tout serait de ne rien choisir : dans un contexte de grandes mutations technologiques, il est impératif dimaginer de nouvelles régulations, non pas pour diminuer, pour niveler, pour appauvrir la création et laccès à la culture, mais au contraire pour les protéger, pour les aider à sadapter de manière harmonieuse et durable, pour les aider à tirer le meilleur de ses avancées.

Cétait notamment l’objet de la loi sur les droits dauteur, que jai préparée et qui a été votée lannée dernière. Tout lenjeu était de parvenir à concilier deux principes fondamentaux, celui du droit dauteur, qui est une conquête historique, une liberté, un facteur démancipation essentielle pour les créateurs ; et dautre part celui de laccès le plus libre et le plus large possible des internautes aux œuvres. Ne pas intervenir, se refuser à créer des règles adaptées à cette situation inédite, ç’aurait été laisser la création artistique étouffer et dépérir, au détriment en premier lieu des auteurs, bien sûr, mais aussi de tous ceux qui aiment écouter de la musique ou regarder des films. Voilà pourquoi, dans ce dossier complexe, j’ai tenu à prendre mes responsabilités à travers cette loi sur le droit dauteur, dont vous avez sans doute entendu parler…

Le ministère de la Culture est aussi celui de la Communication, du dialogue, de la concertation, de lécoute. Quand il sagit de traiter des problèmes aussi importants, qui touchent de manière décisive et concrète la vie de tant de personnes, je ne peux pas me passer, je ne veux pas me passer de discuter, dentendre l’avis des experts, bien sûr, mais aussi et surtout de tous ceux qui sont concernés par ces questions. La discussion de cette loi sur les droits dauteur a donné lieu à un vaste débat dans la société française, qui a impliqué un très grand nombre de nos concitoyens, et je crois vraiment que cela a été une chance unique pour notre pays. Jai toujours été à lécoute de ce débat, jai dailleurs voulu le favoriser et le stimuler. Ma propre réflexion s’est nourrie de cette écoute et de ces très nombreuses rencontres, parce que cest ainsi que je conçois la politique culturelle, parce que pour moi, cest par là que passe sa réussite.

Oui, nous avons pris des décisions difficiles, pour permettre à la création de survivre et de sépanouir dans ce nouvel environnement technologique, pour que votre génération puisse encore, dans dix ou vingt ans, bénéficier dune production artistique et culturelle riche et diverse ; mais ces décisions ont été le fruit dun dialogue ouvert, dune longue et vaste concertation. Louverture dans la discussion, puis le courage dans la décision, voilà ma conception de la politique culturelle !

Nous avons la chance de bénéficier dans notre pays d’un patrimoine exceptionnel, dans tous les domaines, un patrimoine architectural, pictural, musical, littéraire, intellectuel, et je dirais même un patrimoine spirituel. Ce patrimoine, il nous appartient de le faire vivre, de le faire découvrir, de l’ouvrir à tous nos concitoyens et à tous ceux qui désirent le connaître.

Il y a également dans notre pays un très fort potentiel à découvrir, de vastes champs de création, des talents qui ne demandent qu’à s’épanouir et s’exprimer. Il y a des personnes qui ne demandent qu’à soutenir ces talents, à les aider, à les encourager. Le rôle du ministère, la mission de la politique culturelle, c’est aussi, au-delà de ce travail nécessaire de régulation et d’adaptation, de décloisonner, de créer des ponts entre tous ceux qui s’intéressent à la culture, parce qu’ils la pratiquent, parce qu’ils l’aiment, parce qu’ils veulent la soutenir, pour stimuler la création, pour lui permettre de se développer et de s’épanouir. Le ministère de la Culture et de la Communication a un rôle moteur à jouer dans ce domaine, un rôle qu’aucune autre institution ne peut remplir ; il doit contribuer à créer une dynamique, un mouvement, une effervescence. J’ai dit souvent, que je ne suis pas le ministre des vieilles pierres et des troubadours, malgré l’affection que j’ai pour les unes et pour les autres, parce que j’estime être en charge du rayonnement, de l’influence, de l’attractivité, de l’activité de notre pays. Je veux que chacun de nos concitoyens puisse prendre conscience, dans cette période où la mondialisation fait craindre l’uniformité, où les délocalisations d’activités sont une réalité, que nous avons entre les mains un capital culturel exceptionnel, qu’il s’agit de mettre en valeur, de faire vivre, d’animer, de faire rayonner.

La politique culturelle permet d’étendre l’influence de la France dans le monde, en permettant à nos plus grands musées de mener à bien de nouveaux projets de coopération scientifique et culturelle, comme celui que nous négocions avec les Emirats arabes Unis, comme avec la Chine, sans renoncer bien sûr à toutes les valeurs et à tous les principes sur lesquelles est fondée notre politique muséographique.

Oui, la culture est un capital, une richesse extraordinaire, et à ce titre un enjeu économique de taille, et un atout déterminant du rayonnement international de la France.

Maurice Lévy et Jean-Pierre Jouyet l’ont admirablement démontré, dans le rapport qu’ils viennent de rendre au ministre de l’économie, des finances et de l’industrie sur L’économie de l’immatériel ; aujourd’hui, la vraie richesse n’est pas concrète, elle est abstraite. Au capital matériel a succédé, dans les critères essentiels de dynamisme économique, mais aussi culturel et social, le capital immatériel qui est celui des idées, de la connaissance et du savoir. La vraie richesse d’un pays, ce sont ses hommes et ses femmes, leurs talents et leur créativité, leurs projets. La culture est au cœur de ce rayonnement.

Je sais qu’à l’ESCEM, au sein de votre cursus, vous avez la possibilité de vous familiariser avec cet enjeu, et notamment à travers, ai-je vu sur votre site internet, un électif de culture générale, « le mécénat comme axe stratégique de communication et marketing ». Sachez que ce secteur, comme celui du patrimoine et des industries culturelles, sont des voies d’avenir.    

Les entreprises comprennent peu à peu le rôle clé qu’elles peuvent jouer, avec le mécénat, pour soutenir et promouvoir cette richesse culturelle dont nous sommes légitimement fiers et qui peut, en termes économiques, s’analyser comme un « avantage comparatif » dans la compétition internationale. Elles prennent conscience qu’au-delà de la dimension, par nature désintéressée, du don, au-delà de l’image, de ce que l’on appelle la « culture d’entreprise », la culture peut être intégrée dans leur stratégie de développement, parce qu’elle est facteur de compétitivité et d’excellence.

Et je suis très fier qu’ici même, à Tours, des entreprises aient ouvert, une fois de plus, le chemin de l’audace et de la créativité en se lançant dans cette belle aventure. J’ai eu le plaisir d’inaugurer, en juin dernier, l’œuvre de Cécile Pitois, fruit de la rencontre entre cette jeune artiste et une entreprise tourangelle historique, et dynamique, Gault et Frémont. J’ai pu saluer cette initiative remarquable, cette alliance féconde entre le monde économique et l’univers artistique, impulsée par le programme Artistes / Entreprises qui lie le Centre de Création Contemporaine de Tours et l’association « Projets pour la Touraine ».

Cette opération exemplaire, qui réunit des artistes de la jeune création contemporaine et des entreprises tourangelles, a permis des réalisations inédites, audacieuses et ambitieuses. Chez Mediprema, Per Barclay a revisité ces premières maisons de l’être humain que sont les couveuses, et imprimé de nouvelles formes au plexiglass, matériau privilégié de l’entreprise. Chez Proludic, Alain Bublex a fait de la ville une immense aire de jeux, pour une utopie urbaine ludique. De la même façon, Fabien Verschaere, Barthélémy Toguo, Stefan Nikolaev et Thierry Mouillé ont repensé les univers de Plastivoire, Estivin, Actiforces et du château du Rivau.

Oui, je souhaite que, au-delà même du secteur de la culture et de la communication, les entreprises performantes d’aujourd’hui comprennent qu’en s’associant à des artistes, à des créateurs, à des établissements culturels, elles dépassent une opération d’image et de communication : elles intègrent les valeurs de la création artistique dans leur stratégie de croissance et de qualité. Ce sont en effet des valeurs qui sont à la base du développement des « industries créatives ». Ce sont des valeurs que nous partageons.

C’est la raison pour laquelle j’ai voulu développer les actions et la politique de mécénat au sein du ministère de la Culture et de la Communication. A travers elle, les pouvoirs publics peuvent jouer pleinement ce rôle de pont, de lien entre le monde de la création, et les dirigeants et les cadres d’entreprises, dont vous ferez partie demain, pour beaucoup d’entre vous. J’ai lancé un partenariat avec les Chambres de commerce et d’industrie, avec lesquelles j’ai tenu à ce que le ministère de la Culture et de la Communication signe des conventions pour développer des actions de mécénat dans les régions, notamment avec les petites et moyennes entreprises.

En mars dernier, j’ai eu le grand plaisir de signer une convention avec la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Indre-et-Loire, qui a démontré, une fois de plus, son engagement sur le terrain de l’innovation et de l’excellence.

La culture est l’affaire de tous. C’est tous ensemble : pouvoirs publics, élus, responsables des institutions culturelles, dirigeants d’entreprises et étudiants, que nous devons travailler pour sauvegarder et mettre en valeur notre patrimoine culturel, et encourager la création artistique contemporaine. Et c’est le rôle de la politique culturelle, c’est l’objectif que je me suis donné à la tête du ministère de la Culture et de la Communication, que de permettre à tous ces acteurs de mieux se connaître, de mieux se comprendre pour mieux percevoir l’enrichissement collectif qu’ils pourront tirer de leur travail en commun.

Le ministère de la Culture et de la Communication est donc en charge d’un monde à la fois magnifique et fragile, qu’il s’agit de protéger, de soutenir, de réguler, de stimuler. Toute la complexité et la difficulté de ce rôle réside dans l’attention que nous devons porter sans relâche à un certain nombre d’équilibres fondamentaux sans lesquels ce monde de la culture perdrait sa richesse et sa fécondité. Je vais simplement ici en citer trois exemples.
 
En tant que ministre de la Culture et de la Communication, j’ai fait de l’accès à la culture pour tous une priorité. Comment permettre à l’ensemble de la population française, les enfants et les adolescents comme les personnes âgées, les personnes valides comme les personnes handicapées, les actifs comme les retraités, d’accéder aux œuvres d’art ? Comment rendre la culture attirante pour le public le plus large possible ? Comment donner à tous le goût de la culture, sans s’en tenir au plus petit dénominateur commun, sans édulcorer les richesses de la création, sans les affadir ? Une politique culturelle audacieuse et exigeante doit garder à la fois la mission de rendre la culture accessible à tous, et lambition dencourager une production culturelle d’une grande qualité et d’une grande diversité.

Une culture commune nest pas nécessairement une culture de masse, et la volonté de diffuser les oeuvres dart au plus grand nombre ne doit pas se faire selon les critères de la consommation standardisée. Je suis profondément convaincu que la diversité culturelle est une grande source de richesse ; rendre la culture accessible à tous, ce nest pas arrondir les angles, faire disparaître ce qui est plus difficile d’accès, niveler cette diversité. C’est au contraire redoubler defforts pour permettre à tous de comprendre et dapprécier toutes les formes de création, tous les genres, tous les styles, qui font la valeur de notre patrimoine. Le rôle de la politique culturelle est donc de lutter efficacement contre la loi de luniformisation qu’imposerait le « marché de la culture » s’il était livré à lui-même. Le développement et la libéralisation des échanges internationaux, ainsi que les bouleversements technologiques – et notamment numériques – facilitent en effet les mouvements de concentration des industries culturelles et l’apparition d’industries dominantes, pour ne pas dire de cultures dominantes.

La diversité culturelle est la meilleure réponse à ce mouvement induit par la mondialisation. C’est un enjeu de gouvernance mondiale, un enjeu au plus haut point politique : contre les peurs et les incompréhensions que suscite la mondialisation, le dialogue des cultures est un facteur de paix entre les peuples et de cohésion sociale. La diversité culturelle est aussi nécessaire que la biodiversité.

C’est pour répondre à cet enjeu majeur que 191 Etats membres de l’UNESCO ont adopté, le 20 octobre 2005, la convention sur la diversité culturelle, qui entrera en vigueur le 18 mars prochain. C’est à mes yeux une victoire historique pour la diversité des cultures et des créations des artistes du monde, pour le dialogue entre les peuples, les cultures et les sociétés, pour le respect des différences et la reconnaissance de ce que l’autre, quel qu’il soit, apporte à notre richesse, qui est tout autant culturelle que matérielle, comme l’illustre le succès du Musée du Quai Branly, haut lieu du dialogue des cultures et des civilisations.

C’est surtout une victoire du droit international et de la volonté politique. Elle démontre qu’une politique culturelle concertée et audacieuse peut contribuer à une meilleure maîtrise de la mondialisation ; et il faut souligner le rôle décisif que l’Union européenne, grâce à l’initiative de la France, a joué dans cette affaire. La diversité culturelle a succédé à « l’exception culturelle » que jadis la France fut seule à défendre. La diversité culturelle est devenue un enjeu mondial.

Dans un monde où 85% des places de cinéma vendues le sont pour des films produits à Hollywood, au plan européen, la France a réussi à faire reconnaître par la Commission européenne la légitimité de toutes ses aides au cinéma. C’est un résultat formidable pour l’Europe du cinéma, car tous les Etats membres peuvent désormais se réclamer de ce précédent. La culture devient un aspect fondamental du projet européen, et tel est le sens de la création, à l’occasion du cinquantenaire du Traité de Rome, du label du patrimoine européen.

 
Cet attachement à la diversité se traduit et se prolonge dans mon souci constant de mettre en avant à la fois les immenses richesses de notre histoire culturelle, de notre patrimoine pluriséculaire, et de la création la plus contemporaine, sous toutes ses formes, dans toute son audace. Le souci de cet équilibre navait pas toujours été porté par les pouvoirs publics, loin de là : l’action de lÉtat en matière culturelle a longtemps été structurellement conservatrice, parce que les dirigeants navaient ni lhabitude, ni les moyens, ni la volonté de se pencher sur la culture vivante, sur la création contemporaine, et dadapter leurs travaux à ses évolutions.

LÉtat sest donc contenté pendant longtemps de valoriser son héritage ; c’est la création dun ministère chargé des Affaires culturelles qui permit de rompre avec cette tradition. À linverse, certains de mes prédécesseurs ont préféré faire de la culture une sorte de spectacle permanent, une innovation perpétuelle, au détriment de l’étude et de la mise en valeur de notre histoire culturelle et de notre patrimoine. Or, si le patrimoine séparé de la création est figé, sans vie, la création déracinée, déconnectée de notre histoire culturelle perd de sa fécondité, de sa richesse. Cest la raison pour laquelle la politique culturelle doit s’attacher à la fois à préserver le patrimoine, à le faire vivre, et à soutenir la création actuelle, qui est dune incroyable richesse. En même temps que le ministère conduit et soutient de très nombreux chantiers de restaurations et d’aménagements des monuments historiques, afin de les ouvrir à un public toujours plus large, j’ai voulu tout mettre en œuvre pour assurer la promotion des nouvelles formes de création artistique. C’est tout le sens, par exemple, d’un évènement emblématique comme le festival « Rue », dédié aux cultures urbaines, qui a eu lieu au Grand Palais en octobre dernier. Pendant trois jours, ce sont les inventeurs et les acteurs de ces nouveaux modes de création et d’expression culturelle qui sont venus eux-mêmes présenter, dans un haut lieu de notre patrimoine, la richesse, l’audace, l’énergie, le dynamisme qui les animent et qu’ils savent si bien faire partager.

C’est cette diversité culturelle que je veux promouvoir et faire avancer : depuis mon arrivée, j’ai souhaité donner l’exemple, en faisant en sorte que toutes les pratiques et toutes les disciplines culturelles et artistiques acquièrent droit de cité au ministère de la Culture et de la Communication. Je n’ai pas hésité à le faire, parfois au risque de surprendre, comme lorsque j’ai rendu hommage aux figures de proue de la scène électronique française – dont Dimitri, Zdar et Air – en leur ouvrant les portes du Palais-Royal, ce qui était une première. Mais c’est parce que je suis un grand amateur et un grand défenseur de notre patrimoine, de notre tradition culturelle et artistique, que je tiens à promouvoir et à encourager la création contemporaine. Il ne s’agit que de prolonger et d’enrichir l’histoire que nous avons reçue !

Enfin, la politique culturelle de notre pays a en charge un équilibre qui est au cœur même de notre République, celui de l’accessibilité de la culture et des œuvres d’art sur l’ensemble du territoire national. C’est d’ailleurs l’une des missions principales qui étaient assignées au ministère de la Culture lors de sa création. Aujourd’hui, je m’attache à mettre en valeur la diversité des cultures régionales, et à favoriser l’implantation et le développement de véritables pôles culturels dans tout le pays.

André Malraux avait formé le projet visionnaire des Maisons de la Culture, qui devaient être ces lieux d’accueil pour tous les passionnés de culture à travers la France, ces lieux où tous les citoyens auraient accès au meilleur de la production artistique passée et présente. Aujourd’hui, nous mettons en œuvre des projets multiples dans cette même perspective : ainsi, de grands musées parisiens viennent s’implanter dans les régions, avec par exemple, la grande décision, dont je suis fier, de l’installation du Louvre à Lens, ou du Centre Georges Pompidou à Metz. Je crois que la décentralisation culturelle, qui n’avait rien d’évident il y a encore quarante ou cinquante ans, est maintenant entrée dans les esprits. J’en veux pour preuve le très bel évènement qui a eu lieu ici même, le week-end dernier, et que j’ai contribué à mettre en œuvre, les représentations exceptionnelles que les cent cinquante danseurs du Ballet de l’Opéra de Paris ont données au Vinci, à Tours. Je remercie la Chambre de commerce et d’industrie d’avoir contribué, par son soutien financier, à rendre cet événement possible.

En tant que ministre en charge de la Communication, je suis également chargé de faire en sorte que l’ensemble de nos concitoyens, sur tout le territoire national, puisse bénéficier des progrès immenses qui ont été accomplis en matière de technologies de l’information. Renforcer le développement culturel, c’est aussi s’assurer que sur l’ensemble du territoire, l’accès au numérique est garanti. Le lancement de la TNT a été un immense succès, j’ai pu m’en rendre compte lors de son lancement à Tours, dès juin dernier. Je continue à travailler ardemment à relever les défis de l’ère numérique qui sont encore devant nous. La TNT est aussi, comme je l’ai souligné lors du débat au Sénat sur le développement des télévisions de proximité en France, une chance formidable pour les télévisions locales, et notamment pour TV Tours, chaîne qui me tient tout particulièrement à cœur.

Parallèlement au déploiement des techniques d’accès à Internet à haut débit, l’accélération de la couverture numérique n’est pas seulement une exigence démocratique, c’est une exigence culturelle. La diffusion des techniques numériques et l’Internet  transforment en effet profondément l’accès à la culture et, au-delà, la création culturelle numérique. Vous devez en être plus conscients que quiconque, puisqu’on estime que près de la moitié des jeunes crée des contenus : ce peut être un simple blog, de la photographie numérique, de la musique ou de la vidéo. Dans le monde numérique, on retrouve évidemment cette tendance à l’expansion des pratiques et des publics amateurs, décuplée par les moyens utilisés. Atteindre les objectifs de couverture, c’est permettre le déploiement sur ces techniques d’une vitalité de création et d’accès qui ne peut être fonction de l’éloignement, de la géographie. Après le lancement réussi de France 24, et celui de la télévision numérique terrestre, qui a multiplié le nombre de chaînes gratuites par trois, passant de six à dix-huit, préparer dès aujourd’hui l’avènement de la télévision du futur, grâce au projet de loi, adopté par le Sénat, qui sera examiné à l’Assemblée nationale à la fin du mois, et qui placera la France en tête de cette nouvelle révolution industrielle et culturelle, la révolution numérique.

 Le numérique est une chance de renouvellement, de développement et d’égalité d’accès à la culture pour tous, et c’est pourquoi il est au cœur de mon combat pour l’accès de tous à la culture.

Passer de l’idéal de la culture pour tous, qui est à l’origine de la création de ce ministère il y a près de cinquante ans, à l’objectif de la culture pour chacun, aujourd’hui rendu possible par les acquis de la politique culturelle et les défis des technologies, c’est en effet un programme politique pour notre temps.

Vous l’avez compris, la culture n’a rien d’un accessoire, d’un simple supplément d’âme. Ce sont des talents, des métiers, des compétences et des emplois, ce sont des secteurs entiers de notre économie, dynamiques, créatifs, des secteurs en plein bouleversement, en pleine mutation, des secteurs d’avenir. C’est une force de paix, d’ouverture sur le monde d’aujourd’hui.

C’est pourquoi la culture doit être au cœur de la politique, et peut-être, le meilleur sens que je peux donner aux termes de politique culturelle, c’est celui de mon engagement à porter cette exigence, en m’attachant à rendre la politique plus culturelle ! C’est aussi le sens de mon engagement, à Tours comme au niveau national.