Rubrique ‘Journal 2002-2004’

Installation du Conseil national de l'inventaire général du patrimoine culturel

27 mars 2007

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourdhui au ministère de la culture et de la communication, à loccasion de linstallation du Conseil national de lInventaire général du patrimoine culturel.

LInventaire général arrive aujourdhui à un tournant majeur dans son histoire : André Malraux, en 1964, lavait voulu comme " un outil de connaissance global, démocratique et moderne " ; quarante ans plus tard, il a rempli sa vocation au-delà de toute attente, et répond parfaitement, grâce à vous, grâce à plusieurs générations de chercheurs et de techniciens au service du patrimoine, à ce mot ambitieux de Malraux : " lInventaire des richesses artistiques de la France est devenu une aventure de lesprit ". Cest la raison pour laquelle je viens vous dire, avant tout, la reconnaissance de tous nos concitoyens pour le travail immense que vous avez accompli et que vous continuez de mener à bien.

Par ses missions, recenser, étudier, faire connaître le patrimoine de la France, lInventaire général révèle le patrimoine, il le donne à voir. Il a été conçu comme une entreprise de connaissance méthodique et raisonnée de tout les trésors de notre patrimoine, depuis les monuments jusquaux objets, " depuis la petite cuiller jusquà la cathédrale ", comme on a coutume de le dire ; en poursuivant ce travail de longue haleine, il a contribué à défricher de nouveaux champs du savoir et de la connaissance : par son approche du patrimoine industriel, de larchitecture du XXe siècle, il a par exemple profondément renouvelé létude des villes, et a su mettre en œuvre pour cela les outils numériques qui sont devenus notre quotidien. Depuis sa création, linventaire général a étudié 180 000 édifices, et autant dobjets mobiliers dans toute la France. En métropole comme dans les départements et territoires doutre-mer, près de 14 000 communes françaises, soit une commune sur trois, ont fait lobjet dune enquête patrimoniale.

Leffort de diffusion de ces connaissances est également considérable, quil sagisse des très nombreuses publications ou des ressources mises à disposition du public sur Internet. Les statistiques de consultation du ministère attestent de lengouement de la population pour ce type dinformations : en 2006, plus de 5,5 millions de connexions on été enregistrées sur la base Mérimée, consacrée à larchitecture, et plus 3 millions sur la base Palissy, consacrée aux objets mobiliers.

Le grand historien de lart que fut André Chastel, qui participa à la création de lInventaire, le décrivait comme " la plus vaste entreprise dinformation fondamentale jamais réalisée dans le domaine artistique français "; aujourdhui, cette entreprise exceptionnelle entre dans une nouvelle phase de son histoire. Car laventure nest pas terminée : elle souvre sur de nouvelles pages, sur de nouvelles missions, sur de nouveaux moyens, dans le cadre du mouvement de décentralisation dans lequel ladministration et tous les services publics de notre pays sont engagés depuis plusieurs années.

Cette décentralisation, vous en êtes les acteurs et les témoins, vous qui avez engagé très rapidement de multiples formes de collaborations avec les collectivités territoriales. Car quest-ce que la décentralisation, au fond, sinon de nouveaux rapports entre lÉtat, les territoires et les collectivités locales destinés à faciliter la gestion, le développement et le rayonnement de nos atouts dans tous les domaines ?

LInventaire général du patrimoine culturel a su prendre résolument ce tournant de la décentralisation ; son rôle a été inscrit dans la loi française du 13 août 2004, relative aux libertés et responsabilités locales. Depuis le 1er février 2007, en application de larticle 95 de cette loi, la conduite des opérations dinventaire est confiée aux Régions, tandis que lÉtat garde un rôle décisif pour le maintien de la cohérence nationale et la définition des normes. Après les archives et les bibliothèques départementales, et au terme de lexpérimentation des protocoles de décentralisation, cest donc une nouvelle répartition des compétences qui sinstaure, pour assurer lengagement commun des collectivités territoriales et de lEtat en faveur du patrimoine.

Cet engagement est plus que jamais nécessaire : le patrimoine, creuset de références et source de création, incarne la singularité dun territoire, dune communauté. Au-delà de son pouvoir didentification et de reconnaissance, il tisse un maillage du patrimoine et de la mémoire qui fonde et enracine notre société. Comme le montre, année après année, le succès que rencontrent les journées du patrimoine, lenthousiasme de nos concitoyens pour la découverte des lieux dhistoire et de mémoire nest pas près de se démentir.

De cette passion partagée, de cet enthousiasme, peuvent naître beaucoup despoirs pour lavenir ; je ne prendrai quun seul exemple, qui est à lui seul significatif, celui de lEurope : au moment où nous venons de célébrer le 50ème anniversaire du Traité de Rome, jai la conviction profonde que le patrimoine commun que nous partageons avec nos partenaires européens sera la clé dun nouvel élan dans la construction de notre communauté. Cest lun des enseignements dune étude récemment commandée par la Direction de lArchitecture et du Patrimoine, et le sujet principal des septièmes Entretiens du patrimoine, qui se sont tenus à Paris la semaine dernière. La mise en valeur du patrimoine européen, qui se fera de plus en plus notamment à travers le programme des Labels européens du patrimoine, doit permettre de susciter un renouveau du sentiment dappartenance à une communauté de culture, dhistoire et davenir.

Les missions attribuées à linventaire général du patrimoine ont donc une portée globale très importante, qui ne doit pas être oubliée ; cette portée globale ne doit pas non plus faire oublier les responsabilités locales essentielles quassume lInventaire : lieu de connaissance et de compréhension de lhistoire des régions et des villes, il est en effet un outil particulièrement précieux daide à la décision en matière daménagement du territoire. Les données quil collecte ont vocation à sinsérer dans les plans locaux durbanisme (PLU) et les schémas concertés dorganisation territoriale (SCOT), et à inspirer de manière générale la réflexion des responsables locaux et nationaux.

On comprend donc parfaitement la portée politique et culturelle que revêt la décision de transférer aux Régions la conduite de linventaire du patrimoine culturel. Des équipes qualifiées vont désormais mettre leurs compétences et leurs savoirs-faire au service de la connaissance des territoires et de la prise de décision en matière daménagement du territoire, en particulier sur les plans culturels et touristiques.

Dans le cadre de ces nouvelles attributions, jattache la plus grande importance au Conseil national de lInventaire, que nous installons aujourdhui.

Cette nouvelle instance constitue en effet un espace de dialogue pour les professionnels, autant quun lieu de réflexions, de propositions et de débats pour tous les partenaires engagés dans une démarche dInventaire. Le conseil associe en effet, à parts égales, les milieux scientifiques et lÉtat aux acteurs de linventaire que sont, depuis de nombreuses années, les collectivités territoriales.

Votre conseil donnera un avis sur les normes et les documents de références en matière dInventaire. Une section scientifique de ce conseil préparera les débats pléniers et aidera au bon déroulement des travaux. Dans le dossier qui vous a été remis vous trouverez les textes en vigueur, sur lesquels je vous proposerai de travailler aujourdhui.

Ce conseil évaluera les opérations de lInventaire ainsi que son état davancement, notamment à partir des rapports annuels régionaux. Dans cette tâche, le concours de la section scientifique est essentiel. Lanalyse du Conseil permettra le maintien du haut niveau dexigence scientifique qui constitue, depuis son origine, la marque de lInventaire général.

En parallèle du travail remarquable que réalisent quotidiennement les équipes chargées de lInventaire en régions, lEtat initie et coordonne des opérations nationales. Ce conseil aura vocation à les évaluer. Deux projets vous seront dores et déjà présentés aujourdhui : ils concernent la prise en compte du patrimoine industriel, scientifique et technique dune part, et du patrimoine littoral dautre part.

Le conseil traitera plus largement de toute question relative à lInventaire. Il pourra être saisi par toute collectivité territoriale concourant à linventaire. Ce conseil sera donc également un espace de réflexion scientifique et de progrès méthodologiques. Il doit devenir un acteur incontournable pour permettre une progression harmonieuse de la connaissance patrimoniale et de lévolution des territoires.

Si le Ministère de la Culture assure la diffusion nationale des données issues des opérations dInventaire à travers son site Internet, il met par ailleurs, à disposition des collectivités territoriales engagées dans une démarche dinventaire, une politique éditoriale spécifique. Articulée autour de six collections nationales douvrages aux caractères distincts, cette politique permet de transmettre tant aux spécialistes quau plus grand nombre, les résultats des enquêtes dInventaire. Nous avons voulu, pour cette première séance, vous offrir à chacun des exemplaires des principales collections.

Je voudrais encore, avant de conclure, rendre hommage à toutes les équipes qui depuis quarante ans, ont fait vivre cette extraordinaire entreprise, en arpentant inlassablement le territoire pour rendre accessibles à tous, aux acteurs politiques et culturels comme aux passionnés de culture, les richesses de la connaissance patrimoniale. Puisque les chefs des services régionaux de linventaire sont présents aujourdhui, je veux vous dire toutes mes félicitations et toute ma reconnaissance pour le travail que vous avez accompli, qui a, sans aucun doute, contribué à transformer en profondeur le rapport de la société française à son patrimoine. Je ne doute pas que ce travail continuera à apporter, dans ce nouveau cadre et avec ces nouveaux outils, des progrès décisifs pour notre pays et pour chacun de nos concitoyens.

REMISE DES INSIGNES DE CHEVALIER DANS L’ORDRE DES ARTS ET DES LETTRES A ALAIN COUTURIER

17 mars 2007

Cher Alain,

Je suis très heureux d’honorer aujourd’hui en toi un homme de goût, un alchimiste des saveurs, dont l’art subtil, précieux et rare charme les papilles et ravit les palais. « Si vous nêtes pas capables dun peu de sorcellerie, ce nest pas la peine de vous mêler de cuisine », disait Colette. Tu es, depuis près de vingt ans, le sorcier qui hante ces lieux magiques, ce manoir envoûtant où ceux qui goûtent à tes mets, comme ceux qui burent jadis à la coupe de Circé, n’ont jamais plus envie de partir.

Permets-moi tout d’abord d’esquisser, comme il se doit, quelques tableaux des différentes étapes de ta brillante carrière.

Ta naissance, tout d’abord, à Paris. Tu ne profiteras de la capitale que quelques mois, avant que tes parents, pâtissiers, achètent un établissement à Loches, où ils resteront 34 ans.

L’école primaire, ensuite, et le brevet des écoles. La livraison de gâteaux à vélo, par tous les temps, et les brioches aux communions, comme c’était alors la coutume, occupent tes journées. Ton aisance à manier les chiffres incitent ton père à choisir pour toi une carrière de banquier. Mais tu préfères déjà la toque au costume trois pièces, et tu insistes pour apprendre le métier.

Te voilà à Amboise, à la « Bonne étape », sur les bords de la Loire. Tu as seize ans, nous sommes en 1970. De cette époque tu ne gardes pas de grands souvenirs de cuisine. Mais tu apprends à couper le bois, et à laver le sol avec les fiels de poulet, plus économiques que l’eau de javel. Un jour, tu casses une assiette, et tu refuses de payer 50 francs pour la rembourser, alors que tu ne gagnes que 15 francs par mois. Tu rentres donc chez tes parents, avec en tête, la seule recommandation que ton ancienne patronne te lance avant ton départ : « Petit, tu ne seras jamais cuisinier » !

Ton père te trouve alors une place d’apprenti chez le redoutable Charles Barrier, connu pour apprécier les gens de caractère. Commence alors ton deuxième apprentissage, cette fois de véritable cuisinier. Cette Maison t’a profondément marqué, et tu dis souvent que c’est grâce à Charles Barrier si nous sommes tous là aujourd’hui, à « La Roche le Roy ».

1973 marque ton départ à Paris, passage obligé en ce temps pour apprendre correctement le métier. Commis saucier au restaurant « Paul Chêne », tu découvres ensuite les coulisses de l’Hôtel Ronceray, avant de rejoindre les cuisines du restaurant « Ledoyen », sur les Champs-Elysées. Le chef de ce grand établissement n’est autre que Guy Legay, auvergnat comme ton père, et originaire du même village de Pontgibaud. Tu y restes deux ans. Deux ans de découverte de l’excellence, de la discipline, et du respect du travail bien fait.

1977, nous sommes en mars. Tu quittes la Grande cuisine pour goûter à des horaires plus doux à l’Hôtel Hilton de Paris. C’est ici que tu rencontres Marilyn, qui deviendra ta femme et ta plus grande complice.

Un an plus tard, vous vous envolez tous les deux pour Londres, chez les frères Roux, au restaurant « Le Gavroche ». La finesse du travail te marque profondément, tout comme les quatorze heures de travail par jour pour un seul service.

De retour à Paris en 1979, tu es prêt à affronter de nouvelles responsabilités. Au Caveau François Villon, tu occupes tous les postes à la fois, Chef, sous-Chef, commis dans une cuisine de trois mètres carrés.

Un an plus tard, tu te retrouves aux commandes de la « Pâtisserie Pain ». L’envie de t’installer te prend alors, après toutes ces années de tribulations.

C’est chose faite en 1980, un premier avril. Tu fais de « La Poivrière », à Tours, un haut lieu de la gastronomie, et tu séduis ta clientèle par ton savoir-faire, et la qualité de tes produits et de tes cuissons.

Mais tu cherches toujours l’endroit idéal pour installer ta tribu et épanouir ton art. Tu penses même à partir à l’étranger. Mais une magnifique demeure, aux abords de Tours, viens d’être mise en vente.

Le 2 janvier 1987, La Roche Le Roy accueille ses premiers clients. Tu fais de ce lieu superbe un rendez-vous pour tous les gastronomes de la région et d’ailleurs, en servant une cuisine respectant les traditions, agréable à l’œil, et divine au palais.

Ta générosité, ta curiosité, ton sens du partage et ton exigence du renouvellement permanent sont les ingrédients principaux de ton très beau succès.

En 1989, ta virtuosité culinaire te vaut ton premier macaron au Guide Michelin, qui ouvre la voie à de nouvelles récompenses, dans de nombreux autres guides, comme le Gault et Millau, le Bottin Gourmand, ou encore le Champérard.

Hier Président actif de notre association Touraine Gourmande, tu es aujourd’hui Membre de l’association internationale des Maîtres Cuisiniers de France. Tu organises également de nombreuses manifestations destinées à mieux faire connaître ta passion au plus grand nombre, comme « Graine de chef », pour les enfants, ou encore le concours « Une soupe, une grand-mère, un petit enfant ». Je n’oublie pas tes nombreuses participations aux concours gastronomiques tels que Taittinger, ou Prosper Montagné, et aux événements relatifs à l’apprentissage.

Cher Alain, je n’ai qu’une prière : continue de mettre ton talent et ton enthousiasme au service de la cuisine et de la restauration ! C’est grâce à des personnes comme toi que le drapeau de la gastronomie française flotte aux quatre coins du monde.

Alain Couturier, au nom de la République, nous te faisons Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

MISE EN LUMIERE DE LA FAÇADE DU CCC

16 mars 2007

Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

A l’heure où la nuit tombe, le rideau de lumière se lève sur la façade du Centre de Création Contemporaine.

Merci à l’architecte Philippe Chiambaretta pour cette magnifique vague translucide, qui dessine un paysage qui évolue au fil de la déambulation du spectateur.

Conçu comme « la partie émergente de l’iceberg », il illustre brillamment le rôle et les fonctions de ce Centre, dont nous avons eu le plaisir de fêter le vingt-cinquième anniversaire en octobre 2005. Lieu mouvant, en constante évolution, laboratoire, émetteur d’idées, d’énergies, d’utopies et de formes inédites, le centre d’art est aussi un lieu magnifique de rencontre de l’artiste et du public, un lieu ouvert de débats et d’échanges.

Depuis sa création, il a produit près de 80 expositions, et accompagné 300 artistes, dont un grand nombre occupe aujourd’hui une place de choix sur la scène internationale.

Les missions et les fonctions du Centre ont évolué au fil des ans. Elles se sont diversifiées, et touchent aujourd’hui tant à la mise en place des expositions, qu’à l’édition, à la production d’œuvres, à la réalisation de films ou encore à l’organisation de conférences ou d’expositions à l’extérieur, grâce à de nombreux partenariats. J’y vois le signe de son ouverture et de son dialogue croissant avec son environnement, la ville et la région. Ouverture et dialogue que symbolise merveilleusement cette nouvelle façade, composée de 150 lames de plexiglas, éclairées chacune par des diodes lumineuses, qui créent un jeu de réverbérations, et d’échos.

Ce projet est l’aboutissement d’un partenariat exemplaire, qui démontre, une fois de plus, que l’addition des énergies – en l’occurrence du ministère de la Culture et de la Communication, de la Région Centre et de la Ville de Tours – fait naître de brillantes et lumineuses réalisations.

Merci enfin à Alain Julien-Laferrière, qui préside aux destinées de ce très bel établissement, avec le talent et l’enthousiasme que nous lui connaissons, et la forte volonté de soutenir et de faire connaître ces artistes qui font toute la richesse, la vitalité, et la créativité de notre vie culturelle.

MECENAT TOURAINE ENTREPRISES

16 mars 2007

Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux, et fier, de lancer aujourd’hui à vos côtés l’évènement « Mécénat Touraine Entreprises », nouvelle preuve de l’engagement constant de notre belle ville de Tours sur le terrain de l’innovation, de l’excellence, de l’ouverture et du décloisonnement. Oui, c’est une véritable fierté pour moi, pour nous tous, d’assister à la rencontre, pendant quinze jours, d’entreprises performantes de notre région avec des artistes de la jeune création contemporaine de Touraine.

J’y vois la preuve d’un véritable changement des mentalités, d’une ouverture réelle entre deux univers que l’on tend hâtivement à opposer, à séparer, et dont nous voyons aujourd’hui combien ils gagnent à se rencontrer.

L’entreprise performante d’aujourd’hui a compris qu’en s’associant à des artistes, elle dépasse une opération d’image et de communication : elle intègre la création artistique dans sa stratégie de développement.

Les entreprises ne se contentent pas de mettre des locaux à la disposition des artistes : l’artiste et l’entreprise ont fait le choix de mener ensemble un geste commun, de s’engager dans un projet inédit et surtout d’en prendre le risque ensemble. Le risque, tout d’abord, de se heurter à de nombreuses inconnues : comment l’artiste va-t-il être inspiré par la culture de l’entreprise ? Par sa technologie ? Par son savoir-faire ? Comment le travail de l’artiste va-t-il être perçu par les salariés ? Quelles réactions vont susciter sa démarche artistique ?

Cette initiative, qui est aussi une opération exemplaire de démocratisation de la culture, apporte une nouvelle preuve, à mes yeux, que l’art contemporain n’est pas coupé du monde, qu’au contraire il se nourrit du travail, de l’inventivité des hommes, et de ce lieu fort et symbolique de la vie humaine que représente l’entreprise.

Je me réjouis également que des étudiants de l’École supérieure de commerce et de management de Tours participent à cette opération remarquable. Les responsables d’entreprises de demain doivent être sensibilisés aux richesses de la création artistique, en laquelle je vois un véritable capital d’avenir, parce qu’elle est à même de leur ouvrir de nouveaux horizons.

Je tiens à féliciter toutes les entreprises participantes, et tous les jeunes artistes, pour leur investissement dans ce projet audacieux, l’entreprise Strego, qui accueille Yveline Bouquard, la Banque populaire Val de France, qui offre une résidence à Jacques Lemerre, le Crédit Agricole de la Touraine et du Poitou, qui rencontre Eric Levieux, RCP Design Global, qui offre carte blanche à Alain Quesnel, les deux magasins Mademoiselle et Georges Rech, avec Dominique Spiessert, le groupe Plastivoire, dans lequel s’immerge Bernard Calet, le groupe Estivin, qui inspire les créations de Ségolène Garnier, les Laboratoires Chemineau, avec Frédéric Fleurance, l’entreprise Calberson Dusolier, avec Jean Riant et Diego Movilla, et enfin le groupe Savebag, avec Christophe Lalanne.

Je tiens également à remercier Patrick Findeling, Président de « Mécénat Touraine Entreprise », association qui se mobilise depuis de nombreuses années pour sauvegarder le patrimoine de la région, mais aussi pour soutenir l’art contemporain. Merci également à l’association Mode d’emploi, et à son Président Thierry Rolfe, qui travaille étroitement avec les nombreux jeunes artistes vivant et exerçant leur art dans le département.

Merci enfin à vous, Roger Mahoudeau, pour cette nouvelle expression de l’engagement profond de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Touraine en faveur de la vie culturelle et artistique d’Indre-et-Loire.   

Le 15 mars 2005, j’ai signé, avec le Président de l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie, une Charte nationale incitant les Chambres de Commerce et d’Industrie et les Directions Régionales des Affaires Culturelles à se rapprocher et à élaborer des projets ensemble.

Je suis donc très heureux de sceller aujourd’hui l’engagement de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Touraine, en faveur de la culture, dont nous savons tous le rôle de tout premier ordre qu’elle joue pour le développement et l’attractivité de notre ville et de notre région.

Par cette convention, la Chambre de Commerce et d’Industrie de Touraine désigne un correspondant mécénat, M. Guy Baculard, Directeur Marketing Communication, qui sera l’interlocuteur privilégié de la Direction Régionale des Affaires Culturelles et des acteurs culturels de ce territoire. La Chambre de Commerce et d’Industrie de Touraine et la Direction Régionale des Affaires Culturelles s’engagent également à organiser des rencontres entre les entreprises et les porteurs de projets, et des sessions de sensibilisation. Je me réjouis également que cette convention incite l’École Supérieure de Commerce et de Management à développer les enseignements et les travaux de recherche autour de la culture et du mécénat culturel. Parce que, je le répète, la culture, et le mécénat, sont de véritables atouts pour l’avenir.

INAUGURATION DE LA MAISON D’ACCUEIL "LA BELLANGERIE"

15 mars 2007

Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux d’inaugurer aujourd’hui à Vouvray le service de jour et d’habitat « La Bellangerie », développé par l’Association Départementale des Amis et Parents de Personnes Handicapées Mentales d’Indre-et-Loire.

Permettez-moi de rendre tout d’abord hommage aux équipes de cette association admirable, dont j’ai eu le plaisir de célébrer le cinquantenaire en novembre dernier. Je salue leur dévouement, leur générosité, leur enthousiasme, et la magnifique énergie avec laquelle ils tendent la main vers l’autre, pour tisser, dans notre ville, notre département, et à travers toute la région, une communauté solidaire et fraternelle, un véritable réseau du cœur.

Avec le service de « La Bellangerie », lieu de vie destiné à aider les personnes handicapées dans leur quotidien, c’est une nouvelle pierre qui s’ajoute à votre action exemplaire en faveur de la dignité et de la citoyenneté des personnes handicapées.
C’est là, vous le savez, un combat dont le Président de la République a fait l’un des grands chantiers du quinquennat, en mobilisant les énergies et les volontés de tous. Il n’est pas si loin, nous en sommes tous conscients, le temps où les enfants atteints de handicaps mentaux étaient exclus de toute éducation, et par conséquent de la vie en société.

Si cette situation nous semble aujourd’hui révoltante, et impensable, c’est grâce à une véritable évolution, ou révolution des mentalités, à laquelle l’ADAPEI a largement contribué. Avec 320 adhérents, 500 salariés, 18 établissements et services, pour près d’un millier de personnes accompagnées, votre association est aux avant-postes de ce combat pour changer notre représentation du handicap, et pour offrir à ces personnes les meilleures conditions de vie.

Oui, les personnes handicapées ont des droits, le droit de vivre, le droit de travailler, de préserver sa santé, de se loger, de se déplacer, mais aussi de se cultiver et de découvrir de nouveaux horizons. C’est pour cette raison que j’encourage, au ministère de la Culture et de la Communication, toutes les initiatives qui visent à ouvrir les portes de la culture, de notre patrimoine, de nos créations, aux personnes handicapées.

Ce nouveau service offre un accueil complet, un accueil de jour, accueil hebdomadaire, temporaire et partiel, adapté aux besoins de chaque individu. Et la culture est un besoin essentiel, pour tous les hommes, c’est pourquoi je souhaite que ce lieu, qui proposera de nombreuses animations, soit aussi un lieu de culture, pour ses hôtes et leurs familles.

REMISE DES INSIGNES DE CHEVALIER DE LA LEGION D’HONNEUR A CLAUDE PANTERNE

10 mars 2007

Cher Claude Panterne,

Je suis très heureux de vous rendre hommage aujourd’hui, dans notre chère ville de Tours, dont vous contribuez largement à faire vivre l’offre culturelle, et musicale.

Votre goût pour la musique vous est venu très jeune. Vous débutez le chant choral à dix ans seulement, avant d’apprendre le violon et le hautbois. Vous n’avez que quinze ans, le jour où vous dirigez votre premier chœur, et cette activité deviendra rapidement une véritable passion, qui guidera toute votre vie.
 

 

Et pourtant, c’est le transport, et l’entreprise familiale Touraine Rapid’Panterne, qui vous a fait venir dans notre belle ville de Tours, en 1948, date à laquelle votre père, fondateur de la société, vous appelle à ses côtés pour la diriger. Pendant toute votre carrière de chef d’entreprise, vous assumez de nombreuses responsabilités, aux plans départemental, régional, et national, en tant, notamment, que Vice Président du Comité national routier, et Membre de la commission nationale marchandises de la Fédération nationale des transports routiers.

Mais, à bien y réfléchir, de la route à la musique, il n’y a qu’un pas, celui de la « vive émotion », du « sentiment passionné », qui sont l’autre définition du mot transport. Ne parle-t-on pas du « transport amoureux » ? Cette vive émotion, cette invitation au voyage, vous les faites vivre à tous les mélomanes, grâce à votre investissement sans borne dans la vie musicale des cités que vous avez traversées.

A Angers, tout d’abord, où vous êtes né, vous fondez, et dirigez, l’Ensemble vocal Jean Sébastien Bach et la Chorale de l’Enseignement libre, un grand chœur d’oratorio, qui deviendra la Chorale Plantagenêt. Elle a fêté, en 2004, les cinquante ans de son existence. Je tiens à souligner que vous êtes également le fondateur, à Laval, d’un Chœur de l’Enseignement libre.

A votre arrivée à Tours, vous créez la Chorale Jeunesse Musicale de France, et la Chorale de l’Enseignement libre qui, une fois réunies, ont formé le Chœur Jean de Ockeghem. Ouverte à tous, elle compte une centaine de choristes, dont les meilleurs éléments forment l’Ensemble Vocal Jean de Ockeghem.  

C’est à sa tête que vous remporterez vos plus grands succès, et notamment dix-sept Prix internationaux, de 1959 à 1982. Il sera l’un des tout premiers Ensembles agréés par le Ministère de la Culture.

Soucieux de partager votre passion et votre art avec le public le plus large, et de faire rayonner l’Ensemble, vous organisez des nombreuses tournées de concert en Europe et dans le monde entier. Vous dirigez de nombreux oratorios donnés pour la première fois à Tours : Elias et Paulus, de Mendelssohn, Le Roi  David, de Honegger, Israël en Egypte de Haendel, et de nombreuses œuvres de Mozart, Bach et Brahms.

Vous vous imposez comme un chef de grand talent, et vous dirigez de nombreuses et importantes formations, comme l’Orchestre Colonne, l’Orchestre de la Société des Concerts d’Angers, l’Orchestre des Pays de la Loire, L’Orchestre de chambre de Lausanne, ou encore l’Orchestre Verein de Stuttgart.

En septembre 1962, vous rencontrez l’immense compositeur Francis Poulenc, lors du Premier Festival de chant choral que vous aviez organisé à Tours. Invité dans sa maison du Grand Côteau, à Noizay, vous discutez des Litanies à la Vierge noire, peu avant sa disparition. C’est ce morceau que vous choisissez de diriger lors de l’office célébré à sa mémoire, en la crypte de la basilique Saint Martin  de Tours. Vous créez également à Tours, puis à Budapest, La Déploration à la mémoire de Francis Poulenc, de Sandor Szokolay, une œuvre dédiée à l’Ensemble vocal Jean de Ockeghem.

Vous êtes un immense chef, et un passeur admirable. En 1972, avec l’appui de Jean Royer, vous fondez les Rencontres internationales de chant choral de Tours. Aujourd’hui Florilège vocal de Tours, ce rendez-vous est l’une des manifestations les plus importantes en Europe, et le seul concours international de ce type en France.

Fondateur du Centre Musical Jean de Ockeghem, et du Conservatoire de musique pour adultes – sur une idée, m’a-t-on dit, de votre fils, nouvelle preuve de votre brillant talent de passeur – vous êtes devenu, peu à peu, un acteur de tout premier plan de la vie culturelle tourangelle. Membre fondateur de l’Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Touraine, membre également des jurys des plus grands concours internationaux de chant choral, vous avez fait de votre vocation une immense responsabilité, que vous avez toujours prise très à cœur.

Je salue aujourd’hui l’engagement total, absolu, d’un homme au service de sa passion, je salue un passeur exemplaire, dépositaire d’un talent immense, et d’une connaissance sans borne de la musique, et soucieux de le transmettre au public le plus large.

Claude Panterne, au nom du Président de la République, et en vertu des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion d’Honneur.

REMISE DES INSIGNES DE COMMANDEUR DANS L'ORDRE DES ARTS ET DES LETTRES AU CARDINAL JEAN HONORE

10 mars 2007

Éminence,

En vous retrouvant ici aujourdhui, je viens dabord saluer un grand écrivain et un intellectuel hors pair. Dans vos mémoires « La grâce d’être né », ne dites-vous pas vous-même : « La lecture et lécriture mont procuré bien des heures de détente et deplaisir. Dès lenfance, il fallait me forcer pour que je quitte le coinde la cheminée où lhiver je mabsorbais dans un livre ». Je viens aussi saluer le biographe de Newman, le théologien de la refonte du Catéchisme de lÉglise Catholique.

Mais celui que je rencontre dabord en vous, cest lhomme de Dieu, le prêtre, lévêque, qui a faitde sa vie un don total au service des hommes et des femmes de sontemps. Il serait naturellement absurde de dissocier les deux, puisquevotre travail décrivain, de théologien et de chercheur a toujours procédé du même appel, de la même vocation profonde, que les différentes charges pastorales que vous avez assumées.

Cest dans tous les aspects de votre vie que vous avez vécu, intensément, votre sacerdoce. N’avez-vous pas dit :
« Une vocation d’homme ou de femme, c’est la vie tout entière qui la révèle ».

Dès vos premières années, vous avez ressenti, dans cette "passion dapprendre" que vous avez toujours éprouvée, ce "frémissement", ce "pressentiment", comme vous lavez si bien exprimé, par lequel vousvous sentiez appelé à mettre cette passion – et le talent qui nallait pas tarder à laccompagner – au service de la foi, de lÉglise et de vos frères.

Cet appel, vous lavez vécu comme un "défi" ; enacceptant de le relever, vous avez choisi, librement, de vous engager tout entier, avec confiance, dans une véritable aventure spirituelle.Cette aventure vous conduira rapidement, dès votre ordination, à un service bien particulier, celui de lenseignement. Vous qui aviez lapassion dapprendre, vous allez acquérir pour longtemps celle denseigner, dexpliquer, de faire comprendre et de faire aimer. Cest sans aucun doute de cette expérience fondatrice que lécrivain Jean Honoré a su tirer cette clarté dexpression, ce style didactique, cette écriture si pure, si riche et si transparente à la fois, qui sera lamarque de fabrique de vos nombreux ouvrages.

Cest fort de cette expérience denseignant que vous vous trouvez confronté aux difficultés, aux incertitudes, aux crises de la transmission qui marquent si profondément la deuxième moitié du XXe siècle. Vous êtes le responsable national de la catéchèse, au moment du débat difficile sur lenseignement de la foi, qui agite lÉglise au début des années soixante ; vous êtes Recteur de lUniversité Catholique dAngers lorsqu’éclate le grand bouleversement de mai 68. Et en 1984, vous interviendrez dans le débat sur la loi Savary, en expert informé etconscient des grandes problématiques de léducation, pour défendre fermement la liberté de lenseignement.

Cest enrichi deces expériences fécondes que vous entrez dans cette nouvelle aventure àlaquelle vous êtes appelé, le 17 décembre 1972, lors de votre ordination épiscopale. Cette charge nouvelle, vous la prenez à bras lecorps, dans le diocèse dÉvreux dabord, puis, de 1981 à 1997, à latête du diocèse de Tours. Comme vous lavez raconté dans vos mémoires,la tâche qui pèse sur un évêque est souvent bien lourde : elle demande une très grande disponibilité, une "prévenance égale pour tous", une attention constante à des problèmes très divers.

Il faut dailleurs souligner tout ce que vous avez apporté à notre ville et àla Touraine pendant les nombreuses années où vous avez été en charge dudiocèse de Tours : je veux en particulier rappeler la visite du PapeJean-Paul II en 1996, que vous aviez proposée et organisée à loccasion du quinzième centenaire de la mort de saint Martin de Tours, votre lointain prédécesseur dans ce siège darchevêque. Durant cette visite particulièrement marquante, vous aviez ménagé une rencontre entre lePape et les "blessés de la vie" ; cette initiative assez exceptionnelle montre bien lattention infinie que vous portiez, à limage de Saint Martin, aux plus petits, aux plus faibles, aux malades et aux souffrants, aux victimes innombrables de toutes les formes deprécarité. À travers tout votre épiscopat, vous navez cessé dillustrer cette définition, que proposait Jean-Paul II en 2003, deuxans après vous avoir créé cardinal : "LÉvêque doit être toujours davantage un signe lumineux du Christ. En se comportant comme un père,un frère et un ami de tout homme, il sera, auprès de chacun, serviteur de lÉvangile du Christ pour lespérance du monde."

Lannonce de lÉvangile sera en effet au cœur de votre épiscopat : le ministère épiscopal est un ministère de la parole, de lenseignement, que vous assumerez toujours pleinement. Devenu évêque, vous avez gardé le même souci des problèmes de la transmission, en présidant, pendant des années cruciales, la Commission épiscopale du Monde Scolaire et Universitaire et le Comité National de lEnseignement Catholique, puis en devenant consulteur à Rome pour la Congrégation de lEnseignement Catholique. Cest donc tout naturellement que Jean-Paul II, en 1987,vous désigne pour participer à la rédaction du Catéchisme de lÉglise Universelle ; avec lui, et en collaboration avec six autres évêques,vous élaborerez, pendant cinq années, louvrage qui permet maintenant àtous, croyants et incroyants, de connaître précisément et concrètementle contenu de la foi catholique. Véritable outil dunité, de connaissance et douverture, il amplifie votre souci pastoral detémoigner de la foi, avec clarté et en vérité, pour trouver dans cetémoignage le fondement dun dialogue authentique, franc et lucide,avec les femmes et les hommes de notre temps, dans la diversité de leurs parcours, de leurs histoires et de leurs questions. Vous avez su en particulier échanger avec les jeunes, avec tous les jeunes, les comprendre sans caricatures et leur parler sans complaisance, pour leurdélivrer cet appel à lespérance et à la vie, que vous aspirez tant àleur transmettre. Vous réalisiez ainsi, vous qui avez toujours dit que lépiscopat nest que le prolongement du sacerdoce, cette très belle phrase de François Mauriac : "Être prêtre, cest précisément cela,quil ny ait plus une créature vers laquelle on ne puisse aller, avec laquelle on ne se trouve de plain-pied."

Ce même Mauriac,dans son Journal, écrivit un jour son admiration pour votre talent de biographe : au sein même de la vie très active de lévêque, le penseur et le chercheur nont en effet jamais cessé de grandir en vous ; vos travaux sur Newman, théologien anglican majeur, converti au catholicisme en 1845, dont la fameuse formule : « Moi-même et monCréateur » vous font dire : « La foi chrétienne a son credo dont ildira que le mystère du Christ est la "vérité centrale". Mais celanempêche pas quelle implique et quelle contient lassurance quilnest pas dauthenticité pour lexpérience religieuse sans la fermecertitude de la finitude du moi et de la souveraine grandeur de Dieu. » Vos nombreuses interventions dans des colloques et des conférences témoignent encore du même intérêt pour la rencontre et le dialogue. À travers létude de cette figure exceptionnelle, dont vous êtes devenuun spécialiste incontesté, cest en effet la question du dialogue œcuménique et inter-religieux qui se joue, question particulièrement décisive pour notre temps. Vos travaux de recherche et décriture, loinde se résumer à un simple passe-temps dérudit, sinscrivent donc de manière parfaitement cohérente dans vos préoccupations de pasteur,dhomme de Dieu et dhomme de bien.

Monseigneur, vous avez connu de près les débats qui ont secoué la société française à propos de la laïcité ; eh bien, sans enfreindre la laïcité, le ministre de laRépublique que je suis na pas peur de vous le dire : nous avons besoin, aujourdhui plus que jamais, de voix comme la vôtre, pour aborder avec sérénité et responsabilité les problèmes essentiels qui seposent à notre société. Vous venez nous rappeler que les racines dudialogue, de la paix, de la solidarité entre les hommes, sont, non seulement culturelles, mais profondément spirituelles, quelles engagent chacun de nous au plus profond de ce que vous avez appelé "lhonneur dêtre homme". Vous venez nous rappeler à lurgence de cesdevoirs, à la nécessité de tout faire pour servir ceux qui nous entourent, pour faire progresser le bien dans notre monde et pour préserver lhumanité dans lhomme. En cela, vous faites véritablement œuvre de culture, au sens le plus haut de ce terme, et nous nous rejoignons dans cette mission que Malraux a assignée au ministre de laculture, dans ce combat pour préserver les forces de la vie contre loubli et la mort – ce même combat, profondément spirituel, de la"culture de vie" contre la "culture de mort", auquel le pape Jean-PaulII appelait tous les hommes.

Vous avez dit un jour que,"lorsque vous vous retourniez sur les routes de votre passé", vous éprouviez "une émotion mêlée de gratitude". Soyez sûr que cette gratitude est largement partagée aujourdhui, par ceux qui vous entourent, et par tous ceux qui vous connaissent ; à mon tour, je veux vous exprimer mon admiration, ma reconnaissance, et celle de la France.

Jean Honoré, au nom de la République, nous vous faisons Commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres.

INAUGURATION DE SUPINFO TOURS

9 mars 2007

Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis particulièrement heureux dêtre parmi vous aujourdhui pour inaugurer cette nouvelle antenne de lécole Supinfo à Tours. Cest un moment dont je sens, dont je sais toute limportance, à la fois comme Tourangeau passionné de sa ville et de sa région, et comme Ministre de la culture et de la communication, parfaitement conscient des enjeux et des défis qui se posent aujourdhui à la société de linformation.

Voir Supinfo sinstaller à Tours, cest une fierté, un honneur et une joie ; joie de voir que notre ville na rien perdu de son attractivité pour le monde universitaire, quelle est toujours aussi accueillante pour les enseignants comme pour les étudiants. Cest grâce à linsistance de Jean Royer, qui, pendant tous ses mandats à la mairie de Tours, refusa continuellement déloigner le monde universitaire dans un campus excentré, cest grâce à cette vision dune communauté urbaine unie autour de ses étudiants, que nous pouvons voir aujourdhui notre ville accueillir en son sein, en son centre, un établissement comme Supinfo. Cette ouverture de notre ville aux lieux denseignements et de recherche, ouverture réciproque et partagée, est source dun enrichissement mutuel exceptionnel : en même temps quelle ouvre à tous les étudiants les services, les infrastructures, le tissu commercial et les richesses culturelles de notre ville, elle contribue à donner à la ville de Tours son rayonnement pour aujourdhui et sa vitalité pour lavenir.

Votre école, en effet, na pas dautre ambition : en cherchant à "former les ingénieurs de demain", cest lavenir de notre société et de notre monde que vous contribuez à préparer. Supinfo est née en 1965 de la volonté de créer une école dexcellence spécialisée dans linformatique. Ce qui pouvait apparaître, à lépoque, comme un projet anecdotique, sest révélé être une intuition formidable : à lheure où nous franchissons le seuil dune révolution numérique riche de promesses, dincertitudes et de perspectives nouvelles, notre pays, et notre monde tout entier, ont plus que jamais besoin de professionnels compétents, solidement formés, qui soient de véritables "généralistes dans leur spécialité". Supinfo me semble particulièrement bien placée pour former ces ingénieurs de demain : dabord, parce quelle ne forme pas de simples techniciens, mais des hommes desprit ouvert. Par la formation diversifiée quelle leur apporte, elle les pousse à acquérir, en même temps que des savoirs, dauthentiques savoir-faire, en matière de management, de travail en équipe, de transmission des compétences. Par une politique de développement territorial et international résolument audacieuse, Supinfo permet à ses diplômés, de quelque nationalité quils soient, de commencer leur carrière professionnelle avec une expérience unique de la diversité des problèmes qui se posent en France et sur tous les continents. Je veux dailleurs, à cet égard, souligner le travail remarquable que Supinfo a choisi daccomplir en faveur de la francophonie, en donnant à ses élèves étrangers des cours de français intensifs, dans quelque pays quils se trouvent, pour permettre à notre langue de subsister dans un milieu de plus en plus uniformisé.

Enfin, je tiens à féliciter tous ceux qui dirigent cette école hors norme pour leur fidélité à lintuition première de sa fondation : ils ont su, avant beaucoup de professionnels et, jose le dire, de responsables politiques, comprendre à quel point le développement informatique comporterait denjeux sociaux, culturels et politiques. Cette vision de long terme sest encore une fois vérifiée, et cest grâce à elle que nous pourrons compter, demain, sur une génération dingénieurs et de dirigeants responsables et parfaitement conscients des enjeux considérables que représentent, pour lavenir de nos sociétés, les technologies de linformation et de la communication.

Cest pour tout cela que je suis particulièrement heureux du bel événement que constitue cette inauguration ; je souhaite à Supinfo, à ses équipes, à ses enseignants, comme à tous ses étudiants, que nous accueillons avec joie dans notre belle ville, dy trouver les mêmes réussites, la même vitalité, le même succès, que ceux quils ont su conquérir et susciter partout en France et dans le monde.

Hommage de Renaud Donnedieu de Vabres, ministre de la culture et de la communication, à Henri Troya

5 mars 2007

Avec Henri Troyat, disparaît un écrivain immensément populaire dont le seul nom déjà évoque tout le parfum de la Russie, sa terre natale et son intarissable source d’inspiration. Pierre Ier, Alexandre III, Nicolas II,… ses biographies somptueuses qui se lisent comme de purs romans ont jeté un pont entre la France et la Russie, entre la littérature et l’Histoire, changeant le regard de générations de lecteurs séduits par son style et la richesse de ses récits.

Il était en quelque sorte le doyen des lettres françaises, à double titre. Plus ancien lauréat du Prix Goncourt obtenu à l’âge de 27 ans en 1938 pour « L’Araigne », mais aussi plus ancien membre de l’Académie française où il avait été élu en 1959. Enfant de l’exil puis de l’émigration, la terreur bolchévique lui avait fait choisir la France et la langue française pour terre d’accueil. Son oeuvre monumentale, presque à l’image du géant qu’il était, ne s’est pas tarie au fil du temps. En 2006, il nous donnait encore « La traque ».

Grand écrivain d’histoire mais aussi de fiction, explorant tout le territoire romanesque et les ressorts psychologiques, il s’inscrit dans une grande tradition littéraire au carrefour de la France et de la Russie. Célébrant la rencontre entre Tchékhov et Maupassant, Pouchkine et Verlaine, Dostoïevski et Baudelaire, Tolstoï et Balzac, son oeuvre scelle l’alliance entre deux grandes littératures mondiales. Grâce à lui, le roman russe est devenu un peu français.

Paris, le 5 mars 2007

POUR UN VERITABLE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL POUR TOURS

1 mars 2007

Le 27 septembre dernier, les élus de la communauté d’agglomération Tour(s) Plus ont décidé la création d’un Conseil de développement dont les membres sont des représentants des organismes économiques et sociaux. Le rôle qui lui est assigné est notamment d’apporter un conseil sur les questions  relatives à l’aménagement du territoire.

La création de cet organe consultatif destiné à favoriser le dialogue entre Tours Plus et les forces vives de l’agglomération semble être une bonne idée… Lors des élections municipales de 2001, l’Union pour Tours l’avait proposée aux Tourangelles et aux Tourangeaux.

Mais pour être utile et efficace ce type de structure doit représenter le plus fidèlement possible  le « paysage » de notre agglomération et de tous ceux qui agissent, proposent et innovent en sa faveur.  

Aujourd’hui ce n’est pas le cas, Jean GERMAIN, président de la communauté d’agglomération, a choisi ses membres parmi les chambres consulaires (chambre de commerce et d’industrie, chambre  d’agriculture, chambre de métiers), les syndicats de dirigeants d’entreprises et les seuls syndicats « représentatifs ». Le maire de Tours a nommé à la tête de cette structure l’ancien directeur du CHU de TOURS dont  Jean GERMAIN est le  président …

C’est pourquoi nous demandons à Jean GERMAIN que ce conseil de développement intègre   les forces vives de notre agglomération représentant toutes les sensibilités des secteurs économique, social, associatif et culturel. Car c’est à cette seule condition que cette nouvelle structure deviendra un instrument utile et efficace au service de Tours et de son agglomération.