Rubrique ‘Discours 2007’

Remise des Insignes de d’Officier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur à Valery Gergiev

1 avril 2007

Cher Valery Gergiev,

C'est un honneur de vous recevoir, pour votre premier concert à Paris en
tant que chef principal du London Symphony Orchestra, ce magnifique
orchestre tout à la fois invité et résident dans cette Salle Pleyel rénovée et
rendue à sa vocation d’excellence.

Je veux tout d'abord vous féliciter et vous dire mon émotion. Vous nous
avez offert un moment de musique exceptionnel, réunissant dans un même
élan artistique musique russe et musique française, Stravinski et Debussy,
avec la fougue et la grâce qui sont votre signature.

On vous considère aujourd'hui comme l’un des plus grands chef
d'orchestre au monde. La scène musicale internationale vous réclame et
vous acclame, de votre Russie natale jusqu'aux États-Unis, en Chine ou au
Japon, comme à travers l'Europe, et chez nous bien sûr.

L'appel de la musique a retenti pour vous très tôt. A 14 ans, au moment
même où votre père disparaît prématurément, vous découvrez Mozart et
Beethoven. Votre jeune âge devient celui des choix et d'une maturité
précoce. Vous étudiez le piano et la direction d'orchestre. Très vite, des
Prix viennent consacrer votre vocation, notamment le Premier Prix au
Concours de direction d'orchestre des Républiques soviétiques, en 1975,
alors que vous êtes encore étudiant.

Vous n'avez que 23 ans quand vous remportez à Berlin le Premier Prix du
Concours Herbert von Karajan. C'est une rencontre forte entre vous et le
maître, qui restera pour vous un modèle et un inspirateur. C'est aussi la
porte ouverte à une carrière aussi brillante que fulgurante, qui a certes pour
théâtre le monde entier, mais dont l'âme vibre à Saint-Pétersbourg, dans ce
Théâtre Mariinsky où vous avez fait vos premières armes alors qu'il était
encore le Kirov, et que vous avez porté au firmament de la vie musicale
internationale.

Vous y devenez en 1978 l'assistant de Yuri Temirkanov. Dix ans après, à
35 ans à peine, vous en devenez le très jeune et très talentueux directeur
artistique, élu par l'ensemble des musiciens et par les artistes. Cette
confiance vous électrise, et décuple votre énergie ! Votre engagement est
total dans la vie du Mariinsky, qui regroupe près de 2000 personnes.

Vous
y remettez à l'honneur, dans une approche résolument moderne, le grand
répertoire russe, de Glinka à Chostakovitch. Vous ouvrez vos premières
saisons avec Moussorgski et Borodine, animé de la volonté de porter vos
troupes à un niveau d'excellence, de dépasser les contraintes de l'époque
et de rendre à ces grandes pages de l'histoire de la musique toute l'ardeur
sans afféterie de l'âme russe.

Mission accomplie ! Aujourd’hui, cher Valery Gergiev, vous êtes l’âme
artistique de Saint Petersbourg, cette ville à laquelle vous avez encore offert
l’incroyable festival des « Nuits blanches », l’une des plus belles vitrines de
la vie musicale russe que vous animez avec une fougue inimaginable, en ne
dormant sans doute pas plus que le soleil, à cette époque de l’année, dans
cette ville éternelle. Comment s’étonner, dès lors, que l’on vous présente
souvent comme le maestro qui incarne à la fois la tradition musicale russe
et son renouveau, l'artiste qui ignore les frontières, le caucasien fougueux,
le musicien inspiré qui a de longue date imposé sa personnalité artistique,
conquis l'Occident… et Paris !

C'est en effet, cher Maître, entre vous et la France une longue et belle
histoire, émaillée de grands moments.

Je n'oublie pas la soirée de gala que j'ai eu l'honneur de présider, en
novembre 2005, à l'Opéra national de Paris, en témoignage de l'amitié qui
unit nos deux pays et du soutien que la France apporte au Théâtre
Mariinsky. Vous l'aviez engagé dans d'ambitieux travaux pour le restaurer et
le doter d’une salle moderne de 2000 places. Paris vous avait alors accueilli
pour une résidence de près de deux mois à l'Opéra national de Paris et au
Théâtre du Châtelet, avec l'ensemble des forces vives du Mariinsky,
orchestre, ballet et solistes. C'est un très beau souvenir, de même que la
« saison russe » que vous aviez signée en 1995, ou encore votre présence
comme chef invité au pupitre de nos formations, de nos festivals et de nos
maisons d'opéra.

Vous êtes actuellement l'un des chefs réguliers de l'Opéra national de Paris.

Votre présence charismatique a illuminé en 2005 le drame d'Otello, et nous
vous attendons avec impatience pour la reprise de Lohengrin en mai
prochain, de même que nous serons heureux de vous retrouver en octobre
ici-même, au pupitre de l'Orchestre de Paris, pour ces pages de Borodine
dont vous faites un emblème.

Outre votre rôle décisif depuis près de 20 ans au Théâtre Mariinsky de
Saint-Pétersbourg, vous êtes depuis 1995 le chef principal de l'Orchestre
philharmonique de Rotterdam, et, depuis le début de cette année, je l’ai
rappelé, le chef principal de l'Orchestre symphonique de Londres,
succédant à Sir Colin Davis. Vous vous inscrivez dans la longue lignée de
baguettes prestigieuses qui ont construit le son de cette splendide
formation. Entre vous, la communion est d'ores et déjà profonde : ce soir, la
palette de l'orchestre et votre extraordinaire puissance expressive nous ont
offert le meilleur de l'émotion musicale.

Je n'oublie pas enfin votre engagement pour la cause de la paix. Élevé au
Caucase, ce pays ossète qui réunit tant de communautés, vous connaissez
la richesse et le prix de la diversité : très jeune chef, vous avez vous-même
dirigé divers orchestres de la Russie d'alors, et occupé, de 1981 à 1985, le
pupitre de chef permanent de l'Orchestre de l'État d'Arménie. Le « Festival
de la Paix pour le Caucase », le « Festival de la Mer Rouge » sont des
tentatives courageuses, impensables sans le dynamisme et sans le
tempérament solaire qui vous caractérisent.

Je me fais ici l'interprète, cher Valery Gergiev, de l'admiration qu'inspire
l'artiste dionysiaque, le travailleur acharné, le défenseur d'une Russie
moderne et d'une musique éternelle que vous êtes.

Valery Gergiev, au nom du Président de la République et en vertu des
pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons officier de la Légion
d’honneur.

Signature du contrat de stratégie de la Réunion des Musées nationaux

29 mars 2007

Je suis heureux de vous accueillir pour la signature du contrat de stratégie
entre l'État et la Réunion des musées nationaux pour la période 2007-2009.

Ce contrat, le premier pour la RMN, est très important. Intervenant après
plusieurs années de difficultés financières, il va permettre de lui donner des
perspectives claires.

Hier monopolistique, parfois perçue comme concurrente par les musées
nationaux, et demain véritable partenaire sous forme de prestataire de
services, la Réunion des musées nationaux a réussi à surmonter dix
années de graves crises financières.

Après avoir rayonné un siècle durant, ce noble établissement s'est trouvé
confronté au formidable développement des musées entamé au niveau de
l'État depuis maintenant près de 30 ans, et on ne peut que s'en réjouir,
ainsi qu'à l'évolution des pratiques culturelles démultipliant les modes de
consommation.

C’est dire si, par rapport à la situation d'il y a quelques années, la RMN a
connu bien des mutations, et je tiens à vous en remercier tous, dirigeants
de l'établissement, Madame la Secrétaire générale et directions de tutelle
qui avez soutenu celui-ci dans ses changements.

Le contrat que nous signons aujourd'hui doit permettre, en s'appuyant sur
les savoir-faire de l'établissement en matière d'édition, d'exposition, de
soutien aux métiers d'art, de caler son périmètre d'intervention pour que la
collaboration avec les grands établissements soit aussi sereine et efficace
que possible et pour que chacun puisse assurer en paix son
développement et son rayonnement.

En échange, la Réunion des musées nationaux doit s'engager à rendre un
meilleur service, dans les boutiques en particulier, mais au-delà, dans
toutes ses actions et notamment vis-à-vis des musées services à
compétence nationale pour lesquels elle doit d'ailleurs faire davantage et
en même temps agir de façon plus adaptée à chaque site.

Elle doit encore se moderniser dans le domaine de la communication par
exemple, dans l'accueil aux galeries nationales du Grand Palais, vitrine de
la France dont elle a maintenant la garde.

Elle doit servir mieux l'État dans ses demandes de rayonnement national
ou international.

Elle doit recouvrer une stratégie commerciale forte mais non aveugle.

C’est pourquoi je lui ai confié la commercialisation des fonds photo de
l'État : j'attends rapidement un renforcement de la position française sur
ce secteur.

Bien sûr, il reste beaucoup à faire : l'établissement lui-même doit encore
décliner ce contrat stratégique en contrats de performance passés avec
chacun des musées. Il doit aussi conforter ses relations avec l'ensemble
des partenaires. Il faudra le faire avec écoute et professionnalisme car ce
sont les meilleurs remparts contre la critique. De cela, j’en suis convaincu,
vous vous acquitterez avec énergie.

Ouverture du Conseil national de la recherche archéologique

29 mars 2007

Monsieur le Vice-Président, cher François Baratte,

Mesdames et Messieurs les membres du Conseil national de la recherche
archéologique,

Je suis très heureux d’ouvrir cette première séance de votre Conseil en
2007. Je m’étais engagé, au Sénat, en mai 2006, à m’exprimer devant
vous sur cet enjeu majeur que représente la recherche archéologique,
enjeu auquel j’ai accordé une attention toute particulière depuis mon
arrivée au ministère de la Culture et de la Communication.

Permettez-moi de saluer tout d’abord les douze nouveaux membres élus
par les commissions interrégionales de la recherche archéologique, qui
participeront désormais aux travaux du conseil, aux côtés des dix autres
membres déjà en place depuis deux ans, et des représentants du ministère
de la recherche et du CNRS. Je tiens également à saluer votre Vice-
Président, M. François Baratte, qui anime les débats depuis 2005, avec le
talent et l’enthousiasme que nous lui connaissons. Je le remercie
chaleureusement d’avoir accepté cette haute responsabilité, en plus de sa
lourde charge d'enseignement et de recherche.

C’est une organisation originale que notre pays a mise en place, pour
articuler le niveau inter-régional de connaissance et d'expertise sur les
opérations archéologiques – celui des commissions interrégionales de la
recherche archéologique (CIRA) – et le niveau national, avec le rôle de
réflexion et d'évaluation qu'assure votre assemblée.

Comme vous le savez, l'actualisation du décret de 1994 sur les instances
consultatives de l'archéologie est en bonne voie, puisqu'il a recueilli
l'accord du Conseil d'État, et qu'il est aujourd'hui en cours de signature.

Ce
nouveau décret introduit des ouvertures importantes, d'une part pour
accueillir deux représentants du ministère chargé de la recherche et de
l’enseignement supérieur, d’autre part pour assurer, au sein du conseil, la
diversité des douze personnalités qualifiées, représentant les collectivités
territoriales, le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), les
universités, l’Institut national de recherches archéologiques préventives
(INRAP), et les institutions étrangères.

J'ai le plaisir de saluer la nomination dans ce conseil du Professeur
Hellenkemper, directeur du Musée romain-germanique de Cologne, qui
apportera à vos travaux la vision d'un savant allemand.

J’ai réaffirmé, à plusieurs occasions, mon attachement aux principes de la
loi du 7 janvier 2001, qui tendent à concilier les exigences spécifiques de
la recherche scientifique, de la conservation du patrimoine, mémoire de la
nation, et celles du développement économique et social. Le rapport
présenté au Parlement en avril 2006 en a retracé les étapes successives.

Ce dispositif s'est consolidé depuis deux ans, et je m'en réjouis, car
l'archéologie a besoin de stabilité. Mais je reste attentif à plusieurs points
qui me paraissent déterminants pour son plein fonctionnement, et pour la
cohérence de la politique publique de l'archéologie en France.

Le financement, tout d’abord. Mon objectif est d’assurer un mode de
financement solide et pérenne, échappant aux aléas budgétaires, qui
garantisse la mise en oeuvre de ces principes. Les engagements pris pour
améliorer le rendement de la redevance d’archéologie préventive ont été
tenus en 2005 et en 2006, ils le seront encore en 2007. J'ai demandé à
mes services d'être particulièrement mobilisés sur la redevance, et je
n'exclus pas d'étudier d'éventuelles adaptations.

J'observe aussi avec satisfaction que le Fonds national pour l'archéologie
préventive, alimenté par la redevance, s'est bien mis en place : il sert déjà
les prises en charge prévues par la loi, et, en ce qui concerne la
procédure de subventions également prévue par la loi, une quinzaine
d'opérations de fouilles ont pu être aidées au titre de 2006.

S’agissant de l’INRAP, l’opérateur principal sur le territoire, qui joue un
rôle essentiel dans la mise en oeuvre de la politique archéologique, je le
suis personnellement avec la plus grande vigilance. Je m'étais porté
garant de son budget pour 2006, il s’est exécuté normalement. L'année
2007 verra la consolidation de ses moyens tant en crédits qu’en
personnels, et une résorption exceptionnelle de l’emploi précaire, portant
sur 350 emplois.

J'ai en outre demandé à cet établissement de faire un effort exceptionnel
sur l'affectation de ses moyens pour l'opérationnel, et sur la clarification de
son plan de charge, en accord avec mes services. Comme j'exerce, avec
le ministère de la recherche, la tutelle sur l'INRAP, j'attache une
importance capitale à la cohérence de la politique publique de
l'archéologie préventive, avec toutes les règles de transparence que cela
suppose à l'égard des aménageurs et des collectivités territoriales.

En ce qui concerne, ensuite, l'ouverture à d'autres opérateurs, instaurée
en 2003, votre conseil joue un rôle capital, puisqu’il examine les
demandes d’agrément présentées par les services archéologiques de
collectivités, ainsi que par les opérateurs privés. Vous rendez l’avis
scientifique destiné à préparer les décisions ministérielles, dans le délai
de trois mois. Je tiens à saluer le travail que vous avez accompli depuis
2004. Vous avez examiné 79 dossiers de demandes, qui ont abouti à 62 décisions d’agrément, en privilégiant la cohérence et la transparence des
débats, et avec une totale liberté de vote.

J’ajouterai que, en rendant publiques les règles de présentation et
d’examen des dossiers dans le vade-mecum mis en ligne sur le site
institutionnel du ministère, vous avez instauré une véritable jurisprudence
des agréments. La qualité des expertises et la clarté des avis sont les
meilleurs garants du bon fonctionnement de la loi sur l’archéologie
préventive.

Je souhaite enfin aborder les enjeux scientifiques. Dans la politique de
prescriptions mise en oeuvre par les services déconcentrés, il est
essentiel, à mes yeux, que les choix soient fondés sur des critères
scientifiques, validés par les instances consultatives émanant de la
communauté archéologique.

L’avancée des connaissances, grâce notamment à l’archéologie
préventive, implique une réflexion fondamentale sur la programmation
scientifique, à l’échelle régionale des DRAC, portée par les CIRA et
relayée, au niveau national, par le CNRA. C'est l'une des principales
recommandations du rapport du sénateur Gaillard, très concerné par les
évolutions du dispositif juridique et scientifique de l'archéologie.

Je sais qu'un important travail de bilan des recherches est actuellement
en cours, dans presque toutes les régions métropolitaines. Il permettra de
définir les grandes lignes de cette programmation scientifique régionale et
interrégionale, au plus près des foyers de coopération interinstitutionnelle
et interdisciplinaire. Votre conseil a vocation à en débattre, pour dégager
les axes principaux d'une programmation nationale de la recherche
archéologique.

Il me reste à vous remercier de votre engagement désintéressé et
hautement qualifié dans ces questions auxquelles j’attache la plus haute
importance. Je souhaite que votre nouveau conseil se saisisse très vite
des sujets scientifiques qui lui incombent, et remplisse ainsi pleinement
les missions qui lui ont été confiées.

Je vous remercie.

Remise du rapport d’activité du Haut conseil de l'éducation artistique et culturelle à l'INHA

28 mars 2007

Monsieur le Ministre de l'Éducation nationale, cher Gilles,

Monsieur le Vice-Président, Cher Didier Lockwood,

Mesdames, Messieurs,

Chers Amis,

Je suis très heureux d’être présent parmi vous aujourd’hui, aux côtés de
Gilles de Robien, pour cette séance consacrée à la remise du premier
rapport d'activité du Haut Conseil de l'éducation artistique et culturelle.

Je tiens tout d'abord à remercier les membres et l'équipe du Haut Conseil
de l'éducation artistique et culturelle pour leurs réflexions, leurs
propositions et leurs initiatives, et Gilles de Robien pour l’enthousiasme
qu’il déploie en faveur de l’éducation artistique et culturelle.

Permettez-moi également de souhaiter la bienvenue à Messieurs Yann
Arthus Bertrand et Claude Parent, que l’on ne présente plus, et qui ont
accepté d’apporter leur expertise au service du Haut Conseil, et à Monsieur
Didier Blanc, représentant de la Fédération des conseils des parents
d'élèves.

Notre rencontre marque une étape nouvelle pour cet enjeu majeur que
représente l'éducation artistique et culturelle, auquel le gouvernement
attache la plus haute importance. Je me félicite personnellement que ce
soit l’un des thèmes forts des débats de la campagne présidentielle dans le
domaine de la culture.

Le rôle et l’impact de l’éducation artistique et culturelle ont été réaffirmés
récemment lors du symposium de recherche que nous avons tenu à
organiser, en janvier, au centre Georges Pompidou. Stimuler le goût des
oeuvres, et de la pratique artistique, dès l’école, c’est transmettre le sens et
l’attachement à nos valeurs communes, mais aussi ouvrir au dialogue et au
respect de toutes les cultures.

La composition du Haut Conseil – mêlant des personnalités qualifiées, des
représentants des services de l'Éducation nationale, du ministère de la
Culture et de la Communication, et des collectivités locales – permet de
construire une vision sans cesse renouvelée de l'éducation artistique, tant
sur le plan national que local.

Conformément à la mission d’analyse, d’observation et de proposition qui
lui a été assignée, le Haut Conseil livre aujourd’hui les résultats d’un an de
réflexion, et d’auditions de responsables éducatifs, culturels, de
personnalités des médias, de chercheurs. Je tiens à vous féliciter pour le
travail que vous avez accompli, et pour les clés que vous nous proposez
aujourd’hui. Des clés d’avenir, qui s’appuient sur des bases solides, que
nous avons construites ensemble.

Les années 2005 et 2006, nous le savons, ont été particulièrement
productives et riches, avec la mise en place du plan de relance du 3
janvier 2005, l'installation du Haut Conseil en octobre 2005, et l'inscription
de l'éducation artistique et culturelle dans le socle commun des
connaissances.

Je me facilite des progrès que nous avons accompli ensemble, et des
actions décisives qui ont été menées cette année.

Le symposium sur l'évaluation de l'éducation artistique et culturelle, tout
d’abord, organisé par le ministère de la Culture et de la Communication,
avec le soutien du ministère de l’Éducation nationale. Il a accueilli, les 10,
11 et 12 janvier 2007, au Centre Georges Pompidou, une cinquantaine de
chercheurs européens et internationaux, afin d'évaluer les impacts de
l'éducation artistique et culturelle. Les travaux présentés ont mis en
évidence la diversité des objectifs poursuivis et des dispositifs mis en
place. Ils ont également permis de clarifier les problèmes
épistémologiques et méthodologiques posés par l'évaluation et de fournir
un argumentaire précis et cohérent quant aux effets positifs de l’éducation
artistique et culturelle sur le développement des enfants.

Le séminaire national de formation des cadres de l'Éducation nationale et
de la culture, ensuite, a réuni plus de deux cents personnes les 22 et 23
janvier 2007 à la Cité Universitaire de Paris. Il a permis de dégager une
réflexion doctrinale pour la généralisation de l'éducation artistique et
culturelle, dans le cadre d'une politique éducative associant les
collectivités locales.

La Semaine de la langue française, temps fort de coopération entre nos
deux ministères, a mis cette année en lumière le thème des « mots
migrateurs », ou la capacité du français à s’enrichir des autres langues.

La
forte mobilisation des Inspecteurs d'Académie a permis, pour la première
fois, d’y associer massivement les classes de français.

En ce qui concerne la politique de conventionnement des structures
culturelles avec les « Réseaux Ambitions Réussites », une première
convention a été signée le 5 décembre dernier entre l’Ordre national des
architectes et nos deux ministères. Elle permet aux architectes d’intervenir
aux côtés des enseignants, dans plusieurs des collèges concernés par la
politique d’«Éducation prioritaire », afin de donner à chaque collégien des
clés pour mieux comprendre son environnement et son cadre de vie.

Elle favorise également les parrainages et l’accompagnement
professionnel des collégiens qui se destinent aux métiers de l’architecture,
de l’urbanisme et de l’environnement.

Grâce à ces conventions, qui s’élargiront progressivement à d'autres
champs d'intervention des professionnels de la culture, les élèves
pourront prendre conscience de leur responsabilité de citoyens par
rapport à une oeuvre, ancienne ou contemporaine, proche ou lointaine de
leur « identité personnelle », qu’ils apprennent à connaître, à faire
connaître, à protéger. La proximité implique une familiarité qui permet de
créer un lien affectif et durable, qui concourt à la cohésion sociale.

Le glossaire multilingue et européen sur l'éducation artistique et culturelle,
lancé à l'initiative conjointe des ministères de l'éducation nationale et de la
culture, est un outil linguistique et conceptuel favorisant les échanges en
matière d’éducation artistique et culturelle au niveau européen. Il met en
correspondance les mots utilisés dans différentes langues européennes,
et compare les concepts qu’ils recouvrent. Un document pilote a été
présenté à Graz, le 7 juin 2006, à l’occasion de la conférence européenne
organisée par l’Autriche sur l’éducation artistique et culturelle. De
nouveaux pays se sont d’ores et déjà associés au projet qui franchira une
nouvelle étape à Vienne en juin 2007.

En ce mois de mars 2007, qui marque le cinquantième anniversaire du
traité de Rome, je souhaite que soient relancés les projets mobilisateurs
pour les Européens, et notamment les plus jeunes d'entre eux, afin de
renforcer leur sentiment d'appartenance à un espace commun et à une
culture partagée, qui fondent l'identité européenne.

Dans cette perspective, nous proposons, avec Gilles de Robien, la
réalisation d'un support pédagogique destiné à sensibiliser les jeunes à la
connaissance de l'histoire européenne des arts.

Oui, nous avons lancé de très grands projets, qui prennent forme
aujourd’hui, et qui doivent continuer à se développer, car il reste à
l’évidence beaucoup à faire, je pense notamment au jumelage entre
chaque établissement scolaire et un lieu, ou une équipe ou un projet
artistiques et culturels. C’est peu dire que j'attends avec beaucoup
d'intérêt la présentation de votre rapport, pour ouvrir de nouvelles pistes.

Vous pouvez compter sur moi pour étudier avec la plus grande attention
vos propositions, afin de tout mettre en oeuvre pour les transformer en
action.

Je vous remercie.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre National du Mérite à Sandrine Soloveicik

27 mars 2007

Chère Sandrine Soloveicik,

C’est un très grand plaisir de vous recevoir aujourd’hui, pour honorer votre
brillant parcours dans le paysage des médias français, votre attachement
au service public, et votre noble volonté de soutenir une diffusion toujours
plus large de la culture.

C’est pourtant au métier de notaire que vous destinaient vos études de
droit à la Sorbonne, et votre première longue expérience de clerc dans un
cabinet parisien. Mais, au bout de six ans, vous abandonnez ventes,
hypothèques, successions et contrats de mariage, pour vous lancer dans le
multimédia, dans la société Belokapi, filiale du groupe Bayard Presse, en
tant que Secrétaire général, puis Directeur général. La reconversion est
totale. Vous assurez la gestion financière, administrative et juridique de
cette société, et les contacts permanents avec les auteurs, les organismes
de télévision, les ministères, les producteurs français et étrangers, les
agences de publicité, et les décideurs dans les sociétés de produits de
grande consommation.

Vous acquerrez rapidement une grande expertise de l’univers de la
production audiovisuelle, que vous approfondissez ensuite pendant deux
ans au poste de Directeur de la filiale du groupe Générale des Eaux,
Générale d’Images, puis chez Com-Dev-Images, filiale de la Caisse des
Dépôts, où vous êtes nommée Secrétaire général en 1990, et à La Cinq,
dont vous devenez Secrétaire général adjoint, détachée à la régie
publicitaire.

L’année 1992 marque votre arrivée à France 2. D’abord nommée Adjoint
du Directeur de la production, chargé des affaires générales, vous devenez
ensuite Administrateur général de l’antenne, et enfin, quelques mois plus
tard, Directrice de la coordination à la Direction générale. Vous êtes alors
responsable des partenariats institutionnels et culturels. Vous menez de
nombreuses opérations en faveur de la musique et du théâtre, et vous
nouez des liens de confiance avec de prestigieux établissements, tel le
Théâtre Edouard VII, à Paris. Vous développez également de nombreux
partenariats avec le ministère de la Culture et de la Communication, dans
des domaines aussi différents que l’art contemporain, avec l’exposition « la
Force de l’art », ou les cultures urbaines, avec « Rue » au Grand Palais.

Ces collaborations fructueuses, vous les poursuivez aujourd’hui, en tant
que Directrice des partenariats et de la promotion de France Télévisions.

Vous portez haut les valeurs du service public, en menant une politique
active de soutien aux institutions et aux grandes associations qui
défendent des causes d’intérêt général dans le domaine de la santé et de
la recherche, de la citoyenneté, de la solidarité et de la culture. Je ne peux
citer ici la longue liste de vos partenariats dans tous ces domaines, je
tiens seulement à souligner que France Télévisions est aux avant-postes
de la lutte contre le sida, l’autisme, la mucoviscidose – avec les Virades
de l’espoir –, et le cancer – auprès notamment de l’Institut Curie, avec
l’opération « Une jonquille pour Curie ».

Vous avez fait de l’accès au savoir et à la culture pour tous l’un des
grands chevaux de bataille de France Télévisions. C’est ce qui vous a
poussé à soutenir des opérations comme la Rose Marie-Claire, pour la
scolarisation des petites filles, ou l’Association pour Adultes et Jeunes
Handicapés, pour laquelle vous avez remis cette année le Prix du droit à
l’école et à la culture.

Votre soutien à la Nuit des musées, ou à l’opération « Tous à l’opéra »,
sont autant d’expressions d’une même volonté d’ouvrir les portes de la
culture au plus grand nombre. Et si le public ne peut pas aller vers la
culture, c’est à la culture de se déplacer : tel est le pari de cette autre très
belle association dont vous êtes un partenaire fidèle, « Les Toiles
enchantées », qui organise des projections dans les hôpitaux pour les
enfants, et dont j’ai eu l’honneur, très récemment, de distinguer, ici même,
la bonne fée, Gisèle Tsobanian.

Partenaire de longue date des temps forts de la vie littéraire, comme, en
ce moment même, le Salon du Livre, qui se termine ce soir, ou Lire en
fête, le groupe France Télévisions est également un passeur inspiré de la
francophonie, par les soutiens qu’il a apportés notamment à l’Année du
Québec, et, récemment, à la Semaine de la langue française. Je n’oublie
pas, bien entendu, les accords passés avec nos prestigieuses institutions
culturelles, telles que la Comédie Française ou encore l’Opéra national de
Paris.

Vous avez à coeur de donner leur chance à des manifestations et des
établissements emblématiques de la vie culturelle française, en leur
offrant la possibilité de toucher un plus vaste public. La liste est longue
des évènements, des institutions, des associations dont vous êtes la
partenaire enthousiaste. Elle reflète la diversité de vos engagements, et
votre volonté de faire de France Télévisions un groupe ouvert sur la Cité,
à l’écoute du monde, de la culture, de la société où nous vivons.

Sandrine Soloveicik, au nom du Président de la République, et en vertu
des pouvoirs qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier dans
l’Ordre national du Mérite.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre National des Arts et des lettres à Nathalie Vranken

27 mars 2007

Chère Nathalie Vranken,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour honorer en vous
une femme d’engagements, une authentique visionnaire, qui a fait de l’art
le plus contemporain l’étendard de la modernité et de l’innovation du
groupe Vranken-Pommery Monopole. Avec vous, le terme de mécène
prend tout son sens, celui d’une réelle collaboration, et du respect le plus
total de l’entreprise pour la créativité et la liberté des artistes.

C’est pour le Comité Montaigne, dont vous êtes aujourd’hui la secrétaire
générale, et qui regroupe les maisons de luxe de l’avenue Montaigne et de
la rue François 1er, à Paris, que vous débutez votre carrière, au titre de la
société de conseil en communication que vous avez fondée après vos
études d’histoire à la Sorbonne. Vous lancez les « Vendanges
Montaigne », manifestation aujourd’hui emblématique de cette avenue du
luxe français, connue dans le monde entier.

Directrice générale pour le haut commerce de la compagnie Vranken, vous
êtes notamment en charge de la Direction marketing des marques du
Groupe Vranken-Pommery Monopole, ainsi que du développement de la
politique de mécénat. En ouvrant grand vos portes aux talents les plus
éclatants de la scène contemporaine, vous avez résolument ancré votre
groupe dans la dynamique créative du XXIe siècle.

En hommage à Louise Pommery, fondatrice de la maison, qui a toujours
voulu inscrire le Champagne Pommery, à la fois dans une histoire forte et
dans un renouvellement permanent, à la pointe de l’innovation, vous avez
fait de vos caves, à Reims, des hauts lieux de création, où se rencontrent
les plus grands artistes du monde. Dans ces galeries extraordinaires,
creusées dans la craie, vous avez imaginé les désormais fameuses
Expériences Pommery, aux thèmes évocateurs, et vous avez confié à de
grands noms de l’art contemporain le soin de sélectionner les artistes.

Stéphanie Moisdon pour « Genesis sculpture » en 2004, Jean-Yves
Jouannais pour « L’Idiotie », en 2005, et Judicaël Lavrador, pour
« Supernova », l’année dernière.

Je ne doute pas que l’Expérience Pommery # 4, confiée à l’immense artiste
Daniel Buren, et qui ouvre ses portes jeudi, rencontrera le même succès
que ces précédentes éditions.

Inventive et audacieuse, vous explorez sans cesse de nouvelles voies pour
faire connaître les créateurs. Avec l’« Atelier d’hiver », vous faites découvrir
au public les coulisses de la création artistique, aux côtés d’un grand artiste
de la scène française, qui présente son travail de réflexion et d’ébauche,
son projet, et les artisans qu’il a choisis pour réaliser son oeuvre. C’est
Fabrice Hyber qui a inauguré ce concept, avec la réalisation du Phantom
Pommery, personnage de plus de trois mètres de haut composé de
prismes de verre, au travers desquels sont projetés les mots et les images
qui forment son histoire.

Avec la collection Pop, vous donnez carte blanche aux artistes pour
revisiter le design des bouteilles de la marque. Des talents aussi divers
qu’Olivier Lannaud, Fabrizio Borrini, et Takahiro Okawa ont ainsi offert de
nouveaux écrins à vos célèbres bulles.

Oui, ce sont bien des expériences que vous menez, en accordant une
confiance illimitée aux artistes. Et cette confiance absolue, ce respect
total, est le maître mot de la politique de mécénat que vous développez.
Elle est aussi la clé de son succès.

Votre engagement en faveur de la création se traduit aussi par de
nombreux soutiens à de prestigieuses manifestations. Vous êtes ainsi un
mécène fidèle du festival Le Printemps de septembre, à Toulouse, et du
festival de Ramatuelle. Il y a trois semaines j’inaugurais l’exposition
« Femmes héroïques » au musée de l’Homme, fruit du travail de
nombreux jeunes artistes et créateurs, qui n’aurait pas vu le jour sans vos
encouragements et votre participation. En 2006, vous étiez à nos côtés
pour rendre possible l’exposition « La Force de l’Art » au Grand Palais, et
plusieurs des grandes institutions de mon ministère peuvent s’enorgueillir
de votre concours : le Centre Pompidou, le Jeu de Paume, le Palais de
Tokyo, le Centre des monuments nationaux, pour n’en citer que quelques
unes… En soutenant l’opération « Les visiteurs », en 2005, vous avez
apporté votre pierre à cette opération qui a célébré l’alliance féconde de
notre patrimoine et de la création la plus contemporaine. Vous avez ainsi
rendu une nouvelle fois hommage à l’ambition visionnaire de Louise
Pommery.

Enfin, soucieuse de conserver, de mettre en valeur et de rendre
accessible le patrimoine de votre groupe, vous vous êtes récemment
engagée dans un projet exceptionnel de restauration de la Villa
Demoiselle, gigantesque maison de style art nouveau qui était la
résidence du directeur des caves de Pommery, dont vous avez confié la
minutieuse restitution des décors à de brillants artisans d’art.

Votre rayonnement s’exerce au-delà même des terroirs de vos vignobles
en champagne. Et permettez-moi de former le voeu que les sites
emblématiques de notre patrimoine national, tels que les remparts
d’Aigues-Mortes, situés à proximité des vins des sables qui ont rejoint
dernièrement la galaxie Vranken, bénéficient eux aussi de votre
bienveillance créative !

Je suis très heureux d’honorer aujourd’hui le talent, l’imagination, et
l’enthousiasme avec lesquels vous défendez les couleurs de l’art
contemporain. En scellant des collaborations fécondes avec les artistes,
vous avez compris que la culture n’est pas un simple « supplément
d’âme », un simple « plus » pour une entreprise, mais qu’elle est, bien au
contraire, un moyen de prendre le pouls de notre société, et de tourner
nos regards vers l’avenir.

Nathalie Vranken, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier
dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre National des Arts et des Lettres à Natacha Isaeva

27 mars 2007

Chère Natacha Isaeva,

Je suis très heureux de vous recevoir aujourd’hui, et de saluer votre brillant
parcours, aux côtés d’Anatoli Vassiliev, dont vous accompagnez les
recherches artistiques. Votre science et votre courage inspirent l'admiration
la plus vive et le plus grand respect.

Vous avez trouvé désormais un port d'attache à Lyon, où vous êtes
coordinatrice du département dont Anatoli Vassiliev est le directeur
artistique, à l'Ecole Nationale Supérieure des Arts et Techniques du
Théâtre.

Vous êtes également détentrice, à Moscou, du titre prestigieux de
Chercheur Senior-Professeur à l'Institut d'Études Orientales de l'Académie
des Sciences de Russie. Vous avez acquis dans ce domaine une expertise
et une réputation internationales reconnues. Vos ouvrages ont été publiés
non seulement en Russie, mais aussi en Angleterre, aux États-Unis, en
Hollande. Vous avez participé à de nombreuses conférences
internationales en Europe, en Inde, aux États-Unis, et vous avez donné, à
Oxford, des cours d'histoire de la philosophie et des religions de l'Inde.

Vous êtes par ailleurs une traductrice émérite. L'anglais, le français, l'italien
n'ont pas de secret pour vous.

Maîtrisant aussi l'allemand et le danois, vous avez travaillé à la traduction
en russe de quatre traités de Soren Kierkegaard, et vous en préparez
actuellement un cinquième, consacrant par là votre réputation d'éminente
spécialiste de la philosophie et de la théologie danoises. Vous avez
également traduit en russe les textes d'Antonin Artaud, les pièces de
Samuel Beckett, le théâtre de Genêt et de Koltès.

L’art dramatique a en effet toujours été pour vous la voix du coeur, et
aujourd’hui vous associez vos recherches aux travaux d’Anatoli Vassiliev,
qui unissent étroitement pratique de la scène et étude des philosophies de
l’art.

A la fois assistante et traductrice, vous accompagnez et nourrissez son
parcours de metteur en scène, de penseur du théâtre et de pédagogue, de
votre propre expérience et de votre regard sur ces grands textes et ces
auteurs que vous appelez vous-même « les classiques de la modernité ».

Nous vous devons ainsi l'adaptation pour la scène du texte Thérèse
philosophe, dont les répétitions se déroulent en ce moment aux Ateliers
Berthier, classique érotique et philosophique, mais aussi histoire secrète
de l'âme humaine et approche émouvante des aspirations des femmes.

A l'ENSATT, vous êtes « Coordinatrice du Département de formation et
de recherche à la mise en scène ». Vous organisez les cours théoriques,
vous fixez et développez les programmes, vous choisissez les
professeurs. Vous mettez au service de votre mission la reconnaissance
qui est la vôtre au sein du milieu universitaire, ainsi que vos propres
domaines d'élection. Vous avez ainsi donné des cours sur le
protestantisme danois, ses liens avec l'art, l'esthétique et le théâtre, sur
les traditions orientale, indienne et chinoise.

En cela, vous appliquez à la lettre l'enseignement d'Anatoli Vassiliev, qui
entend développer avant tout l'imaginaire des futurs metteurs en scène et
les nourrir tout autant de l'histoire des idées que de celle du théâtre.

Je salue aujourd’hui une femme d’exception, qui a voué sa vie à la
recherche et au théâtre, et au combat pour la liberté des êtres, des
penseurs et des créateurs.

Natacha Isaeva, au nom de la République, nous vous remettons les
insignes de Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre National des Arts et des Lettres à Christine Spengler

27 mars 2007

Chère Christine Spengler,

Ce soir, en recevant ici, au ministère de la culture et de la communication,
la journaliste exceptionnelle et la photographe de renom que vous êtes,
c'est le talent, la compétence, l'engagement d'une vie que je salue. Mais
c'est avant tout à une lumière, à cette lumière que vous portez depuis le
début de votre carrière, à cette lumière par laquelle on distingue vos
clichés entre tous, que je veux rendre hommage. Cette lumière, vous
venez, depuis maintenant plus de trente ans, la porter sur tous les théâtres
d'ombres de notre temps, sur les obscurités, les nuits, les silences et les
drames de nos sociétés, et vous continuez de soumettre les contradictions
et les compromissions de notre époque à cette lumière cruelle, et pourtant
si belle et si nécessaire.

Votre vocation de photographe – car c'en est une – naît avec votre goût du
risque et de l'inconnu, lors d'un voyage mouvementé au Tchad. Partie à la
découverte des rebelles insurgés au Tchad avec votre frère Eric, qui vous
a offert votre premier appareil, vous êtes pris en otage pendant quelques
jours, puis libérés. La révélation que vous apporteront ces quelques jours,
vous la résumerez en ces quelques mots : "Désormais, je serai du côté des
opprimés. Je serai correspondante de guerre." Vaste programme, que vous
allez mettre à exécution immédiatement, avec une ferveur, un talent et un
succès qui ne vous quitteront plus.

Depuis cette année 1970, vous avez connu toutes les guerres, tous les
conflits, toutes les tragédies qui ont marqué cette fin de millénaire. Vos
clichés d'Irlande du Nord, du Cambodge, du Vietnam, font rapidement le
tour du monde, jetant parfois brutalement toute la lumière sur des drames
oubliés du monde entier, laissés dans l'ombre, dans l'indifférence. Votre
témoignage en noir et blanc ne laisse personne indifférent ; ce n'est pas le
succès qui vous intéresse, vous qui avez assez de familiarité avec le risque
et avec la mort, pour savoir que la réussite n’est sans doute pas une valeur
en soi. Mais la notoriété que vous avez conquise vous permet de porter
cette lumière partout où vous allez – et de fait, vous allez partout.

Toujours
présente aux côtés des opprimés et des victimes, vous serez
successivement femme voilée en Iran, recouverte du tchador, pénétrant
jusque dans la maison de l'imam Khomeiny ; puis prisonnière au Liban,
accusée d'espionnage par des combattants antisionistes ; puis, plus
récemment, une femme d'Irak parmi tant d'autres, témoignant du martyre
des civils qui constitue la réalité quotidienne d'un conflit extrêmement
meurtrier. Lorsque vous partez pour un reportage, c'est toujours pour
explorer sur le terrain, pour "aller au front", comme vous le demandiez
ingénument à Horst Faas, patron de l'Associated Press au Vietnam, un soir
de 1973 – vous aviez à peine plus de vingt ans !

Chère Christine Spengler, vous avez voulu que vos photos de guerre
portent "le deuil du monde". Elles en portent aussi, vous le savez, les
attentes, les espoirs et le désir passionné de vie et de beauté dont votre
travail témoigne tout autant. Si vous vous êtes un jour définie comme "une
photographe de guerre qui conte la vie", ce n'est pas seulement parce que
vous avez pris la résolution de faire "un contrepoint dans la beauté pour
chaque photo de deuil" que vous avez réalisée. Ce n'est pas seulement
parce que, à côté de vos reportages de guerre, vous avez signé de
magnifiques photographies de corrida, passant avec bonheur de l'arène
des guerilleros à l'arène des toreros.

Ce n'est pas seulement parce que
vous avez travaillé avec Yves Saint-Laurent et Christian Lacroix, tous
deux séduits par votre sens de l'image et de la couleur. Si vous avez su si
bien "conter la vie", c'est d'abord parce que vous avez été capable de la
voir et de la montrer au coeur même de la mort, d'apporter dans le chaos
et la barbarie que vous avez explorés cette lumière qui donne sens à
votre oeuvre, cette lumière qui fait de vous, non seulement une journaliste,
non seulement une photographe, mais aussi et avant tout une très grande
artiste de notre temps.

Christine Spengler, au nom de la République, nous vous faisons Chevalier
dans l’Ordre des Arts et des Lettres.

Installation du Conseil national de l'inventaire général du patrimoine culturel

27 mars 2007

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd'hui au ministère de la culture et
de la communication, à l'occasion de l'installation du Conseil national de
l'Inventaire général du patrimoine culturel.

L'Inventaire général arrive aujourd'hui à un tournant majeur dans son histoire :
André Malraux, en 1964, l'avait voulu comme « un outil de connaissance
global, démocratique et moderne » ; quarante ans plus tard, il a rempli sa
vocation au-delà de toute attente, et répond parfaitement, grâce à vous, grâce
à plusieurs générations de chercheurs et de techniciens au service du
patrimoine, à ce mot ambitieux de Malraux : « l’Inventaire des richesses
artistiques de la France est devenu une aventure de l’esprit ». C'est la raison
pour laquelle je viens vous dire, avant tout, la reconnaissance de tous nos
concitoyens pour le travail immense que vous avez accompli et que vous
continuez de mener à bien.

Par ses missions, recenser, étudier, faire connaître le patrimoine de la France,
l'Inventaire général révèle le patrimoine, il le donne à voir. Il a été conçu
comme une entreprise de connaissance méthodique et raisonnée de tout les
trésors de notre patrimoine, depuis les monuments jusqu'aux objets, « depuis
la petite cuiller jusqu’à la cathédrale », comme on a coutume de le dire ; en
poursuivant ce travail de longue haleine, il a contribué à défricher de nouveaux
champs du savoir et de la connaissance : par son approche du patrimoine
industriel, de l'architecture du XXe siècle, il a par exemple profondément
renouvelé l'étude des villes, et a su mettre en oeuvre pour cela les outils
numériques qui sont devenus notre quotidien. Depuis sa création, l'inventaire
général a étudié 180 000 édifices, et autant d'objets mobiliers dans toute la
France. En métropole comme dans les départements et territoires d'outre-mer,
près de 14 000 communes françaises, soit une commune sur trois, ont fait
l'objet d'une enquête patrimoniale.

L'effort de diffusion de ces connaissances est également considérable, qu'il
s'agisse des très nombreuses publications ou des ressources mises à
disposition du public sur Internet. Les statistiques de consultation du ministère
attestent de l'engouement de la population pour ce type d'informations : en
2006, plus de 5,5 millions de connexions on été enregistrées sur la base
Mérimée, consacrée à l'architecture, et plus 3 millions sur la base Palissy,
consacrée aux objets mobiliers.

Le grand historien de l'art que fut André Chastel, qui participa à la création de
l'Inventaire, le décrivait comme « la plus vaste entreprise d’information
fondamentale jamais réalisée dans le domaine artistique français »;
aujourd'hui, cette entreprise exceptionnelle entre dans une nouvelle phase de
son histoire. Car l’aventure n’est pas terminée : elle s’ouvre sur de nouvelles
pages, sur de nouvelles missions, sur de nouveaux moyens, dans le cadre du
mouvement de décentralisation dans lequel l'administration et tous les services
publics de notre pays sont engagés depuis plusieurs années.

Cette décentralisation, vous en êtes les acteurs et les témoins, vous qui avez
engagé très rapidement de multiples formes de collaborations avec les
collectivités territoriales. Car qu'est-ce que la décentralisation, au fond, sinon
de nouveaux rapports entre l’État, les territoires et les collectivités locales
destinés à faciliter la gestion, le développement et le rayonnement de nos
atouts dans tous les domaines ?

L'Inventaire général du patrimoine culturel a su prendre résolument ce
tournant de la décentralisation ; son rôle a été inscrit dans la loi française du
13 août 2004, relative aux libertés et responsabilités locales. Depuis le 1er
février 2007, en application de l'article 95 de cette loi, la conduite des
opérations d'inventaire est confiée aux Régions, tandis que l'État garde un
rôle décisif pour le maintien de la cohérence nationale et la définition des
normes. Après les archives et les bibliothèques départementales, et au terme
de l'expérimentation des protocoles de décentralisation, c'est donc une
nouvelle répartition des compétences qui s'instaure, pour assurer
l'engagement commun des collectivités territoriales et de l'Etat en faveur du
patrimoine.

Cet engagement est plus que jamais nécessaire : le patrimoine, creuset de
références et source de création, incarne la singularité d'un territoire, d'une
communauté. Au-delà de son pouvoir d'identification et de reconnaissance, il
tisse un maillage du patrimoine et de la mémoire qui fonde et enracine notre
société. Comme le montre, année après année, le succès que rencontrent les
journées du patrimoine, l'enthousiasme de nos concitoyens pour la
découverte des lieux d'histoire et de mémoire n'est pas près de se démentir.

De cette passion partagée, de cet enthousiasme, peuvent naître beaucoup
d'espoirs pour l'avenir ; je ne prendrai qu'un seul exemple, qui est à lui seul
significatif, celui de l'Europe : au moment où nous venons de célébrer le
50ème anniversaire du Traité de Rome, j'ai la conviction profonde que le
patrimoine commun que nous partageons avec nos partenaires européens
sera la clé d'un nouvel élan dans la construction de notre communauté.

C'est
l'un des enseignements d'une étude récemment commandée par la Direction
de l'Architecture et du Patrimoine, et le sujet principal des septièmes
Entretiens du patrimoine, qui se sont tenus à Paris la semaine dernière.

La
mise en valeur du patrimoine européen, qui se fera de plus en plus
notamment à travers le programme des Labels européens du patrimoine, doit
permettre de susciter un renouveau du sentiment d'appartenance à une
communauté de culture, d'histoire et d'avenir.

Les missions attribuées à l'inventaire général du patrimoine ont donc une
portée globale très importante, qui ne doit pas être oubliée ; cette portée
globale ne doit pas non plus faire oublier les responsabilités locales
essentielles qu'assume l'Inventaire : lieu de connaissance et de
compréhension de l'histoire des régions et des villes, il est en effet un outil
particulièrement précieux d'aide à la décision en matière d'aménagement du
territoire. Les données qu'il collecte ont vocation à s'insérer dans les plans
locaux d'urbanisme (PLU) et les schémas concertés d'organisation territoriale
(SCOT), et à inspirer de manière générale la réflexion des responsables
locaux et nationaux.

On comprend donc parfaitement la portée politique et culturelle que revêt la
décision de transférer aux Régions la conduite de l'inventaire du patrimoine
culturel. Des équipes qualifiées vont désormais mettre leurs compétences et
leurs savoirs-faire au service de la connaissance des territoires et de la prise
de décision en matière d'aménagement du territoire, en particulier sur les
plans culturels et touristiques.

Dans le cadre de ces nouvelles attributions, j'attache la plus grande
importance au Conseil national de l'Inventaire, que nous installons
aujourd'hui.

Cette nouvelle instance constitue en effet un espace de dialogue pour les
professionnels, autant qu'un lieu de réflexions, de propositions et de débats
pour tous les partenaires engagés dans une démarche d'Inventaire. Le
conseil associe en effet, à parts égales, les milieux scientifiques et l'État aux
acteurs de l'inventaire que sont, depuis de nombreuses années, les
collectivités territoriales.

Votre conseil donnera un avis sur les normes et les documents de références
en matière d'Inventaire. Une section scientifique de ce conseil préparera les
débats pléniers et aidera au bon déroulement des travaux. Dans le dossier
qui vous a été remis vous trouverez les textes en vigueur, sur lesquels je
vous proposerai de travailler aujourd'hui.

Ce conseil évaluera les opérations de l'Inventaire ainsi que son état
d'avancement, notamment à partir des rapports annuels régionaux.

Dans
cette tâche, le concours de la section scientifique est essentiel.

L'analyse du
Conseil permettra le maintien du haut niveau d'exigence scientifique qui
constitue, depuis son origine, la marque de l'Inventaire général.

En parallèle du travail remarquable que réalisent quotidiennement les équipes
chargées de l'Inventaire en régions, l'Etat initie et coordonne des opérations
nationales. Ce conseil aura vocation à les évaluer. Deux projets vous seront
d'ores et déjà présentés aujourd'hui : ils concernent la prise en compte du
patrimoine industriel, scientifique et technique d'une part, et du patrimoine
littoral d'autre part.

Le conseil traitera plus largement de toute question relative à l'Inventaire. Il
pourra être saisi par toute collectivité territoriale concourant à l'inventaire. Ce
conseil sera donc également un espace de réflexion scientifique et de progrès
méthodologiques. Il doit devenir un acteur incontournable pour permettre une
progression harmonieuse de la connaissance patrimoniale et de l'évolution
des territoires.

Si le Ministère de la Culture assure la diffusion nationale des données issues
des opérations d'Inventaire à travers son site Internet, il met par ailleurs, à
disposition des collectivités territoriales engagées dans une démarche
d'inventaire, une politique éditoriale spécifique. Articulée autour de six
collections nationales d'ouvrages aux caractères distincts, cette politique
permet de transmettre tant aux spécialistes qu'au plus grand nombre, les
résultats des enquêtes d'Inventaire. Nous avons voulu, pour cette première
séance, vous offrir à chacun des exemplaires des principales collections.
Je voudrais encore, avant de conclure, rendre hommage à toutes les équipes
qui depuis quarante ans, ont fait vivre cette extraordinaire entreprise, en arpentant inlassablement le territoire pour rendre accessibles à tous, aux
acteurs politiques et culturels comme aux passionnés de culture, les
richesses de la connaissance patrimoniale. Puisque les chefs des services
régionaux de l'inventaire sont présents aujourd'hui, je veux vous dire toutes
mes félicitations et toute ma reconnaissance pour le travail que vous avez
accompli, qui a, sans aucun doute, contribué à transformer en profondeur le
rapport de la société française à son patrimoine. Je ne doute pas que ce
travail continuera à apporter, dans ce nouveau cadre et avec ces nouveaux
outils, des progrès décisifs pour notre pays et pour chacun de nos
concitoyens.

Je vous remercie.

Remise des insignes de Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres à Anatoli Vassiliev

27 mars 2007

Cher Anatoli Vassiliev,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, pour saluer en vous plus
qu'un metteur en scène, plus qu'un pédagogue, une figure majeure du
théâtre contemporain. Vous qui tenez tant à rendre aux mots leur place
essentielle dans l'expression dramatique, vous défiez le vocabulaire quand
il s'agit de définir votre place, votre rôle et votre aura dans l'histoire du
théâtre de notre temps.

Il y a du roman dans votre vie. D'abord chercheur dans un institut de chimie
en Sibérie, puis embarqué à Vladivostok à bord d'un navire de recherches
océanographiques, vous accostez enfin à l’Académie d'Art Dramatique de
Moscou, pour y apprendre le théâtre.

Formé aux méthodes de Stanislavski, emporté par Antonin Artaud, et
affirmé à l'épreuve de Pirandello, Dostoïevski ou Pouchkine, mais aussi de
Platon, Homère ou Molière, vous êtes le défricheur d'une voie nouvelle
dans le passionnant domaine de la direction d'acteur.

Après des débuts nomades, sans point d'attache, votre troupe pose
finalement ses valises, grâce à Youri Lioubimov, au théâtre Taganka, à
Moscou. Vous y fondez en 1987 votre théâtre école, modèle unique de
recherche et d'expérimentation pour une nouvelle esthétique théâtrale.

Dans votre « laboratoire », les comédiens ne répètent pas un rôle, mais
explorent une méthode.

Vos recherches font rapidement le tour du monde, et comédiens et
metteurs en scène arrivent de tous les pays pour participer à vos ateliers et
à vos séminaires.

Vous nous avez fait l’honneur de fixer dans notre pays de grandes étapes
de votre glorieux parcours. Familier du festival d’Avignon, vous êtes l’un de
ces grands noms qui ont contribué à faire de cette ville la capitale mondiale
du théâtre.

Le public français vous y découvre, en 1988, avec Six personnages en
quête d'auteur, de Luigi Pirandello. Vous y revenez, depuis, régulièrement,
pour servir les grands textes et créer les célébrations visuelles dont vous
avez le secret et l'incomparable maîtrise. Et parmi elles, Médée-Matériau,
de Heiner Müller, avec votre actrice fétiche, Valérie Dréville, a assurément
marqué tous les esprits. L’année dernière, vous avez investi un lieu à votre
démesure, la carrière Boulbon, pour livrer deux vastes fresques, Mozart et
Salieri, Requiem, de Pouchkine, et une mise en scène grandiose de l’Iliade,
fruit du travail de nombreux ateliers à travers le monde, de l'Italie au Japon.

Vous avez illuminé nos scènes les plus emblématiques, la Comédie
Française, en 1992, à l'invitation d'Antoine Vitez, pour Le Bal masqué de
Lermontov ; La Cartoucherie, en 1998, chez Ariane Mnouchkine, pour
l’une de vos grandes réalisations, Don Juan ou le convive de pierre,
mémorable, d'après Pouchkine.

Chacun de vos spectacles est une nouvelle expérience. Nous sommes
donc impatients de découvrir, dans quelques jours, aux Ateliers Berthier,
votre dernière création, Thérèse philosophe, nouveau fruit de votre
recherche incessante sur les formes dramatiques, dont Valérie Dréville,
qui poursuit avec vous un travail de longue date, restituera, j’en suis sûr,
comme nulle autre, les moindres intentions.

Votre présence dans le paysage théâtral français s'étend aussi à la
formation supérieure : vous êtes le responsable pédagogique du
« Département de formation et de recherche à la mise en scène » de
l'École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre, depuis
son ouverture, à Lyon, en octobre 2004.

« Je ne suis libre ni de moi-même, ni de mon théâtre, ni de ma patrie »,
avez-vous dit.

Vous incarnez pourtant, à mes yeux, un créateur, un chercheur et un
passeur authentiquement libre, qui a fait du théâtre le langage même du
monde.

Anatoli Vassiliev, au nom de la République, nous vous remettons les
insignes de Commandeur dans l’Ordre des Arts et des Lettres.