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Louvre Abu Dhabi : Vive la fierté française !

7 novembre 2017

Dans quelques jours le Louvre Abu Dhabi ouvrira ses portes. Dix années sont passées depuis les cris d’orfraie qui s’exprimèrent dans la presse contre ce projet.

Imaginons quelques instants que le 8 novembre 2017 soit un jour faste pour l’Ermitage, le Met ou le British Museum. Nous aurions eu droit à la symphonie des pleureurs et des chantres du déclin, interpellant les responsables politiques français sur leur inertie, leur échec et leur myopie…

Alors, place à un hymne joyeux à l’énergie de la France, qui a aujourd’hui rendez-vous avec le monde. Une fois n’est pas coutume !

Célébrons sans retenue l’unité féconde entre notre politique étrangère et notre stratégie de rayonnement culturel, qui était le blason du Président Chirac et le cœur de ses convictions internationalement reconnues. En témoigne cet échange spontané inoubliable, où tout est dit, ce 1er novembre avec un douanier à Casablanca :

– Vous êtes ancien ministre ?

– Oui , ancien ministre de la culture du Président Chirac

– Bonjour, mon frère !

 

Lorsqu’il y a unisson et synergie entre nos valeurs politiques et nos atouts culturels, fondés sur l’alliance du patrimoine et de la création, de la fierté de soi et du respect de l’autre, lorsque la fraternité redescend des frontons pour redevenir concrète, simple et belle, s’ouvre à nous un champ exceptionnel d’opportunités à déployer et à saisir, qui nous resituent dans la grande tradition française.

Les trésors de nos musées nationaux, les talents exceptionnels de nos élites culturelles et artistiques alliés à la force créative de Jean Nouvel nous ont permis de répondre, avec passion, présents à la main tendue par les Autorités d’Abu Dhabi.  Nous avons saisi notre destin malgré les clameurs des refuzniks d’alors, en signant l’accord intergouvernemental du 6 mars 2007, qui a donné naissance au Louvre Abu Dhabi.

Puisse la magique inauguration du 8 novembre à Abu Dhabi et sa réplique symboliquement scénographiée sur la Pyramide du Louvre à Paris donner à chaque Français l’élan et l’enthousiasme pour ouvrir de nouveaux horizons et lancer de grands projets aussi féconds et puissants. Puisse cela nous faire collectivement davantage croire en la chance de notre pays.

Puisse le Président Emmanuel Macron ressentir et porter haut et loin cette « folie » française avec le panache et la détermination qui sont sa marque de fabrique, et lancer de nouvelles et emblématiques initiatives.

La démagogie est le vrai mépris du peuple

12 octobre 2016

Pour parler fort et juste, il faut savoir d’abord aimer l’autre. Chacun. La foule qui sait parfois se rassembler en célébrant sa diversité. C’est la clé pour entrer dans les esprits et les cœurs et se forger un destin.

Le peuple se méfie des démagogues et les disqualifiera au moment du vote, même s’il les écoute dans un premier réflexe avec une fugace délectation.

L’enjeu de 2017 est d’une gravité peut-être sans précédent pour notre pays. Aucun candidat à l’élection présidentielle ne saurait l’ignorer.

La haine ordinaire dans la rue semble parfois être devenue une réplique de légitime défense et de vengeance, tant les esprits ont été marqués par la renaissance de la violence barbare.

L’état d’urgence, qu’aucun principe républicain et humaniste ne saurait contrecarrer, est devenu permanent.

Il n’y a plus de symphonie gouvernementale, mais une sonate sécuritaire souvent inefficace, à la mesure des peurs qui ont galopé au sein du peuple français.

Qui, au-delà des fonctionnaires de l’État, des enseignants, de quelques artistes, des élus et des personnels municipaux, véritablement en première ligne c’est-à-dire « au front », va au contact des jeunes des quartiers pour tout à la fois leur tendre la main, leur parler avec conviction et exiger le respect de la loi, et ainsi éviter la contagion des dérives et le repli communautariste ? Qui ose encore parler de la diversité française comme chance ?

Les enjeux et les débats sur notre politique étrangère sont relégués à quelques cénacles d’esprits éclairés, dont certains savent résister à l’intimidation américaine, qui a obtenu une rupture de notre tradition diplomatique à partir de 2007. Il semble bien loin le temps où nous affirmions notre propre vision, libre et indépendante, parfois dérangeante, mais nécessaire comme un contrepoint fécond pour enrayer les escalades meurtrières, dont le vrai bilan est d’attiser les haines et les représailles sur notre sol. Comment ne pas penser ici à la clairvoyance du Président Chirac ?

Nous assistons médusés au chœur des surenchères racistes de certains de nos « grands » élus qui renient des siècles de fierté française en souhaitant interdire leur territoire à tout migrant. Ce faisant, ils déshonorent tout à la fois notre pays et l’action politique dans une même veulerie. Leurs calculs reflètent leur renoncement à se distinguer des plus abjects politiciens. L’électoralisme qui surfe avec les amalgames, en comptant encaisser le dividende par referendum, renforce la spirale du communautarisme qui devient alors un refuge.

Rares sont ceux, parmi les forces politiques ou spirituelles de notre pays, qui ont tracé le chemin escarpé de la fraternité agissante : si chaque commune, si chaque famille avait été incitée à agir concrètement, nous aurions pu éviter la multiplication des syndromes de « mini-Calais » qui sont aujourd’hui à l’œuvre. Cela nous autoriserait collectivement, avec la force de notre exemplarité, à nous insurger et à bannir ceux qui ont répandu la mort et la terreur en blasphémant au passage et la religion et la civilisation. Pour gagner la guerre contre les obscurantistes et les intégristes, ayons le courage de proclamer que nos valeurs humanistes sont nos meilleures armes. Ce n’est pas la posture du faible et du peureux, mais celle du conquérant, sûr que l’Histoire lui donnera raison. Ce n’est pas la stratégie du lâche, mais celle qui « frappe » plus efficacement qu’un avion de chasse à 10 000 mètres des populations civiles.

L’heure est naturellement aux grandes décisions, à certaines révisions « déchirantes ». En France, en Europe, dans le monde.

Nous n’attendons pas d’un futur chef d’État qu’il alimente les peurs et attise les feux déjà ravageurs.

Contrairement aux apparences trompeuses, les Français attendent qu’on leur parle vrai, qu’on les mobilise efficacement pour retrouver notre grand destin et affirmer aux yeux du monde notre fierté et la spécificité toujours rayonnante de notre modèle de société. Sachons célébrer avec panache les valeurs de notre civilisation au lieu d’en avoir honte et de les renier. Faisons respecter immeuble par immeuble, école par école, ville par ville, les lois de la République. Et faisons rimer autorité avec fraternité. Recentrons l’école sur sa mission fondamentale : le savoir pour l’égalité des chances. Donnons à la culture sa place stratégique .Les demi-mesures sont des leurres. L’action est urgente. Impérative. Pour réconcilier la nation avec elle-même.

Les coups de menton, les rodomontades irréalistes sont de véritables injures à l’intérêt général. Point n’est besoin de donner de la voix pour avoir la main ferme et juste.

Garantir la sécurité, rétablir l’autorité de l’État comme celle des enseignants, rappeler les familles à leurs responsabilités, libérer les énergies et les forces de création de richesses, respecter les diversités légitimes, tout cela suppose une forte volonté, pour briser les résistances et tous les conservatismes stériles. Pour enrayer l’engrenage de la peur.

Il va falloir oser. Dépasser les lignes jaunes habituelles. Périmer les vieilles recettes. Innover et revenir sur certaines erreurs passées. Avoir l’esprit de rassemblement et de réconciliation nationale. La laïcité n’est plus un concept suffisant, puisqu’elle est souvent vécue comme une discrimination. L’égalité absolue, sans aucune exception recevable, doit alors devenir l’uniforme de la fraternité. À l’école. Comme dans un service national et civique universel qu’il faut inventer de toute urgence. Et faire adopter par referendum, qui, dans ce cas, créera l’unité nationale…

Au lieu de ressentir avec amertume le déclin, de nous complaire dans une crise psychologique profonde aux relents de pré-guerre civile, passons à l’offensive. La France le mérite. Les Français l’exigent. Il se fait tard si nous voulons éviter la victoire des extrémistes. Ce n’est pas en leur ressemblant qu’on gagnera la bataille. Mais par l’action concrète, énergique et positive. Par l’affirmation de valeurs fortes. Repartons à la conquête de notre destin collectif ! Et choisissons la personnalité qui incarne dans une même énergie autorité et humanisme.

Les uniformes de la fraternité

20 novembre 2015

Sortir de la spirale de la haine, de la terreur et de la violence contraint chacun à une remise en cause fondamentale. La lucidité tragique conduit non seulement à réaliser que les attentats ne sont pas une éclipse de la conscience, mais une longue affirmation identitaire à laquelle nous devons répondre fortement ; elle oblige également à admettre que les frontières entre la violence extrême, l’intégrisme et le repli sont malheureusement poreuses et donc contagieuses.

Nos armes essentielles sont certes nos propres valeurs. Mais elles ont sérieusement besoin d’être solennellement réaffirmées, sans aucune pudeur ni complexe. Et transmises et inculquées à la jeunesse de France avec enthousiasme et même orgueil. Nous le devons à la mémoire des victimes innocentes de tous les attentats  si nous voulons faire un authentique deuil national.

Reconnaître et méditer sur le fait que les terroristes sont parfois nos concitoyens et pas uniquement des fanatiques étrangers ou apatrides renforcent l’urgence et la nécessité de l’action sur notre sol.

Le respect dû à chacun dans notre pays a pour corollaire que les règles communes de la cité et de la République doivent être enseignées, vécues dès le plus jeune âge, et appliquées avec force.

L’hymne à la liberté, qui est notre étendard flamboyant, passe par l’apprentissage de l’autorité dans l’éducation, à l’école, dans la rue, dans la famille. Sans exception. Sans tolérance. Sans alibi possible pour le récuser. C’est le passeport de nos valeurs. Le visa de nos libertés.

La vraie fraternité, c’est l’égalité absolue sans distinction d’origine, de religion, de couleur de peau,  de tradition, de richesse. La pratiquer, c’est instituer jusqu’au collège l’uniforme pour tous, garçons et filles. Cela ne gommera aucune personnalité en devenir, ni ne brisera aucune conscience, mais créera des liens, des ponts, des ressemblances, des complicités qui contrasteront avec les antagonismes venimeux et les dérives inquiétantes des temps actuels. Paradoxalement cela renforcera l’arc-en-ciel du genre humain, respecté dans sa diversité mais uni par son essence intrinsèque. Cette contrainte éducative ne souffrira d’aucune exception, car loin d’être une discrimination vis-à-vis de quiconque, son universalité la célèbrera comme une discipline humaniste, portant haut la valeur de l’égalité.

Dans le même esprit, la question du rétablissement du service national se pose. Il ne s’agit pas exclusivement de constituer une authentique « garde nationale » avec la jeunesse de France dans son absolue intégralité, mais de démarrer la vie d’adulte par un effort collectif et une contrainte citoyenne féconde.

Quitter sa famille, son immeuble, son quartier, sa solitude parfois, ses propres certitudes, et découvrir d’autres horizons, d’autres personnes, d’autres cultures, d’autres réalités, en faisant œuvre utile pour « son » pays fabriquera de véritables citoyens. Cela mettra un terme aux antagonismes nés de l’ignorance et de l’anathème.

De bons esprits s’y opposeront en raison de toutes sortes de difficultés financières, pratiques, opérationnelles. La démagogie n’en sera pas exempte. Ils porteront la responsabilité, s’ils sont entendus et écoutés, de refuser d’enrayer la mauvaise spirale de notre pays, qui faute de réponses appropriées sombrera alors dans le repli contraire à nos valeurs.

Porter l’uniforme au collège ou dans la garde nationale citoyenne, c’est retrouver le chemin d’une fierté véritablement partagée : celle de la beauté du genre humain lorsqu’il est éduqué et riche d’une diversité d’autant plus assumée et célébrée qu’elle est fondée sur des valeurs communes respectées.

Liberté, Egalité, Fraternité ! Ce sera alors à nouveau notre devise nationale vivante et réelle.

La sagesse des Grands Projets

4 janvier 2015

Par temps de crise, seule l’ambition de réaliser des projets démesurés et créatifs est raisonnable ! Elle est même l’arme décisive pour lutter contre le déclin.
L’ouverture de la Philharmonie en est la preuve.
Paris est en train de redevenir une vraie capitale culturelle, sans égale dans le monde.

Qui n’a pas été impressionné par cette semaine d’octobre ,où l’effervescence autour du Grand Palais pour la Fiac le disputait à la beauté du nouveau musée Picasso, concurrencé par la grandeur aérienne de la Fondation Louis Vuitton et ce, juste après la Biennale des Antiquaires qui attire des collectionneurs des cinq continents ?
C’est l’insolence française que de savoir rester dans l’excellence grâce à l’art et à la culture. Nous sommes attendus. Nous sommes espérés… Ne boudons pas cette rare opportunité, où le French bashing est pour une fois délaissé.
Et arrêtons d’écouter ceux qui disent que les investissements dans la culture sont des dépenses improductives ! Ce sont justement les plus rentables, en terme de rayonnement, de tourisme et d’effets induits.

L’Etat doit continuer d’affirmer sans complexe la vision qu’il porte pour l’attractivité et la grandeur de notre pays, en se faisant stratège et financier.
Sans la volonté d’un Président de la République, d’un Premier ministre, d’un gouvernement, aucun des grands projets qui, aujourd’hui, ont l’évidence du succès n’auraient vu le jour. Qu’il s’agisse par exemple du Grand Louvre, de Lens ou d’Abu-Dhabi, du musée du Quai Branly ou du Mucem ,du Centre Pompidou ou du Musée d’Orsay ,de Monumenta au Grand Palais ou de l’Opéra Bastille.

Les querelles politiciennes sur ces grands enjeux doivent être laissées au vestiaire des résignés, des intégristes du patrimoine, qui préfèrent de loin que rien ne se passe plutôt que d’accepter le changement et la vision nouvelle .
Il faut le dire très fort : pour rester un pays admiré dans le monde entier, il faut imaginer, réaliser, innover.
Alors oui, affichons avec éclat que la Philharmonie de Paris est une lourde dépense, mais soyons collectivement fiers de l’avoir rendue possible, d’avoir su arbitrer contre les faux prophètes et les conservateurs étriqués, Et reconnaissons que si nous ne partons à la recherche de nouveaux publics, et bien des pans entiers de culture vont disparaitre. C’est ça le vrai challenge de la Philharmonie.
Pierre Boulez ,conscient de ce besoin de renouvellement, et qui a tant lutté pour que cette salle existe, finissait par douter de la clairvoyance des élus de son pays. Le 14 janvier prochain, jour de l’inauguration, sera, en quelque sorte, l’aboutissement de son engagement au service de toutes les musiques et de tous les publics.

Avant même que le Grand Paris n’existe dans sa forme juridique et politique, la Philharmonie en est le symbole le plus éclatant. Tout d’abord, parce qu’au delà des clivages politiques stériles, ce vaisseau amiral est issu d’un arc en ciel, où l’intérêt national a rassemblé dans un même élan le Président Jacques Chirac, le maire de Paris Bertrand Delanoé et le Gouvernement Villepin, Et tous leurs successeurs, toutes tendances politiques confondues.
La beauté et la force de l’Auditorium et des espaces crées par Jean Nouvel au bord du périphérique ,porte de pantin, sont une main tendue, un lieu fraternel et magistral , qui impulse une énergie irrésistible à faire pâlir New-York ! Oubliés alors les débats sur la localisation, les transports et le parking. Le lieu s’impose par lui même.
La vue sur Paris et la banlieue depuis les terrasses et le toit de ce Palais de la musique de 100 000 m2 est ainsi une incitation à franchir les clivages géographiques et sociaux. C’est une promesse de réconciliation .

Lorsque s’y croiseront ,grâce à la détermination et à la programmation impressionnantes de Laurent Bayle et de son équipe, tel orchestre emblématique jouant le soir même et tel autre répétant pour les prochains jours ou réalisant un enregistrement, lorsque de nombreux ateliers pédagogiques accueilleront des jeunes par classe ou individuellement, que d’autres recevront l’enseignement pour l’instrument qu’ils pratiquent, alors nous pourrons tout simplement nous dire qu’il fallait effectivement oser, décider, financer, réaliser et bien sur faire vivre.

La Philharmonie est un hymne à l’action publique, la Fondation Vuitton la célébration de la volonté d’un homme rendue possible par la performance d’un grand Groupe privé. C’est le contraire d’un antagonisme. Mais le mécénat ne pourra jamais se substituer à l’Etat . Cette addition multiforme d’énergies exceptionnelles doit inciter à l’initiative ,au lancement de nouveaux défis culturels .

Nous avons entre les mains les clés d’un avenir économique qui rendra admiratifs de la capacité française les comptables de Bruxelles comme les acteurs politiques dubitatifs à la tête de certains pays européens.
Souhaitons que, forts et confiants en nous mêmes, nous sachions multiplier les défis et les opportunités. Construire coute cher, mais toutefois moins qu’une mauvaise dépense de fonctionnement.
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Rien n’est plus raisonnable que l’audace. Au lieu de dire non à toute initiative, préférons redevenir des pionniers généreux. Ouvrir davantage un lieu, faire de chaque centimètre carré de notre territoire une chance concrète , en le confiant à des artistes et des créateurs., est à notre portée dans cette conjoncture financière difficile . La transfiguration de la voie routière Roissy-Paris en vitrine technologique et paysagère des talents de France en serait une parfaite illustration !
Faire naître et se développer dans nos haut-lieux du patrimoine 1000 projets , des Villas Médicis du 3ème millénaire , pluridisciplinaires et numériques , en les aidant à briser les résistances qui les condamnent , c’est un grand dessein pour le Président de la République . Un nouveau Grand Projet ! Vive l’arc en ciel de la culture !

Mais je ne suis plus ministre !…….

11 février 2014

Les provocations sont parfois fécondes !
Lorsque Xu Bo , l’un des organisateurs du rayonnement de l’exposition universelle de Shangai , est venu me parler de l’anniversaire des 50 ans de l’établissement de la relation diplomatique entre la Chine et la France voulu par le Général de Gaulle et le Président Mao Tsé-Toung , en regrettant que nous ne saisissions pas l’occasion pour écrire spectaculairement une nouvelle page à Paris signifiant aux Chinois notre amitié pro-active ,  j’ai eu d’emblée la mauvaise réaction !

La posture du refuznik qui récuse tout défi nouveau , empruntant le chemin douillet de l’esprit de sieste au lieu d’accueillir avec élan l’occasion qui se présente pour en faire une chance .

Bref, j’ai un peu honte , moi qui me prétend le chantre de la transmission d’énergie et de l’opérationnel créatif , d’avoir commencé par répliquer  » certes , mais pourquoi me dire cela à moi , car je ne suis plus ministre ……… »

La réponse ne se fit pas attendre :  » je vous ai connu plus réactif ………. »

Piqué au vif , touché au coeur , atteint en plein orgueil sans doute encore assez fort , j’ai plongé ! Nuit de Chine au Grand Palais allait naître et finalement devenir la cérémonie d’ouverture officielle à Paris de l’anniversaire du geste historique et pionnier du Général de Gaulle .

C’est un joli retour de légende de constater que ce géant a une nouvelle fois réussi à réveiller les esprits endormis , à galvaniser les routiniers stériles et à faire d’une commémoration une chance pour l’avenir , puisque les invités d’honneur en ont été près de 1500 étudiants chinois des grandes écoles et des universités françaises , qui se diront , espérons-le , dans 5 ou 10 ans de retour en Chine : j’y étais !

Bernadette Chirac a été d’un bon présage , puisqu’en lui communicant mon stress début janvier face à l’ampleur du défi , elle m’a affectueusement confié :  » Soyez sans inquiétude ,le Grand Palais vous a toujours porté bonheur ! »

Il est vrai que l’équipe artistique et technique constituée pour Nuit de Chine rassemblait une multitude de talents parfaitement accoutumés et aguerris à un lieu aussi draconien dans sa force envoûtante et à une cause à servir aussi complexe et lourde . Sans eux cette soirée n’aurait pas eu le retentissement que nous avons été heureux de constater – 12000 personnes sont venues -et qui a été rendu possible – rappelons le avec gratitude – par la belle addition des concours des mécènes qui ont répondu avec conviction et générosité à nos nombreuses et encombrantes  sollicitations , et qui ont de surcroît permis la gratuité pour les parisiens de la deuxième partie de soirée .

Mais l’essentiel pour expliquer la réussite est que nous avions au dessus de nous , comme 2 aiguillons symboliques : la magie de la fierté française nous faisant nous souvenir avec un brin de nostalgie que nous avons eu et gardons vocation à être  » premiers « ,  l’immensité chinoise qui fascine , bouscule et intrigue chacun .

Lorsque le Président de la République lors de la répétition générale  le dimanche soir a vu les gigantesques rideaux rouges et blancs tomber de la voûte d’acier vert pour jalonner majestueusement la chevauchée fantastique créée par Bartabas , j’ai ressenti que le pari allait être gagné , car nous avons tous été époustouflés par une telle perfection esthétique . J’avoue avoir ressenti une très forte émotion , à la mesure des risques pris , des complexités redoutables d’une telle opération et des beautés de la vie , qui parfois fait alterner sentiment violent d’injustice et résonance heureuse .

S’il m’est arrivé de douter que nous réussirions à vaincre tous les obstacles qui ont jalonné notre parcours du combattant , force est de constater que nous  avons tous été portés par la certitude féconde que le 27 janvier 2014 la vocation du Grand Palais était de faire rayonner grâce à sa magistrale splendeur l’amitié franco-chinoise à Paris comme dans l’ensemble de la Chine .

Véritable Monumenta de l’image , de la lumière et du son , mis en scène par Patrick Bouchain , Thierry Dreyfus et Chen Weiya , avec Pierre Giner pour la création d’une image vidéo originale , cette Nuit de Chine au Grand Palais  est un appel ! Innombrables sont les lieux , les moments , les concepts qui peuvent faire l’objet d’une valorisation exigeante , effervescente et rayonnante . Créatrice de valeurs , de sens , d’attractivité , d’emplois .

Vouloir rester premiers pour nous Français , c’est avoir cette fièvre et cette passion , qui sont les vrais remèdes au défaitisme , au déclinisme et à la crise .

Le Louvre Abu-Dhabi lance ses premiers feux !

21 avril 2013

Lorsque les hommes de bonne volonté se tendent la main , un espoir concret naît . Avec la puissance d’un phare .  » Birth of a Museum  » est aujourd’hui , à Abu-Dhabi ,ce signal fort , cette préfiguration magistrale qui suscite l’admiration et l’impatience .
L’énergie du possible .Le rêve devenu réalité . Le conservatisme bousculé . La dialectique de l’évidence qui part du « non » castrateur pour arriver au « oui » revendiqué et construit .
Le respect de la fierté de chacun . Dignité ,égalité , partage . Transmission symétrique . Réciprocité . Education et ouverture promises .
L’engrenage de la violence peut être battu en brèche par la renaissance due à l’émotion artistique , au dépassement de soi . Horizon retrouvé !
Les autorités d’Abu-Dhabi incarnent cette vision ambitieuse et généreuse : affirmer aux yeux du monde que la paix se construit et que le développement économique se gagne par une stratégie culturelle audacieuse .
La présentation des premières oeuvres (130) de la collection permanente d’Abu-Dhabi pour « son » Louvre est un symbole lumineux éclatant , grâce à une muséographie qui multiplie les symboles du lien et du dialogue entre les cultures et les traditions artistiques du monde .
Très brillante démonstration qui célèbre magnifiquement l’universel et qui chante un hymne aux valeurs de fraternité et d’humanisme .
En franchissant ce matin le seuil de la Manarat à Saadiyat Island et en visitant seul l’exposition , j’ai éprouvé une joie profonde et une grande fierté d’avoir été le ministre du Président Jacques Chirac qui a voulu ce projet . Bravo et merci à toux ceux qui font et feront vivre cette grande idée !

Le mariage pour tous : hymne à l’amour humain !

13 janvier 2013

Le mariage pour tous est un hymne à l’amour humain , à la volonté de s’engager pour la vie que tout couple , quel qu’il soit , peut légitimement avoir .
C’est un respect de la diversité de chaque personne , homme et femme , qui ont le droit de vivre pleinement leur identité propre .
C’est une véritable fraternité qui relie et unit le genre humain dans un bel arc en ciel , en donnant les mêmes droits et les mêmes devoirs à ceux qui seront unis par les liens du mariage , quelle que soit leur orientation sexuelle .
François Hollande a pris l’engagement de faire franchir à la France cette étape majeure de reconnaissance et d’égalité . Tenir cette promesse mais surtout vouloir résolument qu’elle soit acceptée et portée par l’ensemble des Français , est , je le sais , un défi , car dans tout grand débat de société se mêlent ,avec beaucoup d’intensité , des interrogations respectables et des intégrismes condamnables .
Il faut faire confiance aux Français pour savoir être fiers de rejoindre les nombreux Etats qui ont réussi à mettre en harmonie le droit , dans sa force, et la société ,dans sa complexité .
Il faut en appeler à la tolérance humaniste de chacun pour que les dérives homophobes et les racismes malheureusement toujours présents ne souillent pas cette avancée sociétale pour la France , et ne donnent pas de notre pays une image sectaire, frileuse et rétrograde .
Consacrer par la loi la force du mariage entre deux êtres humains , le permettre à deux hommes ou à deux femmes ,tout cela traduit notre volonté de faire de la diversité une richesse assumée ,libre et positive . Ce n’est une menace pour personne , pour aucune croyance ni pour aucune philosophie . C’est une harmonie retrouvée et élargie , sans discrimination ni tabou .
Nos valeurs essentielles de liberté , d’égalité et de fratenité ,fondées sur nos grandes traditions qui font notre civilisation seront en fait confortées et épanouies par cette réforme .
L’amour humain n’est pas un enjeu de combat politicien , c’est la beauté et la force de la vie !
Cette évolution de notre droit pose naturellement la question essentielle de la famille , de l’enfant , de l’adoption . Elle ne doit pas altérer la protection nécessaire des règles éthiques de la procréation médicalement assistée .
Souhaitons que le peuple français aborde avec maturité et générosité le premier débat parlementaire qui s’ouvre maintenant .
Exprimons le vœu que nos plus jeunes concitoyens soient éduqués par leurs familles sur ces questions délicates et fondamentales avec intelligence ,respect , vérité humaine et amour véritable .
Dans le respect de nos convictions qui peuvent s’opposer , nous serons collectivement forts si nous avons l’exigence de traiter de ces sujets avec discernement et raison , ce qui n’exclut nullement la passion dès qu’il s’agit de l’essentiel , c’est-à-dire de la personne humaine dans son être profond et sa dignité souveraine .

Arc en ciel politique pour le Louvre-Lens !

27 novembre 2012

Arc en ciel politique pour le Louvre-Lens !

C’est à l’honneur de Jacques Chirac pour le premier Louvre hors les murs de n’avoir pas choisi la ville de l’un de ses ministres , mais Lens , le symbole le plus fort pour faire d’un grand projet de fierté culturelle et patrimoniale un acte majeur et stratégique de développement économique .
Les chefs-d’œuvre magnifiquement conservés par le Louvre et par les grands Musées nationaux sont un trésor exceptionnel , un gisement absolument incroyable d’initiatives et d’émerveillements potentiels . Ne pas les présenter au public est non seulement un vrai gâchis mais surtout une chance refusée et interdite , ce qui est parfaitement sacrilège par temps de crise .
Nous avons franchi une étape décisive , en passant du prêt d’œuvres et de la simple ingénierie muséographique , pour lesquels la réputation des équipes françaises est particulièrement flamboyante mais presque »habituelle » , à la création d’un nouveau musée à part entière , phare permanent de l’excellence du Louvre , rendu possible par la détermination éclairée d’une région et de son président , Daniel Percheron .
Retenir Lens , c’était pour le Président Chirac et son gouvernement , affirmer que les arts et la culture sont l’arme majeure du redressement économique et productif , le creuset du progrès spirituel et humain . Dans une ville marquée durement par le chômage et par l’histoire parfois tragique de son passé minier , le Louvre-Lens apporte une dynamique d’attractivité , de rayonnement et d’emplois , qui aura la même puissance que celle générée à Bilbao par le Musée Guggenheim . Les éternels incrédules , qui existent encore , seront surpris !
Lorsque j’ai proposé au Président de la République cette décision , qui lui appartenait naturellement en dernier ressort ,vu l’importance du sujet , nous avions la certitude , Henri Loyrette , Président-directeur du Louvre , Francine Mariani-Ducray , Directrice des Musées de France et moi-même de lancer le plus beau des défis : rendre l’espoir par la culture en s’affranchissant de tout critère immédiatement et bêtement partisan ! Valenciennes et Amiens , dont les élus étaient comme moi Ministres , n’ont pas été les villes retenues , alors que les énergies y étaient également très fortes …. Mais nous avons préféré envoyer le message le plus radical et peut-être même visionnaire : fédérer et réunir toute une population autour d’une grande idée culturelle , là où les réalités quotidiennes sont les plus éloignées de la réussite économique et sociale
Son succès dépend non pas du projet lui-même ,dont la beauté architecturale est époustouflante , grâce à la simplicité et à la force des lignes et des matériaux , mais de la constellation d’initiatives locales qu’il va déclencher dès son ouverture . C’est l’addition des efforts , des investissements , des aventures nouvelles et des réalisations dans l’ensemble de la ville et de la région , portés par tous les acteurs politiques ,économiques et culturels qui en feront le succès .
« Alors , Monsieur le Ministre , vous l’avez prise votre décision ? « , ainsi m’interpellaient à la suite de la visite du site et de la réunion avec le Député-maire de Lens , M. Guy Delcourt , et son équipe , 4 dames , habitantes du quartier limitrophe , intenses et belles vigies très attentives et mobilisées ! Elles nous ont accueillis à l’entrée de la mairie le jour de l’annonce de la décision par Jean-Pierre Raffarin au cours d’un déplacement qui reste dans mon cœur comme l’un de plus beaux de ma vie de ministre ! Certaines ont aujourd’hui disparu . Je pense à leur regard , à leur intensité , à leur passion, à leur chaleureuse spontanéïté . Aux cicatrices des drames qu’elles avaient vécus .
Aujourd’hui ce nouveau phare s’allume . Sa lumière est celle de la fierté française , d’un musée universel offert à chacun , chaque culture , chaque époque , chaque tradition , chaque esthétique , chaque génération ,chaque peuple .
Puissent les foules qui vont le visiter et l’admirer , en parcourant la Galerie du Temps , en ressortir ambassadeurs convaicus que la culture est une arme de paix , de rayonnement et d’attractivité , et admirateurs éblouis tant par les œuvres que par l’art de les mettre en valeur .
C’est le message du Louvre-Lens qu’un bel arc en ciel politique a décidé d’envoyer aux incrédules, aux défaitistes et aux refuzniks de tous poils ! En attendant l’ouverture du Louvre-Abu Dhabi en 2015 !
Vive le Louvre et ses équipes talentueuses !

Hommage à Alberto Pinto

9 novembre 2012

Alberto !

Te dire A Dieu, c’est tout d’abord te dire merci.

Merci, à l’ami, dont l’attention, l’humour, l’élégance et la générosité sont aujourd’hui une merveilleuse lumière, qui réchauffe nos cœurs meurtris et bouleversés.

Ta passion pour les belles choses n’avait aucune limite, tu aimais la faire partager ; j’osais parfois avouer mon ignorance ; avec une extrême gentillesse tu aimais transmettre, initier, donner le goût. Tu étais fier mais discret, un puits de science mais plein d’humilité. Un ami qui vous faisait gambader joyeusement dans un univers exceptionnel.

Je me souviens avec émotion d’un voyage récent au sein de ta sublime collection d’assiettes et de verres, quai d’Orsay ; tu étais heureux de montrer l’extrême diversité des origines de ces magnifiques objets de porcelaine , de cristal et de verre soufflé, et de prouver ainsi l’universalité de la beauté du travail de l’homme.

Tu étais profondément respectueux de toutes les cultures du monde, ouvert à chacune, passionné de découvertes. Tu recherchais en permanence les nouveaux horizons. Tu méprisais les intolérances et les intégrismes. Tu avais le cœur sur la main. Certes, les yeux toujours ouverts sur les réalités humaines, mais tu préférais les ignorer lorsqu’elles te semblaient trop médiocres.

Malgré la maladie et la souffrance, ton appétit gourmand de découvertes, de beauté, d’émerveillement est resté intact. Celui des premiers jours, de tes débuts, où, installé à New York après de brillante études à Paris d’histoire de l’art, tu étais producteur de reportages consacrés à l’architecture intérieure, avant de devenir le créateur mondialement demandé par toutes les personnalités les plus exigeantes à la recherche de l’excellence pour l’art de vivre, d’habiter, de voyager.

Aucun catalogue, aucune vente, aucun détail d’un projet, ne t’ont jamais échappé, même dans les moments où ton corps te faisait souffrir. Tu n’as jamais renoncé à être l’ami merveilleux, le maître vénéré. Le patron respecté parce qu’exigeant pour lui-même.

L’affection permanente et lumineuse de Linda et de tes proches s’est trouvée démultipliée par ton appétit de vivre. Tu nous as impressionnés jusqu’à la fin.

Te dire A Dieu, Alberto, c’est te dire Merci, à toi qui a été un grand Ambassadeur du talent français dans le monde entier, avec cette curiosité d’esprit, ce talent, ce souci des rencontres et des mixités culturelles et artistiques, qui ont fait de toi et du Studio Alberto Pinto un vrai symbole, un phare puissant et recherché. Une fierté pour notre pays, que tu en sois un porte drapeau aussi célèbre.

Le dialogue des cultures, des époques, des matières et des savoirs faire était pour toi comme un blason, un étendard revendiqué, une vraie conviction.

C’était aussi un héritage magnifique. Tu es un homme de la Méditerranée, du soleil, du dialogue inter-religieux. Un homme des 2 rives de cette Méditerranée que tu aimais, celle du sud grâce aux années de ton enfance passées avec ta famille notamment au Maroc, car déjà tu avais le goût du voyage, et celle de la rive nord, de la France, et de Saint Jean Cap Ferrat qui a été pour toi le berceau de ta première éclatante réussite comme décorateur travaillant pour une éminente personnalité américaine.

Un bel héritage, car je me souviens avec respect et admiration de l’allure princière de ton père, le jour où le Président Chirac t’a remis à l’Elysée la Légion d’Honneur. Il avait, comme Linda, ton élégance, ta prestance et l’infinie discrétion de ceux qui rayonnent naturellement d’une grandeur spirituelle et humaine, qui n’a pas besoin d’ostentation pour être puissante et reconnue.

Ton talent a eu de très nombreuses facettes.

Tu insufflais la vie dans chaque lieu que tu décorais. Le beau devait s’incarner, accueillir, générer un art de vivre, d’habiter. Le décor tendait la main, invitait à l’émerveillement mais aussi à l’ouverture à l’autre : autre époque, autre culture, autre tradition, autre manière de vivre.

Loin des standards éternellement reproduits, tu as été un vrai créateur, nouant un dialogue fécond avec les personnalités qui t’avaient choisi, et faisant à chaque fois un travail nouveau, unique : la haute couture absolue de la décoration, à l’image de l’exigence exceptionnelle d’Yves Saint-Laurent que tu admirais et aimais.

Ta personnalité foisonnante et généreuse se retrouve dans tes œuvres – car ce sont des œuvres à part entière – que tu as imaginées et réalisées pour de sublimes résidences, partout sur la planète.

Tu n’aimais pas les frontières, les cloisonnements, les frilosités et les replis identitaires qui te faisaient peur, toi qui parlais parfaitement un nombre incroyable de langues.

Passion, foisonnement créatif, amour du savoir-faire, des métiers d’art, exigence absolue du détail pour que le parfait soit une réalité vraie, telles étaient tes maximes personnelles et ton label prestigieux.

A cela s’ajoutait une dimension humaine et chaleureuse qui reflétait le merveilleux maître de maison que tu étais, et qui a accueilli chez lui en permanence beaucoup d’entre nous qui t’entourons aujourd’hui. L’art de la décoration s’enrichissait chez toi d’une dimension particulière, l’art de l’hospitalité, qui est celui de l’ouverture de l’esprit et du cœur, l’art de la vie dans son foisonnement, son tumulte et sa gaieté, l’art de la générosité.

Sur terre, en mer, dans les airs, ta griffe est devenue l’arc en ciel d’un talent magique et unique .

Il n’y a jamais eu de limite à ton travail acharné, à ta recherche permanente d’idées et d’objet nouveaux, à ton inlassable appétit d’excellence absolue.

Ce soleil que tu représentes ne s’éteindra pas. C’est le serment d’aujourd’hui, où nous te pleurons, mais où nous nous engageons pour toi.

Avec la flamme et le panache qui ont été les tiens et qui sont aujourd’hui un prestigieux flambeau, Linda, partenaire de ta réussite et de ta vie , qui incarne à son tour cette énergie flamboyante , et l’ensemble des créateurs et collaborateurs du Studio Alberto Pinto vont continuer cette route du beau, de l’excellence, de l’art. Leur réussite sera celle de ta passion qui est et restera présente.

Alberto, nous t’admirons. Albert nous t’aimons.

Les 4 Louvre de Jacques Chirac

21 septembre 2012

A chaque lieu patrimonial exceptionnel son grand projet ! A chaque Président de la République sa grande initiative culturelle ! Cette tradition française , où se conjuguent l’esprit républicain et la décision régalienne , jalonne ainsi périodiquement l’histoire de notre rayonnement artistique de nouveaux phares qui s’allument avec fierté . L’important est de ne pas être un chainon manquant ! Cela a pris une dimension politique différente dès lors que les violences , les haines ,les terrorismes et les guerres rendent stratégiques les initiatives de paix et d’humanisme . Cela est devenu un axe économique d’avenir puisque des pans entiers de nos atouts industriels traditionnels s’essoufflent dramatiquement. La culture n’est pas une dépense, c’est un investissement… Cette maxime de bon sens pour la France a parfois eu besoin d’avocats passionnés !

Jacques Chirac en prenant 4 décisions novatrices concernant l’avenir du Louvre a donné à cette tradition un contenu symbolique majeur , fondé sur la valeur de l’égalité, du respect et de la diversité, en résonance avec les fondamentaux de notre politique étrangère et de notre tradition nationale.

François Mitterrand avait conçu l’idée d’un Grand Louvre, intégralement restitué à son excellence artistique, écrin suffisamment fort pour accueillir sereinement le geste d’architecture contemporaine de la pyramide de Pei. Dans cet élan, les gouvernements successifs – et donc même ceux de la cohabitation – ont eu à cœur de mettre en œuvre avec soin et détermination cette nouvelle destinée, en l’inscrivant dans la réalité , grâce au concours permanent des équipes du Louvre qui , de la base au sommet , sont pour nous un étendard prestigieux , précieux et talentueux .

La réussite est au rendez-vous avec la force de l’évidence ! Mais chacun doit se souvenir que les résistances furent nombreuses et les frilosités innombrables. Restituer à un lieu aussi prestigieux son énergie initiale en le restaurant et en l’ouvrant à son temps suppose persuasion et ténacité pour surmonter les comportements rétrogrades et les arbitrages à courte vue.

Jacques Chirac a quant à lui choisi d’ouvrir le Louvre au monde . Il a d’abord décidé d’accueillir au Pavillon des Sessions, entre l’aile de Flore et l’aile Denon, les arts et les civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques dans un musée universel , faisant ainsi un acte symbolique de reconnaissance de la fierté des trois quarts de l’humanité. Ce geste totalement légitime et au fond naturel a été inspiré par la fougue de Jacques Kerchache .

L’ouverture ce mois-ci de nouveaux espaces pour les Arts de l’Islam , grâce à la couverture de la Cour Visconti superbement imaginée par Rudy Ricciotti et Mario Bellini et grâce à une scénographie exceptionnelle , est un hymne puissant à l’égale dignité des cultures, des religions et des peuples.

C’est la prolongation concrète et magistrale de la Convention de l’Unesco sur la diversité culturelle, l’affirmation que la fierté et la beauté artistiques sont planétaires et que les échanges, les croisements, les influences, les ouvertures à l’autre sont toujours féconds et riches. C’est la démonstration que notre pays est, dans une même générosité, fier de ses propres racines et admiratif des talents et des énergies d’autrui. C’est la recherche d’une concorde partagée sur notre propre sol entre tous les Français quelles que soient leur origine, leur religion, leur couleur de peau , leur tradition.

Notre pays a grâce à sa culture une ambition mondiale . Dans quelques mois le Louvre Abu-Dhabi, fera vibrer au cœur des Emirats Arabes Unis la corde de l’excellence artistique française et européenne, en y étant une présence prestigieuse en harmonie avec la vision éclairée et très volontariste de ses dirigeants.

Sans sacrifier ni renoncer à un quelconque aspect de nos traditions muséales, nous avons ainsi affirmé pacifiquement mais fortement que la France assumait son rayonnement, relevait les défis de la concurrence artistique mondiale et proposait une voie nouvelle de réconciliation entre les cultures, les passions, les fiertés.

Le geste fort fait par les Autorités d’Abu Dhabi pour nous remercier lors de la pose de la première pierre par le Président Nicolas Sarkozy a été de choisir comme première œuvre présentée un Christ sur une croix datant de la Renaissance. Hymne à la paix, à la diversité, à la tolérance ! Le Louvre était, comme chaque fois, dans son habit de lumière, dans sa vocation à incarner partout et pour tous l’universel .

Jacques Chirac n’a pas oublié la France ! En décembre, l’ouverture du Louvre-Lens scellera l’alliance à première vue iconoclaste mais ultra démonstrative entre l’excellence culturelle absolue, le développement économique et le rayonnement de toute une région.

Choisir Lens, ce fut affirmer solennellement, qu’avec l’aide directe d’un Conseil Régional et de son président Daniel Percheron, la culture était une priorité stratégique pour l’emploi, la sortie de crise industrielle, l’ambition d’une ville et l’attractivité d’un pays.

Première véritable sortie hors les murs pour le Louvre, le projet architectural conçu par le cabinet d’architecture Sanaa des japonais Kazuyo Sejima et Ryüe Nishizawa, illustre la force des lignes et des matériaux à la beauté simple et puissante, dans un décor où les corons et la nature rappellent une page d’histoire qui se ferme et une autre qui s’ouvre sans renier quoique ce soit du vécu de ceux qui en ont été les âmes, les acteurs et parfois les victimes.Cette décision qui apparaît aujourd’hui simple et évidente ne l’a pas été, tant étaient vivaces les obstacles et les concurrences .

Aujourd’hui , c’est parce que les temps sont difficiles que les grands projets sont essentiels et stratégiques pour notre avenir .
En temps de crise, notre patrimoine est une chance et non un fardeau dès lors qu’il est animé par un projet fécond. L’exposition de nos chefs d’œuvre a d’autant plus de rayonnement qu’elle est enrichie par les talents et les savoirs faire d’aujourd’hui.
Nous avons entre nos mains un potentiel unique . Le Louvre en est la signature la plus célèbre. Mais nos atouts sont innombrables, partout sur notre territoire. Puisse la volonté politique faire de leur mise en valeur française et internationale une vraie priorité nationale, où s’additionnent les énergies, se croisent les imaginaires, se rassemblent les talents et se rencontrent les publics .