Archives de 2008

La relance dépend de chacun d’entre nous!

5 décembre 2008

Nous devons faire face au matraquage des agrégats boursiers par un activisme économique personnel.

Le goutte à goutte de la finance est en train de paralyser, d’intoxiquer, d’accélérer les anticipations catastrophistes.

Sans être les décalés et les idiots du village, il est essentiel de vouloir contrecarrer la spirale dans laquelle nous sommes plongés. L’Etat prend fortement ses responsabilités. Un plan de relance puissant est orchestré.

A nous également pour chacune de nos décisions, de nos réflexes, de faire preuve de caractère et de résolution anticyclique.

Ne pas différer un investissement, si on en a la trésorerie, se mobiliser davantage dans le travail, rechercher et valoriser tous les atouts disponibles, à quelque niveau que ce soit, autant de postures qui sont des réponses utiles et concrètes, dans cette crise aussi réelle que psychologique.

A chacun ses responsabilités ! N’oublions pas les nôtres…

Le combat de Ségolène Royal et de Martine Aubry déshonore la politique.

23 novembre 2008

Je ne suis pas socialiste. Je pourrais me réjouir de la lutte au sein du PS pour la conquête du pouvoir.

Mais je suis trop militant de la « chose politique », trop inquiet du mépris qui entoure la vie politique, pour ne pas juger avec une extrême sévérité et un immense dégoût la forme prise par une compétition, en elle-même normale.

Comment dans la conjoncture politique et économique actuelle, deux femmes politiques de ce « niveau » peuvent-elles être aveuglées par leur goût du pouvoir absolu, sans imaginer un seul instant qu’elles creusent la tombe de leurs ambitions ?

Comment peuvent-elles se lancer dans cette lutte à mort tout à fait suicidaire pour l’avenir de la cause qu’elles sont censées servir ?

Il est des circonstances où le cessez-le feu est impératif, où le respect scrupuleux du peuple, du citoyen, de l’électeur, du militant s’impose encore plus qu’en temps normal.

Qu’est-ce qui empêcherait Ségolène Royal et Martine Aubry de s’asseoir autour de la même table pour constater le jeu égal et donc additionner leurs forces et leur fougue dans une gestion collective du PS, en mettant même au point dès cette semaine la procédure de désignation pour les prochaines présidentielles ?

Ne pas le comprendre et laisser la haine ordinaire s’installer ne déshonore pas uniquement le PS, mais la démocratie française.

Face à la crise : la culture !

14 novembre 2008

Attention, « fragile » ! Cette inscription rituelle des colis précieux pourrait même instruire un procès en marginalité, superficialité, inutilité de tout acte de culture, jugé accessoire, dans le contexte actuel de la crise financière mondiale.

« Il y a plus urgent, plus important, plus stratégique, plus sérieux, que de parler culture », penseront même certains esprits. « Allons à l’essentiel, ne perdons pas de temps, n’en faisons pas perdre, le futile, l’accessoire, le superflu, pour ne pas dire le superficiel, attendront des jours meilleurs », en rajouteront d’autres.

Cette relégation de la culture n’est d’ailleurs pas malheureusement un réflexe des temps difficiles. Elle est une sorte de refus de résistance, une paralysie du discernement, un abandon de poste.

C’est la posture permanente de tous ceux qui n’imaginent pas que la culture soit créatrice de richesses tangibles et de valeurs aussi concrètes que spirituelles, et qui ont une vision fausse et très désuète de la réalité, française, européenne, mondiale. Citons pêle-mêle quelques exemples emblématiques : Pétra, La Grande Muraille de Chine, l’Orchestre philharmonique de Berlin, le Ballet de l’Opéra de Paris, le Louvre, Bilbao, le hip-hop, Yves Saint Laurent, le château de Chenonceau. L’énumération est infinie.

Elargir le champ des possibles, contribuer à la fierté d’appartenir au monde, donner les outils les meilleurs pour que chacun au sein de la collectivité puisse maîtriser son destin. Il est le devoir d’Etat de tout homme ou femme politique. Aujourd’hui, plus que jamais. Tenir cette ambition implique une prise en compte sans réserve et sans complexe de la culture.

Il est de ce point de vue significatif que le président de la République ait décidé pendant la présidence du Conseil de l’Union européenne d’organiser une Saison culturelle européenne, où nos 26 partenaires sont accueillis avec tout l’arc-en-ciel de leur potentiel culturel et artistique. La France fait figure de pionnier en la matière. Puisse cette heureuse initiative française faire école afin que la Commission européenne prolonge cet élan mobilisateur et novateur !

Les modalités de la crise boursière actuelle poussent au paroxysme le champ du virtuel. Les chiffres n’ont plus de sens. Les écarts traduisent la brutalité d’un affolement plutôt qu’une évolution intelligible. Les constructions financières apparaissent comme une spéculation dépourvue de morale et surtout de fil conducteur. Dans ce chaos, le tangible, le vrai, le beau, le solide, l’authentique, le futuriste, le décalé, le conceptuel, le génial apparaissent comme les nouvelles valeurs refuges rassurantes et pérennes.

Si s’effondre la « splendeur » d’une place financière, subsiste le rayonnement durable et fort d’une oeuvre, d’un moment, d’un site, ainsi que la perfection magique et surnaturelle d’une création, la vérité lumineuse et cruelle d’un cri artistique parfois violent.

La culture donne des repères. Elle est l’alliance rare entre l’immatériel et le matériel, la fécondation de la matière par l’esprit. Même si un geste artistique est parfois fragile et éphémère, une fulgurance géniale et fugace, le choc esthétique qu’il engendre, imprègne durablement la mémoire. Il provoque la conscience. Il génère l’être.

La culture permet tout à la fois l’enracinements, l’harmonie et le dépassement total de soi. Le respect de l’histoire, du sol, de la tradition, mais aussi la force de créer, la capacité d’imaginer, la griserie de rêver, l’envie d’ailleurs. L’intelligence de la complexité. L’amour du monde et de la diversité. C’est faire le lien entre le passé et l’avenir. C’est comprendre. Comprendre les autres. Se connaître soi-même. Apprivoiser les différences.

L’art est une exigence, une métamorphose, un voyage. C’est également une fondation, un ancrage, une signature. Une réconciliation entre le « soi » et « l’autre ».

Lorsque les constructions humaines artificielles et précaires deviennent des ruines et des décombres, l’architecture, le patrimoine, le spectacle vivant, les arts plastiques, l’écrit, le son, la lumière, l’image, le film sont de puissants vecteurs de confiance, de ressourcement qui créent l’élan, génèrent la dynamique, rétablissent l’unité intérieure. L’homme devient riche de son regard, heureux de sa sensation, apte à embrasser le monde. Il devient universel, frère, disciple. Ou contradicteur par devoir et par passion légitimes.

Même s’il est conçu dans la pauvreté, le dénuement et la précarité, l’acte artistique est une richesse et une valeur plus puissantes et incarnées qu’une réussite financière fugace et éphémère.

La culture ne saurait se réduire à une élégance, un divertissement, une angoisse ou une ivresse. Elle est la marque d’une époque, le reflet d’une terre, le soleil d’une main et d’un cerveau. Elle est la transfiguration de la matière, la sublimation d’un projet. L’horizon d’une idée. Elle est un phare d’autant plus puissant et protecteur, que les océans de la folie humaine sont déchaînés et destructeurs.

La culture est l’investissement de l’avenir, l’équilibre et la célébration du présent, l’humilité de l’histoire et de la chaîne du temps, la transformation du fugace en permanence du génie et du savoir-faire. Pour la France, la culture est notre chance, notre vocation, notre solidité et notre destin. Notre horizon.

Tous les diseurs de bonne aventure économique et financière devraient descendre de leur superbe et de leur mépris, en comprenant enfin qu’avant d’être une dépense, une extravagance ou le caprice du prince, la culture est notre stratégie, notre trésor de guerre, notre nouvelle frontière. Face à la myopie, à la caricature et à la choquante désinvolture, rétablissons la vérité. Osons montrer le réel. Chiffrons l’inchiffrable, sans tout financiariser pour autant. Décrétons l’urgence. Garantissons par-là même notre survie, notre épopée, notre renaissance. Notre avenir concret. Aujourd’hui et demain.

La culture est une promesse de richesses, une source d’attractivité(s), d’emplois, un rêve tangible. C’est une priorité pour qui sait enfin ouvrir les yeux, voir et comprendre que dans la fureur du monde, l’harmonie qu’elle diffuse et le progrès qu’elle génère sont des valeurs plus puissantes que les jeux d’écriture financière aux improvisations tragiques et à la « poésie » mortifère… La culture n’est pas un opium, un luxe, une futilité. Elle est un réflexe lucide, une performance orchestrée.

Oser parler, dans une même dynamique, de culture et de croissance, de patrimoine et de création, d’archéologie et de numérique, de fièvre de l’esprit et d’économie politique, des citoyens et des artistes, de gratuité et d’argent, d’intemporalité et de nouvelles technologies, de marché et d’indépendants, de liberté d’esprit et de métiers, c’est le défi du Forum d’Avignon, destiné à ouvrir un espace de dialogue fécond et décloisonné entre le monde culturel et artistique, le monde économique et le monde politique. C’est un acte de mobilisation politique, de prise de conscience. C’est le lancement d’une offensive pacifique, humaniste, volontariste. Face à la crise, la culture !

La crise boursière donne envie de parler d’économie du réel…

5 novembre 2008

Qui n’a pas envie ces temps-ci de couper la radio, de débrancher les sites d’information boursière ? Le goutte à goutte de l’information nécessaire pour des raisons de transparence financière et de fluidité des marchés renforce le sentiment de crise non maîtrisable, à déflagrations successives quasi programmées.

Le contraste avec l’activité politique intense des dirigeants de la planète tentant de contrecarrer l’ouragan financier renforce d’ailleurs le désarroi des citoyens du monde.

Qui fait quoi ? Quelle est la vraie cause ? Les tuyaux de la bourse et du marché financier interbancaire sont-ils vraiment nécessaires à l’économie ?

Les erreurs personnelles de certains financiers donnent de surcroît l’impression d’un système sans contrôle. Les chiffres sont vertigineux. Les libertés d’action de certains individus peu scrupuleux ou très aventuriers apparaissent parfaitement choquantes. Peut-être d’ailleurs parce qu’il s’agit de baisses et de pertes…

On aimerait pouvoir se passer de la bourse, du marché financier, des banques même.

On souhaiterait quitter le champ des chiffres virtuels, qui sont en fait très réels, pour entrer dans le terrain – par contradiction d’apparences paradisiaques même si les disciplines y sont rigoureuses – de l’économie du réel. De la « vraie économie ». Celle du travail. De l’effort. De la qualification. De l’innovation. De la recherche. De l’intelligence. De l’audace. De la conquête de nouveaux marchés. Celle des gens. Des hommes et des femmes qui « bossent ». Celle des entrepreneurs courageux, des salariés mobilisés, des indépendants fiers, des métiers manuels et intellectuels performants.

Dire cela ne signifie d’aucune manière oublier la finance, le crédit, le marché, la concurrence, la rareté, la mondialisation, l’argent, le micro-crédit.

Exprimer cette revendication sourde mais forte et présente dans tous les esprits, c’est peut-être en fait vouloir éviter la révolte populaire qui pointe à l’horizon.

Il se fait tard… Au sens lointain et arrogant du terme, la « finance » ne « nous » concerne pas. Nous « la » ressentons comme une pollution. Un virus dangereux. Un monde à part. Nous voulons oublier que sans financement les projets ne voient pas le jour. Nous voulons ignorer les réalités cruelles de l’endettement, du remboursement, de l’échéancier. De ce qui est malheureusement aussi la « vraie » vie économique.

La question politique centrale est de réconcilier ou plutôt de placer dans une perspective intelligible par chacun des univers aux logiques draconiennes qui apparaissent parfaitement antagonistes et étrangères.

Le spectre de la récession, de la baisse, du déclin, de l’effondrement est là. Le procès va forcément s’instruire de la spirale des responsabilités. Le bouc-émissaire facile, déjà désigné, s’appelle « la finance ». Il lui est reproché de ne plus être l’instrument du progrès – parfois du rêve chimérique et précaire – et d’être le bras armé d’une déflagration économique sans précédent.

Le 11 septembre avait son criminel identifié.

Aujourd’hui, rechercher le coupable, la cause, l’élément déclencheur plonge dans un abîme profond, car le virtuel, au sens barbare du terme, règne en maître absolu avec une puissance machiavélique et non maîtrisable.

Il est urgent, pour contrecarrer la contamination d’une crise financière vers un big-bang économique, d’oser le rétablissement de la confiance. Cela passe par la vérité.

Tant que les raisons – même si elles sont difficiles à entendre et à comprendre – ne nous seront pas TOTALEMENT données, les meilleurs intentions du monde resteront des tombereaux d’eau dans un désert de sable. Or « la parabole du semeur n’a pas recommandé les semailles en terrain pierreux » , aimait à dire mon père dans son livre posthume « Vent d’Espoir sur la Démocratie ».

L’économie politique doit redevenir intelligible. Proche.

Il ne s’agit pas de nier la réalité. Il est question de redessiner une géométrie de l’action qui implique et responsabilise chacun.

La « crise » continuera de rebondir tant que les opinions publiques mondiales n’auront pas admis et compris les raisons du drame, les efforts et les disciplines nécessaires, et les perspectives à attendre, même si elles sont difficiles. Surtout si elles le sont d’ailleurs…

L’information, au sens noble du terme, est ici au service de la survie individuelle et collective.

Le préambule de la Constitution stipule: « Toute distinction sociale doit être fondée sur l’utilité commune ».

Alors, puissent les élites politiques, économiques et financières, se mettre à la portée du peuple, qui n’a en l’occurrence, aucune leçon à recevoir, mais des comptes à exiger. Oui, « toute distinction sociale doit être fondée sur l’utilité commune » !

L’élection de Barack Obama est une promesse !

5 novembre 2008

Pour ceux qui aiment les Etats-Unis et les Américains, l’élection de Barack Obama est un moment rare de bonheur politique.

Cette expression, qui peut paraître totalement décalée et impropre, traduit au contraire l’espoir planétaire que le choix américain exprime avec intensité et force.

Le retour flamboyant des Etats-Unis sur la scène internationale est une promesse de réconciliation, d’équilibre, mais c’est aussi le signe que le camp de la démocratie et des valeurs de la civilisation occidentale sera davantage à l’unisson pour agir.

L’Europe avait commencé à prendre l’habitude de sa puissance et de son rayonnement… Nous devrons de nouveau compter sur nos alliés, amis et concurrents de l’outre Atlantique !

Le peuple américain, dans son sacre républicain et laïque, vient d’ériger un héros mondial, dont la visite dans chaque Etat du monde est un espoir attendu avec ferveur.

Quelle étrangeté que la politique puisse ainsi voisiner avec le spirituel ! Ou l’artistique. Reconnaissons que la lumière qui émane d’Obama est tout simplement exceptionnelle. Puisse-t-elle être utile au monde confronté à une crise morale et financière redoutable !

L’Histoire du Grand Palais

31 octobre 2008

Accéder à la vidéo sur facebook

« Face à la crise, la culture est un phare! »

29 octobre 2008

Discours de Renaud Donnedieu de Vabres

« World Cultural Economic Forum »

Nouvelle Orléans
30 ocotbre 2008

Pour un français, venir à la Nouvelle Orléans revêt une signification très riche et tout à fait particulière. Non seulement nous nous sentons en famille, j’allais dire presque chez nous, sans porter bien sûr atteinte à votre souveraineté !
Les liens historiques politiques et culturels sont forts, féconds, multiples.
Mais il y a plus : le magnifique Musée du Débarquement que j’avais visité il y a 2 ans témoigne des sacrifices des vies d’Américains pour redonner à l’Europe – la vieille Europe diront certains, l’Europe de la jeunesse proclameront d’autres… – sa liberté, sa démocratie et son avenir de civilisation occidentale humaniste.

Je commencerai donc ici à la Nouvelle Orléans par dire Merci à l’Amérique, aux Américains pour ce passé glorieux et fraternel que nous ne devons pas oublier.
Mais, une nouvelle fois, ici avec vous Monsieur le Gouverneur, je veux parler d’avenir. Lorsque votre ville a été meurtrie par le désastre de Katrina, la solidarité française des curs a été immédiate. Vivante. Totale.
Je me souviens de notre première rencontre.
Je me souviens être revenu pour l’inauguration de la magnifique exposition qui a marqué la réouverture du musée.
Ce sont des moments d’amitié et de fierté partagées. De vraie chaleur qui font des rencontres politiques et diplomatiques des occasions d’authentiques échanges et d’actions concrètes.

Vous avez choisi une thématique particulièrement intéressante et riche pour ce « Worl Cultural Economic Forum ». Novatrice même. Car il faut que s’ouvrent davantage les yeux sur l’apport de richesse et de valeur que génère la culture pour vous ici, pour les Etats-Unis et pour nous Français et Européens.

Je suis heureux de pouvoir mettre en lumière les liens féconds et stratégiques qui existent entre la politique, l’économie et la culture.
Il peut paraître étonnant qu’un ancien ministre de la culture et de la communication parle attractivité, développement économique, emplois, tourismes, marché, diversité et rayonnement.
C’est pourtant essentiel de changer les regards sur cette réalité des échanges mondiaux.
La culture n’est pas un simple divertissement, un plaisir ou une élégance.
Pour des raisons politiques, c’est un élément essentiel pour garantir la paix, combattre le terrorisme, car il est question de respect, de fierté, d’égalité entre les peuples, les cultures, les religions.
Pour des raisons économiques, qui ne voit se bâtir des stratégies fortes et audacieuses de rayonnement et de puissance fondée sur de grands projets culturels et artistiques. Les grands architectes, les collections des musées et les trésors, la création et l’intelligence, toutes les formes du spectacle vivant incarnées dans de prestigieux festivals, sont les piliers du rayonnement d’un pays, d’une culture, d’un peuple. La mondialisation créée aussi une effervescence et une émulation utiles.
C’est la raison pour laquelle la France accompagne de splendides initiatives dans tous les pays qui le souhaitent et avec lesquels elle entretient des liens privilégiés.
Il s’agit de faire vivre concrètement la convention de l’UNESCO sur la protection de la diversité des expressions culturelles.

Il s’agit de valoriser le patrimoine, le capital de chacun, de promouvoir les échanges féconds, d’ouvrir nos coffres, nos curs et nos esprits. De participer activement à la vitalité du marché de l’art.

La France ouvre ses monuments historiques à la diversité du monde. Je pense à la création du Département des Arts de l’Islam dans la Cour Visconti du Louvre à Paris avec un magnifique projet d’architecture contemporaine réalisé par Rudy Ricciotti.

La France recherche l’accueil de toutes les cultures, notamment au musée du Quai Branly que Jean Nouvel a réalisé pour présenter les collections des Arts Premiers venues de tous les continents du monde.

La France a décidé de faire davantage circuler dans le monde ses propres collections en présentant les trésors du Louvre, du Centre Pompidou, du Musée d’Orsay, du Musée Picasso, du Château de Fontainebleau et des principaux musées nationaux. Nous participons à de nombreuses foires. Nos conservateurs réalisent de superbes expositions partout dans le monde.
Nous avons répondu au souhait des Emirats Arabes Unis en créant le « Louvre – Abu Dhabi ». Je suis très fier de ce projet qui a été une sorte de révolution dans le monde des musées en France.

J’ai subi au début de nombreuses critiques, certain pensant à tort que nous allions vendre les collections nationales. Aujourd’hui, chacun reconnaît que c’est une politique d’avenir, un processus gagnant-gagnant, fondé sur l’intérêt mutuel bien compris.
Fonder une stratégie d’attractivité touristique sur la culture dans ce qu’elle a de meilleur et de plus prestigieux permet également l’ouverture des esprits, le dialogue entre les cultures, les traditions et les formes contemporaines de l’art.
Dans la crise boursière actuelle, dont on peut craindre les conséquences globales sur l’économie, la croissance et l’emploi, les projets culturels apparaissent prometteurs pour l’avenir.
Il y a une solidité de l’art qui résiste davantage aux aléas conjoncturels que certaines valeurs boursières !

Nous devons tous ensemble, affirmer nos identités culturelles comme des éléments de souveraineté politique et des piliers de rayonnement économique durable.

Sans arrogance, il nous faut faire reconnaître qu’il n’y a pas une culture mondiale, une suprématie culturelle absolue d’un monde contre un autre.

Nous devons bâtir des foyers de création, de valorisation du patrimoine, de mise en valeur des uvres d’art des plus anciennes au plus contemporaines.

Cela concourt à la richesse et à la prospérité.
Cela permet également d’éviter ce fameux « choc des civilisations », en faisant que la fierté d’un peuple aille de pair avec l’emploi, l’activité, le bien être de chacun.

Tout cela n’est pas chimérique. C’est l’actualité des grands projets que chacun dans son pays à la passion de réaliser.

C’est la raison pour laquelle, le Président de la République Française a souhaité que pendant notre Présidence de l’Union européenne la culture apparaisse comme une vraie priorité.

Mes anciennes fonctions de ministre des Affaires européennes et de ministre de la Culture et de la communication, me feront porter une attention particulière sur la dimension culturelle de la Présidence Française.
C’est d’ailleurs ma mission d’ambassadeur que m’a confiée le Président de la République, Nicolas Sarkozy.
Je le fais avec un immense plaisir. Je ressens un grand honneur à m’exprimer devant vous, doublé de la joie de retrouver un ami personnel de très grand talent, notre ambassadeur, Pierre Vimont.
Je commencerai, par un peu d’humour et de provocation, en vous disant que la France a décidé de faire preuve d’humilité.
Nous espérons que personne aux Etats-Unis, au terme de six mois de Présidence, ne nous qualifiera d’arrogants.
Il est vrai que la conjoncture politique dans laquelle se trouve l’Europe nous oblige à réfléchir stratégiquement sur le sens de notre politique et surtout sur les moyens de faire adhérer les citoyens européens à cette vision de l’avenir de notre continent. Dire cela pour un Français c’est naturellement nous rappeler le triste vote de notre pays lors du référendum sur la constitution européenne.
Parler de paix parait décalé et peu convaincant, alors que la violence, l’intégrisme, le terrorisme sont de réelles menaces, même sur le sol européen.
Notre génération considère comme naturelle et définitivement garantie la libre circulation des personnes, des biens, des uvres.
Le risque de conflit parait lointain. Dire que c’est un magnifique résultat politique ne sert pas à grand-chose, tant parait éloigné et abstrait le spectre des guerres qui ont souillé le 20ème siècle, rendant même nécessaire la création de la notion de crime de guerre et de crime contre l’humanité.
Pour créer une dynamique positive, de soutien à l’Europe, il faut, je pense, partir du nouveau contexte, à savoir l’internationalisation tous azimuts, la mondialisation, en constatant que cette chance, cet horizon, cet oxygène vif et brutal, sont autant de motifs de peurs, de craintes, de replis identitaires.
L’aventure du grand large donne autant de griserie, qu’elle ne redonne le goût du port, de la base arrière, du terroir familier.
Parler culture aujourd’hui, c’est porter un projet politique. C’est réconcilier avec l’histoire et ouvrir au futur.
Pour s’ouvrir, pour accueillir, il faut soit même être en situation de rayonnement, en position de force. Pour accueillir la création d’une mosquée, il ne faut pas oublier de restaurer nos cathédrales…
Si la mondialisation génère des refus, des replis, c’est parce que se pose avec brutalité la question de la concurrence, de la taille, de la crédibilité, de la masse critique, de l’échelle.
Economiquement, c’est relativement simple à mettre en uvre. Toutes les stratégies d’émergence des groupes mondiaux en sont la brillante et quotidienne illustration. C’est de ce point de vue une fierté européenne. D’un point de vue social, les dégâts humains sont considérables. L’actualité de la mondialisation est souvent perçue par les opinions publiques comme le syndrome de délocalisations, des fermetures d’unités ou d’entreprises. Parfois comme une forme nouvelle de la spécialisation internationale, où nos talents semblent dévalués, parce que leurs coûts sont prohibitifs.
La chance de l’expatriation, de l’horizon nouveau, de la découverte d’une ville ou d’un pays est donc parfois malheureusement perçue comme réservée à une élite, d’où les divorces entre les impératifs économiques, financiers, technologiques et les aspirations populaires, à pouvoir travailler chez soi, sans remise en cause de son propre avenir.
Sur le plan culturel, la mondialisation devrait générer la connaissance de l’autre, des autres cultures, des créations innovantes en provenance de tous les coins du monde. Elle est malheureusement également analysée comme un risque d’uniformisation, de marchandisation excessive, de destructions d’identités. De nivellement, de formatage à l’unisson d’une culture mondiale, où la marque devient l’essentiel.
Là aussi, l’Europe a une exaltante tâche devant elle. Donner à nos capacités nationales les moyens du rayonnement mondial, la griserie du planétaire.
Malgré nos génies et la vitalité de nos industries culturelles, un chiffre donne à méditer et pousse à l’action : 85 % des places de cinéma vendues dans le monde le sont pour des productions d’Hollywood. Dire cela n’est pas remettre en cause l’excellence américaine, c’est vouloir faire exister et rayonner davantage nos propres artistes.

La Présidence Française se situe à une étape particulière de l’histoire européenne. Le camp de la liberté, de la paix, de la démocratie et de l’humanisme a gagné. Malgré les réalités sociales difficiles dans chacun de nos pays, avec le chômage et la pauvreté, la prospérité et la croissance sont au rendez-vous.
L’Europe comme les Etats-Unis pourraient être un oasis, un modèle, un exemple, un phare. L’émergence de nouvelles économies, de nouvelles cultures, de nouvelles régions du monde, nous contraignent – et c’est salutaire – à un réveil. A un sursaut.
Nous devons assumer notre destin de civilisation, de puissance, avec autant d’humilité que de clairvoyance et d’énergie. Autant de méthode que de passion.
Sans donner de leçon à quiconque, l’Europe a vocation à incarner un grand projet politique. Elle est une voix utile à la paix. La thématique de la diversité culturelle est un message d’essence, d’esprit européen. D’esprit américain naturellement aussi. Cette fraternité et ce respect, cette égale dignité des cultures, des religions, des langues, des expressions artistiques et intellectuelles est un message de première importance.
Nous devons l’affirmer comme une priorité. La question de la culture n’est pas un divertissement, un luxe, une fête éphémère, une marginalité brillante.
C’est pour nous européens essentiel.
Il y va de notre attractivité économique, de notre influence politique, de notre renommée culturelle internationale.
N’oublions pas que le deuxième poste d’exportation des Etats-Unis concerne les industries culturelles.
Dans l’ordre du jour des priorités de la Présidence Française figurent au même rang la question de l’environnement et du développement durable, la question de la maîtrise de l’immigration, la position de la défense et la question de l’impératif culturel.
Je dis, haut et fort, devant vous ce matin : relançons l’Europe par la culture !

Identité, fierté, ouverture, racines, création, tradition, modernité, valeurs, autant de mots qui semblent avoir disparu du langage dès qu’il est question d’Europe !

Qui ne voit pourtant que les peuples européens sont en quête de repères, de sens, de réappropriation de leur propre histoire. De liberté et de pouvoir démocratique.

L’actualité, dans sa brutalité et sa violence, trouble en permanence nos concitoyens. Au fur et à mesure que les horizons resplendissants d’un univers mondialisé semblent s’ouvrir, le ciel politique en fait s’assombrit, la réalité quotidienne rappelant à chacun la dureté des temps.

Plus l’étranger est proche, plus les frontières s’estompent, plus est grand le besoin de s’identifier, de se localiser, de s’appartenir. De se retrouver.

L’individu, confronté à des cultures, des religions, des modes de vie qui ne lui sont pas familiers, se sent parfois ignoré, broyé, méprisé. Pour savoir accueillir « l’autre », quel qu’il soit, il faut être soi-même en situation de rayonnement, de réussite, d’harmonie.

Alors que l’Europe est le rempart politique le plus solide et le plus efficace pour que soit protégée et valorisée notre diversité, pour que nous réussissions à être une vraie puissance mondiale, force est de constater que les citoyens ont régulièrement une bonne raison d’exprimer leur refus. Qu’il s’agisse du « plombier polonais » ou de la question de la viande, de la pêche ou de la chasse, il y a toujours matière à se focaliser sur un défi économique, une remise en cause d’acquis jugés menacés par l’aventure européenne. Tel est le paradoxe qu’il nous faut surmonter.

Face à l’inquiétude de l’avenir que manifeste avec force le refus d’Europe lors des consultations référendaires, il est urgent et impératif de parler culture aux citoyens européens. Faire de la mise en valeur du patrimoine, de l’accueil à la création contemporaine, de la circulation des uvres et des artistes, de l’éducation artistique de vraies priorités politiques, n’est plus aujourd’hui l’expression nécessaire d’un simple supplément d’âme ou la manifestation élégante de la vie artistique, c’est plus fondamentalement une réponse à l’attente consciente ou inconsciente des peuples européens. Célébrer une langue, cultiver une tradition, accueillir l’architecture contemporaine, faire vivre les expressions culturelles nouvelles, honorer le répertoire, se projeter dans l’avenir grâce à l’histoire, donner le goût de la découverte et de l’innovation, préserver objets et métiers d’art, s’ouvrir aux cultures urbaines sont autant de projets de réconciliation, qui permettent même l’affirmation de notre identité européenne, et la reconnaissance de chacun.

Il n’y a pas de contradiction entre l’Europe des arts et la révolution numérique, pas de conflit entre la dimension spirituelle et l’impératif du progrès social, pas d’opposition véritable entre la singularité d’une langue à protéger et la nécessité de la traduction, qui selon Umberto Ecco est « le langage de l’Europe ». Ce sont des forces qui se nourrissent les unes des autres, dont nous pouvons et devons être fiers.

Comment ne pas voir, en outre, que notre attractivité et notre développement économique sont principalement fondés sur notre capital culturel et artistique, sur notre potentiel d’intelligences, de savoirs, de créativité et d’imagination ? Culture et croissance sont une rime riche de sens et de conséquences concrètes pour le citoyen !

Nous devons placer la question de la culture au cur même du projet politique européen. C’est le meilleur moyen d’inspirer une confiance populaire qui nous fera définitivement défaut si nous donnons le sentiment de renoncer à l’atout de la civilisation européenne. Ce n’est pas un repli, une fermeture, un recul de nos ambitions. C’est au contraire l’affirmation dynamique que notre diversité est une richesse et que notre unité est un projet et non un nivellement par le bas. La flamme culturelle européenne nous donne les moyens de tendre la main aux autres cultures du monde, de nouer un dialogue fécond en commençant naturellement par la Méditerranée, « Mare Nostrum ».

Face à l’intégrisme et aux violences, face à l’uniformisation et à la marchandisation excessives de nos sociétés, l’Europe de la culture est notre « nouvelle frontière ».

C’est le chant des fiertés, la fécondation des racines par la création, la célébration de nos capacités de rayonnement. C’est aussi le respect dû à chacun, à chaque peuple, à son histoire et à son devenir. C’est l’essence même de la démocratie.

Le Président de la République a voulu que la France soit en « tenue » européenne pour mettre en lumière les 26 Etats membres lors de la Présidence française. La saison culturelle européenne qui a débuté le 1er juillet et qui accueille partout en France de très nombreuses manifestations artistiques des 26 pays, n’est donc pas un divertissement. C’est un projet politique fondateur !

Commencer par la culture, c’est vouloir enrayer la spirale de la peur qui conduit au refus. C’est centrer notre projet politique sur l’essentiel. C’est conjuguer perspective collective et affirmation de soi. C’est placer l’homme au cur de notre idéal politique et humaniste. C’est faire de l’Europe un modèle envié. C’est agir pour la prospérité et la paix. Cela créera la dynamique populaire d’un oui à l’Europe, qui est le défi des temps actuels.

Nous avons en outre la volonté de réfléchir et de mobiliser concrètement les esprits au rôle que la culture peut jouer comme facteur de croissance.

Ce sera le thème d’un Forum international à Avignon les 16, 17 et 18 novembre prochain pour que se rencontrent les mondes politiques, économiques, culturels et artistiques. A l’image du vôtre ici à la Nouvelle Orléans.
Dans notre esprit, cela doit préparer 2 « premières » : une réunion conjointe des 27 ministres en charge de l’Economie et finances avec les 27 ministres en charge de la Culture et de la communication. La thématique pourrait être l’émergence des « indépendants culturels » au plan européen, pour leur garantir un vrai rayonnement et parfois plus brutalement une survie.
La deuxième « première » serait l’inscription à l’ordre du jour du Conseil européen, où se réunissent les chefs d’Etat et de gouvernement, d’une question culturelle.
Il ne s’agit pas d’évènementiel spectaculaire et artificiel. C’est une priorité politique.

Nous sommes très préoccupés par les expressions politiques qui refusent l’Europe, son organisation, son avenir.
La réconciliation passe par le respect des identités, par la proximité vécue comme une chance, par la fraternité comme un idéal.
Ce n’est pas être révolutionnaire castrateur des spécificités et des traditions nationales que d’imaginer que les grandes chaînes de télévision publiques européennes pourraient en septembre lors des Journées du patrimoine concevoir une nuit de la création européenne, où le téléspectateur « voyagerait » de Londres à Prague, de Berlin à Malte, de Lisbonne à Paris dans des lieux du patrimoine ouverts à des musiques, des chansons, des chorégraphies contemporaines. Rêvons que cette émission franchisse l’Atlantique et donne aux Etats-Unis le goût de l’Europe !

Ce serait populaire, attractif, fécond.
Je cite cet exemple car il est symbolique de l’alliance possible et nécessaire entre le patrimoine et la création, entre la culture et la communication, entre l’immatériel et le matériel.

La politique doit s’attacher au sens, à l’essentiel, à l’éthique, aux valeurs. Pour convaincre les peuples de la réussite européenne, commençons par mettre en valeur et en lumière les performances de l’intelligence dans tous les domaines : de la science à la poésie, de l’art de la lumière à celui du geste du corps par la danse, des technologies de peintre aux métiers d’art rêves et fragiles.
L’Europe doit être le garant de cette richesse et de cet avenir.

Notre capital, notre tradition doivent être des tremplins. Des points de départ. Des exigences permettant la fièvre de la création. Tout comme des marques de respect dus à chacun. Chaque peuple, chaque culture, chaque langue, chaque religion, chaque mode de vie.

La Présidence Française a à cur de faire progresser de nombreux projets très concrets, qui font traditionnellement partie de notre ambition européenne commune.
Mais nous ne pouvons ignorer le scepticisme des peuples, le fossé qui s’est creusé entre les élites et les citoyens.

Dans les projets mobilisateurs qui nous tiennent à cur doivent figurer avec une même intensité le spatial et le métier d’art, les technologies du futur, les bio-technologies et l’architecture et le développement durable.

Parler culture aux européens, c’est donner la dimension de la fierté à chacun. C’est aussi une vraie perspective politique, économique et spirituelle.
On ne peut indéfiniment s’élargir si soi même on ne porte pas avec force sa propre identité.
Loin d’être un repli ou une fermeture, la prise de conscience des valeurs qui rassemblent les Européens est l’étape fondamentale et préalable qui doit permettre l’adhésion populaire à nos projets.
Paradoxalement, rappeler cela, c’est avoir les pieds sur terre. Ce n’est pas une mélodie poétique. C’est une exigence démocratique et politique.
Pour que les peuples et leurs représentants soient à l’unisson d’un oui ferme aux projets politiques européens, il faut parler aux citoyens de leurs sujets de préoccupation quotidienne.
L’emploi, l’argent, le pouvoir d’achat, la santé, la sécurité, bien sûr.
Mais également la liberté, le sens, de respect, la diversité, la fraternité.

Nous allons essayer pendant cette Présidence Française d’être utiles à une cause qui en fait nous dépasse. Celle de cette folie magnifiquement illustrée par Victor Hugo.

Je conclurai, donc pour me reposer et m’excuser de ma mauvaise diction de la magnifique langue de Shakespeare, en citant ces lignes prémonitoires et dignes d’un génie européen.

Victor Hugo
« Discours prononcé le 21 août 1849 lors du Congrès de la paix »

Ce texte est un extrait du discours prononcé le 21 août 1849 par Victor Hugo lors du Congrès de la paix.
Est-il utile de préciser qu’à l’heure de l’euro mais égaiement des évènements tragiques du 11 septembre 2001, ce discours enthousiaste en faveur de l’Europe et de la paix prend une résonance particulière ?

Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et qu’elle paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’Assemblée législative est à la France ! (Applaudissements)
Un jour viendra où l’on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd’hui un instrument de torture, en s’étonnant que cela ait pu être ! (Rires et Bravos)
Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les Etats-Unis d’Amérique, les Etats-Unis d’Europe (Applaudissements), placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts, améliorant la création sous le regard du Créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu !
Et ce jour-là, il ne faudra pas quatre cents ans pour l’amener, car nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le courant des évènements et d’idées le plus impétueux qui ait encore entraîné les peuples, et, à l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle.
Et Français, Anglais, Belges, Allemands, Russes, Slaves, Européens, Américains, qu’avons-nous à faire pour arriver le plus tôt possible à ce grand jour ? Nous aimer. »

Merci de votre attention. Vive la Nouvelle Orléans ! Vive l’amitié franco-américaine. Vive la diversité culturelle !

***

Discours
de Renaud Donnedieu de Vabres

« Cultural projects bring hope for the future »

29 octobre 2008

Discours de Renaud Donnedieu de Vabres

« World Cultural Economic Forum »

Nouvelle Orléans
30 octobre 2008

For a Frenchman, New Orleans is no ordinary destination. Indeed, for my countrymen, and for me in particular, it conjures up a whole host of deep and very special sentiments. First of all, a feeling akin to coming over to visit the family or, dare I say – although, I must add, without any intention on my part to tread on your national sovereignty – coming back home.

The historical bonds between our peoples are as strong as they are fertile and multiple. No less so our political and cultural ties.
But there is more to it than that: the magnificent D-Day Museum I visited two years ago bears witness to the sacrifice made by so many American troops in Europe Old Europe, some may say, the Europe of youth, others may prefer to say – so that our Continent may once again enjoy those fundamental values of Freedom, Democracy and see the dawn of a forward-looking, humanist western civilisation.

I shall therefore begin, tonight, in this great city of New Orleans, by expressing my gratitude to America, to the American people, for this glorious and fraternal past, a past which must always remain engraved in our memories. Indeed, to echo the words which will be pronounced in every corner of Europe in just a few weeks’ time on Remembrance Day: « We shall remember them ».

For my part, Mr. Governor, I feel it is fitting for me tonight, in this place above all, to talk about the future. When your city was rocked by the devastation and suffering brought upon it by Katrina, French solidarity – « La Solidarité Française » – was immediate. A solidarity which came from the heart. A solidarity of hope and vitality. A solidarity which saw no bounds.
I cast my mind back to the first time we met. I cast my mind back to the day of the inauguration of that magnificent exhibition organised to mark the re-opening of the museum.

It is such moments of friendship and pride, shared by one and all, moments of warmth and compassion which transform political and diplomatic encounters into real opportunities for exchange and concrete action.
The theme you have chosen is particularly interesting and, indeed, compelling. Not to say innovative. For no longer must we close our eyes to the importance of Culture in its contribution to wealth and value, for you, in this State of Louisiana, for the United States, and for ourselves, in France and Europe as a whole.

That said, you may be surprised to hear a former Minister of Culture and Communication talk about appeal, economic development, employment, tourism, markets, diversity and international influence.

Yet, it is essential for us to change the way we look at the realities of global exchanges. Culture is not simply a matter of entertainment, distraction, pleasure or, indeed, elegance.

Politically, it is a key factor in ensuring peace, combating terrorism, for reasons of respect, pride and equality among peoples, cultures and religions.

And, economically, the emergence of robust, audacious strategies of international influence and power, based on major cultural and artistic projects, is clear for all, to see.

Major architects, collections and treasures from our museums, artistic creation and intellectual works, all forms of performing arts embodied in our prestigious festivals… these are the pillars of the international influence of a country, a culture, a people. Globalisation meanwhile, is a source of effervescence and valuable imitation.

It is precisely for this reason that France lends its support to a whole host of magnificent initiatives, when requested to do so by any country with which it holds special bonds.

Our aim is to promote our cultural heritage, a capital wich belongs to each and every one of us. To foster productive exchange, opening up not only our treasure chests, but also our hearts and our minds. To pay an active role in the vitality of the Art market.

France has chosen to open up its historic monument to the diversity of our world. One example, in particular, comes to mind : the Islamic Arts department in the Cour Visconti at the Louvre in Paris, with its magnificent contemporary architectural project made by Rudy Ricciotti, or the shooting of the film of Sophia Coppola « Marie Antoinette » in Le Château de Versailles.

France seeks to welcome all cultures, not least of all at the Quai Branly museum, designed by Jean Nouvel to exhibit Primitive Arts collections, from every continent.

France has also decided to show its own collections more frequently throughout the world, with exhibitions of arts treasures from the Louvre, Pompidou, Orsay, Picasso, Fontainebleau and our other major museums. We are regular participants at numerous arts fairs. Our curators organise magnificent exhibitions in all corners of the globe.

In this vein, it was with great pleasure that we acceded to the wishes of the United Arab Emirates, with the creation of the « Louvre – Abu Dhabi ». I am indeed very proud of this project, which was something of a revolution in the world of French museums.

At the outset, I was the butt of much of criticism, not least from those who – mistakenly – thought we had set out to sell off our national art collections. Today, this initiative is widely recognised as a forward-looking policy, a win-win process, based on a fully-understood mutual interest.

What is more, a tourist appeal strategy based on culture, culture with a capital C, culture with all its finesse and prestige, furthers one’s appreciation of the world beyond our frontiers, fosters dialogue between cultures, traditions and contemporary forms of art.

In the current stock market crisis, with the spectre of global consequences for the world economy, growth and employment, cultural projects bring hope for the future.

There is a certain robustness in art which seems to make it more resilient in the face of economic fluctuations than is the case with certain stocks, banking or otherwise !

Together, we must state our cultural identities as factors of political sovrent and pillars of sustainable economic influence.

Without falling into the trap of arrogance, we must promote the idea that there is no one single world culture, no absolute cultural supremacy of one world over another.

We must kindle the fires of creation, uphold the flame of cultural heritage, place the spotlight on works of art, from the most ancient to the most contemporary. I’ve in mind for comming the opening of the Museum of islamic arts in Qatar.

This is how we shall contribute to wealth and prosperity.

Ladies and Gentlemen,

By virtue of my former functions as Minister for European Affairs and Minister for Culture and Communication, I will focus, in particular, on the cultural dimension of the French presidency.

Indeed, this is the ambassadorial role assigned to me by the President of the Republic, Nicolas Sarkozy.
I see it as a great honour to be able to speak to you today, an honour which is further heigtened by the joy of seeing once again a personal friend, a man of great talent, our Ambassador, Pierre Vimont.

I shall begin, therefore, with a touch of humour and, I might add, provocation, by informing you that France has decided to act with humility.

We sincerely hope that, by the end of our 6-month presidency, nobody in the States will come away with the impression that we are, in any way, arrogant !

It is true to say that, in view of the current political climate in Europe, we must adopt a strategic reflection into the sense of our political project and, in particular, how to encourage our fellow European citizens to embrace this vision of the future for our continent. For a Frenchman, this naturally conjures up memories of the unfortunate outcome of our country’s referendum on the European Constitution.

Talk of peace may seem out of place and somewhat unconvincing, in light of the very real threat of violence, fundamentalism and terrorism on European and American soil.
For our generation, freedom of movement, whether it be that of people, goods or creative works, is quite naturally taken for granted. The risk of conflict seems a very distant menace. Putting this down to the result – albeit a magnificent one – of political consensus seems pointless, with the ghosts of the wars which haunted the twentieth century now seemingly so distant, so abstract, to the extent that it has now become necessary to create the notion of war crimes and crimes against humanity.

To create a positive momentum of support for Europe, we must, I believe, set up shop in the new context, namely widespread internationalisation, globalisation, on the premise that this opportunity, this new horizon, this invigorating yet brutal breath of fresh air, is also a source of fear, anxiety and sectarianism.

Life out on the open seas may well be exhilarating, but at the same time it heightens our yearning for the home port, the familiar territory, the places we know best.

We cannot discuss culture, in the modern era, without evoking a political project, coming to terms with our history and opening out to the future.
To open out, to embrace the future, we must ourselves be in a situation of influence, a position of force. Our willingness to build a new mosque must not overshadow our duty to renovate our cathedrals…

If globalisation generates rejection or sectarianism, it is precisely due to the bare reality of competition, size, credibility, critical mass and scale.

In economic terms, it is relatively simple to achieve, as we can see, on an everyday, yet remarkable basis, through the strategies which have led to the emergence of our major worldwide groups. From this point of view, Europe can be proud of its success in rising to this challenge, even during this financial crisis.

In social terms, however, the human consequences are considerable. Globalisation is often perceived by the public as no more than the syndrome of outsorting, plant shutdowns and company closures. And sometimes as a new form of international specialisation, in which our talents seem to have lost their value, for reasons of prohibitive cost.
The opportunity of expatriation, new horizons, life in a new town or a new country, is therefore, unfortunately, often perceived as the reserve of the elite, resulting in a divorce between economic, financial and technological imperatives, on the one hand, and the popular aspiration to be able to work in one’s home region, without jeopardising one’s future, on the other.

From a cultural standpoint, globalisation should generate knowledge of others, other cultures, innovations and creations from all over the world. Unfortunately, it is also interpreted as a risk of uniformity, excessive mercantilism, destruction of identity, levelling down, formatting to the tune of a global culture where the brand is all that counts.

Here again, Europe has a an exalting task to accomplish: provide our national capacities with the means to achieve global influence, the exhilaration of a worldwide presence.

In spite of our genius and the vitality of our cultural industries, one figure gives food for thought and should stir us into action: eighty-five percent of cinema ticket sales go to Hollywood productions. In saying this, it is not my intention to cast doubt on the excellence of American creativity, but simply to defend the existence and greater influence of our own artistes.

France has taken on the presidency of the European Union at a very particular time in European history. The partisans of freedom, peace, democracy and humanism have won. Despite different social realities in each of our countries, with unemployment and poverty, we are nonetheless in a situation of prosperity and growth.

Europe and the States could be an oasis, a model, an example, a guiding light.

The emergence of new economies, new cultures and new regions of the world oblige us – and this is indeed a blessing in disguise – to wake up to the situation. To fight back.

We must accept our destiny as a civilisation, as a major force, with humility, but with clear sightedness and energy. With method, but with no less passion.

Without seeking to patronise, Europe’s role is to embody a major political project. Its voice stands out loud and clear in favour of peace. The theme of cultural diversity is a truly European message. This fraternity, this respect, this equalitarian dignity of cultures, religions, languages, artistic and intellectual expression is a European message of prime importance.

We must state this message as a matter of priority. The question of culture is not a sideshow, nor is it a luxury, a fleeting celebration, or a glossy sub-culture.

For us, as Europeans, it is essential. Our economic appeal depends on it, as do our political influence and our international cultural reputation. It must be remembered that cultural products and services are the second largest US export sector.

The agenda put forward by the French presidency includes, with equal priority, the environment and sustainable development, immigration control, defence and the cultural imperative.

Let me say, loud and clear, today, « We must get Europe back on track through culture! »

Identity, pride, open-mindedness, roots, creation, tradition, modernity, values… words which seem to be banished from our vocabulary when it comes to talking about Europe!

This attitude fails to see that the European peoples are in search of a frame of reference, meaning, repossession of their own history. They are looking for freedom and democratic power.

The brutality and violence of the headlines we hear in our daily news bulletins are a source of constant turmoil for our fellow citizens. As the glittering horizons of a global world open up, so too are the political skies darkening, as everyday reality serves a reminder of hard times for one and all.

The closer we are to the stranger from across the way and the more the boundaries between us are broken down, the greater the need to assert our own identities, to mark our territory, to feel that we belong. In short, the greater the need to come together.

Individuals, faced with cultures, religions or ways of life which are unfamiliar to them, sometimes feel ignored, oppressed, scorned. To be able to welcome « others », whoever they may be, we must ourselves be in a situation of influence, success and harmony.

To counter concerns about the future, forcefully illustrated by the rejection of Europe which has become manifest in recent referenda, it is now urgent and imperative to « talk culture » to our fellow European citizens. Raising the promotion of cultural heritage, the hosting of contemporary creation, the circulation of works of art and their proponents or artistic education to the rank of true political priorities, is no longer simply the necessary expression of our good conscience or an elegant manifestation of artistic life. More fundamentally, it is a response to the conscious or unconscious expectations of the European peoples. Celebrating a language, cultivating tradition, welcoming contemporary architecture, promoting new forms of cultural expression, honouring our artistic repertoire, contemplating the future by reflecting on our past, fostering a taste for discovery and innovation, safeguarding arts and crafts, embracing urban cultures… the ways to reconcile our diversity are many and varied, providing a forum to assert our European identity, while recognising the individuality of one and all.

There is no contradiction between the Europe of the arts and the digital revolution, no conflict between the spiritual dimension and the need for social progress, no real opposition between the singularity of a language which needs defending and the need for translation which, according to Umberto Ecco, is « the language of Europe ». These are all mutually-nourishing? strengths, which we can and must be proud of.

Moreover, how could we fail to see that our appeal and our economic development are largely dependent on our cultural and artistic capital, our potential for intelligence, knowledge, creativity and imagination? Culture and growth two lines of the same verse, abundant in meaning and very real consequences for our fellow citizens!

In the face of fundamentalism and violence, in the face of uniformity and excessive mercantilism in our societies, the Europe of culture is our new frontier.

It is a hymn to our common pride, a fertilisation of our roots through creation, a celebration of our scope of influence. It is also the rightful respect we owe to one and all, to every people, to their history and to their future. It is the very essence of democracy.

The President of the Republic has clearly expressed his will for France to don its European garb in order to give full prominence to the 26 member States during the French presidency. The European cultural season, which began on the first of July, hosting a great many artistic events from the 26 countries at venues throughout France, is not, therefore, just a sideshow. It is a founding political project!

Starting with culture is a means of halting the spiral of fear which leads to rejection. It means focussing our political project on what is essential. It means combining collective perspective and self-assertion. It means placing men and women at the heart of our political and humanistic ideal.

It is also our will to reflect upon and foster debate on the role which culture can play as a factor of growth.
This will be the theme of an international forum in Avignon later this year, on the sixteenth, seventeenth and eighteenth of November, bringing together the worlds of politics, economics, culture and the arts.

In our view, this forum will provide a foundation for 2 « firsts »: a joint meeting of the 27 ministers of Economy and Finance and the 27 ministers with responsibility for culture and communication. The theme could be the emergence of « cultural independents » on a European level, to guarantee them a true scope of influence and, in some cases, more brutally, a means of survival.

The second « first » would be the inclusion of a cultural question on the agenda of the European Council which brings together the Heads of State or Government of the European Union member countries.

This is not a spectacular or artificial stunt. It is a political priority.

Politics must focus on meaning, what is essential, ethics and values.

To convince our peoples of the reality of European success, let us begin by highlighting achievements of the intellect in all fields: from science to poetry, from the visual to the corporal art of dance, from cutting edge technology to the rarest, most fragile of crafts. Europe must be the champion of this cultural wealth and this forward-looking momentum.

Our capital and our traditions must provide a springboard, a starting point, a prerequisite to foster a passion for creation. Likewise, the marks of respect due to one and all, each people, each culture, each language, each religion and each way of life.

The French presidency will strive to push forward numerous concrete projects which are traditionally part and parcel of our common European ambition.

But we cannot ignore popular scepticism, the rift which has opened up between the privileged elite and the people.

The wide-ranging projects at the heart of our ambitions must give equal place to space technology and arts and crafts, to technologies of the future and biotechnologies, alongside architecture and sustainable development.

« Talking culture » to Europeans means giving a dimension of pride to one and all. It is also a very real political, economic and spiritual perspective.

Paradoxically, this is not a whimsical fantasy, but very much a down-to-earth assertion. Indeed, a democratically political necessity.

For our peoples and their elected representatives to walk hand-in-hand towards a fervent « Yes » to the European political project, we must talk to our fellow citizens about the subjects which concern them in their daily lives: employment, money, purchasing power, health and, of course, security.
But also, freedom, meaning, respect, diversity and fraternity.

During this French presidency, we intend to strive to defend a cause which, in actual fact, exceeds us all: a folly wonderfully illustrated by Victor Hugo in the middle of the ninetheenth century.

I will end, then, not only to rest my vocal cords, but also with my sincere apologies for my poor diction in this magnificent language of Shakespeare and James Joyce, with these few premonitory words, worthy of a true European genius:

« Un jour viendra où les armes vous tomberont des mains, à vous aussi ! Un jour viendra où la guerre paraîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et qu’elle paraîtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où vous France, vous Russie, vous Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toutes, nations du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre glorieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, la Bourgogne, la Lorraine, l’Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n’y aura plus d’autres champs de bataille que les marchés s’ouvrant au commerce et les esprits s’ouvrant aux idées. – Un jour viendra où les boulets et les bombes seront remplacés par les votes, par le suffrage universel des peuples, par le vénérable arbitrage d’un grand sénat souverain qui sera à l’Europe ce que le parlement est à l’Angleterre, ce que la diète est à l’Allemagne, ce que l’Assemblée législative est à la France ! Un jour viendra où l’on montrera un canon dans les musées comme on y montre aujourd’hui un instrument de torture, en s’étonnant que cela ait pu être! Un jour viendra où l’on verra ces deux groupes immenses, les États-Unis d’Amérique, les États-Unis d’Europe, placés en face l’un de l’autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, leur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs génies, défrichant le globe, colonisant les déserts, améliorant la création sous le regard du Créateur, et combinant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu ! »
Et ce jour-là, il ne faudra pas quatre cents ans pour l’amener, car nous vivons dans un temps rapide, nous vivons dans le courant des évènements et d’idées le plus impétueux qui ait encore entraîné les peuples, et, à l’époque où nous sommes, une année fait parfois l’ouvrage d’un siècle.
Et Français, Anglais, Belges, Allemands, Russes, Slaves, Européens, Américains, qu’avons-nous à faire pour arriver le plus tôt possible à ce grand jour ? Nous aimer. »

Thank you for your kind attention. Vive la Nouvelle Orléans ! Vive l’amitié franco-américaine. Vive la diversité culturelle !

Discours
de Renaud Donnedieu de Vabres

Marseillaise sifflée :Le vrai courage, ce n’est pas le coup de menton facile, c’est de prendre la parole en direct.

15 octobre 2008

Chacun est à juste titre choqué par les sifflets qui ont accompagné « la Marseillaise » au stade de France.

On aimerait ne pas avoir à se poser de dures questions sur nous-mêmes, notre civisme, notre fraternité, notre jeunesse, notre capacité politique à faire vivre ensemble des hommes et des femmes d’horizons, de couleurs de peau, de religions, de traditions, de cultures et de manières d’être très différentes.

On voudrait ignorer la réalité du racisme, des discriminations, des violences, des intolérances qui foisonnent malheureusement dans chacune de nos villes.

On souhaiterait que l’Éducation Nationale ait porté ses fruits, que les familles aient assumé leurs responsabilités et leur autorité nécessaire.

On espérerait que l’esprit sportif, le fair play, le sens de la compétition joyeuse l’aient emporté sur les bagarres, les insultes, les haines non déguisées.

Et bien non ! Nous sommes contraints d’ouvrir les yeux et de contempler ce spectacle que nous avons offert, par la télévision et internet, au monde.

Les sifflets ont dépassé par leur intensité la provocation insultante. Ils ont créé un vrai choc politique, qui a même éclipsé médiatiquement la bourrasque financière et boursière.

Trouver la réponse appropriée est un défi redoutable. L’évacuation d’un stade d’une foule privée d’un match serait une opération très risquée, dont il ne faut pas sous estimer la dangerosité. Il n’est pas pour autant question de baisser les bras, de renoncer à faire respecter notre hymne et, à travers lui, les valeurs de la société française.

Pour se donner facilement bonne conscience ou pour caresser l’opinion dans le sens du poil, coups de menton faciles et propos virils et vertueux sont inadaptés.

Il faut plus de courage personnel.

Le ministre présent, la prochaine fois, doit avoir la force de caractère nécessaire pour prendre la parole. Pour parler. Dire. Exiger le respect. Expliquer l’enjeu. Annoncer une deuxième diffusion de l’hymne national. Et Prévenir que, si une nouvelle bronca envahit le stade, il n’y aura pas de match.

C’est la beauté de la fonction politique que de savoir dans un même élan tendre la main et manier le bâton. Aimer l’arc-en-ciel français ne signifie ni fermer les yeux sur l’inacceptable, ni renoncer à faire de la diversité une chance.

C’est l’honneur de la fonction de ministre de n’être ni planqué, ni provocateur. Incarner son pays, sa politique, sa dynamique suppose beaucoup de courage, de clarté et de subtilité, même si le franc-parler a son utilité.

A l’image du drapeau européen, le ciel devient bleu!

14 octobre 2008

La crise aura eu un effet collatéral positif ! L’Europe donne l’image de la cohésion et de l’équipe aux citoyens européens, jusque là très agressifs vis à vis de leurs dirigeants.

Il apparaît même à l’opinion publique qu’aucune réponse purement nationale n’ait pu régler quoique ce soit.

Allons plus loin. Imaginez que nous n’ayons pas l’euro. A la crise boursière se serait surajoutée une crise des monnaies…

Aux eurosceptiques faisons constater que l’Europe protège. A la gauche française, faisons remarquer que le Président du Conseil Européen, Nicolas Sarkozy, a honoré sa fonction et notre pays….