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« Culture, danger ! » peut-on lire à l’entrée du Palais des Papes…

Posted By admin2011 On 21 juillet 2007 @ 18:45 In Blog | 2 Comments

Il y a un an, presque jour pour jour, la conclusion de la journée sur la décentralisation théâtrale était entachée d’une meute interruptrice du dialogue sous une banderole à l’injure provocatrice : « à la libération, RDDV, tu seras tondu »… Sans commentaire, car ce serait faire honneur aux bassesses. Et à l’injustice.

Seule effigie aujourd’hui, d’ailleurs nécessaire pour mobilier les consciences et forger les volontés qui peuvent chez certains toujours être défaillantes, à l’entrée de la cour d’honneur du Palais des Papes : « culture, danger ! »

Les menaces qui pèsent sur la culture ont comme origine davantage la fermeture des lieux de spectacle, ou plutôt leur insuffisante ouverture, le formatage des esprits, le nivellement consumériste et cathodique, le défaut de curiosité intellectuelle que les politiques publiques, qui, pour perfectibles qu’elles soient sont au rendez-vous. Même si les théâtres doivent davantage s’ouvrir et accueillir plus de spectacles.

Lorsque l’on voit des foules remplir l’été des lieux de patrimoine exceptionnels de notre pays comme les espaces un peu « improbables » mais accueillants, on se prend à l’optimisme.

Les nouveaux pèlerins en quête de sens, de repères, d’émotions, de prises de conscience, d’interpellation féconde et parfois violente, sont légion. Ils font honneur à notre pays.

A trois heures du matin, dans le froid de la cour du lycée Saint-Joseph en Avignon, la beauté universelle, atemporelle et magique d’ « Angels in America », magistralement mis en scène par Krzysztof Warlikowski, irradie chacun, qui aurait volontiers attendu l’aube… en compagnie d’un tel spectacle !

Plus tôt, mais définitivement captifs, englobés, accaparés, littéralement « embrigadés », les spectateurs de l’uvre de Janacek « de la forêt des morts » sont saisis par l’unité irréelle de beauté et de fécondité du travail mené par Chéreau, Boulez et Peduzzi.

France des festivals. France de l’attractivité culturelle et artistique. France de l’esprit, de la beauté et du cri d’artiste, d’un texte, d’une partition, d’une voix, d’un décor, d’une plastique ou d’une lumière.

A tous les acteurs du monde, pour nous rassemblés, stressés par la rencontre avec le public précédée par un immense travail, parfois meurtris par les critiques, souvent portés par les silences de l’admiration ou de l’extase, merci !

Sans vous, il n’y aurait pas de tempête dans les crânes. Pas de vagabondage de l’esprit. Des sensations humaines plus prosaïques.

Culture, bravo… Artistes et techniciens, vous méritez la reconnaissance concrète d’un système prompt à la désinvolture, par lâcheté ou cynisme.

Mais vos vrais soutiens sont ceux qui vous ouvrent les portes, relocalisent, créent l’appétit du jeune public, décloisonnent. Avec une détermination, une fougue et une fierté inversement proportionnelles aux étendards simplificateurs, et aux conformismes de la pensée unique stérile.

Vos vrais amis restent jusqu’à la fin d’un spectacle, par respect du travail artistique et de tous ceux qui, dans la diversité des fonctions, sont des créateurs !

Le palmarès des absents ou des fugitifs sera publié dans mes mémoires… le jour venu !


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