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Remise des insignes de Chevalier dans l’Ordre national de la Légion d’Honneur à Jacques Charpillon

Cher Jacques Charpillon,

Je suis très heureux de vous accueillir aujourd’hui, afin de rendre hommage à un
serviteur de l’État, qui est aussi un homme de culture. Vous avez su mettre, tout
au long de votre brillante carrière, votre expertise, votre ardeur et votre habileté au
service de vos missions, mais aussi de votre passion pour notre patrimoine, pour
notre culture.

Vos premières années d’apprentissage, vous les faites à l’université de Lyon, où
vous obtenez une licence en droit public, puis vous passez, avec succès, le
concours du commissariat de l’air. Vous en profitez pour obtenir le brevet de
parachutisme. Pendant deux ans, de 1967 à 1969, vous êtes lieutenant à Paris,
dans les services de l’armée de l’air. Mais, très vite, vous vous fixez un nouveau
défi, celui de l’École nationale d’administration, que vous relevez avec succès.

Vous faites partie de la promotion Léon Blum, de 1975. A votre sortie, vous
choisissez, par passion, le Ministère de la Culture, que vous ne quitterez jamais.
Jeune administrateur civil, vous êtes affecté à la direction de l’administration
générale, en tant qu’adjoint au chef de la division de l’action régionale.

A ce titre,
vous participez à l’installation des premières directions régionales des affaires
culturelles, et vous ouvrez un dialogue transversal et interdisciplinaire avec les
collectivités territoriales.

Volontaire et tenace, animé d’une conscience aiguë de la nécessaire protection du
patrimoine, vous prenez la tête, en 1977, du bureau du patrimoine mobilier et des
orgues à la direction de l’architecture. Vous découvrez alors l’univers
extraordinaire des orgues historiques, ainsi que les impératifs imminents de leur
protection. Et vous prenez part à ce devoir, en rencontrant les restaurateurs, les
maîtres ouvriers, ces alchimistes des matériaux d’aujourd’hui. Vous n’oubliez pas
le patrimoine mobilier hors musée, et vous gérez également les grottes ornées en
mettant toute votre énergie et votre talent au service des procédures – parfois
complexes – de protection et de restauration.

Vous devenez ensuite secrétaire général au Centre national du livre. Nous
sommes à la fin des années soixante-dix, et la France s’équipe en photocopieurs.

Grâce à la taxe parafiscale, le budget de l’établissement double en quatre ans, ce
qui vous permet de développer l’institution de façon remarquable.

En 1983, de retour à la direction du patrimoine, vous devenez sous-directeur, ainsi
que chef du service des monuments historiques. Vous poursuivez le travail que
vous avez mis en place en 1975 avec les DRAC en organisant, avec diplomatie et
habileté, la déconcentration de la protection des monuments historiques, la
réforme des modalités d’intervention des architectes et la modernisation de la
promotion des monuments. Toujours en quête de projets innovants, vous mettez
en place en 1984 la première édition des Journées du patrimoine, opération
remarquable qui connaît, à chaque édition, un magnifique succès.

Vous êtes promu, trois ans plus tard, sous-directeur de l’environnement culturel à la
direction de l’administration générale. Vous ouvrez, là encore, une voie nouvelle,
avec le pilotage d’ensemble des DRAC. Très impliqué dans le développement
culturel, vous réfléchissez au meilleur moyen de créer un environnement favorable à
l’épanouissement des arts, avec notamment l’aménagement de la fiscalité et la loi
sur le mécénat.

En 1988, vous prenez en charge, au sein de la direction des musées de France, la
sous-direction des affaires scientifiques et culturelles. Parmi de nombreuses actions
pionnières, vous développez les premières conférences en langue des signes et
évaluez la qualité des expositions du point de vue des publics. Fort de votre
expérience des monuments historiques et des musées, vous concevez, pour l’École
nationale du patrimoine, le premier module de diffusion du patrimoine culturel,
aujourd’hui appelé médiation. Vous participez également à la réorganisation de la
direction centrale, ainsi qu’aux prémices du rapprochement organique des deux
services de restauration des peintures des musées nationaux et des musées classés
et contrôlés qui formeront, en 1991, le service de restauration des musées de
France.

1991 marque un tournant, mais également une belle opportunité dans votre brillante
carrière, puisque vous prenez la tête du département de l’organisation des systèmes
d’information. À ce titre, vous pilotez la délocalisation du service à Saint-Quentin-en-
Yvelines, et vous mettez en ligne les principales bases de données scientifiques.

Vous imaginez alors, non seulement les configurations techniques, mais aussi le
schéma directeur et stratégique du ministère dans ce domaine et vous mettez en
oeuvre le plan de bureautique de sept ans, afin de doter chaque agent d’un
ordinateur, et de mettre les informations en réseau.

En 1997, vous devenez haut fonctionnaire chargé de la déconcentration. Vous
réalisez plusieurs études et rapports, notamment sur La déconcentration du
ministère vue des DRAC, sur La mobilité des collaborateurs des directeurs
régionaux, les disparités ou encore la féminisation.

Vous entrez, deux ans plus tard, dans le corps prestigieux des inspecteurs généraux
de l’administration des affaires culturelles. Parmi les nombreuses missions qui vous
sont confiées, vous réalisez, notamment, l’audit ainsi que le premier rapport
d’évaluation de la Fémis, qui passe alors du statut d’association à celui
d’établissement public. En 2001, vous réalisez le premier bilan de la politique des
Monuments Nationaux et en 2003, vous traitez de l’archéologie préventive avec le
premier rapport d’audit sur l’INRAP.

Parmi les rapports importants que vous rédigez, je signale celui sur l’adaptation des
programmes télévisés aux personnes sourdes et malentendantes, qui permit d’ouvrir
la voie aux progrès qui ont depuis été réalisés dans ce domaine, où il reste
évidemment beaucoup à faire. Votre expertise et votre expérience ont été
également précieuses pour analyser précisément la situation des intermittents et
pour mener à bien les réformes de fond ou de structure, comme la création du
secrétariat général.

De vos débuts au ministère, jusqu’à votre travail remarquable en tant que Chef de
l’inspection générale, depuis le 1er septembre 2003, vos actions et vos idées ont
toujours ouvert de nouvelles voies. Je salue ce soir le talent, l’intelligence, et
l’audace pionnière dont vous avez su faire preuve au service du développement de
la culture dans notre pays.

Jacques Charpillon, au nom du Président de la République, et en vertu des pouvoirs
qui nous sont conférés, nous vous faisons Chevalier de la Légion d’Honneur.

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